Riche en surprises, 2022 a permis de découvrir de nouveaux talents et de se régaler de la musique d’artistes confirmés qui ne cessent de renouveler leurs projets. Pour terminer l’année, quoi de mieux que ces quatre ultimes « Coups de cœur » #1 pour apprécier de véritables pépites de jazz français interprété en duo, trio, quartet et en grande formation.
Clin d’œil à ASTA & « Passers of Time »
Énergie et musicalité
Le batteur André Ceccarelli a sonné le rappel de ses complices, le saxophoniste Sylvain Beuf, le contrebassiste Thomas Bramerie et le pianiste Antonio Faraò pour enregistrer “Passers of Time”, le premier album de leur quartet, dénommé ASTA. Porté par les quatre virtuoses, le projet déborde d’énergie sans pour autant se départir d’une musicalité de chaque instant. Cette belle aventure musicale témoigne de l’étroite connivence que ces quatre compagnons ont conservé au fil du temps.
ASTA est l’acronyme constitué des premières lettres des prénoms de ces quatre musiciens, André Ceccarelli, Sylvain Beuf, Thomas Bramerie et Antonio Faraò réunis au Studio de Meudon en décembre 2018 pour graver ce “Passers of Time” qui propose un répertoire auquel ont contribué les quatre protagonistes de l’aventure d’ASTA.
Avec “Passers of Time” (Bonsaï/L’Autre Distribution) sorti le 18 octobre 2019, ASTA propose un projet musical énergique fort convainquant. Une grande musicalité se dégage de cet album qui rassemble neuf compositions originales apportées par les quatre membres du quartet, une improvisation collective et un thème du pianiste Henri Giordano avec lequel André Ceccarelli a joué dans la première mouture du groupe « Troc » dans les années 70.
Sur le titre qui donne son nom à l’album, on note aussi la participation du chanteur David Linx avec qui André Ceccarelli mène par ailleurs de nombreux projets gravés sur disques, « le Coq et la Pendule » (2009), « à NOUsGARO » (2014) et aussi « 7000 Miles » (2018).
La joie de jouer ensemble et l’osmose parfaite qui règne entre les membres du quartet sont perceptibles de bout en bout des onze plages de « Passers of Time ». En effet, les quatre leaders que sont André Ceccarelli, Sylvain Beuf, Thomas Bramerie et Antonio Faraò réinvestissent dans ASTA leurs expériences individuelles que ces passers of time mettent au service d’une complicité de plus de 25 ans.
Plus de 25 ans après
La création du quartet ASTA résulte d’une aventure qui a commencé à la fin des années 90. En effet, en 1995, André Ceccarelli enregistre « From the Heart » avec un quartet composé de Sylvain Beuf, Jean-Michel Pilc et Thomas Bramerie qu’il retrouve d’ailleurs en 2014 sur l’album « Twenty ». André Ceccarelli et Sylvain Beuf entament ensuite une collaboration étroite au sein d’un quartet composé du pianiste Antonio Faraò et du contrebassiste Rémi Vignolo (qui n’avait pas encore troqué la contrebasse pour la batterie) avec lesquels ils enregistrent « West Side Story », une relecture de l’œuvre de Leonard Berstein qui sort en 1997 chez BMG avec en invités Richard Galliano, Dee Dee Bridgewater et Bireli Lagrène.
Quatre leaders copilotent ASTA

ASTA - Sylvain Beuf, Thomas Bramerie, André Ceccarelli & Antonio Faraò
Depuis 2012 et la sortie de « Ultimo » son dernier album en leader, le batteur André Ceccarelli ne souhaite plus piloter de projet en leader, raison pour laquelle il propose à ses trois complices Sylvain Beuf, Thomas Bramerie et Antonio Faraò de se réunir au sein d’un quartet dont ils sont tous les quatre co-leaders. ASTA… un groupe à part entière et non pas un nouveau quartet d’André Ceccarelli.
C’est d’ailleurs aussi « Dédé » (surnom amical donné au batteur par les musiciens de jazz), qui propose de nommer le groupe ASTA. Ainsi l’acronyme qui assemble les quatre premières lettres du prénom des quatre musiciens authentifie la structure groupale de ce quartet où chaque membre est impliqué à part égale.
Pour symboliser plus encore cette dimension égalitaire, les quatre lettres du groupe sont inscrites au sein d’un carré, figure géométrique dont côtés et angles sont égaux. Au-delà de cette symbolique représentation, on perçoit à l’écoute de « Passers of Time » combien les musiciens s’engagent dans le répertoire avec un égal investissement. En effet, non seulement ils mettent en commun leurs compositions mais ils engagent aussi leur talent, leur virtuosité, leur inventivité au service de la musique du quartet.
Quatre passers of time
Ce sont donc quatre jazzmen de premier plan de la scène jazz française qui unissent leurs talents sur l’album « Passers of Time ».
- André Ceccarelli, figure emblématique de la batterie, qui a conquis ses galons de maître ès batterie sur les scènes françaises, européennes et internationales. En témoignent sa vertigineuse discographie en tant que leader ou sideman et ses forts nombreuses collaborations scéniques avec les plus grands noms du gratin du jazz. Sa virtuosité et sa maîtrise technique ne seraient rien sans l’inspiration, la musicalité, la souplesse et la sensibilité dont il a toujours fait preuve. La carrière du batteur témoigne de la fidélité qu’il manifeste aux musiciens avec lesquels il prend plaisir à jouer. Il les honore de son jeu énergique et souple car il excelle autant aux baguettes sur les tempi rapides où son swing terrasse littéralement qu’aux balais sur les ballades les plus sensibles.
- Le pianiste italien post bop Antonio Faraò qui joue avec nombre d’étoiles de la galaxie jazz parmi lesquelles entre autres, Franco Ambrosetti, Daniel Humair, Gary Bartz, Lee Konitz, Steve Grossman, Tony Scott, Chico Freeman, Miroslav Vitous, John Abercrombie. Après trois albums enregistrés chez Enja Records entre 1998 et 2000 et les disques gravés avec André Ceccarelli, on remarque ses plus récents opus “Domi” (2010), “Evan” (2013), “Boundaries” (2015) et le dernier « Eklektik » (2017) aux frontières de l’électro jazz avec Marcus Miller, Manu Katché, Didier Lockwood, Bireli Lagrene, Krayzie Bone et Snoop Dog.
- Sylvain Beuf, saxophoniste alto, ténor, soprano, compositeur, arrangeur et pédagogue reconnu fait partie des saxophonistes incontournables de la sphère jazz. On ne compte plus ses collaborations, avec André Ceccarelli certes mais aussi avec entre autres Bojan Z, Manuel Rocheman, Michel Perez, Denis Leloup, Pierrick Pedron, Franck Agulhon, Diego Imbert, Emmanuel Bex, Thierry Peala, Manu Codjia. Il expérimente toutes les formules, trio, quartet, quintet, sextet, septet, octet. Entre son premier opus en leader, « Impro Primo » sorti en 1993 et le dernier « Plénitude » (2015), il n’a eu cesse de proposer des albums aux formats et climats diversifiés.
- Sideman incontournable, sur les scènes américaines où il a vécu de 1997 à 2006 et sur les scènes européennes, le contrebassiste Thomas Bramerie fait partie de ces artistes pour lequel il serait plus rapide de citer les noms de ceux avec qui il n’a pas joué plutôt que de lister ceux qu’il a accompagnés. On a pu apprécier en 2018, le jazz sensible et intemporel de « Side Stories », son premier album en leader enregistré avec le jeune pianiste Carl-Henri Morisset et le batteur Elie-Martin Charrière et trois invités, Jacky Terrasson, Eric Legnini et Stéphane Belmondo.
Au fil des plages
« Passers of Time » ouvre avec Two Places, composition de style post bop de Antonio Farao. On est submergé d’emblée par la forte énergie de ce titre où la vélocité et la puissance du jeu du pianiste s’accorde avec le propos fervent et la force tranquille du saxophone ténor. Le drumming d’André Ceccarelli enveloppe le morceau de bout en bout.
Le reste du répertoire fait alterner des titres au tempo énergique et d’autres où la mélodie s’invite en première ligne.
Énergie et virtuosité
Sur Early Time de Sylvain Beuf, le saxophoniste fait montre d’une aisance impressionnante dans l’art de l’improvisation. Le saxophone soprano se fait lyrique et voltigeur. Il croise les notes avec les lignes mélodiques et ingénieuses du piano enthousiaste. Dans la même filiation, s’inscrit 4433, un autre thème survitaminé du saxophoniste qui s’exprime avec puissance et lyrisme et suscite un solo enflammé du piano stimulé par le tempo d’enfer foudroyant que tient la batterie.
Histoire Alternative procède de la même énergie. Cette composition de Thomas Bramerie immerge dans un déluge musical. A l’écoute des chorus du ténor et du piano débordant de virtuosité, l’oreille s’affole et sombre dans une véritable exaltation. Composé par Antonio Faraò, Last One, ne manque pas d’énergie mais sidère surtout par sa conception harmonique. Le morceau déborde de joie et ses rythmes déclenchent chez le batteur un groove félin et chez le saxophoniste un jeu véhément qui ne manque pas d’impertinence.
La trop courte intervention de David Linx qui ouvre et termine Passers of Time parvient cependant à dépayser quelque peu le format musical du quartet. Comme une pointe de piment, le parler chanté du chanteur engage les passagers du temps à swinguer plus farouchement encore. L’album se termine avec Mr Henri, composition du pianiste Henri Giordano qui met en exergue la complicité et l’esprit de communion qui règne entre les musiciens. Le dernier mot revient à un court solo de l’infatigable « Dédé ».
Mélodie, poésie et humour
Sur sa composition, Ballade Pour Valérie, Sylvain Beuf embouche le saxophone alto. Sur cette aubade crépusculaire, sa sonorité reflète la plénitude de son art et les chorus du piano et de la contrebasse n’ont rien à lui envier. Écrit par Thomas Bramerie, Les rues se retrouvent propose un tempo ternaire. Sur ce lumineux morceau, le soprano et le piano enchantent par la poésie de leur jeu et par la véritable alchimie qui opère de bout en bout entre les membres du quartet.
Proposé par Thomas Bramerie, M Theory fait place à l’humour. Le piano s’en donne à cœur joie, le soprano batifole et la contrebasse gambade sur le tempo sautillant que soutiennent les balais enjoués. Après une introduction de la contrebasse au son boisé et profond, Improvisation for Asta suspend le temps. Le souffle évanescent du soprano installe une atmosphère onirique sur cette ballade mélancolique qui permet de saisir combien ces véloces et virtuoses musiciens accueillent dans leur jeu nuances et sensibilité.
« Passers of Time » témoigne de l’alchimie collective qui unit André Ceccarelli, Sylvain Beuf Thomas Bramerie et Antonio Faraò. ASTA signe un album énergique et chaleureux qui ne manque ni de nuances ni de musicalité. On espère que le quartet n’attendra pas 25 ans pour enregistrer un deuxième album !
Pour succomber live à l’énergie de ce superbe « Passers of Time », RV à Paris avec ASTA les 10 & 11 janvier 2020 à 21h30 au Sunside. En attendant, on profitera de cette fin d’année 2019, pour partager largement la musique de cet album qu’il convient de ne rater sous aucun prétexte.
2022… Ultimes « Coups de cœur » #1
« Blue in Green », Paul Lay rend hommage à Bill Evans
Avec le superbe « Blue in Green », Paul Lay rend hommage à Bill Evans. Sur ce premier opus de la série Jazz de Scala Music, le pianiste revisite certaines compositions de Bill Evans et de grands standards de jazz. Enregistré live en trio avec le contrebassiste Clemens Van der Feen et la batteur Dré Pallemaerts, l’album s’inscrit dans la grande tradition du trio jazz piano-contrebasse-batterie.
Des nouvelles de Bigre ! … album à venir en 2023
Avec deux nouveaux titres associés à deux clips, Le Cap et Folie Urbaine, « Bigre ! » annonce la sortie prochaine en 2023, de « Tchourou Mix tape », le nouvel album à venir du big band. On retrouve avec bonheur l’énergie de l’orchestre dirigé par Félicien Bouchot. « Bigre ! »…. toujours groovy !

En 2020, le
Outre leur collaboration autour des visuels de « Jazz à Vienne », le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême et Jazz à Vienne continuent de proposer un concert dessiné de création qui mêle musique et bande dessinée, une rencontre live entre un dessinateur et un musicien.
C’est le chanteur
Chaque année depuis 14 ans, 6000 enfants du pays viennois se rejoignent sur les gradins du Théâtre Antique le matin de l’ouverture du festival pour assister au Spectacle Jeune Public. Pour sa 40ème édition, « Jazz à Vienne » confie ce projet à Florent Briqué (directeur musical et trompettiste), Soro Solo (récitant) et Bouba Landrille Tchouda (chorégraphe). Ils vont présenter « L’Afro Carnaval des Animaux, une version revisitée du célèbre Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns qui va intégrer nombre de danses et musiques africaines.
« Jazz à Vienne » invite la chanteuse sénégalaise
Après Herbie Hancock et Bobby McFerrin, c’est au tour de la chanteuse béninoise, Angelique Kidjo d’être invitée le 02 décembre 2019, dans la Grande Salle de l’Auditorium de Lyon, dans le cadre des concerts coproduits par Jazz à Vienne et l’
Ambassadrice de l’Unicef, Angelique Kidjo est aussi une infatigable militante des droits de l’homme. Voix emblématique de l’Afrique, cette éternelle prêcheuse du multiculturalisme est reconnue par ses pairs et a été récompensée par trois Grammy Awards. Son engagement scénique, sa puissance vocale, sa vitalité et son charisme, transforment ses concerts en d’intenses moments de communication avec le public, comme le
Ce disque croise les destins de ces deux femmes qui ont eu toutes deux la force de s’exiler de leur pays, ont investi leur énergie et leur credo dans leur art qu’elles ont imposé dans le monde plutôt masculin de la musique.
Trois ans après « Doni Doni », le trompettiste
Après « New Place Always », l’album « Lemon The Moon », sorti le 15 novembre 2019, marque la deuxième collaboration de
Plateforme des acteurs du Jazz en Auvergne Rhône-Alpes,
Après Annecy en 2015 puis Saint-Etienne en 2017, en 2019, le Conseil d’Administration de JAZZ(s)RA a retenu la candidature impulsée par le Festival Jazz à Vienne - adhérent historique de JAZZ(s)RA - en coopération avec le Théâtre de Vienne, le Musée de Saint Romain en Gal, la MJC de Vienne et le Conservatoire de Vienne.
Le Manège présente aussi la soirée de clôture du 30 novembre 2019 qui débute à 20h30 par quelques surprises. En effet, le Festival Jazz à Vienne a prévu de présenter son visuel 2020 et de lever le voile sur les premiers noms de sa quarantième édition.


Cet album a été enregistré par l’ingénieur du son Tom Mark les 25 et 26 juillet 1989, au nord de New York, du côté de Woodstock, dans une ancienne église en bois reconvertie en studio par Jack DeJohnette. C’est d’ailleurs le batteur lui-même qui est derrière fûts et cymbales pendant que la contrebasse est jouée de main de maître par Ira Coleman.
Treize ans plus tard et après trois albums électro enregistrés chez Warner, il prend l’envie à Laurent de Wilde de renouer avec le trio jazz.
Après avoir capté des duos saxophone-piano auprès de sept pianistes « Les Âmes perdues » sorti en 2016 chez jazz&people, le saxophoniste 