Ukandanz - Freaks… énergie à revendre
Pour la « Soirée Transe » du 21 mars 2019, le festival A Vaulx Jazz propose un double plateau étoffé avec Ukandanz et Freaks. Deux groupes habités par l’énergie et animés d’une liberté créative incontestable. Après les vibrations d’un éthiojazz groovy le public goûte au délices d’un voyage sensoriel excentrique.
Echo#2-A Vaulx Jazz 2019 revient sur la « Soirée Transe » du 21 mars 2019 au Centre Culturel Communal Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin. uKanDanz et Freaks, deux esthétiques qui croisent le jazz avec d’autres genres musicaux. Deux idiomes singuliers dont l’énergie fait mouche.
Ukandanz… c’est reparti
Après une pause de deux ans, uKanDanz revient sur les scènes après la sortie de leur nouvel album, « Yeketelale » dont le nom annonce la bonne nouvelle en amharique… ça continue . Après la scène de l’Opera Underground où le groupe s’est produit en décembre 2018 uKanDanz fait entendre la nouvelle mouture de sa musique au public du festival A Vaulx Jazz.
Sur scène, trois blocs. Au centre en pleine lumière, le chanteur Asnake Guebreyes. Les éclairages n’auront cesse de mettre en lumière sa veste blanche aux décorations multicolores. Sur le devant de la scène mais dans une ombre quasi permanente, le guitariste Damien Cluzel et le saxophoniste Lionel Martin. En arrière la section rythmique réunit Adrien Spirli au synthé basse et Yann Lemeunier à la batterie, deux nouvelles recrues issues de Mazalda.
Si l’on reconnait avec peine les solistes de l’avant-scène, l’ombre et le brouillard ne permettent guère de distinguer les silhouettes des deux rythmiciens. Certes un concert vaut essentiellement pour la musique qu’il propose mais si le public est sensible aux jeux de lumière il apprécie tout de même de percevoir les musiciens autrement que comme des ectoplasmes.
Moins éruptif qu’à l’ordinaire, le saxophone fait entendre des barrissements désespérés avant de se lâcher pour donner le meilleur de lui-même dans les derniers morceaux. Point cette fois de guitare qui arpente la scène. Moins acérée qu’à l’ordinaire elle demeure pourtant un rouage essentiel de la machine uKanDanz qu’elle stimule par ses fulgurances. Porté par la force pulsatile énergique de la section rythmique, le concert met surtout en valeur le chant virtuose. Quand il ne chante pas, Asnake Guebreyes sautille et fait tressauter ses pectoraux.
Recentrée autour du chant, la musique se prête plus à l’écoute qu’à la danse mais lorsque le groupe reprend un de ses anciens hits, le public répond enfin à l’appel du chanteur et vient bouger devant la scène.
Avec moins de rage, uKanDanz a installé sa transe. Rythmes impairs complexes et dissonances sont maîtrisés. Porté par de denses lignes de basse, un groove puissant sous-tend les mélodies lancinantes de la voix. uKanDanz confime la richesse de ses couleurs musicales.
Théo Ceccaldi et Freaks
En seconde partie de soirée la meute de Freaks débarque sur scène. Plus qu’un groupe il s’agit d’un collectif soudé autour de son leader Théo Ceccaldi dont le violon déborde de sensibilité et de lyrisme. Il est encadré par l’énergique Quentin Biardeau au saxophone ténor et claviers et le saxophoniste Matthieu Metzger dont le souffle puissant et profond alterne entre alto et baryton. En arrière le guitariste virtuose Giani Caserotto, le très réactif violoncelliste Valentin Ceccaldi et le redoutable batteur Etienne Ziemniak.
Une écriture subtile se cache derrière la furie du rock et la complexité des mesures impaires. Freaks délivre une musique insaisissable faite de sensations, une musique contrastée à la fois déjantée et virtuose construite autour de la liberté. La tension portée par le rouleau compresseur rythmique et les larsens alterne avec des moments de détente et de calme. Les motifs répétitifs tricotent la trame sur laquelle sont brodées de subtiles mélodies.
Entre Amanda Dakota, le morceau présenté par le leader comme la seule chanson d’amour de la soirée et Henry m’a tuer (hommage à Henry Threadgill) joué en rappel, le répertoire de Freaks navigue entre apocalypse et poésie, rêves romantiques et cauchemars furieux, tonnerre et brise délicate, vociférations et murmures, souffle volcanique et caresse éthérée.
Excentrique et décapante, brute et peaufinée, tonitruante et délicate la musique déroule ses nuances schizoïdes. Tour à tour allumés ou lyriques, les solistes font exploser les sons et les codes. Une rythmique d’enfer balise la chevauchée épique que conduit le violon magique. Les séquences imprévisibles surprennent et ravissent le public qui se laisse gagner par la frénésie musicale.
Freaks, ça mord, ça décape, ça inquiète mais ça caresse et ça cajole. Paroxysme et décibels coexistent avec détente et calme. Une musique savamment déjantée qui zappe entre free jazz, punk et new wave. Les membres du Tricollectif d’Orléans ont gagné le public à leur cause.
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