Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

Ode musicale à l’humanité, à la bienveillance

Le compositeur et saxophoniste Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces » (Le Triton/L’Autre Distribution). Chaque membre du septet a une histoire vis à vis de la migration. L’album vibre d’énergie et de sensibilité. La musique résonne comme une ode musicale à l’humanité et à la bienveillance. Mieux qu’un manifeste politique, le propos du disque invite à l’accueil et à l’acceptation de l’autre avec ses différences. Un opus engagé en prise réelle avec l’actualité.

Après « Jericho Sinfonia » (Ayler Records) enregistré avec les musiciens du Grand Orchestre du Tricot et sorti en avril 2018, après « Hymnes à l’amour » (ONJ Records/L’Autre Distribution) publié en novembre 2018 et « Hymnes à l’Amour, Deuxième chance » (Émouvance) paru en mars 2021, tous deux enregistrés en duo avec Didier Ithursarry et « Dernier Tango » (Jazzdor/L’Autre Distribution) sorti en octobre 2022 et gravé en duo avec le guitariste Marc Ducret, Christophe Monniot revient le 21 juin 2024 avec « Six Migrant Pieces » (Le Triton/L’Autre Distribution) enregistré au Triton les 18 et 19 Mai 2023 par Jacques Vivante, Bastien Boisier et Jules Ferroul et également enregistré en concert le 6 juin 2023 au Kresselhaus Berlin lors du Festival Jazzdor Strasbourg-Berlin-Dresden.

« Six Migrant Pieces »

Pour son nouveau projet, « Six Migrant Pieces », Christophe Monniot dit être parti d’une idée très simple : « le mot hôte… racine commune du mot hostilité et et du mot hospitalité ». Ses compagnons et lui ont essayé de se positionner du côté de l’hospitalité plutôt que de l’hostilité. A ce propos il cite la philosophe, écrivaine et directrice de recherche émérite au CNRS Marie-José Mondzain : « Nous ne sommes pas simplement en train de donner l’hospitalité, nous sommes en train de recevoir de la part de notre hôte ».

Visuel de l'album Six Migrant Pieces de Christophe Monniot_Christophe Monniot présente "Six Migrant Pieces"Christophe Monniot a conçu la musique de « Six Migrant Pieces » comme « un voyage permanent, un flux migratoire perpétuel ». Il invite à accepter l’autre dans ses points communs autant que dans ses différences. Il engage à voir le migrant comme une chance.

Le répertoire propose six compositions de Christophe Monniot et Interlude, un titre co-conçu par l’ensemble des musiciens réunis autour du leader au saxophone alto : Aymeric Avice (trompette), Jozef Dumoulin (claviers), Nelson Veras et Nguyên Lê (guitares), Bruno Chevillon (contrebasse), Franck Vaillant (batterie).

Dans l’orchestre, chaque musicien a une histoire vis à vis de la migration : Christophe Monniot à moitié ukrainien, Nelson Veras originaire du Brésil, Nguyên Lê du Vietnam, Bruno Chevillon dont la maman italienne est venue vivre en France, Jozef Dumoulin belge d’origine flamande, Aymeric Avice d’origine normande et donc de « lointaine » origine viking et Franck Vaillant, l’élément français. Ainsi, chacun a amené dans l’album une partie de lui-même sous forme d’un témoignage familial sur la migration de sa propre famille.

Au départ, les morceaux eux-mêmes sont inspirés chacun par un compositeur qui a une histoire avec la migration, un dédié à Leonard Bernstein, un autre à Michael Brecker, un autre à Wayne Shorter, « tout afro-américain ayant quelque chose à voir avec la migration et avec l’invention de la musique de jazz ».

A la musique se mêlent plusieurs voix, parmi lesquels entre autres celles de Martin Luther King, de l’écrivain Abdoul Ali War, de l’Abbé Pierre avec son « appel à la bonté », de Pierre Desproges, de Bruno Chevillon, de la mère de Christophe Monniot qui parle de l’exil ukrainien de son père, une conversation en flamand de la famille de Jozef Dumoulin, de la philosophe Marie-José Mondzain. Chaque musicien a donné ou suscité un propos de son origine. La conception du livret des textes de l’album est à porter au crédit de Sylvie Gasteau.

« La musique et les textes racontent une histoire ».

Au fil des titres

L’album ouvre avec Climax Change. Sur des accords de piano de Jozef Dumoulin, le poète, romancier et dramaturge Abdoul Ali se questionne à propos de la beauté qui « est dans tout… il suffit de la trouver, il faut la chercher d’abord…une façon de dire le beau à travers ce qui n’est pas beau ». La musique prend forme et sa gravité s’intensifie quand interviennent contrebasse et batterie et que s’élève la voix de Martin Luther King et le début de son discours « I have a dream » du 28 août 1963. En totale synergie interviennent ensuite saxophone alto et trompette. Le dialogue s’instaure entre les deux instruments, Interventions corsées, stimulantes et colorées de l’alto auquel répond la trompette au son plus rond dont les audaces virtuoses résonnent telles des prouesses.

Sur les premières mesures d’Interlude, la guitare de Nelson Veras sculpte la musique avec une remarquable dextérité au-dessus de la voix d’Ana Flavia Calabresi (en portugais) et de Vetea Pambrun (en français) qui lisent des extraits de « Mort et vie sévérine » (1955) du poète brésilien João Cabral de Melo Neto à propos de l’odyssée du migrant Sévérino, un poème de combat qui dit la dureté de la vie des migrants à la recherche d’une vie meilleure. Alors que la musique enfle, la mère de Christophe Monniot narre l’exil ukrainien de son grand-père embarqué au Havre « dans des cales pleines de vermines, sans hygiène et sans nourriture » en direction de New-York. Soutenu par la contrebasse, le saxophone prend ensuite la parole, tel un trublion dans un environnement électrique pointilliste qui laisse entendre des bribes d’une conversation en flamand de la famille de Jozef Dumoulin.

6T2P part 1 débute sans musique avec la voix de Pierre Desproges et la dernière phrase de son « Réquisitoire contre Jean-Marie Le Pen » diffusé dans le Tribunal des Flagrants Délires sur France Inter le 28 septembre 1982. Il évoque la parole de Luis Rigo, « les chiffres sont accablants, il y a de plus en plus d’étrangers dans le monde ». Le titre se poursuit avec la voix de la philosophe écrivaine et directrice de recherche émérite au CNRS Marie-José Mondzain lors d’une intervention sur France Culture à propos de son ouvrage « Accueillir. Venu(e)s d’un ventre ou d’un pays » (Edition Les Liens qui Libèrent)/PUF) où elle oppose l’accueil et l’hospitalité à la haine : « l’accueil ou le non accueil de tous ceux qui sont en train d’arriver, de tous ceux qui sont naufragés, misérables ou sur les routes ; c’est la question de l’hospitalité, c’est ça qui est au cœur ». Ses paroles sont suivies de l’entrée en force du groupe. Alto et trompette exposent un thème très dense, soutenus puis les voix reprennent alors que, soutenues par une section rythmique tonique les guitares conversent à leur tour, avec des distorsions sonores. Le climat musical se densifie et se fait de plus en plus libre, le piano triture les touches blanches et noires du clavier, la trompette s’embrase avec fougue, la batterie s’enflamme. Une accalmie musicale permet d’écouter un nouvel extrait du discours « I have a dream » prononcé par Martin Luther King puis piano et basse interviennent. Friselis du batteur sur ses cymbales, plainte de la trompette au-dessus du Rhodes puis solo colérique de la batterie. Dans le dernier tiers du titre, on écoute la voix de l’Abbé Pierre lors de son appel du 01 février 1954 (« insurrection à la bonté ») alors que piano, batterie et contrebasse ponctuent le temps avec force jusqu’à la fin du morceau.

Le piano égrène des notes interrogatives au tout début de 6T2P Part 2 alors qu’une voix se questionne à propos de la migration. Contrebasse et guitare rejoignent le piano puis, en italien, Bruno Chevillon parle de sa mère italienne « venue vivre en France », discours ponctué par des frémissements des cymbales. Trompette et saxophone alto entrent ensuite en jeu et tissent des entrelacs sonores complexes. Le groupe crée ensuite un climat sonore stratosphérique puis l’écrivain, poète, docteur en philosophie et essayiste tchadien Nimrod Bena Djangrang et l’auteur, dramaturge et metteur en scène camerounais Kouam Tawa dialoguent à propos de la poussière du Tchad indispensable à l’écosystème de l’Amazonie. Sur fond de batterie délicate et d’échantillonnages électriques s’instaure un climat aux sonorités dramatiques au-dessus duquel, tel un voltigeur, le saxophone alto propulse des arabesques de notes fougueuses, se jouant de tout académisme. Le morceau se termine par un constat dramatique quant à l’issue pas toujours heureuse du déplacement des « migrants qui viennent du lointain Sertao…. ne peuvent continuer parce que la mer est devant eux, ils n’ont pas où travailler et encore moins où habiter et au vu de l’immédiat encore moins il n’auront pas pour être enterrés ».

Lilia ouvre avec un nouvel extrait du discours de Martin Luther King, puis l’alto dessine de tendres envolées lyriques, impulsant au morceau un climat de rêverie musicale étrange. Son phrasé papillonne, tourbillonne même, alors que les sonorités électriques du Rhodes résonnent comme sonnerait une cloche d’église. La batterie accentue l’étrangeté de la situation. De nouveau sont donnés à entendre les mots de Martin Luther King… « forts de cette foi nous pourrons tailler dans la montagne le désespoir en pierre d’espoir, forts de cette foi nous pourrons transformer les stridentes discordes de notre nation en une merveilleuse symphonie de fraternité » avant que le saxophone alto ne reprenne la parole pour terminer le morceau.

Le manifeste musical se termine avec les deux parties de Melting Teapot. Après les voix, la première partie débute par un riff musical scandé au clavier et le morceau continue dans un climat véhément qui navigue entre violence musicale et joyeuse effervescence. La trompette sculpte un solo incisif dans le climat sismique qu’instaure la section rythmique. La guitare électrique intervient ensuite avec énergie et libère des cascades de notes vrillées dont les colorations distordues ne sont pas sans rappeler les effusions hendrixiennes. Après la musique, la première partie du morceau se termine par une voix qui évoque « le temps des autres, celui où il n’y aura plus de recevant ni de reçus, celui où chacun pourra se dire l’hôte de l’hôte ». La deuxième partie de Melting Teapot débute avec quelques mesures de Su la mé d’Alfred Rossel chantée par André Dalibert (1961), puis comme un soutien à la marche des manifestants, la musique reprend avec véhémence au-dessus de quelques secondes du discours de Martin Luther King qui revient d’ailleurs plus loin, comme dans un dialogue que les musiciens instaurent avec lui. Le manifeste musical se termine par une étonnante et réjouissante symphonie sonore où liberté et furie font bon ménage, au fil des fulgurances inspirées de chaque musicien.

« Six Migrant Pieces »… quand l’art promeut les lois de l’hospitalité pour contribuer à diminuer la situation dramatique des migrants. « Six Migrant Pieces »… un projet musical d’actualité qui Invite à l’accueil, à la bienveillance et l’acceptation de l’autre. « Six Migrant Pieces »…. un hommage aux hommes et femmes qui œuvrent pour moins de discrimination et une meilleure entente.

Christophe Monniot, Aymeric Avice, Jozef Dumoulin, David Chevallier, Bruno Chevillon et Franck Vaillant seront en en concert au Triton, le samedi 29 juin 2024 à 20h30, à l’occasion de la sortie de l’album.

Avec de chaleureux remerciements à Sylvie Gasteau pour ses éclairages.

Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

Le compositeur et saxophoniste Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces » (Le Triton/L’Autre Distribution). Chaque membre du septet a une histoire vis à vis de la migration. L’album vibre d’énergie et de sensibilité. La musique résonne comme une ode musicale à l’humanité et à la bienveillance. Mieux qu’un manifeste politique, le propos du disque invite à l’accueil et à l’acceptation de l’autre avec ses différences. Un opus engagé en prise réelle avec l’actualité.

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Kenny Barron revient avec « Beyond this Place »

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Pianiste et compositeur récompensé neuf fois aux Grammy Awards, Kenny Barron a collaboré avec les plus grands noms du jazz. Au sommet de son art, revient à la tête d’un quintet multigénérationnel avec « Beyond this Place » (Artwork Records/Pias). Neuf plages où swing et délicatesse se croisent avec bonheur. Un opus raffiné, irisé de grâce et d’élégance.

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Saison 2024/25 – Auditorium-Orchestre National de Lyon

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En 2025, l’Auditorium de Lyon a 50 ans et pour fêter cet anniversaire, l’institution annonce une programmation 2024/2025 alléchante, avec pas moins de 170 concerts. Du côté du Jazz et des Musiques actuelles se profilent d’intenses moments musicaux avec Bernard Lavilliers, Thibault Cauvin & -M-, Crosscurrents Trio, Souad Massi, Dominique A, Bethmann/Legnini/Trotignon/Bojan Z, Brad Mehldau, Samara Joy, Anouar Brahem Quartet. De quoi réjouir le public !

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Kenny Barron revient avec « Beyond this Place »

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Un album irisé de grâce et d’élégance

Pianiste et compositeur récompensé neuf fois aux Grammy Awards, Kenny Barron a collaboré avec les plus grands noms du jazz. Au sommet de son art, il revient à la tête d’un quintet multigénérationnel avec « Beyond this Place » (Artwork Records/Pias). Neuf plages où swing et délicatesse se croisent avec bonheur. Un opus raffiné, irisé de grâce et d’élégance.

Kenny Barron revient avec "Beyond this Place" - Visuel de l'albumAprès son album solo « The Source » (Artwork Records) sorti en 2023 et nominé aux Grammy Awards, le pianiste Kenny Barron dévoile « Beyond This Place » (Artwork Records/Pias) sorti le 10 mai 2024.

Il revient à la tête d’un quintet multigénérationnel, accompagné du jeune saxophoniste Immanuel Wilkins (saxophone alto), du vibraphoniste Steve Nelson, du contrebassiste Kiyoshi Kitagawa et du du batteur Johnathan Blake.

Kenny Barron

À presque 80 ans, le natif de Philadelphie fait figure de véritable légende et est considéré comme un Maître du piano jazz.

Kenny Barron revient avec "Beyond this Place"

Kenny Barron@Philippe Lé

Membre de l’Académie américaine des arts et des sciences et il possède un NEA Jazz Masters Fellowship, récompense remise tous les ans depuis 1982 par le National Endowment for the Arts (NEA). Il a joué dans plusieurs types de configurations orchestrales. Brillant en solo, maître dans l’art de la conversation en duo, des échanges trio ou quartet, Kenny Barron a aussi régulièrement joué en quintet où tour à tour avec brio il interprète, improvise et accompagne.

Kenny Barron a joué avec toute l’aristocratie du jazz, Dizzy Gillespie, Milt Jackson, Ella Fitzgerald, Elvis Jones, James Moody, Freddie Hubbard, Stan Getz, Dave Holland, Ron Carter, Jimmy Cobb, Yusef Lateef, Regina Carter, Cecil McBee, Al Foster, Ornette Coleman, Charlie Haden, Roy Haynes et bien d’autres encore.

Kenny Barron ne se contente pas d’être interprète, accompagnateur et improvisateur il est aussi compositeur et arrangeur.

« Beyond this Place »

@Philippe Lévy-Stab

Sorti le 10 mai 2024, cet opus est le deuxième album de Kenny Barron sur Artwork Records. Le pianiste l’a enregistré en quintet, avec le bassiste Kiyoshi Kitagawa et le batteur Johnathan Blake, section rythmique de longue date. Déjà présent sur l’album Golden Lotus du pianiste en 1982, le vibraphoniste Steve Nelson les a rejoints. A ce quartet s’ajoute le saxophoniste alto de 26 ans Immanuel Wilkins, étoile montante du jazz.

La musique de « Beyond this Place » s’inscrit dans la pure tradition du swing. Sans révolutionner le genre et malgré leur technique musicale impressionnante, les cinq musiciens soignent chaque note, trouvent l’expression juste, intègrent le silence dans leur expression. Leur musique simple et dépouillée coule avec limpidité.

Le répertoire de l’album se caractérise par de forts contrastes et des dynamiques variées.

On retrouve cinq compositions de Kenny Barron, Scratch, Innocence, Tragic Magic, Beyond this Place et Sunset, une alternance de ballades et thèmes au rythme médium voire rapide. S’y ajoutent un thème de Johnathan Blake, au tempo médium, Blues on Stratford Road et trois reprises du répertoire, la ballade The Nearness of You (Hoagy Carmichael, Ned Washington), Softly As in a Morning Sunrise (Oscar Hammerstein II, Sigmund Romberg) interprété sur un inhabituel tempo rapide et We see, une composition de Thélonious Monk joué sur un tempo médium.

Au fil des titres

Les compositions du maître

Titre emblématique éponyme de l’album enregistré en 1985 pour le label Enja avec Dave Holland et Daniel Humair, Scratch, un rien monkien, s’inscrit dans la dynamique bop. Sur un tempo rapide, le pianiste laisse le champ libre au saxophoniste qui s’exprime dans un idiome très free et dans un style très orageux. C’est ensuite le vibraphoniste qui s’exprime dans une direction fort différence avec tout autant de fougue. Il cède la place au leader dont le solo révèle la maîtrise de son art puis tous se retrouvent pour une fin abrupte.

Ballade lancinante, Innocence brille par son élégance mais aussi par une certaine mélancolie que les trois solistes restituent chacun à sa manière, de façon presque complémentaire. L’atmosphère du morceau semble quelque peu mystique.

Dans le style hard-bop, Tragic Magic rend hommage au pianiste Tommy Flanagan. Sur le tempo rapide du Morceau, on perçoit à chaque instant la virtuosité des solistes. Le saxophoniste s’envole dans une improvisation fulgurante, le chorus du vibraphoniste est d’une modernité absolue et celui du pianiste magistral et en totale osmose avec la section rythmique. Le chorus très expressif du batteur est suivi d’une reprise du thème par l’ensemble du quintet.

Le quintet met ensuite en relief la mélodie de la composition éponyme de l’album, Beyond this place. Climat nocturne, sonorité empreinte de délicatesse, douceur groovy. Le quintet reprend aussi Sunset, une composition de Kenny Barron qui figurait dans son premier album pour le label Muse, « Sunset to Dawn » sorti en 1973. Sur cette version de 2024, Kenny Barron joue du piano électrique. Avec décontraction et une aisance étonnante, le vibraphoniste offre un chorus vibrant de sensibilité et le solo du saxophone allie délicatesse et force. Finement ciselée, l’improvisation du Maître se pare de subtilités harmoniques qui régalent l’oreille.

Composition de Johnathan Blake

Sur un tempo médium, le quintet interprète Blues on Stratford Road, une composition du batteur. Au vibraphone, Steve Nelson offre un solo brillant et d’une légèreté étonnante. On est captivé par le solo élastique d’Immanuel Wilkins dont le saxophone se lamente. Le piano offre ensuite un chorus où virtuosité et décontraction font bon ménage. C’est une musique aux accents bluesy qui circule entre les artistes.

Les reprises du répertoire

Sur un tempo très lent, The Nearness of You ouvre l’album. Interprété en quartet, sans vibraphone, cette ballade composée en 1937 par Hoagy Carmichael (paroles de Ned Wahsington) met en évidence la grande connivence qui existe entre le pianiste et l’altiste. De sa sonorité aérienne et limpide, le saxophone conte une histoire en laissant de grands espaces au silence. Avec une indolence lascive il murmure un chant à la fois caressant et voluptueux. De bout en bout, soutenu par la contrebasse, le piano développe des harmonies raffinées.

En duo avec le batteur Johnathan Blake, Kenny Barron propose une version véloce de Softly as in a Morning, un titre l’opérette « New Moon » composée en 1928 par Sigmund Romberg sur un livret d’Oscar Hammerstein II. En symbiose avec le batteur, le pianiste au toucher cristallin développe avec vélocité un phrasé impeccable soutenu par la force du jeu tendu mais absolument contrôlé du batteur.

L’album se termine avec Wee See, un thème de Thelonious Monk, musicien révéré par Kenny Barron. En duo, le pianiste et l’altiste en donnent une interprétation ludique. Leur conversation joyeuse privilégie dissonances et décalages asymétriques tout en restituant une atmosphère sereine empreinte d’une force tranquille.

« Beyond this Place », un jazz moderne plein de vitalité, d’élégance et de poésie.

Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

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Le compositeur et saxophoniste Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces » (Le Triton/L’Autre Distribution). Chaque membre du septet a une histoire vis à vis de la migration. L’album vibre d’énergie et de sensibilité. La musique résonne comme une ode musicale à l’humanité et à la bienveillance. Mieux qu’un manifeste politique, le propos du disque invite à l’accueil et à l’acceptation de l’autre avec ses différences. Un opus engagé en prise réelle avec l’actualité.

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« La Dolce Vita » selon Stefano Di Battista

« La Dolce Vita » selon Stefano Di Battista

Entre ferveur et nostalgie

Trois ans après « Morricone Stories » dédié à Ennio Morricone, le saxophoniste italien Stefano Di Battista est de retour avec « La Dolce Vita », un nouveau projet ancré dans la culture populaire de son pays. En quintet, il fait résonner sous un nouveau jour douze chansons italiennes emblématiques de l’âge d’or de l’Italie. L’album navigue entre ferveur et nostalgie.

Très attaché à la mélodie, Stefano Di Battista est un maître du son, un magicien du timbre, un virtuose de l’improvisation. Après avoir publié « Morricone Stories » en 2021 chez Warner Music, le saxophoniste revient avec « La Dolce Vita » dont la sortie est annoncée pour le 03 mai 2024 chez Warner Music. Pour l’occasion, le quartet composé du pianiste Fred Nardin, du contrebassiste Daniele Sorrentino et du batteur André Ceccarelli, s’étoffe et devient quintet avec la participation du trompettiste Matteo Cutello."La Dolce Vita" selon Stefano Di Battista

Sur « La Dolce Vita », Stefano Di Battista célèbre la splendeur de la grande musique italienne d’hier, la fait scintiller, un peu comme s’il tentait de la rendre éternelle. En effet, pour lui, l’album a pour but « d’explorer une partie de l’immense et merveilleux répertoire italien depuis la Dolce Vita et de l’offrir au public contemporain ». Il explique que « ces compositions incarnent la culture italienne et l’art de nos grands compositeurs, en soulignant l’âge d’or incontestable de l’Italie et l’héritage de ces années qui vit encore en nous aujourd’hui ».

Au fil des douze plages de « La Dolce Vita », le quintet du fougueux et lyrique Stefano Di Battista navigue entre ferveur et nostalgie. Le groupe fait résonner sous un nouveau jour les thèmes rendus célèbres par Paolo Conte, Andrea Bocelli, Lucio Dalla et rend aussi hommage à des compositeurs comme Renato Carosone ou Armando Trovajoli.

Dès le premier titre, La vita è bella on savoure l’impétuosité de l’alto de Stéfano Di Battista, la flamboyance de la trompette de Matteo Cutello et la fluidité du style pianistique de Fred Nardin. Sur Con te partirò écrit par Francesco Sartori et Lucio Quarantotto et popularisé par Andrea Bocelli, le saxophoniste embouche le soprano et impressionne par sa vélocité, sa générosité et son aisance dans les aigus.

Plus loin, le quintet revitalise Tu vuò fa l’americano, cette chanson italo-américaine de Renato Carosone dans lequel swing et boogie-woogie se mêlent allègrement sur un tempo de foxtrot. L’alto s’envole, pétille de mille étincelles et dialogue avec la trompette à la sonorité rutilante au-dessus du jeu brillant, précis et délicat du pianiste.

Sur la superbe mélodie de Roma nun fa’ la stupida stasera composé par Armando Trovaioli, le soprano captive l’oreille qu’il enivre par la magie de son timbre et ses aigus flamboyants. Sur un rythme de Jazz New-Orleans, le quintet insuffle une dimension festive à La dolce vita écrite par le compositeur Nino Rota pour le film « La Dolce Vita » (1960) de Fedérico Fellini. Alors que la trompette ponctue son jeu d’effets de glissando, au soprano, le saxophoniste s’exprime avec une sonorité droite et pleine avec le piano en contrepoint.

On ne résiste pas à l’écoute de Via con me, la chanson de Paolo Conte transfigurée par l’arrangement orchestral des soufflants survoltés et du piano inspiré et les exaltantes improvisations collectives. Un grand moment !

Le climat change du tout au tout sur Una lacrima sul viso de Bobby Solo. Sur cette mélodie d’amour, l’alto et le piano s’expriment avec un tendre lyrisme et le jeu étincelant de Stéfano Di Battista redonne de la splendeur à ce titre. Sur la ballade Sentirsi solo écrite par Piero Umiliani pour « Fiasco in Milan », l’alto et la trompette recréent l’atmosphère mélancolique, dépouillée et captivante d’un film noir, un univers sonore qui n’est pas sans évoquer celui de Chet Baker lorsqu’il jouait le thème avec Piero Umiliani.

Stefano Di Battista chante littéralement dans son alto sur la version que le quintet donne de Volare de Domenico Modugno. A l’alto, il apporte un souffle de fraîcheur. Son discours est limpide et son propos d’une clarté et d’une tendresse inimitables. Il apporte même un brin d’exaltation dans son interprétation allant jusqu’au paroxysme dans les aigus. Le soprano métamorphose ensuite La califfa, la composition d’Ennio Morricone à laquelle il redonne vie. Un délicat enchantement.

Plus tard, le quintet sublime Amarcord, composé par Nino Rota pour le film de Federico Fellini. Le groove et le swing sont au rendez-vous sur le thème qu’exposent les soufflants. Les improvisations successives font de superbes incursions dans le monde du bop.

L’album se termine avec une version magnifique de Caruso écrite en 1986 par Lucio Dalla. Dimension orchestrale subtile mais avérée, sonorité majestueuse de la trompette, envolées étincelantes du soprano, accords mélancoliques du piano. Un moment sensible, nostalgique et irrésistible !

Pour écouter live la musique de « La Dolce Vita » avec Stefano Di Battista (saxophones), Matteo Cutello (trompette), Fred Nardin (piano), Daniele Sorrentino (contrebasse) et André Ceccarelli (batterie), quelques rendez-vous se profilent : le 14 juin 2024 à 20h30 à Hardelot dans le cadre du Jazz’Opale Festival, le 07 juillet 2024 à 21h à Grabels dans le cadre de L’Instant Jazz à Grabels et le 27 juillet 2024 à 20h à Dinant dans le cadre du Dinant Jazz Festival.

Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

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Kenny Barron revient avec « Beyond this Place »

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« Mères Océans » de Christophe Panzani

« Mères Océans » de Christophe Panzani

Poème musical intime

Le saxophoniste Christophe Panzani présente son nouveau projet, « Mères Océans ». Une musique intime où alternent douceur et puissance, acoustique et électronique. Les émotions subtiles sont portées par des mélodies de rêve. Un poème musical intimé dédié à sa mère disparue.

Sacré révélation jazz aux Victoires de la musique en 2020, le saxophoniste Christophe Panzani revient avec son nouveau projet « Mères Océans » (The Drops Music/L’Autre Distribution). Il invite à le suivre dans le monde de ses souvenirs d’enfance qu’il évoque avec des notes de musique."Mères Océans" de Christophe Panzani - Visuel de l'album Mères Océans de Christophe Panzani

C’est en hommage à sa mère disparue que Christophe Panzani intitule son album « Mère Océans ». Alors qu’elle était malade, il a composé pour « lui parler… lui dire tout »… « avant qu’elle n’entende plus, qu’elle ne voit plus, qu’elle ne ressente plus ». Il « n’avai[t] rien d’autre que la musique pour essayer de lui dire… ». Il a envoyé la musique à son père pour qu’il fasse écouter à sa mère.

Ainsi, sans les mots, par la musique, il accompagne sa mère, lui parle, évoque des souvenirs comme le gâteau aux noix, les baies sauvages la mer et les plages. Après sa disparition, il a décidé que cette musique deviendrait un disque et l’a enregistrée en studio accompagné dans ce processus par son ami Tony Paeleman.

Christophe Panzani

Poly-instrumentiste (saxophone ténor, clarinette, flûte), compositeur et arrangeur, Christophe Panzani ne se réclame vraiment d’aucune chapelle, ne se limite à aucun style et transgresse les frontières des genres, n’hésitant pas à se remettre en question.

Très jeune, il a joué dans le Big Band de Carla Bley et élaboré des projets avec Michael Rodriguez, Dan Tepfer, Aaron Parks et Keith Witty avec qui il fonde le groupe Thiefs.

Musicien très demandé de la scène jazz française, le saxophoniste s’est produit aux côtés de Anne Pacéo, Hugh Coltman, Matthis Pascaud, Florian Pelissier, Jean-Pierre Como. Il a aussi été très présent sur la scène hip-hop française auprès entre autres de Gaël Faye et Hocus Pocus et a par ailleurs collaboré avec Yaël Naïm.

Comme leader, Christophe Panzani s’est produit sur les grandes scènes françaises et internationales. Il a enregistré des albums en tant que leader ou co-leader parmi lesquels, « Les âmes perdues » sorti en 2016 chez Jazz&People et « Les Mauvais Tempéraments » (Jazz&People/PIAS) paru en 2019.

Le 29 mars 2024, il publie « Mères Océans » (The Drops Music/L’Autre Distribution) qu’il enregistre au saxophone ténor avec aux claviers Tony Paeleman, au piano Enzo Carniel sur Tempus Fugit et À Pas Lents et à la batterie Guilhem Flouzat et Antoine Pierre sur Tempus Fugit et Les Corps Chauds. Claviers et batteries, sons électroniques et synthétiseurs contribuent à impulser une belle dynamique à l’album.

Au fil des titres

Piano et saxophone ténor exposent à l’unisson la mélodie de la ballade A Pas Lents. Elle résonne tel un cantique. Épurée, la musique se fait intime et mystérieuse. Puis les caresses des ballets sur la batterie interviennent en douceur. Sans mots, l’émotion s’installe à l’écoute de la sonorité ronde, lisse et chaleureuse du ténor qui dialogue avec les notes perlées du piano lyrique de Enzo Carniel.

Plus loin, les arpèges du piano de Tony Paeleman sous-tendent le phrasé morcelé et le timbre acéré du ténor qui tisse un motif itératif. L’atmosphère sautillante suggère tout à fait une promenade bucolique dans les sous-bois pour ramasser Les Baies Sauvages.

Après une cloche qui résonne sur l’introduction du titre Les Corps Chauds, la musique s’élève et enfle. Sur le motif répétitif joué au piano le ténor souffle avec puissance. L’oreille est touchée par son chant riche en émotions.

A partir d’un motif de piano, le saxophone ténor et son écho content Le Gâteau Aux Noix, une berceuse à la mélodie apaisante sur laquelle le ténor se fait voluptueux.

Sans Les Mots met en exergue la tendresse et la nostalgie des propos du ténor aux accents élégants au-dessus des arabesques du piano. D’une grande pureté, sa sonorité lisse et aérienne laisse planer une fêlure.

Tel un souffleur de rêves accompagné par les sonorités électroniques, Christophe Panzani poursuit sa quête à la recherche de l’émotion Sur What Matters, il livre un univers onirique intemporel au-dessus des frappes de la batterie et des notes que le piano délivre en cascade.

Sur un rythme soutenu, Tempus Fugit donne à écouter en boucle les arpèges du piano puis les nappes sonores du synthé. Les sonorités stratosphériques du ténor étoffent ensuite les envolées du piano de Enzo Carniel.

Étrange atmosphère que celle de Rouges, Petites, Taches. Plusieurs enregistrements des sons du ténor résonnent en contrepoint sur la ritournelle sans fin du piano. L’album se termine par un dernier chant épuré, Regarder la Mer S’Éloigner. Sorte de Requiem qui ne dit pas son nom, le morceau est riche d’une spiritualité qui célèbre l’universel éclairé par le scintillement des cymbales.

Pour écouter live la musique de « Mères Océans » et retrouver Christophe Panzani (saxophone ténor), Tony Paeleman (clavier), Enzo Carniel (piano) et Guilhem Flouzat (batterie), deux rendez-vous se profilent : à Millau le 20 avril 2024 à 20h30 au Théâtre de la Maison du Peuple dans le cadre du Millau Jazz Festival et à Paris, le 06 juin 2024 à 20h au Son de la Terre, Port Montebello.

Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

Le compositeur et saxophoniste Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces » (Le Triton/L’Autre Distribution). Chaque membre du septet a une histoire vis à vis de la migration. L’album vibre d’énergie et de sensibilité. La musique résonne comme une ode musicale à l’humanité et à la bienveillance. Mieux qu’un manifeste politique, le propos du disque invite à l’accueil et à l’acceptation de l’autre avec ses différences. Un opus engagé en prise réelle avec l’actualité.

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Kenny Barron revient avec « Beyond this Place »

Kenny Barron revient avec « Beyond this Place »

Pianiste et compositeur récompensé neuf fois aux Grammy Awards, Kenny Barron a collaboré avec les plus grands noms du jazz. Au sommet de son art, revient à la tête d’un quintet multigénérationnel avec « Beyond this Place » (Artwork Records/Pias). Neuf plages où swing et délicatesse se croisent avec bonheur. Un opus raffiné, irisé de grâce et d’élégance.

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Saison 2024/25 – Auditorium-Orchestre National de Lyon

Saison 2024/25 – Auditorium-Orchestre National de Lyon

En 2025, l’Auditorium de Lyon a 50 ans et pour fêter cet anniversaire, l’institution annonce une programmation 2024/2025 alléchante, avec pas moins de 170 concerts. Du côté du Jazz et des Musiques actuelles se profilent d’intenses moments musicaux avec Bernard Lavilliers, Thibault Cauvin & -M-, Crosscurrents Trio, Souad Massi, Dominique A, Bethmann/Legnini/Trotignon/Bojan Z, Brad Mehldau, Samara Joy, Anouar Brahem Quartet. De quoi réjouir le public !

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Jazz à Vienne 2024 – La programmation

Jazz à Vienne 2024 – La programmation

16 jours et nuits au rythme du jazz

Pour sa 43ème édition, du 27 juin au 12 juillet 2024 avec une soirée supplémentaire le 16 juillet, le festival, Jazz à Vienne propose 16 jours de concerts. Il célèbre les 20 ans de la disparition de Claude Nougaro, avec « NewʼGaro », une création hommage, en collaboration avec d’autres festivals. Vingt-huit nationalités seront présentes avec un focus européen sur la Suisse et Stracho Temelkovski en artiste associé. Pour plus de la moitié des artistes le Théâtre Antique constituera une première. Une programmation ouverte à tous les publics… à découvrir avec gourmandise.

Après avoir dévoilé le visuel de Jazz à Vienne 2024 réalisé par Alexandre Clérisse et révélé les premiers noms de six soirées de la programmation de sa 43ème édition, Jazz à Vienne dévoile la programmation exhaustive de sa 43ème édition, avec 16 jours de musique au rythme du jazz.

En 2024, outre les spectacles du Théâtre Antique, le festival programme 14 concerts en accès libre au Club de Minuit. Tous les jours à partir de 12h, la scène de Cybèle propose une programmation riche et diversifiée au sein de laquelle se déroule le tremplin national de la nouvelle génération du jazz, « ReZZo Jazz à Vienne ».

La ville de Vienne prend les couleurs du jazz avec des installations éphémères et des concerts dans la ville. Fidèle à son ADN, Jazz à Vienne 2024 fait vivre « Caravan Jazz » pour 8 soirées dans les communes de Vienne Condrieu Agglomération avec Harmonyʼs Brass Band et Radio Tutti, présente « Lettres sur Cour », « Jazz Ô Musée » au musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal, « Jazz For Kids » (ateliers et spectacles) et continue à développer « JazzUp » (10 jours de stage intensif destiné à de jeunes musiciens français et internationaux), « Les Stages » et les « Ateliers ».

Le 30 juin de 6h30 à 23h, le festival propose une « Journée Marathon » dans toute la ville avec entre autre événement, le concert dʼAirelle Besson & Lionel Suarez à 21h30 à lʼÉglise Saint-André-le-Bas.

Sur la scène du Théâtre Antique, les festivités musicales proposées débutent après les deux dates de « Bumba et la forêt enchantée », une création proposée au Jeune Public les 24 & 25 juin 2024 à partir de 10h, lors du « Spectacle Jeune Public » confié au musicien brésilien João Selva. Avec lui, les 8 000 enfants des 50 écoles primaires de Vienne Condrieu Agglomération découvriront les rythmes spécifiques de la musique brésilienne choro, samba, forro.

Jazz à Vienne 2024, 16 jours de musique au rythme du jazz, 28 nationalités représentées sur le festival et pour 51,28 % des artistes programmés au Théâtre Antique, une première venue au festival..

La Programmation du Théâtre Antique

Ibrahim Maalouf - Jazz à Vienne 2024 – La programmationJazz à Vienne 2024 ouvre le 27 juin 2024 avec un double plateau. En première partie de soirée, le guitariste Louis Matute, représentant de la nouvelle génération du jazz suisse présente le Louis Matute Large Ensemble. La soirée se poursuit avec la venue du trompettiste, compositeur et producteur Ibrahim Maalouf. Avec de nombreux invités, il vient présenter son projet « Trumpets Of Michel-Ange » (« T. O. M. A. ») dont le nom évoque celui de sa trompette à 4 pistons créée pour lui par son père. Avec « T. O. M. A. », la promesse d’u jazz mâtiné de musiques classique, pop, orientale ou urbaine.

Après la All Night du 12 juillet 2024 qui réunit Mulatu Astatke et son éthio-jazz, Yuri Buenaventura maître de la salsa colombienne, le collectif La Delio Valdez féru de cumbia, le DJ set de Lefto Early Bird imprégné de musiques éthiopiennes, Théo Ceccaldi et son groupe Kutu, à mi-chemin entre jazz et musique traditionnelle éthiopienne et Verb, groupe lauréat du tremplin ReZZo 2023, le festival se termine le 16 juillet 2024 avec la Special Night. L’occasion de retrouver le quintet du saxophoniste Leon Phal, vainqueur du Tremplin « ReZZo Jazz à Vienne » en 2019 et le groupe Vulfpeck réuni autour du multi-instrumentiste Jack Stratton.

New’Garo _Jazz à Vienne 2024 – La programmationLe 07 juillet 2024, le festival rend hommage à Claude Nougaro avec « New’Garo », avec une création coproduite par Jazz à Vienne, Jazz sous les pommiers, Les Suds à Arles et Jazz in Marciac. La soirée célèbre le vingtième anniversaire de la disparition de Claude Nougaro disparu le 04 mars 2004 et venu à Vienne le 30 juin 1997. Sur scène pour cette soiré spéciale, un all star vocal réuni autour des l’orchestre de Fred Pallem : André Minvielle, Ray Lema, Marion Rampal, Souad Massi, Thomas de Pourquery, Mélissa Laveaux, Sanseverino, Babx, Jowee Owicil, Jacques Gamblin et Gabi Hartmann. Cette dernière aura ouvert la soirée à la tête de son sextet.

Neuf soirées thématiques jalonnent cette 43ème édition de Jazz à Vienne.

Jazz à Vienne 2024 – La programmation - Trombone ShortyLa Soirée Soul du 28 juin 2024, débute avec le chanteur et guitariste Jalen Ngonda entouré par James McKone (basse) et Ben McKone (batterie). Le trio cède la place à Trombone Shorty, tromboniste, showman hors-pair qui a déjà enflammé les gradins et la fosse du Théâtre Antique. Un évènement à ne pas rater tant pour les amateurs de jazz que pour les fans de rock, funk et hip-hop.

Annoncée le 01 juillet 2024 au Théâtre Antique, la Soirée Piano se déroule en 2 parties. La pianiste polonaise Hania Rani vient en duo avec le contrebassiste Ziemowit Klimek et présente sa musique sensible qui emprunte à la musique de chambre à la pop, l’ambient, le trip-hop ou l’électro minimaliste. La scène accueille ensuite de nouveau le jazz hypnotique électro et néo-classique des GoGo Penguin.Jazz à Vienne 2024 – La programmation - GoGo Penguin

Au cours de la Soirée Funk du 02 juillet 2024 vont se succéder le New Power Generation qui célèbre Prince et Earth Wind & Fire Experience avec Al McKay dont la prestation de 2018 avait enflammé le Théâtre Antique de Vienne.

La Soirée Blues du 03 juillet 2024 présente un triple plateau avec Popa Chubby qui n’est pas revenu à Vienne depuis 2003, Robert Finley dont c’est la première venue au festival et Shakura S’Aida capable dʼexprimer toutes les nuances de bleu de la soul et du rock.

C’est sous le signe de la jeunesse que s’inscrit la Soirée Hip-Hop du 04 juillet 2024 animée par Yamê, le jeune chanteur, claviériste et compositeur franco-camerounais et Masego, chanteur, rappeur et compositeur américain d’origine jamaïcaine inventeur de la « TrapHouseJazz ».

La Soirée Pop Jazz du 06 juillet 2024 présente trois projets dont les leaders sont des femmes. La pianiste Hiromi à la tête de son quartet Sonicwonder avec le trompettiste Adam OʼFarrill, le bassiste Hadrien Féraud et le batteur Gene Coy, la chanteuse sud-coréenne Youn Sun Nah entourée par deux pianistes-claviéristes Éric Legnini et Tony Paeleman et Jeanne Added avec son complice le pianiste Bruno Ruder et les voix de Naël Kaced et Laetitia NʼDiaye.

Lors de la Soirée Jazz Vocal du 09 juillet 2024, se succèdent deux chanteuses. C’est en trio avec le saxophoniste et flûtiste Jim Tomlinson et le pianiste Art Hirahara que Stacey Kent vient célébrer l’amour… avec à la clef, des promesses d’émotion et de sensibilité. Cinq ans après son dernier passage à Jazz à Vienne, la vocaliste et pianiste Diana Krall est de retour… pour une prestation élégante et raffinée.Jazz à Vienne 2024 – La programmation - Chucho Valdès Irakere 50

Le 10 juillet 2024, la Soirée Cuba accueille deux groupes. Chucho Valdés et Irakere 50 dont la musique restitue lʼessence des musiques populaires et savantes de Cuba et les solistes du sextet El Comité qui invitent la chanteuse Laura Prince.

La Soirée Rhythm & Blues du 11 juillet 2024 ouvre avec le projet « Ladies & Gentlemen » de Rhoda Scott. Entourée de Lisa Cat-Berro (saxophone alto), Géraldine Laurent (saxophone alto), Sophie Alour (saxophone ténor), Jeanne Michard (saxophone ténor), Céline Bonacina (saxophone baryton), Airelle Besson (trompette) et Anne Paceo (batterie) et Julie Saury (batterie), l’organiste et chanteuse invite quelques « gentlemen chanteurs » à les rejoindre, David Linx, Hugh Coltman et Emmanuel Pi Djob. La soirée se poursuit entre jazz et soul avec Jools Holland and his Rhythm & Blues Orchestra avec Gilson Lavis et les vocalistes Ruby Turner, Louise Marshall & Sumudu Jayatilaka.

En plus des soirées thématiques, Jazz à Vienne 2024 programme trois autres soirées alléchantes.

Celle du 29 juin 2024 propose un triple plateau avec en ouverture Nirina Rakotomavo Sextet dont la pianiste leader propose un jazz moderne et lumineux qui croise chansons et musiques de l’île de La Réunion dont elle est originaire. Entrent ensuite en scène Les Égarés, un quartet né de la fusion de deux inébranlables duos et composé de Vincent Ségal (violoncelle), Émile Parisien (saxophone soprano), Ballaké Sissoko (kora) et Vincent Peirani (accordéon). Les réjouissances se terminent avec Oumou Sangaré, véritable icône de la musique malienne.

Soirée réjouissante que celle du 05 juillet 2024 avec d’une part lʼélectro vintage du sextet Caravan Palace qui devrait inviter le public à danser et d’autre part le clarinettiste David Krakauer et son projet « Krakauer & Taggʼs Mazel Tov Cocktail Party » dont la musique s’annonce festive avec à la « A Good Vibes Explosion » ! Une aventure musicale présentée sous le signe de la joie et de la paix.

La soirée du 08 juillet 2024 prévoit la venue en quintet de la chanteuse Lizz Wright, pour son projet « Sweet Feeling » entre gospel et blues, sacré et profane, et celle de l’auteur, compositeur et chanteur israélien, Asaf Avidan programmé en solo.

ICI pour découvrir la programmation exhaustive au Théâtre Antique, au Club de Minuit, sur les scènes du Jardin de Cybèle et du Kiosque, à Jazz Ô Musée sans oublier le voyage de la Caravan’Jazz, les séances de Lettres sur Cour, les stages de l’Académie et l’ensemble des manifestations organisées par Jazz à Vienne 2024.

Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

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Le compositeur et saxophoniste Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces » (Le Triton/L’Autre Distribution). Chaque membre du septet a une histoire vis à vis de la migration. L’album vibre d’énergie et de sensibilité. La musique résonne comme une ode musicale à l’humanité et à la bienveillance. Mieux qu’un manifeste politique, le propos du disque invite à l’accueil et à l’acceptation de l’autre avec ses différences. Un opus engagé en prise réelle avec l’actualité.

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Kenny Barron revient avec « Beyond this Place »

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Pianiste et compositeur récompensé neuf fois aux Grammy Awards, Kenny Barron a collaboré avec les plus grands noms du jazz. Au sommet de son art, revient à la tête d’un quintet multigénérationnel avec « Beyond this Place » (Artwork Records/Pias). Neuf plages où swing et délicatesse se croisent avec bonheur. Un opus raffiné, irisé de grâce et d’élégance.

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Saison 2024/25 – Auditorium-Orchestre National de Lyon

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En 2025, l’Auditorium de Lyon a 50 ans et pour fêter cet anniversaire, l’institution annonce une programmation 2024/2025 alléchante, avec pas moins de 170 concerts. Du côté du Jazz et des Musiques actuelles se profilent d’intenses moments musicaux avec Bernard Lavilliers, Thibault Cauvin & -M-, Crosscurrents Trio, Souad Massi, Dominique A, Bethmann/Legnini/Trotignon/Bojan Z, Brad Mehldau, Samara Joy, Anouar Brahem Quartet. De quoi réjouir le public !

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Monty Alexander présente « D-Day »

Monty Alexander présente « D-Day »

Swing virtuose et éloquence sensible

Le 06 juin 2024, le débarquement de Normandie et Monty Alexander célèbreront leurs 80 ans. Le pianiste dont le prénom Montgomery, est un hommage au fameux général libérateur, présente son nouvel album « D-Day ». Il propose un ensemble de compositions écrites durant la période de guerre et d’originaux. Il en résulte un jazz swinguant et virtuose, éloquent et coloré, joyeux et effervescent qui fait aussi la part belle à la sensibilité.

Monty Alexander présente "D-Day" - visuel de l'album D-Day de Monty AlexanderSur « D-Day » (PeeWee!/Socadisc), dont la sortie est annoncée pour le 29 mars 2024, Monty Alexander se fait plus introspectif qu’à l’ordinaire.

Avec les jeunes et brillants Luke Sellick (contrebasse) et Jason Brown (batterie), sa rythmique actuelle, il trouve des partenaires à l’unisson de ses digressions harmoniques et rythmiques. Le trio s’exprime en fusion totale et la musique est habitée par le beat si caractéristique du reggae et par le balancement irrépressible du swing. Une grande liberté d’expression est présente sur chacune des 12 plages de l’album.

Sur « D-Day », swing et virtuosité coexistent. De bout en bout, la musique éloquente et joyeuse se pare de sensibilité et d’élégance.

Monty Alexander

Né le 06 juin 1944 à Kingston en Jamaïque, Monty Alexander est issu d’un univers pluriculturel et multi-ethnique. Sa musique navigue entre jazz et reggae. Il combine les rythmes caribéens, les harmonies et les formats du jazz.

A 16 ans, il jouait les musiques de danse de l’époque qu’il évoque ainsi : « C’était des musiques avec une pulsation, et selon votre façon, votre approche de cette pulse, le rythme devenait féroce et les gens voulaient danser, taper dans leurs mains. La musique surgissait de partout avec cet accent unique, ce rythme jamaïquain identifiable jusque dans la façon de parler, de marcher, de conduire ».

Il se passionne pour le rhythm’n’blues et aussi pour Nat King Cole ou le be bop diffusé la radio et qu’il cherche à reproduire d’oreille.

Dans les studios de Kingston, il participe aux prémices du ska puis émigre aux États-Unis à 17 ans. Il accompagne Franck Sinatra qui l’introduit en quelque sorte dans la cour des grands jazzmen de l’époque. Il a l’occasion en effet de jouer avec les inventeurs du bop et de bien d’autres fameux musiciens parmi les lesquels on peut citer, Milt Jackson, Dizzy Gillespie, Johnny Griffin, Benny Golson. Ainsi, il inscrit son parcours musical dans la tradition des pianistes et leaders de grands orchestres, dans celle de Nat King Cole, Errol Garner, Oscar Peterson, Ahmad Jamal et Wynton Kelly.

C’est à 20 ans qu’il enregistre un album sous son nom pour la première fois pour Pacific Jazz, « Alexander The Great ». La critique parle alors d’un « jazz facile d’accès, un swing joyeux, expansif, sans drame ».

Jusqu’à aujourd’hui, la musique de Monty Alexander témoigne d’une grande ouverture aux différents univers musicaux qu’il a côtoyés et ont contribué à fonder son style reconnaissable dès la première note sur le clavier.

Dans les années 60, 70 et 80, il s’est beaucoup produit en Europe et l’album « Montreux Alexander » (MPS records) paru en 1976 est devenu un grand classique de la discographie jazz.

En 2024, après 60 ans de carrière, Monty Alexander continue à écrire l’histoire du jazz avec le superbe « D-Day ».

« D-Day »

Enregistré principalement au Studio Sextan en octobre 2023, « D-Day » (PeeWee!/Socadisc) résulte de la connivence artistique entre Monty Alexander, le label français PeeWee! et le tourneur français VO Music. Il rassemble la quintessence de deux séances fleuves.

Sur l’album le trio interprète deux standards, la superbe ballade I’ll Never Smile Again, écrite en 1939, et qui a contribué au succès de Sinatra pendant les années de la Seconde Guerre Mondiale et Smile, écrite par Charlie Chaplin et présente sur la bande-son du film « Les temps Modernes » (1936) lors de la scène finale.

Les compositions originales de Monty Alexander, Aggression, Oh Why, Restoration, June 6, River of Peace, V. E. Swing, You can see, D-Day, Voices et Day-O, lui ont été inspirées par le conflit et son extraordinaire dénouement. Il explore les sentiments laissés par ce moment unique, l’héroïsme des combattants, l’espoir d’un nouveau départ, la confiance renouvelée en l’autre, le sens du sacrifice, le triomphe de la liberté.

Au fil des titres

Sur I’ll Never Smile Again, le jeu de Monty Alexander s’inscrit dans la grande tradition du jazz moderne et est imprégné à la fois de force et de tendresse. Le pianiste conserve sa fougue et son énergie et pratique à l’envi des digressions harmoniques étonnantes et fort réussies. Le trio réinvente en quelque sorte le jazz en pratiquant une musique colorée riche en sensations. Malgré l’impression de familiarité qui se dégage de ce titre, il émane de lui une impression de fraîcheur. La musique élégante ondule et s’envole.

Sur la composition de Monty Alexander, Aggression, le trio expose avec vivacité le thème aux arêtes vives. La ligne musicale du piano vacille puis s’aventure, explore, creuse et ravit l’oreille d’étincelles éblouissantes. Le court solo de la contrebasse révèle un instrument puissant tout en rondeur et le battement précis du batteur jamais à court d’inspiration se fait souple. Son improvisation témoigne d’un mélange subtil de puissance de frappe sur les toms et de légèreté sur les cymbales. Monty Alexander survole son clavier sans jamais perdre en puissance ni en énergie. Un réel moment d’enchantement.

Sur la ballade Oh Why, le jeu de Monty Alexander est empreint de tendresse On se laisse envoûter par son jeu tout en relief. Il fait chanter les notes et confirme ses qualités de mélodiste. S’il fait preuve de lyrisme, l’artiste n’en affiche pas pour autant une posture virtuose excessive.

Restoration permet de prendre la mesure de la vaste palette sonore du trio. En parfaite osmose avec ses partenaires, le pianiste fait alterner jeu stacatto et swing, retenue et balancement. Il métamorphose les timbres et sa musique se pare de nuances très subtiles. Sur le clavier il conte une histoire. Comme un écrivain, le fait avec les mots, note après note il élabore ses phrases musicales et ainsi son récit se déplie, se déploie et fait mouche. Précis et efficace.

Plus bluesy, June 6 dévoile la puissance et la volubilité du jeu du pianiste. Il étreint son instrument qui se mue en piano/percussion. Il étire les notes et les fait swinguer avec virtuosité un peu à la manière d’Oscar Peterson. C’est dans un style plus legato que Monty Alexander expose sa composition River of Peace. Sur les presque six minutes du morceau, il adopte un jeu épuré et peaufiné, limpide et cristallin qui fait écho au titre. Apaisant et onirique. On imagine volontiers de vivre sur les bords d’une telle rivière paisible.

Le trio revitalise ensuite Smile la composition de Charlie Chaplin. Sur le battement tout en suspension des cymbales, le pianiste cisèle un phrasé enivrant. Les trois compères échangent avec détermination et l’on ressent l’engagement que partagent les musiciens. Plus loin, le piano partage les 4/4 avec la batterie et la contrebasse. Le sourire est vraiment de la partie.

Blues swingant, V.E.Swing mêle élégance et puissance. En étroite symbiose avec des deux compagnons, Monty Alexander fait monter la température jusqu’à atteindre une forme de jubilation.

Au fil du morceau suivant, You can See, le pianiste fait preuve d’une extrème maîtrise. Porté par la force irrésistible de la section rythmique, il explore l’entièreté du clavier. Dans son improvisation fougueuse et parfois ludique se succèdent les citations de grands standards.

D Day Voices est construit à partir de témoignages sonores datant de l’époque du débarquement, parmi lesquelles s’élève la voix reconnaissable du général de Gaulle. Monty Alexander entame pour et avec eux, un chant d’espoir et de libération au piano et à la voix. Pour le dernier titre de l’album, Day-O, le trio entonne avec le public I want to go home comme pour annoncer la fin du concert et après 2 minutes 17 de silence, Monty Alexander revient. Après une introduction au mélodica où il développe le thème de Summertime, il relance la musique sur un feeling reggae très dynamique puis reprend le piano et développe le traditionnel The Banana Boat Song qui invite au mouvement.

« D-Day » de Monty Alexander, un album plein de charme et d’énergie qui donne le sourire… à écouter absolument avant le D-Day !

Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

Le compositeur et saxophoniste Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces » (Le Triton/L’Autre Distribution). Chaque membre du septet a une histoire vis à vis de la migration. L’album vibre d’énergie et de sensibilité. La musique résonne comme une ode musicale à l’humanité et à la bienveillance. Mieux qu’un manifeste politique, le propos du disque invite à l’accueil et à l’acceptation de l’autre avec ses différences. Un opus engagé en prise réelle avec l’actualité.

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