Clin d’œil à Rosario Giuliani & « Love In Translation »

Clin d’œil à Rosario Giuliani & « Love In Translation »

Entre tendresse et mélancolie

Le saxophoniste italien Rosario Giuliani présente « Love In Translation », un album qui scelle son retour sous le label Jando Music/Via Veneto Jazz. Il retrouve pour l’occasion le vibraphoniste américain Joe Locke avec lequel il a engagé une collaboration débutée il y a 20 ans à Umbria Jazz. Servi par une rythmique subtile et efficace, le duo célèbre l’amour avec chaleur et lyrisme. L’opus à l’esthétique soignée navigue entre tendresse et mélancolie. Gorgée de sensibilité et d’émotion, la musique enchante.

Sorti le 26 janvier 2020, l’album « Love In Translation » (Jando Music/Via Veneto Jazz) marque les retrouvailles du saxophoniste Rosario Giuliani et du vibraphoniste Joe Locke, vingt ans après leur premier partenariat à Umbria Jazz. Avec le contrebassiste Dario Deidda et le batteur Roberto Gatto, ils proposent une musique réflexive et plutôt intimiste, lyrique et sensible dédiée à l’amour qu’ils traduisent en émotions musicales.

Loin d’un album qui conterait les couleurs d’un amour enflammé, « Love In Translation » élève une ode sensible à l’amour avec un répertoire d’une rare intensité mélancolique. Un opus à l’esthétique soignée qui fait la part belle à ces émotions tout en retenue qui caressent l’oreille.

Rosario Giuliani

Rosario Giuliani

Rosario Giuliani©A. Soukizy

Né en 1967 à Terracina, Rosario Giuliani suit les cours au Conservatoire de Frosinone de 1982 à 1987 où il étudie le saxophone classique. En 1996, il reçoit le le Prix Massimo Urbani.

C’est à partir de cette époque qu’il se consacre au jazz avec son quartet composé de Pietro Lussu (piano), Joseph Lepore (contrebasse) et Lorenzo Tucci (batterie). Durant ces mêmes années, il enregistre quatre albums pour le label Philology, « Duets From Trane » (1997), « Live from Virginia Ranch » (‎1997), « Connotazione Blue » (1998) et « Flashing lights » (1998). Dans les années 2000 il rejoint l’écurie du label Dreyfus Jazz sous lequel il enregistre successivement « Luggage » (2001), « Mr Dodo » (2002), « More Than Ever » (2004), « Anything Else » (2007), « Lennie’s Pennies » (2010) et « Images » (2013) avec Joe Locke. Cette décennie 2000 a permis au public français de découvrir ce saxophoniste virtuose et flamboyant qui brillait dans des contextes for différents et soulevait l’enthousiasme partout où il jouait.

L’année 2013 marque son retour chez Jando Music où il enregistre « The Golden Circle » en 2013 et en 2016, « Cinema Italia » avec Luciano Biondini, Enzo Pietropaoli, Michele Rabbia. Au fil des années il a aussi enregistré avec Enrico Pieranunzi et Franco  D’Andrea. 2016 le voit revenir en quartet avec le superbe « The Hidden Side » (Parco della Musica Records) avec Alessandro Lanzoni (piano), Luca Fattorini (contrebasse) et Fabrizio Sferra (batterie), album sur lequel il grave les titres The Hidden Force of Love et Tamburo.

De Duke Ellington à Ornette Coleman, sans omettre Coltrane et nombre de grands compositeurs qui ont marqué l’histoire du jazz, le saxophoniste Rosario Giuliani s’est forgé une carrière. Confronté à de nombreuses esthétiques musicales, il a élaboré un style qui lui appartient en propre. Si le hard bop n’a aucun secret pour lui, il revient en 2020 avec « Love In Translation », un album à l’esthétique soignée où il retrouve Joe Locke, un des vibraphonistes les plus sollicités du jazz contemporain.

« Love In Translation »

L’album « Love In Translation » peint les nuances raffinées des couleurs de l’amour dont il propose dix variations comme dix aspects de cette émotion qui n’en finit pas d’inspirer les artistes.

couverture de l'album Lost in Translation de Rosario GiulianiLe répertoire compte cinq titres originaux du saxophoniste et du vibraphoniste parmi lesquels deux hommages à deux trompettistes remarquables trop tôt disparus, Raise Heaven que Joe Locke dédie à Roy Hargrove et Tamburo, hommage de Rosario Giuliani à Marco Tamburini. Sur l’album figurent aussi de célèbres standards comme Duke Ellington’s Sound of Love de Charles Mingus, Love Letters de Victor Young et Edward Heyman et Everything I Love de Cole Porter. Enfin, le disque présente des reprises très personnelles de deux chansons populaires. Une version solaire du morceau I Wish You Love-Que reste-t-il de nos amours ? de l’auteur-compositeur-interprète Charles Trenet dont le pianiste accompagnateur Léo Chauliac avait composé la musique et une seconde très sentimentale, de Can’t Help Falling in Love With You, chantée en son temps par Elvis Presley. Par un curieux hasard, le saxophoniste Oded Tzur a lui aussi repris ce thème sur album « Here Be Dragons » sorti récemment chez ECM. L’amour traverse les générations et les inspire.

Au fil des titres

L’album ouvre avec une reprise de la célèbre composition de Charlie Mingus, Duke Ellington’s Sound of Love dont le quartet donne une version magistrale. Pris sur le même tempo que l’original, le morceau livre toute sa quintessence. Sur l’écrin de velours des accords voluptueux du vibraphone, la verve lyrique du saxophone alto et les variations sinueuses de son phrasé déclinent toute la gamme des émotions.

C’est ensuite une version rythmiquement renouvelée de Wish You Love/ Que reste-t-il de nos amours ? qu’interprète le groupe. A la fois mélancolique et solaire, le chorus de saxophone s’alanguit avec décontraction sur l’accompagnement impressionniste du vibraphone qui prend un solo d’une souplesse infinie. Love Letters sert ensuite de prétexte à l’alto pour insuffler une puissante émotion dans son jeu d’où émerge une poésie musicale onirique. Un amour en suspension…

Plus loin, une véritable alchimie s’opère entre le vibraphone et l’alto qui exposent à l’unisson le thème de Love is a Planchette, composé par Joe Locke. Après le solo enveloppant et fluide du vibraphone, l’alto développe une courte improvisation qui de fougueuse devient sereine.

Le quartet propose ensuite une variation délicate de I Can’t Help Falling In Love With You, chanson popularisée par Elvis Presley. L’alto expressif et lyrique s’exprime au-dessus de la musique comme suspendue en flottaison par le vibraphone et les cymbales frissonnantes. Après avoir succombé à l’amour, on en découvre la face cachée sur The Hidden Force Of Love, composé par Rosario Giuliani. Après un chorus de l’alto énergique mais empreint de tendresse, la contrebasse chante avec allégresse dans le registre des aigus et la batterie fait scintiller la fin du morceau.

Advient alors l’hommage composé par Joe Locke à la mémoire du trompettiste Roy Hargrove. Chargé d’une sensibilité lumineuse, Raise Heaven s’élève telle une prière vibrante où est palpable l’alchimie qui règne entre le soprano et le vibraphone. Après ce moment d’intimité apaisée, c’est sur un rythme de mambo étiré que l’alto mélancolique fait frémir Love in Translation.

Plus loin, les musiciens métamorphosent, Everything I Love, la ballade de Cole Porter, en adoptant un tempo rapide qui laisse exploser le versant extraverti de l’alto. Son jeu audacieux et frénétique embrase le vibraphone qui rivalise par un torrent de notes impétueuses. Drôlement osé mais rudement réussi !

L’album se termine avec Tamburo, une composition dédiée par Rosario Giuliani au trompettiste italien Marco Tamburini décédé en 2015. Au-dessus du tapis flottant que tissent en souplesse les balais sur les cymbales et avec en toile de fond l’accompagnement pointilliste du vibraphone, la contrebasse pleure des larmes de tristesse et le soprano chante une variation poétique chargée d’émotion.

Magnifiée, la mélodie demeure au centre de « Love In Translation ». Pas de sentimentaliste mais une musique riche en émotions même sur les tempi enlevés. Rien de convenu dans l’accompagnement de la paire rythmique mais une présence raffinée tout entière au service de l’atmosphère musicale. Rosario Giuliani élabore une expression peaufinée qui témoigne d’une grande maturité et d’une absolue maîtrise. Cela concourt au plaisir et au confort de l’écoute et force l’admiration. Cette dimension esthétique est par ailleurs accentuée par le jeu subtil et épuré de Joe Locke, l’expressivité raffinée de Dario Deidda et le drumming délicat de Roberto Gatto.

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Robin McKelle revient en force avec « Alterations »

Robin McKelle revient en force avec « Alterations »

Fusion musicale sensible

Robin McKelle présente « Alterations », un huitième album consacré à la reprise de chansons popularisées par des artistes féminines. Sa démarche s’inscrit dans l’histoire du jazz où les standards réinterprétés à l’envi n’en finissent pas d’être recréés. Dans cette dynamique, la chanteuse modifie le cadre originel des morceaux, son chant revisite le contexte musical et les titres prennent de nouvelles couleurs. Avec musicalité et sensibilité, elle fusionne de nombreux genres dans sa musique. Une belle réussite !

Après « Melodic Canvas » (2018) à l’esthétique acoustique et plutôt minimaliste, la chanteuse Robin McKelle revient en force avec « Alterations » (Membran/Sony), un opus qui redonne vie à des reprises de chansons inscrites dans la mémoire collective par des interprètes féminines. Enregistré à New-York avec une équipe de musiciens accomplis, l’album est annoncé pour le 14 février 2020.Couverture de l'album Alterations de Robin-McKelle

Dans son acception la plus générale, le terme alteration est associé à l’idée de changement, de modification. Dans le langage musical, une altération augmente ou diminue une note d’un demi-ton. En nommant son album « Alteration », Robin McKelle annonce ainsi clairement que sa démarche procède de cette logique de variation. En effet, elle sort les chansons de leur cadre habituel, en modifie la forme et leur donne un nouveau corps via un habillage musical différent tout en respectant le cristal de leur essence originelle principalement sous-tendu par le texte.

Aux neuf chansons dont les années d’origine s’étalent entre 1956 et 2011, Robin McKelle ajoute Head High, une superbe composition personnelle qui honore la mémoire de ces artistes.

« Alterations est un hommage à ces femmes qui ont changé ma vie… à des chansons qui m’ont fait trembler. Il m’a fallu un immense courage pour rendre miennes les sculptures sonores parfaites de ces artistes que j’admire autant pour leur musique que pour leur parcours. Poser mon empreinte sur celle laissée par Amy Winehouse ou Joni Mitchell n’aurait pas été possible avant… ». Robin McKelle

« Alterations » met en valeur les chansons de différents genres, de diverses époques qu’ont popularisé des femmes célèbres de Billie Holiday à Amy Winehouse, en passant par Dolly Parton, Janis Joplin, Sade, Carole King, Adele et Lana Del Rey. Par la force et la grâce de sa voix de contralto, tantôt suave et sensible, tantôt rugueuse et éraillée mais toujours fort expressive, Robin McKelle décontextualise les morceaux de leur cadre d’origine et les restitue dans un idiome musical sensible qui fusionne jazz, soul, rythm’n blues, blues et rock.

De « Introducing Robin McKelle » à « Alterations »

De 2006 à 2018, huit albums

Robin McKelle

Robin McKelle@Frank Bullitt

Née à Rochester aux Etats-Unis en 1976, Robin McKelle a étudié le jazz à l’Université de Miami puis au Berklee College of Music de Boston d’où elle sort diplômée. Elle entame ensuite sa carrière comme pianiste et choriste au début des années 2000. En 2004 elle est récompensée du troisième prix du concours Thelonious Monk Jazz Competition de Washington. Elle intègre alors le Boston Pops Orchestra comme soliste.

Après un album auto-produit « Never Let Me Go » (2000), la chanteuse enregistre « Introducing Robin McKelle » (2006) et « Modern Antique » (2008), ses deux premiers albums où elle reprend des standards de jazz et de rythm’n blues des années 40 et se produit accompagnée par un big band. Après « Mess Around » (2010) entre rythm’n blues, jazz et soul, elle sort avec son sextet The Flystones « Soul Flower » (2012) et « Heart Of Memphis » (2014), deux albums imprégnés d’influences soul et funk puis « Merry Christmas Vol 1 » (2014), un EP de trois titres consacrés aux chants de Noël.

C’est ensuite la sortie de « The Looking Glass » (2016), un opus aux échos raffinés de pop-soul-jazz et « Melodic Canvas » (2018) un album plus intime où jazz et soul cohabitent.

En 2020, « Alterations »

Dans un premier temps, Robin McKelle a sélectionné deux cents chansons puis par élimination a retenu neuf titres auxquels elle ajoute Head High, une composition personnelle.

Elle enregistre l’album « Alterations » à New-York avec un quartet de musiciens accomplis qui réunit le pianiste américain Shedrick Mitchell, aussi à l’orgue et au Fender Rhodes, le bassiste Richie Goods, ancien élève de Ron Carter et Ray Brown, le batteur Charles Haynes présent aux côtés de Lady Gaga ou Kanye West mais aussi immergé dans le jazz et le guitariste Nir Felder, qu’on a vu s’aventurer sur les territoires d’Esperanza Spalding, Jack DeJohnette ou Meshell Ndegeocello. Le groupe est renforcé par le saxophoniste ténor Keith Loftis qui les rejoint sur Head High et le trompettiste Marquis Hill sur Born to die.

Chaque plage propose un univers différent et pourtant l’ambiance globale de l’album restitue une impression d’unité, de cohérence. Cet état de fait résulte en grande partie de la qualité des arrangements qui assurent une sorte de continuum dans la musique, qu’il s’agisse de jazz, de soul, de rythm’n blues ou de blues. Ainsi les transitions d’un titre à un autre s’opèrent avec un grand naturel et dans une continuité qui évite tout télescopage esthétique. Au final, le plaisir de l’écoute est constant.

Au fil des titres

On se laisse convaincre par l’expressivité poignante de la voix de Robin McKelle sur Back to Back d’Amy Winehouse. Elle transforme la chanson d’amour en une mélodie mélancolique aux couleurs afro-latines. La voix se love entre orgue, percussions et cymbales, exit la noirceur, place à une lumière feutrée. C’est ensuite un lifting délicat que la chanteuse réserve au tube Rolling In The Deep qu’interprétait Adele. Gorgée d’énergie, la voix se promène entre soul et jazz et le court chorus bluesy de la guitare est exaltant.

Avec sa composition, Head High, on plonge dans l’idiome hard bop. La voix groovy et pétillante évoque le souvenir de Betty Carter, le ténor se fait impétueux et le morceau devient frénétique à souhait. Un pur moment de bonheur !

Hommage sensible à Billy Holiday, Don’t Explain développe un chant gorgé d’affliction dont la dimension dramatique rejoint celle du titre original. L’arrangement musical subtil, le solo inspiré de contrebasse et les chœurs qui doublent le chant ajoutent à la dimension intime de ce morceau. Plus tard c’est une relecture sentimentale que la chanteuse donne de la romance pop Born To Die qu’a chanté Lana Del Re. La trompette bouchée magnifie la douceur exquise de cette ballade que délivre la voix suave aux mille nuances.

Plus loin, Robin McKelle insuffle un groove funk et galvanisant au thème qu’interprétait Dolly Parton. Jolene se trouve ainsi métamorphosé et électrisé par les soli des instrumentistes et la voix rocailleuse qu’adopte la chanteuse. Imprégnée d’une forte charge émotionnelle, la voix rafraîchit ensuite River, la composition de Joni Mitchell qu’illumine un chorus de guitare inspiré et touchant. Plus tard, sur la chanson de Sade, No Ordinary Love, le chant alterne  entre ballade et accents latins alors que le solo tendu de la guitare pousse le morceau et la voix vers une transe irrésistible.

Mercedes Benz, l’hymne solo que proclamait Janis Joplin, devient un cantique aux accents de gospel. La voix déchirante de Robin McKelle inspire à la guitare une intervention blues-rock qui enflamme les tympans. Une version intense et profondément soul à réécouter en boucle. L’album se termine par un duo sensible entre la voix et le piano qui reprennent la chanson de Carole King, You’ve Got A Friend.

Libre à chacun(e) de préférer les versions originales mais nul(le) ne peut dénier à Robin McKelle de s’être approprié de manière très personnelle ces succès  internationaux qu’elle a repris avec brio. Sa voix souple et sensible pose avec légèreté et détermination des accents jazz, soul ou blues sur ces chansons populaires qu’elle habille de nouvelles couleurs et interprète avec un talent infini.

Pour s’immerger dans l’univers musical de l’album « Alterations » et retrouver Robin McKelle, plusieurs concerts se profilent. RV le 05 mars 2020 au Théâtre de Cambrai, le 07 mars 2020 à Dreux dans le cadre de Jazz de Mars, le 13 mars 2020 à Wissous au St-Ex, le 14 mars 2020 à Montbrison au Théâtre des Pénitents, les 16 & 17 mars 2020 à Paris au New Morning, le 26 mars 2020 dans le cadre du festival de Jazz International de Megève, le 15 avril 2020 à Colmar, salle des Catherinettes et le 20 mai 2020 au Théâtre National de Nice. ICI pour consulter l’ensemble des dates de concert.

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Clin d’œil à « Toku In Paris »

Clin d’œil à « Toku In Paris »

Un opus élégant et soigné

Avec « Toku In Paris, », le trompettiste et chanteur japonais Toku présente son nouveau projet enregistré en Europe. Entouré de six musiciens chevronnés, il invite la chanteuse, parolière et compositrice Sarah Lancman. L’oreille se laisse entraîner avec bonheur à leur suite dans une promenade poétique sur des routes où se croisent amour et jazz. Un opus soigné dont l’élégance sereine se double de charme et de sensibilité.

Avec douze albums à son actif en tant que leader, le trompettiste chanteur et compositeur japonais Toku publie « Toku In Paris », son premier album européen.couverture de l'album Toku in Paris de Toku

Sorti le 24 janvier 2020 en partenariat entre Sony Japan et le label Jazz Eleven fondé par Giovanni Mirabassi et Sarah Lancman, l’opus déroule un répertoire de huit compositions originales du leader auxquelles s’ajoutent deux autres titres de Sarah Lancman et une reprise de Michel Legrand.

Avec une équipe de six musiciens parmi les meilleurs des scènes jazz européennes, Toku propose un album personnel où chaque morceau dessine un univers qui lui appartient en propre et participe à la cohérence d’un répertoire de onze titres construit avec soin, comme celui d’un concert.

Toku

Né dans la préfecture de Niigata au Japon, Toku a grandi en écoutant toutes sortes de musiques. Après le cornet, il apprend la trompette et le cor. Au lycée, il intègre un groupe qui reprend des titres de pop et de rock. Il découvre ensuite le jazz et déménage aux Etats-Unis où il apprend l’anglais et pratique le jazz avec son colocataire qui s’avère être pianiste de jazz. C’est là en quelque sorte que débute sa carrière de jazzman !

Le trompettiste et chanteur TOKU

Toku©Akira Kitajima

En effet il est ensuite repéré par le DJ Rob Crocker à la suite de quoi il signera “Everything She Said”, son premier album chez Sony Music Records Inc. en janvier 2000 et en août de la même année il débute au Blue Note de Tokyo puis au New Millenium Hall de l’Université de Séoul (Corée du Sud). Les albums vont ensuite se succéder à commencer par Bewitching (2001) puis Chemistry of Love (2002) où il commence à chanter. Avec You are so beautiful qu’il interprète pour une publicité télé Hitachi et le single Do-Re-Mi pour la campagne publicitaire Odyssey de Honda, il acquiert plus de notoriété. Plus tard, les albums se succèdent jusqu’à ”Toku Sings and Plays Stevie Wonder ~a jazz tribute from Atlanta” (2011), ”Dear, Mr Sinatra” (2015) et « Shake », son douzième album en 2017.

Sa carrière l’a vu collaborer avec Cindy Lauper et avec de grands jazzmen tels que Kenny Baron, Ron Carter, Chris Cheek, Lew Soloff ou Philippe Catherine. Entre tradition et modernité, Toku mène sa carrière d’instrumentiste et chanteur influencé par la musique de jazz et celle de son pays. Il a aussi récemment participé à l’album de la chanteuse Sarah Lancman, « A contretemps » sorti en 2018.

C’est entouré d’une équipe de jazzmen expérimentés qu’il enregistre l’album « Toku In Paris » (Jazz Eleven) en juillet 2019 à Paris.

« Toku In Paris »

L’album s’articule autour d’un répertoire original de onze titres composés en majorité par Toku, avec deux pièces créditées (paroles et musique) à Sarah Lancman et la reprise de Je ne pourrais jamais vivre sans toi composé par Michel Legrand pour le film de Jacques Demy « Les Parapluies de Cherbourg ».

Toku s’entoure d’un groupe d’émérites jazzmen parmi lesquels Giovanni Mirabassi au piano et Pierrick Pedron au saxophone alto sur cinq titres. La batterie est partagée entre André Ceccarelli et Lukmil Perez et la contrebasse entre Thomas Bramerie et Laurent Vernerey. Le leader invite Sarah Lancman qui le rejoint pour un duo vibrant

La voix du chanteur évoque quelques familiarités avec celle de Kurt Elling au niveau du registre et du grain chaleureux.

Le baryton crooner à la voix sensuelle et profonde développe sur trompette et bugle, un jeu doté d’une force sereine tempérée d’une douceur féline. Avec ses complices il élabore un album que n’entache aucun étalage virtuose. Les interventions soignées et maîtrisées de tous les intervenants contribuent à faire de « Toku In Paris » un voyage musical aux vibrations dynamiques et aux accents élégants.

L’amour au fil des titres

En ouverture, Toku pose sa voix de crooner sur Love is Calling you. La section rythmique réactive et incisive soutient un tempo assez vif sur lequel l’alto pétillant et la trompette mordante voltigent.

Deux thèmes dont Sarah Lancman a écrit les paroles et composé la musique évoquent ensuite le retour et le départ de l’aimée(e). She Comes back Again, sur un tempo de valse, fête le retour de celle qu’on aime, avec un bugle élégant et raffiné et un piano vitaminé. Au rythme d’une ballade, After You, murmure la tristesse de la solitude après le départ de l’être chéri… notes perlées du bugle, piano evansien.

Dédié à Horace Silver, Strollin’ in Paris recèle (peut-être) un double clin d’œil, le premier à Chet Baker qui a enregistré l’album intitulé « Strollin »’ (1986), du nom de la composition du pianiste et le second à celle de John Lewis, Afternoon in Paris. Le morceau de Toku fait résonner des réminiscences West Coast et invite à déambuler dans les rues de Paris ou sur la Seine. Plus tard, l’énergie d’un chorus de l’alto sous influence bop apaise la mélodie soul que la voix chagrinée pose sur I Think Love You et son motif de basse réitératif.

Place ensuite à deux thèmes composés par le leader, deux instrumentaux de belle facture. Sur Nuageux joué en quartet, les balais d’André Ceccarelli dessinent des arabesques et le bugle brumeux à souhait instaure l’atmosphère voluptueuse d’un songe à la tonalité mélancolique que renforcent les arpèges aériens et les notes vagabondes du piano romantique. Dès l’ouverture, exposé à l’unisson par trompette et alto, Be Careful émarge dans l’esthétique hard bop. La trompette caracole puis l’alto au son tranchant ébouriffe les notes puis passe le relai à un piano enthousiaste et à une impro courte mais étincelante de la batterie. Par son titre, le morceau annonce le piège qu’il recèle lorsque le tempo en 4/4 accueille une mesure en 3/4, avec le risque que cela représente de plantage… mais avec de tels experts, aucun danger, tout se déroule sans anicroche malgré le rythme trépidant adopté par les instrumentistes.

Advient alors la reprise sobre et inspirée du superbe titre, I Will Wait For You (Je ne pourrais jamais vivre sans toi) de Michel Legrand. Le piano ouvre l’espace au bugle chaleureux avant que le duo Sarah Lancman/Toku ne vibre ensuite de tendresse. Douce voix de velours de la chanteuse et baryton au léger vibrato… le moment se savoure !

Sur un tempo de boléro, l’amour habite ensuite Still In Love With You, que Lukmil Perez pilote d’un groove souple et félin, avec la complicité efficace et discrète de Thomas Bramerie. Le miel vocal et les étoiles célestes soufflées via le pavillon de l’instrument invitent au rêve. L’atmosphère se fait encore plus intime sur Blue Smoke, une ballade épurée où la voix chaude et sensible du chanteur dialogue avec le piano romantique.

Construit comme celui d’un concert, le répertoire de l’album se termine par une pièce instrumentale qui rallie le quintet pour le bien nommé Closing à la couleur funky soul. Chorus flamboyant de l’alto, solo attendri de la trompette, chorus incisif du piano. Les contrechants de la trompette et l’accompagnement churchy du piano contribuent au climat nostalgique de ce dernier titre qui donne envie de faire de nouveau tourner l’album sur la platine pour mieux s’en imprégner.

Pour s’immerger dans le monde de « Toku In Paris », plusieurs dates se profilent. En effet Toku part à la conquête de la France et de l’Europe qui ne devraient guère résister à son charme. RV avec Toku European All Stars qui réunit Toku (voix, trompette), Pierrick Piedron (saxophone alto), Giovanni Mirabassi (piano), Laurent Vernerey (contrebasse) et André Ceccarelli (batterie), le 12 février 2020 au Jazz Club d’Annecy et le 13 février 2020 à Luynes au Club Jazz Fola. Pour le concert de sortie d’album à la Maison de la Culture du Japon, à Paris, le 15 février 2020, le quintet est rejoint par Sarah Lancman sur les deux sets de 16h30 et 20h. ICI pour d’autres dates.

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Claude Tchamitchian présente « Poetic Power »

Claude Tchamitchian présente « Poetic Power »

Un trio au programme explicite

Associé au saxophoniste Christophe Monniot et au batteur Tom Rainey, Claude Tchamitchian présente « Poetic Power ». Cet album matérialise la nouvelle aventure musicale du contrebassiste dans la formule orchestrale réduite du trio. Après ses projets orchestraux à l’écriture foisonnante, le leader joue la carte de l’épure. Entre écriture et improvisation, les échanges des musiciens développent une promenade déambulatoire libre et inventive, poétique et puissante.

couverture de l'album Poetic Power de Claude TtchamitchianFamilier des projets orchestraux à l’écriture dense et complexe, « Need Eden » et « Traces », Claude Tchamitchian captive aussi par ses albums en solo dont le dernier, « In Spirit » sorti en 2019 a permis d’accéder à l’intimité de son univers. Pour son dernier projet musical, le contrebassiste fait le choix du trio « Poetic Power » pour lequel il réunit à ses côtés le saxophoniste Christophe Monniot et le batteur Tom Rainey.

Autour de nouvelles compositions du leader, l’aventure musicale des concerts de 2019 débouche sur l’enregistrement d’un disque au Studio de la Buissonne. La sortie de l’album « Poetic Power » (Emouvance/Socadisc) est annoncée pour le 14 février 2020.

Très réactifs, saxophones, contrebasse et batterie échangent et tissent une musique foisonnante et changeante. Aérienne et lyrique, tellurique et dramatique, organique et puissante, elle mue et évolue, réserve de surprenantes transformations où fragilité et force croisent le fer. « Poetic Power », un voyage onirique entre terre et ciel.

Poetic Power Trio

Compositeur inspiré et leader engagé, le contrebassiste Claude Tchamitchian fait figure de référence dans le monde de la musique improvisée. Impliqué dans la Compagnie et le label « Emouvance », il mène par ailleurs de nombreuses aventures artistiques où il se confronte à d’autres univers que le sien qu’il continue aussi à explorer. Après le tentet, le sextet et le solo, il revient avec le Poetic Power Trio qui réunit à ses côtés Christophe Monniot (saxophones) et Tom Rainey (batterie).

Musicien à l’esprit libre et ouvert, virtuose effervescent et improvisateur remarquable, Christophe Monniot poursuit sa carrière de leader tout en s’investissant dans d’autres projets. Ainsi, il rejoint Claude Tchamitchian au sein du Poetic Power Trio auquel il prête sa fougue et son jeu si peu académique.

Considéré comme l’un des batteurs les plus inventifs de la scène new-yorkaise, l’Américain Tom Rainey mène sa carrière depuis plus de trente ans entre avant-garde aventureuse et jazz ludique. Ouvert à toutes les aventures, il imagine des formules rythmiques atypiques qui défient les formats pré-établis et évoluent en permanence. Son jeu très expressif contribue pour beaucoup aux climats surprenants et poétiques du Poetic Power Trio.

Composé de trois fortes individualités, le Poetic Power Trio fait montre d’une cohésion qui ne se dément pas d’un bout à l’autre des six titres du répertoire de l’album « Poetic Power ».

« Poetic Power », l’album

C’est à partir des échanges très réactifs des trois musiciens que la suite orchestrale de « Poetic Power » prend vie et propose une déambulation poétique.

Au fil des six compositions du leader, le trio entreprend une pérégrination imaginaire et sensible dans des paysages aux lumières et aux reflets changeants.

La musique sculpte un rêve dont les reliefs contrastés restituent les échos d’une marche parmi les éléments de la nature. Le saxophone lyrique et aérien, la batterie fluide et vive et la contrebasse précise et profonde évoquent le souffle du vent à moins que ce ne soit la respiration de l’ombre, Shadow’s Breath. Sur L‘Envolée Belle, la contrebasse gronde, le saxophone volubile se fait tranchant et la batterie pulsatile ponctue les envols du sax’oiseau dont les effets électroniques troublants dédoublent la voix de l’instrument.

Impressionniste, la contrebasse boisée fait résonner les harmoniques sur So close, so far qui explore un univers aux facettes multiformes. Narrative et expressive, la batterie dynamise ou calme les interventions de ses compagnons très réactifs à ses ponctuations. Sur Unnecessary Fights, elle arbitre avec brio et délicate fermeté le combat inutile de la contrebasse tellurique et du saxophone volcanique et furieux.

Il fait bon voyager sur les sentiers imaginaires de l’album, « Poetic Power. Comme dans un rêve éveillé, les pieds ancrés dans le sol et la tête perchée dans les étoiles, on ressent la caresse du vent, on foule l’herbe encore humide, on pose le regard sur l’eau limpide, on devine le souffle de l’ombre, on gravit la colline… comme par magie, la puissance poétique de la musique opère.

Pour retrouver live Claude Tchamitchian Trio et les paysages de « Poetic Power », RV à Paris le lundi 16 mars à 20h30 au Pan Piper

André Minvielle revient avec « Ti’bal Tribal »

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Echo#1-Jazz à Vienne 2022

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ECM publie « Life Goes On » de Carla Bley

ECM publie « Life Goes On » de Carla Bley

Entre silence et grâce, la vie continue

Riche de cinquante années d’existence, le label ECM continue sa saga et annonce pour le 14 février 2020 la sortie de « Life Goes On », le nouvel album de Carla Bley en trio. A ses côtés, le bassiste Steve Swallow et le saxophoniste Andy Sheppard. Comme le titre l’indique, l’opus se fait l’écho de la « renaissance » de la pianiste et compositrice. Entre ombre et lumière, entre silence et grâce, l’album restitue la musique de la vie, une fantaisie minimaliste pleine d’humour et de légèreté.

Couverture de l'album Life Goes On de Crala BleyQuatre ans après « Andando el Tiempo » (ECM/Universal), la pianiste Carla Bley revient en trio avec « Life Goes On » (ECM/Universal) dont la sortie est attendue le 14 février 2020. A ses côtés se tiennent ses compagnons fidèles depuis 25 ans, Steve Swallow (basse) et Andy Sheppard (saxophones).

Réalisé au Studio Auditorio Stelio Molo à Lugano en mai 2019, sous la direction artistique de Manfred Eicher, l’album propose trois titres déclinés en plusieurs parties, trois suites dont la première, Life Goes On, donne son titre à l’album. Composée par la pianiste après sa « renaissance », cette pièce authentifie par sa musique d’abord mélancolique puis joyeuse, que la vie continue avec sa part de mystère, de dérision et de grâce.

Life Goes On

Débuté sur les octaves inférieures du clavier du piano, Life Goes On, le premier mouvement de la suite, déroule un blues parodique en douze mesures dont on aimerait que sa simplicité (apparente) inspire la vie. La ligne mélodique repose sur la basse éloquente et sur le phrasé velouté du ténor dont le chorus porteur d’espérance est illuminé de grâce. Chaque note du saxophone advient comme une offrande. Son vibrato quasi imperceptible porte en lui la force ontologique de la vie. Le piano minimaliste émarge dans l’univers de Satie.

Avec une fluidité sensible et dépouillée, les deux mouvements suivants questionnent la coexistence entre ombre et lumière. Par le dépouillement et la sobriété du jeu pianistique, On évoque la facette monkienne de l’univers de Carla. L’élégance des lignes de basse et l’interrogation du ténor accentuent la dimension dramaturgique de l’atmosphère musicale. L’évolution se dessine ensuite subrepticement sur And On. Entre piano et le ténor se noue un dialogue allègre. Le saxophone flirte avec l’art de la fugue et le piano lui répond par des accords impressionnistes alors que, telle la force vitale qu’elle incarne, la basse demeure imperturbable.

Le quatrième et dernier mouvement de la suite, And Then One Day, débute par un motif répétitif du piano et du soprano. La basse invite ensuite très vite la musique dans une déambulation imaginaire. Inspiré, le soprano entame un chorus lunaire qui entraîne le trio dans un voyage vers les étoiles. Après la lascivité du tango, on passe à un rythme à quatre temps plus dansant. Ponctuée par ce joyeux éclairage, la vie continue certes, mais les instruments laissent en suspens les interrogations… et puis un jour ?

Beautiful Telephones

Le titre de la deuxième pièce s’inspire des premières impressions du président Trump, lorsqu’il a pénétré pour la première fois dans le bureau ovale de la Maison Blanche. Ce sont d’abord les « beaux téléphones » qu’il a remarqué ! La composition de la pianiste joue sur le registre des émotions et de l’humour.

Sur le premier mouvement, le piano instaure un décor entre ombre et ténèbres que le solo de basse tente d’éclairer d’une étincelle d’espérance. La suite continue avec une deuxième mouvement plus aérien. Le ténor entame alors un dialogue dense et maîtrisé avec le piano ensorceleur. Y-a-t-il quelqu’un aux commandes ?

Ironique et moqueur, le troisième mouvement met en évidence le jeu si peu orthodoxe de la pianiste. Dans son discours truffé de citations se disputent humour et langueurs italiennes. Le ténor y va de son grain de sel avec les échos d’un God Save The Queen moqueur.

Copycat

La dernière pièce donne alternativement la parole aux musiciens, l’un répond à l’autre, poursuit sa pensée et l’explore plus avant à sa manière. After You ouvre par une mélodie langoureuse et gorgée de mélancolie que souffle le ténor voluptueux. Il passe la parole, à la basse qui poursuit sa réflexion et tisse à sa manière une incitation au rêve. Au final, soutenus par le piano, les deux instruments se rejoignent. C’est sans compter sur le piano ironique qui pose sur son clavier un motif musical, court, ironique et surréaliste, Follow The leader.

Le trio se retrouve sur Copycat, le troisième mouvement. Le soprano voltige au-dessus des accords espiègles du piano. Les trois conteurs nouent une conversation fusionnelle et ludique, empreinte de gaîté et de légèreté. La basse tend un fil souple sur lequel rebondit avec souplesse le saxophone troubadour. Maître du tempo, le piano arbitre les dialogues et cet amusement superbe et fluide se termine par un triolet qui réunit les trois complices.

Minimaliste et légère, riche en émotions et en contrastes, ludique et un brin sophistiquée, la musique de Carla Bley et de son trio interroge le silence et stimule l’imagination. Pourvoyeuse de grâce et de sérénité, elle réconforte et engage à la contemplation. Poétique et sobre, « Life Goes On » recèle en son cœur l’essence même de l’art singulier du trio de Carla Bley. Entre silence et grâce, la vie continue.

André Minvielle revient avec « Ti’bal Tribal »

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Echo#1-Jazz à Vienne 2022

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Coup de cœur pour Didier Ithursarry Trio & « Atea »

Coup de cœur pour Didier Ithursarry Trio & « Atea »

Une porte ouverte sur un univers vibrant

Sur « Atea » l’accordéoniste Didier Ithursarry ouvre la porte de l’univers qu’il a créé avec Pierre Durand à la guitare et Joce Mienniel aux flûtes. Loin des formats habituels, le trio invite à pénétrer dans un espace vibrant qui puise son inspiration dans le monde, ses paysages et ses traditions musicales. Inspirés, les musiciens fondent un monde imaginaire qui transporte l’oreille dans des ailleurs dépaysants, vibrants et passionnants.

Annoncé pour le 31 janvier 2020, l’album « Atea » (LagunArte Productions/L’autre distribution) fait partie des bonnes surprises de ce début d’année. Entouré du guitariste Pierre Durand et du flûtiste Joce Menniel, l’accordéoniste aux origines basques, Didier Ithursarry, chemine loin des chemins battus, aux antipodes du déjà (trop) vu, connu, entendu.

Le Cuareim Quartet rejoint le trio sur la Forró Suite arrangée par Geoffroy Tamisier. Ce quatuor à cordes né au Mexique de la rencontre de Rodrigo Bauza (violon), Federico Nathan (violon), Olivier Samouillan (alto) et Guillaume Latil (violoncelle) contribue à enrichir le propos des six mouvements de la suite.

Didier Ithursarry place sa musique sous le signe des « Illuminations » (Départ/Illuminations) d’Arthur Rimbaud….

Assez vu. La vision s’est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. – Ô Rumeurs et Visions !
Départ dans l’affection et le bruit neufs !

« Atea », la porte

Le titre de l’album résonne comme une clé. En langue basque, Atea signifie la porte, celle qu’on ouvre ou ferme, celle qui rassure, qui claque, qui invite ou intrigue. Témoin, gardienne d’histoires de vies, d’humeur et de sueur. Protectrice de secrets.

Entrer ou sortir. S’arrêter. S’abriter. Traverser. Passer d’un monde à un autre, de l’ici vers l’ailleurs, du souvenir à la destination rêvée, du réel à l’imaginaire, jusqu’à l’inconscient. Accueillir l’autre et ses traditions puis échanger.

De fait, sur « Atea », le trio de Didier Ithursarry ouvre grand sa porte à des influences venues d’ailleurs. Enrichis de ces apports, les musiciens inspirés s’aventurent sur des sentiers non balisés. Ils captent l’air, la lumière, le vent, les poussières, les effluves, les sons et de ces ailleurs musicaux dont ils s’abreuvent. Ils invitent ensuite l’oreille à franchir le seuil de leur univers musical et l’accueillent dans l’intimité de leur musique.

Via les impressions transmises par la musique, on accède à des paysages, des sensations, on franchit la porte du 221B Baker Street à Londres, on s’aventure dans une habitation du Pays Dogon au Mali, on suit le chemin laborieux des forçats de Guyane, on s’abrite sous une tente dans le désert de Gobi entre Chine et Mongolie, on passe le seuil d’une maison du quartier Lapa de Rio, on fait escale au Mexique, on pénètre dans une ferme basque… et partout, on se sent chez soi.

Au fil des douze titres… entre danse et rêverie

Avec l’accordéon, la guitare et les flûtes, on embarque dans un voyage sensible, captivant et envoûtant ponctué par des mouvements virevoltants, vigoureux, légers, poétiques, langoureux ou mélancoliques.

En parfaite symbiose les trois musiciens ouvrent une première porte sur l’univers de Forçats. A l’unisson, l’accordéon, la guitare et la flûte mêlant souffle et effets de voix entament une mélodie intrigante. Avec eux on entre dans la danse virevoltante et harassante de la marche et des travaux des forçats. La caravan’trio donne ensuite à entendre sa marche laborieuse qui parcourt tour à tour la steppe, le désert et les oasis du très expressif Gobi. Une sorte de blues où l’on ressent tour à tour le soleil ardent et le froid nocturne. Le vent piquant tourbillonne à travers les notes enivrantes de la flûte virtuose.

couverture de l'album Atea de Didier Ithursarry TrioDans un développement quasi cinématographique, le trio étoffé du « Cuareim Quartet » développe les six mouvements de la Forró Suite et emporte la musique dans le Nordeste du brésil. D’entrée, l’accordéon à la sonorité lunaire caresse une mélodie mélancolique sur un écrin de cordes. Sur le deuxième mouvement, les sept musiciens jouent ensemble jusqu’à donner le tournis. Les envolées bondissantes de la flûte, le phrasé sensuel de l’accordéon et le rythme lascif de la guitare donnent le tournis et l’envie de danser le baião avec eux. Sur le troisième mouvement, le quartet à cordes ouvre un espace musical onirique puis, accordéon et guitare dessinent des lignes musicales sensibles chargées d’un tendre spleen. La guitare insuffle ensuite un climat plus folk au quatrième mouvement où les nappes sonores des cordes et la flûte au timbre coloré content une histoire musicale mystérieuse. Les notes tendres et lyriques de l’accordéon flottent plus tard sur le tapis sonore romantique que tisse le quartet à cordes. La suite s’achève par une farandole qui reprend le thème du deuxième mouvement et incite à danser jusqu’à l’ivresse.

Avec Mali le voyage change de continent. Sur une rythmique réitérative de l’accordéon, guitare et flûte attisent le feu de la mélodie jusqu’à l’hypnose. Avec Sherlok, on franchit la porte d’un monde étrange chargé d’une langueur mélancolique où la musique éthérée flotte comme en apesanteur.

C’est ensuite un hommage tendre et sensible à l’âme basque que rend l’accordéon en solo sur Gizian Argi Hastian, une très belle mélodie que le poète musicien Etxahun Iruri, a composé en travaillant dans les champs et en soignant ses bêtes. l’album se termine par un feu d’artifice d’allégresse avec Mariachi for Aita que l’accordéoniste adresse au père, aita en basque, le sien sans doute mais pourquoi pas à tous les pères.

Pour s’immerger dans l’univers lumineux et vibrant de « Atea » et retrouver Didier Ithursarry (accordéon); Pierre Durand (guitare) et Joce Mienniel (flûtes),  RV à Paris le 18 mars 2020 lors du concert de lancement de l’album au Studio de l’Ermitage.

André Minvielle revient avec « Ti’bal Tribal »

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