Clin d’œil à Gaël Horellou & « Tous les Peuples »

Clin d’œil à Gaël Horellou & « Tous les Peuples »

Jazz & Maloya, deuxième volume

Deux ans après l’énergique album « Identité », le saxophoniste Gaël Horellou revient et fait de nouveau converser jazz et maloya dans un nouvel opus intitulé « Tous les peuples ». Les compositions unissent la puissance des voix et des percussions traditionnelles du maloya à un combo jazz aux sonorités éclatantes. La magie continue à opérer et la musique expressive ne manque pas de nuances !

couverture de l'album Tous les Peuples de Gael HorellouSur l’album « Tous les Peuples » (Breakz/Socadisc) à sortir le 07 juin 2019, le compositeur et saxophoniste Gaël Horellou continue à faire dialoguer avec réussite le maloya de l’océan Indien et un jazz vigoureux. La fusion opérée sur l’album « Identité », sorti en 2017 est de nouveau au centre du discours musical de l’alto qui retrouve sur ce nouvel opus la plupart de ses compagnons de l’album précédent auxquels se joignent quelques invités.

Après avoir mis en conversation Jazz et Maloya une première fois sur le superbe album « Identité », le leader revient avec « Tous les peuples », un deuxième volume qui explore plus avant le projet. Il partage la musique avec des musiciens réunionnais qu puisent dans leur patrimoine musical traditionnel pour formaliser le terrain de partage où se rencontrent le jazz et la musique créole réunionnaise.

L’équipe de l’album

©Alexis Horellou

Autour de lui, Gaël Horellou a réuni l’organiste Florent Gac, le guitariste réunionnais Nicolas Beaulieu ainsi qu’une rythmique de percussions traditionnelles réunie autour de Vincent Philéas avec Frédéric Ilata, Vincent Aly Béril et Émilie Maillot. Le tromboniste Teddy Doris et le saxophoniste ténor Maxence Emprin renforcent le groupe sur le titre qui donne son nom à l’album. Pascal Bret chante sur le titre Veli qu’il a par ailleurs composé.

« Tous les peuples » a été enregistré en avril 2018 à l’Espas Leconte de Lisle de Saint-Paul (Réunion) par Gilles Stym puis mixé et mastérisé par Dominique « Dume » Poutet. Réalisée par le dessinateur de BD Alexis Horellou, la pochette aux couleurs chaleureuses laisse percevoir avant même l’écoute de la galette combien l’album incite au mouvement et au partage.

Jazz et Maloya

Sans reprendre en détail la riche expérience musicale de Gaël Horellou consultable sur son site et déjà présentée sur la chronique de l’album « Identité », on ne résiste pas à évoquer la trajectoire qui l’a mené de 1994 avec le collectif MU à ses projets actuels en passant par les proximités musicales vécues auprès de Laurent de Wilde, Luigi Trussardi, NHX et bien d’autres jazzmen prestigieux.

En 2011, le saxophoniste altiste est tombé sous le charme de l’identité rythmique de la musique de l’océan indien.  Il a trouvé un lien entre le phrasé de ce rythme ternaire réunionnais et celui du jazz et a saisi la parenté qui existe entre les origines des deux musiques, cette Afrique qui a autant inspiré la musique créole de la Réunion et que le jazz.

« Tous les Peuples »

Sur l’album la puissance de la percussion et celle du chant se conjuguent avec l’orgue, le saxophone alto et la guitare; Il en découle un mélange inédit dont la richesse explose de mille éclats. Sur tous les titres, la rythmique sous-tend toujours le mouvement, qu’elle passe de la jubilation la plus effrénée à la plus tendre syncope.

Sur les huit titres de l’album auquel s’ajoutent deux des morceaux repris en format radio, quatre compositions sont à porter au crédit de Gaël Horellou. Deux morceaux sont co-composés par le leader et Nicolas Beaulieu alors que sur un autre titre le saxophoniste a mêlé son écriture à celle de Vincent Aly Béril.

Spirit of Africa (coécrit par le leader et Vincent Aly Béril) débute comme une prière mais très vite la rythmique convoque le maloya et fait danser les mesures. Les voix et l’orgue donnent une superbe dynamique à Jazz Kabaré co-composé par Gaëil Horellou et Nicolas Beaulieu.

Tous les Peuples ne se contente pas de donner son nom à l’album. Il électrise le tempo et l’atmosphère. En effet, irrésistiblement et sans délai les percussions s’expriment sur le riff que perpétuent énergiquement guitare et saxophones puis orgue. La guitare enflamme le morceau et pimente le climat jusqu’à le rendre incandescent alors que l’orgue reprend le riff. Les sonorités cuivrées du ténor de Maxence Emprin et du trombone de Tedy Doris se joignent à la fête. Durant plus de dix minutes, l’alto souffle sur les braises rougeoyantes de la musique que le combo tout entier alimente avec une vigueur peu banale. Les spirales musicales tournoient sans répit jusqu’au paroxysme, jusqu’à la transe.

Tizafer résonne comme un blues déchirant que la voix de l’alto entame, vite rejoint par les percussions et l’orgue. La prière s’élève portée par une rythmique délicate. Cabri Massalé introduit par l’orgue et les percussions enflamme de nouveau la musique. L’alto et la guitare ne sont pas en reste et les syncopes se succèdent alors que le saxophone déroule un long chorus aux accents déchirants précurseurs d’une Gigue Créole qui porte bien son nom. Le morceau engage en effet à une danse endiablée. L’orgue chante avec superbe puis cède la place à un splendide chorus de percussions et un alto frénétique qui mène le bal jusqu’au bout de la piste.

Composé et chanté par Pascal Bret, Veli débute comme une incantation qui se poursuit par le balancement irrésistible de la procession funèbre que tous les musiciens accompagnent.  Plus tard, le chant prière de l’alto ouvre Kraz Maloya. La voix d’Émilie Maillot le rejoint puis les percussions prennent le dessus et entraînent saxophone, guitare et orgue dans des échanges où le jazz fait entendre sa voix. Le morceau conçu par le leader et Vincent Philéas fait aussi la part belle aux percussions avant que les voix ne viennent les rejoindre.

De bout en bout, « Tous les Peuples » réussit le challenge de tresser une nouvelle langue musicale qui réunit jazz et maloya sans qu’aucune des deux musiques n’y perde son âme. Impossible de résister à ce cocktail qui fait alterner rythmiques effrénées, riffs exaltés avec mélodies et chorus nostalgiques ou déchirants. A savourer en attendant, qui sait, un troisième volet.

Après le concert du 10 juillet 2019 programmé au New Morning à Paris pour la sortie de l’album, Gaël Horellou et ses compagnons vont sillonner l’hexagone durant l’été. ICI pour en savoir plus sur les concerts et vivre live la musique de « Tous les Peuples ».

Le Deal présente « Jazz Traficantes »

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Festival Jazz à Cours & à Jardins 2019

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Du jazz pour tous dans des jardins urbains

Le Festival Jazz à Cours & à Jardins 2019 se déroule du 07 au 09 et du 14 au 16 juin. Coiffé d’une embouchure de cornet, le sympathique nain de jardin de l’affiche annonce un programme alléchant. La 8ème édition du festival ne manque pas d’ambition avec 32 concerts gratuits, 9 créations et 22 jardins secrets de Lyon et sa métropole. La perspective de découvrir des artistes européens reconnus ou émergents.

Festival Jazz à Cours & à Jardins 2019Tous les ans, les amateurs de jazz et de musiques improvisées de la métropole lyonnaise se réjouissent et poussent les portes du festival « Jazz à Cours et à Jardins » dont le slogan « Le Jazz pour tous » n’est pas vain puisque tous les moments sont libres d’accès.

Défricheur de musique, le dynamique directeur du festival, François Dumont d’Ayot, s’est une fois de plus mis les neurones à l’envers pour gérer les finances et implanter des musiques inventives dans des cadres urbains qui fleurent bon la nature.

De quoi réjouir les oreilles et les yeux !

Défrichage-maraîchage musical et urbain

Avec audace et persévérance, le compositeur et poly-instrumentiste François Dumont d’Ayot pratique un réel défrichage-maraîchage musical et urbain.

Affiche du Festival Jazz à Cours & à Jardins 2019Le « festival Jazz à Cours & à Jardins » 2019 propose une programmation sur deux week-ends, du 07 au 09 juin et du 14 au 16 juin avec en ouverture le 06 juin, l’inauguration de l’exposition photographique « Jazz’n Black and White » de Catherine Dargere à 19h à la MJC de St-Just.

Après les concerts du 30 avril 2019 à l’occasion du « Jazz Day » et ceux « Jazz au fil des eaux » le 25 mai 2019, le Festival « Jazz à Cours & à Jardins » 2019 invite des musiciens européens prestigieux qui proposent plusieurs concerts dont certains constituent de véritables évènements.

Ces moments sont aussi l’occasion de découvrir des lieux atypiques de quelques arrondissements lyonnais (1er, 4ème, 5ème, 7ème, 6ème, 9ème), des villes d’Oullins et de Sainte-Foy-Lès-Lyon.

Quelques repères incontournables

Parmi l’ensemble des RV, on a repéré quelques concerts qu’il serait dommage de rater car ils portent en eux des promesses de musiques décoiffantes.

07 juin 2019

Ce vendredi 07/06/19 est organisée une « Soirée latine » dans les jardins de l’Université Lyon 2 (rue pasteur), en partenariat avec l’Instituto Cervantes et l’Istituto Italiano Di Cultura. Ainsi se produisent à 18h le trio espagnol piano-contrebasse-batterie Summatrio puis à 19h30, le quartet italien du saxophoniste baryton et compositeur Carlos Actis Dato.

Saxophones, clarinettes et cornemuses vont faire souffler un vent de folie sur la fac Lyon 2.

14 juin 2019

Pour célébrer les 15 ans de la disparition du saxophoniste Steve Lacy, le festival organise le 14/06/19 une « Soirée Jazz et poésie » avec le « Steve Lacy’Isthms » Project d’après « Song » sur des poèmes de Brion Gyson. Cet hommage musical et poétique est rendu par le François Dumont D’Ayot Septet à 19h30 dans le Jardin Gouverneur, 38 avenue Maréchal Foch dans le 6ème arrondissement de Lyon.

L’occasion de se remémorer Steve Lacy, ce saxophoniste essentiel dans l’histoire du jazz et d’écouter François Dumont D’Ayot sur nombre de ses instruments.

15 juin 2019

La « Soirée Création Jazz d’Aujourd’hui » de cePinocchio et Guignol au Festival Jazz à Cours & à Jardins 2019 second samedi du festival, propose deux créations dans le jardin de la Maison des enfants, 11 rue du petit Revoyet à Oullins.

A 18h, dans le cadre des fêtes du jumelage d’Oullins avec Pescia-Collodi, le village natal de l’auteur de Pinocchio, le François Dumont d’Ayot Quartet présente une création intitulée « Pinocchio au Pays de Guignol ».

Les deux cousins transalpins, Pinocchio et Guignol seront animés par deux comédiennes marionnettistes qui se mêleront aux musiciens.

A 19h30, le concert « Echos d’Henry Cow » ravive le souvenir de la mouvance musicale britannique de rock progressif des années soixante-dix où figuraitLe Festival Jazz à Cours & à Jardins 2019 accueille le projet Echoes of Henry Cow le groupe « Henry Cow » fondé par Fred Frith et Tim Hodgkinson.

A la tête de son quintet, le flutiste Michel Edelin a réuni Sylvain Kassap (clarinettes), Sofia Domancich (claviers), Simon Goubert (batterie), Stéphane Kérecki (contrebasse) et a invité le chanteur John Greaves, qui fut bassiste et chanteur du mythique groupe « Henry Cow ». Pour se mettre en oreilles, écouter l’album « Echos d’Henry Cow », récemment sorti sous le label RoguArt, s’impose presque.

Des vibrations de jazz progressif dont on se réjouit d’avance.

16 juin 2019

A 18h, à l’Hôtel St-Joseph, 38 allée Jean-Paul II à Ste-Foy-Lès-Lyon, en partenariat avec le Goethe Institut, le festival organise une « Soirée Piano Solo ». Il invite la pianiste berlinoise Maria Baptist dont les poèmes musicaux hésitent entre flamme et confidences intimes. Sa prestation est précédée d’un solo du pianiste Ewerton Oliveira, musicien brésilien établi à Lyon depuis quelques années. On peut espérer entendre quelques incursions dans le monde du légendaire Hermeto Pascoal.

Et bien d’autres superbes moments à vivre…

Le site du festival « Jazz à Cours & à Jardins » permet de retrouver l’exhaustivité de la programmation et de nombreuses précisions concernant les différents rendez-vous.

Point important à préciser, en cas d’intempérie, tous les concerts bénéficient d’un lieu de repli consultable le jour même sur le site. Un festival dont les résonances démontrent une fois de plus combien l’Europe du jazz est performante, même si les impératifs budgétaires de la culture demeurent incontournables, en France comme ailleurs… ce qui ajoute d’autant plus de mérite au Festival Jazz à Cours & à Jardins 2019 !

Le Deal présente « Jazz Traficantes »

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Tropical Jazz Trio… du jazz caliente !

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Entre jazz, Afrique et Caraïbes

Le contrebassiste Patrice Caratini, le pianiste Alain Jean-Marie et le percussionniste Roger Raspail présentent « Tropical Jazz Trio », l’album dont le titre est aussi celui de leur groupe. Après quarante ans de compagnonnage musical sur les scènes jazz, les trois complices se sont décidés à entrer en studio. Il en résulte un jazz pulsatile et chaleureux qui regarde vers ses racines africaines, caribéennes et européennes aussi.

Entre leurs projets personnels qu’ils mènent chacun avec succès, Patrice Caratini, Alain Jean-Marie et Roger Raspail se sont régulièrement produits en trio sur les scènes de jazz. Il aura fallu qu’ils entrent en studio pour que le trio trouve nom et devienne le « Tropical Jazz Trio ». couverture de l'album Tropical Jazz TrioQuoi de plus logique ensuite à ce que l’album porte le nom du groupe, lequel nom définit d’ailleurs tout à fait bien la musique qu’il produit.

Pendant plus de quatre décennies, ces trois grands noms de la musique ont joué « pour le plaisir simple de la musique », « à la recherche des racines africaines les musiques » qu’ils aiment. La route du trio croise celle du jeune label Paradox créé par Julien Daïan et Yacine Bouzidi le 04 avril 2017 et dont le premier album produit a été celui de Benjamin Petit, « 5 degrés Sud ». Sur l’impulsion du label, le trio a enregistré son premier album, « Tropical Jazz Trio » (French Paradox/L(Autre Distribution) à sortir le 24 mai 2019.

« Tropical Jazz Trio », les musiciens

Patrice Caratini

Le contrebassiste et compositeur a certes quatre cordes à sa contrebasse mais de bien plus nombreuses encore à son arc de chef d’orchestre. En effet cette figure incontournable du jazz français dirige de nombreux projets parmi lesquels le Caratini Jazz Ensemble dont on a récemment pu apprécier l’album « Instants d’orchestre » (2017). Outre le Latinidad quintet où il développe une musique empreinte de latinité, Patrice Caratini se produit en trio ou en sextet dans des idiomes fort différents et n’hésite pas à côtoyer d’autres arts (cinéma, danse) et d’autres orchestres que les siens.

Son jeu solide ne s’embarrasse ni de semblants ni de fioriture, il n’en fait pas des tonnes mais ses interventions tombent toujours à pic. Sa sonorité toujours très juste possède une dimension tellurique qui n’exclut en aucune manière la musicalité, loin de là.

Alain Jean-Marie

Le pianiste guadeloupéen inscrit sa carrière dans la durée et a lui aussi diversifié les expériences. Avec ses « Biguines Reflections » il est à l’initiative d’un mouvement musical original qui rapproche biguine et jazz. Il affectionne aussi le solo (trois albums en solo à ce jour) mais se produit par ailleurs en trio ou quartet jazz avec Guillaume Naturel. Il est devenu un pilier des scènes jazz de Paris. Il enregistre aussi souvent avec d’autres musiciens guadeloupéens parmi lesquels entre autres, Mario Canonge et le percussionniste Roger Raspail.

Sa discrétion naturelle ne parvient pas à masquer son jeu subtil et rythmique. Soliste inspiré et raffiné il n’en est pas moins un solide rythmicien et avec lui, le swing trouve un sacré complice.

Roger Raspail

Né à Capesterre-Belle-Eau, le percussionniste guadeloupéen maîtrise à la perfection les sept rythmes du gwo ka mais cela ne lui suffit pas. Il explore aussi d’autres territoires musicaux et fait résonner ses tambours dans de nombreux idiomes, du jazz aux musiques des Caraïbes en passant par la morna capverdienne ou la rumba congolaise. Il joue depuis longtemps avec Patrice Caratini et Alain Jean-Marie mais a aussi croisé la route de Vincent Ségal, Anthony Joseph, Reda Samba, Cesaria Evora et Mal Waldron.

Sur les peaux, sa frappe alterne entre caresse et rythmes véhéments. Son jeu énergique et vituose est empreint de musicalité.

« Tropical Jazz Trio » : le répertoire

Avec un répertoire de quatorze titres l’album fait alterner des reprises et des compositions originales des trois membres du trio.

Les compositions du trio

Morena’s Rêverie composée par le pianiste ouvre l’album avec une mélodie dont le motif répétitif génère une douce méditation.

On continue ensuite sur un tempo médium de rumba avec Marcelina et ses superbes harmonies. Après cette danse élégante, advient Tropical Mood, une deuxième composition du contrebassiste. Sur un motif de blues modal, la trame mélodique jouée sur un tempo latin-jazz laisse place au swing du piano tout en retenue puis au solo de la contrebasse à la sonorité tellurique et au superbe chorus de percussions.

Après avoir écouté la composition d’Alain Jean-Marie, Latin Alley jouée sur un délicat tempo de biguine, on a du soleil plein les yeux et l’on se laisse transporter au Brésil sur Sambacara écrite par Patrice Caratini dont la contrebasse chante et rayonne sur cette samba ensoleillée. Mais pas question de farnienter trop longtemps. En effet, Pytang Pytang Bang, la composition de Roger Raspail et Franck Curier, développe une mélopée aux accents africains dont les les rythmes percussifs inspirent un enivrant solo au pianiste.

Les reprises

Standards de Jazz

Le trio revisite quelques standards de jazz parmi lesquels la superbe composition de Duke Ellington, African Power dont il donne une interprétation radieuse à laquelle la contrebasse apporte une profondeur évocatrice.

Horace Silver se taille quant à lui la part belle avec deux reprises remarquables. Le trio se réapproprie Señor Blues sous un angle funky que la rythmique teinte d’une originale latinité. C’est ensuite sur un tempo funky aux accents capverdiens que le trio interprète The Cape Verdean Blues. Allégresse et frénésie habitent le chorus de piano. On se prend à bouger sans même y penser.

Entre ces deux morceaux, le piano illumine Meu canario vizinho azul, la composition du brésilien Toninho Horta. Alain Jean-Marie est soutenu par la contrebasse caressante et les percussions délicates qui esquissent un léger rythme de mambo. Le trio ne fait pas l’impasse sur l’illustre Manteca, de Dizzy Gillespie, que le trio reprend dans le pur esprit du jazz afrocubain de 1947. Le jeu du percussionniste n’est pas sans rappeler celui de Chano Pozo.

Chansons et cinéma

Le trio régénère la mélodie de Limelight, composé par Charlie Chaplin en 1952 et l’habille d’une version d’une lumineuse fraîcheur. Couleur Café, la chanson de Gainsbourg, sert de tremplin aux trois musiciens qui mettent à profit cet interlude pour improviser librement dans un registre plutôt bluesy et tendre. L’album se termine avec une version du Temps des Cerises qu’irradie un souffle de vie chargé d’espoir et de joie.

Patrice Caratini, Alain Jean-Marie et Roger Raspail proposent une conversation musicale chaleureuse et rythmique. Un jazz métissé doucement épicé qui croise rythmes latins, afro-cubains et caribéens sans oublier de courtiser la mélodie. Entre standards et compositions originales, « Tropical Jazz Trio » incite à la joie et à la sérénité. Un cocktail à déguster sans modération et à partager généreusement !

Pour savourer « Tropical Jazz Trio » live, deux RV se profilent. Le 02 juillet 2019 à 21h à Paris au Sunside et le 03 octobre 2019 à Paris au Bal Blomet (dans le cadre des Jeudis Jazz magazine).

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Opéra Underground – RV d’octobre à décembre 2020

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Or Bareket présente « 33 », son deuxième album

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Entre énergie et méditation

A l’occasion de ses 33 ans, le contrebassiste Or Bareket livre son deuxième album intitulé « 33 ». Le répertoire restitue sa perception d’éléments de vie observés et vécus. Entre énergiques mouvements et profondes méditations, Or Bareket propose une musique à la fois énergique et élégante.

Après un premier album « ob1 » sorti en 2017, le contrebassiste Or Bareket revient avec son deuxième opus, « 33 » (Enja Yellow Bird/L’Autre Distribution) à sortir le 24 mai 2019. Il retrouve le fidèle guitariste Shachar Elnatan déjà présent sur « ob1 » le premier disque du leader. Il est rejoint par le batteur Daniel Dor et le pianiste Nitai Hershkovits qui a coproduit l’album « 33 » avec le leader.

Deux invités participent aussi à ce disque, la chanteuse chilienne Camila Meza et Eden Bareket, frère de leader et saxophoniste baryton.

Or Bareket

Né à Jérusalem et élevé entre Buenos-Aires et Tel-Aviv, Or Bareket est actuellement l’un des bassistes les plus demandés et les plus polyvalents de la scène jazz de New York, ville qu’il a rejointe en 2010.

A 16 ans son père lui a offert « Jaco Pastorius », le premier album du légendaire bassiste Jaco Pastorius qui ouvre avec Donna Lee où Jaco joue ce fameux thème avec Don Allias aux percussions. L’écoute de cet album, a orienté la vie du jeune Or Bareket qui a décidé de devenir bassiste.

Or Bareket a grandi entre plusieurs cultures et a ultérieurement développé une esthétique musicale cohérente et très personnelle. Il a puisé dans son héritage diversifié, dans le folklore de ses ancêtres (Tanger, Bagdad, Buenos-Aires et Europe de l’est), son étude approfondie du jazz et de la musique classique. Il s’est aussi nourri de l’influence de ses mentors, de ses pairs et des collaborateurs rencontrés au fil des ans.

Gagnant du 1er prix de la compétition de jazz de la Société internationale des Bassistes en 2011, Or Bareket poursuit une carrière où il a l’occasion de jouer, enregistrer et tourner avec un large éventail d’artistes partout dans le monde. Parmi ses nombreuses collaborations notables on peut citer entre autres musiciens, Ari Hoenig, Jean-Michel Pilc, Aaron Goldberg, Sam Yahel, Don Friedman, Eliot Zigmund, Billy Hart et Victor Lewis, Jacques Schwartz-Bart, Chris Potter, Yotam Silberstein, Eli Degibri, Gilad Hekselman et Leon Parker. En France on a pu l’écouter aux côtés de ce dernier et du pianiste Fred Nardin avec lequel il a enregistré ‘Opening » ‘2017) et « Look Ahead » (2019).

Or Bareket a appréhendé différents systèmes de pensée et en toute conscience de son passé, a construit et projeté sa musique comme une extension de son histoire familiale dont il s’est nourri.

L’album « 33 »

« Cet album est une méditation sur les cycles de vie, les transformations, la mort et (re) naissance d’idées, des relations et des gens… Ces mélodies et les rythmes sont nés comme des chants, comme des médicaments, une boussole, un point d’ancrage à une époque de changements radicaux dans ma vie : débuts et fins, douleur et extase, communion et isolement, aventure et mal du pays. » Or Bareket

Aujourd’hui enrichi de nombreuses rencontres musicales et après le décès de son père, Or Bareket signe un deuxième album sensible et fluide.

Le répertoire de dix titres réunit six compositions originales du leader, le classique argentin Zamba de Argamonte, Carmo Caprice du compositeur et joueur de bandolim Hamilton de Holanda et deux co-compositions que le contrebassiste signe avec le pianiste Nitai Hershkovits qu’il connait depuis 15 ans, bien avant de faire de la musique avec lui à Tel Aviv.

Au fil des plages musicales

couverture de l'album 33 du contrebassiste Or BareketDeux titres développent une dimension rythmique peu commune. Still Searching qui ouvre l’album avec une introduction grondante (contrebasse - batterie), une mélodie aux accents orientaux, une guitare radieuse et un piano enthousiaste. Reginia où la contrebasse au son de gembre dessine un motif africain sur une métrique en 9/4 qui évoque celle des gnaouas avant que les solistes n’improvisent sur un thème dont la structure d’accord reprend celle d’Airegin de Sonny Rollins. Les échanges torrides laissent pantois.

Deux ballades cultivent un climat éthéré. Le nostalgique W Shubert & Troy où claviers et guitare céleste tressent un climat paradisiaque évocateur des ambiances chères à Pat Metheny. Feb.1st convie à un voyage méditatif sur les accords stratosphériques du synthé Optigan et la sonorité cristalline de la guitare.

Deux duos se distinguent par leur climat intime et délicat. La sonorité profonde de la contrebasse soutient la voix fragile et tendre de Camila Meza sur Zamba de Argamonte. En grande complicité, les deux frères échangent sur Yarkan. Le saxophone baryton de Eden Bareket se fait lyrique sur une ligne de basse étoffée et attentive.

Les deux thèmes co-écrits par le contrebassiste et le pianiste mettent en évidence la grande connivence qui règne dans le groupe. « 33 » permet de saisir la maîtrise instrumentale de tous les solistes et l’entente fusionnelle du groupe. Sur un tempo proche d’un tango-bolero, le son du synthé Optigan démultiplie l’intensité de la lamentation de la guitare. Le tempo ternaire de Vienna donne le tournis et laisse une fois encore percevoir la grande osmose qui unit l’énergique quartet.

Carmo Caprice suspend le temps et inspire allégresse et joie spirituelle. La mélodie de la composition de Hamilton de Holanda résonne très bien sur les cordes de la contrebasse alors que piano et guitare jouent en fugue comme dans une suite de Bach. Un délice musical à écouter en boucle.

Tzafonah termine l’album avec une touche d’espérance soulignée par la voix de la chanteuse qui fait bon ménage avec guitare et synthé.

« 33 », le deuxième album du contrebassiste Or Bareket donne à entendre une musique où alternent des plages colorées et énergiques et d’autres plus introspectives chargées d’une lumineuse spiritualité. Un album réussi qui témoigne d’une maturité musicale peu commune.

Le Deal présente « Jazz Traficantes »

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Saison 2020/21 pour l’Auditorium de Lyon & Jazz à Vienne

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Opéra Underground – RV d’octobre à décembre 2020

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Coup de cœur… pour Magic Malik & Jazz Association

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Retour aux sources en libr’impro

A la tête d’un quintet virtuose, le flûtiste Malik Mezzadri enregistre pour la première fois un répertoire de grands standards de jazz. Avec humour et panache, Magic Malik & Jazz Association reviennent aux sources avec une grande liberté et rendent hommage à de grandes figures du jazz, toutes époques confondues. Fantaisie et rigueur font bon ménage avec l’improvisation, valeur fondamentale du jazz.

Avec Jazz Association, Magic Malik propose des reprises de standards sur un album dont la sortie est annoncée en CD, Digital et Vinyle le 24 mai 2019 sous le label jazz&people. Le quintet aligne aux côtés du flutiste, le trompettiste Olivier Laisney, le pianiste Maxime Sanchez, le contrebassiste Damien Varaillon et le batteur Stefano Luccini.

Malik Mezzadri rend ainsi hommage pour la première fois à quelques standards du jazz sur lesquels il pose sa syntaxe si personnelle. Sans redite, il revitalise ces magnifiques morceaux.

Certes l’identité originelle des titres demeure mais la libr’improvisation de Magic Malik et de ses compagnons habillent ces morceaux d’une nouvelle énergie. Les standards deviennent un espace de jeu où les musiciens de Jazz Association s’amusent comme des fous, mais n’est pas cela « jouer jazz » ? On en ressort les oreilles ragaillardies, le visage illuminé et la joie dans l’âme.

Jazz et standards

En leur temps, les auteurs des compositions de jazz que Magic Malik a choisi d’interpréter ont dû lutter dans un monde adverse pour exister, jouer, créer, souvent à contre-courant de la culture dominante, comme ce fut le cas pour Monk, Coltrane, Wayne Shorter et Clifford Brown.

Plusieurs années après, ces compositeurs sont considérés comme des héros, des créateurs sans qui le jazz actuel ne serait pas ce qu’il est devenu. L’étude de leurs œuvres est devenue incontournable dans les lieux d’enseignement officiel.

Objets d’étude, les standards courent le risque de devenir des totems sacralisés, des références quasi intouchables. Cela serait contraire avec le jazz qui, par essence, a pour objet de remettre l’existant sur le métier pour le transformer, le renouveler, le revivifier voire le recréer et donc, pas question pour Magic Malik et ses compagnons de Jazz Association de rejouer les standards en l’état sans n’y rien changer.

Malik Mezzadri aka Magic Malik

Depuis ses débuts, le fltiste Magic Malik, a mené une carrière d’explorateur « nomade dans l’âme », jamais tenté de se sédentariser dans un idiome ou un autre, toujours intéressé par les rencontres souvent porteuses de métissage. Après le groupe « Human Spirit », il a joué aux côtés de Julien Loureau dans le « Groove Gang » puis avec les différentes formules du Magic Malik Orchestra (créé pour la première fois en 1992), ses XP, il  a élaboré son propre langage sous-tendu par une approche personnelle de l’improvisation et du langage harmonique, mélodique et rythmique. Dans ce cadre, il a invité Steve Coleman sur un de ses albums et a ensuite rejoint le saxophoniste sur un titre de son album « Five Elements » (Blue Note).

Plus récemment il a mis ses talents d’instrumentiste virtuose formé au classique au service d’une écriture inventive développée au sein de son projet Magic Malik Fanfare XP, une formation créée après avoir rencontré avec Pascal Mabit et Olivier Laisney. Ainsi, avec une quinzaine de musiciens, il élabore une charte de composition musicale permettant d’explorer la composition et l’improvisation.

Par ailleurs le flutiste a aussi fait des escapades hors des frontières du jazz, a collaboré avec M, Camille, Laurent Garnier, Hocus Pocus, Air, a bénéficié d’une résidence d’un an à la Villa Médicis de Rome, a travaillé pour le théâtre, le cinéma et a même composé en 2011 pour le Festival d’art lyrique d’Aix- en-Provence.

Aujourd’hui, Magic Malik regarde dans le rétro en direction de ces standards du jazz dont il s’est nourri à ses débuts. Avec Jazz Association, il opère un retour aux sources, mais il s’agit d’un retour distancié.

Au fil des onze plages

C’est avec humour et vigueur que Jazz Association revitalise Daahoud, la composition de Clifford Brown. Dans un climat teinté d’une esthétique West Coast, la trompette prend un chorus impétueux. Sur un tempo de hard bop, le groupe célèbre ensuite Strode Rode, le fameux thème que Sonny Rollins a gravé en 1956 sur « Saxophone Colossus » en hommage au trompettiste Freddie Webster mort à l’hôtel Strode de Chicago. Le piano nerveux redouble de virtuosité alors que flûte et trompette ponctuent le solo de riffs très brefs. Ça swingue à la folie et le chorus de batterie fait un clin d’œil à Max Roach.

Après une intro magistrale de la contrebasse, c’est le chant jubilatoire et extravagant de Magic Malik qui expose le thème de Fee-Fi-Fo-Fum composé et joué par Wayne Shorter sur l’album « Speak No Evil » de 1967. Le piano enchaine avec un chorus brillantissime qui s’inscrit dans la grande tradition du jazz. Cinq sublimes minutes de musique.

C’est ensuite sur un tempo sautillant et nonchalant, moins rapide que celui de l’original, que Magic Malik et ses compères interprètent Straight Street de John Coltrane. La trompette flirte avec la dissonance, peut-être inspirée en cela par Woody Shaw, alors que la flûte flexible et virtuose inscrit son chorus dans les pas de Dolphy. Le morceau se termine par trente secondes de libr’expression improvisée qui réunit tous les intervenants.

Magic Malik entonne My Ship simplement accompagné par le jeu ciselé du piano, il poursuit la ballade à la flûte rejoint par la batterie et la contrebasse puis termine dans un registre vocal plus grave Un absolu enchantement que le compositeur Kurt Weil aurait sans doute apprécié. Sur la plage suivante, flûte et trompette s’allient à merveille pour exposer Joy Spring, le thème de Clifford Brown enregistré sur « Clifford Brown and Max Roach » (1954) ainsi d’ailleurs que Daahoud. Très libres et inspirés, les soli de flûte et de trompette opèrent une rupture d’esthétique tonique qui stimule le propos de ce standard tant de fois repris.

couverture de l'album Magic Malik & Jazz AssociationDeux minutes et trois secondes suffisent ensuite à Magic Malik et Damien Varaillon pour transformer In walked Bud de Thelonious Monk, en un moment dont la magie réside dans l’originalité de l’expression. Juste avec la sonorité tellurique de la contrebasse, les chantonnements, growls et gémissements de la voix et de la flûte captent l’attention. Sur Lost de Wayne Shorter, on retrouve d’abord le climat du thème enregistré en 1965 par son compositeur sur l’album « The Soothsayer » puis trompette, piano et flûte génèrent une atmosphère évanescente propice à libérer leurs improvisations. Un moment savoureux et créatif.

Après un dialogue ubuesque entre trompette et flûte stimulées par la batterie et les interrogations itératives du piano, il faut attendre les dernières mesures du morceau pour reconnaître le thème Yes or No de Wayne Shorter. Un suspens musical amusant et étonnant.

On se laisse ensuite emporter dans l’univers de Lelola, la seule composition de Magic Malik figurant sur l’album. Après le chant envoutant d’un début étiré, le thème s’envole sur les ailes de la flûte hypnotisante et sur le rythme funambule qu’impulsent contrebasse et batterie. Le piano libère des envolées indisciplinées que la flûte survole avec aplomb et virtuosité avant de retrouver la trompette éloquente qui se confronte à la voix. Un grand moment de libr’impo !

L’album se termine avec You are too Beautiful, la splendide ballade de Rodgers and Hart qui sert d’écrin à la trompette au phrasé audacieux. Après un chorus lumineux du piano, le chant subtil de la flute virevolte avec légèreté.

Avec ses propres codes, Magic Malik apporte un regard très personnel sur quelques standards dont il respecte l’essence traditionnelle mais auxquels des improvisations audacieuses et très libres apportent une fraîcheur revigorante. Point d’académisme chez les musiciens du quintet Jazz Association. A sa manière, Magic Malik croise les fils du passé avec ceux du présent et tisse un jazz porteur de renouvellement. Un opus qui revisite un répertoire issu du Real Book avec maîtrise et liberté, un groove d’enfer et une originalité loin de tout clonage. A écouter sans modération !

Pour retrouver Magic Malik & Jazz Association en concert, plusieurs RV se profilent. Le 31 mai 2019 à 23h et 0h30 dans les Caves des Unelles au festival « Jazz sous les pommiers » à Coutances puis le 17 juillet 2019 au Festival Radio France à Montpellier. Sans oublier le 11 juin 2019 à partir de 20h30 au Studio de l’Ermitage à Paris. A l’occasion de la troisième édition de la soirée MoneyJungle de jazz&people, le label de jazz participatif français propose un double plateau avec le flûtiste Magic Malik & Jazz Association précédés en première partie par le groupe Awake qui présente la musique de son album « Aubes et Crépuscules » sorti en février 2019.

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