Clin d’œil jazz à Michel Legrand

Clin d’œil jazz à Michel Legrand

Ses compositions inspirent le jazz

Le pianiste, compositeur et arrangeur Michel Legrand est mort le 26 janvier à l’âge de 86 ans. Les enregistrements et de nombreux témoignages disent combien il a aimé, pratiqué et enregistré ce versus de la musique appelée jazz. Par ailleurs ses talents de compositeur et d’arrangeur furent tels que beaucoup de ses compositions ont été interprétées par les artistes du jazz.

Cet humble clin d’oeil jazz vaut hommage respectueux des « Latins de Jazz » à ce talentueux artiste.

Michel Legrand a embrassé la musique dans toutes ses dimensions. Sa curiosité musicale insatiable l’a conduit du classique d’abord étudié au CNSP notamment sous la direction de Nadia Boulanger. aux comédies musicales en passant par le jazz et les musiques de film pour finalement revenir à la musique classique.

Du classique au jazz

En 1942, à l’âge de 10 ans Michel Legrand entre au Conservatoire National Supérieur de Paris où il étudie le piano et la composition. En 1948, il découvre le jazz après un concert de Dizzy Gillespie. Il se sent alors sans doute trop à l’étroit dans le monde de la musique classique et choisit de vivre du music-hall dans un premier temps pour gagner sa vie. Dans ce contexte, il découvre les USA en 1959 lors d’une tournée avec Maurice Chevalier dont il était alors directeur musical.

Couverture de l'album I Love Paris de Michel Legrand and his OrchestraDans le même temps il était orchestrateur au sein de la compagnie Philips qui le charge de réaliser un disque d’ambiance aux USA. C’est ainsi qu’en 1954 il enregistre seize titres consacrés à Paris avec un grand orchestre sur un album intitulé « I Love Paris » dont la pochette avec sa photo plutôt caricaturale, ne reflète en rien la fluidité et la musicalité de la musique proposée sur les seize morceaux parmi lesquels I Love Paris, Les Feuilles Mortes, April in Paris, Paris Canaille, A Paris, La vie en Rose, Sous les Ponts de Paris.

Après ce disque d’ambiance qui fait un tabac outre-Atlantique, la firme Columbia permet à Michel Legrand d’enregistrer l’album « Legrand Jazz -Michel Legrand And His Orchestra Featuring Miles Davis » publié chez Columbia en 1958Couverture de l'album Legrand-Jazz enregistré par Michel Legrand et enregistré en trois séances à New-York avec quelques-unes des plus grandes sommités du jazz de l’époque. Michel Legrand a arrangé l’ensemble des compositions et dirigé l’orchestre.

Parmi les musiciens des trois sessions on peut citer de manière non exhaustive Hank Jones, Art Farmer, Donald Byrd, Ben Webster Teo Macero, George Duvivier, Major Holley mais aussi Bill Evans (piano), Phil Woods (saxophone alto), John Coltrane (saxophone ténor), Jerome Richardson (saxophone baryton), Miles Davis (trompette), Herbie Mann (flute), Eddie Costa (vibraphone), Barry Galbraith (guitare), Betty Glamann (harpe), Paul Chambers (contrebasse), Kenny Dennis (batterie) qui interprètent Django, la composition de John Lewis dirigée par Michel Legrand et enregistrée le 25 juin 1958.

Du jazz à la musique de film

De retour à Paris Michel Legrand continue à composer, à accompagner des artistes comme Dario Moréno, Zizi Jeanmaire, Claude Nougaro pour lequel il compose et arrange les musiques de son premier album. Il enregistre aussi avec des orchestres à cordes mais durant les années 60 il découvre une nouvelle voie qu’il va explorer avec succès, celle de la musique de film. Il compose alors pour de nombreux réalisateurs parmi lesquels Jean-Luc Godard mais très vite il unit son talent à celui du réalisateur et metteur en scène Jacques Demy avec lequel il va fonder un tandem gagnant. Ainsi Michel Legrand va écrire les partitions des musiques « Lola » (1961), « Les Parapluies de Cherbourg » (1964), « Les Demoiselles de Rochefort » (1967), Peau d’âne (1970) et « Trois places pour le 26 » (1988). Ces BO ont connu un succès international et certains titres ont été repris par de nombreux artistes de tous bords.

The Windmills Of Your Mind

Le succès de Michel Legrand dans le domaine de la musique de film continue avec celle qu’il compose pour « L’Affaire Thomas Crown » (1968). Il obtient d’ailleurs à l’occasion l’Oscar de la meilleure chanson originale pour The Windmills of Your Mind. Cette magnifique musique va inspirer nombre d’artistes de jazz

Parmi eux le trompettiste Dizzy Gillespie enregistre le titre sur l’album « Cornucopia » (Solid State Records) sorti en 1970.

The Windmills Of Your Mind a aussi inspiré la chanteuse Abbey Lincoln qui chante le titre sur l’album « Over the Years » (Verve/Gitanes Jazz Productions). Elle est entourée de Joe Lovano au saxophone ténor et de Brandon McCune (piano), John Ormond (basse), Jaz Sawyer (batterie).

What Are You Doing the Rest of Your Life?

En 1969 Michel Legrand compose What Are You Doing the Rest of Your Life ? pour la bande originale du film de Richard Brooks “The Happy Ending”. Ce thème a lui aussi inspiré de nombreux hommes et femmes de l’univers jazz. La composition a d’ailleurs obtenu en 1973 un Grammy Award avec la version chantée de Sarah Vaughan en 1972 sur l’album « Sarah Vaughan ‎– Orchestra » (Mainstream Records) arrangé et dirigé par Michel Legrand.

What Are You Doing the Rest of Your Life? a irrigué le répertoire du pianiste Bill Evans qui l’a enregistré en trio en 1974 avec Eddie Gomez (contrebasse) et Marty Morell (batterie) à Camp Fortune à Ottawa (Canada). Le titre a été publié en 1991 sur l’album « Blue in Green - The Concert in Canada  » (Milestones Records).

En 1972 Michel Legrand reçoit l’Oscar de la meilleure musique de film sorti en 1971, “Un été 42” et en 1984 lui revient une troisième statue dorée avec l’Oscar de la meilleure adaptation musicale pour la musique du film de Barbra Streisand « Yentl ».

Jazz, musique de film, comédie musicale et retour au classique

Revenu en France, Michel Legrand continue ensuite ses collaborations avec le cinéma puis se lance dans l’écriture d’une comédie musicale qui prend la forme d’un opéra bouffe « Le Passe-Muraille » en 1997 mais son intérêt pour le jazz ne faiblit pas. Il continue en effet à le pratiquer sur les scènes internationales de jazz comme pianiste comme sur la version tonique de sa composition Watch What Happens au Festival de Montréal en 2001 avec le trio du saxophoniste Phil Woods qui réunit Eric Lagace (basse) et Ray Brinker (batterie).

En 2013 Michel Legrand publie et tourne sur scène « Entre elle et lui » avec la soprano Nathalie Dessay. En 2017, est sorti le premier enregistrement d’œuvres classiques composées par Michel Legrand, deux Concertos enregistrés avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France, dirigé par son directeur musical, le chef finlandais Mikko Franck. Un concerto pour piano qu’il interprète lui-même et un concerto pour violoncelle joué par Henri Demarquette.

En janvier 2018 il a écrit en un mois une heure quarante de musique pour « The Other Side of the Wind/De l’autre côté du vent », un film inachevé d’Orson Welles (1915-1985), ce qui porte à son crédit rien moins que 180 musiques de films.

Michel Legrand a laissé son empreinte sur tous les univers qu’il a explorés avec talent et succès. Sur l’album « Mare Nostrum III » (ACT/PIAS) sorti le 25 janvier 2019, Paolo Fresu (trompette), Richard Galliano (accordéon) et Jan Lundgren (piano) ont enregistré une magnifique version de The Windmills of Your Mind, comme un hommage rendu avec lyrisme et mélancolie à Michel Legrand disparu le 26 janvier 2019.

« La Dolce Vita » selon Stefano Di Battista

« La Dolce Vita » selon Stefano Di Battista

Trois ans après « Morricone Stories » dédié à Ennio Morricone, le saxophoniste italien Stefano Di Battista est de retour avec « La Dolce Vita », un nouveau projet ancré dans la culture populaire de son pays. En quintet, il fait résonner sous un nouveau jour douze chansons italiennes emblématiques de l’âge d’or de l’Italie. L’album navigue entre ferveur et nostalgie.

lire plus
« Mères Océans » de Christophe Panzani

« Mères Océans » de Christophe Panzani

Christophe Panzani présente son nouveau projet, « Mères Océans ». Le saxophoniste présente une musique intime où alternent douceur et puissance, acoustique et électronique. Les émotions subtiles sont portées par des mélodies de rêve. Un poème musical intimé dédié à sa mère disparue.

lire plus
Jazz à Vienne 2024 – La programmation

Jazz à Vienne 2024 – La programmation

Pour sa 43ème édition, du 27 juin au 12 juillet 2024 avec une soirée supplémentaire le 16 juillet, le festival, Jazz à Vienne propose 16 jours de concerts. Le célèbre les 20 ans de la disparition de Claude Nougaro, avec « NewʼGaro », une création hommage, en collaboration avec d’autres festivals. Vingt-huit nationalités seront présentes avec un focus européen sur la Suisse et Stracho Temelkovski en artiste associé. Pour plus de la moitié des artistes le Théâtre Antique constituera une première. Une programmation ouverte à tous les publics… à découvrir avec gourmandise.

lire plus
Share This