En Bourgogne du Sud, du 17 au 24 août 2024, le festival « Jazz Campus en Clunisois » donne rendez-vous à un large public pour vivre au rythme du jazz et des musiques improvisées. Fidèle aux valeurs de ses origines, le festival demeure toujours aussi vivace et ancré dans ses racines. Dans des lieux patrimoniaux de Cluny et du Clunisois, il propose un large panorama de la diversité d’expressions que recouvre le mot jazz aujourd’hui, cette musique ouverte, généreuse, libre et créative. En perspective, de nombreuses émotions à partager dans la bonne humeur.
Retour de Sébastien Texier & Christophe Marguet 4tet
« We Celebrate Freedom Fighters ! »
Trois ans après « For Travellers Only », Sébastien Texier & Christophe Marguet reviennent avec leur deuxième album, « We Celebrate Freedom Fighters ! ». Avec Manu Codjia et François Thuillier, ils célèbrent des combattants qui ont lutté pour la liberté. Un hommage musical rendu à ces femmes et hommes engagés contre toute forme d’obscurantisme, de discrimination, d’exclusion et d’injustice. En cette période perturbée, cet hymne à la liberté résonne avec une grande force.
Sur leur nouvel album « We Celebrate Freedom Fighters ! », le saxophoniste et clarinettiste Sébastien Texier et le batteur Christophe Marguet reviennent avec leurs fidèles compagnons, le guitariste Manu Codjia et le tubiste François Thuiller. Après un voyage imaginaire proposé en 2018 sur « For Travellers Only » (Cristal/Sony Music Entertainment), le quartet invite cette fois à célébrer dix « Freedom Fighters », cinq femmes et cinq hommes qui se sont distingués pour leur engagement et leur lutte pour la liberté.
Deux compositeurs et un quartet
Le programme de « We Celebrate Freedom Fighters ! » (Cristal Records/Believe) sorti le 30 avril 2021, rend hommage au courage et à la dignité de dix fortes personnalités.

Sébastien Texier & Christophe Marguet 4tet©Jérôme-Prebois
Dix combattants engagés contre l’esclavagisme, le fascisme, la ségrégation raciale, pour la liberté d’expression, la défense des droits de l’homme, des femmes, le droit à l’avortement, combat contre l’asservissement au travail, pour les peuples premiers, pour la vérité : Claudia Andujar, Aimé Césaire, l’inconnu de Tian’anmen, Louis Coquillet, Gisèle Halimi, Rosa Parks, James Baldwin, Sitting Bull, Olympe de Gouges et Simone Adolphine Weil.
Pour raconter et exprimer la force et l’engagement de ces héros, le répertoire intégralement composé par Sébastien Texier & Christophe Marguet conserve les couleurs singulières déjà appréciées sur « For Travellers Only », le premier album du quartet.
Sur « We Celebrate Freedom Fighters ! » la clarinette et l’alto s’envolent, la batterie donne le rythme et caractérise les atmosphères, la guitare brille par ses chorus expressifs et le tuba insuffle son énergie.
Au fil des combats
Quatre compositions de Sébastien Texier et cinq autre de Christophe Marguet célèbrent les soldats de la Liberté.
Sur un riff du tuba débute Yanomami’s Dance dédié à la photographe brésilienne Claudia Andujar (née en 1931) qui, depuis les années 1970, voue sa vie à la photographie et à la défense des Yanomami, peuple amérindien de l’Amazonie brésilienne. Sur un rythme soutenu, alto et guitare déroulent le thème puis l’alto densifie son expression et élève ses phrases sinueuses auquel répond un chorus atmosphérique et fluide de la guitare. La dynamique rythmique rappelant les battements des tambours indiens s’allège durant le solo enchanteur du tuba.
Le répertoire continue avec Aime ces airs, un pamphlet musical joyeux dédié à Aimé Césaire. Sur un rythme de calypso, alto et guitare chantent en hommage à l’inventeur du concept de la négritude qui prône l’identité noire et sa culture. Après un chorus glorieux du tuba et un court solo de batterie, le quartet invite à suivre la parade derrière lui. Dédicacé à l’Inconnu de Tian’Anmen posté seul devant les chars de l’armée chinoise venus réprimer le mouvement du peuple chinois, Elégie résonne comme une complainte recueillie. Les solistes font succéder leurs chants poignants et sobres.
Plus tard, le ton change du tout au tout avec le blues funky tout droit inspiré des années 70 et intitulé Another Country. Cet hommage à l’écrivain James Baldwin (1924-1987) engagé aux États-Unis dans le mouvement contre le racisme et pour les droits civiques et réfugié en France à Saint-Paul de Vence. La guitare fulmine d’étincelles de révolte et l’incandescent alto le rejoint alors que le tuba explose de colère sur un tempo groovy. P’tit Louis célèbre ensuite Louis Coquillet (1921-1942), le cheminot communiste parisien fusillé par l’occupant nazi. La clarinette à la sonorité de velours illumine le morceau de sa virtuosité mélancolique alors que la guitare se fait plus incisive, comme pour signifier l’engagement du résistant.
C’est sur un bruissement de cymbales que débute Liberté farouche dédié à Gisèle Halimi (1927-2020), infatigable combattante pour la cause des femmes et le droit à l’avortement. Empreinte d’une tendresse nostalgique, la ballade étire le chant de l’alto et les pleurs de la guitare.
Pour honorer la mémoire de Rosa Parks (1913-2005), égérie non violente du mouvement national de défense des droits civiques, Serenade for Rosa se charge de délicatesse et d’émotions. Alto et guitare conjuguent leur sensibilité musicale et offrent une interprétation dont les nuances enchantent. Avec Tatanka Iyotake, le quartet adopte un langage plus tourmenté qui témoigne de la vigueur de Sitting Bull (1831-1890), le fameux chef de tribu et médecin sioux qui demeure une des principales figures de la résistance amérindienne face à l’armée américaine au 19ème siècle et qui a défait le général Custer à la célèbre bataille de Little Big Horn. Le jeu orageux de l’alto et la guitare enflammée chevauchent le tempo débridé impulsé par le tuba et la batterie qui évoquent les charges musclées des combattants.
Avec L’insoumise à mort, le quartet fait ensuite une révérence musicale à Olympe de Gouges (1748-1793) qui a revendiqué la liberté de la femme, soutenu mouvement de défense des droits de la femme et payé son combat de sa vie sur l’échafaud. Alto et tuba lui élèvent une douce prière qui, avec le solo de guitare se transforme en un manifeste énergique. Le répertoire se poursuit avec L’obsession de la vérité dont la relative pesanteur restitue l’engagement politique dont n’a eu cesse la philosophe Simone Weil (1909-1943) dans son combat contre tous les totalitarismes. Alors que le battement incessant des baguettes sur les cymbales évoque la persévérance inouïe de cette combattante humaniste, la mélodie lumineuse jouée par l’alto et la guitare caressante laisse entrevoir une lumière d’espérance.
L’album se termine avec Freedom Fighters, véritable dédicace à tous les combattants de la liberté. Un vent musical organique souffle sur cet hymne groovy qui balance entre spleen et blues.
Section rythmique redoutable d’efficacité, solistes lyriques et inspirés, interprétation riche en nuances, tout concourt à sublimer un propos dont la force narrative est indéniable. Sébastien Texier & Christophe Marguet honorent avec Manu Codjia et François Thuillier, les combattants de la liberté. Une musique lumineuse qui glorifie la lutte pour la liberté, invite à ne pas oublier celles et ceux qui ont combattu pour elle et engage à poursuivre leur combat.
Jazz Campus en Clunisois 2024 – La Programmation
« La Dolce Vita » selon Stefano Di Battista
Trois ans après « Morricone Stories » dédié à Ennio Morricone, le saxophoniste italien Stefano Di Battista est de retour avec « La Dolce Vita », un nouveau projet ancré dans la culture populaire de son pays. En quintet, il fait résonner sous un nouveau jour douze chansons italiennes emblématiques de l’âge d’or de l’Italie. L’album navigue entre ferveur et nostalgie.
« Mères Océans » de Christophe Panzani
Christophe Panzani présente son nouveau projet, « Mères Océans ». Le saxophoniste présente une musique intime où alternent douceur et puissance, acoustique et électronique. Les émotions subtiles sont portées par des mélodies de rêve. Un poème musical intimé dédié à sa mère disparue.





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Depuis 1981 où le public de Jazz à Vienne l’a découvert aux côtés de Herbie Hancock, Ron Carter et Tony Williams, on compte plus le nombre de fois où le trompettiste Wynton Marsalis a embouché sa trompette sur la scène principale de Jazz à Vienne. À bientôt 59 ans, il continue à porter haut le flambeau de la musique qu’il défend tout autour du globe et ce soir là, face aux gradins du Théâtre de Vienne et à Notre Dame de Pipet, il est annoncé avec son légendaire Jazz at Lincoln Center Orchestra.
Virtuose du clavier, le pianiste
Après
Après














Certes le titre pourrait paraître paradoxal pour un batteur, mais Edward Perraud n’est pas seulement un batteur. Le musicien est aussi rêveur et inventeur car il faut l’être pour vouloir libérer la musique, tenter de l’extraire de la temporalité, imaginer « d’arrêter le temps, figer l’espace », de « partir, de s’échapper en restant vivant ». Un peu comme s’il envisageait la musique comme une monture à chevaucher pour s’évader « N’importe où ! n’importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde ! » comme l’écrivait Charles Baudelaire dans « Petits poèmes en prose, Les paradis artificiels ».