Stefano Di Battista crée l’évènement avec « Morricone Stories »

Stefano Di Battista crée l’évènement avec « Morricone Stories »

Lyrisme, flamboyance et virtuosité

​Le saxophoniste Stefano Di Battista revient sur le devant de la scène avec « Morricone Stories », un projet dédié à son compatriote Ennio Morricone. En quartet, il rend hommage à l’un des plus grands auteurs de musiques de film. L’opus propose quelques thèmes devenus légendaires et d’autres plus confidentiels, avec, en prime, une composition inédite que le Maestro Morricone a offert à Stefano di Battista. Avec talent, l’altiste s’empare des thèmes du compositeur et les restitue avec lyrisme, flamboyance et virtuosité.

visuel de l'album Morricone Stories de Stefano Di BattistaDans la liste des hommages à Ennio Morricone, après « Play Morricone 1 » (2001) et « Play Morricone 2 » (2002) enregistrés par Enrico Pieranunzi avec Joey Baron et Marc Johnson, après  la compilation « Morricone Segreto » (Decca/Cam Sugar) et « More Morricone » (Bonsaï Music/L’Autre Distribution/Idol) de Ferrucio Spinetti et Giovanni Ceccarelli parus en 2020, c’est au tour du saxophoniste alto Stefano Di Battista de saluer en 2021 la mémoire du grand compositeur et arrangeur Ennio Morricone disparu le 6 juillet 2020. Pour son projet « Morricone Stories » à sortir le 02 avril 2021 chez Warner Music, l’altiste a réuni André Ceccarelli à la batterie, Fred Nardin au piano et Daniele Sorrentino à la contrebasse.

Avec ce groupe de haute volée, il réinterprète de célèbres thèmes gravés dans l’inconscient collectif, comme ceux des films de Sergio Leone mais aussi d’autres moins connus (Veruschka, La cosa buffa…) du compositeur Ennio Morricone (1928-2020). L’album recèle aussi un thème inédit intitulé Flora, offert par le Maestro au saxophoniste, en hommage à sa fille.

« Morricone Stories », une plongée délicieuse au cœur de la musique du Maestro Ennio Morricone.

Stefano Di Battista

De Rome à Paris

Parmi ses influences, le saxophoniste romain Stefano Di Battista compte entre autres musiciens, les altistes Art Pepper et Cannonball Adderley. Après sa rencontre avec le saxophoniste alto Massimo Urbani (1957-1993) qui devient son mentor, il s’oriente vers le jazz. Il s’installe ensuite à Paris et participe aux groupes du batteur Aldo Romano puis, avec Flavio Boltro (trompette, bugle) il intègre l’Orchestre National de Jazz sous la direction du chef d’orchestre Laurent Cugny (1994-1997).

De nombreux albums

S’il joue beaucoup en France, il conserve alors aussi des liens étroits avec la communauté jazz italienne et enregistre avec nombre de ses compatriotes parmi lesquels entre autres, le trompettiste Enrico Rava (1996), la pianiste Rita Marcotulli sur « The Woman Next Door » (1998), le saxophoniste Daniele Scannapieco (2003) et le contrebassiste Dario Rosciglione (2004).

Après avoir enregistré avec Flavio Boltro « Volare » sorti en 1997 chez Label Bleu, il grave ensuite plusieurs albums chez Blue Note, « A Prima vista » (1998 ), « Stefano Di Battista » (2000), « Round About Roma » (2002) avec à ses côtés, le pianiste Belge Éric Legnini, le batteur français André Ceccarelli et le bassiste italien Rosario Bonaccorso, accompagnés par un orchestre symphonique dirigé par Vince Mendoza puis enregistre Parker’s Mood (2004), en hommage à Charlie Parker et « Trouble Shootin’ » (2007) avec Fabrizio Bosso à la trompette et Baptiste Trotignon à l’orgue Hammond.

Après « La Musica di Noi » (2010) et Woman’s Land (2011) parus sur le label italien Alice Records, il enregistre « Giù la Testa » (2014) avec le guitariste Sylvain Luc et poursuit sa collaboration avec la chanteuse Nicky Nicolai sur « Mille bolle blu » sorti la même année chez Jando Music. C’est aussi avec elle et l’écrivain Erri De Luca qu’il grave « La Musica Insieme », un projet à la frontière entre littérature napolitaine et performance musicale.

En 2021, Stefano Di Battista revient avec « Morricone Stories », un album hommage à Ennio Morricone, avec qui il a travaillé. Sur cet album annoncé pour le 02 avril 2021, le saxophoniste revisite des thèmes d’Ennio Morricone à la tête d’un quartet qui réunit le batteur André Ceccarelli, le pianiste Fred Nardin et le contrebassiste Daniele Sorrentino. Avec eux, Stefano Di Battista transporte la musique de Morricone dans un nouveau monde musical, celui du jazz, c’est à dire un monde bien éloigné de celui des bandes originales.

Douze Morricone Stories

Le résultat est sidérant, les thèmes d’Ennio Morricone résonnent comme des standards de jazz. Une réussite absolue !

En ouverture, le quartet fait virevolter la musique du thème Cosa avete Fallo a Solange ? du film éponyme de Massimo Dallamo (1972). Sur la ligne mélodique ondulatoire, l’on perçoit d’emblée combien le saxophoniste fait preuve d’une maîtrise absolue de la sonorité de son soprano. Le climat change du tout au tout avec le thème du même nom que Peur sur la ville, le film de 1975 d’Henri Verneuil. Stefano Di Battista siffle avec justesse inouïe puis s’envole au soprano où il exprime fureur et crainte. Le quartet restitue à merveille la tension cinématographique et l’angoisse que fait régner le tueur psychopathe poursuivi par Bébel;

En l’interprétant comme une ballade romantique, le quartet conserve à La Cosa Buffa les couleurs sonores nostalgiques de la B.O. originale du film italien d’Aldo Lado de 1974. Le lyrisme du soprano fait merveille. C’est ensuite sur un tempo de latin jazz que le groupe interprète Veruschka, un des thèmes du film éponyme de Franco Rubartelli de 1971. Avec une fluidité et une fougue sans pareilles, l’alto déploie des fulgurances qui ne sont pas sans évoquer celles d’Art Pepper, après quoi le piano développe un solo souple et chatoyant d’un charme infini. L’album se poursuit avec Deborah’s Theme. Sur ce thème de la B.O. du film « Il était une fois en Amérique » (1984) de Sergio Leone, le coulé du phrasé de l’alto possède la douceur des envolées des violons.

Plus loin, sur Metti, una sera a cena, l’alto et le piano déroulent une ligne mélodique qui fonce à grande vitesse et fait swinguer un des thèmes de la BO du film « Metti, una sera a cena » (1969) de Giuseppe Patroni Griffi. C’est ensuite d’une douce mélancolie aux accents bucoliques que piano et soprano teintent le thème Apertura della Caccia de la BO du film « 1900 » de Bernado Bertolucci sorti en 1976. Changement de climat avec l’interprétation du thème Il grande silencio où l’alto éploré se pare de flamboyance. Porté par les accents percussifs du piano et une section rythmique étonnante de précision, le saxophone restitue les chevauchées des chasseurs de prime qui traquent les paysans et bûcherons devenus hors-la-loi dans le western de Sergio Corbucci « Le Grand Silence » (1968).

Flora se distingue des autres titres de l’album. En effet, cette courte ballade a été composée par Ennio Morricone et offerte à Stefano Di Battista qui la dédiée à sa fille. Les envolées célestes du soprano sont évocatrices d’une douce tendresse. Avec La donna della domenica, les musiciens sont de retour dans l’univers des B.O. de films, en l’occurence celle de « La Femme du dimanche » (1975) de Luigi Comencini. La ligne mélodique est métamorphosée par les césures et les éclats étincelants du soprano.

Sur Gabriel’s oboe, le soprano élève son souffle tout aussi bien que le faisait le hautbois qui jouait sur la B.O. de « Mission » (1986) de Roland Joffé. Trois minutes trente d’une grâce musicale absolue.

L’album se termine avec une version écarlate de The Good,the Bad and the Ugly. En effet, l’alto s’embrase et sa sonorité rutilante embrase de volutes de jazz modal un des thèmes de la B.O. du film de Sergio Leone « Le Bon, la Brute et le Truand » sorti en 1966. Peut-être plus encore que dans la version originale, perçoit-on dans cette interprétation, l’audace de l’écriture d’Ennio Morricone.

Avec « Morricone Stories », Stefano Di Battista rend un hommage inspiré au grand compositeur Ennio Morricone. A la tête de son quartet il colore de flamboyance et de lyrisme les musiques du « Maestro ».

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