Echo#1-Jazz à Vienne 2019

Echo#1-Jazz à Vienne 2019

Nostalgie délicate et flamboyante polyrythmie

Dans cet Echo#1-Jazz à Vienne 2019, Cuba est à l’honneur. La soirée  du 08 juillet 2019 de Jazz à Vienne avec Omar Sosa et Yilian Canizares puis Chucho Valdès Quintet a tenu toutes ses promesses. Le public est reparti comblé par cette soirée qui a fait alterner avec bonheur, poésie et nostalgie avec flamboyance et polyrythmie.

Omar Sosa et Yilian Canizares ont ouvert la soirée que Chucho Valdès a cterminée en quintet. Le pianiste a offert un court hommage à Roy Hargrove en invitant le trompettiste louisianais Terence Blanchard.

Omar Sosa et Yilian Canizares

Omar Sosa le 08 juillet 2019, Echo#1-Jazz à Vienne 2019

Omar Sosa

Le pianiste Omar Sosa et la chanteuse/violoniste Yilian Canizares se produisent ensemble pour la première fois sur la scène du Théâtre Antique. Ils sont accompagnés par le percussionniste Gustavo Ovalles. Ils interprètent le répertoire de l’album « Aguas » (MDC/PIAS) sorti en octobre 2018. La musique qu’ils proposent est dédiée à l’eau, ce que rappelle le filet d’eau qui se déverse sur scène dans un seau rouge.

Yilian Canizares le 08 juillet 2019, Echo#1-Jazz à Vienne 2019

Yilian Canizares

Empreinte de poésie et de spiritualité (la chanteuse évoque à plusieurs reprises Oshun, la déesse de l’Amour et Maîtresse des Rivières dans la santería), la prestation du trio n’en oublie pas pour autant la dimension rythmique. En effet, à plusieurs reprises, Omar Sosa et Yilian Canizares partagent de festifs pas de danse sous le regard amusé et bienveillant de Gustavo Ovalles dont les prestations éblouissantes déclenchent des applaudissements fournis de la part du public.

Durant le premier set de la soirée, le piano poétique d’Omar Sosa, le violon et la voix nostalgique d’Yilian Canizares et les percussions magiques de Gustavo Ovalles ont offert une musique sensible située aux confluences du jazz et des musiques afro-cubaines. Un moment ressourçant délicat où les trois musiciens ont évoqué avec nostalgie leur amour pour leur pays. Une musique généreuse dont les atmosphères sereines dégagent de douces émotions et un sentiment de paix et de fraternité.

Chucho Valdès Quintet et Terence Blanchard

Chucho Valdès, Echo#1-Jazz à Vienne 2019

Chucho Valdès

C’est dans une forme éblouissante et en quintet que le pianiste cubain Chucho Valdès est de retour sur la scène du Théâtre Antique. Sa nouvelle venue mobilise toujours un public fort attaché à cette figure essentielle du jazz cubain.

Au programme, sont annoncés, un répertoire qui reprend « Jazz Batá 2 » (Mack Avenue/PIAS), le dernier album du pianiste sorti en novembre 2018 et un hommage au trompettiste Roy Hargrove disparu en novembre 2018 et avec lequel Chucho Valdès avait enregistré l’album « Habana » (1997) dans le cadre du projet Crisol porté par le trompettiste.

Un autre hommage surprise est offert au public de Jazz Vienne. En effet en cours de soirée, Chucho Valdès développe en solo un superbe hommage au pianiste Michel Legrand disparu le 26 janvier 2019. Entre puissance et délicatesse le maître propose un moment de jazz où poésie et nostalgie se côtoient.

Dreiser Durruthy Bombalé, Echo#1-Jazz à Vienne 2019

Dreiser Durruthy Bombalé

Percussif et lyrique, volubile et effervescent, Chucho Valdès dirige avec son habituelle autorité bienveillante le déroulement du set placé sous le signe de la polyrythmie. A ses côtés on retrouve le joueur de tambour batá Dreiser Durruthy Bombalé qui pose sa voix si singulière sur la musique. Avec lui, le contrebassiste Yelsy Heredia et les percussionnistes Yaroldy Abreu Robles (avec qui le leader joue depuis vingt ans) et Abraham Mansfarroll constituent une section rythmique puissante. Tous quatre servent le rythme et permettent au pianiste de mettre en avant plus encore la dimension percussive de son piano.

En effet les trois percussionnistes croisent leurs rythmes au service des mélodies que le pianiste inscrit sur les harmonies soutenues par la contrebasse. Omniprésente, cette dernière s’implique avec ferveur aux climats polyrythmiques effervescents que tissent les percussionnistes. Ces musiciens émérites donnent aux différentes percussions, y compris les plus petites, un réel statut d’instrument et permettent au public de saisir leur importance dans la structure de la musique de Chucho Valdès.

Le public réagit avec chaleur à la musique charpentée et moderne qui s’appuie sur les fondamentaux rythmiques cubains. Sur scène et dans les gradins, la fièvre monte alors que sur le clavier, les doigts du maître virevoltent de touche en touche. Ébouriffant d’énergie et d’inventivité, Chucho Valdès fait décoller le vaisseau Steinway que le maître fait sonner comme jamais. Le groupe réserve même au public une surprise au public avec un tango plus conquérant que nostalgique que le pianiste truffe de citations. Le morceau permet d’apprécier la complicité du leader avec son contrebassiste. Sur Ochum (en hommage à l’orisha Ochún), la contrebasse exécute un chorus renversant de puissance qui transforme ce gospel au climat bluesy en un merengue dansant.

Après le superbe hommage que le maître cubain a rendu à Michel Legrand le groupe rejoint son leader qui engage le quintet dans un morceau complexe et syncopé qui hésite entre habanera, salsa, rumba et son. Le pianiste pilote et stimule ses rythmiciens dans des imbroglios rythmiques exaltés et syncopés où la basse électrique a remplacé la contrebasse. Tous s’en donnent à cœur joie au sein d’une polyrythmie volubile qui comble le public, l’étourdit et l’immerge dans une descarga (jam cubaine) enivrante où tous les musiciens enchaînent leurs improvisations sans discontinuer.

Terence Blanchard, Echo#1-Jazz à Vienne 2019

Terence Blanchard

Le trompettiste louisianais Terence Blanchard rejoint le quintet en fin de set pour rendre hommage à Roy Hargrove qui s’était produit une dernière fois à Jazz à Vienne, le 12 juillet 2018 lors d’un superbe prestation. Après un mambo très lent en guise de mise en lèvres, Terence Blanchard délivre l’essence de son art entre retenue, souplesse et vélocité. Après un très lent cha cha cha il donne toute sa puissance sur un troisième morceau. Le set se termine après ce trop court hommage à Roy Hargrove dont Terence Blanchard a su évoquer la sensibilité.

Le piano de Chucho Valdès et la contrebasse de Yelsy Heredia ont assumé avec force la dimension percussive de leur instrument et participé au climat polyrythmique flamboyant impulsé par les percussionnistes Yaroldy Abreu, Dreiser Durruthy et Abraham Mansfarroll. Encore une fois la musique de Chucho Valdès a conquis les spectateurs enthousiastes de Jazz à Vienne comblés par un rappel généreux du groupe.

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Echo#3-Nuits de Fourvière 2019

Echo#3-Nuits de Fourvière 2019

Dans le Salon de Musique de Vincent Segal

Ami de longue date des Nuits de Fourvière, le violoncelliste Vincent Segal a rêvé tenir un salon de musique à l’Odéon. Le festival a exaucé ce vœu et intégré un nouveau concept dans sa programmation… « Les Salons de Musique des Nuits ». Ainsi, le 23 juin 2019, au théâtre de l’Odéon, le public a rejoint Vincent Segal et ses invités dans son Salon de Musique. La soirée est aussi l’occasion de célébrer les 15 ans du Label Nø Førmat! Liberté et complicité ont présidé au déroulement de cette soirée à la fois intime et festive.

Cet Echo#3-Nuits de Fourvière 2019 fait un clin d’œil à la soirée inaugurale des « Salons de Musique des Nuits de Fourvière ».

Le violoncelliste Vincent SegalLe violoncelliste Vincent Segal dans Echo#3-Nuits de Fourvière 2019 a tenu son Salon de Musique le 23 juin 2019, dans l’intimité du Théâtre de l’Odéon dont l’acoustique idéale a permis au public de saisir les moindres nuances de l’expression des musiciens invités. Après cette ouverture à l’Odéon, d’autres Salons de Musiques vont se tenir Salle Molière et le cycle 2019 va se terminer dans la Grande Salle de l’Opéra de Lyon avec Vinicio Capossela .

La soirée du 23 juin 2019 célèbre aussi les 15 ans du label Nø Førmat! Son directeur et fondateur Laurent Bizot pratique un travail qui confine à l’artisanat, bien loin de celui des grandes majors. Il cultive le défrichage des talents et prospecte en direction de musiques atypiques et inventives. Vincent Segal fait partie des artistes signés chez Nø Førmat ainsi que plusieurs de ses invités, Ballaké Sissoko, Piers Faccini et Gérald Toto.

Quid du Salon de Musique de Vincent Segal ?

Avant même l’arrivée des artistes sur la scène de l’Odéon, le public découvre le décor du salon de Musique de Vincent Segal. Un ciel dégagé, quelques martinets, une douce atmosphère, des chaises, une sonorisation a minima, un canapé de bois, une table avec une bouteille de vin et quelques verres, un ensemble de percussions en fond de scène et en toile de fond la vue dégagée sur Lyon et le Mont Blanc qui se détache.

Premier invité, le public par l’affiche alléchée manifeste un calme bienveillant et attend avec curiosité le déroulement de cette soirée atypique. Dans l’assistance, des musiciens, des néophytes, des curieux, des inconditionnels de Vincent Segal venus de sa ville natale (Reims) pour l’écouter de nouveau. Sur les gradins et le proscénium, l’ambiance est chaleureuse et conviviale, à l’image d’ailleurs de ce que sera cette soirée.

C’est Richard Robert (conseiller artistique musiques et responsable des productions) lui-même qui vient ouvrir la soirée. Avec son humour habituel, ce fin connaisseur musical reprécise le concept de la soirée. Carte blanche à Vincent Segal qui dans le cadre intime de son salon va convier quelques amis musiciens à échanger en toute liberté et sans limite de temps… peut-être jusqu’au bout de la nuit !Echo#3-Nuits de Fourvière 2019, le salon de musique de Vincent Segal

Le maître de céans arrive ensuite accompagné de ses invités. Côté jardin, ses fidèles complices de scène Ballaké Sissoko (kora) et Piers Faccini (chant, guitare) ainsi que Gérald Toto (voix, guitare), tous signés chez Nø Førmat! Côté cour, les deux complices du label ACT, le saxophoniste Émile Parisien et l’accordéoniste Vincent Peirani avec lesquels Vincent Segal n’a jamais joué. Un peu en arrière la percussionniste Lucie Antunes dont on découvrira qu’elle a fréquenté le Conservatoire National Supérieur de Lyon au même titre que Vincent Segal … mais avec quelques années d’écart, ce qui n’est en rien un obstacle à leur collaboration.

Pour Vincent Segal, un salon de musique ce serait « une fête idéale où les uns et les autres ne se connaissent pas tous »…. Il précise aussi que la soirée n’a été précédée d’aucune répétition, juste des échanges, des propositions, « ils ont travaillé intérieurement ». et la musique va leur permettre de faire connaissance. On a bien compris, Vincent Segal donne le tempo, propose, suggère et ses invités saisissent et croisent librement les notes, le tout dans une ambiance détendue de confiance absolue.

Début de soirée, les musiciens font connaissance

La soirée débute avec un duo kora/violoncelle où Vincent Segal et Ballaké Sissoko reprennent le morceau qu’ils ont joué pour la première fois. Les confidences musicales du duo transportent tout de suite le public dans leur univers intime, quelque part sous un arbre, la nuit. Vincent Segal invite ensuite Vincent Peirani à se joindre au duo que le violoncelliste entame avec le guitariste et chanteur Piers Faccini, son ami depuis de trente ans. Très vite la magie opère et la plainte de l’accordéon résonne avec celle de la voix et du violoncelle.

Kora et violoncelle cheminent ensuite aux côtés de la guitare et de la voix de Gerald Toto qui libère son imaginaire en un chant sensible et fragile. La mélopée inspire le soprano qui mêle son souffle venu d’orient et croise les notes de la kora.

Après trente minutes de musique, Vincent Segal perçoit, tout comme le public, cette proximité qui s’installe entre les musiciens et il en profite pour proposer un exercice périlleux à Émile Parisien. « Avec Lucie on va venir, tu commences libre avec ce que tu veux et tu dois nous emmener à Naples. Quand on est à Naples on va commencer les percussions et là …. ». Le surdoué du saxophone n’en est pas à son premier défi. La petite mélodie du soprano s’étoffe et la musique s’évade dans le sud de l’Italie, les percussions invitent à danser, la voix de Piers Faccini s’élève et avec eux le public déambule dans les rues de la cité napolitaine.

La partie est gagnée, l’esprit de la fête est bien là. Les invités ont fait connaissance, la soirée peut continuer. Captivé par les propos musicaux, le public adhère sans retenue et s’immerge dans l’ambiance conviviale du Salon de Musique de Vincent Segal.

Après la convivialité, les confidences

Les musiciens continuent à converser. Un blues entamé par Piers Faccini rallie tous les musiciens qui le rejoignent sur les chemins de l’Alabama. Vincent Peirani y va d’un chorus inspiré sur son melodica. La spontanéité est de mise et Gerald Toto, prend le relai vite suivi par l’ensemble des musiciens. L’accordéon se fait percussion, la kora et le soprano improvisent, le violoncelle soutient le rythme et vient le temps d’un petit verre de vin alors que l’accordéon entonne le « petit vin blanc ».

Du canapé où il s’est installé, le maître de la soirée donne le top au duo Parisien/Peirani qui ne se fait pas prier et entame un Temptation rag d’anthologie. Suspendu au souffle des deux instruments, le public suit le duo dans ses délires improvisés et ses fausses fins et leur réserve une superbe ovation.

Après avoir soulevé l’enthousiasme du public, les invités du Salon de Musique en viennent aux confidences. Les cordes de la kora et du violoncelle guident la musique dans les rues d’une cité africaine au soleil couchant. Le soprano-muezzin double le chant du violoncelle, la kora égrène son chant interrogatif auquel répond l’accordéon.

Une fin de soirée sérieuse et riche en émotions

Vient alors le moment des « choses sérieuses ». Ballaké Sissoko que Vincent Segal nomme le « Maître de la Nuit », élève sur la kora un solo magique dans la nuit étoilée. Variations rythmiques et envolées lyriques arrêtent la fuite du temps.

Dans le silence de la nuit, la percussionniste Lucie Antunes interprète en solo, Psappha de Iannis Xénakis. Quatre mailloches varient rythmes et timbres sur congas, bongos, cloches, claves, cymbales, grosse caisse, tambour. Entre martèlements métalliques, battements violents sur les peaux, frappes irrégulières ou brèves percussions boisées, s’invite le silence. La musique incantatoire fascine et conquiert tous les invités, sur scènes ou dans les gradins.

Difficile de relancer après une telle prestation. Vincent Segal engage donc un défi aux musiciens, jouer le plus piano possible tous ensemble… un beat a minima s’installe et ouvre l’espace à Piers Faccini et son délicat Black Rose. Violoncelle, kora et accordéon le rejoignent. L’émotion est à son comble mais il échoit à Emile Parisien et Vincent Peirani de continuer. Pour se faire, le soprano entame la composition de Sydney Bechet, Song of the Medina (Casbah), cheval de bataille habituel du duo rejoint par la kora et le violoncelle.

« Une fête ce sont des gens qui partent et des amis qui arrivent à l’improviste« …

Vincent Segal invite donc sur scène un musicien joueur de duduk rencontré récemment sur un festival et qui réside à Lyon. Un duo troublant s’établit entre les chants si proches du duduk et du soprano. Kora et violoncelle enchaînent ensuite un superbe morceau où transparaît une fois de plus la connivence des deux artistes.

« Avant de se retrouver sur les quais (!!!) » pour poursuivre la soirée, Vincent Segal conçoit de donner une fin officielle à la soirée avec « une tarentelle, un drop mandingue et un retour à la tarentelle« . Bien entendu la fièvre gagne le public autant que les musiciens tant et si bien que la musique se continue après cette fin qui n’en est pas vraiment une, car le voyage se poursuit en direction de La Réunion et plus encore…

Vincent Segal a gagné son pari. Dans son Salon de Musique, portée par les artistes durant presque trois heures, la musique de ses invités s’est avéré un sublime outil de communication. Pourvoyeuse d’images et d’émotions, elle a transcendé les différences, incité à la confiance, appelé aux confidences et redonné le goût du partage et l’envie de sourire.

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Echo#2-Nuits de Fourvière 2019

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Les Plutériens

En 2019, la collaboration se poursuit entre les Nuits de Fourvière et le Théâtre de la Renaissance d’Oullins avec la création d’un opéra-poème d’anticipation, « Les Plutériens ». Le 13 juin 2019, pour la première de cet opéra-poème d’anticipation, les gradins de la grande salle sont remplis. Installé dans la fusée avec les musiciens de l’ARFI, le chœur Spirito, Thérémine, Vélimir et Cantos pour une odyssée opératique en 3 actes, le public a vécu cette aventure avec un plaisir évident. De copieux applaudissements ont salué la réussite de ce projet ambitieux et réussi.

Cet Echo#2-Nuits de Fourvière 2019 revient sur la première représentation de l’opéra en trois actes pour orchestre, trois personnages principaux et chœur créé le 13 juin 2019 dans la grande salle du Théâtre de la Renaissance de la ville d’Oullins (69).

Sur un scénario digne d’une BD d’anticipation ou d’une fiction série B, va se nouer un drame surréaliste en trois actes. Dirigée par la capitaine, Thérémine, une fusée conduite par le pilote Vélimir décolle de la Terre pour échapper à une catastrophe. L’équipage est constitué des onze musiciens de la Marmite Infernale de l’ARFI et les huit choristes de Spirito.. En plus des humains, la navette intersidérale compte aussi un  ordinateur quantique du nom de Cantos. Ainsi se profile l’aventure de ces terriens voués à devenir « Les Plutériens ».

En quarante ans, la bande des musiciens de la planète Arfi ont déjà intégré jazz, ciné-concert et théâtre musical dans la marmite de leur Folklore Imaginaire. Avec « Les Plutériens », la Marmite Infernale (grand orchestre de l’ARFI) ajoute la forme « opéra » à ses références. Si cet opéra-poème d’anticipation conserve la structure classique de l’opéra, il n’en reste pas moins que l’ADN de l’ARFI demeure inchangé. L’écriture musicale collective et la forme de l’œuvre s’inscrivent dans l’identité profonde des arfiens (ou arfistes au choix )

Sur un livret original de Charles Pennequin et avec une mise en scène de Guillaume Bailliart, l’ARFI a monté avec l’ensemble Spirito un opéra qui flirte avec jazz, du rock, musique contemporaine et improvisation. En trois actes, les musiciens, le chœur et les trois personnages principaux narrent une odyssée intergalacticosidérale sidérante dont la trame narrative convoque chez le spectateur des flashes de souvenirs qui regardent en direction de Kubrick via l’ordinateur quantique Cantos,.

Acte I

Dans la Marmite Cosmique alternent moments de tension et d’apaisement entre les pensées et les interrogations des humains et les circuits saturés de l’ordi. Mots et notes se croisent et interagissent. A la musique d’un big band jazz libéré, la partition intègre bruitisme et explosions. Les paroles jaillissent, sont remâchées, ressassées, mélangées, renversées, déversées de manière plutôt obsessionnelle mais pas forcément toujours captés d’emblée par tous les passagers de la salle qui se laissent pourtant pénétrer par le discours et porter par l’histoire.

Acte II

Quand survient l’Amour, l’épopée sidérale se complique. Tout se mélange, pensées et pulsions, ode gouroutique et fitness quantique menés par Cantos et soutenus par les percussions alors que le chœur/équipage vêtu de combinaisons bleues et de casques sombres danse dos à la salle. Tel un orgasme musical, la musique enfle alors que les corps de Thérémine et Vélimir exultent dans le module de jonction.

Sur scène, dans la cabine, les arfiens en combinaison orange décompressent au cours d’un épisode où tous se souviennent des bouillabaisses, pizzas et autres souvenirs de mets terrestres pour mieux oublier les rations si peu appétissantes qui leur sont proposées. Les « blagues de vieux » fusent en même temps que rires et exclamations joyeuses. Après un freetime délirant des musiciens et du chœur, le drame se profile avec le retour des deux personnages principaux.

Acte III

Les années ont passé. Après l’amour vient le temps de l’Émancipation. Perruques et casques tombent, tout se délite. Thérémine prend une décision radicale et abat Vélimir d’une balle dont on suit la course au ralenti (…!). Après un requiem joué par violon et contrebasse autour du pilote que veille Thérémine, le corps du défunt s’en va dans l’espace (des escaliers) où il chante.

Advient alors le triomphe de Cantos qui prend la parole et part dans un délire épique. Pour finir l’ordinateur choisit d’avoir « chaud à en crever »… la marmite intersidérale pénètre le soleil. Les Plutériens finissent poussières d’étoiles alors que plus loin dans l’espace, Thérémine observe cette fin fatale, bouteilles d’oxygène sur le dos.

Sur scène, portée par les voix et les instruments, l’univers devient marmite infernale au son d’une musique qui prend aux accents évocateurs des ambiances de Magma.

Ainsi se termine une belle journée … pour la pensée et malgré la vermine ! Quid de la vie ? La question reste posée après le spectacle au déroulement très fluide et maîtrisé par l’ensemble des acteurs/chanteurs/musiciens.

Au terme de trois années de travail, l’opéra-poème d’anticipation « Les Plutériens » a reçu un accueil chaleureux, soutenu et bien mérité de la part des spectateurs qui n’ont pas boudé leur plaisir. Certes, le spectacle ne laisse pas indifférent et le public ne ressort pas indemne de ce voyage intergalactico-musical. A la sortie de la salle l’on se demande si l’on est toujours terrien ou devenu plutérien. Dans les couloirs puis dans la rue la question demeure en suspens. L’un.e fait choix de se taire, l’autre erre ou bien se terre. De facto, on est devenu plus-que-terrien et ça, ce n’est pas rien, c’est de toute manière plus que rien et l’on n’en dira rien de plus.

Pour savoir en quoi l’aventure des Plutériens peut contribuer à augmenter la vison du terrien, une solution existe… courir à Oullins au Théâtre de la Renaissance pour les deux autres représentations à venir de cet opéra, les 14 et 15 juin 2019 dans le cadre des Nuits de Fourvière 2019.

 
Thérémine / Marie Nachury - Vélimir / Antoine Läng - Cantos / rôle partagé :Xavier Garcia, Martin Barré, Elvire Tapie, Coline Galeazzi                     

La Marmite Infernale (Grand orchestre Arfi) : Michel Boiton (batterie, percussions), Jean Bolcato (contrebasse), Olivier Bost (trombone, guitare), Clémence Cognet (violon), Xavier Garcia (sampler, traitements, laptop), Christophe Gauvert (contrebasse, basse electrique), Clément Gibert (sax alto, clarinettes), Christophe Girard (accordéon), Guillaume Grenard (trompette, tuba), Christian Rollet (batterie, percussions), Guy Villerd (saxophone)

Spirito : Camille Grimaud, Nathalie Morazin (sopranos) Caroline Adoumbou, Landy Andriamboavonjy, Isabelle Deproit, Célia Heulle, Hélène Peronnet, Laura Tejeda-Martin (altos)

Guillaume Bailliart : mise en scène - Romain Nicolas & Christian Rollet : dramaturgie - Gaspard Gauthier : lumières : Thierry Cousin : son –  Martin Barré : régie générale Elvire Tapie : plateau  - Coline Galeazzi : costumes - Charles Pennequin : livret - Nicole Corti : préparation du chœur

Promenade dans « Le Jardin des Rêves » du quintet Oni Giri

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Echo#3-Nuits de Fourvière 2019

Echo#1-Nuits de Fourvière 2019

Sarah Lenka - Biréli Lagrène

L’affiche du 12 juin 2019 des Nuits de Fourvière promet du jazz. Après la chanteuse Sarah Lenka, Biréli Lagène est de retour à Fourvière. En trio avec le contrebassiste Chris Minh Doky et le percussionniste Mino Cinélu, le guitariste produit un concert enchanteur qui déclenche l’enthousiasme d’un public conquis.

Cet Echo#1-Nuits de Fourvière 2019 revient sur cette soirée du 12 juin 2019.

Les spectateurs venus nombreux au théâtre de l’Odéon se réjouissent du temps clément qui se profile. Dans le ciel quelques nuages gris s’effilochent, le soleil brille sur la ville de Lyon, la lune est déjà dans le ciel… place au jazz !

Sara Lenkah

Pour sa première venue au festival des Nuits de Fourvière, la chanteuse française défend et présente quelques titres de son dernier opus, « Women’s Legacy » dont le répertoire rend hommage aux femmes esclaves afro-américaines des prisons agricoles des États-Unis.

Après un précédent album consacré à Bessie Smith, Sarah Lenka tente cette fois de se réapproprier l’héritage complexe et douloureux de ces femmes dont les droits étaient bafoués.

Pour se faire, elle se présente en quintet avec à ses côtés le guitariste Taofik Farah, le contrebassiste Géraud Portal, le batteur Yoann Serra et aux claviers Cong Minh Pham. De sa voix singulière, nasillarde et éraillée, Sarah Lenka propose un set aux teintes folk-country-blues. Après le chant de résistance Ain’t Gonna Let Nobody-Turn Me Around qui s’élève comme prière sur un tempo très lent, elle enchaîne avec Be So Blind puis Last Kind Word. Son chant enfle, se fait plus intense et confine au cri sur Trouble So Hard qu’avait interprété en son temps Vera Hall.

Sur le chant de travail Black Betty, la batterie martèle une pulsation qui laisse percevoir la charge physique et mentale qui pesait sur ces femmes opprimées par l’esclavage. Le set se termine avec Riding in a Buggy qu’avait aussi chanté Vera Hall.

Dans un tel contexte mémoriel, on était en droit d’attendre un set empreint de profondeur et de mélancolie. Il n’en fut rien. En effet Sarah Lenka a certes chanté avec grande conviction mais elle a surtout consacré beaucoup d’énergie pour conquérir et soulever le public de Fourvière. Un morceau supplémentaire aurait été préférable à ses harangues engageant le public à « f….. le bordel » et à allumer les lampes des téléphones pour « se souvenir de ces femmes qui se sont battues ».

Biréli Lagrène

Pour le deuxième concert de présentation de son album « Storyteller », le guitariste Biréli Lagrène arrive sur scène le sourire aux lèvres accompagné du percussionniste Mino Cinelu, présent sur le disque et du solide et inventif contrebassiste new-yorkais Chris Minh Doky.

Le set débute de fort belle manière avec One Take suivi de Wave pris sur un tempo rapide et souple. La sonorité acoustique très claire de la guitare est soutenue par les percussions exubérantes et la solide contrebasse. Une grande complicité se dégage du trio dont les échanges se déroulent avec beaucoup de fluidité.

Derrière une désinvolture affichée, Biréli Lagrène développe des fulgurances éblouissantes qui éclatent de mille feux et déclenchent des applaudissements spontanés sur les gradins. Le guitariste dit son plaisir retrouver Fourvière après sa dernière venue en 2010 et exprime avec simplicité combien « le public a besoin de bonne musique et les musiciens d’un bon public » et affirme fort justement que « ce soir l’harmonie est présente ».

Biréli Lagrène se montre à son meilleur niveau. On ne se lasse pas de la virtuosité qu’il développe avec une joyeuse énergie mais sans esbroufe. Dans son jeu alternent lyrisme, délicatesse et élégance. Il utilise les pédales d’effets pour faire varier les ambiances et stimuler l’inventivité de ses compagnons de scène. Mino Cinelu alterne entre batterie et percussions sur lesquelles il s’exprime avec un enthousiasme non feint. Il s’amuse comme un fou, donne de la voix sur Storyteller où son chant semble convoquer les esprits de ses ancêtres. Il parvient presqu’à déclencher le souffle de la tempête sur le cajon…

Après une version samba du standard jazz On The Green Dolphin Street, le trio propose Freedom Jazz Dance qui se teinte d’électricité et évoque des ambiances redevables à un certain Miles Davis avec lequel Mino Cinelu a joué. Les spectateurs délaissent les gradins et gagnent le proscénium pour se rapprocher des musiciens. Le concert se termine en beauté avec le légendaire Sunny de Bobby Hebb tant de fois repris (Stevie Wonder, Franck Sinatra, Wes Montgomery, George Benson, …).

Biréli Lagrène, Mino Cinelu et Chris Minh Doky ont embarqué la musique et le public dans un concert enchanteur dont même les étoiles ont pu profiter. Le guitariste ne se contente pas d’être un virtuose, il continue à réinventer son jeu toujours riche de nuances et de surprises.

Promenade dans « Le Jardin des Rêves » du quintet Oni Giri

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Le concert solaire de Camille Bertault à Ecully

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Loin de tous les codes, un chant passionné

Le 12 avril 2019 marque la première venue de la chanteuse Camille Bertault sur une scène de la métropole lyonnaise. Elle présente son projet « Pas de Géant » au Centre Culturel d’Ecully. Au regard du succès hexagonal et international de l’artiste, l’évènement est de taille, pourtant point de rush du public. Conquis par une artiste passionnée qui ne manque pas d’air et se joue de tous les codes, les spectateurs présents se sont loués d’être venus et sont repartis enchantés.

On ne cesse au fil des ans de se questionner quant à la volatilité du public de jazz à Lyon (d’ailleurs, on se demande s’il existe vraiment) et à son suivisme peu raisonné qui les entraîne vers ce qui est déjà vu, connu et porté par la vague. Souvent mobilisés par des artistes surexposés qui font le buzz, les amateurs de jazz ont pourtant la mémoire courte car ils ont vite oublié le flot d’intérêt fort justifié qu’ont provoqué en 2015 les exploits de Camille Bertault partagés sur les réseaux sociaux lorsqu’elle reprenait le chorus de John Coltrane sur Giant Steps et enthousiasmait par ses scats ébouriffants.

Une affluence relative au premier concert de Camille Bertault dans la région lyonnaise est sans doute à relier avec le début des congés scolaires mais cela procède peut-être aussi d’un réel manque de curiosité. A moins que cela ne témoigne d’une faible inclinaison du public à quitter les scènes en vue, les sentiers fléchés et des routes balisées du jazz or ce sont sur ces terrains non formatés que la chanteuse Camille Bertault et son quartet s’aventurent  avec brio.

Camille Bertault à Ecully

Camille Bertault Quartet à Ecully le 12 avril 2019Le 12 avril 2019 sur la scène du Centre Culturel d’Ecully, la chanteuse Camille Bertault est entourée d’un trio qui réagit à la moindre de ses incartades vocales. En effet, le pianiste Fady Farah, le contrebassiste Christophe Minck et le batteur Donald Kontomanou pratiquent un accompagnement sur-mesure qu’on pourrait même qualifier d’accompagnement haute-couture.

Les trois musiciens pratiquent une écoute et une réactivité de chaque instant lesquelles alliées à leur virtuosité et leur sens aigu du tempo leur permettent de suivre les déambulations acrobates de la chanteuse. Cette dernière leur accorde un très large espace d’expression tout au long du set ce qui permet au public de prendre la mesure de leurs talents. Le pianiste virtuose et lyrique diversifie les nuances de son jeu au fil des morceaux. Le contrebassiste (et bassiste électrique sur un titre) assure un soutien solide que renforce le tempo infaillible d’un batteur rôdé à toutes les rythmiques.

Le répertoire

En une heure, le quartet enchaîne onze titres et un rappel. Un répertoire éclectique qui mêle avec bonheur et fantaisie chanson française, reprises de jazz et compositions de la chanteuse. Avec humour Camille Bertault présente chaque titre et permet ainsi au public de saisir la multiplicité de ses inspirations. Solaire elle s’investit dans sa musique qu’elle habite avec conviction et conserve ce brin de spontanéité qui rend les artistes si humains.

La chanteuse Camille Bertault à Ecully, photo de Didier MartinezAprès Nouvelle York, Camille Bertault interprète un medley en référence aux compositeurs qui l’ont inspirée. Goldberg-Arbre Ravéologique-Satièsque, un exercice périlleux qui mêle scats vertigineux et textes inspirés. Suit une révérence à Georges Brassens avec une version coquine de Je me suis fait tout petit puis le quartet propose sa version de Comment te dire adieu, qui a valu le succès à Françoise Hardy dans les années 60. L’interprétation de la Camille Bertault met autant en valeur la partie musicale de Goland que les paroles de Gainsbourg avec des parenthèses parler-chanter tout à fait dans l’esprit de l’auteur. Après Certes qui évoque les grandes vérités de la vue ordinaire, vient le moment désaltérant et enivrant du concert.

Le trio et la chanteuse entament une version peu conventionnelle du fameux Je Bois. La composition d’Alain Goraguer inspire à la chanteuse une explosion vocale susceptible de faire éclater le cristal des verres préalablement vidés. Quant aux paroles de Boris Vian, elles suscitent chez Camille Bertault une chorégraphie élégante qui la voit déambuler et tituber sur scène. Le public enivré par sa prestation l’accompagne d’une totale empathie lorsqu’elle tombe à terre et retient même ses applaudissements comme sidéré par sa chute. « Une première » confesse la chanteuse habituée à se relever plus vite, car en général la chute et l’arrêt de la musique donnent le signal des vivats… mais à Ecully, le public reste coi devant cette simulation réaliste de l’ivresse. Un p’tit verre n’aurait d’ailleurs pas été de refus pour trinquer avec elle !

La chanteuse Camille Bertault à Ecully, photo de Didier MartinezCamille Bertault a posé des paroles en Portugais sur House of Jade de Wayne Shorter dont le titre devient Casa de Jade. Elle rend ainsi hommage au compositeur et au Brésil. Accompagnée par le batteur devenu percussionniste délicat, la voix souple et caressante esquisse un climat éthéré. Seule au piano, la chanteuse enchaîne avec Tantôt qui évoque toutes les personnalités susceptibles d’habiter tout un chacun. Une délicieuse escapade comme un clin d’œil espiègle de la chanteuse aux différents états d’âme qui peuvent l’assaillir.

Par ses paroles, Entre les deux immeubles convoque le phénomène de la création à partir de la vue que perçoit la chanteuse assise au quinzième étage derrière le clavier de son piano. Affres fascinantes de l’inspiration que dessinent les quatre artistes, entre nuages obscurs et soleil inspirant. Sur Winter in Aspremont le piano lyrique et très expressif dialogue avec la voix dans un chorus sensible où il enjambe les intervalles et les caresse. La voix lui répond, glisse, se rattrape, remonte et se suspend entre les portées où elle étire le fil d’une intense mélancolie. Un superbe moment d’émotion que cette berceuse écrite par la chanteuse pour les adolescents.

Pour terminer le concert, le quartet propose sa version de Giant Steps renommé par la chanteuse Là où tu vas. Les paroles qu’elle a écrites retracent les évènements des deux dernières années qui lui ont fait franchir ce fameux « Pas de Géant », titre de son deuxième album et du projet qui tourne depuis deux ans sur les scènes du monde entier. Une interprétation éblouissante et totalement maîtrisée. En rappel, Camille propose une courte version échevelée de Forró brasil que son auteur Hermeto Pascoal ne renierait pas.

La chanteuse s’amuse et se joue des codes

Dire de Camille Bertault qu’elle est chanteuse ne peut suffire à la définir. Certes elle pratique la musique via ses cordes vocales et sa respiration mais surtout la chanteuse joue avec la musique. Non contente de cela, telle une actrice, elle met en scène les textes des chansons qu’elle interprète, avec son visage, son sourire, ses bras et son corps tout entier. Ainsi théâtralisée, la scène devient vraiment son terrain de jeu, dans le sens ludique du terme, car à n’en pas douter, queue de cheval en bataille, la chanteuse muse et s’amuse avec la musique, jubile et prend un plaisir visible à se jouer de tous les codes, au risque de surprendre les tenants d’un jazz conventionnel.

Avec la légèreté d’un papillon la voix de Camille Bertault échappe à la gravitation, s’élève dans les hautes sphères et redescend, se pose puis semblable à une abeille butine les notes dont elle extrait la substantifique sève pour la transformer en des scats fulgurants. Avec aisance, elle change de tempo sans transition, pratique des écarts vertigineux avec une agilité peu commune. Sa diction précise permet de savourer la teneur des textes. Dans son chant se télescopent syncopes, glissandos, murmures, décalages et breaks abrupts.

Avec une grande conviction Camille Bertault a offert à Ecully un concert dont la teneur maîtrisée a convaincu un public venu la découvrir. Solaire et sans esbroufe, la chanteuse très bien accompagnée développe un art qui emprunte sa liberté au jazz mais puise dans la force de la poésie et la fantaisie d’une théâtralité charmante. Loin de tous les formats, Camille Bertault pratique un chant passionné et passionnant.

Un grand merci à Didier Martinez et Jazz-Rhone-Alpes.com pour les clichés de Camille Bertault.
Promenade dans « Le Jardin des Rêves » du quintet Oni Giri

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Jeremy Pelt triomphe au Hot Club de Lyon

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Un jazz moderne pétri dans le groove

Le dimanche 07 avril 2019, le public se presse dans la cave pleine à craquer du Hot Club de Lyon pour la dernière soirée du « Hot Club Jazz Festival ». En quintet, trompettiste Jeremy Pelt a déclenché l’enthousiasme nourri des spectateurs conquis par son univers moderne pétri dans le groove. Un jazz post bop sans concession et sans cliché mais non sans références.

S’il fait partie de l’élite du jazz new-yorkais, le trompettiste américain Jeremy Pelt n’en néglige pas moins l’Europe où il tourne régulièrement. Il a visiblement craqué sur la cave du Hot-Club de Lyon où il revient le dimanche 07 avril 2019 pour la clôture « Hot Club Jazz Festival ».Quintet de Jeremy Pelt au Hot Club de Lyon le 07 avril 2019

La cave est pleine à craquer quand Jeremy Pelt monte sur scène accompagné par Chien Chien Lu (vibraphone) dont il s’agit de la première venue en Europe, Victor Gould (piano), Richie Goods (contrebasse) et Allan Mednard (batterie). D’un bout à l’autre de la soirée, le leader a posé sur ses compagnons et sur le public son regard attentif et bienveillant.

Deux sets, deux facettes

Avant de débuter le premier set, le leader apporte des précisions quant au projet présenté. Le quintet va exposer les cinq parties de la « Suite Rodin », une suite musicale gravée sur l’album « The Artist » sorti en 2018 et inspirée à Jeremy Pelt par le travail du sculpteur français Auguste Rodin.

Tels des plasticiens dynamiques, le quintet façonne les cinq pièces jouées en hommage à Rodin et propose un jazz contemporain très riche qui sculpte la matière sonore avec exubérance ou délicatesse selon les pièces, Appel aux armes, Dignity and Despair (Bourgeois de Calais), Sol Tace (La Porte de l’Enfer), Camille Claudel (L’éternel printemps) et Epilogue en point d’orgue.

Un univers musical contemporain aux climats contrastés dont la richesse enchante le public.

Le second set permet d’apprécier une facette artistique différente du quintet avec d’autres titres de l’album, Water Colors, Feito, dédié au peintre espagnol Luis Feito, As of Now mais aussi While You Are Gone, composé par le saxophoniste Lucky Thompson. C’est l’occasion pour les spectateurs d’accéder à un autre  aspect de l’expression du quintet.

Un jazz post bop à l’expression conventionnelle où se côtoient groove urbain et ballade délicate, climat survolté et mélancolie bleutée.

Impressions de concert

Entre énergie et délicatesse, la musique développe un savant alliage de puissance et de souplesse. Une écoute constante règne parmi les musiciens en interaction permanente.

Ardente et nuancée, la section rythmique fait preuve d’une réactivité de chaque instant. Les solides lignes de basse de la contrebasse s’allient avec le drumming féroce de la batterie pour stimuler les solistes et propulser leurs chorus. La frappe précise et légère des mailloches sur les lames du vibraphone font alterner sonorités éthérées, perles réverbérées et notes cristallines lumineuses qui rivalisent de force avec celles du piano qui enjambe les harmonies avec fluidité.

Chaque morceau est pour le trompettiste l’occasion de démontrer l’étendue de son talent. Avec aisance, Jeremy Pelt joue sans démonstration et son discours évite les clichés. Redevable autant à Woody Shaw qu’à Freddie Hubbard ou Wynton Marsalis, il inscrit son jazz dans la mouvance post bop. Glissandos subtils, notes choisies et posées avec soin, accentuations toniques, souffle puissant. Avec ou sans sourdine, la trompette densifie le climat jusqu’au paroxysme ou tempère ses ardeurs et allège l’ambiance. Jeremy Pelt s’exprime entre ombre et lumière, entre mélodies évanescentes et propos ardents.

Au final, le jazz vitaminé et moderne du quintet de Jeremy Pelt a captivé et stimulé l’imagination du public de la même manière que les sculptures de Rodin ont fasciné le trompettiste compositeur et les musiciens. Les spectateurs visiblement comblés ont manifesté leur enthousiasme pour un concert dont les oscillations rythmiques, les riches trames harmoniques et les chorus inspirés ont permis d’apprécier un jazz enflammé où groove et délicatesse coexistent avec bonheur.

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