Echo#3-Jazz à Vienne 2021

Echo#3-Jazz à Vienne 2021

Soirée Cuba

Tous les éléments étaient au rendez-vous pour que la soirée Cuba de la 40ème édition du festival Jazz à Vienne soit une réussite. Après la musique rutilante du sextet mené par le bassiste et chanteur Richard Bona & le pianiste Alfredo Rogridez, la star cubaine Roberto n’a pas été en reste et a offert au public une prestation généreuse. La présence à ses côtés d’Omara Portuondo a insufflé un brin de tendre nostalgie à un set fort dynamique au demeurant.

Cet Echo#3-Jazz à Vienne 2021 se souvient de la soirée « Cuba » du 02 juillet 2021 dont le double plateau a tenu toutes ses promesses.

Le set éclatant de Richard Bona & Alfredo Rogridez

Si le premier, natif du Cameroun (1967), avait été repéré par Joe Zawinul qui en avait fait le bassiste de Syndicate, le second, originaire de La Havane (1985) avait séduit Quincy Jones. Les routes du bassiste et du pianiste se sont ensuite croisées au fil des ans et leurs collaborations sont nombreuses sur scène et même en studio où Richard Bona rejoint Alfredo Rodriguez pour graver avec lui la ballade Raices sur son album « Tocororo ».Echo#3-Jazz à Vienne 2021_Richard Bona & Alfredo Rodriguez

Annoncés en trio, Richard Bona et Alfredo Rodriguez se présentent finalement en sextet pour leur premier concert ensemble à Jazz à Vienne. A leurs côtés, le trompettiste Carlos Sarduy, le tromboniste Denis Cuni, le percussionniste Jose Montana et le batteur Ludwig Afonso.

Après un morceau introductif hyper dynamique, le sextet entame un morceau plus calme qui permet d’apprécier un chorus fort inspiré du tromboniste. Après une introduction magistrale du percussionniste, le groupe propose un morceau sur lequel le pianiste fait montre d’une grande virtuosité puis un dialogue complice s’établit entre le piano et la basse véloce. Les palmas sont de la partie et la musique se poursuit avec bonheur dans un idiome qui se promène entre classique et flamenco.

Après une introduction de la trompette bouchée, la voix de Richard Bona s’élève au-dessus de sa basse ronflante et chante Bilingo dont les accents évoquent autant les musiques de l’Afrique que celles de Cuba. Les cuivres s’en donnent à cœur joie et après un chorus de la main droite seule sur le clavier, Alfredo Rodriguez entame un solo éblouissant. Les yeux fermés, il joue debout et chante en même temps que les notes déferlent sur le clavier. La rythmique tellurique stimule le trombone dont l’intervention soulève des tonnerres d’applaudissements. L’atmosphère survoltée retombe un peu ensuite sur le morceau Raices (racines) présenté par Alfredo Rodriguez qui dit à l’occasion son plaisir d’être à Vienne dans « ce si bel endroit » et remercie le public. La ballade qu’il a composée pour Richard Bona se déroule dans un climat de douce sérénité entre piano, voix, basse, batterie effleurée aux balais et bugle.

La voix de Richard Bona entame le morceau suivant pendant que le public le soutient de ses battements de mains et très vite l’orchestre rejoint le bassiste pour un calypso ensoleillé. Après un chorus court mais endiablé du piano, le bassiste demande « où sont les danseurs de Vienne » et engage avec succès le public à chanter. L’ambiance monte encore d’un cran et tout le monde se lève sur les gradins et dans le parterre… (un instant durant, les consignes de distanciation sont oubliées).

Le set se poursuit avec un morceau aux accents africains. Le rythme s’accélère et les cuivres se donnent à fond. Après un break et quelques douceurs, une autre syncope entraîne le groupe sur le tempo d’enfer où percussions et batterie font le show. Encouragé par l’adhésion vibrante du public à la musique, Richard Bona lui propose de danser sur du makossa. Une fois encore tout le monde est debout et oscille au rythme de la musique chaleureuse et rutilante.

Le sextet sort de scène sous les applaudissements du public. Seuls reviennent le bassiste et le pianiste. Après avoir remercié le public et l’organisation qui les accueillent « toujours comme des rois », Richard Bona souhaite « calmer les esprits ». Pour gagner un pari qu’il a fait avec son partenaire, il se propose de chanter en espagnol. Le duo interprète alors une version très courte de la zamba Alfonsina y el mar. Le concert se termine ainsi dans une atmosphère adoucie.

Roberto Fonsaca invite Omara Portuando & Ben Wendel

Originaire de la Havane, Roberto Fonseca n’en est pas à son premier passage à Vienne où il est déjà venu en 2013, 2014 et 2017. Cette fois, le pianiste présente son propre projet entouré du bassiste et contrebassiste Yandy Martinez et du batteur Ruly Herrera. Costume trois pièces bleu, chemise et baskets de couleur blanche, pork pie hat sur la tête, le pianiste entre en scène, salue rapidement et s’installe au piano.

Après une courte intro basse/batterie, son toucher délicat enchante le clavier puis il se fait plus percussif et les notes perlent sous ses doigts alors que la section rythmique le stimule. On perçoit la très grande complicité qui règne entre les membres du trio qui interprète un premier morceau jazzy très nuancé.

Après avoir salué le public et présenté Yandy Martinez et Ruly Herrera, le pianiste appelle le saxophoniste Ben Wendel à les rejoindre pour interpréter avec eux Kachucha. Après une courte introduction, le saxophone entame un long chorus aux sonorités éraillées qui se déroule tel un fleuve sinueux puis le leader encourage le public à chanter. Par contre dès le début du morceau suivant, le pianiste engage la foule à ne point applaudir alors qu’en solo il expose la facette classique de ses influences musicales. Très vite il revient à son style habituel et sur son clavier, sa main gauche soutient avec vigueur sa main droite volubile. Petit clin d’œil à Chick Corea avec des échos d’Armando’s Rumba puis le pianiste invite basse et batterie à le rejoindre.

Après une introduction à l’archet, le groupe entame Besame Mucho. Un ange passe… toucher pointilliste, piano un rien romantique. Très concentré, le pianiste offre un chorus d’une absolue délicatesse sur un tempo étiré. Ces variations sur Besame Mucho constituent à n’en pas douter un moment essentiel du concert de Roberto Fonseca.

Ben Wendel rejoint de nouveau le groupe et le saxophoniste entame un dialogue moderne avec le piano. Poussé par l’énergique section rythmique, le saxophone ténor défie le pianiste alors sur son clavier électrique. Le match d’improvisation continue et après un chorus du saxophoniste qui propulse ses notes fulgurantes dans les aigus, c’est au tour du batteur de s’exprimer soutenu par le piano percussif. Le public manifeste avec ferveur son plaisir.

Après la sortie de scène du saxophoniste, Roberto Fonseca annonce la venue d’Omara Portuando à propos de laquelle il ne tarit pas d’éloges. Il quite ses claviers etr evient du fond de scène avec la chanteuse radieuse à son bras. Il l’aide à s’installer avant d’entamer El Negrito. De sa voix très timbrée et très ferme, la chanteuse semble s’amuser à dialoguer avec le piano très doux. Ben Wendel les rejoint et la chanteuse entame une ballade dont les trémolos sont chargés d’émotion. Le trio et la chanteuse interprètent ensuite La Ultima Noche. Après un chorus velouté et plein de tendresse du bassiste, Omara Portuando interpelle le public avec une belle vigueur, le visage visiblement irradié du bonheur de vivre ce moment musical.

Rappelé par le public qui scande le titre du morceau précédent, le trio revient et rejoint par le saxophoniste, Roberto Fonseca termine le set par Mambo pa la niña. Enchanté par l’ensemble de la prestation, le public termine la soirée debout et danse sans réserve jusqu’au bout de cette soirée Cuba fort réussie.

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