Riche en surprises, l’année 2024 a permis de découvrir de nouveaux talents et de se régaler de la musique d’artistes confirmés qui n’ont cesse de se renouveler. Quelques albums parus au second semestre interpellent et charment l’oreille. Elle se régale avec des CD à ne pas rater.
Jazz Campus en Clunisois 2018 – Letters to Marlene
Une poésie musicale sensible et puissante
La venue à Jazz Campus en Clunisois le 22 août 2018 de Guillaume de Chassy, Christophe Marguet et Andy Sheppard permet au public du festival d’écouter leur nouveau projet « Letters to Marlene ». Traversé par une force émotionnelle bouleversante, le public a accueilli avec chaleur ce projet ambitieux et réussi.
Après l’album « Letters to Marlene » paru le 09 mai 2018 sous le label NoMadMusic, le pianiste Guillaume de Chassy, le batteur Christophe Marguet et le saxophoniste Andy Sheppard sont invités le 22 août 2018 sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny. Avec un plaisir affiché, Didier Levallet annonce les trois musiciens venus présenter la version « live » de leur projet.
Lors de la sortie du disque, on a déjà apprécié « Letters to Marlene », cette « arme musicale porteuse d’espoir » qui allie puissance et sensibilité. Après le concert du trio, on est convaincu par la version scénique de la musique qui a aussi emporté l’adhésion du public.
« Letters to Marlene » sur scène
Des archives sonores intégrées à la trame musicale
Sur scène, le projet « Letters to Marlene » intègre de belle manière des archives sonores qui font plus encore résonner le sens du projet.
Elles enrichissent la trame musicale où se reflètent plus encore l’engagement de Marlene Dietrich, son refus du nazisme, son soutien vis à vis des forces alliées et la dimension humaine de cette artiste. En effet, la force et les émotions générées par les témoignages vocaux renforcent la perception de la lumière, de l’espoir et de l’énergie contenus dans la musique. Les voix d’Hitler, Churchill et de Gaulle glacent ou stimulent. Celles de Marlene Dietrich et de Jean Gabin contribuent à l’humaniser.
Un trio complice
D’emblée on est frappé par la proximité scénique des musiciens, reflet de leur extrême complicité musicale. De fait, ce sont bien trois musiciens qui interprètent les compositions de Christophe Marguet et Guillaume de Chassy mais chez eux point d’ego parasite, point de démonstration.
- Guillaume de Chassy
- Andy Sheppard
- Christophe Marguet
Tout au long du concert, leur écoute mutuelle génère de superbes interactions. Les expressions individuelles fusionnent et c’est bien de l’expression d’un trio dont il s’agit. Un trio où chacun est au service de l’autre, où le trait de l’un inspire la parole de l’autre et oriente son expression. Il en résulte une musique somptueuse et cohérente.
Un concert vibrant de nuances
Déroulé en trois époques, le répertoire capte l’attention du public qui vibre de bout en bout.
Au fil des thèmes, la soirée propose des moments chargés de joie, d’énergie, de rêve, de recueillement, d’espoir et de force. Entre fragilité et force la musique déroule des climats oniriques où vivent solitude et nostalgie. Elle développe aussi des moments furieux qui évoquent le combat et l’engagement. Elle fait affleurer le drame mais privilégie l’espoir.
Après la prière délicate élevée tout en souplesse à Lili Marleen le propos de la musique s’épaissit. Martiales, les troupes américaines débarquent sur America au découpage rythmique complexe.
Et in Terra Pax Hominibus Bonae Voluntatis ouvre sur le chant recueilli du saxophone puis les trois musiciens unissent leur voix pour tisser une sérénade lyrique. Sur Les Ardennes le saxophone se faufile parmi les tirs croisés de la batterie et du piano. Le climat d’abord intimiste du thème The Dress gagne ensuite en intensité.
A Dinner at Marlene’s Place développe un climat alerte et dense. La superbe composition de Christophe Marguet, Ein Koffer in Berlin, apparait comme un des moments-clés du concert. Dans la musique en expansion l’énergie croise la poésie, le lyrisme s’unit au silence qui convoque une poésie poignante. Sur Falling in Love Again les musiciens invitent sur scène le fantôme de Marlene à travers sa voix qu’ils accompagnent. Un moment bouleversant.
En rappel, Guillaume de Chassy, Christophe Marguet et Andy Sheppard offrent au public le climat sépia d’un Last Dance poignant de mélancolie.
Après un tel concert, le retour à la réalité est difficile mais demeurent de superbes souvenirs de « Letters to Marlene ». Le souffle poétique du saxophone ténor, le chant inspiré du soprano lyrique. Sur les cymbales et la batterie, la frappe puissante des baguettes, la rondeur des mailloches, la souplesse des mains, les tendres caresses des balais. Le « colorisme » joyeux, l’expression dramatique du piano et ses délicates envolées.
2024… CD à ne pas rater !
« Martial Solal : une vie à l’improviste » par Vincent Sorel
Le 10 octobre 2024, Vincent Sorel publie « Martial Solal : une vie à l’improviste », un roman graphique dédié à Martial Solal. Publié aux Editions du Layeur, ce superbe ouvrage rend hommage au célèbre pianiste décédé le 11 décembre 2024.
Le pianiste, compositeur et arrangeur Martial Solal est mort
Le 11 décembre 2024, le pianiste, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre Martial Solal est mort à l’âge de 97 ans. Le monde de la musique est en deuil et pleure la disparition de ce prodigieux artiste considéré comme un maître de l’improvisation. Son empreinte demeure à jamais inscrite dans l’univers du jazz français et international.













Aux côtés de Bem Gil, le set commence avec trois choristes, la fille aînée, la belle-fille et la petite-fille aînée du leader, la chanteuse italienne Chiara Civello, la Capverdienne Mayra Andrade, le chanteur et accordéoniste brésilien Mestrinho, la batteur Domenico Lancellotti, le bassiste Bruno Di Lullo, le percussionniste Thomas Harres, le trompettiste Mateus Aleluia Filho, et le saxophoniste et flutiste Thiagô Queiroz.


Manifestement Avishai Cohen prend grand plaisir à naviguer de la contrebasse, avec ou sans archet, à la basse électrique sans oublier des détours du côté de son clavier Roland. Du début à la fin du set il chante et croise la voix avec celle de Karen Malka (chant) et des autres protagonistes. Le répertoire restitue quelques titres de l’album auxquels s’ajoutent de nouveaux morceaux.
