Clin d’œil à Pierre Marcus & « Following the right way »

Clin d’œil à Pierre Marcus & « Following the right way »

Promenade musicale entre rencontres et hommages

Le contrebassiste Pierre Marcus poursuit son chemin et présente son troisième album, « Following the right way ». Non content de jouer avec Baptiste Herbin, Irving Acao, Simon Chivallon et Thomas Delor, figures marquantes de la scène jazz française actuelle, il leur adjoint des invités. L’album propose une promenade dont les jalons font écho à l’itinéraire personnel du leader. Le propos solide et fort actuel demeure enraciné dans la tradition. L’oreille ne s’y trompe pas et suit avec bonheur le contrebassiste sur la voie qu’il continue à tracer.

couverture de l'album Following the right way de Pierre MarcusAprès « Longue attente » sorti en 2015 chez Cosmopolite Records et « Pyrodance » paru Jazz Family en 2018, le contrebassiste et compositeur Pierre Marcus revient à la tête d’un quintet de haut vol, avec « Following the right way » (Jazz Family/Socadisc), sorti le 29 mai 2020.

L’album procure de belles émotions musicales. Un voyage dépaysant et bienvenu qui tombe à pic après un début d’année 2020 peu propice aux expéditions terrestres ou aériennes.

Sur « Following the right way », Pierre Marcus invite à le suivre au fil d’un itinéraire musical autobiographique entre bebop, hard bop, Grèce, Bulgarie, Afrique Centrale, Europe et Etats-Unis. Compositions originales alternent avec reprises de standards et arrangements d’une mélodie traditionnelle bulgare.

Les musiciens

A la tête d’un quintet talentueux qui réunit le pianiste Simon Chivallon et les fidèles Baptiste Herbin (saxophones alto et soprano), Irving Acao (saxophone ténor) et Thomas Delor (batterie), Pierre Marcus convie aussi des invités.

Le trompettiste Renaud Gensane les rejoint sur trois titres, Jeremy Hinnekens intervient au piano sur deux morceaux et le vibraphoniste Alexis Valet sur une plage. Sans oublier Aleksandar Dzhigov qui intervient avec sa gaida, sorte de cornemuse traditionnelle des Balkans, sur la seconde version de Bulgarian Time.

Le répertoire

Au fil de l’album alternent compositions inédites de Pierre Marcus, reprises de standards et arrangements d’une mélodie traditionnelle des Balkans.

Compositions originales

Outre celle qui donne son nom à l’album, Following the right way, les six compositions originales de Pierre Marus font écho à des jalons importants de la vie du leader.

Mister Chassagnite fait référence à François Chassagnite (1955-2011) qui fut son professeur et ami qui lui a transmis l’amour du jazz, African Brothers rend hommage à ses amis africains rencontrés lors de ses voyages au Congo Brazzaville et à Yaoundé au Cameroun, Misthios est écrit en mémoire à la Grèce et sa mythologie et Bye Bye Philou salue un certain Philou. La superbe ballade Marinonica rend en hommage à son amie Marie. Le titre fait allusion à la baronne de Pannonica , mélomane et mécène de musiciens de jazz new-yorkais des années 1950 et 1960 parmi lesquels comptent Monk et Parker.

Reprises de standards

Le contrebassiste a choisi trois standards qui font référence à certains de ses compositeurs et musiciens américains favoris.

Ainsi Bemsha swing de Thelonious Monk, Nostalgia in Time Square de Charlie Mingus) et Tricotism d’Oscar Pettiford s’inscrivent comme des étapes outre-Atlantique du voyage musical que propose Pierre Marcus.

Bulgarian time

Le répertoire débute et se termine avec Bulgarian Time, dont Pierre Marcus propose deux versions. Il s’agit de deux arrangements et interprétations de la mélodie traditionnelle bulgare Bogorovskiratchenik issue de la région de Dobritch où vit la famille de sa femme. L’album ouvre avec une version enflammée de Bulgarian time joué en quintet et se termine avec Bulgarian time traditional qui permet de découvrir la sonorité hypnotisante de la gaida d’Aleksander Dzhigov.

Impressions musicales

Les cinquante-cinq minutes de l’album permettent d’apprécier les couleurs diversifiées des onze étapes du voyage que propose l’album « Following the right way ». De bout en bout on est sous le charme des propos des interprètes qui rendent accessible la musique quelle que soit la complexité de sa structure. A travers les interactions des solistes on perçoit la complicité et l’écoute qui règnent entre les musiciens.

Puissante, grave ou chaleureuse la contrebasse de Pierre Marcus stimule ou apaise les échanges. Sobres et efficaces, ses interventions permettent d’apprécier sa justesse, ses nuances et son imagination.

On ne se lasse pas du soprano de Baptiste Herbin, voltigeur (Bulgarian time), triomphal (Mister Chassagnite), fulgurant (Following the right way), foudroyant (Bye Bye Philou), lyrique et charmeur (Marinonica), ébouriffant (Bulgarian time Traditional).  On savoure le jeu du piano de de Simon Chivallon tour à tour enflammé (Bulgarian time), enthousiaste (Nostalgia in Time Square), scintillant (Bemsha swing). On ne peut pas résister au saxophone ténor d’Irving Acao dont les interventions alternent entre mélancolie étirée (Misthios), frénésie inspirée (African Brothers), somptueux (Bemsha swing). On apprécie la diversité du jeu de batterie de Thomas Delor dont les rythmiques phosphorescentes savent aussi se faire frissonnantes ou délicates.

Présente sur trois titres, la trompette de Renaud Gensane dévoile un jeu flamboyant (Mister Chassagnite), enthousiaste (Nostalgia in Time Square) ou éclatant (Following the right way). Le piano de Jeremy Hinnekens balance entre groove (Tricotism) et lumière (Bye Bye Philou) et le vibraphone d’Alexis Valet brille par la richesse de son expressivité (Bye Bye Philou).

« Following the right way », un album qu’on ne se lasse pas d’écouter. A laisser tourner en boucle et à partager largement !

Dmitry Baevsky revient avec « Kids’ Time »

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Yoann Loustalot Trio propulse « Yéti »

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Louis Matute, Prix Evidence de l’Académie du Jazz

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Oboman et Aquarela proposent « A Bela Vida »

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Evasion virtuose au gré des rythmes brésiliens

A la tête de son trio Aquarela, le hauboïste et joueur de cor anglais Jean-Luc « Oboman » Fillon présente « A Bela Vida », troisième album qu’il consacre aux musiques brésiliennes. Entouré de ses deux compères brésiliens, le mandoliniste Eduardo Miranda et le guitariste Tuniko Goulart, le leader invite le percussionniste brésilien Zé Luis Nascimento à les rejoindre. Avec de tels virtuoses, mélodies et rythmes brésiliens frémissent de lyrisme et d’élégance. Une évasion bienvenue en ces temps bouleversés pour retrouver le goût de la Bela Vida.

couverture de l'album A Bela Vida par Oboam, jean-Luc Fillon et le trio AquarelaAprès « Choros do Brazil » et « Outros Choros do Brazil », Jean-Luc « Oboman » Fillon persiste avec son trio Aquarela dans la veine brésilienne avec « A Bela Vida » (Buda Musique/Socadisc). Sur ce troisième opus dédié aux musiques brésiliennes, le trio qu’il forme avec les Brésiliens Eduardo Miranda (mandoline 10 cordes) et Tuniko Goulart (guitare 7 cordes) s’adjoint le percussionniste Zé Luis Nascimento.

Le répertoire met à l’honneur nombre de célèbres compositeurs brésiliens parmi lesquels entre autres, Pixinguinha, Guinga, Egberto Gismonti, Hermeto Pascoal, Jacob de Bandolim et Antônio Carlos Jobim.

Complices, les quatre artistes s’évadent sur les ailes des superbes mélodies. Ils s’en donnent à cœur joie et déploient leur virtuosité avec élégance.

Les musiciens

Oboman

Compositeur, arrangeur et chef d’orchestre, Jean-Luc Fillon est aussi multi-instrumentiste. Son pseudo « Oboman » témoigne de l’amour qu’il porte au hautbois, oboe. Il embouche aussi le hautbois d’amour, le cor anglais, la clarinette basse et la contrebasse.

Virtuose, expressif, audacieux et créatif, il s’autorise toutes les libertés sur cet album et contribue une fois de plus à faire entendre et apprécier ces instruments rarement utilisés dans le jazz.

Les treize albums de sa discographie démontrent le large spectre de ses inspirations et de ses projets. Ainsi il joue en duo avec l’accordéoniste Didier Ithursarry pour le projet « Paris by Song », avec le bassoniste Paul Hanson pour le projet « Late Trane » et s’engage aussi avec le joueur de didgeridoo Othello Ravez dans le monde d' »Obotello ». En trio il s’aventure vers les contrées d’Afrique avec « African Dream ». En quartet sans piano avec Johan Renard (violon), Claude Tchamitchian (contrebasse) et François Merville (batterie), il croise jazz et musiques improvisées avec » Echoes of Freedom ».  Il a aussi exploré les univers de Cole Porter, de Duke Ellington. Avec l’orchestre symphonique, son hautbois devient nomade.

Depuis 2013 et un premier album intitulé « Choros do Brasil », il chemine avec le mandoliniste Eduardo Miranda et le guitariste Tuniko Goulart avec lesquels il a enregistré ensuite « Outros Choros do Brazil » en 2015 et le superbe « A Bela Vida » en 2020.

Eduardo Miranda

Originaire de São Paulo, le mandoliniste a développé un style très personnel sur son instrument dont il est considéré aujourd’hui comme un maître. Très inspiré, il s’appuie sur une maîtrise technique exceptionnelle qui lui permet d’allier virtuosité et expressivité.

Tuniko Goulart

Né à Pelotas, dans le sud du Brésil, le guitariste a mené une carrière professionnelle depuis l’âge de 11 ans. Sur les scènes et en studio, il a collaboré avec les plus grands artistes brésiliens qui ont contribué à développer chez lui l’art de la composition.

Zé Luis Nascimeto

Originaire de Salvador de Bahia, le percussionniste brésilien, vit en France depuis 1996. Très ouvert à la diversité, il a enrichit son style d’origine d’influences venues des percussions orientales et occidentales. Ainsi Il a développé un jeu très personnel qui lui permet de collaborer avec des artistes d’univers très variés.

Au fil des pistes

L’album ouvre avec Baiao de Lacan du compositeur guitariste brésilien Guinga. D’emblée, le hautbois fringant et festif entraîne le quartet dans une musique jubilatoire.

Le répertoire se poursuit avec Corta Jaca, une composition de la Brésilienne Chiquinha Gonzaga que reprend le quartet. Après une batucada introductive, la mandoline entraine l’oreille dans un vertigineux flot de notes, le hautbois virevolte et déploie un arc en ciel de sonorités chatoyantes. C’est ensuite au gré d’échos venus d’Afrique et de tonalités hispanisantes que s’envole le hautbois espiègle et enjoué sur une version revisitée du titre Brejeiro écrit par Ernesto Nazareth. A ses côtés, la mandoline tricote sur un tempo frénétique.

Après l’alegria advient la saudade. Sans percussion, la mandoline conte la belle romance de Caprichos do Destino dont la mélodie est reprise par le hautbois avec une douce sensualité. Sur un rythme ternaire enlevé, la guitare virtuose entraîne Batukuniko sur un rythme vertigineux, entre Afrique, Jazz et Brésil. C’est ensuite une version endiablée et un rien bluesy que le quartet propose de la composition Assanhado de Jacob do Bandolim. Le morceau s’en trouve comme revitalisé et le hautbois d’amour échange sans complexes avec la mandoline virtuose.

Chorando Baixinho sert de tremplin à l’expressivité sans faille d’Oboman. Ce titre d’Abel Ferreira sert de tremplin à l’expressivité sans faille de Jean-Luc Fillon. Sur cette pièce, la mandoline fait vibrer l’âme et pleurer doucement des larmes imprégnées de blues brésilien. Le quartet poursuit avec une composition d’Hermeto Pascoal, Frevo em Maceiro. Le hautbois se lance dans une improvisation bouillante quelque peu ébouriffée et l’oreille se laisse conduire avec bonheur dans un univers évocateur des calypsos chers à un certain Sonny Rollins.

Un brin de nostalgie, émaille Naquele Tempo. Cette composition de Pixinguinha dont le titre évoque le temps passé, fait scintiller des éclats de saudade que la mandoline brillante et le hautbois guilleret égrènent avec une subtile dose d’alegria. Sur 7 Anéis, les envolées lyriques du hautbois et les percussions aériennes propulsent ensuite la musique Egberto Gismonti dans les cieux. La magie opère et l’azur illumine le titre.

Servi par une interprétation ardente, Chorinho Pra Vocé invite à la danse. Sur ce choro de Severino Aranjo la mandoline brille de mille feux, soutenue par le pandero caressant. Le répertoire propose ensuite Santa Morena, une seconde composition de Jacob do Bandolim. Sur un rythme ternaire allègre, la mélodie tournoie sous les doigts de la mandoline et de la guitare ancrée dans des racines flamencas. Magistral !

L’album se termine en apothéose avec une splendide version du Choro d’Antônio Carlos Jobim. Inspirés et en grande symbiose, les musiciens s’expriment dans un esprit très proche de celui de la pièce qui figurait dans l’album Stone Flower (1970) de Jobim.

« A Bela Vida », une pépite de bonheur où virtuosité et lyrisme flirtent avec sensibilité et délicatesse. Un concentré joyeux qui réjouit le cœur et l’âme.

Dmitry Baevsky revient avec « Kids’ Time »

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Thomas Delor revient avec « Silence the 13th »

Thomas Delor revient avec « Silence the 13th »

Pulsations contrastées et couleurs captivantes

Après le somptueux et singulier « The Swaggerer », le batteur et compositeur Thomas Delor récidive avec « Silence the 13th », un deuxième album tout aussi convaincant que le premier. Entouré des compagnons déjà présents sur son premier opus, le leader confirme ses qualités de compositeur et d’instrumentiste. L’album cultive l’art de la nuance et séduit par ses pulsations contrastées, ses couleurs captivantes et ses silences… véritables notes de musique.

couverture de l'album Silence the 13th de Thomas DelorPresque deux ans après « The Swaggerer » (Fresh Sound New Talent/Socadisc), un premier album fort réussi, Thomas Delor revient en trio le 30 mai 2020 avec « Silence The 13th » (Fresh Sound New Talent/Socadisc).

A travers le titre de son deuxième opus, le leader annonce de manière explicite la place essentielle que le silence occupe dans son art. D’ailleurs pour clarifier son message, le batteur remplace avec astuce sur la pochette le « S » de Silence par une figure de silence, celle du soupir et à l’intérieur du livret, il livre un second clin d’œil en utilisant le demi soupir en guise de première lettre de son prénom.

Captivant de bout en bout, « Silence The 13th » révèle un répertoire de neuf titres aux climats riches et contrastés. Les échanges des trois instrumentistes laissent percevoir leur complicité, leur écoute mutuelle et la richesse de leur expression.

Trio complice

Toujours à la tête du trio qui réunit autour de lui, le guitariste Simon Martineau et le contrebassiste Georges Correia, le batteur Thomas Delor confirme sur son instrument ses talents de mélodiste avéré. Il ne se départit pas pour autant de ses singulières qualités de rythmicien qui à la fois propulse la musique, la souligne, la dynamise, la prolonge et la suspend tour à tour.

Subtil mélodiste, Thomas Delor développe sur sa batterie une palette expressive dont les nuances varient entre impétueuses fulgurances et délicats effleurements. C’est un bonheur absolu de l’écouter égrener note par note les thèmes sur les peaux de ses tambours ou de vibrer au gré de ses explosives envolées. La contrebasse de Georges Correia pulse efficacement et se fait lyrique lors d’improvisations inspirées. De la guitare de Simon Martineau s’échappent des accords lumineux et de splendides lignes mélodiques dont toute note superflue est bannie.

Sur les pistes du Silence

Thomas Delor propose un répertoire où alternent six compositions personnelles et trois reprises. Au fil des titres, les ambiances varient et permettent aux solistes de donner le meilleur d’eux-mêmes dans des contextes diversifiés. Il est plaisant de suivre les foulées musicales des trois musiciens sur les pistes du Silence.

Adepte de la logique et mathématicien dans l’âme, Thomas Delor intitule Syllogism le premier titre de l’album. Une mélodie troublante aux inflexions mystérieuses émerge d’une introduction au climat ondoyant où la guitare suspend ses accords avant de passer le relai à la contrebasse. Le batteur réactif et très inspiré stimule la guitare au son saturé dont le propos se fait réjouissant avant que n’advienne une conclusion groovy qui fédère les protagonistes autour de l’énergique batterie.

Silence the 13th qui donne son nom à l’album, ouvre avec une mélodie jouée en suspension par la contrebasse puis par la guitare. La guitare magicienne métamorphose ensuite le climat et l’espace semble se dilater jusqu’à atteindre l’infini où la musique atteint la sérénité.

Seul face à lui-même, sur Peaux pourries, le batteur fait ensuite délicatement chanter les peaux de ses fûts avec une allusion à La cucaracha. Le répertoire se poursuit avec My Little Suede Shoes que la batterie fredonne subtilement de manière ludique. Sur un tempo chaloupé, la composition de Charlie Parker prend un sacré coup de jeune. La guitare dialogue avec la batterie et reprend le thème truffé de citations parmi lesquelles se faufile Au Clair de la Lune. Cette superbe version du thème de Parker permet au batteur de montrer toute l’étendue de son talent à travers une véritable orchestration rythmique.

Plus loin, Providence Incitation ouvre un espace sonore que les musiciens explorent en totale interaction. Souple improvisation de la contrebasse, lumineux chorus de guitare et libre expression des baguettes. Sur Minefield, le trio invite ensuite l’oreille dans une déambulation contrastée sur les pentes du feeling et du blues. La guitare irradie d’un swing éclatant qui rappelle celui d’un certain Philip Catherine. La section rythmique pulse à merveille et l’on perçoit la joie que partagent les trois musiciens.

Confronté au défi d’interpréter Que reste -t-il de nos amours ?, le trio y parvient tout à fait et revitalise à merveille cette chanson de Charles Trenet. Les somptueux accords de la guitare sont mis en valeur par le jeu mélodiste de la batterie. Contrebasse, guitare et batterie offrent ensuite une version peu orthodoxe du Prélude Po.28, N°20 de Chopin. Après un début doté d’une grâce aux accents baroques, le trio opte pour une effervescence décapante et enrockée.

Sur le dernier titre de l’album, Une soupe, et au lit, le trio surfe avec souplesse sur la vague du swing et incarne à merveille cette alternance tension/détente propre au jazz.

Sur son deuxième album, « Silence The 13th », le trio de Thomas Delor convie le silence en guise de treizième note de la gamme, ce qui en dit long sur sa conception de la musique dont le spectre explore une palette de nuances dont les variations s’étendent du murmure le plus délicat à l’explosion la plus vive.

Dmitry Baevsky revient avec « Kids’ Time »

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Yoann Loustalot Trio propulse « Yéti »

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Shang Ziming Quartet présente « Bridge of Soul »

Shang Ziming Quartet présente « Bridge of Soul »

Modernité, musicalité, énergie et passion

A n’en pas douter, l’album « Bridge of Soul », sorti le 27 avril 2020, constitue l’une des meilleures surprises de cette rentrée post-confinement 2020. Enregistré à Budapest fin février 2020 par un quartet international, le Shang Ziming Quartet, cet opus d’une musicalité inouïe propulse une musique moderne, énergique et innovante portée par la ferveur et la virtuosité des musiciens

couverture de l'album Bridge of Soul du Shang Ziming Quartet avec Christophe MonniotLe talentueux batteur chinois, Shang Ziming a gagné Budapest où il a rejoint le fougueux saxophoniste français Christophe Monniot et deux artistes hongrois, le pianiste Dezsö Olàh et le contrebassiste Péter Olàh. A la tête de ce quartet de jazz de haute volée, il enregistre « Bridge of Soul » (TOM TOM Records) qui brille par la puissance de jeu du collectif et par une dynamique hors-normes.

Les musiciens conjuguent leur talent et leur inventivité au service du collectif. Au final, la puissance de Shang Ziming Quartet transcende la somme de celles des quatre individualités musicales dont il est constitué.

Shang Ziming Quartet présente « Bridge of Soul », un album redoutable de modernité, de musicalité, d’énergie et de passion.

Il était une fois, un quartet international

Un saxophoniste français rencontre…

Explorateur incessant et instrumentiste hors pair, le saxophoniste et compositeur Christophe Monniot fait preuve d’une curiosité et d’une ouverture d’esprit peu communes. Fort de ces atouts, il inscrit sa démarche d’artiste dans un processus constant de recherche, d’exploration et de création. Il affectionne les rencontres musicales et diversifie les projets.

Après « Une nouvelle terre » (2017), « Jericho Sinfonia » (2018) et « Hymnes à l’amour » (2018), ses pas le mènent de nouveau à Budapest où il a déjà enregistré « This is C’est la vie » (2010) et « Organic Food » (2016) avec Ozone Quartet sous le label hongrois BMC. C’est aussi chez BMC qu’il a enregistré « Density of Standards » (2017) aux côtés du pianiste Béla Szakcsi Lakatos, légende du jazz hongrois et « père » des musiciens tziganes hongrois actuels.

… un batteur chinois et deux virtuoses hongrois

A Budapest, Christophe Monniot rencontre le trio formé du batteur chinois Shang Ziming qui enseigne dans une grande université du nord de la Chine et deux musiciens issus de la communauté tzigane hongroise, le pianiste hongrois Dezsö Olàh qui brille autant dans l’idiome classique qu’en jazz et le contrebassiste Péter Olàh, lesquels n’ont aucun lien de parenté malgré leur patronyme commun. Tous les trois ont déjà eu l’occasion de tourner en Chine. Ils accueillent le saxophoniste sur un répertoire écrit par Dezsö Olàh début février 2020 au festival de jazz de Budapest.

Le courant passe et … fin février 2020, Shang Ziming Quartet entre au TOM-TOM Studio de Budapest pour enregistrer l’album « Bridge of Soul » qui porte le nom d’une composition de Shang Ziming. Les cinq autres titres sont à porter au crédit de Dezsö Olàh.

Impressions musicales

Bouillonnement musical

D’une intensité innovante, Night in Budapest ouvre l’album par un bouillonnement musical que les quatre musiciens complices partagent avec un lyrisme et une fougue effrénée. Le chorus de l’alto dessine des arabesques balkaniques et offre une palette expressive élargie.

Histoire sensible

Shang Ziming conte ensuite une histoire sensible. Une étrange sérénité se dégage de l’exposé du thème puis, à travers des notes profondes et sensibles, le solo de contrebasse entame la narration. S’installe ensuite un dialogue chargé de frénésie entre l’alto bourdonnant et le piano élégant.

Entre harmonie et déchaînement

Plus loin, la ligne mélodique de Dream Theater est truffée de contrastes sonores qui s’imbriquent de façon harmonieuse. D’abord interrogatif, le chorus du piano se déchaine et stimule l’alto dont le jeu fougueux et délirant ébouriffe par son phrasé hyperbolique que soutient avec énergie le volcanique batteur. Pour finir, les quatre musiciens se retrouvent et tout s’apaise dans l’équilibre. Un morceau où musicalité et modernité coexistent avec bonheur.

Swing échevelé

Sur -30°, une composition au tempo très vif, le quartet opte pour un swing échevelé. De bout en bout, la ligne de basse sans faille dynamise l’expression des solistes. Le piano fougueux se déchaine et fait exploser les harmonies. Le sopranino ardent prend le relai et débride son expression. Sa frénésie inspirée contribue à faire plus encore monter le mercure. La batterie énergique s’en mêle et livre un chorus impétueux. Les ambiances de ce titre ne sont pas sans évoquer certaines prestations de « Quest ». Nul ne s’en plaindra, loin de là !

Respiration de charme

Ballade musicale, Eraser résonne telle une douce respiration. Après une délicate introduction du piano le sopranino expose une mélodie céleste qui contraste avec le bouillonnement passionné du titre précédent. Les cymbales frémissent, les turbulences s’effacent et se résolvent dans le chorus charnel et grave de la contrebasse. Inspiré, le saxophone se lance ensuite dans une effervescence multicolore qui élargit l’espace du paysage où le piano s’invite pour conclure  cette parenthèse de charme.

Tension musclée

L’album se termine avec Invisible Door, un titre investi par le jeu tendu de la batterie enthousiaste qui invite les autres instruments à débrider leur énergie. Les circonvolutions corsées du sopranino aux accents balkaniques investissent un registre félin où les suraigus maîtrisés bouleversent les tympans. Ce final musclé incite à reprendre l’écoute de l’album pour mieux s’imprégner de sa passion et de sa musicalité.

« Bridge of Soul », un jazz moderne et musical, vivifiant et nuancé sous-tendu par une écriture inspirée et de vibrantes improvisations. Riche en énergie, le jazz revitalisant du Shang Ziming Quartet bouillonne d’énergie, de swing et de liberté et possède un supplément d’âme tel, qu’on se prend à rêver que le jazz soit toujours ainsi habité.

Dmitry Baevsky revient avec « Kids’ Time »

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Omer Avital Qantar propose « New York Paradox »

Omer Avital Qantar propose « New York Paradox »

Un concentré de jazz vitaminé

Le contrebassiste Omer Avital revient à la tête de son quintet Qantar avec « New York Paradox ». En perpétuel mouvement, l’opus restitue des vibrations musicales modernes et toniques. Omer Avital Qantar croise allègrement mélodies orientales, hard-bop et blues. Il en ressort une musique moderne et explosive. Un concentré de jazz vitaminé qui explose d’une énergie puissante et radieuse.

Après sa conversation entre classique et jazz avec le mandoliniste Avi Avilal sur l’album « Avital meets Avital » (Deutsche Gramophonn) publié en 2017 et après le succès de l’album « Groove du Jour » du « Yes! Trio » (jazz&people) sorti en novembre 2019 avec le batteur Ali Jackson et le pianiste Aaron Goldberg, le contrebassiste new yorkais Omer Avital revient avec « New York Paradox » (Zamzama Records/jazz&people/PIAS), un projet plus personnel avec son groupe Qantar à deux saxophones.Couverture de l'album New York Paradox d'Omer Avital Qantar

Avec cet album sorti le 10 avril 2020, Omer Avital donne une suite à « Qantar » (Zamzama Records), premier album paru en septembre 2018 avec son groupe Qantar.

La sortie de « New York Paradox » marque aussi le début d’une nouvelle collaboration entre Zamzama Records, label fondé par Omer Avital et le label français jazz&people.

« New York Paradox » incarne la modernité d’un jazz qui enrichit le swing et le blues d’éléments orientaux et d’arrangements d’une féroce contemporanéité. Une musique enlevée, et joyeuse qui rayonne et regarde avec énergie vers l’avenir.

Omer Avital Quantar

Omer Avital

Pionnier du jazz israélien, le contrebassiste Omer Avital s’est installé à New York en 1992. Il compte aujourd’hui parmi les plus créatifs des contrebassistes et compositeurs de la scène jazz new-yorkaise et internationale. Pourtant, il ne se contente pas de cette casquette de musicien et allonge aujourd’hui la liste de ses compétences en endossant le statut d’entrepreneur depuis la création de son label Zamzama Records et l’ouverture de son club et studio d’enregistrement Wilson Live, à Bushwick, à Brooklyn.

« J’ai créé Zamzama Records pour avoir une structure pour accueillir mes premiers albums dont je suis désormais propriétaire, ainsi que pour mes nouveaux projets. A terme, j’aimerais avoir d’autres artistes sur ce label, et créer un lien continu entre le processus créatif et celui de la production/distribution. L’objectif est d’être libre de créer et sortir de la nouvelle musique, et je suis très content de collaborer avec Vincent Bessières et son merveilleux label, Jazz and People, sur ce projet. Avec Wilson Live, j’ai l’intention d’établir un lieu de créativité pour les musiciens à Brooklyn et plus largement à New York; un club, un studio et un bar offrant une atmosphère intime qui permet à la musique et aux musiciens de s’épanouir. » Omer Avital.

Qantar

Espace de vie propice aux rencontres musicales et aux répétitions, Wilson Live est en quelque sorte devenu le foyer, l’espace de vie où s’est épanoui Qantar, ce groupe explosif que le contrebassiste se plait à nommer son gang.

Autour de lui, Omer Avital a réuni quatre talentueux musiciens israéliens expatriés comme lui à New York, Asaf Yuria (saxophones ténor et soprano), Alexander Levin (saxophone ténor), Eden Ladin (piano) et Ofri Nehemya (batterie).

Deux ans après l’album « Qantar », c’est dans le studio d’enregistrement de Wilson LIve qu’ont été enregistrées les huit plages de « New York Paradox », le deuxième opus du Omer Avital Quantar.

Au fil des titres

Les huit titres de « New York Paradox » permettent de saisir la cohésion fraternelle qui règne au sein de Qantar. On perçoit aussi la pulsation de la contrebasse à la sonorité puissante qui ne lâche rien et propulse avec énergie la musique tout au long du répertoire, sans pourtant manquer de nuances, ni se départir de tendresse et de mélancolie.

L’album ouvre avec Shabazi, un titre énergique qui porte le nom d’un grand rabbin, Shalom Shabazi, poète juif yéménite du 17ème siècle dont les écrits ont influencé le leader. C’est aussi le nom d’un quartier sud de Tel Aviv. L’oreille se réjouit à l’écoute des chorus enflammés des saxophonistes.

Le répertoire continue avec Zohar Smiles, une composition sentimentale empreinte de spiritualité écrite par le contrebassiste pour son fils. La mélodie jouée par le soprano et le ténor laisse place à un chorus de contrebasse plein de tendresse suivi d’un solo limpide du piano. Les riches arrangements et les polyphonies développées par les saxophones expressifs suscitent de riches émotions.

New York Paradox qui donne son nom à l’album, a été composé par le contrebassiste à la fin de l’été 2005. Il restitue les climats de la ville de New York avec ses exubérances et de délicates parenthèses. Le piano y contribue par une touche délicate et le solo du soprano est fascinant, presque magique !

Just Like the River Flows s’écoule comme une chanson, douce à l’oreille. La musique tourbillonne sous les notes ciselées du piano. Suite au solo charmeur du soprano envoutant et au chorus plus rugueux du ténor, les saxophones portés par la rythmique tonique déroulent un motif musical hypnotisant et teinté de sonorités yéménites enivrantes. En parfaite osmose, le groupe s’exprime avec générosité et lyrisme. Véritable déambulation musicale, It’s All Good (late 90s) déroule quant à lui des climats variés, cool, bluesy puis se fait plus intense quand les saxophones musclent leur expression qui se fait même gospellisante.

Sur Today’s Blues, la vigoureuse ligne de basse exhorte les solistes à donner le meilleur d’eux-mêmes, ce dont ils ne se privent pas d’ailleurs. Les sonorités épaisses des deux ténors et le piano lyrique explorent la trame du blues et stimulent la batterie dont les figures rythmiques foisonnantes contribuent à dynamiser plus encore le morceau. C’est ensuite sur un rythme ternaire que piano, contrebasse et batterie entament Cest clair. Les deux ténors s’invitent puis se livrent à une joute musicale musclée et cabotine qui n’est pas sans évoquer les ambiances des Jazz Messengers de Blakey. Leur énergie est tempérée par les propos élégants et raffinés du piano.

L’album se termine avec Bushwick After Dark dont l’atmosphère se teinte de couleurs mingusiennes. On se régale avec un solo du leader dont la contrebasse au phrasé précis fait rebondir ses notes sans perdre en rien sa profondeur de son.

Propulsé par un énergique élan vital, l’album à l’écriture harmonique élaborée mêle rythmes joyeux, mélodies orientales et éléments issus du blues et du hard bop. « New York Paradox », à écouter sans modération et à partager largement.

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Gabriel Midon présente « Imaginary Stories »

Gabriel Midon présente « Imaginary Stories »

Un singulier travail d’orfèvre

Le 15 mai 2020, le contrebassiste et compositeur Gabriel Midon présente « Imaginary Stories », un opus singulier où coexistent musique et poésie. Autour du leader, un groupe de jazz à géométrie variable et un quatuor à cordes dont les subtiles interventions élargissent la palette sonore de l’opus. Un véritable travail d’orfèvre préside à treize Histoires Imaginaires aux couleurs changeantes et aux contours contrastés. A savourer encore et encore !

couverture de l'album Imaginary Stories de Gabriel MidonComposé par Gabriel Midon, le répertoire de l’album « Imaginary Stories » (Soprane Records/Absilone) transporte dans un univers propice à la rêverie et au dépaysement.

A la tête d’un groupe de jazz où alternent deux batteurs, le contrebassiste s’adjoint un quatuor de cordes qui contribue à créer un écrin sonore étrange et féérique. La qualité de l’écriture et la richesse des harmonisations contribuent pour beaucoup à la richesse des paysages musicaux.

Gabriel Midon

Après des études de piano jazz au conservatoire de Strasbourg auprès de Stephan Oliva, Gabriel Midon devient saxophoniste avant de se déterminer pour la contrebasse. En effet, c’est à Paris, après avoir rencontré les maîtres de l’instrument que sont Larry Grenadier, Joe Sanders et Hein Van De Geyn, que Gabriel Midon oriente sa carrière autour de la contrebasse.

le contrebassiste Gabriel MidonSideman apprécié, il a enregistré aux côtés de Faiz Lamouri, Gustave Reichert, Le collectif King Of Panda, Sam Tessier. Il a joué avec Saul Rubin, Julien Alour, Rick Margitza, Baptiste Herbin, Sylvain Beuf, Didier Lockwood, Denise King sur de nombreuses scènes prestigieuses de l’hexagone.

En 2017, il enregistre « Between Corridors » avec son propre quartet qui réunit autour de lui Romain Cuoq (saxophone), Clément Simon (piano) et Stéphane Adsuar (batterie). C’est ensuite lors d’une tournée au Yelewa Jazz Festival (Mayotte) avec Simon Martineau et Thomas Delor, qu’il décide d’écrire pour un plus grand format et intègre d’autres musiciens comme Edouard Monni (piano).

De ses études, Gabriel Midon a aussi hérité d’un goût certain pour la composition, ce dont témoigne d’ailleurs l’album « Imaginary Stories ».

Les musiciens

Autour de lui, Gabriel Midon a réuni un groupe de musiciens de jazz et un quatuor à cordes.

Le chant à l’articulation très précise de la chanteuse de jazz Elinoa se pare à l’occasion de mots dont la poésie sous-tend les contours de l’univers onirique du contrebassiste. Avec souplesse, le chant dialogue avec le jeu élégant du guitariste Simon Martineau, avec le volubile saxophone ténor de Pierre Bernier et avec le piano aux nombreuses nuances d’Édouard Monnin.

Deux batteurs se répartissent les interventions au fil du répertoire, le très expressif voire explosif Thomas Delor et Baptiste Castets tout entier au service des solistes. Leurs jeux différents constituent un atout supplémentaire qui élargit le nuancier rythmique du projet.

Le quatuor à corde regroupe les violonistes Antoine Delprat et Anne Darrieu, tous deux rompus à la pratique du jazz, l’altiste Maria Zaharia et la violoncelliste Louise Leverd.

Au fil des titres

En préambule, les cordes proposent Capoï !, un doux espace onirique. Sur L’Elm, la voix de charme conte une poésie, les circonvolutions mélancoliques du ténor vagabondent et soutenue par l’écrin sonore que dessinent les cordes, la guitare lumineuse se fait plus incisive.

Plus loin, la contrebasse au jeu souple et à la sonorité tellurique introduit la mélodie joyeuse de Song in super Fuschia que reprennent à l’unisson la guitare et les onomatopées vocales. Par leurs improvisations inspirées, la contrebasse et la guitare stimulent le propos de ce morceau joyeux. Avec Não Vi O Dia Da Lua advient alors un hommage au Brésil et à la musique d’Hermeto Pascoal. Un morceau tout en décalage rythmique qui rappelle les chorinhos des rues de Lapa. La voix aventureuse et le ténor vagabond s’en donnent à cœur joie sur les accords que martèle le piano. Le titre se termine sur un tempo de boléro tout en finesse, avec une magistrale intervention du piano.

Le répertoire continue avec deux volets du triptyque Poursuite où la batterie est tenue par Thomas Delor. Dans Poursuite N°4, le ténor traqué cède la parole au chant sinueux qui apaise le climat. Se succèdent alors des tableaux sonores étranges qui permettent au saxophone de s’apaiser avant de reprendre sa fuite effrénée, porté par la batterie au jeu dynamique, dans un climat étrange instauré par les cordes. Les deux parties de Poursuite N°2 ne sont pas sans évoquer la musique d’Olivier Messiaen. Après une belle synergie entre voix, saxophone et guitare le chant angélique traverse le tapis brumeux déroulé par les cordes. La guitare au son saturé renforce ensuite le climat énigmatique de cette plage aux harmonies complexes. Dans une ambiance parée d’ésotérisme, Soumission signe la fin de Poursuite N°2, avec les notes sombres de la contrebasse, le scintillement des cymbales et la frappe lancinante des mailloches sur les fûts.

Avec Halley Ne Passera Plus et Après Halley où Baptiste Castets pilote la batterie, on se trouve projeté dans l’espace où l’on croise la comète de Halley. Sur le premier titre joué sur un rythme à 5 et à 4 temps, la contrebasse se fait exaltée alors que le piano ardent et le ténor passent tels des météores. Sur le second morceau, le temps s’accélère. Stimulé par la contrebasse et la batterie, le saxophone volubile se livre à un véritable exercice de style en trio.

Avec Poursuite N°1 où la fuite continue plus calmement. Le ténor tente d’emprunter un chemin buissonnier mais il est rattrapé par le piano au jeu segmenté et par la voix captivante. Sur The Storytelling - Intro, le quatuor à cordes entame un voyage étrange et féerique qui se poursuit sur The Storytelling illuminé par la voix radieuse et le ténor resplendissant. Avec ce dernier morceau, l’album se termine dans une atmosphère évanescente et nostalgique.

Au final, « Imaginary Stories » propose un jazz acoustique contemporain où les musiciens de jazz et le quatuor à corde enrichissent les partitions d’habiles et riches improvisations. Ecrits par le leader et chantés par Elinoa, les textes poétiques voire philosophiques,  ajoutent une dimension supplémentaire à la musique.

 

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