Omer Klein trio revient avec « Personal Belongings »

Omer Klein trio revient avec « Personal Belongings »

Emotions sensibles & vibrations énergiques

Omer Klein Trio est de retour avec « Personal Belongings » annoncé pour le 17 septembre 2021. Sur son neuvième album, le musicien a enregistré six pièces en piano solo et quatre titres en trio. Ecrites durant le contexte pandémique de l’année 2020, ces dix morceaux naviguent entre émotions sensibles et vibrations énergiques. Riche de ces contrastes, la musique révèle la richesse de l’univers de ce compositeur dont l’univers palpite entre jazz et influences moyen-orientales.

Deux ans après « Radio Mediteran » inspiré par les cultures des peuples de la Méditerranée, le pianiste Omer Klein sort « Personal Belongings », son troisième album pour Warner Music et le neuvième de sa discographie.

Eprouvé comme l’ensemble des artistes par la première vague de la pandémie et contraint de cesser les concerts durant cette période de 2020, Omer Klein a mis à profit son temps libre pour composer neuf des dix titres de l’album « Personal Belongings ».

De bout en bout, « Personal Belongings » enchante par la fluidité et le raffinement de son propos musical, les nuances sensibles de son expression expressives et une vitalité sans faille.

Omer Klein

Omer Klein est né en Israël en 1982 et a grandi à Netanya. Fils de parents nés en Israël et petit-fils d’immigrants venant de Tunisie, de Libye et de Hongrie, Omer Klein a commencé à jouer du clavier à l’âge de 5 ans, puis s’est tourné vers le piano à 13 ans, tout en composant et en improvisant dès son plus jeune âge. Il a étudié à la Thelma Yellin High School of the Arts à Givatayim, avant de s’installer aux États-Unis en tant que bénéficiaire d’une bourse du New England Conservatory à Boston, où il a étudié le piano jazz avec Danilo Perez et Ran Blake, et le piano classique avec Alexander Korsantia. En 2005, Klein s’est installé à New York, où il a poursuivi ses études en privé avec Fred Hersch. Depuis 2009, il est basé en Allemagne. Il vit actuellement à Francfort avec sa compagne, l’actrice Viola Pobitschka, et leurs trois enfants.

Compositeur prolifique, Omer Klein a publié plus de 100 compositions originales. Il a collaboré avec le virtuose de la mandoline Avi Avital et a notamment improvisé de nouveaux mouvements pour des pièces de J.S.Bach interprétées par Avital. Il a aussi collaboré avec le NDR Big Band en 2019. Il s’est produit en tant que soliste et chef d’orchestre au North Sea Jazz Festival, Nice Jazz Festival, Jazz at Lincoln Center, Queen Elizabeth Hall à Londres, Swing Hall Tokyo, Elbphilharmonie, Alte Oper Frankfurt, Bremen Musikfest, Dresdner Musikfestspiele, Schleswig-Holstein Musik Festival et bien d’autres encore.

De 2007 avec « Duet » à 2019 avec « Radio Mediteran » Omer Klein a sorti 8 albums en tant que soliste. Il est artiste exclusif Warner, label pour lequel il a réalisé deux enregistrements, « Sleepwalkers » (2017) puis « Radio Mediteran ». Annoncé pour le 17 septembre 2021, l’album « Personal Belongings » constitue son troisième opus pour Warner Music et le neuvième de sa discographie.

« Personal Belongings »

visuel de l'album Personal Belongings d'Omer KleinComposé de dix titres, le répertoire compte six pièces jouées en piano solo, ce qui confirme l’attachement du musicien à son instrument. Omer Klein interprète les quatre autres morceaux de l’album avec ses partenaires du Omer Klein Trio formé en 2013, Haggai Cohen-Milo (basse) et Amir Bresler (batterie), déjà présents à ses côtés sur « Fearless Friday » (2015), « Sleepwalkers » (2017) et « Radio Mediteran » (2019).

Les titres du répertoire reflètent le point de vue de Omer Klein sur le monde contemporain en tant que pianiste, compositeur et leader de formation certes mais aussi comme être humain, père de famille et artiste multiculturel. Aux neuf titres de de sa composition, le pianiste a ajouté le sublime standard What a Wonderful World.

Sur « Personal Belongings » se mêlent influences romantiques issues de la musique classique, atmosphères moyen-orientales et ambiances jazz.

Au fil des titres

Tel un tableau contemplatif, Kavana ouvre l’album en piano solo. Habité de calmes vibrations, le morceau vibre d’un romantisme aux accents orientaux. A la toute fin du titre, le pianiste est rejoint par ses compagnons et le trio enchaîne Baghdad Blues sans transition. Tendu et énergique, le climat musical ancré dans la culture moyen-orientale fusionne avec le jazz. Le piano improvise avec fougue mais son discours demeure empreint d’un spleen bluesy.

The Magnets mêle avec délice les inflexions classiques de Brahms et une pulsation brésilienne tout en retenue. Joué en piano solo, le titre prend les accents d’une chanson d’amour éperdu et réserve la surprise d’un tendre final bucolique. Plus loin, une légère insouciance se dégage de The Flower and the Seed jouée en trio et dédié par le pianiste à ses enfants. Une douce allégresse teintée de tendresse émane de cette mélodie gracieuse que dynamisent les changements de tempo.

Sur Good Hands, le pianiste joue solo une mélopée qui balance entre mélancolie et gaieté. Avec une grande maîtrise, le piano volubile entraîne les notes dans un mouvement tourbillonnant que l’on imagine volontiers comme une danse fraternelle qui réunirait les peuples du monde entier pour honorer les ancêtres du Nord de l’Afrique auxquels Omer Klein dédie ce titre.

Le trio propose ensuite Sun Girl, un morceau au climat intimiste dont le titre fait référence à la compagne du leader. Sur de belles harmonies, les notes ciselées du piano évoquent l’amour et le bonheur. Solo, le piano interprète ensuite Najara, une composition dont l’écriture est inspirée par les vers du poète liturgique juif Israel ben Moses Najara (1555-1625). Empreint d’un profond recueillement, la vibrante mélodie évoque une prière lumineuse et pourrait tout autant célébrer la paix que l’amour.

Le pétillant Shake It contraste avec le titre précédent. Son style funky en diable, envoute par le groove rythmique que le trio fait régner sur les presque sept minutes de ce morceau lancinant qui mérite tout à fait son titre. Sur Quarantined with you où le compositeur évoque la réalité de la vie lors de la quarantaine imposée par la pandémie, le piano solo offre une respiration musicale syncopée dans le style ragtime. Le répertoire se termine avec une reprise intimiste et mélancolique du standard universel What a Wonderful World que le piano chante solo, comme une note finale porteuse d’espoir et de beauté.

RV avec Omer Klein Trio le 08 novembre 2020 à 20h30 au Festival Jazz ‘N’ Klezmer de Paris pour écouter live le répertoire de Personal Belongings.

Promenade dans « Le Jardin des Rêves » du quintet Oni Giri

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Robin Nicaise, architecte de « Building & Piano studies »

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Projet original, sensible et élégant

Le nouveau projet de Robin Nicaise fascine par la richesse de ses couleurs sonores et par l’originalité de sa forme. Annoncé pour le 09 septembre 2021, l’album « Building & Piano studies » juxtapose en effet deux esthétiques musicales. D’une part, un concerto pour saxophone ténor de quatre titres où le quintet jazz du leader dialogue avec le quatuor à cordes, String Quartet. D’autre part, des études composées et interprétées en piano solo par le leader lui-même. Un opus ambitieux qui accroche l’oreille par son élégance et sa fluidité.

Robin Nicaise est de retour avec « Building & Piano studies » à paraître le 09 septembre 2021. Certes, le saxophoniste a gravé « Tabasco: The last blues » (2015) et « Tabasco, The very last blues » (2019) avec le groupe Tabasco dont il est co-fondateur. Il a par ailleurs participé à « Moon River » de Fred Pasqua et à « ONE. » de Simon Martineau, deux albums parus en 2018, mais le musicien n’avait pas sorti de nouvel album sous son nom depuis « Nouvel air » (2010) sorti après « Hommage à Art Pepper » (1999), « La flamme et la fumée » (2001), et « Lumière » (2005).

Pour son cinquième album, le compositeur, saxophoniste et pianiste Robin Nicaise a conçu un projet à contre-courant de la tendance actuelle friande d’énergie. Il propose un opus plein de fraîcheur, plutôt contemplatif avec des climats intimes et peu de tempi rapides… « Building & Piano studies », un album acoustique original, sensible et élégant.

« Building & Piano studies »

visuel de l'album Building & Piano studies de Robin NicaiseConstruit en deux parties, « Building & Piano studies » est de facto la synthèse de deux projets.

En effet, l’album ouvre avec une suite de quatre pièces où, à la tête de son quintet qui réunit autour de lui Sandro Zerafa (guitare), Clément Simon (piano, Fender Rhodes), Yoni Zelnik (contrebasse) et Fred Pasqua (batterie), Robin Nicaise échange au ténor avec le String Quartet composé de Youri Bessières (premier violon), Fanny Lévèque (second violon), Alain Martinez (alto) et Consuelo Uribe (violoncelle). Après ce concerto pour saxophone enregistré en mai 2013 à la Buissonne et construit comme une suite en quatre mouvements, se profilent les « Piano studies », treize études écrites, interprétées et enregistrées par Robin Nicaise en piano solo, en avril 2021 au studio Prado.

Un réel équilibre se dégage de l’album « Building & Piano studies ». Sa construction musicale peu conventionnelle combine deux esthétiques où cohabitent des ambiances très écrites, proches du classique et d’autres plus jazz.

Au fil des pistes

On ressort détendu de l’écoute de « Building & Piano studies » dont la pochette minimaliste aux couleurs pastel fait écho au contenu musical apaisant. Les titres eux-mêmes résonnent avec ce climat de sérénité. En effet, après avoir évoqué en début de répertoire l’attente de jours meilleurs avec Waiting for others time, le compositeur termine le projet avec The happiness we share et la promesse d’un bonheur que l’on partage. Tout un programme !

En ouverture de l’album, Building pose la première pierre du projet musical de Robin Nicaise. Sur ce morceau assez lent en 12/8, construit à partir d’une boucle jouée par le piano et l’archet au-dessus des nappes vibratoires des cymbales, le souffle soyeux du ténor caresse une lente mélodie céleste.

Sur Waiting for other times, le quintet jazz est rejoint par le String Quartet dont la musique se développe en contrepoint au chant fusionnel du ténor, de la guitare et du Fender Rhodes. Après l’exposition délicate du thème, la guitare sautillante improvise puis laisse place à l’élégant saxophone dont le timbre velouté et dénué de vibrato évoque les ambiances jazz west coast et laisse augurer la venue de jours meilleurs.

Sur La Source, les notes du String Quartet précèdent le souffle sensuel du ténor puis le duo guitare/Fender Rhodes dispense un moment d’une grande sérénité. Le titre prend fin avec une éloquente intervention du ténor à la sonorité feutrée. La première partie du répertoire se termine avec Inner Light, une pièce subtile incitant à la rêverie. Le nonet invite l’oreille à s’immerger dans sa musique envoutante et à pénétrer au cœur-même de sa lumière intérieure. Un jazz imaginaire et moderne où tel un orfèvre, le ténor jongle avec les couleurs sonores dont il explore toutes les nuances.

Jouées par le leader, les treize Piano studies se succèdent et constituent la deuxième facette du répertoire. Une seule étude dépasse les deux minutes… de huit secondes ! Tels de vrais tableaux musicaux, ces courtes « Piano studies » pianistiques s’écoulent comme des respirations musicales. Issues de l’imaginaire de Robin Nicaise, ces treize miniatures musicales se promènent à travers des paysages qui font référence aux épisodes de vie de l’auteur. Ambiance mystérieuse de Thriller, Bretagne, paysage sonore où résonne l’écho de la cornemuse bretonne, Venise, clairs-obscurs des reflets lumineux sur les eaux fluides de la lagune. Sur Jeux de quintes et jeux de quartes, le compositeur rend explicitement hommage à Claude Debussy. La musique emprunte le chemin qui la mène à la maison où le très sage et jeune Emile grandit puis folâtre sur les portées, Emile, trois ans après. L’album se termine avec The happiness we share, un morceau apaisé et lumineux, qui résonne comme une célébration du bonheur.

« Building & Piano studies », un album à partager largement pour les subtiles vibrations et les tendres émotions qu’il déclenche. Et… cerise sur le gâteau, flasher le QR code qui figure au dos du disque permet de télécharger gratuitement pendant un an, les partitions des « Piano studies » au format PDF. Une initiative originale qu’apprécieront les musiciens tombés sous le charme de ces études ludiques.

Pour écouter « live » la musique de « Building & Piano studies » de Robin Nicaise, rendez-vous à 21h au Sunset le 16 octobre 2021, dans le cadre du Festival Jazz sur Seine 2021.

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David Tixier Trio annonce « Because I Care »

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Effervescence musicale créative

Le pianiste compositeur et arrangeur français David Tixier présente « Because I Care », avec le chanteur David Linx invité sur trois titres. Enregistré dans le contexte de la pandémie et axé sur les compositions personnelles du leader, l’opus témoigne de la motivation et de la vivacité des artistes impliqués dans sa création. Traversée par un fluide vital palpable, la musique oscille entre tensions et légèreté, émotions fortes et tendresse. Une effervescence musicale bienvenue et rassurante en ces temps incertains.

Enregistré en 2020, dans le contexte particulier de la crise sanitaire, « Because I Care » (Cristal Records/Believe), le nouvel album du David Tixier Trio est annoncé pour le 27 août 2021. Le titre qui donne son nom au disque joue avec les mots. visuel de l'album Because I Care du David Tixier TrioIl fait référence au mythe d’Icare mais incite à prendre soin, I Care, pour éviter de se brûler les ailes et s’échapper du monde actuel en déroute.

La pochette de l’album attire l’œil, un prototype de vaisseau semble posé sur terre en même temps qu’il déploie des ailes, prêt à s’envoler. « …Inspirée des premiers prototypes d’ailes mécaniques de Léonard de Vinci » elle est créditée à Hélène Berly. Elle « …attise la curiosité, stimule l’imagination“. Les ailes « symbolisent l’espoir, la technicité humaine, le champ des possibles au début de l’histoire d’Icare où le vol représente encore un projet de liberté. »

Véritable enjeu et réel défi pour les artistes impliqués dans sa création, « Because I Care » témoigne de la vitalité créatrice des trois musiciens et de leur écoute symbiotique. Véritable réussite, l’album voit le jour grâce au travail, à la motivation et à la détermination de David Tixier (piano, wurlitzer, compositions, arrangement), Lada Obradovic (batterie, arrangement) et Jérémy Bruyère (contrebasse). Leur art a triomphé de l’adversité.

David Tixier

Après avoir suivi des études musicales suivies de 2011 à 2018 entre le CRR de Paris, la HEMU de Lausanne, en Suisse et la HKB de Berne, en Suisse, le pianiste, compositeur et arrangeur français David Tixier mène de front plusieurs projets.

  • Depuis 2015, le pianiste mène un projet en piano solo, le David Tixier Piano Solo avec lequel il a enregistré l’album « Substantial Existence, The Giant Corners » (Label Unit Records), en Mars 2016 sur lequel est invité le chanteur américain Sachal Vasandani.
  • Il est par ailleurs co-leader du projet Obradovic-Tixier Duo aux côtés de la batteuse croate Lada Obradovic. Le dynamique duo a été lauréat du ReZZo Focal 2018 du festival Jazz A Vienne, Révélation 2018 du festival Jazz Au Phare sur l’Île de Ré, a remporté en 2018 le 1er Prix du Colmar Jazz Festival et en 2019 le Prix de groupe de Jazz A La Défense. Outre ses performances scéniques, le Obradovic-Tixier Duo a sorti en 2017, un premier EP de 5 morceaux puis « Professor Seek & Mister Hide », un vinyle deux titres (Cristal Records & Jazz Au Phare Revelations 2018) et en 2020, l’album « The Boiling Stories Of A Smoking Keetle » (Naim Records/Modulor).
  • Enfin, David Tixier est aussi leader du « David Tixier Trio », un trio acoustique créé en février 2016 avec Rafael Jerjen (contrebasse) et Lada Obradovic (batterie). Depuis sa création, le trio a joué sur les scènes de nombreuses salles et festivals européens. En 2017, le trio sort un premier album enregistré à New York au Bunker Studios, « Universal Citizen » (Label Neuklang) sur lesquels apparaissent Mike Moreno (guitare) & Sachal Vasandani (chant).

Les années passent et…

« Because I Care »… une création artistique à l’écoute du monde

…. en février 2020, juste avant le premier confinement, c’est à l’Alhambra Studios de Rochefort-sur-Mer, avec Jérémy Bruyère (contrebasse, basse électrique) et Lada Obradovic (batterie) que le trio de David Tixier enregistre son deuxième album, « Because I Care » (Cristal Records/Believe) sur lequel est invité le chanteur David Linx qui intervient sur trois morceaux. Avec son titre qui joue avec les mots et fait un clin d’oeil à Icare, l’album « Because I Care » s’inscrit dans une situation complexe, celle de la pandémie et de ses conséquences sur le monde dont climat social, politique et économique s’est détérioré et se fragilisé.

Sur les réseaux sociaux, au quotidien, les nouvelles, vraies ou fausses, se télescopent et les individus connectés ne trouvent pas forcément réponse aux questions qu’ils se posent. Faute d’écoute et de dialogue qui permettrait à tout individu d’échanger et d’exprimer son point de vue, il devient difficile aux utilisateurs des plateformes de réseaux sociaux d’adopter des positions ouvertes et d’accepter les différences d’opinion. Le monde est en quelque sorte devenu un dédale inextricable dont il est difficile de se libérer. C’est cette analogie entre le monde actuel et le labyrinthe dont Icare a tenté de s’échapper en volant que David Tixier évoque à travers le titre de son album mais le mythe rappelle qu’en s’approchant trop près du soleil, Icare a brûlé ses ailes de cire et la chute lui a été fatale.

C’est dans un tel contexte que naît « Because I Care », une création artistique dont le titre annonce la volonté du leader de se soucier du monde, de le faire dans le respect de l’autre, de sa (ses) différence(s), sans forcément prendre position mais en tentant de comprendre et de faire cohabiter les opinions. Avec ses morceaux aux titres explicites, cet album affiche le souci de David Tixier de proposer des idées pour mieux exister. Outre ses huit compositions personnelles, le musicien a intégré au répertoire le titre de Neil Young, Old Man, qui a bercé son adolescence lors de ses longues marches, depuis le collège pour rejoindre l’école de musique où il apprenait le piano.

Ainsi, est-il permis de penser que via la musique de l’album « Because I Care » David Tixier répond à la question Pourquoi créer ? De facto, il en va pour cet album comme pour toute création artistique, car depuis la nuit des temps, l’Art et ceux qui le pratique observent, écoutent, interrogent le monde puis proposent des pistes pour réfléchir, échanger, faire entre sa voix, chercher et (re)trouver sa propre voie au sein d’un monde ouvert sur l’Autre.

Libre à chacun.e d’adhérer ou pas, mais on est tenté de se laisser convaincre par les indications de David Tixier et de regarder le monde autrement pour… échapper aux menaces environnantes sans se laisser duper par le calme qui règne dans l’œil de l’ouragan, croire en la nature humaine et trouver l’énergie en soi et à travers les autres pour goûter de nouveau à la saveur de la vie sans jamais lâcher prise, devenir celui dont on dit que la vie était rêvée et comme lui vivre de nouveau dans une fraternité soucieuse de tout un(e) chacun(e). Belle préconisation que l’art comme fluide vital… difficile de ne pas adhérer à cette vision.

Au fil des titres

L’album ouvre avec Because I Care sur lequel le trio invite David Linx qui expose le thème à l’unisson avec le piano. Comme il sait si bien le faire, le chanteur déploie son art du chant, son placement rythmique si personnel ainsi que sa manière unique de moduler les sons. Les paroles du morceau sont à créditer au chanteur et au pianiste. Court interlude improvisé par Jérémy Bruyère, Because I Don’t, s’inscrit en contrepoint au titre de l’album. Le contrebassiste fait chanter le blues à son instrument « pour tous ces moments où il serait plus simple de ne pas se soucier des choses et de se libérer ainsi de ses dilemnes intérieurs ». (cf. livret de l’album)

Le thème Nutra, qui signifie « à l’intérieur » en croate, est dédié à Lada Obradovic. A partir d’un motif de basse, le piano déroule le thème en boucle et pose ses notes mordantes sur le tempo haché qu’insuffle la section rythmique. Plus loin, le solo du piano est irrigué d’une énergie maitrisée et celui de la batterie crépite sous un florilège de percussions.

Après une introduction de David Tixier au wurlitzer, David Linx chante Old Man. De son timbre voilé, son chant souple propulse avec une liberté infinie les paroles et la ligne mélodique du titre de Neil Young.

Le contraste est grand avec le titre suivant. En effet, le piano introduit seul Losing the Grip auquel il donne de premier abord une couleur pastorale. Le trio entre ensuite en scène et après un riff de basse, le clavier développe son discours en nappes sonores qui libèrent son lyrisme enflammé lequel laisse place à un solo aérien de la contrebasse inspirée. La batterie fait alterner caresses délicates et rythmes cadencés et percussifs. Dès l’introduction de In the Hurricane’s Eye, la batterie donne le ton et instaure un climat tendu que tempère ensuite le solo de la basse électrique mais le wurlitzer intervient et insuffle une effervescence que la batterie entretient avec flamme.

A Life’s Flavour emprunte ensuite le chemin de l’allégresse et du swing. Véritable « ode au renouveau », le morceau laisse percevoir la complicité qui règne entre les trois musiciens. Leurs échanges fournis permettent d’apprécier un superbe dialogue musical entre piano et contrebasse que soutient une batterie à la fois douce et entraînante.

Thème lumineux s’il en est, Human Dance est présenté par le piano vite rejoint par la voix acrobatique de David Linx qui, sur ce titre, se livre avec bonheur à une improvisation qui n’est pas sans rappeler l’art de Betty Carter. Entre chant et piano les notes dansent au rythme de la vie.

L’album se termine dans climat plus organique avec One Whose Life Was Told to Be Dreamt. Après une introduction où l’archet développe une ligne sombre et profonde sur les cordes de la contrebasse, la batterie impulse le rythme et le solo du piano monte en intensité. Le clavier libère ensuite son expression de toute contingence et ouvre l’espace à la contrebasse qui tisse une improvisation volubile. Avec une rythmique que la batterie tisse avec subtilité, le final laisse entrevoir apaisement et sérénité .

RV le 05 octobre 2021 à 21h au Sunside (Paris) avec David Tixier Trio pour le concert de sortie de l’album. ICI pour suivre l’ensemble des concerts à venir du David Tixier Trio.

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Simon Moullier trio présente « Countdown »

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Virtuosité, groove & lyrisme

Sur « Countdown », son deuxième album, le vibraphoniste français Simon Moullier retrouve le contrebassiste Luca Alemanno et le batteur Jongkuk Kim. Le trio acoustique revisite dix standards. Virtuosité, groove et lyrisme irriguent le répertoire de bout en bout. Un opus enchanteur à écouter encore et encore… !

Consacré aux standards, « Countdown » ouvre avec le titre de Coltrane qui donne son nom au disque et figurait sur « Giant Steps » (1961).visuel de l'album Count Down de Simon Moullier trio

Par un travail rythmique, mélodique et harmonique très maîtrisé, Simon Moullier trio rend hommage « aux grands compositeurs et aux piliers du jazz ». Avec décontraction et une grande cohésion, Simon Moullier (vibraphone), Luca Alemanno (contrebasse) et Jongkuk Kim (batterie) font varier les climats. Ils développent un jeu subtil qui ne manque pas d’énergie et de groove. Leur relecture apporte un vent de fraîcheur au répertoire.

Dans leur jeu collectif coexistent finesse, rondeur, souplesse et fluidité. Ainsi, le patrimoine que représentent ces standards de John Coltrane, Thelonious Monk, Charles Mingus, Cole Porter, Eden Ahbez, Bill Evans, Jerome Kern, Tadd Dameron et Toninho Horta, s’en trouve résolument actualisé.

Les mailloches tournoient pendant que les cordes de la contrebasse vibrent en parfaite symbiose avec les peaux des fûts et les cymbales de la batterie.

Simon Moullier

Aujourd’hui basé à New-York, Simon Moullier est né en France. Après avoir suivi à Nantes des études de percussions classiques et de batterie il a poursuivi son cursus aux États-Unis où il est sorti diplômé du Berklee College of Music et du Thelonious Monk Institute. Il a partagé la scène à l ‘international avec de nombreuses sommités du jazz parmi lesquelles figurent Herbie Hancock, Danilo Perez, Gerald Clayton, Logan Richardson. Il intervient sur de nombreux albums aux côtés de Mark Turner, Kendrick Scott, Miguel Zenon, Alex Hahn, Dayna Stephens et bien d’autres encore.

Herbie Hancock parle ainsi de lui : « Sa musique est fraîche, elle parle à tout le monde. Je n’ai jamais entendu quelqu’un jouer du vibraphone comme ça. »

S’il s’inscrit dans la lignée de Lionel Hampton, Milt Jackson, Bobby Hutcherson et Gary Burton, le jeune Simon Mouiller développe un langage très personnel où modernité et liberté font bon ménage. Il essaie « de trouver comment tordre les notes sur [s]on instrument pour obtenir une qualité plus vocale dans [s]on phrasé. Puis [il a] commencé à incorporer de nouvelles techniques pour développer d’autres possibilités d’expression sur l’instrument et aborder un langage personnel”.

En plus de son travail d’interprète, Simon Moullier est un éducateur actif et a passé de nombreuses heures à faire de la sensibilisation communautaire à Cuba, en Indonésie, au Panama et en Inde.

En 2020 il a sorti son premier opus « Spirit Song » (Outside In Music) sur lequel I’ll remember April figurait seul comme seul standard parmi huit compositions de Simon Moullier, le vibraphoniste revient avec « Countdown » (Fresh Sound New Talent) enregistré pour neuf titres durant la pandémie de 2020, en mai, au Sear Sound Studio de New York et paru le 11 juin 2021.

Au fil des pistes

Pris sur un tempo alerte, Countdown résonne avec légèreté et ses lignes mélodiques rebondissent avec bonheur. A l’écoute du thème de Monk, Work, on demeure saisi par la fluidité de l’expression du vibraphoniste et on perçoit la profonde complicité du trio.

I Concentrate On You permet de percevoir le jeu raffiné et coloré du leader. Sa sonorité très ronde met en valeur son sens du toucher… on ferme les yeux et on imagine les maillets danser en douceur au-dessus des lames du vibraphone. Le morceau restitue l’entièreté de l’art de Cole Porter.

Sur Goodbye Pork Pie Hat, le trio restitue des vibrations chargées de fraîcheur qui vivifient la superbe mélodie de Mingus. Plus loin, le trio métamorphose la composition de Eden Ahbez, Nature Boy, en une version chaloupée qui invite à la danse. La contrebasse fait vibrer ses cordes avec lyrisme alors que la sonorité du vibraphone n’est pas sans évoquer celle du marimba.

Avec subtilité, le vibraphoniste décompose Turn Out The Stars avant de laisser s’écouler les sonorités cristallines de son instrument avec un groove infini. Un concentré de musicalité dénué de toute mélancolie. Du très grand art !

Plus loin, c’est au tour de la chanson de Jerome Kern, The Song Is You, d’être magnifiée par le vibraphone dont les lignes musicales swinguent. Le trio raconte une histoire musicale délicieuse et gorgée d’effets polyphoniques inouïs. Un véritable ravissement.

Avec délicatesse, le trio offre ensuite une version solaire de la samba Beijo Partido de Toninho Horta. Dans un climat harmonique sophistiqué, les modulations renforcent l’atmosphère mystérieuse de la composition originale. Le contraste est grand avec le tempo fulgurant qu’adoptent les trois musiciens sur Hot House, le thème de Tadd Dameron. Le vibraphoniste phrase bop avec ferveur sur un train d’enfer et ouvre l’espace au batteur dont le chorus foudroyant laisse pantois.

Le répertoire se termine avec un hommage à Thelonious Monk dont le titre Ask Me Now est magnifié. L’accompagnement cadencé de la contrebasse soutient le sautillement des mailloches qui parent de lumière le thème. De superbes vibrations dansantes et décontractées pour rêver sans fin.

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L’arc en ciel vocal de Samara Joy

L’arc en ciel vocal de Samara Joy

Une étoile montante prometteuse

Accompagnée par le trio du guitariste Pasquale Grasso, la jeune vocaliste Samara Joy présente son premier album éponyme paru le 09 juillet 2021. Avec un talent inouï, elle explore quelques-uns des standards du Great American Songbook. Porteuse d’émotion et chargée d’un groove inouï, sa voix rajeunit les grands standards. Une étoile montante du jazz vocal à suivre absolument !

visuel de l'album Samara Joy de Samara JoyAprès avoir remporté en 2019 la prestigieuse compétition de chant au Sarah Vaughan International Jazz Vocal Competition, c’est le 09 juillet 2021 que la chanteuse Samara Joy a sorti son premier album, « Samara Joy » chez Whirlwind Recordings. A 21 ans seulement cette étoile montante du jazz vocal est produite par le vétéran des nominations aux Grammy, Matt Pierson.

Sur son premier disque, Samara Joy est accompagnée par le trio du guitariste virtuose Pasquale Grasso qui réunit autour de lui le contrebassiste Ari Roland et le légendaire batteur Kenny Washington. Douze pistes pour la découvrir et prendre la mesure de cet arc en ciel vocal qu’est la voix de Samara Joy.

Samara Joy McLendon

Samara Joy McLendon a grandi dans le Bronx entourée d’une famille de musiciens. La musique est une part intégrante de son identité. Ses grands-parents paternels, Elder Goldwire et Ruth McLendon, étaient les leaders de « The Savette », un groupe de gospel originaire de Philadelphie. Son père a tourné avec le célèbre artiste gospel Andrae Crouch, et elle a grandi dans une maison remplie du son des chansons de son père et les musiques de nombreux artistes de Gospel et de rhythm and blues parmi lesquels on peut citer Stevie Wonder, Lalah Hathaway, George Duke, Musiq Soulchild, Kim Burrell, Commissioned et bien d’autres. Elle précise : « Ma mère et mon père m’ont permis d’avoir accès à un large spectre musical allant de Luther Vandross et Chaka Khan en passant par George Duke et Stevie Wonder ». Elle n’a pas chanté à l’église et a découvert le jazz au lycée grâce à ses amis. 

Depuis ses débuts, elle est comparée avec Sarah Vaughan et Ella Fitzgerald. Pourtant, même si l’on retrouve dans l’album la trace prégnante de l’inspiration que leurs voix ont exercé sur la jeune vocaliste, la jeune chanteuse précise : « En fait, je n’avais jamais entendu parler de Sarah Vaughan avant l’université. Mes amis écoutaient beaucoup de jazz et m’ont prêté beaucoup de leurs albums préférés. C’est la version de Sarah de « Lover man » et les enregistrements de Tadd Dameron avec le trompettiste Fats Navarro qui ont tout changé pour moi, ça m’a converti. »

Depuis, elle n’a cessé de creuser à la recherche de ses racines jazz et à n’en pas douter, son travail a abouti car l’album « Samara Joy » constitue une belle réussite.

« Samara Joy » (Whirlwind Recording)

Sur les douze pistes de l’album « Samara Joy » enregistré en octobre 2020 à New-York (Oktaven Studio) et sorti le 09 juillet 2021, l’interprétation pleine de fraîcheur de la chanteuse allie insouciance et nostalgie. Sa voix possède à la fois fraîcheur et profondeur, force et souplesse. Avec une facilité perceptible à l’écoute, la jeune chanteuse de 21 ans réussit avec ce premier album, une performance qui devrait faire l’unanimité dans le milieu du jazz.

En ouverture, la voix de velours de la chanteuse caresse Stardust, la chanson populaire composée en 1927 par Hoagy Carmichael. Avec un vibrato léger et fort bien maîtrisé, le chant distille avec douceur le texte de la chanson alors que la sonorité pétillante et le jeu virtuose du guitariste ne sont pas sans évoquer ceux de Joe Pass.

C’est ensuite sur un tempo medium que le trio interprète Everything Happens To Me. La voix au timbre juvénile swingue avec insouciance, grâce et souplesse. L’improvisation trop courte du guitariste propose des lignes mélodiques aux notes claires et détachées et le contrebassiste offre une superbe variation du thème à l’archet. Avec aisance, la chanteuse procède à de grands écarts de tessiture sans jamais laisser percevoir aucun forçage de voix.

Samara Joy pulse avec facilité et sans aucun effort quels que soient les différents tempos du thème If You Never Fall In Love With Me sur lequel elle conjugue aisance, swing et vitalité. La chanteuse interprète ensuite avec une désinvolture désarmante, la chanson de Matty Malneck, Lets Dream in the Moonlight que le trio a pris sur une pulsation ultra-rapide. Elle rend ainsi hommage à Billie Holiday qui en avait écrit des paroles. On est époustouflé par le solo virtuose du guitariste.

Le contraste est grand avec la reprise du thème de Frankie Laine, It Only Happens Once, qui résonne comme un hommage à Nat King Cole. Dotée d’une sensualité à fleur de voix, la voix se pare d’un vibrato pourvoyeur d’une grande émotion. Sur Jim, la chanteuse reprend les paroles que Billie Holiday avait posées sur la mélodie de Nelson A. Shawn et Caesar Petrillo. On se laisse charmer de bout en bout par sa voix limpide et élégante.

Avec The Trouble With Me Is You, il s’agit d’un nouveau clin d’œil à Nat King Cole. D’ailleurs, Samira Joy interprète ce standard comme le ferait un crooner. Sa voix veloutée fait glisser les notes et son chant flexible se fait intime. Le solo du guitariste distille un moment de pur bonheur. Sur un tempo de valse, la voix se fait plus grave et plus incisive, elle semble se jouer des grands écarts de notes qu’elle maîtrise à la perfection, ce qui surprend au regard de son jeune âge.

La chanteuse donne ensuite une version imprégnée d’une puissance nostalgie de la ballade de Jimmy Davis, Lover Man. Samara Joy étire les paroles avec une force expressive renversante. Le timbre de sa voix se fait plus chaleureux sur Only A Moment Ago que le trio prend sur le rythme chaloupé d’un calypso qui invite à bouger. Sur la compositon d’Irving Mills, Moonglow, le chant devient plus nasal. C’est sur ce titre que la chanteuse répond à l’archet de la contrebasse par deux riffs de 8 secondes, avec le soutien de la guitare. On aurait apprécié que ces scats esquissés soient plus longs et plus structurés.

L’album se termine avec But Beautiful. Seulement accompagnée par la guitare aux accords charmeurs, la voix se charge d’émotion sur la superbe ballade de Jimmy Van Heusen qu’elle interprète avec sobriété. Ce titre permet vraiment de prendre la mesure de l’étendue du registre de la voix traversée par le fantôme de la majestueuse Ella.

Samara Joy est entrée dans l’univers des chanteuses de jazz quatre ans seulement après son inscription au Purchase College de New-York. Sa première réalisation discographique laisse augurer d’un avenir prometteur pour cette toute jeune-femme dont la voix se pare déjà de toutes les couleurs de l’arc en ciel.

Promenade dans « Le Jardin des Rêves » du quintet Oni Giri

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« Hope »… le jazz du XXIème siècle de Marc Ribot et Ceramic Dog

« Hope »… le jazz du XXIème siècle de Marc Ribot et Ceramic Dog

Fureur, refus, résistance et espoir

​Avec « Hope », Marc Ribot et ses complices de Ceramic Dog proposent en neuf titres un concentré de ce qui constitue l’ADN musical du groupe. En se promenant dans tous les territoires qu’il affectionne, le power trio propose avec quelques invités un album furieux et poétique qui pourrait incarner le jazz du XXIème siècle.

visuel de l'album Hope de Marc Ribot's Ceramic DogConstitué du guitariste Marc Ribot, du bassiste/multi instrumentiste Shahzad Ismaily et du batteur Ches Smith, le trio Ceramic Dog a conçu « Hope », un album qui évoque l’étonnante période que le monde a traversé et traverse encore

Ce n’est certes pas avec « Hope » (Enja /Yellow Bird/L’Autre Distribution) à sortir le 25 juin 2021 que l’on va pouvoir inscrire Marc Ribot et ses acolytes de Ceramic Dog dans une catégorie. Nul ne s’en plaindra et d’ailleurs il serait vain de tenter de discriminer si le troisième album du groupe est plutôt jazz que rock, s’il se promène dans les territoires funk ou folk, reggae ou cool. L’essentiel en revanche est bien de dire, voire même de crier haut et fort encore une fois que la musique de Ceramic Dog étonne, interpelle, emballe littéralement car elle porte en elle une vie et un message qu’elle transmet sans filtre.

« Hope », une musique sans complaisance imprégnée de fureur, de résistance et de refus mais surtout, une partition porteuse d’espoir comme le signifie son titre. « Hope », une potion musicale déconfinée comme un remède contre la déprime.

Contexte

Marc Ribot

MarcRibot©Ebru Yildiz

Quand mai 2020 est arrivé, Marc Ribot a commencé à trouver qu’être déprimé était déprimant. Il « n’avai[t] pas vu [s]es partenaires depuis février ». Les membres du trio se sont donc retrouvés au studio Figure 8 (le studio de Shahzad Ismaily) pour enregistrer ce qui allait devenir « Hope ». Certes l’album restitue des instantanés de la vie en période de pandémie et reflète les incertitudes de notre époque mais sur chaque morceau est perceptible ce qui relie les membres du trio Ceramic Dog, la passion de jouer ensemble depuis 2008.

Certains des enregistrements précédents de Marc Ribot sont plus immédiatement politiques. Ainsi le dernier disque du guitariste « Songs of Resistance 1942-2018 », paru en 2018 est profilé 100% agitprop, sans culpabilité aucune. Quant à « YRU Still Here? » de Ceramic Dog paru la même année, il comporte l’intense et poignant Muslim Jewish Resistance et le punky Fuck La Migra. Ainsi, pour Ches Smith, « cet album, contrairement au précédent, donne plus l’impression d’un burnout politique ».

L’enregistrement

Dès l’entrée en studio, le groupe a mis en place un lourd protocole sanitaire : se laver les mains, et jouer bien éloignés les uns des autres. Si éloignés qu’ils ne se voyaient même pas pendant l’enregistrement. Ils ont eu à cœur d’éviter que l’état des poumons du bassiste –déjà bien abîmés- n’empire et que cela ne compromette plus encore sa santé. Mais grâce aux compétences techniques du bassiste, ils s’entendaient d’une manière parfaite et presque inédite.

« …quand nous sommes entrés dans le studio, j’ai pensé que nous allions trouver quelque chose qui parlait à notre époque… un message en bouteille à nos auditeurs tout aussi naufragés (imaginaires). Mais une fois que nous avons commencé, c’était tellement amusant de jouer que nous avons oublié les catastrophes à l’extérieur. Au lieu de cela, nous avons « parlé » d’autres moments que nous ne pouvions pas encore voir : comme le jour, 5 mois plus tard, où les gens de Tout Brooklyn dansaient dans les rues pour la joie. » …. “Nous étions si heureux de jouer, d’enregistrer, de faire de la musique à nouveau” … “Dans les temps futurs –s’il y a des temps futurs, quand les gens se retourneront vers l’année que nous venons de vivre, ils n’y croiront pas. Mais cet album en a été à la fois le témoin et notre corde de sauvetage.” Marc Ribot

Le répertoire

Les précautions mises en place, le trio s’est lancé dans l’enregistrement de huit morceaux originaux, quatre du guitariste, trois pièces à créditer aux membres du trio et d’une reprise de Wear Your Love Like Heaven de Donovan.

Si Wanna, le troisième morceau du disque, reflète la joie incalculable qu’a eu le groupe à se retrouver et à jouer, certains titres, comme B Flat Ontology qui ouvre l’album, sont des histoires minimalistes qui traduisent l’ennui, une certaine forme d’inutilité ressentis par le guitariste ces derniers temps. Pour Marc Ribot, « c’est la chanson la plus déprimante jamais écrite. Beaucoup plus déprimant que le Kindertotenlieder de Mahler. Bien, beaucoup plus déprimant. »

Ceramic Dog

Ceramic Dog©EbruYildiz

A propos de They Met In The Middle sur lequel intervient le saxophoniste alto Darius Jones, Marc Ribot déclare : « Mes racines No Wave ont refait surface… C’est une chanson qui parle de la manière de ne pas aller quelque part. Vous pouvez vous rendre nulle part en restant au même endroit, ou en tournant en rond. Cette chanson parle également de gens qui vont dans des endroits puis en reviennent. Il y a différentes manières d’aller nulle part.” Le titre The Activist est quant à lui plus une satire qu’un reproche. “J’ai écrit ceci après avoir participé au millionième meeting politique qui n’allait nulle part.” déclare Marc Ribot. “Ainsi, dans cette chanson, je me paie ces gens qui prennent réellement du plaisir à balancer ces propos radicaux merdiques, au lieu de mettre vraiment les mains dans le cambouis et de faire ce qu’il y a à faire en urgence.”

Loin de toute catégorisation politique, historique, voire musicale, deux longs instrumentaux, l’antepénultième The Long Goodbye et l’avant-dernier Maple Leaf Rage, offrent 23 minutes de respiration aux commentaires poétiques de Marc Ribot. “Je pense que Marc a une manière très picturale de suivre son intuition, pour savoir si l’on a besoin ou pas d’un moment instrumental après des morceaux plus lyriques ou centrés autour du texte. Il me semble que cela se rapproche d’une intuition subtile, du bon équilibre, de ressentir l’expérience émotionnelle de l’auditeur » témoigne Shahzad Ismaily.

De la dépression à l’espoir

En ouverture B-Flat Ontology sonne comme une chanson bluesy, une sorte de lamentation où la voix dépressive et réverbérée du chanteur guitariste se fait entendre sur un beat reggae avec des accents punk. La déprime n’est pas loin. Sur Nickelodeon, le chant se fait plus alerte sur les battements funk des tambours. La guitare mordante tient un riff reggae et plus loin le toucher du musicien devient plus nerveux. Avec Wanna, la musique du trio se met à gronder et à claquer sur un fond de rock déjanté et furieux qui laisse exploser la joie de jouer du groupe.

La tonalité change avec The Activist. Marc Ribot laisse sourdre un vent de colère à travers des paroles satiriques sur la ligne de basse pulsatile, la batterie hypnotique et en arrière-plan la voix de Syd Straw. Ça sent le soufre !

Au mitan de l’album, la sonorité jazzy et très claire de la guitare sonne avec grâce sur Bertha The Cool où la magie opère comme jamais entre les trois compères. Le jeu tout en attaque de Marc Ribot affirme avec feeling un monde chargé d’espoir.

Le propos musical de They Met In the Middle se fait plus dense et plus sombre. Les interventions free et déchirées du saxophoniste alto Darius Jones répondent en force au parlé-chanter de Marc Ribot qui n’est pas sans évoquer la voix de Tom Waits. Au secours ! On tourne en rond, le désespoir n’est pas loin.

Au début de l’instrumental The Long Goodbye, la musique semble plus sereine et même poétique. La guitare s’exprime d’abord avec tendresse et lyrisme puis devient saturée et plus agressive sur une rythmique rock enragée à laquelle répond l’alto à la sonorité débridée. Musique bipolaire qui balance entre quiétude et déchaînement et se conclut dans l’apaisement. Le trio propose ensuite Maple Leaf Rage, un autre instrumental qui débute dans un climat sonore pictural apaisé avec les violoncelles de Rubin Khodeli et Gyda Valtysdottir qui interviennent et donnent des accents psychédéliques à la musique. Au fil des mesures, guitare et rythmique font monter la tension et après un break, la guitare laisse échapper des fulgurances convulsives sur le tempo que martèlent cordes et batterie. La frénésie s’installe et après un paroxysme, l’incendie déclenché par la guitare en colère s’éteint doucement mais sous les braises résiduelles, sourd encore le chant désespéré des violoncelles qui font écho aux accords désaccordés de la guitare.

Avec Wear your Love like Heaven, la voix de Marc Ribot parle sa joie de refaire de la musique et sur sa guitare un rien saturée, la mélodie sonne avec une tendresse infinie alors que les balais effleurent toms et cymbales avec délicatesse. Tout redevient possible, l’espoir est de mise… on y croit !

Avec Ceramic Dog, le guitariste Marc Ribot se produira en Italie, le 15 juillet 2021 à Brugnera (Pordenone). Il sera en France le 17 juillet 2021 à Sotteville Les Rouen dans le cadre du festival Pacific. En Belgique, le Gent Jazz Festival accueille le trio le 18 juillet 2021. ICI pour connaître l’ensemble des dates du trio.

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