Legraux Tobrogoï, énergique et enflammé

Legraux Tobrogoï, énergique et enflammé

« Pantagruel Résolu »

Avec huit plages de musique instrumentale, « Pantagruel Résolu » ouvre l’appétit des amateurs de musique vigoureuse et réjouissante. Le sextet Legraux Tobrogoï n’en finit pas de faire résonner ses vociférations énergiques et enflammées. Déterminé à faire bouillonner les notes et à asticoter les portées, les loustics toulousains stimulent les oreilles qui auraient eu le malheur de s’endormir ! Pas question de résister à ce « Pantagruel Résolu ». C’est furieux et ça groove de toute part à qui mieux mieux !

visuel de l'album Pantagruel Résolu par Legraux Tobrogoï« Pantagruel Résolu » (Alfred Production/Inouïe Distribution), c’est le titre du nouvel album de Legraux Tobrogoï sorti le 17 septembre 2021.

De bout en bout, ça barrit, ça bouillonne, ça explose, ça vocifère, ça coulisse, ça électrise, ça déborde de vie… en synthèse ça fait grand bien aux oreilles et au moral qui s’en trouve boosté. En ces temps tristounets, c’est plutôt réjouissant !

Legraux TobrogoÏ est…

« … un sextet,
Vigoureux et réjouissant,
Culotté et entrainant,
Acharné et turbulent ». Nicolas Poirier (guitariste de la formation)

Le groupe

Issu de la bouillonnante scène Toulousaine, Legraux Tobrogoï est un sextet de jazz populaire acharné. Le groupe réunit six vifs improvisateurs qui s’obstinent à faire taper du pied par leurs pulsations frénétiques (plutôt rock) tout en excitant les oreilles les plus averties. C’est frénétique, beau et surtout très réjouissant.

Les Tobrogoï sont une version orchestrale issue d’une fameuse fanfare à mobylette née en 2000 à “Jazz sous les pommiers”. Sur des rythmiques afro-américaines (afro-beat, jazz…) qui constituent leur culture commune, ils ont ensuite ajouté la vivacité et la fougue des mélodies de l’est et de l’orient pour créer le « tziganafreecansound » : un répertoire instrumental ouvert, énergique, toujours axé sur la danse, où règne un esprit d’improvisation jubilatoire. Cette phase sera gravée sur un album « Nikalitipoï » (Sunset/Crossing records) en 2003.

Mis en sommeil pendant presque une décennie, l’orchestre se reforme en sextet à Toulouse en 2014, reprend la route et, fort de nouvelles compositions, sort un nouvel album, “Volume 1”, en 2018 en partenariat avec Alfred productions. Cette sortie marque le renouveau du groupe désormais nommé “Legraux Tobrogoï”, en égard à sa taille et au caractère affirmé des fortes personnalités qui le composent.

Le sextet se propose alors de faire taper du pied autour de rythmiques énergiques et d’arrangements sulfureux basés sur des compositions de plus en plus originales.

De chorus incendiaires en improvisations collectives débridées, on pourra croiser les ombres du jazz des 60/70’ et son esprit libertaire, ainsi que certain emprunts rythmiques ou harmoniques à l’Est ou encore à l’afro-beat. Malgré une palette stylistique un peu disparate, le sextet veille néanmoins à ce que la cohérence soit de rigueur. Les concerts de Legraux Tobrogoï, renouent en effet aussi, avec l’esprit des “hots” clubs, où le contrebassiste, master of ceremonies, Colin Jore, donne toute son énergie et sa démesure, et invite le public à partager et à participer à l’enthousiasme de cette équipe d’improvisateurs pugnaces … chaud devant !

“Pantagruel Résolu”

En mars 2020, la contrainte liée aux conditions sanitaires que l’on connaît, stimule l’équipe qui en profite pour renouveler complètement son répertoire. En quelques semaines, les six loustics unissent leurs forces créatives pour concevoir et mettre en place un répertoire gonflé de sève, de joyeuses fureurs et d’une indéniable rage, proche de celles d’un certain jazz libéré que l’on a connu et que l’on est heureux de retrouver. La production de “Pantagruel Résolu” est lancée…

Place alors à la fanfare free enrockée des six Pantagruels que sont, Fabien Duscombs (batterie), Nathanaël Renoux (trompette), Colin Jore (contrebasse), Florian Nastorg (saxophone Baryton), Yvan, Picault (saxophone ténor), Nicolas Poirier (guitare). Ils se lancent dans une cavalcade turbulente et décochent leurs flèches électriques en directions des oreilles curieuses et enthousiastes à l’idée d’écouter leur musique enflammée qui parle à l’imaginaire de chacun.e.

Cinq compositions de l’album sont à créditer au guitariste Nicolas Poirier. Le contrebasse Colin Jore et le trompettiste Nathanaël Renoux ont aussi contribué à l’écriture du répertoire à raison de deux titres pour le premier et un pour le second. Sur l’ensemble des morceaux, l’on observe ce qui pourrait presque se nommer une marque de fabrique du groupe, ces ruptures qui surviennent au sein des morceaux et permettent au sextet d’apporter de belles nuances à la partition mais, pas question pour le collectif de s’attendrir trop longtemps, la vigueur reprend et ça repart de plus belle !

Au fil des pistes

En ouverture, ligne de basse omniprésente, batterie furibarde et cuivres vociférants unissent leur flamme pour conter l’histoire d’un Pitre provisoire. La guitare n’en finit pas de faire vibrer ses cordes au-dessus des plaintes des soufflants qui prennent le dessus et relancent la dynamique jusqu’à un break magique après lequel la fureur reprend jusqu’à l’explosion de la guitare

Riff de basse réitéré, batterie en goguette, baryton lyrique… ainsi démarre Un Slip et des bottes. La guitare exaspérée se branche ensuite sur la haute tension pendant que la batterie survoltée explose avec vigueur et unit son énergie avec celle de la basse. Les soufflants dialoguent avec vigueur et engagent le collectif dans un échange expressif et exponentiel. Sitôt après, après un allumage laborieux, Legraux Tobrogoï met les gaz avec Oil! Oil! Oil!, un morceau bien huilé que le groupe propulse avec humour. Riff de basse et de guitare se chevauchent pendant que les soufflants s’époumonent. La trompette se lamente avec des accents épiques, la guitare ressasse son riff jusqu’à l’usure. La cavalerie débarque et la musique reprend de plus belle après un mini break.

Plus loin, arrangements somptueux, rythmique énergique, le collectif s’engage sans retenue sur les virages des chemins agités de Turbulances.

Rabelais l’aurait sans doute conseillé, il convient toujours de garder Une poire pour la soif. Legraux Tobrogoï a bien compris le message et adopte sur un rythme binaire martial qui hésite entre rock et musique militaire. La contrebasse ne s’en laisse pas conter et tient tête à la batterie, aux soufflants et à la guitare. La trompette reprend le lead, tout semble prêt à exploser mais pour finir, le sextet se retrouve fédéré. Avec End of edmond, il semble qu’on suive un cortège funéraire dont la batterie impulse le rythme de marche. Entre soufflants et guitare, s’enchaînent ensuite les discours alors que la ligne de basse n’en finit pas de monter et descendre. Le saxophone baryton bavard déblatère, la trompette s’époumone à lui répondre et fait friser ses aigus alors que la guitare s’exaspère et pour finir la batterie martèle la fin d’une marche pas si funèbre que ça.

Après une intro vigoureuse, guitare, trompette et saxophones télescopent leurs discours vigoureux sur Arrête ton char, chacun engageant l’autre à s’arrêter alors que batterie et basse ronflent à qui mieux mieux… c’est jazz à fond.

Passpawtampon boucle le répertoire avec véhémence avec une rythmique qui n’a rien à envier à celles des musiques éthiopiennes. Après un riff de la guitare et l’énergique intro du groupe, trompette et baryton s’interpellent puis les rythmiciens furieux et la guitare les rejoignent bien décidés à propulser la musique vers une fin frénétique. Après une première écoute de « Pantagruel Résolu » , il ne reste plus qu’à laisser tourner le disque pour continuer à s’abreuver d’énergie…. pour une cure efficace qui recharge à fond les batteries, trois à cinq écoutes de l’album s’imposent.

Pour écouter live Legraux TobrogoÏ, rendez-vous le 27 novembre 2011 au Hel’s Kitchen Fest à Sarlat (24), du 06 au 09 décembre 2021, dans le cadre des Résidences Occijazz dans le cadre de Jazz à Junas (66). ICI pour accéder à l’agenda des concerts du groupe. Et en attendant d’aller au concert… on regarde une vidéo live pour prendre la mesure de la force de frappe musicale de Legraux TobrogoÏ.

« La Dolce Vita » selon Stefano Di Battista

« La Dolce Vita » selon Stefano Di Battista

Trois ans après « Morricone Stories » dédié à Ennio Morricone, le saxophoniste italien Stefano Di Battista est de retour avec « La Dolce Vita », un nouveau projet ancré dans la culture populaire de son pays. En quintet, il fait résonner sous un nouveau jour douze chansons italiennes emblématiques de l’âge d’or de l’Italie. L’album navigue entre ferveur et nostalgie.

lire plus
« Mères Océans » de Christophe Panzani

« Mères Océans » de Christophe Panzani

Christophe Panzani présente son nouveau projet, « Mères Océans ». Le saxophoniste présente une musique intime où alternent douceur et puissance, acoustique et électronique. Les émotions subtiles sont portées par des mélodies de rêve. Un poème musical intimé dédié à sa mère disparue.

lire plus
Jazz à Vienne 2024 – La programmation

Jazz à Vienne 2024 – La programmation

Pour sa 43ème édition, du 27 juin au 12 juillet 2024 avec une soirée supplémentaire le 16 juillet, le festival, Jazz à Vienne propose 16 jours de concerts. Le célèbre les 20 ans de la disparition de Claude Nougaro, avec « NewʼGaro », une création hommage, en collaboration avec d’autres festivals. Vingt-huit nationalités seront présentes avec un focus européen sur la Suisse et Stracho Temelkovski en artiste associé. Pour plus de la moitié des artistes le Théâtre Antique constituera une première. Une programmation ouverte à tous les publics… à découvrir avec gourmandise.

lire plus
Share This