« Velkommen håp », entre tradition et avant-garde
Sur son premier album, « Velkommen håp », le groupe norvégien Flukten propose une musique stimulante et surprenante. Elle s’aventure dans les contrées de l’avant-garde où la liberté est reine mais demeure ancrée dans la tradition du jazz. Décapante et percutante, elle réveille les sens. Pourvoyeuse d’émotions, elle fait rêver. Un album énergique et joyeux dont les vertus antidépressives sont à louer.
Annoncé pour le 08 octobre 2021, l’album « Velkommen håp » (ODIN) explore une large palette musicale où se croisent hip-hop, soul, rock, musique folklorique du monde entier. Avec ses joyeuses fantaisies musicales, le quartet Flukten souhaite « Bienvenue à l’Espoir » (titre de l’album).
Avec son homme nu qui pose de dos, face à un paysage nordique, bras et jambes écartés, avec un saumon qui pend entre les jambes, la pochette espiègle de « Velkommen håp » est en harmonie cet album réjouissant.
En accord avec son nom qui signifie « Evasion », Flukten propose une dépaysante escapade musicale entre réjouissantes mélodies et dissonantes harmonies.
Flukten
En mars 2020, alors que la pandémie a forcé la Norvège et le monde à se refermer sur eux-mêmes, quatre musiciens issus de certains des groupes de jazz les plus en vogue en Norvège ont fait de même. C’est ainsi que la saxophoniste Hanna Paulsberg (Hanna Paulsberg Concept, Trondheim Jazz Orchestra), le guitariste Marius Klovning (Moskus, Atomic), le contrebassiste Bárður Reinert Poulsen (Skakedyr) et le batteur Hans Hulbækmo (Hanna Paulsberg Concept, Espen Berg Trio) ont constitué le groupe Flukten.
Aux côtés du guitariste qui évolue entre soul, blues et musique folklorique norvégienne, la saxophoniste fait entendre les multiples facettes de son jeu. A leurs côtés le bassiste émaille de solos sensibles ses lignes à la fois percutantes et swingantes. Tous trois sont portés par l’art tout en nuance du batteur. Le quartet élabore une musique dont le propos passe d’un son rugueux qui engage au mouvement à un jazz doux et raffiné qui incite à la réflexion.
« Velkommen håp »
Six titres de « Velkommen Håp » sont à créditer à Hans Hulbækmo, deux autres à Marius Klovning, un à Hanna Paulsberg et un autre résulte de la collaboration des quatre membres du groupe.
Hormis deux ballades et un morceau d’improvisation libre, la pulsation rock irrigue les sept autres titres sur lesquels s’invite le jazz.
Évasion au fil des pistes
L’album ouvre avec Velkommen Håp. Un moment musical décapant où les musiciens conversent sans entrave et semblent s’amuser. Guitariste et saxophoniste s’éclatent sur la trame mélodique qui demeure en filigrane.
Le quartet enchaîne avec Budeie boogie dont le rythme n’est pas sans rappeler les compositions calypso de Sonny Rollins. Guitare et ténor entament le morceau à l’unisson. Après le phrasé mordant et syncopé des cordes de la guitare, le ténor jubilatoire fait entendre son souffle chaleureux dont la saxophoniste maîtrise l’énergie. La batterie lui répond par un chorus incandescent.
Sur le déstructuré Framsyning, on perçoit l’appétence qu’entretiennent les musiciens avec l’avant-garde musicale alors que plus loin, Barneblues évoque un climat musical bluesy qui serait redevable à John Scofield. Le dialogue guitare-saxophone est propulsé par une rythmique étincelante qui dynamise le morceau.
Au mitan de l’album, l’improvisation se pose en maître de céans sur Mellomspill alors que, plus loin, Jonas og Hvalen émeut par le jeu de guitare impressionniste et la sonorité diaphane du ténor. Après cette ballade mélancolique, Tennis med Torstein offre un moment délicieux de contrepoint entre ténor, guitare et contrebasse dont les lignes musicales évoquent des échanges de balles de tennis que ponctue la batterie. Un set gagnant, tout en douceur et rondeur.
Changement de dynamique et de climat avec Bleik myrk legg. Après l’introduction enlevée, la contrebasse émarge dans l’univers mingusien puis ouvre le champ au ténor rejoint plus tard par la batterie et la guitare déchaînées. L’expression très libre du saxophone déchire l’espace autour du thème ressassé à l’envi. La guitare rock prend le relais, stimulé dans ses délires par la batterie percutante.
L’atmosphère se pare de dynamiques étincelles sonores sur Pave Toten Totten au rythme duquel on se laisse emporter vers l’extase. Un feu d’artifice musical enjôleur.
L’album se termine avec Blomstrene, une composition au style folk où le motif joué par le ténor installe une douce sérénité.
« Velkommen håp », ça danse, ça caresse, ça percute, ça dérange ! Des ambiances contrastées qui donnent l’envie d’écouter en boucle le premier album de Flukten.
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