« India », le voyage enchanteur de Louis Sclavis

« India », le voyage enchanteur de Louis Sclavis

Une aventure musicale onirique

Figure emblématique de la musique improvisée française et européenne, le clarinettiste, saxophoniste et compositeur Louis Sclavis présente « India », son troisième album chez YOLK. Enregistré en quintet, cet opus embarque l’oreille dans un voyage enchanteur. Une aventure musicale onirique et lyrique… l’évocation d’une Inde rêvée à partir de souvenirs de voyages.

visuel de l'album India de Louis Sclavis__"India", le voyage enchanteur de Louis SclavisDéjà présent sur deux albums du catalogue, LPT3 “Vents Divers” en 2017 et ”Langues et Lueurs” en 2024 (récompensé par un Grand Prix de l’académie Charles Cros), Louis Sclavis poursuit son histoire avec YOLK, non seulement comme leader, compositeur mais aussi cette fois comme producteur, avec « India » (YOLK records/L’Autre Distribution/Believe) dont la sortie est annoncée pour le 17 octobre 2025. Par son titre, cet opus fait écho à son album « Chine » sorti en 1987.

« Après le projet « Characters on a wall », j’ai eu envie de créer un nouveau programme avec les mêmes musiciens en y ajoutant le trompettiste Olivier Laisney. Le son de cet orchestre m’a permis d’aller chercher les thèmes aussi bien du coté du jazz que du monde des fanfares ou des ensembles de rue. J’ai appelé ce nouvel opus INDIA, en référence au titre de l’album enregistré avec mon premier groupe en tant que leader, CHINE. Cette musique est faite de mélodies, de danses et d’improvisations soutenues par des pulsations et des rythmes obstinés. J’ai de lointains souvenirs d’un théâtre sur les docks de Calcutta, d’un long train dans la campagne, d’une nuit a Kali temple, d’une fanfare pendant les fêtes de Ganesh… Je souhaite faire entendre les sons d’un lieu lointain qui serait plus un songe qu’une réalité. « 

… c’est ainsi que Louis Sclavis évoque son nouveau projet.

Depuis 2015, Louis Sclavis joue avec Sarah Murcia (contrebasse), Benjamin Moussay (piano) et Christophe Lavergne (batterie). Avec eux il a enregistré « Loin dans les terres » paru en 2017 et « Characters on a Wall » sorti en 2019 chez ECM records. Pour leur troisième opus, « India » (YOLK records/L’Autre Distribution/Believe) attendu pour le 17 octobre 2025, le quartet est rejoint par le trompettiste Olivier Laisney.

C’est avec cette formation que Louis Sclavis avait présenté son projet « India » sur la scène du Théâtre les Arts, le 24 août 2024, pour la dernière soirée de l’édition 2024 du festival Jazz Campus en Clunisois. Le concert s’était terminé en apothéose sous les applaudissements d’un public enthousiaste et conquis.

« India »

Les neuf titres de l’album « India » ont été enregistrés et mixés par Julien Reyboz assisté de Tristan Barège en novembre 2024 au studio Sextan A. L’enregistrement met en valeur l’esprit collectif qui habite le groupe. Douceur boisée de la clarinette, couleurs cuivrées de la trompette, piano à la fois dynamique et sensible, complicité de la contrebasse et de la batterie.

Sur « India », les atmosphères varient d’un thème à l’autre, passages véhéments, propos délicats, vibrations telluriques, nappes sonores éthérées, syncopes, pulsations orageuses.

Au fil des titres

Toutes les compositions de l’album « India » sont de Louis Sclavis sauf Short Train, de Louis Sclavis/Dominique Pifarély.

L’album ouvre avec Phoolan Devi que les soufflants présentent à l’unisson. L’atmosphère musicale évoque un songe, sonorité ronde, jeu apaisé. Plus loin, la clarinette devient fougueuse et délivre une improvisation lumineuse. Le quintet reprend ensuite le thème avec sérénité.

Le répertoire se poursuit avec Un théâtre sur les docks (de Calcutta) introduit par le piano solo rejoint plus loin par la contrebasse puis par les soufflants et la section rythmique. Plus loin Benjamin Moussay dessine un motif qui est repris d’une façon très enlevée par la clarinette et la trompette, dans un climat aux sonorités orientales. La contrebasse de Sarah Murcia s’exprime avec verve, soutenue par la batterie et le piano qui propose ensuite un chorus émaillé d’incartades très libres. Le morceau résonne comme un rituel envoûtant

C’est en duo et sur un rythme très lent que clarinette et piano débutent Mousson. Contrebasse, batterie et trompette les rejoignent en toute quiétude. La clarinette s’envole très vite dans un chorus au climat onirique puis Olivier Laisney le rejoint et entame un solo de trompette à la sonorité tranchante. La trame musicale sculpte un climat très cinématographique.

Louis Sclavis portraitLa clarinette basse introduit ensuite le thème A Night in Kali Temple au-dessus des lignes de contrebasse que sculpte Sarah Murcia sur le manche de son instrument. S’installe alors une atmosphère nostalgique. Aucun effet, juste la sonorité très pure de la clarinette et les notes boisées de la contrebasse. Ils sont rejoint par la trompette et le piano dont le chorus inspiré est brodé d’accents poétiques. Pour finir, la mélodie est reprise par le quintet sur un mode empreint de sérénité.

Le climat s’assombrit avec Madras Song sur lequel la clarinette audacieuse et très libre cultive l’étrange et l’insolite. Elle dialogue avec la trompette à la sonorité ronde alors que la section rythmique impulse un climat percussif. L’improvisation de piano met en évidence la profondeur de sa sonorité et la solide technique de Benjamin Moussay qui, sur son clavier, combine romantisme et transe hypnotique.

Gange… le piano seul distille des notes clairsemées sur lesquelles se greffe le phrasé tellurique de la contrebasse. Tous deux modèlent des images dont la profondeur s’accentue avec l’intervention des vents à l’unisson. La musique stimule l’imagination de l’audit.eu.rice.

Changement d’atmosphère avec Long Train. Le groupe entame une ligne mélodique évoquant un train filant à grande vitesse puis la clarinette basse énergique intervient et fait alterner tension et fluidité, soubresauts et caresses. Après un retour en quintet, le piano improvise et se profile tel un sorcier des touches. La trompette lui répond et son chorus permet de saisir la plénitude et les variations de son jeu. Le climat se fait dense. Avant la conclusion en quintet, Christophe Lavergne offre un solo de batterie maîtrisé et éblouissant.

Sur Short Train on note la présence du violoniste Dominique Pifarelly, co-auteur avec Louis Sclavis de ce court morceau. Archet de contrebasse, clarinette basse et trompette s’expriment dans un style aux accents baroques.

L’album se termine avec Montée au K2 dont le thème est exposé à l’unisson par la clarinette basse et la trompette soutenues par la section rythmique. Le morceau évoque une procession musicale dont les couleurs empruntent à l’univers de Mingus. Tout au long de son solo, la contrebasse chante avec vigueur. Pour finir, le groupe reprend son propos martial et stimulé par le martèlement de la batterie, le cortège musical termine son ascension.

Pour écouter live le répertoire de l’album « India » et retrouver Louis Sclavis quintet en concert, rendez-vous le 15 octobre 2025, à la Maison-Galerie 19Paul Fort, 19 rue Paul Fort à Paris (75014).

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« Open Up Your Senses », premier album de Tyreek McDole

« Open Up Your Senses », premier album de Tyreek McDole

Une voix hors du commun, un projet musical irrésistible

​Nouvelle signature chez Artwork Records/[PIAS], le chanteur Tyreek McDole dévoile « Open Up Your Senses », son premier album. Très bien entouré, le jeune artiste inscrit son propos dans la grande tradition du jazz. L’oreille est envoûtée par cette voix hors du commun. Un projet musical élégant auquel il est difficile de résister.

Visuel de l'album Open Up Your Senses de Tyreek McDole_"Open Up Your Senses", premier album de Tyreek McDoleAnnoncé pour le 06 juin 2025, l’album « Open Up Your Senses » (Artwork Records/[PIAS]) annonce la venue d’une nouvelle « grande voix » dans le monde du jazz, celle de Tyreek McDole. De sa voix de baryton, le chanteur de 25 ans marque de son sceau les treize pistes de son premier opus qui devrait recevoir un accueil chaleureux de la part du public et des programmateurs.

« Open Up Your Senses »… avec fougue et élégance, inspiration et subtilité, Tyreek McDole rend hommage à la tradition sans oublier d’innover.

Tyreek McDole

À seulement 25 ans, le chanteur haïtien-américain Tyreek McDole s’impose sans conteste comme un acteur incontournable de la nouvelle scène du jazz vocal international.

Après des débuts à la trompette puis aux percussions classiques, le jeune Tyreek McDole fait ses débuts vocaux lors du concours national Essentially Ellington du Jazz at Lincoln Center en 2018 où il obtient le prestigieux prix Outstanding Vocalist Award, en présence de Wynton Marsalis. Après avoir intégré le conservatoire de musique d’Oberlin, sous la direction de LaTanya Hall, Gary Bartz, Gerald Cannon, Eddie Henderson, Billy Hart, Dan Wall, Sullivan Fortner et Weedie Braimah, il en est sort diplômé en jazz.

"Open Up Your Senses", premier album de Tyreek McDole_Tyreek McDoleEn 2023, alors qu’il ne pratique le jazz que depuis 5 ans, il remporté la récompense de la très prestigieuse « Sarah Vaughan International Jazz Vocal Competition » devant le public et un jury qui compte Christian McBride, bassiste multi-primé aux Grammy Awards et conseiller en jazz du New Jersey Performing Arts Center de (NJPAC) de Newark, dans le New Jersey et Al Pryor, producteur et consultant A&R (Artists and Repertoire), trois fois lauréat d’un Grammy Award. Ainsi, après le chanteur américain originaire de Chicago, G. Thomas Allen, récompensé en 2021, Tyreek McDole est devenu l’un des deux seuls chanteurs masculins à avoir obtenu cet honneur en 12 ans d’histoire du concours.

Avec des racines solidement ancrées dans le riche terreau musical des Caraïbes, de New York, de la Floride et au-delà, Tyreek McDole a ensorcelé l’effervescente scène new-yorkaise de sa voix de baryton qui n’est pas sans évoquer celle de Grégory Porter, Andy Bey ou Johnny (John Maurice) Hartman.

Alors que le journaliste Will Friedwald le qualifie de « leader de sa génération », le DJ Gilles Peterson, directeur de label, animateur sur la BBC depuis plus de 25 ans et promoteur du mouvement acid-jazz dit combien pour lui il est « est rafraîchissant d’entendre une nouvelle voix, si clairement ancrée dans la tradition, mais qui la fait avancer avec une énergie aussi forte ».

« Open Up Your Senses » (Artwork Records/[PIAS])

Sorti en France pour le 06 juin 2025, « Open Up Your Senses » (Artwork Records/[PIAS]) présente un jazz spirituel qui mêle tradition et innovation. Le projet témoigne d’une réelle profondeur artistique. Si l’album donne une nouvelle vie à des standards de jazz, il puise aussi dans les racines haïtiennes du chanteur Tyreek McDole qui inscrit aussi son propos dans la tradition du blues.

Sur son premier album, le jeune leader s’est entouré de Dylan Band (saxophone soprano), Logan Butler (guitare électrique), Caelan Cardello (piano, Rhodes, arrangements), Rodney Whitaker (basse), Justin Faulkner (batterie), Michael Cruse (trompette), Tomoki Sanders (saxophone ténor & percussions), Sullivan Fortner (orgue Hammond B3), Emmanuel Michael (guitare) et Weedie Braimah (djembé).

Au fil des titres

L’album ouvre avec The Backward Step, une composition du trompettiste Nicholas Payton dont Tyreek McDole propose une interprétation méditative. Sa performance quasi incantatoire est accompagnée par le souffle aérien du soprano de Dylan Band, la prestation inspirée de la guitare de Logan Butler et par le jeu expressif du batteur Justin Faulkner. Après ces vibrations fougueuses, le chanteur entame The Umbrella Man, un standard de jazz souvent joué par Dizzy Gillespie. Sur un rythme enlevé, le chant du leader se fait ludique, le timbre profond de sa voix croise les notes de la trompette qui swingue, du ténor qui improvise avec lyrisme et du piano qui répond avec aplomb. Le morceau déborde d’un swing festif et entraînant. Un vrai régal !

Le répertoire se poursuit avec The Creator Has a Master Plan, une composition (1969) du saxophoniste Pharoah Sanders chantée alors par Leon Thomas. Tyreek McDole en donne une version poignante chargée de spiritualité qui s’élève comme une offrande faite au Créateur. A ses côtés, le saxophoniste ténor Tomoki Sanders, fils du légendaire Pharoah. Le saxophoniste répond avec ardeur au chanteur par de superbes envolées sur son instrument dont la sonorité écorchée navigue entre aigus perçants et grave rauques. Une incantation touchante chargée d’émotions. Il reste à souhaiter que le Créateur réponde en offrant sur la terre, paix et bonheur à chacun.e.

Changement de registre avec le thème de Thelonious Monk, Ugly Beauty sur des paroles de Mike Ferro. En duo avec le pianiste Kenny Barron, Tyreek Mc Dole propose une version paisible. Un léger vibrato teinte sa voix de baryton qui se pose avec chaleur sur les notes égrenées délicatement par le piano.

Place ensuite à une première version du titre The Sun Song de Leon Thomas. Riff de basse, nappes de l’orgue Hammond, soufflants qui donnent la réplique à la voix chaleureuse du chanteur. La guitare électrique pose avec humour des phrases sinueuses jalonnées de distorsions. Dans ce climat soul on se prend à espérer des lendemains ensoleillés.

A l’écoute de Somalia Rose, composition d’Allyn Johnson, l’oreille prend la mesure de la tessiture étendue de la voix du chanteur et de la puissance qu’il développe. On est conquis par le solo du guitariste qui use à bon escient de tous les effets de son instrument. Un moment précieux. Tyreek McDole plonge ensuite dans ses racines haïtiennes. En duo avec le maître percussionniste Weedie Braimah, il interprète Wongo Wale, un chant traditionnel haïtien dont il donne une version envoûtante.

Advient alors Won’t You Open Up Your Senses, composition du pianiste Horace Silver. Le morceau éponyme du titre de l’opus en est aussi un moment essentiel. Dans un climat funky, la ligne de basse impose son tempo au thème soutenu par le Rhodes dont le chorus irradie une douce lumière. Le ténor développe quant à lui un chorus aux accents rugueux. Profonde et déterminée, la voix du chanteur impose son propos. La musique transporte l’oreille dans une sphère musicale ascensionnelle. Un moment de grâce.

Tyreek McDole revient à l’univers des standards avec une interprétation pleine de tendresse et de sensualité du thème de Jerry Livingston, Under a Blanket of Blue. Un espace musical dont le climat sensible rend hommage à Ella Fitzgerald et Louis Armstrong. Par sa délicatesse et son subtil soutien rythmique, le jeu du pianiste contribue pour beaucoup à créer une ambiance intimiste.

Plus loin, la voix profonde et sensuelle du chanteur fait mouche sur Love is A Four-Letter Word, un autre morceau de Nicholas Payton. Tyreek McDole se fait romantique au-dessus du riff « rhythm and blues » joué par la section rythmique, les cuivres et la guitare. Un moment court mais savoureux.

Sur Everyday I Have the Blues, Tyreek McDole démontre son talent de bluesman. Ce blues légendaire souvent repris par Memphis Slim a aussi contribué au succès du Count Basie Orchestra avec le chanteur Joe Williams. Avec intensité et une grande conviction, Tyreek McDole insuffle un swing énergique au morceau. Son scat audacieux et le chorus du ténor éblouissent par leur vigueur et leur expressivité. On est tenté d’écouter encore et encore cette plage musicale enchanteresse.

Le disque se termine avec une seconde version très courte de The Sun Song où les instruments se retrouvent comme pour inviter les auditeurs à les suivre encore et encore… et à remettre l’album sur la platine. Et ça fonctionne !

Pour vibrer sans réserve à la musique de Tyreek McDole, plusieurs rendez-vous se profilent en France. Les 03, 04 et 05 juillet 2025 pour 6 sets à Paris au Ducs des Lombards, le 06 juillet 2025 à Chantilly au TSFJAZZ Chantilly Festival, le 24 juillet 2025 à 21h sous le chapiteau du festival Jazz In Marciac, le 27 juillet 2025 à 22h30 dans le cadre de la soirée Jazz à la Plage du Andernos Jazz Festival à Andernos-les-Bains, le 28 juillet 2025 à 21h30, place de l’Équerre à Toulon dans le cadre de Jazz à Toulon et après l’été, le 16 octobre 2025, à Paris, au New Morning.

« India », le voyage enchanteur de Louis Sclavis

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Jazz Campus en Clunisois 2025 – La Programmation

Le festival « donne de la voix »

Jazz Campus en Clunisois 2025 donne rendez-vous au public du 16 au 23 août 2025 pour vivre au rythme du jazz et des musiques improvisées. Toujours ancré dans ses racines, le festival propose un large panorama du « jazz d’aujourd’hui ». L’occasion de retrouver quarante cinq artistes, six ateliers musique et chant, un atelier fanfare, un stage jeune public et des bœufs jusqu’au bout de la nuit.

Jazz Campus en Clunisois 2025 - Le stage - Visuel Jazz Campus en Clunisois 2025Festival aux dimensions humaines, Jazz Campus en Clunisois 2025 va de nouveau faire battre le cœur du jazz dans la Bourgogne du Sud. Du 16 au 23 août 2025, treize concerts vont investir le Théâtre Les Arts de Cluny, le Farinier de l’Abbaye, les Écuries Saint-Hugues et aussi la ludothèque, La LudoVerte, sans oublier les moments importants que sont la restitution du stage et le concert de l’atelier fanfare.

En effet, comme le précise Didier Levallet, directeur de « Jazz Campus en Clunisois » depuis 1977, « Un concours de circonstances tout à fait fortuit (mais certainement pas regrettable) met l’instrument premier au cœur de notre programmation. C’est une très bienvenue occasion de faire le tour de ce que la voix (nous) dit aujourd’hui. ». Ainsi, en 2025, on pourrait renommer le festival « Jazz Campus en Cluny-voix ».

Sur les scènes du festival Jazz Campus en Clunisois 2025, le public éclairé ou novice va vivre et partager des émotions musicales avec les artistes de la scène contemporaine du jazz, avec au cœur de la programmation… l’expression vocale.

Les concerts

Si cette année le festival « donne de la voix », la programmation de Didier Levallet fait aussi « place à la diversité des productions artistiques dans ce qu’on nomme, de façon large, « jazz » aujourd’hui ». En effet, seront présentées « des œuvres significatives du sens de la création et de leur rapport au monde. Celle confrontant le jazz à une instrumentation insolite, mais aussi les concerts d’irréfutables têtes d’affiches à la créativité sans appel. ».

De quoi se réjouir et se mobiliser durant les 8 jours de Jazz Campus en Clunisois 2025 !

Un quart des artistes programmés sur les scènes de Jazz Campus en Clunisois sont des femmes et l’expression vocale est de la partie pendant cinq jours sur les huit que dure le festival.

Samedi 16 août 2025

Le festival ouvre à 20h30 au Farinier de l’Abbaye de Cluny avec J.U.NE - Joy UnderNEath, une création de Célia Forestier, que Didier Levallet qualifie « d’instrumentiste vocale ». Avec ses compagnons instrumentistes, Pierre Tereygeol (guitare), Arthur Henn (mandoline) et Nicolas Jacobée (contrebasse) qui participent tous à la dimension chorale du projet, la leadeuse/instrumentiste présente une nouvelle proposition qui « incarne l’idée d’une joie cachée, une lumière douce qui persiste même dans l’obscurité. Comme une renaissance, une éclaircie après la pluie, une acceptation des états d’âme, des peurs, mais aussi de la beauté ».

Dimanche 17 août 2025

Rendez-vous à 20h30 au Farinier de l’Abbaye de Cluny avec Les Enfants d’Icare, un quatuor à cordes composé de Boris Lamérand (violon), Antoine Delprat (violon), Olive Perrusson (alto) et Octavio Angarita (violoncelle). Sur les compositions de Boris Lamérand, les cordes jettent un pont entre baroque et jazz modal. De quoi en étonner plus d’un(e) et enthousiasmer l’assemblée réunie dans ce lieu à l’acoustique parfaite.

Lundi 18 août 2025

Trenet en passant©Jérôme Prébois

A 20h30, on retrouve Guillaume de Chassy (piano), Géraldine Laurent (saxophone alto) et André Minvielle (voix) sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny pour le projet « Trenet en passant », un hommage rendu par le trio à l’œuvre de Charles Trenet.

André Minvielle se love naturellement dans les mots de son compatriote occitan. Guillaume de Chassy a ordonné tout cela autour de son piano et Géraldine Laurent pose un discours mélodique, comme en contrepoint ultra-sensible à la simple chanson. Sur les conseils de Didier Levallet, « accordons‐nous ce moment purement jubilatoire de renouer avec le monde du « fou chantant », servi par un trio d’artistes pas forcément les plus évidents à marier. Mais la magie de Trenet fait le job sans conteste. » Des promesses de swing et de poésie… pour chanter « soir et matin ».

Mardi 19 août 2025

Rendez-vous à 19h, aux Écuries Saint-Hugues de Cluny avec Anne Quillier et son projet « Les Géants Terrestres » qu’elle a conçu comme « un cri d’amour pour ces géants terrestres que sont les arbres, êtres précieux, fascinants et indispensables à l’équilibre du vivant ». Les cordes du violon de Fany Fresard et du violoncelle d’Anaïs Pin et la clarinette de Pierre Horckmans dialoguent avec les claviers électroniques d’Anne Quillier. Une musique organique qui devrait émerveiller les plus sceptiques.

A 21h, le tromboniste Lou Lecaudey se produit sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny et présente son projet Szòlenn. Il est entouré de Joseph Bijon (guitare), Romain Nassini (piano), Vincent Girard (contrebasse) et Clément Drigon (batterie). Les deux mélodistes dialoguent avec les rythmiciens. Il en ressort une conversation collective singulière à découvrir absolument. Un jazz coloré de pop et de folk. 

Mercredi 20 août 2025

A La Ludoverte, à 10h, concert gratuit (sur réservation) pour les 0-3 ans. Il s’agit de la Création du Duo Champrouge proposé par Célia Forestier (voix) et Vincent Girard (contrebasse). La musique surgit des grognements et des murmures de la contrebasse et des gazouillis et chuchotis de la voix. Un voyage sonore à destination des petites oreilles. 

A 20h30, le Théâtre les Arts de Cluny accueille Evolution, le projet de l’extraordinaire vocaliste suisse Andreas Schaerer qui dialogue avec le finlandais Kalle Kalima (guitare) et le californien Tim Lefebvre (basse). Il est tentant de suivre le conseil de Didier Levallet : « jubilons avec l’incroyable beatboxer/acrobate/improvisateur Andreas Schaerer ».

Evolution… la perspective d’un moment exceptionnel.

Jeudi 21 août 2025

Rendez-vous à 19h, aux Écuries Saint-Hugues de Cluny avec le duo constitué du contrebassiste improvisateur et compositeur, Barry Guy et du batteur, percussionniste Ramon Lopez. Personnage central de l’avant‐garde britannique depuis les années 70, le premier pratique la musique baroque. Le style du second résulte d’une imagination foisonnante et d’une culture musicale sans limite. Ils ouvriront les portes de leur monde aux oreilles attentives.

Christophe Monniot Six Migrant Peaces© Florence Ducommun

À partir de 21h, la soirée se poursuit au Théâtre Les Arts avec le projet « Six Migrant Pieces » du saxophoniste et compositeur Christophe Monniot. En septet, le saxophoniste et compositeur propose une ode musicale à l’humanité et à la bienveillance. Autour de lui, Aymeric Avice (trompette), Jozef Dumoulin (claviers), David Chevallier (guitares), Bruno Chevillon (contrebasse) et Franck Vaillant (batterie).

Dans le groupe, chaque musicien a une histoire vis à vis de la migration : Christophe Monniot à moitié ukrainien, Bruno Chevillon dont la maman italienne est venue vivre en France, Jozef Dumoulin belge d’origine flamande, Aymeric Avice d’origine normande et donc de « lointaine » origine viking et Franck Vaillant, l’élément français. Chacun d’eux apporte à la musique une partie de lui-même sous forme d’un témoignage familial sur la migration de sa propre famille.

Vendredi 22 août 2025

A partir de 21h, on se retrouve au Théâtre les Arts de Cluny pour une soirée en deux temps.

  • En première partie, place à la pianiste coréenne Francesca Han qui se présente en solo. A découvrir.
  • Lisa Cat-Berro©Frank Loriou

    En deuxième partie, Didier Levallet invite à découvrir « le monde de Lisa Cat‐ Berro, la saxophoniste au programme « Good Days Bad Days », multi primée qui chante et fait chanter ses comparses. »

Avec Karine Séraphin (voix), Julien Omé (guitare électrique, voix), Stéphane Decolly (basse) et Nicolas Larmignat (batterie), Lisa Cat-Berro présente son projet « Good Days Bad Days » qui délivre une vision ultrasensible de la fuite des jours – et de leurs bonheurs inégaux. Avec une suprême élégance, de celles qui ne claironnent pas leur suffisance, mais se donnent avec la générosité d’une simple évidence.

Samedi 23 août 2025

A 12h30, Jazz Campus en Clunisois 2025 offre un concert gratuit aux Écuries Saint-Hugues où le public est invité à apporter son pique-nique.

« Faisons l’école buissonnière avec Nubu, malicieux ensemble qui fait dialoguer le chant avec un instrumentarium hors du temps. » Didier Levallet

En effet, Nubu - Nahash Urban Brass Unit propose rencontre malicieuse entre des instruments d’époques différentes : le serpent, le flugabone, le trombone, les percussions à peaux animales et la contrebasse. Elisabeth Coxall (serpent, voix), Victor Auffray (flugabone, voix), Thibaut du Cheyron (trombone, voix), Marion Ruault (contrebasse) et Guillaume Lys (percussions) produisent une musique à la fois intemporelle et contemporaine qui explore le mariage des timbres et invente un langage singulier et énergique comme une passerelle entre passé et présent. La curiosité est de mise pour découvrir ce projet.

Jazz Campus en Clunisois 2025 boucle sa programmation au Théâtre Les Arts avec le trio ETE du pianiste et compositeur Andy Emler programmé à partir de 21h.

Avec Claude Tchamitchian (contrebasse) et Eric Echampard (batterie), le pianiste et compositeur Andy Emler forme un trio d’as complices qui ne cesse de renouveler son inspiration. Ensemble, ils créent un univers musical en perpétuelle évolution.

TROIS musiciens, UNE musique.

Outre les concerts, il convient d’évoquer les deux moments essentiels que sont :

  • la restitution des Ateliers du Stage, le vendredi 22 août 2025 de 14h à 18h aux Écuries Saint-Hugues en présence de l’équipe des six intervenants (Lisa Cat-Berro, Bruno Ducret, Pierre Durand, Andy Emler, Camille Maussion et Laura Tejeda) et les stagiaires de leurs ateliers respectifs pour la restitution des Ateliers de Stage (du dimanche au jeudi). Entrée libre et gratuite.
  • le concert de l’atelier fanfare, le vendredi 22 août 2025 à 18h sur la place de l’Abbaye de Cluny, moment qui permet aux « fanfarons » réunis autour d’Étienne Roche et Michel Deltruc durant une semaine. Le moment promet d’être particulièrement festif, puisque cette année, le répertoire met en scène des ambiances de baluche, de fêtes foraines, d’enterrements à la Nouvelle-Orléans, de parades.

Une fois de plus, la programmation attractive et variée de Jazz Campus en Clunisois étonne et ravit. En 2025, ce festival continue à mettre en regard l’appropriation de l’improvisation et de la musique de jazz avec ses manifestations les plus abouties. C’est aussi l’occasion de retrouver ou découvrir le Clunisois. La ville de Cluny, son haras, ses marchés et son histoire et aussi les paysages verdoyants de la Bourgogne du Sud, ses cépages et sa gastronomie.

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Jazz Campus en Clunisois 2025 – Trio ETE

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Pour la cinquième et dernière soirée au Théâtre les Arts de Cluny, le superbe Jazz Campus en Clunisois 2025 invite Andy Emler à la tête de son trio ETE. Pour son nouveau projet, « There is another way », le pianiste et compositeur réunit autour de lui le contrebassiste Claude Tchamitchian et le batteur Éric Échampard. Trois complices inspirés au service d’un univers musical en expansion. Trois musiciens inspirés, une musique en expansion.

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Jazz Campus en Clunisois 2025 – Trio ETE

Jazz Campus en Clunisois 2025 – Francesca Han – Lisa Cat-Berro

Pour son cinquième soir sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny, c’est un double plateau que propose Jazz Campus en Clunisois 2025. Après le concert solo de la pianiste coréenne Francesca Han, la saxophoniste Lisa Cat‐Berro, à la tête de son quintet, présente son programme « Good Days‐Bad days ». Une soirée en deux temps où le tumulte succède à l’élégance.

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Juan Carmona présente « Laberinto de Luz »

Juan Carmona présente « Laberinto de Luz »

Flamenco et jazz latin pour le meilleur

A l’occasion de ses 40 ans de carrière, le guitariste flamenco Juan Carmona présente un nouvel album, « Laberinto de Luz ». Il collabore avec des artistes prestigieux tels que Al Di Meola et une palette de voix féminines captivantes alliant chant gitan et scat. L’opus transporte l’oreille dans un labyrinthe de lumière où sensibilité et dynamisme s’accordent à merveille.

visuel de l'album "Laberinto De Luz" de Juan CarmonaSorti le 04 avril 2025, « Laberinto de Luz » (Nomades Kultur/L’autre distribution) résume l’univers de Juan Carmona, considéré comme l’un des maîtres de la guitare flamenca. Après quatre décennies d’une carrière tracée au fil des désirs et des rencontres, cet « opus anniversaire » synthétise de belle manière l’œuvre de cet artiste qui a consacré entièrement sa vie à la musique, entre passions, voyages et innovations.

Autour de lui, le maestro a réuni des invités prestigieux, Al Di Meola, María Peláe, Montse Cortés, Alba Moreno, Celia Flores, Noemí Humanes, Pablo Martín Caminero, Isidro Suarez, Dominique Di Piazza, l’orchestre à cordes Istanbul strings dirigé par Samim Sakaryali et de nombreux autres parmi lesquels les jazzmen Nicolas Folmer (trompette), Pierre Bertrand (saxophone, flute) et Denis Leloup (trombone).

Juan Carmona@Franck Loriou

Afin de n’oublier personne, la liste de l’ensemble des artistes ayant participé à ce superbe album sera proposée à la fin de l’article.

Pour ses quarante années d’expérience, Juan Carmona fera halte avec ses musiciens dans les grands opéras et théâtres français pour une tournée avec notamment des orchestres symphoniques comme celui de l’Opéra de Lyon dirigé par Miguel Pérez Iñesta mais aussi Zahia Ziouani pour l’orchestre Divertimento, l’Orchestre de l’Opéra de Marseille etc… Des alliés de choix pour interpréter ses œuvres phares parmi lesquelles sa flamboyante « Sinfonia Flamenca ».

« Laberinto de Luz », un album lumineux, au carrefour du flamenco, du jazz et des rythmes latins.

Laberinto de Luz »

Depuis « Borboreo » (Le Chant du Monde/Harmonia Mundi - Pias) sorti en 1996, Juan Carmona a enregistré de nombreux opus parmi lesquels « Sinfonia Flamenca » (Le Chant du Monde/Harmonia mundi-Pias) paru en 2006 où la guitare flamenca navIgue entre le classique et la pure tradition andalouse, « Perla de Oriente » (Nomades Kultur/L’autre Distribution) proposé en 2016 et « Zyriab 6.7 » (Nomades Kultur/L’autre Distribution), qui en 2021 rend hommage au musicien poète Zyriab, inventeur de la musique arabo-andalouse.

Sur « Laberinto de Luz » (Nomades Kultur/L’autre distribution), treizième album dont il a composé les dix titres, Juan Carmona fait rayonner le flamenco bien au-delà de ses frontières originelles et affirme son rôle de passeur d’émotions. Enraciné dans les traditions ancestrales de l’Andalousie, Juan Carmona continue à innover et crée des ponts entre les styles et les cultures.

Impossible de s’égarer dans ce labyrinthe de lumière où tradition et modernité se fondent en une harmonie subtile et universelle. Un seul risque encouru… l’écouter encore et encore, sans jamais se lasser !

Au fil des pistes

Tesoro de melodías ouvre l’album. Une puissante voix flamenca s’élève, celle de Noemí Humanes qui s’éclipse pour laisser place à une rumba radieuse sur laquelle les guitares de Juan Carmona et d Al Di Meola comblent l’oreille de leur virtuosité. Une superbe alchimie s’établit entre les guitares, les chœurs, la voix et la section rythmique.

Le répertoire se poursuit avec Laberinto de luz. Sur un rythme afro-cubain, la guitare de Juan Carmona transporte la musique dans un monde de lumière. Après un court solo solaire du pianiste, la guitare, les voix de María Peláe, Elena Salguero, les chœurs et les palmas installent une ambiance de fête lumineuse. Le titre invite à la danse de manière irrésistible.

A l’écoute de Dejando Sonidos, on perçoit dans le jeu de guitare de Juan Carmona ce fameux duende, ce moment de grâce infini où le musicien transcende les limites de son art. Les voix dialoguent avec la guitare, la mélodie est captivante, le solo de piano fait scintiller les notes. Le charme de la musique opère, impossible de résister !

C’est avec une douce allégresse que piano et guitare exposent ensuite la mélodie du titre Aroma a tierra, accompagnés par les chœurs, les palmas, les tablas et le cajon. Après le solo du piano percussif qui trace un chant tantôt lyrique, tantôt bondissant, avec des phrases sinueuses mais claires, Juan Carmona improvise avec une maîtrise absolue. Avec brio, il explore la fusion entre flamenco et jazz. C’est absolument époustouflant.

Musica en mi boca surprend agréablement. Dans une veine jazz/funk, la guitare basse slappe avec force et contraste avec les voix féminines chargées d’émotions d’Alba Moreno et Noemí Humanes. Juan Carmona se distingue par son jeu tout en attaque et une sonorité très claire qui tranche avec la tonalité soul des voix flamencas. Tous sont en osmose avec les palmas et le jeu percussif du batteur Isidro Suarez.

Virtuose inspiré et sensible, Juan Carmona propose ensuite Liró, un titre construit autour des rythmes de la rumba. Outre de brillantes interventions du piano, la guitare mêle virtuosité savante et lyrisme raffiné alors que le chant du chœur composé de Loli Abadía, Samara Losada et Noemí Humanes envoûte l’oreille.

Sur Danza del agua interviennent la voix de Montse Cortés, le chœur hindou Maitryee Mahatma et l’orchestre à cordes, Istanbul strings orchestra dirigé par Samim Sakaryali. Ils servent d’écrin au jeu virtuose et chargé d’émotion de la guitare de Juan Carmona. Comme l’eau au sortir d’une fontaine, la musique s’écoule et les notes éclaboussent et dansent de plaisir.

A l’écoute de La Teresita, titre dédié à la mère du leader, on apprécie le remarquable mélodiste qu’est Juan Carmona. Les chœurs et les percussions débutent le thème sur un rythme de bulería/salsa. Le jeu de guitare dialogue harmonieusement avec les voix qui ont été toujours un moteur dans la musique du guitariste.

Sur Espejo del pasado, la guitare de Juan Carmona brille de mille feux. Aucune voix sur ce titre mais un orchestre composé de Richard Larrozé (piano et claviers), Dominique Di Piazza (basse), une section rythmique étoffée avec Tino Di Geraldo et Piraña et une rutilante section de cuivres composée de Pierre Bertrand (saxophone), Nicolas Folmer (trompette) et Denis Leloup (trombone). La virtuosité généreuse de la guitare est tout entière au service de la fête.

L’album se termine avec Misterio sin igual, une douce ballade flamenca que chante la guitare entourée de voix féminines. On se laisse captiver par cette belle ritournelle que tisse la guitare. Mystère et tendresse coexistent avec bonheur.

Rendez-vous le 25 mai 2025 à 20h dans la Grande Salle de l’Opéra de Lyon pour écouter Juan Carmona avec un programme intitulé « 40 ans de flamenco en liberté ». Le guitariste investit la grande salle de l’Opéra de Lyon avec un programme en deux parties. D’abord une relecture de ses plus grands titres avec son groupe composé de Enrique Bermudez « El piculabe » (chant), Noemí Humanes (chant), Isidro Suarez (percussion), Domingo Patricio (clavier/flûte), Sergio di Finizio (basse) et la danseuse Nazareth Reyes, puis l’interprétation de sa flamboyante « Sinfonia Flamenca » pour orchestre et groupe de flamenco, avec l’Orchestre de l’Opéra de Lyon dirigé par Miguel Pérez Iñesta. Un régal musical à ne pas rater !


 

Distribution artistique de l’album »Laberinto de Luz » (Nomades Kultur/L’autre distribution) :
Guitare : Juan Carmona
Collaboration spéciale : Al Di Meola (guitare)
Chant : Montse Cortés, María Peláe, Elena Salguero, Elaf, Rocío Valencia, Noemí Humanes, Alba Moreno, Maloko,
Choeurs : Loli Abadía, Aroa Fernández, Nicole Lise, Noemí Humanes, Virgina Alvés, Samara Losada
Choeur hindou : Maitryee Mahatma
Orchestre à cordes : Istanbul strings orchestra dirigé par Samim Sakaryali
Piano / Rhode / clavier : Luis Guerra, Richard Larrozé
Basse : José Manuel Posada “El Popo”, Matt Garrison, Rainer Pérez, Dominique Di Piazza, Franck Galin
Contrebasse : Pablo Martín Caminero, Yelsi Heredia
Percussion / Batterie : Isidro Suarez, Ane Carrasco, Tino Di Geraldo, Horacio El negro, Piraña
Jaleo / Palmas: Ane Carrasco, Juan Grande, Maloko, Kadu Gómez
Tablas : Pinku
Cuivres : Pierre Bertrand, Nicolas Folmer, Denis Leloup
« India », le voyage enchanteur de Louis Sclavis

« India », le voyage enchanteur de Louis Sclavis

Figure emblématique de la musique improvisée française et européenne, le clarinettiste, saxophoniste et compositeur Louis Sclavis présente « India », son troisième album chez YOLK. Enregistré en quintet, cet opus embarque l’oreille dans un voyage enchanteur. Une aventure musicale onirique et lyrique… l’évocation d’une Inde rêvée à partir de souvenirs de voyages.

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Claude Tchamitchian présente « Vortice »

Claude Tchamitchian présente « Vortice »

Nostalgie joyeuse des souvenirs d’enfance

Avec son nouvel album « Vortice », le contrebassiste et compositeur, Claude Tchamitchian invite à le suivre dans une grande valse foraine colorée. Un tourbillon musical vertigineux comme un cirque imaginaire avec ses manèges, ses chevaux, ses marionnettes, ses jongleurs. L’oreille plonge dans les souvenirs d’enfance du musicien, sur une route étoilée où se téléscopent joie et nostalgie.

Après son opus en solo de 2019,« In Spirit » (Emouvance/Absilone) et l’album « Poetic Power » (Emouvance/Socadisc) paru en 2020, Claude Tchamitchian revient en quartet avec « Vortice » (Émouvance/Absilone-Socadisc) sorti le 22 mars 2025. A ses côtés, la clarinettiste Catherine Delaunay, le saxophoniste Christophe Monniot et le pianiste Bruno Angelini.

Au sein de la partition acoustique et tonale de « Vortice » se croisent lignes mélodiques expressives, improvisations inspirées et échanges lumineux. Les nombreux changements rythmiques génèrent une dynamique dans laquelle s’inscrivent les chants instrumentaux. Poétique et souple, la musique tourne comme un manège, jusqu’à donner le vertige. Un univers onirique et poétique.

« Vortice »

L’origine du nouveau projet de Claude Tchamitchian s’inscrit dans ses souvenirs d’enfance qu’il évoque lui-même :

« Toute mon enfance a été marquée par des musiques et des fêtes populaires dont l’univers poétique a progressivement disparu sous les coups de boutoir de nos sociétés modernes. Mais le souvenir est toujours là, d’autant plus fort que cette étrange période actuelle nous fait prendre conscience de tout ce qu’il y avait de précieux quand on pouvait échanger, se voir, se rencontrer et partager des moments d’émotions sans contraintes. Je me souviens des musiques, certaines fois totalement inattendues, qui m’emportaient dans de véritables transes ; je me souviens des manèges et des numéros de circassiens dont les décors flamboyants et les suspenses vertigineux me précipitaient dans un tourbillon magique. L’amour de ce monde forain ne m’a jamais quitté. »

Le titre même de l’album, « Vortice », qui signifie tourbillon en Italien, fait référence au vertige que ressentait l’enfant sur les manèges alors que la musique associée au mouvement circulaire déclenchait une sorte de transe heureuse.Claude Tchamitchian présente "Vortice" - visuel de l'album Vortice de Claude Tchamitchian Quartet

Imprégné et inspiré par ces émotions, il a ressenti « le besoin de renouer avec cet univers sonore, cette poétique du corps et de l’œil pour en proposer une vision actuelle et sans nostalgie, résolument acoustique, utilisant les timbres naturels du piano, de la clarinette, des saxophones et de la contrebasse, instruments profondément liés à ces musiques populaires. Ainsi, il a souhaité « écrire une « musique pour un cirque qui n’existe pas » mais qui serait un cirque d’aujourd’hui. »

Pour ce nouveau projet, le leader s’est associé à des compagnons de longue date, Catherine Delaunay (clarinette), Christophe Monniot (saxophones alto et sopranino) et Bruno Angelini (piano) pour lesquels il a composé un répertoire de huit morceaux écrits « sur mesure ». Aucun effet spécial n’a été utilisé, le talent et le travail particulier de chaque musicien sur son instrument ont suffi pour générer le tourbillon musical fort réussi de « Vortice ».

L’album « Vortice » a été enregistré au Studio Gil Evans à la Maison de la Culture Amiens par Maïkol Seminatore qui en a aussi assuré le mixage, le mastering est quant à lui crédité à Marwan Danoun.

Au fil des pistes

Les manèges de l’aube ouvrent l’album. En introduction, le sopranino converse en douceur avec les notes étranges et cristallines du piano puis entrent la contrebasse et la clarinette de Catherine Delaunay dont les sons s’envolent dans les airs sur un motif itératif du piano auquel se joignent l’alto et la contrebasse. Le quartet fait ensuite tournoyer la mélodie tel un manège en rotation qui induirait une sensation de vertige. Après un solo d’alto ébouriffant de virtuosité alors que piano et contrebasse assurent le soutien rythmique, Christophe Monniot dialogue avec la clarinette. Il en ressort une effervescence bariolée et fort joyeuse. On est tenté de lever les yeux vers le ciel.

C’est d’ailleurs ce que confirme le titre du morceau suivant, Attraction céleste. A l’unisson, les soufflants célèbrent l’aube par un chant que soutiennent piano et contrebasse à l’archet dans le registres des graves. Unies dans la même énergie, les cordes du piano et celles de la contrebasse libèrent une énergie qui se densifie et leur pulsation se poursuit en direction dans l’espace-temps. On en ressort décoiffé.

Morceau le plus court du répertoire, L’ivresse du galop débute par un riff que soutiennent contrebasse et piano alors que les soufflants s’expriment avec une certaine euphorie. Les tympans vibrent comme enchantés par cette technicité de haute voltige. On perçoit comme les images du mouvement des chevaux du manège qui s’arrête brutalement.

Advient alors, L’âme du limonaire, le titre le plus long de l’album. Clarinette et sopranino élèvent leur chant complexe au-dessus de la ligne répétitive du piano auquel s’associe la contrebasse. La trame se densifie, les couleurs musicales évoluent, les émotions se télescopent, le silence s’installe et la musique repart de plus belle stimulée par la contrebasse. Bruno Angelini termine le morceau avec un superbe travail sur les nuances et textures sonores du piano.

Après une introduction du piano, les vents exposent le thème en contrepoint et avec eux s’installe l’univers poétique de Seuls les rêves demeurent… Dans une deuxième phase, le manège semble se dérégler et suit la cadence que mène le piano sous tension. Dans une troisième phase, intervient l’alto. D’abord seul puis rejoint par la contrebasse et par le piano, le saxophone alto fait preuve de fougue. S’appuyant sur des subtilités harmoniques il développe des phrasés audacieux, stimulé par les accords subversifs du piano et par le tourbillon sonore et captivant qu’entretient la contrebasse.

Infanzia débute par un entrelacement de lignes mélodiques jouées par l’alto, le piano et la clarinette qui entraînent l’oreille dans un mouvement de valse puis sur un ostinato du piano, la contrebasse de Claude Tchamitchian prend un solo. Sa sonorité grave et profonde dispense à la fois ombre et lumière. L’improvisation du piano permet d’apprécier les qualités de mélodiste de Bruno Angelini. Il cède la parole à l’alto de Christophe Monniot qui se joue des académismes et avec fougue, s’exprime avec l’esprit d’un absolu « libre-improvisateur ».

Le contrebassiste débute Vortice seul à l’archet. Avec fermeté et sans urgence, il introduit après deux minutes un riff puissant et réitératif sur lequel piano, clarinette et alto conjuguent leurs voix dans un format de suite dont la densité s’étoffe au fil des minutes jusqu’à une déflagration sonore. La clarinette s’envole ensuite au-dessus des strates sonores du piano et de la contrebasse qui la galvanisent. La musique tournoie de plus en plus vite et s’achemine vers une sorte de transe musicale.

L’album se termine avec La strada stellata. Tel un fakir sur un tapis volant, le sopranino ouvre cette route étoilée alors que la contrebasse répète un leitmotiv sur lequel les soufflants et le piano font entendre une mélodie nostalgique aux allures de valse.

Mélodies mélancoliques, envolées lyriques, échanges exaltés, improvisations inspirées… la magie opère au long des huit titres de « Vortice » qui surprend, stimule, charme et dépayse l’oreille.

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Matteo Pastorino présente « LightSide »

Matteo Pastorino présente « LightSide »

Un album poétique, sensible et lumineux

Avec « LightSide », le clarinettiste Matteo Pastorino invite à un voyage musical au cœur de la lumière méditerranéenne. Le musicien propose un répertoire original conçu pour cette formation instrumentale singulière. Soutenue par le piano de Domenico Sanna et la batterie d’Armando Luongo, la clarinette basse du leader dialogue avec la basse semi-acoustique de Dario Deidda. Un album poétique, sensible et lumineux.

Après « V » (Absilone/Socadisc) sorti en 2014 et « Suite for Modigliani » (Challenge records/Bertus) paru, en novembre 2017, tous deux enregistrés en quartet, Matteo Pastorino exprime son désir de se reconnecter à ses racines et revient avec « LightSide » (A.MA Records/IRD) sorti le 21 mars 2025. Ce projet a vu le jour grâce à une commande du Festival Time in Jazz de Paolo Fresu en 2021.visuel de l'album LightSide de Matteo Pastorino_Matteo Pastorino présente "LightSide"

Sur les neuf plages de « LightSide« , Matteo Pastorino a choisi pour la première fois de jouer exclusivement de la clarinette basse dont il explore la puissance expressive. On peut ainsi apprécier les multiples couleurs et facettes de cet instrument associé au piano de Domenico Sanna, à la basse de Dario Deidda et à la batterie de Armando Luongo.

Basée sur des formes épurées, la musique de « LightSide » prend la forme d’un récit musical nuancé qui joue avec le temps et ménage une place au silence. Chaque titre raconte une histoire. Un jazz captivant qui navigue entre intimité et universalité.

Matteo Pastorino

Clarinettiste aux origines sarde, Matteo Pastorino se consacre totalement à la clarinette qu’il a dans un premier temps apprise en autodidacte avant de suivre les workshops de Nuoro Jazz dirigés par le trompettiste Paolo Fresu. Il y obtient plusieurs bourses d ‘étude.

Durant Siena Jazz 2009, il étudie auprès de Kenny Werner, Clarence Penn, Aaron Goldberg, Miguel Zenon et gagne la bourse du « meilleur musicien » qui lui permet d’étudier avec Chris Potter l’année suivante. A Paris où il s’est installé en 2008, il suit le cycle spécialisé de jazz du Conservatoire de Paris et obtient son diplôme en 2012 avec la « mention Très Bien », à l’unanimité du jury.

De 2013 à 2020, il passe un mois par an à New York pour jouer et échanger avec les musiciens de la scène new-yorkaise. En 2016, il crée le San Teodoro Jazz Festival en Sardaigne.

Outre ses deux premiers albums « V » et « Suite For Modigliani » avec le guitariste Gilad Hekselman en invité du quartet, il s’est associé à Guillaume de Chassy et de David Linx, au sextet du batteur Francesco Ciniglo, au trio Arrulos avec Sélène Saint-Aimé et Ignacio Ponce ainsi qu’à la Compagnie « La Tempête » de Simon Pierre Bestion. Il a par ailleurs joué et/ou enregistré avec de nombreux jazzmen de renom parmi lesquels, Joe Sanders, Shai Maestro, Dario Deidda, Antonello Sardis, Raphaël Imbert, Federico Casagrande, Francesco Bearzatti, le groupe Sobre Sordos, l’ensemble Eshareh, l’ensemble Jupiter et Paolo Fresu.

En quelques phrases et avec justesse, Paolo Fresu évoque l’histoire, le travail de Matteo Pastorino et son projet « LightSide » :

“Une île n’est une île que si elle devient le point de départ pour mieux y revenir. C’est ce qu’a fait et continue de faire Matteo Pastorino dans sa tentative de délimiter les contours de sa pensée. Cela se produit depuis de nombreuses années, partant de sa Sardaigne natale, parcourant l’Europe contemporaine, jusqu’à Paris, où il rencontre des musiciens métissés venus des quatre coins du monde.

Une preuve que la richesse de l’avenir doit résider dans l’espoir des flux migratoires qui célèbrent la beauté de la diversité. « LightSide » est un retour d’un long voyage à travers la mémoire, le temps, et les latitudes.

Construit et vécu avec Domenico Sanna, Dario Deidda et Armando Luongo, ses anches dessinent un paysage imprégné des couleurs variées d’une Méditerranée dialoguant avec le Vieux Continent.

Un opus qui affirme l’importance et l’originalité du langage, ainsi que la fonction de l’archétype, capable de bâtir et de générer contraste et lumière dans une opposition entre merveilles solaires et brumes mélancoliques…

… LightSide », c’est cela. Une œuvre élastique en mouvement dynamique, qui dilate le temps et offre un espace au silence. Pour que l’on puisse encore imaginer ce qui n’existe pas. »

Au fil des titres

Matteo Pastorino signe les neuf compositions de « LightSide », un opus qui séduit par son élégance. Des interactions complices du quartet se dégagent des émotions dont la teneur évolue entre douce mélancolie et délicate gravité.

L’album ouvre avec Gorée, inspiré par une mélodie de kora entendue sur l’ile de Gorée. Bien loin des rivages de la Méditerranée, Gorée demeure un lieu symbolique de la traite négrière et est devenu un sanctuaire pour la réconciliation. Après l’hommage que Marcus Miller a rendu à Gorée dans son album « Renaissance » en 2012, Matteo Pastorino a lui aussi composé un morceau dont il donne une interprétation sensible. De grave et délicate au début du morceau, la clarinette basse se fait exubérante et sauvage, portée par le trio dont le jeu évolue en même temps et dans la même esthétique que celui du leader.

Plus loin, l’oreille est charmée par le jeu calme et nuancé de la clarinette basse de Matteo Pastorino sur LightSide, la plage qui donne son nom à l’album. La courte improvisation du pianiste Domenico Sanna brille par son élégance et son raffinement. Sur la clarinette basse, Matteo Pastorino explore toute la tessiture de son instrument.

Le répertoire se poursuit avec Les Années Folles. Le quartet tisse une mélodie limpide et mélancolique. La sonorité solaire de la clarinette basse dégage une énergie lumineuse aux multiples couleurs. Soutenu par la batterie tonique d’Armando Luongo, le pianiste adopte un jeu enflammé qui stimule le leader. Une osmose parfaite s’installe entre piano et clarinette basse.

Tigre débute par un duo entre batterie et clarinette basse. Il se transforme en un dialogue frénétique qui laisse place à l’intervention aérienne du pianiste. Le jeu voluptueux de la clarinette basse prend le relai et expose le thème. La pulsation élastique de la section rythmique accompagne les improvisateurs jusqu’à la fin du morceau.

Avec Coming Back, le quartet opère un retour à ce qui constitue une des bases du jazz, le swing. La clarinette basse brille de tous ses éclats. Sa parfaite maîtrise instrumentale permet à Matteo Pastorino de développer une improvisation au feeling puissant et plein de groove. Le piano lui répond par un chorus chaleureux et brillant. Ce morceau met en lumière la section rythmique qui assure un swing indéfectible du début à la fin du titre. L’oreille est interpelée par la basse ferme et agile de Dario Deidda qui fait preuve d’un lyrisme avéré dans son improvisation. Le batteur brille par son jeu frémissant sur les cymbales, la rigueur de ses ponctuations sur les peaux de la caisse claire et des toms basses. Un délice rythmique qui swingue de bout en bout !

A la fois message d’amour et célébration de la vie, résonne ensuite Elvira. Une douce et tendre mélodie que Matteo Pastorino dédie à sa fille. Malgré son titre, Scarabocchio, le morceau suivant ne ressemble en rien à des gribouillages. Le quartet tisse une toile sonore radieuse. Après une introduction délicate de la clarinette basse, les instruments prennent tour à tour la parole pour dessiner leur trace. Improvisation limpide et éblouissante d’assurance de la basse, chorus étincelant du piano, phrasé pétillant de la clarinette basse à la sonorité rutilante, accompagnement nuancé de la batterie. De tels gribouillages ravissent l’oreille qui en redemande volontiers.

Seulement accompagné par la basse et la batterie, la clarinette basse entame Interludio, une flânerie au swing voluptueux. Après ce court interlude, advient Marzo, une ballade à l’atmosphère plutôt mélancolique. La clarinette basse étire le temps avec sensualité, le piano génère un climat que n’aurait pas renié Bill Evans, les balais caressent les cymbales, la basse égrène ses notes avec une douceur empreinte de gravité. Si Mars est le mois annonciateur du printemps, la composition de Matteo Pastorino dont elle porte le nom, prend garde à ne pas brusquer le tempo. En guise de conclusion, le quartet offre un bouquet poétique irradié de lumière.

Pour écouter live le répertoire de « LightSide » et retrouver le clarinettiste Matteo Pastorino avec Domenico Sanna (piano), Dario Deidda (basse) et Armando Luongo (batterie), rendez-vous le 17 avril 2025 à 21h30 au Sunside à Paris et le 18 avril 2025, de 20h30 à 22h30, sur la scène de la Jazz Station, à Bruxelles (Belgique).

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