Charles Lloyd New Quartet présente « Passin’ Thru »

Charles Lloyd New Quartet présente « Passin’ Thru »

Entre contemplation et joie

« Passin’ Thru », le nouvel album de Charles Lloyd, présente le saxophoniste à la tête de son New Quartet. Enregistrées en public, les compositions permettent d’apprécier les différents styles de cette légende vivante du saxophone.

Sorti le 14 juillet 2017, « Passin’ Thru » (Blue Note/Universal) a été enregistré par Charles Lloyd New Quartet lors de deux concerts de la tournée entreprise par le groupe en 2016. Né en 2007, le New Quartet réunit autour de Charles Lloyd, le pianiste Jason Moran, le bassiste Reuben Rogers et le batteur Eric Harland. Leur précédent album, « Mirror » (ECM/Universal) remonte à 2010.

L’été 2016 a été pour le Charles Lloyd New Quartet l’occasion de reprendre une grande tournée dont le premier morceau joué, Dream Weaver, a été enregistré lors du Montreux Jazz Festival le 30 juin 2016. Les six autres pièces ont été gravées lors du concert donné le 29 juillet 2016 au Lensic à Santa Fé (Nouveau Mexique). Tous les titres sont des compositions de Charles Lloyd. L’album est dédié à la mémoire de Judith McBean, amie chère et sœur spirituelle de Charles Lloyd disparue à l’automne 2014.

« Passin’ Thru ». Une musique tour à tour contemplative et enjouée. Toutes les facettes de l’art de Charles Lloyd concentrées en sept titres revisités par le chaleureux Charles Lloyd New Quartet.

Charles Lloyd New Quartet. Crédit photo D. Darr

Déjà au début de sa carrière de leader, Charles Lloyd s’est retrouvé à la tête d’un quartet avec Keith Jarret (piano), Cecil McBee (contrebasse) et Jack DeJohnette (batterie). Il est par la suite revenu plusieurs fois à la formule du quartet mais le saxophoniste considère ce New Quartet actuel comme « une formation réellement magique. … Nos cœurs s’ouvrent et s’élargissent, les notes que l’on joue s’ouvrent et s’élargissent. Le message est simple : va toujours plus loin dans l’amour. »

Depuis les années 70, lors de sa retraite loin du monde du jazz, la dimension spirituelle constitue un élément majeur de la vie de Charles Lloyd. Elle imprègne son art et contribue à faire de chacun de ses concerts une expérience unique. Le musicien explore les forces de l’esprit, ce qui lui vaut d’être reconnu comme un grand mystique du jazz. Sa musique véhicule donc des ondes chargées d’intenses émotions que l’artiste fait circuler en direction des auditeurs.

Enregistrée live, la musique de l’album « Passin’ Thru » restitue le son, les formes, l’énergie et l’émotion des concerts de Charles Lloyd qui laissent toujours l’auditeur saisi et fasciné. Cet ancrage dans l’instantané de la création transmet l’esprit même de la musique de ce saxophoniste-flutiste et compositeur dont la carrière s’inscrit dans l’histoire du jazz.

Les sept compositions de l’album balaient la carrière de Charles Lloyd. Le titre d’ouverture, Dream Weaver a été enregistré la toute première fois en 1966 sur le disque éponyme. Cette introduction est porteuse d’une forte intensité lyrique qui s’achemine vers une conclusion quasi extatique. Part 5, Rumination fait partie de la « Wild Man Dance Suite » enregistrée en 2015 sur l’album Blue Note éponyme.

Charles Lloyd (live) - Crédit Photo D. Darr

C’est avec lyrisme que le groupe revisite How Can I tell You enregistré en 1964 sur Discovery! (Columbia Records), le premier album du saxophoniste. Nu Blues interpelle quant à lui par sa complexité et son hésitation esthétique entre le be-bop et le blues de Memphis. Ce morceau témoigne de la pluralité des influences qui ont alimenté l’inspiration et le style du saxophoniste tout au long de sa longue carrière.

On est touché par la version de Tagore, célébration du grand poète et philosophe indien. A la flûte alto, Charles Lloyd embarque la musique dans un joyeux voyage bluesy, Tagore on The Delta. L’on devine Jason Moran penché dans le piano dont il fait sonner les cordes avec ardeur. Reuben Rogers n’épargne pas celles de la contrebasse et Eric Harland à batterie en rajoute avec un tempo binaire tonique. La musique exulte et l’on est tenté de faire tourner le titre à l’infini pour en savourer toute l’essence. Sobre et nostalgique, Shiva Dream conclut l’album comme « une prière et une méditation » pour Judith McBean.

Enregistré pour la première fois en 1963 par Charles Lloyd alors encore membre du « Chico Hamilton Quintet », Passin’ Thru, thème qui donne son titre à l’album, donne à entendre une musique pleine de swing et de vie…

Saison 2020/21 pour l’Auditorium de Lyon & Jazz à Vienne

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Opéra Underground – RV d’octobre à décembre 2020

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« Remembering Jaco » par Charlier/Sourisse/Multiquarium Big Band

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Jazz à Vienne – Herbie Hancock-Donny McCaslin

Jazz à Vienne – Herbie Hancock-Donny McCaslin

Herbie Hancock, novateur perpétuel

Figure en vogue du jazz actuel, après sa participation au dernier album de David Bowie, le saxophoniste Donny McCaslin ouvre la soirée du 12/072017 avec un set incandescent et énergique qui laisse place au légendaire Herbie Hancock. Le pianiste propose un jazz d’une modernité inouïe.

Le saxophoniste ténor Donny McCaslin se produit en quartet pour le set d’ouverture de la soirée. A ses côtés on retrouve le pianiste-claviériste Jason Lindner tout à fait à l’aise aux côté de McCaslin lui aussi adepte des musiques électroniques.

Connu du grand public pour sa participation au dernier album de David Bowie, le musicien californien va en surprendre plus d’un. Il propose en effet un répertoire composé en grande partie de ses propres compositions gravées sur son récent album « Beyond Now » même si le groupe interprète une version solennelle et grave de Lazarus enregistré sur le « Blackstar » de Bowie.

Du jazz avant-gardiste. Les décibels explosent, des avalanches d’effets électroniques déboulent sur scène. Des flots incandescents de notes aiguës totalement maîtrisées jaillissent du ténor.  Radieux et félin le saxophoniste charismatique surfe sur les nappes des claviers et les roulements furieux de la batterie. Ancrée au sol par une rythmique implacable, le musique fusionnelle génère pourtant une forte énergie ascensionnelle qui transporte dans les hautes stratosphères.

La légende du pianiste-claviériste Herbie Hancock n’est pas usurpée. Cette superstar du jazz peut se vanter d’avoir autant ravi les amateurs de jazz acoustique que transporté les fans de jazz-fusion, de disco, de rock, de hip-hop, de funk. Visiblement ravi de jouer une fois encore à Vienne, Herbie Hancock ne tarit pas de louanges lors de la présentation de ses musiciens et l’on s’aperçoit très vit la véracité de ses dires. C’est bien un orchestre de haut vol qui se produit à ses côtés.

Le guitariste Lionel Loueke dont le propositions musicales ne cessent de surprendre et de stimuler le groupe. Le colossal et imperturbable bassiste James Genus et  l’arme secrète du groupe, le batteur Vinnie Colaiuta assurent un puissant ancrage rythmique à la musique. Issu du milieu hip-hop, le claviériste et saxophoniste Terrace Martin produit maintenant Herbie Hancock dont le prochain disque est toujours en préparation.

Attendu par un public impatient de découvrir sa nouvelle musique, Herbie Hancock offre un set ébouriffant de modernité. Assidu derrière ses claviers sur lesquels il s’éclate avec un plaisir non dissimulé, le pianiste n’en délaisse pas pour autant son Fazioli sur lequel il ne s’économise pas. On prend plaisir à retrouver ses attaques dynamiques et son phrasé délié tout au long de solos généreux et inventifs qui émaillent le set. 

La basse assure un groove implacable. Elle tend des ponts solides sur lesquels saxophone et guitare lancent des envolées inspirées. On capte même une brise africaine légère restituée par le guitariste dont l’inventivité ne cesse de  surprendre. Le tissu musical complexe n’en demeure pas moins mélodique malgré les décibels. De fulgurantes sagaies électriques tentent de transpercer l’armure rythmique mais elle demeure inaltérable.

On apprécie les échanges fructueux de claviers et de vocoders entre Terrace Martin et Herbie Hancock, le plus jeune renvoyant à son aîné ses trouvailles sonores qui en leur temps sonnaient déjà terriblement retro-futuristes. On garde en tête l’image d’Herbie Hancock assis sur le devant de la scène avec son  AX-Synth en bandoulière.

Le jeu lumineux et encore renouvelé d’Herbie Hancock a régné en maître sur un concert aux allures de battle où les solistes rivalisent de créativité. Herbie Hancock a revisité son héritage avec ses légataires Ensemble ils ont écrit a partition d’un jazz de demain qui emprunte à celui d’hier pour mieux le renouveler.

Saison 2020/21 pour l’Auditorium de Lyon & Jazz à Vienne

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Opéra Underground – RV d’octobre à décembre 2020

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« Remembering Jaco » par Charlier/Sourisse/Multiquarium Big Band

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Jazz à Vienne – Youn Sun Nah de retour

Jazz à Vienne – Youn Sun Nah de retour

De retour à Vienne, Youn Sun Nah triomphe

Le public s’est mobilisé le 09/07/2017 pour une soirée qui ouvre avec le trio de cordes Ponty-Lagrène-Eastwood et se termine avec Youn Sun Nah de retour au Théâtre Antique de Vienne, trois ans après son dernier concert.

En entrée de soirée, le violoniste Jean-Luc Ponty a réuni autour de lui deux fins techniciens, le guitariste Biréli Lagène et le contrebassiste Kyle Eastwood. Il promet de faire swinguer les cordes tout en s’octroyant le droit d’opérer une fusion musicale entre électrique et acoustique. En effet le violoniste a plus d’un tour dans son sac puisqu’il vient avec son violon acoustique mais aussi avec son violon électrique à 5 cordes.

L’improvisation préside à la réunion de ces trois artistes qui prennent un plaisir certain à dérouler une musique qui a décidé de ne pas s’inscrire dans la performance. Les notes respirent et advient la pulsation que reconnaissent les amoureux du jazz. Le groupe tient promesse avec un répertoire où alternent compositions des trois artistes et standards. 

On repère en ouverture du set, Blue Train, le standard de John Coltrane et plus tard Mercy Mercy Mercy de Joe Zawinul. Plutôt sympa ces deux titres qui font écho aux hommages que le festival a rendu à John Coltrane et Joe Zawinul. Sur Samba de Paris, une composition de Kyle Eastwood, Bireli Lagrène offre une improvisation fluide et véloce aux accents de choro brésilien. Jean-Luc Ponty propose un solo lumineux sur la fameuse composition du guitariste, Stretch.

Un set qui donne à entendre un jazz traditionnel renouvelé par trois solistes qui mettent leurs talents respectifs au service de la musique.

Après deux années sabbatiques et du temps consacré à son nouvel album « She Moves On » (ACT/PIAS) sorti le 19 mai 2017, la chanteuse coréenne Youn Sun Nah retrouve les scènes en 2017. Sa dernière venue à « Jazz à Vienne » le 02 juillet 2014 avec le guitariste Ulf Walkenius et Vincent Peirani lui avait valu des louanges unanimes et fort mérités.

Il tarde d’écouter le nouveau répertoire que la chanteuse présente sur scène avec un orchestre américain composé de Jamie Saft (piano, orgue, Fender Rhodes) compositeur et producteur de l’album, Brad Jones (contrebasse), Clifton Hyde (guitare) et Dan Rieser (batterie). Entre orgue et piano, le pianiste soutient le groove épaulé par la solide section rythmique toute entière au service de la chanteuse. On apprécie le côté rock écorché du guitariste sur Drifting de Jimi Hendrix.

Mené avec un grand professionnalisme, le set propose la quasi totalité des titres de l’album. Visiblement la chanteuse ne cache pas son plaisir à interpréter ces chansons qu’elle a découvertes et appréciées chez Jamie Saft. Teach The Gifted Children de Lou Reed, She Moves On de Paul Simon, The Dawntreader de Joni Mitchel dont elle propose une version magnifique en rappel.

Youn Sun Nah invite le public du Théâtre Antique à pénétrer dans son intimité sur une interprétation sensible de Black Is The Color Of My True Love’s Hair, une chanson traditionnelle américaine reprise par Nina Simone. Sur ce morceau Youn Sun Nah adopte le parti de la simplicité avec sa kalimba (piano à pouces), quelques percussions et une légère ligne de basse en soutien. On est comme suspendu à la clarté de cette voix empreinte de fragilité et pourtant si solide. Comblée par l’ovation du public, la chanteuse rayonnante offre de généreux rappels.

Certes le nouveau répertoire plus profilé pop-rock que jazz a privé le public des scats échevelés de la chanteuse mais son talent demeure intact. Youn Sun Nah de retour n’a rien perdu de son ADN vocal. Sa voix lumineuse conserve son grain unique. Souple et élégante elle convainc et émeut sur les ballades. Claire et limpide elle enfle et se gorge de puissance pour faire éclater les limites de sa fragilité.

Saison 2020/21 pour l’Auditorium de Lyon & Jazz à Vienne

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Opéra Underground – RV d’octobre à décembre 2020

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« Remembering Jaco » par Charlier/Sourisse/Multiquarium Big Band

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Sur « Remembering Jaco », le Multiquarium Big Band d’André Charlier et Benoît Sourisse fait revivre la mémoire de Jaco Pastorius avec Biréli Lagrène à la basse fretless. La voix de Peter Erskine, ancien batteur de Weather Report, évoque la mémoire de Jaco. Les dix-sept musiciens de l’orchestre et leur invité rendent un hommage éblouissant au grand bassiste. Orchestrations éclatantes et jubilatoires… du groove à couper le souffle !

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Jazz à Vienne – Soirée Cuba

Jazz à Vienne – Soirée Cuba

Une incandescente descarga cubana

Nul ne pouvait prévoir que la soirée du 07/07/17 ferait régner à Vienne la chaleur de l’île celle des thermomètres et celle de la musique. La Soirée Cuba a été une fête partagée et enfiévrée. Après l’hommage rendu par Angelique Kidjo à Celia Cruz, Roberto Fonseca fait voyager le public à travers toutes les musiques de son île.

Le premier set de la Soirée Cuba s’annonce comme un hommage à la salsa. En effet l’éternelle prêcheuse d’un multiculturalisme revendiqué, la chanteuse béninoise Angelique Kidjo met son énergie et son talent au service d’un hommage à Celia Cruz à qui elle dit vouer une grande admiration. La chanteuse se présente avec le percussionniste cubain Pedrito Martinez.

Après un début prometteur mené tambour battant avec Santiago, le répertoire regarde curieusement du côté du Brésil avec un Você Abusou plutôt décalé avant de revenir à des rythmes cubano-africains plus conformes à la couleur de la soirée. Avec Santa Barbara, la chanteuse convie le public à une cérémonie de santeria ancrée dans la tradition du peuple Yoruba d’Afrique occidentale. A peine la mèche musicale allumée, le public s’embrase en même temps que le rythme de la musique. La fête bat son plein, le public exulte.

Avec son « micro d’amour universel », Angelique Kidjo célèbre la famille humaine et la musique. Elle descend dans la foule qui se déchaîne autour d’elle. La chanteuse a transformé le Théâtre Antique de Vienne en un chaudron ardent où la musique embrase les corps et engage à la fête.

Place ensuite au héros de la soirée, le pianiste Roberto Fonseca dont il s’agit de la deuxième venue à Vienne qui l’avait accueilli en 2014 avec Fatoumata Diawara. Il vient cet été présenter son dernier album « ABUC » sorti en novembre 2016 chez Impulse ! … pour rappel, l’acronyme ABUC inverse les lettres de Cuba et l’album déroule les musiques depuis celles des années 40 jusqu’à celles d’aujourd’hui où l’électronique a sa part.

C’est avec un combo cuivré aux percussions vibrantes que Roberto Fonseca se présente sur scène accueilli par une ovation enthousiaste. Le pianiste a beaucoup progressé dans la maîtrise de la langue française et il entame avec le public un dialogue chaleureux et charmeur pour présenter son projet et les musiques qu’il va interpréter.

D’emblée Roberto Fonsaca convoque la musicalité sur le clavier de son piano avec Cubano Chant. Il laisse à entendre un latin jazz élégant et nuancé. Le public écoute avec attention comme captivé par cette essence musicale cubaine sertie de nuances et servie par une mise en place précise et soignée. Sur son orgue rouge Nord C2D, il entame ensuite Family qui lui est si cher. Place alors aux sonorités de l’orgue Hammond qui attaque avec énergie un boogaloo aux teintes des sixties sur lequel les cuivres déroulent leur show hyper réglé soutenu par la solide section rythmique. C’est ensuite au tour d‘Adel Gonzalez de déchaîner ses percussions avec brio. Le rythme reprend le dessus mais le pianiste a plus d’un tour dans son piano.

Roberto Fonseca fait retomber le pression avec une interprétation de Contradanza Del Espiritu. Il interprète le vieux rythme de la contredanse cubaine avec un romantisme qui tranche avec la tonalité de la soirée. Un pur moment d’émotion !

Sans attendre, le pianiste convoque ensuite sur le devant de la scène Daymé Arocena, la jeune chanteuse de la Havane. Telle une boule de nerfs tonique et souriante, sa voix chaude et soul fait groover le tempo. Le public ne s’y trompe pas et lui délivre des tonnerres d’applaudissements. Sitôt après son départ c’est le légendaire Eliades Ochoa qui arrive avec son éternel chapeau et sa guitare. Il charrie avec lui la musique des terres cubaines de l’intérieur. De retour sur scène, la chanteuse entame avec le pianiste et le percussionniste une puissante supplication.

Avec Afro Mambo, le morceau fétiche de son dernier album, Roberto Fonsaca donne le signal de la fête. On pensait pourtant que c’était la fête depuis le début de son set mais de facto, l’atmosphère va gagner en incandescence. La fièvre monte encore plus lorsque retentit Tierra santa sur lequel le leader présente ses musiciens … et même son manager. Visiblement heureux le pianiste se remet au piano avant de descendre dans la foule et de terminer sur scène avec Bonco en guise de rappel que reprend le Théâtre avec un enthousiasme effréné.

Comme Roberto Fonseca l’avait promis, il a joué comme s’il s’agissait de son dernier concert et a convié le public de Vienne à une folle descarga cubaine. Avec ses musiciens et ses invités il a célébré bolero, mambo, chachacha, danzón, contredanza, rumba, guajira, salsa … toutes les musiques de Cuba, celles d’hier et celles d’aujourd’hui. Une liesse populaire qui laissera un souvenir inoubliable et unanime de musicalité et de qualité.

Saison 2020/21 pour l’Auditorium de Lyon & Jazz à Vienne

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« Remembering Jaco » par Charlier/Sourisse/Multiquarium Big Band

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Réédition de l’album « Introducing Ruben Gonzalez »

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Célébration au piano cubain intemporel

Le pianiste cubain, Rubén González a enregistré son premier album solo à la Havane en 1996 à l’âge de 77 ans. En 1997, l’opus est publié sous le label World Circuit. Vingt ans après, « Introducing Rubén González » est réédité par le label pour le plus grand bonheur des amateurs de musique cubaine.

L’album de 1996 « Introducing Ruben Gonzalez », a été enregistré live en studio, en deux jours. L’album est sorti en 1997 sous le label World Circuit, en même temps que l’album « Buena Vista Social Club ». C’est en effet le producteur/guitariste Ry Cooder qui, après avoir entendu González sur ces sessions, l’invita à apparaître sur les enregistrements du « Buena Vista Social Club » la même année.

Entièrement remasterisé par Alex Wharton dans le célèbre studio Abbey Road à partir des bandes originales l’album « Introducing Ruben Gonzalez » (World Circuit/PIAS) est réédité le 16 juin 2017 en CD-Livre et en vinyle 180g. Deux morceaux peuvent être écoutés pour la première fois en version longue, et on y trouve aussi Descarga Ruben Y Cachaito, un morceau inédit de Rubén González avec Cachaito Lopez.

Au moment de l’enregistrement d’origine le pianiste n’avait pas joué depuis plus de dix ans et ne possédait pas de piano. Son implication et son plaisir de jouer transparaissent à travers ces enregistrements porteurs d’une forte intensité émotionnelle. Le succès des deux albums a permis au pianiste de reprendre une carrière qui a continué ensuite jusqu’à son décès en 2003, après qu’il ait tourné dans le monde entier et se soit révélé être l’une des légendes intemporelles de la musique cubaine.

Bien que Rubén González ait continué à enregistrer plusieurs disques après cet album et avant son décès en 2003, c’est sans nul doute « Introducing Ruben Gonzalez » gravé dans les studios Egrem en 1996 qui a consacré le pianiste. En effet Rubén González a été un pianiste pionnier et figure à ce titre aujourd’hui dans l’histoire de la musique cubaine parmi les instrumentistes les plus influents du style. Il a développé une technique lyrique percussive qui a influencé la génération suivante de pianistes cubains, comme Eddie Palmieri et de nombreuses autres pianistes de salsa et de latin jazz.

« Introducing Ruben Gonzalez ». Un album aux orchestrations riches et soignées où alternent ambiances exubérantes et doux espaces d’intimité pianistique. Syncopes et mélodies servent des interprétations techniques d’une fluidité sans pareille.

Sur l’album, le grand pianiste Rubén González est entouré de Cachaito Lopez (basse), Amadito Valdés (timbales,) Roberto Garcia (bongos, guiro, cowbell), Carlito Gonzalez (congas), Manuel « El Guajiro » Mirabal (trompette), Alberto « Virgilio » Valdés (maracas), Carlos Puisseaux (guiro), Juan de Marcos González (voix), Manuel « Puntillita » Licea (voix), Antonio « Maceo » Rodriguez (voix) et Richard Egues (flute sur Tres Lindas Cubanas).

L’album débute avec un cha cha cha, La Engañadora, titre emblématique de celui qui a créé le chachacha Enrique Jorrin avec qui Rubén González a joué. Le trompettiste Manuel Mirabal ouvre la plage pour laisser la parole au  pianiste. Sur Cumbanchero, soutenu par le rythme des claves, Rubén González déploie toute sa dextérité et se joue du tempo.

Sur Tres Lindas Cubanas, Rubén González met son talent avec élégance au service de la musique classique cubaine. On note aussi combien le pianiste excelle en finesse sur les thèmes plus sophistiqués que sont les boléros Melodia Del Rio, Siboney et Como Siento Yo.

On se laisser transporter avec bonheur par le rythme enivrant de la guaracha Mandinga qui se réfère aux origines de la musique cubaine dont le pianiste s’est abreuvé. Place ensuite à la salsa cubaine avec Tumbao, une jam où le pianiste improvise sur la ligne de basse de Cachaito Lopez soutenu par les timbales d’Amadito Valdés.

Avec le dernier titre inédit, Descarga Ruben Y Cachaito, on se retrempe dans cette même ambiance endiablée de la descarga cubaine.

On se réjouit de cette réédition anniversaire de l’album « Introducing Ruben Gonzalez » (World Circuit/PIAS) qui consacre l’héritage de ce géant de la musique cubaine qu’est le pianiste Rubén González.

Saison 2020/21 pour l’Auditorium de Lyon & Jazz à Vienne

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Jazz à Vienne – Soirée French Touch

Jazz à Vienne – Soirée French Touch

De l’énergie galactique à la lave incandescente

Riche en énergie, la soirée « French Touch » du 04/07/017 a tenu ses promesses sur la scène du Théâtre Antique de « Jazz à Vienne ». La dynamique musicale du Yaron HermanTrio donne le ton. Après la chanteuse Anne Sila, le public accueille avec enthousiasme le concert proposé par Émile Parisien et Vincent Peirani en hommage au légendaire Joe Zawinul disparu en 2007.

C’est la première venue du pianiste Yaron Herman Sur la scène du Théâtre Antique de Vienne. En trio, il vient présenter le répertoire de son dernier album « Z » (Blue Note/Universal) accompagné de son alter-ego, le batteur Ziv Ravitz et du bassiste-chanteur Bastien Burger. Le trio prend visiblement plaisir à jouer et on perçoit d’emblée la grande connivence qui règne entre les trois musiciens. Le set contrasté permet de prendre la mesure des différentes propositions du groupe. 

Pleine d’énergie et de ruptures, la musique du trio de Yaron Herman propose des facettes variées. Elle oscille entre fureur et sérénité, entre tumulte et élévation, entre fracas et spiritualité. Les climats se suivent et leurs nuances sont plaisantes. Les nappes électroniques lancées en boucle par le batteur suggèrent des éthers galactiques. Tantôt le martèlement de la batterie rejoint le grondement de la basse, tantôt la voix éthérée du chanteur s’élève et ouvre la voie à l’expression romantique du pianiste qui prend même sur le dernier morceau des accents galactico-gershwinien.

On retrouve avec plaisir chez Yaron Herman des éclats lyrico-romantiques. Les atmosphères mélodiques, douces et délicates contrastent avec les grondements telluriques des deux rythmiciens. Le rythme hypnotique de Legs to run rappelle l’attachement du trio à la musique séquentielle et répétitive inscrite en filigrane dans tout le répertoire.

Le public fait un bel accueil au trio de Yaron Herman qui a offert un voyage musical alternatif réussi entre acoustique et électronique.

Révélée au grand public par The Voice 4, le chanteuse Anne Sila présente à Vienne un répertoire plus orienté vers le jazz que vers la pop même si elle se fait plaisir à interpréter un titre au texte anecdotique. Accompagnée par les musiciens du Magnetic Orchestra, Benoit Thévenout au piano, François Gallix à la contrebasse et Nicolas Serret à la batterie, elle présente un set dont on retient l’interprétation soignée du poème de Victor Hugo, Demain dès l’aube.

Soucieuse de performance vocale, la chanteuse gomme la dimension émotionnelle de son chant mais le public de Vienne apprécie celle qu’il a découverte à la télévision ou sur les scènes de la proche ville de Valence.

Le saxophoniste Émile Parisien et l’accordéoniste Vincent Peirani rejoignent la scène avec les six musiciens qu’ils ont réunis pour rendre hommage au grand Joe Zawinul.

« File Under Zawinul » rassemble huit musiciens dont quatre anciens compagnons de route du pianiste autrichien. Alignés en fond de la scène ces derniers assurent la fondation rythmique de la musique. Paco Serry à la batterie, Mino Cinelu aux percussions, Aziz Samahoui au chant et aux percussions et Linley Marthe à la basse.

Tony Paeleman au Fender Rhodes et Manu Codjia à la guitare entourent le duo Emile Parisien-Vincent Peirani. A l’occasion il sied de rappeler que l’accordéon a été l’instrument de début de Zawinul.

C’est Gibraltar, un thème de Wayne Shorter écrit à la grande période de « Weather Report », qui ouvre le set endiablé. Émile Parisien dit ensuite son plaisir de pouvoir rendre hommage au légendaire compositeur et pianiste Joe Zawinul avec cette bande d’artistes talentueux réunis à l’occasion.

Pas de doute l’énergie est de la partie. Le groupe enchaîne avec Madagascar puis Orient-Express et emporte le public de « Jazz à Vienne » dans un voyage au cours duquel les percussions et les interventions vocales d‘Aziz Samahoui apportent une coloration singulière et essentielle.

Paco Sery fait le show et galvanise le public qui manifeste très vite et très fort son enthousiasme. De bout en bout du set, Émile Parisien parcourt le plateau, s’immerge dans le flot débordant d’énergie de la musique. Il stimule les musiciens, les encourage, capte les vibrations qu’il restitue lors de ses chorus.

Assurée sans faille par les quatre anciens compères de Zawinul, la rythmique de File Under Zawinul génère certes une énergie incandescente mais assure aussi une mise en place précise garante de l’expression des solistes. Explosive et pulsatile la musique n’en demeure pas moins lyrique et créative. L’inspiration circule et les interventions des uns stimulent le discours des autres. Les solos fluides et acérés fusent de la guitare, les claviers fondent l’architecture de la musique, l’accordéon chante et harmonise, le saxophone se lamente. Ancré dans le sol, la basse fusionne avec la batterie et les percussions.

La déferlante musicale et la rythmique incandescente des huit musiciens du « File Under Zawinul » ont emballé le public de « Jazz à Vienne » comblé par un rappel généreux. Soutenue par la Spedidam, la Soirée French Touch a été à la hauteur des attentes des spectateurs..

Saison 2020/21 pour l’Auditorium de Lyon & Jazz à Vienne

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Jazz à Vienne – Hommage à John Coltrane

Jazz à Vienne – Hommage à John Coltrane

La musique de Coltrane… élixir vital

Le 03/07/2017, « Jazz à Vienne » célèbre la mémoire de John Coltrane disparu le 17 juillet 1967. Un triple plateau pour un hommage à Coltrane. Deux illustres saxophonistes qui ont partagé la scène avec lui, Pharoah Sanders et Archie Shepp. Deux artistes contemporains, Emile Parisien et Jeff Mills.

Aujourd’hui encore les confins de l’univers musical de Coltrane constituent des frontières dont les musiciens continuent d’explorer les limites. Pour en saisir la substance et s’en abreuver, pour la comprendre et s’en inspirer, pour s’y immerger et se régénérer, pour communier avec l’art de celui qui représente sans doute pour l’ensemble des musiciens de jazz une référence incontournable. Il ne s’agit pas de le dépasser mais plutôt de le révérer pour pourvoir à son tour inventer son propre univers.

Nul mieux que Pharoah Sanders n’a de légitimité pour ouvrir cette soirée hommage à John Coltrane, lui qui fut son compagnon de route pendant les dernières années de sa vie (de septembre 1965 jusqu’au 17 mai 1967), lui qui est en quelque sorte devenu à sa mort l’héritier de son legs spirituo-musical. Il s’agit de plus de la première apparition de Pharoah Sanders sur la scène du Théâtre Antique de Vienne. Un évènement donc à plusieurs titres que la venue de ce saxophoniste, ce d’autant plus que l’artiste est âgé de 77 ans.

Pour l’occasion, Pharoah Sanders est accompagné de Gene Calderazzo à la batterie, William Henderson au piano et Oli Hayhurst à la contrebasse, musiciens qu’il ne cessera de présenter tout au long du set tant semble grand son plaisir de jouer avec eux. Il est vrai que le trio sert à merveille la musique de Pharoah Sanders et lui permet de déployer toute l’étendue de son art. Ils font battre la pulsation vitale de la musique.

Tel un phare qui éclaire l’héritage du Maître, Pharoah Sanders va déployer toute sa science du saxophone. On retrouve la plainte déchirée de ses lamentations incantatoires qui s’élève au-dessus du tapis magique tissé par l’admirable section rythmique toute dévolue au service du Pharaon. Des ballades déchirantes alternent avec morceaux plus rythmiques teintés de senteurs ibériques ou d’effluves venus des Caraïbes. Entre gros son et plainte nostalgique, le saxophone donne à entendre des aigus poignants ou des graves telluriques, des sonorités évoquant de caverneuses cornes de brume.

Naima, Olé, … De thème en thème le Pharaon, s’impose sur scène tel un sphinx hiératique irrigué par la vitalité de la musique modale de Coltrane. En effet, si le saxophoniste prend le temps de s’asseoir en début de set entre deux interventions pour écouter avec attention le jeu de ses musiciens, il délaisse la chaise au fur et à mesure de la soirée comme régénéré, revitalisé par la musique.

Cabotin il esquisse des pas de danse sur le devant de la scène, chante et engage le public à l’accompagner. Rien de racoleur dans l’attitude, plutôt le plaisir de donner, de partager, de convier le public à la célébration. Et ça fonctionne. les spectateurs restent comme fascinés, par le jeu de Pharoah Sanders qui, s’il a certes perdu en force n’en demeure pas moins porteur d’émotions puissantes voire même doté d’un lyrisme hypnotique.

Après un changement de plateau rapide, place au duo Émile Parisien-Jeff Mills. Le saxophoniste français et le DJ de Detroit explorent le mythique album enregistré par Coltrane en 1964, « A Love Supreme ».

Les jeux de lumières et la distance qui séparent les deux intervenants ne sont en rien des obstacles à la cohésion de leur prestation. Les deux compères se lancent dans leur incursion au sein de la musique de Coltrane. Spectacle fascinant et passionnant. Le contraste frappe. On retrouve Jeff Mills concentré en diable et Émile Parisien tel qu’en lui-même, vibrant et énergique. 

La collaboration est fructueuse. Qu’il renvoie des samples de piano ou les boucles enregistrées live à partir des improvisations du saxophoniste, Jeff Mills fait preuve d’une acuité, d’une justesse et d’une finesse étonnantes. Émile Parisien quant à lui manifeste son habituelle verve furieuse et élégante qui ne cesse de surprendre et de toujours se renouveler. Un vrai processus de création instantanée est en cours devant les yeux du public fasciné. Si ce n’est la forme, rien ne change, l’improvisation alimente le cœur du jazz qui bat vivace et transfiguré.

Émile Parisien et Jeff Mills proposent une musique libre et renouvelée, vivante et surprenante, passionnante et singulière. Ils ouvrent les portes de l’avenir à la musique de Coltrane. Les deux passeurs possèdent la clé pour renouveler l’expression du jazz modal coltranien. La liberté, garant essentiel de l’évolution de cette musique dont l’avenir se projette décidément avec bonheur.

Le spectacle est fascinant et convainquant. Les deux exégètes de la musique de Coltrane projettent un langage renouvelé où encore une fois opère l’élixir de vie du jazz coltranien. Sans réserve, le public renvoie une ovation spontanée à la prestation qui a convaincu les plus réticents.

Le dernier set appartient au saxophoniste Archie Shepp venu avec un all-star composé du trompettiste Amir ElSaffar, du pianiste Jason Moran, et du batteur Nasheet Waits. Les rejoindront très brièvement, et cela est fort dommage, la chanteuse française Marion Rampal et le saxophoniste britannique Shabaka Hutchings représentant de la nouvelle génération du saxophone.

S’il a lui aussi joué et enregistré avec John Coltrane, à 80 ans, Archie Shepp propose une prestation qui met tout autant en valeur ses compositions personnelles que celles de Coltrane.

Il est vrai que ce charismatique musicien se prévaut d’être un témoin et un gardien de la musique noire américaine et il affiche clairement par son discours son ancrage dans le free jazz dont il fut une figure phare, mais aussi dans le blues, fondement de la musique afro-américaine dans lequel il s’est beaucoup trempé dans les dernières années de sa carrière.

Archie Shepp annonce d’emblée tirer son inspiration de celui qu’il se plaît maintenant à nommer son « Grand Frère ». Après Syeeda’s Song Flute, Archie Shepp invite la chanteuse Marion Rampal à le rejoindre pour seulement deux titres, ce qui est plutôt frustrant. On aurait aimé entendre plus la voix à la fois forte et fragile de cette musicienne empreinte de la dimension mélodique de la musique de Coltrane. On en dira tout autant pour la courte intervention de Shabaka Hutchings dont on a déjà vanté le talent et que le public aura tout le loisir de découvrir au Club de Minuit ce même soir.

Du haut de son tabouret dont il ne descendra guère, Archie Shepp expose via son saxophone les sons issus de la souffrance et de la révolte de ses frères. Soutenu par un orchestre vigoureux et inventif, le saxophoniste convoque Coltrane à travers Naima et après quelques flottements termine par une vibrante ballade bluesy.

Saison 2020/21 pour l’Auditorium de Lyon & Jazz à Vienne

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« Remembering Jaco » par Charlier/Sourisse/Multiquarium Big Band

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Jazz à Vienne – Christian Scott

Jazz à Vienne – Christian Scott

Une musique fascinante, puissante et esthétique

Le 30 juin 2017 à « Jazz à Vienne », Christian Scott et son groupe assurent la seconde partie de la soirée. Malgré les conditions météorologiques défavorables et un début de concert un peu différé, le public apprécie à sa juste mesure la musique novatrice du trompettiste.

Christian Scott que l’on avait découvert aux côtés de Marcus Miller en 2009 s’inscrit dans la droite ligne des souffleurs de la Nouvelle-Orléans. En peu de temps le neveu du saxophoniste Donald Harrison Jr. s’est forgé un style très personnel en participant à la création de la Stretch Music. Ce jeune trompettiste né en 1983 ne cesse d’étonner par sa capacité à intégrer des influences modernes dans le jazz centenaire. On peut évoquer sans grande erreur une filiation qu’il aurait avec un autre musicien qui a bien avant lui fait évoluer le jazz selon une logique similaire, un certain trompettiste prénommé Miles.

Le concert de ce 30 juin 2017 restera gravé dans les mémoires de celles et ceux qui ont bravé le froid et la pluie. Malgré les circonstances peu favorables, le trompettiste a très vite recueilli des applaudissements nourris et fait briller  de bonheur les yeux des spectateurs.

Il est vrai qu’il sait y faire le bougre. Non seulement il joue à merveille mais il prend aussi le temps de présenter ses musiciens et de louer leurs qualités dont on s’apercevra très vite qu’elles sont à l’aulne de ses dires. Il sait aussi narrer avec humour les déboires subis tout au long de sa journée suite à des impérities des transports aériens. Le public ainsi détendu peut alors se concentrer tout entier sur la musique, en savourer la puissance et les nuances et se laisser gagner par l’émotion.

Christian Scott est entouré d’une section rythmique hors pair avec Lawrence Fields (piano, claviers), Luques Curtis (contrebasse) et Mike Mitchell (batterie). A ses côtés, la flutiste Elena Pinderhughes que l’on a découverte sur le second album d’Ambrose Akinmusire. Son jeu aérien, fluide et limpide tranche avec celui du leader plus mordant et puissant qui utilise alternativement Sirenette et Reverse Flugel, des modèles de trompettes qui portent sa signature.

La musique du groupe témoigne de sa très forte cohésion où chacun prend sa place sans omniprésence. Il en ressort un climat fusionnel qui porte un discours très moderne pourtant ancré dans la tradition du jazz. Contemplatives ou puissantes, sereines ou guerrières les ambiances varient. Les improvisations cristallines du pianiste et les interventions du contrebassiste captivent. Le batteur transforme le paysage rythmique de chaque morceau et assure une assise solide sans faille aucune. La section rythmique constitue une solide charpente qui porte les deux solistes et leur permet de s’exprimer en toute liberté.

Lorsque Christian Scott conte son vécu d’enfant aux côtés de son grand-père, Donald Harrison Sr., Grand Chef de quatre tribus d’Indiens Noirs de Louisiane (Brave, Creole Wild West, White Eagles et Guardians of the Flame). Christian Scott lui-même est cette année devenu chef indien de sa tribu nommée Yamasee ou Brave. A travers le discours qu’il tient on comprend que Christian Scott aTunde Adjuah souhaite lutter contre les discriminations et changer le monde grâce à la musique, l’amour et la solidarité vis à vis des démunis oubliés de la société.

Tel un guerrier félin il enchaîne sa narration avec un hymne tribal dédié à l’amour où le batteur devient le cœur battant d’une musique chargée d’émotion, de profondeur et de puissance. De la mêlée s’élève le chant volubile et fluide de la flutiste. Les effets électroniques de la trompette contribuent à donner encore plus de lumière et de respiration au message de cette musique organique et très physique.

La cohésion du groupe a imposé son énergie à la musique traditionnelle et moderne à la fois. Les variations d’ambiances de la section rythmique implacable ont donné libre cours à l’expression des solistes. Les envolées limpides et aériennes de la flutiste ont éclairé de lumière la partition de la soirée. Le jeu physique et précis du trompettiste a convaincu tant par son mordant que par ses fulgurances lyriques. De ce concert le public repart heureux et conquis.

Pour rentrer plus avant dans le monde de Christian Scott, on conseille l’écoute des l’albums « Ruler Rebel » et « Diaspora », deux premiers opus de la Centennial Trilogy que Christian Scott produit pour célébrer le centenaire du jazz.

Saison 2020/21 pour l’Auditorium de Lyon & Jazz à Vienne

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« Remembering Jaco » par Charlier/Sourisse/Multiquarium Big Band

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Jazz à Vienne – Ahmad Jamal présente « Marseille »

Jazz à Vienne – Ahmad Jamal présente « Marseille »

Musique rythmique et hypnotique

La soirée du 30 juin 2017 ouvre avec le pianiste Ahmad Jamal qui vient présenter le répertoire de son dernier album « Marseille ». Le maître du clavier rend un hommage à la ville solaire qui l’a séduit. Comme sur le disque il gratifie « Jazz à Vienne » de trois versions du thème éponyme.

Prévu à l’origine en seconde partie de soirée, le concert de ce géant du piano est avancé pour des raisons logistiques liées au transport du groupe de Christian Scott. Le public s’en accommode et applaudit l’entrée en scène des musiciens. D’emblée Ahmad Jamal présente le groupe. Alors que la soirée s’annonce tristement pluvieuse et froide, on se demande si la sorcellerie de la musique parviendra à faire rayonner sur scène le soleil de « Marseille », le dernier album du pianiste paru le 09 juin 2017.

C’est la version instrumentale de Marseille Part. 1 qui débute le set. Dès ce premier morceau on saisit que, comme l’album, le concert va privilégier la dimension percussive.

En effet le duo constitué du batteur Herlin Riley et du percussionniste Manolo Badrena va s’en donner à cœur joie aux côtés du pianiste qui n’aura cesse de mettre en évidence le côté dynamique de sa musique. Le contrebassiste James Cammack assume la charge d’impulser sur chaque morceau le riff d’accompagnement qu’il décline ostinato sans faillir. Cela octroie une grande liberté aux deux autres rythmiciens qui dialoguent de bout en bout du concert. Ahmad Jamal les encourage, prend plaisir à les écouter et s’arrête même parfois pour les regarder.

Le quartet interprète avec vigueur la version tonique et revisitée de Sometimes I Feel like A Motherless Child. Malgré ses 87 ans, Ahmad Jamal  assure avec brio sa part du travail et déploie tout son art. Sa main gauche omniprésente harmonise avec vigueur et laisse sa main droite se charger de séquences narratives virtuoses. 

Même si le troisième thème s’autorise une apparence de ballade, la rythmique demeure omniprésente. Les climats coloristes du percussionniste émargent du côté des rythmes latins alors que le batteur assume avec rigueur la dimension jazz du duo. Déclinés à peu près tous selon le même rituel, les morceaux proposent de longues montées en puissance qui donnent la parole au Maître du clavier. Cela accentue la dimension hypnotique de sa musique.

L’interprétation dynamique de Baalbeck ponctué d’un solo de contrebasse précède la venue de Mina Agossi tout de rouge vêtue. Celle qui a traduit en français les paroles écrites par Ahmad Jamal sur le thème Marseille rejoint le quartet pour chanter la version Marseille Part. 2. Le morceau prend l’allure d’une ballade sereine et bienfaisante dont les accents sensuels tranchent avec le climat rythmique appuyé du concert.

Après la sortie de scène de la chanteuse, le pianiste présente de nouveau les membres de l’orchestre avant de continuer.avec une version revue et latinisée du grand standard Les Feuilles Mortes. Ahmad Jamal décompose le thème pour le reconstruire et parvient encore à surprendre le public qui le gratifie d’applaudissements fournis malgré le froid humide qui s’ajoute à la pluie.

Entre alors sur scène le rappeur Abd Al Malik qui interprète Marseille Part. 3. Avant d’entamer la chanson, le slammeur salue le public de quelques rimes supplémentaires. « Vienne je t’aime, Vienne tu es belle sous la pluie » puis poursuit le déroulé du morceau porté par son flow si reconnaissable. Ahmad Jamal l’honore de congratulations appuyées auxquelles se joignent les spectateurs.

Le groupe revient pour un rappel ultime avant de quitter la scène sous les applaudissements nourris du public.

La sorcellerie de la musique n’est pas parvenue à vaincre les intempéries naturelles qui ont sans doute parasité le public dans son écoute mais n’ont pu les empêcher d’apprécier la superbe prestation d’Ahmad Jamal et de son groupe.

Saison 2020/21 pour l’Auditorium de Lyon & Jazz à Vienne

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Disparition de la pianiste Geri Allen

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Geri Allen, une grande figure du jazz féminin

Le 27 juin 2017 à Philadelphie, disparait la pianiste, compositrice américaine Geri Allen âgée de 60 ans. Son départ laisse un vide immense dans le monde du jazz. Son brillant talent lui a valu de jouer auprès des plus grands et d’être reconnue par l’ensemble de la communauté jazz.

Née et grandie à Détroit, Geri Allen a étudié à Détroit puis avec Nathan Davis à la Howard University de Washington. Dans les années 80 à New-York elle suit l’enseignement de Kenny Barron qui a été déterminant pour elle.

Son jeu de piano très personnel s’est nourri de nombreuses influences résultant des écoutes attentives de ses aînés qu’elle admirait et d’une vie riche en rencontres. On peut citer entre autres Herbie Hancock, le free jazz mais aussi le blues et la soul.

Elle a cultivé l’éclectisme en s’abreuvant des musiques populaires tout autant que celles des scènes d’avant-garde. Ainsi elle a développé un jeu très singulier que l’on peut taxer d’économe d’où est bannie toute note superflue. Cela lui a valu d’être repérée par les plus grands et de jouer avec nombre d’entre eux dont Ornette Coleman, Charles Lloyd, Dave Holland, Jack DeJohnette et bien d’autres encore.

Dans les années 80, Geri Allen intègre le collectif M-Base. Avec Steve Coleman, Greg Osby, Gary Thomas et la chanteuse Cassandra Wilson, la pianiste s’inscrit dans le développement d’un jazz nouveau qui allie hard bop et free jazz. Elle fait même partie des « Five Elements », l’orchestre le plus funky du saxophoniste Steve Coleman avec qui elle enregistre sur son premier album en 1985 « Motherland Pulse ».

En 1985 elle grave aussi son premier disque en leader « The Printmakers » dont elle signe tous les  thèmes. A ses côtés Anthony Cox et Andrew Cyrille. L’année suivante elle enregistre en solo « Home Grown ». En 1988 elle participe avec Charlie Haden et Paul Motian à l’album « Etudes » et sortira avec eux trois autres disques. Elle intègre même le Liberation Music Orchestra Montreal de Charlie Haden pour des concerts en 1989.

En 1990 elle signe chez Blue Note et sa notoriété grandit. Sur l’album « Twenty-One » (1994) elle est rejoint par une rythmique de premier plan en les personnes de Ron Carter et Tony Williams. En 1995 elle est nommée lors des Soul Train Music Awards pour cet album « Twenty One ». Geri Allen collabore ensuite avec le saxophoniste Ornette Coleman sur deux opus sortis en 1996 intitulés « Sound Museum ».

En octobre 2016, Geri Allen a sorti  « Perfection », un album enregistré avec David Murray (saxophone) et Terri Lyne Carrington (batterie-percussions).

Geri Allen a été reconnue par ailleurs pour ses talents de compositrice et de pédagogue. Ainsi, en 2006, elle est sollicitée pour composer une œuvre en hommage aux victimes de l’attentat du 11 septembre 2001, « For the Healing of the Nations », une suite jazz sacrée pour voix. On note aussi qu’en 2014 elle est nommée directrice du Pitt Jazz Studies au poste qu’avait occupé Nathan Davis celui avec qui, dans les années 80 elle a joué et longuement étudié l’ethnomusicologie. Pour précision, elle a a consacré sa thèse d’ethnomusicologie au clarinettiste et saxophoniste Eric Dolphy.

On n’oubliera pas la grande figure du jazz féminin qu’incarne Geri Allen et l’on aime à se rappeler son incarnation de la pianiste Mary Lou Williams dans « Kansas City« , le film de Robert Altman. On se souvient aussi de sa tournée récente dans un trio féminin avec Esperanza Spalding (contrebasse) et Terri Lyne Carrington (batterie-percussions).

Enfin on garde un souvenir ému de la présence de Geri Allen le 11 septembre 2016 sur la scène de la Philharmonie de Paris dans le cadre de Jazz à la Villette pour une soirée hommage au pianiste McCoy Tyner avec qui elle et Craig Taborn ont partagé la scène.

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Opéra Underground – RV d’octobre à décembre 2020

Opéra Underground – RV d’octobre à décembre 2020

A l’automne 2020, avec son nouveau directeur Richard Robert, l’Opéra Underground de Lyon reprend ses concerts, à l’Amphi et sur la Grande Scène de l’Opéra. Après la reine du fado, Katia Guerreiro, se profilent le flamenco hétérodoxe de Niño de Elche, la chanson folk de Dick Annegarn, le jazz de chambre de Vincent Courtois, la rencontre entre Aquaserge et Jeanne Added bien d’autres propositions, toutes plus attractives les unes que les autres. Les RV d’octobre à décembre 2020 de l’Opéra Underground s’affichent comme autant de promesses artistiques diversifiées à découvrir

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« Remembering Jaco » par Charlier/Sourisse/Multiquarium Big Band

« Remembering Jaco » par Charlier/Sourisse/Multiquarium Big Band

Sur « Remembering Jaco », le Multiquarium Big Band d’André Charlier et Benoît Sourisse fait revivre la mémoire de Jaco Pastorius avec Biréli Lagrène à la basse fretless. La voix de Peter Erskine, ancien batteur de Weather Report, évoque la mémoire de Jaco. Les dix-sept musiciens de l’orchestre et leur invité rendent un hommage éblouissant au grand bassiste. Orchestrations éclatantes et jubilatoires… du groove à couper le souffle !

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