Pour la quatrième soirée de sa 48ème édition, le festival « Jazz campus en Clunisois » propose un jazz contrasté et coloré. Le tromboniste Lou Lecaudey se produit en quintet au Théâtre les Arts de Cluny avec son projet Szólenn dont les paysages sonores se profilent entre tradition et modernité.
PianoForte… 40 doigts, 88 touches, 11 titres
Du jazz vibrant et joyeux, fluide et énergique
Composé de Pierre de Bethmann, Éric Legnini, Baptiste Trotignon et Bojan Z, le groupe « PianoForte » propose son premier album. Au piano et sur les claviers électriques, les quarante doigts des pianistes interprètent onze titres composés par de grands noms du jazz et arrangés avec grand talent par les interprètes. Paru le 11 octobre 2024 chez Artwork/PIAS, l’opus met en évidence la complicité qui réunit ces quatre virtuoses du clavier. Du jazz vibrant et joyeux, fluide et énergique.
Sur chacune des onze pistes de l’album « PianoForte » (Artwork Records / [PIAS]), Pierre de Bethmann, Éric Légnini, Baptiste Trotignon et Bojan Z brillent par leur virtuosité et leur créativité.
Ils ré-écrivent littéralement les thèmes composés par des pianistes compositeurs qui balisent l’histoire du jazz, Nat Simon, Bud Bowell, Antonio Carlos Jobim, Keith Jarrett, Hans Zimmer, Billy Strayhorn, Bennie Maupin, Joe Zawinul, Lyle Mays, Horace Silver et Egberto Gismonti.
Vibrations musicales mélodieuses, improvisations originales et ludiques, échanges complices… « PianoForte » étonne autant qu’il séduit.
« PianoForte »
Sorti le 11 octobre 2024, « PianoForte » (Artwork Records/[PIAS]) constitue l’une des dernières œuvres du producteur Jean-Philippe Allard, décédé en mai 2024 en laissant derrière lui un héritage musical inoubliable.
Né d’une collaboration sur scène au Tourcoing Jazz Festival en 2019 sous l’impulsion du producteur Reno Di Matteo, « PianoForte » présente la trace phonographique studio des concerts que les quatre pianistes et compositeurs Éric Légnini, Bojan Z(ulfikarpasic), Pierre de Bethmann et Baptiste Trotignon avaient donnés sur scène depuis cette date.
Chacun des quatre artistes a été récompensé d’une Victoire du Jazz :
- en 2003 pour Baptiste Trotignon, pianiste, claviériste, compositeur français né 1974 à Paris,
- en 2008 pour Pierre de Bethmann, pianiste et compositeur de jazz français né en1965 à Paris,
- en 2011 pour Éric Légnini, pianiste et compositeur de jazz belge né en 1970 à Huy, en Belgique,
- en 2012 pour Bojan Z, pianiste, claviériste et compositeur de jazz franco-serbe né en 1968 à Belgrade en Serbie.
Le style et l’esthétique musicale des quatre cinquantenaires diffèrent mais, complices et généreux, les musiciens partagent leurs émotions via les touches des instruments. Leurs échanges énergiques mais parés de finesse magnifient l’art de l’improvisation sur laquelle se fonde le jazz.
Lors de l’enregistrement de « PianoForte » par Julien Bassères au Studio de Meudon, les quatre pianistes se partagent 2 pianos et 2 Fenders Rhodes. L’album a été mixé par Éric Légnini au MooGoo Studio à Paris puis masterisé par Pieter De Wagter au Equus, à Bruxelles.
Au final, grâce à leur écoute mutuelle, leur connivence et leur créativité tant individuelle que collective, les quatre complices ont réussi leur challenge, façonner une couleur instrumentale inédite pour chaque morceau de « PianoForte ».
Au fil des titres
A l’écoute de Poinciana de Nat Simon arrangé par Baptiste Trotignon et Bojan Z, on perçoit la grande connivence des pianistes qui mettent en place une scénographie joyeuse. Les improvisations de Baptiste Trotignon (piano), Pierre de Bethmann (fender), Éric Légnini (piano) et Bojan Z (fender) se succèdent. Interprétation incisive et phrases musicales précises.
Sur Celia, le thème bop de Bud Powell arrangé par Baptiste Trotignon, les quatre musiciens semblent se promener. Sans jamais surjouer, Bojan Z, Baptiste Trotignon, Pierre de Bethmann et Éric Légnini prennent des solos hauts en couleurs qui captivent par leurs nuances.
Vient ensuite la superbe composition d’Antonio Carlos Jobim, Águas de Março. Élégantes et éloquentes, les improvisations successives de Baptiste Trotignon, Pierre de Bethmann, Éric Légnini et Bojan Z qui siffle tout en jouant, invitent à fredonner. La conversation des pianos et fenders est d’une grande limpidité. Les arrangements de Baptiste Trotignon et Pierre de Bethmann valorisent la mélodie et contribuent à donner une profondeur inhabituelle à cette composition si souvent jouée.
Les quatre claviéristes s’en donnent à cœur joie sur The Windup. Sur ce thème de Keith Jarrett, Éric Légnini s’exprime au fender et Bozan Z au piano. Avec allégresse les musiciens jonglent entre les passages à l’unisson et les solos de piano de Baptiste Trotignon et Bojan Z. Une version ébouriffante.
Arrangé par Baptiste Trotignon, Cornfield Chase met en évidence l’intense communion qui règne entre les musiciens et va en s’intensifiant tout au long des mesures. Une grande énergie se dégage de cette version du thème de Hanz Zimmer.
C’est une version jubilatoire que restituent les 8 mains de Take the Train, arrangé par Pierre de Bethmann. Les solos d’Éric Légnini et de Pierre de Bethmann participent à dessiner une dimension surprenante à la composition de Billy Strayhorn. Mouture enthousiasmante qui renouvelle l’esthétique de ce standard tant et tant joué.
Sur la composition d’Herbie Hancock, Butterfly, on retrouve cette fois Pierre de Bethmann et Bojan Z au piano alors que Baptiste Trotignon et Éric Légnini se tiennent au fender. Les musiciens parlent d’une seule voix et balisent le thème de claquements de mains. Les solos successifs de Bojan Z, Baptiste Trotignon, Pierre de Bethmann et Éric Légnini interpellent par leur musicalité. L’oreille frémit de plaisir au fil des 5’25 de ce morceau.
Les quatre pianistes revitalisent ensuite le thème de Joe Zawinul, Mercy, Mercy, Mercy, arrangé par Bojan Z. Pierre de Bethmann et Bojan Z au piano et Éric Légnini et Baptiste Trotignon au fender insufflent une sacrée dose de groove et émaillent la version de fulgurances exaltantes. On en redemande.
Le quartet rend ensuite hommage au pianiste Lyle Mays disparu en 2020 en s’emparant de sa composition Chorinho. Les huit mains font virevolter le choro à un rythme rapide qui se pare d’un joyeux climat de danse. Les improvisations de Baptiste Trotignon (piano), Éric Légnini (fender), Pierre de Bethmann (piano) et Bojan Z (fender) se succèdent et brodent autour de la mélodie avec syncopes et contrepoints. Les notes virevoltent à tout va. Nul besoin de cavaquinho, de pandeiro ou d’instruments à vent.
Les glorieux improvisateurs restituent le climat envoutant du thème d’Horace Silver, Ecaroh, arrangé par Baptiste Trotignon. La musique oscille entre tonalités majeures et mineures. Le titre ouvre avec une improvisation de Pierre de Bethman au piano et se termine dans une ambiance latine avec Éric Légnini au fender.
Le répertoire se conclut avec Um Anjo composé en 1996 par Egberto Gismonti. Baptiste Trotignon (piano), Éric Légnini (piano), Bojan Z (fender), et Pierre de Bethmann (fender) adoptent un style mélancolique qui génère une atmosphère céleste, une ambiance propre à la rêverie.
« PianoForte », un album élégant et dynamique sur lequel le swing est omniprésent. De bout en bout, la musique allie la sonorité chaleureuse et profonde des pianos et celle plus percussive des fenders au timbre cristallin.
Pour écouter « PianoForte » sur scène avec Éric Légnini, Bojan Z, Pierre de Bethmann et Baptiste Trotignon, plusieurs rendez-vous se profilent. Le 22 novembre 2024 à 20h sur la scène nationale de Tarbes, Le Parvis, le 25 janvier 2025 à 20h à l’Auditorium de Lyon, le 06 février 2025 à 20h30 à Cénon sur la scène de Musique Actuelles, Le Rocher de Palmer, et le 04 avril 2025 à 20h sur la scène de la Grande Salle de L’Arsenal de Metz.
Jazz Campus en Clunisois 2025 – Szólenn
Jazz Campus en Clunisois 2025 – « Trenet en passant »
Pour sa troisième soirée, « Jazz Campus en Clunisois » retrouve la scène du Théâtre les Arts de Cluny. Au programme, « Trenet en passant », un hommage rendu par le pianiste Guillaume de Chassy, la saxophoniste Géraldine Laurent et le chanteur André Minvielle à l’œuvre de Charles Trenet. Un concert énergique et groovy gorgé de swing où coexistent scats virtuoses, spleen bluesy et poésie sautillante. Entre fantaisie et nostalgie, le plaisir est de chaque instant.
Jazz Campus en Clunisois 2025 – Les Enfants d’Icare
Pour sa deuxième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2025 investit de nouveau la scène du Farinier de l’Abbaye de Cluny. Au programme du 17 août, Les Enfants d’Icare, un quatuor à cordes qui se pique de jazz certes mais aussi de rock et de folk. Un concert acoustique audacieux et magique
Avec
Pas un fauteuil vide sur les gradins du Théâtre les Arts. Après avoir remercié l’ensemble des contributeurs qui permettent au festival de vivre depuis 47 ans, les techniciens, l’équipe réunie autour de son administratrice Helène Jarry et les « 25 bénévoles sans lesquels, rien ne pourrait advenir », Didier Levallet dédie le concert à Alain Michalowicz, bénévole passionné de musique que la maladie a emporté cet été. Le directeur du festival évoque aussi le rôle de la SACEM et de la SPEDIDAM et insiste sur le rôle indispensable de l’Art et de la Culture dont il assimile le rôle à un véritable « Service Public ».
Trente-six ans après « Chine » sorti en 1987 chez ECM, Louis Sclavis va interpréter avec son quintet le répertoire de son nouveau projet « India »… des « mélodies et ambiances soutenues par des pulsations et rythmes obstinés » issus de ses « souvenirs d’un théâtre sur les docks de Calcutta, d’un long train dans la campagne, d’une nuit à Kali Temple, d’une fanfare pendant les fêtes de Ganesh »… le concert commence.
Soutenus par la contrebasse et la batterie, clarinette et trompette exposent le thème de Montée au K2. Martial, le piano les rejoint et l’ascension débute. La contrebasse ronfle, les notes de la trompette sont soufflées avec force, la marche se fait plus laborieuse. Après un début tranquille, la contrebassiste prend un chorus furieux, tire les cordes avec vigueur stimulée par le martèlement de la batterie. La musique entre en fusion, clarinette et trompette reviennent comme pour répondre aux frappes ardentes du batteur sur la cloche.

La soirée ouvre avec « Néon », quartet qui regroupe Mathias Lévy (violon), Camille Maussion (saxophones ténor & soprano), Pierre Tereygeol (guitare, voix) et Eric Perez (batterie, sampler, human bass). Le concert débute avec L’odeur du Café, une composition de Pierre Tereygeol, prise sur un rythme soutenu avec de virtuoses prouesses des instrumentistes. Après un grand moment d’improvisation collective, le groupe installe une atmosphère dramatique et torturée. Un séisme sonore caractérise le début de la pièce ultérieure où les sons se dilatent, se contractent jusqu’au paroxysme.
En deuxième partie de soirée la scène du Théâtre Les Arts accueille le quartet composé de Maria-Laura Baccarini (chant), Bruno Ruder (piano, synthétiseur), Bruno Ducret (violoncelle) et François Merville (batterie). Le groupe présente « Unfolding », une création musicale de François Merville et Maria Laura Baccarini, composée sur des extraits de Fast-changing bodies (Corps à mutation rapide) de Dorothée Zumstein. Il s’agit de la deuxième représentation de ce spectacle.


Vincent Courtois précise avant le début du concert que la musique de Line for lions reflète le regard que le trio porte sur « la musique qu’ils aiment », le jazz West Coast. Au cours du concert, il rendra par ailleurs hommage à Didier Levallet pour sa programmation toujours attentive à la jeune génération du Jazz, comme ce fut le cas pour lui, invité à jouer à Cluny alors qu’il commençait tout juste sa carrière.





La plainte s’exaspère puis Robin Fincker se lance dans un monologue déchirant et époustouflant d’énergie.





Les artistes reviennent. Rob Luft se saisit de sa guitare acoustique et s’assied pour une version jazzy de Black Trombone de Serge Gainsbourg. La musique swingue. Elina Duni improvise comme un saxophone, le bugle prend un chorus époustouflant de groove, la section rythmique accélère le tempo puis revient au swing manouche, la contrebasse improvise dans les graves avant un retour au thème. Avec générosité, les artistes offrent un deuxième rappel, une chanson kosovare des années 60. « Une femme demande à la lune de retrouver son mari car elle seule sait où elle se trouve… ». Chant plaintif et nostalgique, chorus planant du bugle, guitare électrique déchaînée, section rythmique tonique. De la nostalgie à l’extase, la musique est portée à son paroxysme.





Le set débute avec une composition de Denis Charolles, A la maison. Après l’introduction, la tromboniste prend un solo puis la pianiste se lance dans un dialogue intense avec le batteur. Autre composition du batteur, Wasabi évoque le Japon. Début martial piano/batterie alors que la tromboniste souffle dans l’embouchure de son instrument. Elle entame ensuite la mélodie de sa sonorité grave et large puis insère une sourdine dans le pavillon de l’instrument et joue sur les délicates interventions du batteur alors que la pianiste improvise avec une grande liberté.
La talentueuse compositrice, arrangeuse et pianiste Anne Quillier n’en est pas à sa première venue à Cluny. Après 2015 et 2019, elle revient le lundi 19 août 2024 sur la scène du Théâtre les Arts à la tête d’un quintet qui réunit à ses côtés Pierre Horckmans (clarinette basse), Damien Sabatier (saxophone baryton), Michel Molines (contrebasse) et Guillaume Bertrand. Motifs répétitifs, montées en puissance, Le groupe délivre une musique complexe et énergique.




