Le 25 août, Jazz Campus en Clunisois 2021 déroule une soirée en deux parties. Après le projet « Dans la Forêt » de Joce Mienniel, le « Roots Quartet » du guitariste Pierre Durand propose sa musique qui fusionne avec une grande cohérence les musiques qui ont forgé sa personnalité. Le public a apprécié ces deux spectacles dont les identités musicales différentes lui ont permis de s’immerger entre forêt et groove.

Tom Bourgeois annonce la sortie de « Murmures »
Entre tendresse et mélancolie
Attendu en France pour le 09 mars 2018, le double album « Murmures » du saxophoniste et clarinettiste Tom Bourgeois constitue une superbe découverte. Ce projet ambitieux à l’instrumentation atypique instaure un univers poétique habité par la mélancolie et la tendresse.
Enregistré en Allemagne en trois jours aux Bauer Studios, le double album « Murmures » (Neuklang/Pias) résulte d’un travail de composition et d’arrangement où chaque titre explore les richesses sonores de ce quartet acoustique, sans batterie ni contrebasse réuni par le saxophoniste et clarinettiste belge Tom Bourgeois.
Ce quartet singulier propose une musique délicate qui ne manque pourtant point de force. En forte cohérence, les climats se suivent sans se ressembler mais conservent une unité profonde.
Le leader Tom Bourgeois rassemble autour de lui le vocaliste Loïs Le Van, l’accordéoniste Thibault Dille et le guitariste de Florent Jeunieaux.
Le programme de ce double album se présente en deux parties.
La première propose dix titres qui comptent deux compositions de Loïs Le Van, une reprise de Charles Mingus et sept compositions originales de Tom Bourgeois. La seconde fait découvrir les arrangements écrits par Tom Bourgeois du Quatuor pour cordes en Fa Majeur et de la Sonatine pour piano de Maurice Ravel.
Les couleurs musicales très originales de « Murmures » surprennent et ne laissent pas indifférent. On se laisse envelopper par les alliages sonores que la clarinette basse et les saxophones de Tom Bourgeois tressent avec la voix de Loïs le Van, l’accordéon de Thibault Dille et la guitare Florent Jeunieaux. On tombe sous le charme des confidences intimes que délivrent la voix et le chant des instruments. On est touché par la sensibilité des timbres, la subtilité de l’écriture et la précision de la mise en place.
A la fois tendre et puissante la musique du premier disque met en avant la richesse harmonique des textures et les textes chantés en français ou en anglais par le vocaliste Loïs le Van et écrits par Popp Eszter, Laura Karst et François Vaiana. L’alternance de morceaux interprétés en duo, trio ou quartet contribue au changement de climats, renouvelle l’étonnement de plage en plage et dépayse l’oreille.
Le splendide Melancholia en quartet ouvre le premier CD et porte bien son titre. La suite intitulée Creatures bouleverse par la force de son propos et met en évidence la forte personnalité musicale du guitariste Florent Jeunieaux.
Sur Charlie place au duo saxophone soprano/accordéon. Sur Les Petits Cailloux la voix dialogue avec l’accordéon. C’est un réel bonheur de découvrir la version que la voix et la guitare donnent du thème Duke Ellington’s Sound of Love de Charlie Mingus. Le grain de la voix de Loïs le Van et les sonorités très claires de la guitare de Florent Jeunieaux s’inscrivent dans le pur esprit de la version originelle de Mingus. Une prodigieuse réussite qui transporte au paradis de l’amour rêvé.
Mechanical Boy surprend par son écriture plus rythmique et découpée mais très vite les chants des instruments et de la voix redonnent au thème les couleurs dominantes de l’album. Le saxophone soprano de Tom Bourgeois participe au climat interrogatif de Transience alors que, sur Winter, son ténor dit les contrastes de cette saison;

©Tamas Andok
Si la musique du double album « Murmures » vaut en elle-même, il importe de souligner le soin porté à qualité de l’objet disque. Le cliché de couverture, celui de l’intérieur de la pochette et ceux du livret sont à porter au crédit du photographe Andok Tamas. Des images dont l’esthétique s’inscrit dans la logique du contenu musical.
Sans doute, la dimension chambriste de la musique du quartet s’incarne encore plus sur les pièces du second disque consacré à la musique de Ravel.
En effet, Tom Bourgeois a conçu des arrangements pour les quatre mouvements du Quatuor en Fa Majeur écrit par Ravel pour un quatuor de cordes et pour Sonatine en trois mouvements composée pour piano.

Tom Bourgeois©Hailing Wang,
Le parti pris de Tom Bourgeois est pour le moins osé car l’instrumentation de son quartet diffère de celle pour laquelle Ravel a conçu la pièce, en l’occurrence un quatuor de cordes. Sur « Murmures » les voix des quatre instruments à cordes deviennent celles des quatre instruments du quartet. Ainsi, une nouvelle musique est crée à partir de celle Ravel.
Tout en conservant le climat romantique de la pièce originale, le quartet le teinte de reflets tragico-ludiques. Les quatre mouvements réservent de très belles surprises.
Le premier mouvement privilégie l’accordéon de Thibault Dille. Le saxophone soprano prend les manettes du second mouvement mené assez vivement. Le troisième mouvement intègre un texte en français écrit par François Vaiana et chanté par Loïs le Van. Le quatrième mouvement fait la part belle à la guitare lumineuse.
La Sonatine pour piano devient un radieux duo guitare/saxophone ténor qui clôt le second disque avec une tendre détermination.
Sur « Murmures » de subtiles mélodies croisent de poétiques volutes qu’enveloppent les échos impressionnistes de confidences chuchotées. Le quartet de Tom Bourgeois participe à un bienheureux dépaysement cochléaire. On se laisse convaincre par ces éthers flottants et envoutants qui alimentent les rêveries et régénèrent la réalité. Un album à partager largement.
Pour découvrir l’album « Murmures » sur scène, rendez-vous avec Tom Bourgeois (saxophones ténor et soprano, clarinette basse), Loïs Le Van (voix), Thibault Dille (accordéon) et Florent Jeunieaux (guitare) le 13 mars 2018 à 20h30 au Sunset à Paris. La soirée propose un double plateau avec en première partie avec le groupe « Lown ».

Jazz Campus en Clunisois 2021 – Joce Mienniel & Pierre Durand

Jazz Campus en Clunisois 2021 – 60% de Matière Grave
Pour sa quatrième soirée, Jazz Campus en Clunisois 2021 propose « 60% de Matière Grave », un projet mené par le contrebassiste Jean-Philippe Viret avec Jean-Charles Richard au saxophone baryton et François Thuillier au tuba. Lors du concert du 25 août au Théâtre les Arts de Cluny, ces trois instruments imposants ont révélé au public combien la légèreté fait partie de leur vocabulaire. Leur musique élégante et sensible a fait l’unanimité.

Jazz Campus en Clunisois 2021 – Felsh! & Théo Ceccaldi Trio
Le 24 août 2021, Jazz Campus en Clunisois présente deux trios sur la scène du Théâtre Les Arts de Cluny. Le trio bourguignon Felsh! t précède Théo Ceccaldi Trio. Le public très attentif fait un accueil chaleureux au premier groupe très inventif et manifeste un enthousiasme unanime vis à vis de la deuxième formation dont la virtuoité n’a d’égale que son inventivité. Une soirée fort réussie qui présente deux facettes du jazz.