Pour sa cinquième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2024 accueille deux quartets sur la scène du Théâtres Les Arts de Cluny. Au programme, « Néon » puis « Unfolding – Baccarini/Melville ». Leurs univers différents déclenchent l’enthousiasme du public. Les contraintes formelles sont oubliées au profit d’une expression musicale libre et inventive.
Jazz à Vienne – Ahmad Jamal présente « Marseille »
Musique rythmique et hypnotique
La soirée du 30 juin 2017 ouvre avec le pianiste Ahmad Jamal qui vient présenter le répertoire de son dernier album « Marseille ». Le maître du clavier rend un hommage à la ville solaire qui l’a séduit. Comme sur le disque il gratifie « Jazz à Vienne » de trois versions du thème éponyme.
Prévu à l’origine en seconde partie de soirée, le concert de ce géant du piano est avancé pour des raisons logistiques liées au transport du groupe de Christian Scott. Le public s’en accommode et applaudit l’entrée en scène des musiciens. D’emblée Ahmad Jamal présente le groupe. Alors que la soirée s’annonce tristement pluvieuse et froide, on se demande si la sorcellerie de la musique parviendra à faire rayonner sur scène le soleil de « Marseille », le dernier album du pianiste paru le 09 juin 2017.
C’est la version instrumentale de Marseille Part. 1 qui débute le set. Dès ce premier morceau on saisit que, comme l’album, le concert va privilégier la dimension percussive.

En effet le duo constitué du batteur Herlin Riley et du percussionniste Manolo Badrena va s’en donner à cœur joie aux côtés du pianiste qui n’aura cesse de mettre en évidence le côté dynamique de sa musique. Le contrebassiste James Cammack assume la charge d’impulser sur chaque morceau le riff d’accompagnement qu’il décline ostinato sans faillir. Cela octroie une grande liberté aux deux autres rythmiciens qui dialoguent de bout en bout du concert. Ahmad Jamal les encourage, prend plaisir à les écouter et s’arrête même parfois pour les regarder.
Le quartet interprète avec vigueur la version tonique et revisitée de Sometimes I Feel like A Motherless Child. Malgré ses 87 ans, Ahmad Jamal assure avec brio sa part du travail et déploie tout son art. Sa main gauche omniprésente harmonise avec vigueur et laisse sa main droite se charger de séquences narratives virtuoses.
- Ahmad Jamal
- Ahmad Jamal et James Cammack
- Ahmad Jamal
Même si le troisième thème s’autorise une apparence de ballade, la rythmique demeure omniprésente. Les climats coloristes du percussionniste émargent du côté des rythmes latins alors que le batteur assume avec rigueur la dimension jazz du duo. Déclinés à peu près tous selon le même rituel, les morceaux proposent de longues montées en puissance qui donnent la parole au Maître du clavier. Cela accentue la dimension hypnotique de sa musique.
L’interprétation dynamique de Baalbeck ponctué d’un solo de contrebasse précède la venue de Mina Agossi tout de rouge vêtue. Celle qui a traduit en français les paroles écrites par Ahmad Jamal sur le thème Marseille rejoint le quartet pour chanter la version Marseille Part. 2. Le morceau prend l’allure d’une ballade sereine et bienfaisante dont les accents sensuels tranchent avec le climat rythmique appuyé du concert.
Après la sortie de scène de la chanteuse, le pianiste présente de nouveau les membres de l’orchestre avant de continuer.avec une version revue et latinisée du grand standard Les Feuilles Mortes. Ahmad Jamal décompose le thème pour le reconstruire et parvient encore à surprendre le public qui le gratifie d’applaudissements fournis malgré le froid humide qui s’ajoute à la pluie.
Entre alors sur scène le rappeur Abd Al Malik
qui interprète Marseille Part. 3. Avant d’entamer la chanson, le slammeur salue le public de quelques rimes supplémentaires. « Vienne je t’aime, Vienne tu es belle sous la pluie » puis poursuit le déroulé du morceau porté par son flow si reconnaissable. Ahmad Jamal l’honore de congratulations appuyées auxquelles se joignent les spectateurs.
Le groupe revient pour un rappel ultime avant de quitter la scène sous les applaudissements nourris du public.
La sorcellerie de la musique n’est pas parvenue à vaincre les intempéries naturelles qui ont sans doute parasité le public dans son écoute mais n’ont pu les empêcher d’apprécier la superbe prestation d’Ahmad Jamal et de son groupe.
Jazz Campus en Clunisois 2024 – Néon & Unfolding
Jazz Campus en Clunisois 2024 – Lines for lions
Le 22 août 2024, la scène du Théâtre les Arts de Cluny accueille un groupe déjà venu en 2015, le trio qui réunit le violoncelliste Vincent Courtois et les deux saxophonistes Daniel Erdmann et Robin Fincker. Le trio présente son nouveau projet Line for lions, une musique fluide et complexe à la fois.
Jazz Campus en Clunisois 2024 – Elina Duni & Rob Luft Band
A l’occasion de sa cinquième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2024 investit de nouveau la scène du Théâtre les Arts de Cluny et accueille Elina Duni & Rob Luft Band. Accompagnée de son orchestre cosmopolite, la chanteuse vient présenter un répertoire multilingue qui mêle chansons traditionnelles albanaises et kosovares, chansons françaises, standards de jazz et compositions personnelles écrites avec le guitariste Rob Luft. Musique envoutante entre évanescence et effervescence.



Ri
chard Bona convoque ensuite sur le devant de la scène un premier groupe d’enfants vêtus de tee-shirts rouge, bleu et jaune et munis d’instruments de percussion. Les jeunes accompagnent le trio sur le célèbre Watermelon Man du pianiste Herbie Hancock. Le spectacle se poursuit avec un groupe de choristes invités à chanter une berceuse africaine que propose Richard Bona. Le Théâtre entier reprend et le chanteur amuse l’assistance avec des imitations de cris d’animaux.

Paolo Fresu se produit avec son complice de longue date,
le pianiste Diederik Wissels. Le répertoire de la soirée permet au public d’apprécier les talents des deux musiciens qui présentent une alternance d’anciens morceaux et de nouvelles propositions que découvre le pianiste à cette occasion. Si le concert débute par deux thèmes plutôt teintés jazz, il se poursuit avec Ave donna sanctissima et Laude novella, deux titres proposés par le trompettiste et tirés du répertoire que chantaient les pèlerins d’Italie aux alentours des années 1200 sur le chemin de Compostelle.
D’abord Fellini, un thème de 16 mesures composé dans le train de Bologne à Florence par Paolo Fresu en l’hommage au grand cinéaste. Il en profite pour faire l’éloge de « la lentesse », de cette époque (années 90) où le trajet entre les deux villes durait 1h25 et non 25 minutes comme aujourd’hui. Il loue les bienfaits de cette lenteur qui permet réflexion et création. A la toute fin du morceau, le micro de la trompette posée dans le corps du piano réverbère les harmoniques des cordes durant le superbe chorus du pianiste. Le troisième rappel reprend une chanson italienne de 1962 que chantait Mina, Le tue mani. Accompagné par un pianiste très sobre, le trompettiste gratifie la salle d’une interprétation acoustique très appréciée. Entre jazz, humour et musique sacrée la soirée a tenu toutes ses promesses.
e après avoir descendu les escaliers de l’auditorium pour gagner la scène tout en jouant et en chantant un miserere. Le concert débute avec le quatuor et le duo. Clavier électrique pour le pianiste et nappes de son du bugle, le son des cordes enfle. Après le premier morceau, les chanteurs vêtus de costumes de velours noir quittent leurs chaises et se rejoignent en rond autour du micro, le bugle souffle et donne le départ au chant des cinq hommes. L’effet de ces cinq voix qui n’ont font qu’une est saisissant. Fragilité et simplicité d’un miserere qui restitue pourtant la puissance et la cohésion du chœur.
Comme annoncé, le
Stephan Moutot qui a rejoint le contrebassiste François Gallix, le pianiste Benoît Thévenot et le batteur Nicolas Serret. On découvre à l’occasion que l’orchestre présente son nouvel album « June ». Le public applaudit à tout rompre et visiblement le plaisir est de mise tant sur la scène que dans la salle. Après la courte mais énergique prestation du Magnetic Orchestra s’installent les 17 musiciens du Limonest Swing Band dirigés par Stéphane Rivero.
ffe l’ambiance.
se et énergique que le groupe offre avec grande générosité.
La mise en place de la musique est parfaite, l’altiste possède une présence scénique inouïe. L’orchestre tout entier s’investit et avec Saint Leu et Identité la pression monte à son paroxysme. Le premier set ébouriffant se termine par une romance poétique (dixit Gaël lui-même) issue du répertoire de Broadway, Nature boy gravé sur l’album « Identité ». Le saxophoniste change de registre sans effort et son discours se pare d’accents sensibles presque poétiques.
e. Les tambouyé tendent le rythme alors que Nicolas Beaulieu déclenche l’enthousiasme du public. La transe n’est pas loin lorsque l’altiste totalement libéré enflamme presque le pont de ses improvisations hypnotiques. Malgré l’effort, le saxophoniste ne se départ pas de son sourire. La musique coule et sa chaleur se répand dans l’assemblée qui reçoit avec un bonheur palpable cette musique où se marient la culture de la Réunion et celle du jazz. Après l’interprétation de Lonely Woman composition d’Ornette Coleman où l’émotion et la sensibilité sont perceptibles, le concert se termine avec des vibrations tout droit venues de la Réunion.







L’attention des amateurs de jazz a été attirée sitôt l’annonce de l’
Le saxophoniste Patrice Foudon, le pianiste Benoît Thevenot, le contrebassiste Alexandre Bès et le batteur Nicolas Serret ont totalement investi le répertoire proposé par le chanteur. David Linx reprend des morceaux de ses albums « Changing Faces »,
Avec beaucoup de retenue et de sensibilité Patrice Foudon et David Linx échangent sur
« InLab 4tet » débute le second set avec Noré Linskignousurb - Oh Wotticabcha, un titre de leur dernier album qui fait monter le pression préparant ainsi le retour sur scène de David Linx qui revient interpréter une ballade de son prochain album. Il appelle ensuite deux représentants de la nouvelle génération des chanteurs qui ont travaillé avec lui dans sa classe au Conservatoire Royal de Bruxelles, Emmanuelle Duvillard et Loïs le Van. Les trois chanteurs commencent a capella et s’en donnent à cœur joie avant d’être rejoints par le quartet. La prestation inattendue mais ébouriffante ravit le public.
Le second set se déroule crescendo. La réaction du public a été très chaleureuse vis à vis de l’énergie dégagée par le groupe et le chanteur sur une nouvelle composition du saxophoniste Sylvain Beuf. On a aussi apprécié la version de Think About A Way to Stay, un titre de l’album