Marjolaine Reymond présente « Demeter No Access »

Marjolaine Reymond présente « Demeter No Access »

La prêtresse ensorcelle par son chant halluciné

Une fois de plus, Marjolaine Reymond s’aventure hors des cadres et refuse d’enfermer son art dans des frontières de style. Avec un talent créatif hors norme elle mêle toutes les couleurs de sa palette d’artiste dans l’univers ensorcelant de « Demeter No Access ». Telle une prêtresse hallucinée, elle continue à inventer un monde dans lequel il fait bon s’immerger.

Après « Eternal Sequence » (2005), « Chronos in USA » (2008) et « To be an Aphrodite or not to be » (2013), Marjolaine Reymond annonce une nouvelle autoproduction de son label Kapitaine Phoenix Collectif. Couverture de l'album de Marjolaine Reymond, "Demeter No Acess"Annoncé pour le 11 mai 2018, l’album « Demeter No Access » sort chez Cristal Records/Sony Music Entertainment.

Après avoir invité la déesse Aphrodite au cœur de son album précédent, Marjolaine Reymond convoque cette fois Déméter et Perséphone, invite Orphée et Eurydice, convie de fantastiques créatures animales moyen-âgeuses, fait un détour dans le second livre de la bible de l’Ancien Testament. L’album « Demeter No Access » se présente donc un polyptyque aventureux où dieux, mythes, personnages imaginaires ou bibliques se télescopent.

« Demeter No Access » étonne et comble à la fois. Singulier serait un terme trop étroit pour définir l’univers que chevauche la musique de l’album. Original pourrait convenir sous réserve d’ajouter d’autres qualificatifs afin de mieux cerner l’esthétique de l’album… étonnant et audacieux, moderne et poétique, mystérieux et fascinant, énigmatique et fragile, puissant et précieux, étrange et pulsatile.

Les musiciens

Sur les quatorze plages de « Demeter No Access », Marjolaine Raymond se produit en quintet entourée de Bruno Angelini (piano, fender rhodes), Denis Guivarc’h (saxophone alto), Olivier Lété (basse électrique) et Christophe Lavergne (batterie). Ce quintet aux sonorités très contemporaines intègre avec bonheur des sons électroniques dans sa trame musicale dense et organique.

Le groupe est rejoint sur certaines plages par un quatuor de cordes constitué de Régis Huby (violon), Clément Janinet (second violon), Guillaume Roy (alto) et Marion Martineau (violoncelle). Entre les deux groupes l’alchimie opère et ils terminent ensemble l’album dans une conclusion quasiment symphonique.

Sources et influences de Marjolaine

De facto, évoquer le monde de Marjolaine Reymond demeure difficile car sa créativité s’abreuve aux sources d’une culture élargie au-delà des frontières musicales. Cet album résulte en effet d’une démarche artistique inscrite autant dans la musique que dans la littérature. Son propos s’inspire en effet d’un manuscrit du Moyen Age (Le Bestiaire), d’un poème d’Ovide (Les Métamorphoses), de l’épopée grecque (L’Odyssée), du second livre de la bible de l’Ancien Testament (L’Exode) que des œuvres de trois poétesses romantiques du XIX siècle, Emily Bronte, Elisabeth Browning, Emily Dickinson qui irriguent son inspiration.

A travers sa nouvelle création « Demeter No Access » Marjolaine Reymond questionne la coexistence de l’animal en l’homme, de la société et du monde sauvage, de la liberté et du déterminisme, de l’amour et de la mort, thèmes toujours d’actualité en ce début de XXIème siècle. La mise en son de cet ambitieux projet restitue une esthétique qui impressionne par sa précision et sa musicalité quasi extatique.

L’art de Marjolaine

La chanteuse Marjolaine Reymond appuie son travail vocal sur une technique acquise par la pratique du chant lyrique et contemporain mais aussi dans le jazz. Il en ressort des échappées vocales hallucinantes, loin des schémas vocaux habituels. Parfaitement maîtrisée, sa voix se fait cristalline ou rauque, douce ou puissante, elle murmure ou simule le cri.

Elle signe toutes les compositions et confie l’arrangement du dernier titre de l’album à Christophe Monniot. Son inspiration de musicienne, compositrice et metteuse en sons s’abreuve dans de nombreux univers, musique contemporaine, chant lyrique, rock, musique improvisée, jazz expérimental et musique électroacoustique. On saisit en effet des influences et des références multiples issues du jazz (Norma Winstone, John Taylor, Meredith Monk, Kenny Wheeler), du monde unique de Frank Zappa, de la musique répétitive de Philip Glass et des incursions dans les territoires de la pop et du rock.

Marjolaine Reymond poursuit dans le domaine de l’art la même quête qu’Edgar Morin dans le domaine des sciences, réunir au lieu de scinder. Dans « Demeter No Access », elle y parvient tout à fait.

Impressions musicales

Bestiaire étonnant

Le flamboyant saxophone alto introduit le chant exalté qui déclame le pamphlet onirique de Cheval nommé. Sur Les cupidons glacés, un motif joué en boucle au piano accompagne la voix théâtralisée qui se métamorphose au fur et à mesure du développement du morceau.

Le Tigre d’Annabelle vibre de la voix lunaire de la chanteuse. Elle fait écho au chant lyrique et moderne du saxophone qui part ensuite en improvisation sauvage sur le fond entoilé de sonorités électroniques. Zappa n’est pas loin.

Métamorphoses polyphoniques

Eurydice interceptum morsus serpentis ouvre avec quatuor à cordes, effets électronique et quintet à voix. Le thème métamorphose littéralement le climat de l’album. Durant les 50 secondes de Spirito e cielo le chant des cordes s’éclaircit et Demeter No Access advient. La musique accouche d’un chant plaintif qu’accompagnent d’insolites créatures sonores électroniques.

Par magie, la voix devient solaire sur Ecrire la lettre. L’enchanteresse déclenche un solo du saxophone alto tout droit inscrit dans le sillage de Steve Coleman et libère la section rythmique organique.

Odyssée cosmique et Exode

La voix met sur orbite L’odyssée de Ted Parker qui débute un voyage cosmique accompagné par le groupe devenu soucoupe volante. Le voyage se termine plus tard avec L’exode de Ted Parker qui reprend les mêmes ambiances répétitives sur un tempo plus étiré à la fin de l’album. Sur des arrangements de Christophe Monniot, la voix évanescente et le groupe sont rejoints par les cordes. Cette micro-symphonie instaure un climat contemporain et mystique et marque la fin du voyage.

Entre ces deux thèmes les cordes habitent Orfeo e Proserpina qui émarge dans un monde proche de celui de Debussy. La voix et le saxophone évoquent ensuite Le cri du Centaure et ses vibrations mélodiques qui débouchent dans le monde ensauvagé de Persephone unlimited dont la pulsation résonne de la force du rock.

Isaac et le Minotaure s’élève comme un hymne à la joie où la voix et les cordes s’unissent avec bonheur. Cordes et sons électroniques induisent un flottement musical éphémère sur Senso di colpa e la perdita qui précède la fin de l’Odyssée et annonce L’exode de Ted Parker déjà évoqué.

Une pulsation vibrante règne sur « Demeter No Access » qui n’en finit pas d’étonner même après plusieurs écoutes attentives. L’alchimie musicale délivre des ondes chimériques. Groove organique et évanescences brumeuses se croisent et contribuent à créer un monde labyrinthique où l’on aime à déambuler en boucle sans jamais se perdre.

 

Pour profiter de la dimension scénique de « Demeter No Access » et retrouver Marjolaine Reymond, Denis Guivarc’h, Bruno Angelini, Olivier Lété et Christophe Lavergne, rendez-vous le 22 Juin 2018 à 21h au Studio de l’Ermitage, à Paris.
Clin d’œil à Ismail Sentissi Trio & « Genoma »

Clin d’œil à Ismail Sentissi Trio & « Genoma »

Premier album d’Ismail Sentissi, « Genoma » invite à suivre le pianiste et son trio au fil d’un voyage instrumental en douze étapes. Harmonies jazz et polyrythmies croisent blues et musiques traditionnelles marocaines. Il en ressort un album attachant où les mélodies balisent une escapade musicale onirique.

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Edward Perraud signe « Hors Temps »

Edward Perraud signe « Hors Temps »

Trois ans après « Espaces », le batteur, percussionniste et compositeur Edward Perraud revient avec le captivant « Hors Temps » (Label Bleu /L’Autre Distribution). En trio avec le pianiste Bruno Angelini et le contrebassiste Arnault Cuisinier, il projette sa musique vers demain, loin des contraintes du temps. Un album comme une évasion poétique qui s’élève avec fluidité jusqu’au firmament.

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Stefano Di Battista crée l’évènement avec « Morricone Stories »

Stefano Di Battista crée l’évènement avec « Morricone Stories »

Le saxophoniste Stefano Di Battista revient sur le devant de la scène avec « Morricone Stories », un projet dédié à son compatriote Ennio Morricone. En quartet, il rend hommage à l’un des plus grands auteurs de musiques de film. L’opus propose quelques thèmes devenus légendaires et d’autres plus confidentiels, avec, en prime, une composition inédite que le Maestro Morricone a offert à Stefano di Battista. Avec talent, l’altiste s’empare des) thèmes du compositeur et les restitue avec lyrisme, flamboyance et virtuosité.

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Kenny Barron présente « Concentric Circles »

Kenny Barron présente « Concentric Circles »

Une élégante fraîcheur

Le 04 mai 2018 Kenny Barron présente chez Blue Note son tout dernier projet, « Concentric Circles ». L’album confirme, s’il est encore besoin de la préciser, le talent de ce pianiste élu sept fois « meilleur pianiste de l’année » par les JJA. Un album à l’image de la prestigieuse carrière de l’artiste.

Couverturede l'album "Concentric Circles" du pianiste Kenny BarronEn 2018, le pianiste, compositeur et chef d’orchestre Kenny Barron va célébrer son 75e anniversaire et le 50e anniversaire d’une carrière remarquable. A cette occasion il présente le 04 mai 2018 son nouvel album « Concentric Circles »(Blue Note/Universal).

Natif de Philadelphie, Kenny Barron a mené une brillante carrière au cours de laquelle il a collaboré avec la plupart des géants du jazz parmi lesquels on peut citer Dizzy Gillespie, James Moody, Milt Jackson, Stan Getz, Chet Baker, Lee Morgan, Freddie Hubbard, Joe Henderson et Yusef Lateef  et aussi plus récemment Wallace Roney, John Stubblefield, Cecil McBee et Victor Lewis.

Au fil des années, le pianiste continue à enregistrer et à tourner avec des groupes musicaux aux configurations variées (duo, trio, quartet). Sur les deux précédents albums de Kenny Barron sortis chez Impulse « The Art of Conversation » (2014) et « Book of Intuition » (2016), le pianiste a mis en évidence la dimension intime de son art, en duo avec le contrebassiste Dave Holland et en trio avec Johnathan Blake et Kiyoshi Kitagawa.

Sur « Concentric Circles », Kenny Barron est cette fois à la tête d’un nouvel orchestre, un quintet. Ses fidèles musiciens, le bassiste Kiyoshi Kitagawa et le batteur Johnathan Blake sont rejoints par deux nouvelles recrues, Mike Rodriquez (trompette et bugle) et Dayna Stephens (saxophone).

« Concentric Circles permet au pianiste d’élargir encore sa palette sonore sur les onze plages enregistrées en quintet parmi lesquelles figurent huit compositions originales et trois reprises de titres redevables à Caetano Veloso, Thelonious Monk et Lenny White.

« Concentric Circles »

L’album s’ouvre avec DPW une composition au tempo hard bop où, à 75 ans, Kenny Barron confirme qu’il est le dépositaire d’une tradition du piano moderne. Sur ce morceau composé en 2013 il imprime une ambiance où le jeu du saxophoniste et du trompettiste rappelle les atmosphères du « VSOP » d’Herbie Hancock avec en prime, un solo turbulent du batteur et une improvisation lyrique du leader au jeu toujours maîtrisé.

Kenny Barron Quintet

L’écriture de la douce valse Concentric Circles confirme le talent de mélodiste de Kenny Barron. Le propos du pianiste demeure souple et élégant sur le clavier alors que le saxophone ténor déploie un jeu fluide face au bugle véloce et à la contrebasse chantante.

Avec ses rythmes en 6/8, la batterie bouscule Blue Waters, une nouvelle composition du pianiste. Elle s’inscrit tout à fait dans l’esprit du label Blue Note. Le quintet groove tour à tour sur les courtes improvisations de la trompette,du saxophone ténor et du piano inspiré. Comme un clin d’œil aux « Jazz Messengers » d’Art Blakey

A Short Journey assombrit le climat lumineux du début de l’album. Cette ballade écrite par le pianiste se distingue par un climat onirique à l’esthétique tamisée créé par la trompette et le saxophone soprano, le toucher méditatif du piano et les cymbales en suspension. On se prend à penser à l’album « In a Silent Way » de Miles Davis.

Sur Aquele Frevo Axe, composition de Caetano Veloso, Kenny Barron renouvelle son affection vis à vis de la bossa nova. La lumière revient sur l’album avec cette interprétation raffinée et fidèle à l’esprit de la musique brésilienne. Les arrangements lumineux et chaloupés des soufflants subliment le morceau dont se dégage une impression de tranquillité envoutante.

L’amour de Kenny Barron pour les rythmes latins se manifeste de nouveau sur Baile où, sur un tempo médium trompette eLe pianiste Kenny Barront saxophone ténor s’en donnent à cœur joie et échangent avec le piano ludique. La nouvelle pièce de Kenny Barron, Von Hangman vibre de couleurs contrastées. Sur un tempo rapide, la section rythmique pousse les bouillonnants saxophone et trompette dans leurs retranchements.

L’émotion surgit à l’écoute du morceau In The Dark composé à l’origine pour la partition d’un film. Le jeu en apesanteur du piano et sa sonorité cristalline tranchent avec le solo lunaire du saxophone ténor et l’improvisation nocturne de la trompette et sa sourdine. La souplesse de la section rythmique contribue pour beaucoup à l’atmosphère planante et contemplative du titre.

Le tempo énergique de L’s Bop permet aux solistes de libérer un swing torride. Les deux cuivres et le piano exultent sur ce chatoyant morceau de hard bop. Le batteur délivre un solo riche en figures rythmiques énergiques que soutient le piano avec fougue. A partir d une ligne de basse funky jouée main sur le piano I’m Just Sayin’ entretient une forte tension que soutient la contrebasse et les syncopes de la batterie,l es improvisateurs se lâchent et groovent à fond.

Encore une fois, Kenny Barron rend hommage à l’iconique Thelonious Monk qui a toujours inspiré et influencé son jeu. Il termine l’album avec une reprise de Reflections, qu’il a pourtant enregistré de nombreuses fois à commencer avec son groupe « Sphere » en 1982 sur « Four in One ». Unn interprétation somptueuse où il renouvelle son inspiration et surprend encore.

Avec « Concentric Circles » Kenny Barron propose un nouveau bijou musical inspiré. Même s’il n’a plus rien à prouver le pianiste manifeste encore une grande spontanéité et produit en quintet une musique parfaitement maîtrisée à l’image de sa carrière.

Clin d’œil à Ismail Sentissi Trio & « Genoma »

Clin d’œil à Ismail Sentissi Trio & « Genoma »

Premier album d’Ismail Sentissi, « Genoma » invite à suivre le pianiste et son trio au fil d’un voyage instrumental en douze étapes. Harmonies jazz et polyrythmies croisent blues et musiques traditionnelles marocaines. Il en ressort un album attachant où les mélodies balisent une escapade musicale onirique.

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Edward Perraud signe « Hors Temps »

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Trois ans après « Espaces », le batteur, percussionniste et compositeur Edward Perraud revient avec le captivant « Hors Temps » (Label Bleu /L’Autre Distribution). En trio avec le pianiste Bruno Angelini et le contrebassiste Arnault Cuisinier, il projette sa musique vers demain, loin des contraintes du temps. Un album comme une évasion poétique qui s’élève avec fluidité jusqu’au firmament.

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Stefano Di Battista crée l’évènement avec « Morricone Stories »

Stefano Di Battista crée l’évènement avec « Morricone Stories »

Le saxophoniste Stefano Di Battista revient sur le devant de la scène avec « Morricone Stories », un projet dédié à son compatriote Ennio Morricone. En quartet, il rend hommage à l’un des plus grands auteurs de musiques de film. L’opus propose quelques thèmes devenus légendaires et d’autres plus confidentiels, avec, en prime, une composition inédite que le Maestro Morricone a offert à Stefano di Battista. Avec talent, l’altiste s’empare des) thèmes du compositeur et les restitue avec lyrisme, flamboyance et virtuosité.

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Emmanuel Borghi dévoile « Secret Beauty »

Emmanuel Borghi dévoile « Secret Beauty »

Voyage onirique et intimiste

Le pianiste Emmanuel Borghi dévoile un superbe album qui porte bien son nom, « Secret Beauty ». S’il convient de préserver la beauté de cette œuvre, il est essentiel de lever le secret sur cet album à partager sans limite. Puissent les portes de ce rêve enchanteur et serein s’ouvrir largement pour libérer sa musique pacifiée.

Couverture de l'abum "Secert Beauty" du pianiste Emmanuel BorghiSix ans après « Keys, Strings & Brushes » (Off/Believe) le pianiste et compositeur Emmanuel Borghi revient en trio piano-contrebasse-batterie avec son nouvel album « Secret Beauty » (Assai records/Socadisc/Believe) attendu le 04 mai 2018.

Le titre du nouvel opus reprend celui de la dernière composition gravée sur le précédent disque en trio. Ce clin d’oeil du pianiste relie ainsi ses deux albums enregistré en trio et souligne tout autant la continuité de son travail que son évolution et son renouvellement.

Avec Jean-Philippe Viret (contrebasse) et Philippe Soirat (batterie) le pianiste Emmanuel Borghi célèbre une musique lumineuse aux mélodies enchanteresses. « Secret Beauty » révèle les lignes envoûtantes d’une musique épurée et inspirée marquée par la prégnance de la mélodie. Un rêve enchanteur irradié de sérénité.

La trajectoire musicale du pianiste

Les univers sans frontière (jazz, pop, post rock…) dans lesquels Emmanuel Borghi s’est immergé témoignent de sa grande ouverture musicale et de son parcours dans des univers qui touchent autant au rock, post-rock, à la pop qu’au jazz.

Après avoir été pianiste du sextet de Simon Goubert dans les années 80, avoir collaboré de 1987 à 2008 aux différents projets de Christan Vander dont Magma (de 1998 à 2008), Offering, Welcome, Alien, Christian Vander Trio, Emmanuel Borghi intégre le Colletif Mu en 1996 et fonde « One Shot ». Il rejoint ensuite le NHX électro-jazz de Gaël Horellou.

Il crée ensuite le duo électro-pop Paghistree avec la chanteuse Himiko Paganotti. Ce duo évolue et devient le trio Slug avec le guitariste John Trap. En 2014, le pianiste et Himiko Paganotti créent le groupe « Himiko«  avec Bernard Paganotti (basse) et Antoine Paganotti (batterie).

Dans le même temps, Emmanuel Borghi prend part à différents groupes. Le « Borghi trio » avec Antoine Paganotti et Blaise Chevallier, un projet électrique, « David Prez-Emmanuel Borghi Electric Project » avec Simon Tailleu et Antoine Paganotti et « Caillou » de Philippe Gleize.

« Secret Beauty »

Au cœur de « Secret Beauty », six compositions du pianiste et deux du contrebassiste ainsi qu’une reprise de Steve Swallow, Eiderdown. Les  plages de l’album  s’enchainent avec une rare fluidité et l’on perçoit la complicité et la proximité des trois musiciens qui ont enregistré l’album en mars 2016.

Servi par la subtilité et les nuances du contrebassiste Jean-Philippe Viret et par le jeu discret tout en allitération et en suspension du batteur Philippe Soirat, le pianiste Emmanuel Borghi a toute latitude pour libérer sa musique des entraves de la pesanteur ce qu’il réussit avec succès.

Sur la pochette, des vers de John Greaves invitent … à s’imprégner de l’atmosphère de « Secret Beauty », à pénétrer dans son monde où nulle clef n’est requise, à pousser tranquillement la porte ouverte et à la refermer gentiment en partant. On suit ces conseils et l’on voyage au gré des neuf plages de « Secret Beauty ».

Impressions musicales

La délicate composition de Jean-Philippe Viret, Jour après jour, ouvre les portes d’un voyage imaginaire dans le monde intime et délicat du trio.

On pénètre dans l’univers lumineux de deux ballades composées par le pianiste Novembre et No More Lies. Le battement évanescent des balais et le jeu aérien de la contrebasse permettent au piano de développer la grande richesse de son chant onirique et mélodique.

Sur Novembre le piano dessine des lignes mélodiques d’une force picturale saisissante alors que son trait devient plus ciselé et son discours plus lumineux sur le tempo médium qu’impulse Entre deux rêves. On saisit alors la puissante alchimie qui unit piano et contrebasse.

On valse avec la tendre mélodie de La danse de Milo qui tournoie et inspire la contrebasse puis on s’envole sur Deux ailes pour gagner un ciel musical coloré de l’énergie que développe le pianiste en osmose parfaite avec ses compagnons.

On vibre au swing de Pourquoi pas ? où l’on perçoit des influences evansiennes dans le jeu du pianiste. La souplesse de la section rythmique propulse le piano en état d’apesanteur et stimule son lyrisme. Eiderdown groove du jeu brillant du piano et de la pulsation soutenue de la batterie. L’improvisation de la contrebasse confère au morceau un climat radieux.

On est saisi et enchanté par la beauté secrète de Changed qui termine l’album. Le piano joue seul face à lui-même, comme habité d’une sérénité et d’une paix intérieure. Il referme la porte de « Secret Beauty » dans un climat de tranquillité inouïe…qui incite à revenir plus tard.

Les neuf plages de « Secret Beauty » dessinent les contours d’un voyage onirique et intimiste. Les climats varient et enchantent. Tendre lyrisme des ballades et force maîtrisée des morceaux au tempo plus soutenu. Tout incite à la rêverie et concourt à la sérénité.

 
Pour s’imprégner live des atmosphères de « Secret Beauty » et retrouver Emmanuel Borghi, Jean-Philippe Viret et Philippe Soirat, deux rendez-vous se profilent. Le 11 mai 2018 à 21h au Triton, 1bis, rue du Coq Français, 93260, Les Lilas (Métro Mairie des Lilas) et à Eaubonne le 22 Mai 2018 à l’Orangerie.
Clin d’œil à Ismail Sentissi Trio & « Genoma »

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Premier album d’Ismail Sentissi, « Genoma » invite à suivre le pianiste et son trio au fil d’un voyage instrumental en douze étapes. Harmonies jazz et polyrythmies croisent blues et musiques traditionnelles marocaines. Il en ressort un album attachant où les mélodies balisent une escapade musicale onirique.

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Edward Perraud signe « Hors Temps »

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Stefano Di Battista crée l’évènement avec « Morricone Stories »

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Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp XXL

Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp XXL

Le paroxysme d’un art musical festif

Avec l’album « Sauvage Formes » l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp XXL propose une musique ludique et libérée qui embrase les huit pistes du CD. Un trésor à faire résonner tous azimuts pour stimuler les tiédeurs bien-pensantes, dynamiter les faux-semblants et rendre jaloux les pseuso-novateurs.

Couverture de l'album "Sauvage Formes" de l'Orchestre Tout Puissant MArcel Duchamp XXLCréé en 2006, l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp (OTPMD) a fait vibrer les scènes, a bouleversé les repères des orchestres grand format, enregistré trois albums entre 2007 et 2014.

S’il a évolué, il a conservé son identité. Comme son nom l’indique, le groupe continue à emprunter à Marcel Duchamp cet état d’esprit provocateur générateur de révolte esthétique mais, son leader, Vincent Berthollet a voulu développer aussi l’autre partie du titre de cet orchestre qui se dit Tout Puissant.

Après s’être inventé sur scène en version XXL avec 14 musiciens, à l’occasion de ses 10 ans, c’est sous cette forme élargie que l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp XXL enregistre « Sauvage Formes » en octobre 2017. Le disque est produit par John Parish qui a supervisé enregistrement, mixage et mastérisation.

Sorti le 27 avril l’album « Sauvage Formes » (Les Disques Bongo Joe/L’Autre Distribution) est sidérant de dynamisme et d’incandescence. L’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp XXL s’abreuve de l’énergie de la vie et en restitue l’essence. Dans un superbe désordre organisé les musiciens semblent comme habités par une exaltation frénétique. Ils déclenchent une musique transique qui envoute et frôle l’incandescence.

Format XXL

Hormis le violoncelle et l’alto, tous les instruments sont doublés, contrebasse, guitare, violon, marimba, batterie, trombone quant au chant il sonne puissance 14 puisque tous les membres de l’orchestre donnent de la voix, Vincent Bertholet et Seth Bennett (contrebasse), Joanna Burke et Liz Moscarola (violon), Aby Vuliamy (alto), Naomi Mabanda (violoncelle), Maël Salètes et Titi (guitare), Anne Cardinaud et Aida Diop (marimba), George Murray et Séni (trombone), Guillaume Lantonnet (percussions, batterie) et Wilf Plum (batterie).

42 minutes de musique festive

Coloré par un motif itératif porté par les marimbas, Blow Sauvage annonce la couleur. La voix s’en mêle et entraîne les cordes frottées et celles des guitares. Section rythmique et trombones portent l’invocation crescendo jusqu’au paroxysme.

Le tempo post-rock et les sons distordus de Sous mes Yeux se calment et ouvrent la porte à Across the Moor avec sa ligne de contrebasse récurrente, les percussions et le triangle inlassables qui précèdent un chant envoutant. Les trombones gonflent la matière sonore et invitent à une danse qui annonce l’arrivée des…Bêtes féroces venues en droite ligne de la savane africaine. Motif répétitif repris par les voix, un slam convoque les violons et la révolte salvatrice advient « nous avançons… nous sommes devenus des bêtes féroces de l’espoir ».

Tel un opéra pop et symphonique, The Unknown se métamorphose et tient en haleine. Percussions, marimbas, cordes, voix et trombones rugissants déroulent une musque scintillante qui éblouit et finit avec emphase.

Sur Lost and Found, le tempo binaire tendu par la section rythmique et les marimbas alterne avec une mélodie vocale fragile et cajoleuse que le motif des guitares pousse à évoluer en une sorte de chorale africaine au chant enivrant.

Le collectif des voix entonne Danser soi-même, une ballade/comptine où une voix d’homme développe une philosophie surréaliste autour de « Danser est le fin mot de vivre » mais il laisse le fin mot de l’histoire à la flute … On ne peut s’empêcher de croiser ces mots avec ceux de Jean Teulé sur « Entrez dans la danse »… gare au mauvais danseurs !

L’album se termine avec So We All Sauvage et son tapis sonore de cordes et de cuivres qui tourne en boucle. Les voix de femmes aux intonations nordiques se répondent en canon sur la mélodie trouée par les fulgurances des guitares. La tension monte, on se laisse gagner par la joie et l’allégresse et on se surprend à chanter avec l’OTPMD XXL.

« Sauvage Formes, un quatrième album que l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp XXL a voulu à l’image de son nom. Une musique sauvage mais domptée, un désordre très bien organisé qui un mouvement frénétique et exalté. La transe musicale incandescente est communicative et son énergie traverse l’album. On brûle d’écouter l’OTMD XXL sur scène avec son nouveau projet.

Clin d’œil à Ismail Sentissi Trio & « Genoma »

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Clin d’œil à Sofie Sörman & « Vindarna »

Clin d’œil à Sofie Sörman & « Vindarna »

Rêverie singulière et enchanteuse

Après « Ripples », Sofie Sörman dévoile « Vindarna », son deuxième album chanté en suédois. Servie par un trio jazz du meilleur cru, la voix limpide et claire de la chanteuse semble enracinée dans les traditions populaires de son pays d’origine. Porteuse à la fois de fragilité et de force, la musique respire la fraîcheur et creuse un sillon singulier et enchanteur.

Couverture de l'album "Vindarna" de Sofie SormanLe 27 avril 2018, la chanteuse Sofie Sörman sort « Vindarna » (21Lab - Socadisc) son deuxième album. Dans son pays de naissance le chant fait partie intégrante de la vie. Sa condition d’artiste expatriée loin de sa terre native ajoutée à la naissance de sa fille, a sans doute contribué au choix que fait Sofie Sörman de s’exprimer uniquement dans sa langue d’origine.

La dimension acoustique de la musique et l’articulation propre au Suédois participent à la singularité de cet album de jazz dont on est tenté de dire qu’il s’agit de jazz suédois estampillé français.

Servie par un trio acoustique de musiciens attentifs et réactifs Sofie Sörman promène son chant entre les frontières des musiques traditionnelles de son pays, la pop musique et le jazz sensible et poétique que tissent Armel Dupas au piano, Joan Eche-Puig contrebasse et Karl Jannuska à la batterie. La pureté de la voix tisse de délicates lignes de chant qui explorent toutes les dimensions de l’univers ouvert par le trio.

Sur Vindarna souffle un léger vent chargé d’allégresse et de poésie qui fait respirer la musique. La voix lumineuse et sereine fait vibrer Visa fran jarna, dalarna d’une souple mélancolie.

On tournoie sur Horgalaten, ritournelle swinguante et poignante dont le motif répétitif tourne sans fin comme un diable joueur. Sur Din angels sang, la chanteuse incarne la voix des anges qui inspirent une improvisation délicate et poétique au pianiste. Visa i molom invite à la rêverie alors que I skogens djupa stilla ro incite au recueillement et à l’émotion.

La pulsation binaire et métronomique de la batterie sur Leva nu permet à la chanteuse de se promener sur les accords suspendus du pianiste. De sa douce voix la chanteuse caresse la mélodie de Tystare an natten accompagnée par le jeu dépouillé du piano et de la contrebasse. Le sautillant Under ronn och syren célèbre les éléments naturels.

Après une note répétée par le piano et la contrebasse, la voix pure et sans artifice cède l’espace au jeu spirituel du piano qui transforme Grimasch om morgonen en méditation. Vals till Sia, la tendre mélodie écrite par Armel Dupas, se transforme en une berceuse romantique qui célèbre la naissance de la fille de Sofie Sörman. Fragile et pure, la voix vibre d’une tendre émotion.

Loin des standards habituels, « Vindarna » interpelle par sa singularité. La voix vibrante de Sofie Sörman. expose sa fragilité mais affirme sa force soutenue par le jazz délicat d’un trio minimaliste.

 

Rendez-vous à Paris le 22 mai 2018 à 21h au Sunside dans le cadre du Festival Vocal 21ème édition pour écouter live Sofie Sörman (chant), Armel Dupas (piano), Joan Eche-Puig (basse) et Karl Jannuska (batterie).
Clin d’œil à Ismail Sentissi Trio & « Genoma »

Clin d’œil à Ismail Sentissi Trio & « Genoma »

Premier album d’Ismail Sentissi, « Genoma » invite à suivre le pianiste et son trio au fil d’un voyage instrumental en douze étapes. Harmonies jazz et polyrythmies croisent blues et musiques traditionnelles marocaines. Il en ressort un album attachant où les mélodies balisent une escapade musicale onirique.

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Edward Perraud signe « Hors Temps »

Edward Perraud signe « Hors Temps »

Trois ans après « Espaces », le batteur, percussionniste et compositeur Edward Perraud revient avec le captivant « Hors Temps » (Label Bleu /L’Autre Distribution). En trio avec le pianiste Bruno Angelini et le contrebassiste Arnault Cuisinier, il projette sa musique vers demain, loin des contraintes du temps. Un album comme une évasion poétique qui s’élève avec fluidité jusqu’au firmament.

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Stefano Di Battista crée l’évènement avec « Morricone Stories »

Stefano Di Battista crée l’évènement avec « Morricone Stories »

Le saxophoniste Stefano Di Battista revient sur le devant de la scène avec « Morricone Stories », un projet dédié à son compatriote Ennio Morricone. En quartet, il rend hommage à l’un des plus grands auteurs de musiques de film. L’opus propose quelques thèmes devenus légendaires et d’autres plus confidentiels, avec, en prime, une composition inédite que le Maestro Morricone a offert à Stefano di Battista. Avec talent, l’altiste s’empare des) thèmes du compositeur et les restitue avec lyrisme, flamboyance et virtuosité.

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Eliane Elias revient avec « Music from Man Of La Mancha

Eliane Elias revient avec « Music from Man Of La Mancha

Des climats instrumentaux captivants

Le 04 mai 2018, Eliane Elias revient avec l’album « Music from Man Of La Mancha » enregistré en 1995 avec deux combos différents. Un opus instrumental entre jazz et musiques latino-brésiliennes. Les arrangements lumineux mettent en valeur le jeu énergique et sensuel de la pianiste.

Après un Grammy obtenu en 2015 pour « Made in Brazil » et un autre pour « Dance of Time » en 2017, la pianiste brésilienne Eliane Elias revient le 04 mai 2018 avec « Music from Man of La Mancha » (Concord/Universal), un album instrumental qu permet d’apprécier ses talents d’arrangeuse, de pianiste et d’improvisatrice.Eliane Elias revient avec l'album "Music From Man of la Mancha"

Vingt-huit ans séparent l’enregistrement et la sortie du 26ème album de la carrière d’Eliane Elias. En effet, « Music from Man Of La Mancha » a été gravé en 1995 mais pour des raisons contractuelles le disque n’est pas sorti au moment de l’enregistrement. Le temps a passé, la pianiste Eliane Elias a eu la brillante carrière que l’on connait et Mitch Leigh, compositeur de l’œuvre originale est décédé en 2014. Le plaisir n’en est que plus grand de découvrir cet album somptueux.

Le projet

A l’origine, c’est Mitch Leigh, le compositeur de la musique de « Man Of La Mancha » crée à Broadway en 1964 qui sollicite lui-même Eliane Elias. Après avoir succombé à l’écoute de son superbe album « Eliane Elias plays Jobim » sorti en 1990 chez Blue Note, il lui demande de concevoir des arrangements pour sa propre musique et lui laisse carte blanche.

Il confie une copie de la musique originale à Eliane Elias qui après écoute retient neuf titres. Elle accepte de s’engager dans le projet, d’enregistrer et de devenir coproductrice d’un album pour lequel Mitch Leigh lui accorde une absolue liberté artistique.

Les musiciens

Eliane Elias a recours à deux combos différents dans lesquels elle tient le piano. De principe, elle reconduit le trio présent sur « Eliane Elias plays Jobim »  avec le contrebassiste Eddie Gomez et le batteur Jack DeJohnette à qui elle confie cinq plages.

Pour les quatre autres morceaux du répertoire, elle se tourne vers le contrebassiste Marc Johnson et le batteur Satoshi Takeishi, musiciens avec lesquels elle travaille alors.

Elle sollicite le percussionniste Manolo Badrena pour poser ses couleurs rythmiques et sonores sur huit des neuf pièces de cet album instrumental.

L’album

Eliane Elias fait le choix de rester au plus près des mélodies dont elle préserve le message musical. Par contre elle prend le parti de centrer ses arrangements sur les climats harmoniques et rythmiques qu’elle va faire varier au fil des neuf plages de l’album.

En effet, chaque morceau est traité de manière individuelle. Eliane Elias diversifie les ambiances tout en ménageant des interactions entre les pièces. Pour créer des dynamiques différentes, elle s’appuie sur les points forts de chaque trio, sur les talents individuels de chaque instrumentiste et improvisateur et sur la richesse de leurs échanges. 

Les arrangements se distinguent par leur richesse et leurs variations. Elle ajoute des introductions, invente des interludes, combine et harmonise les modulations, déconstruit et reconstruit les séquences rythmiques jusqu’à obtenir des climats mouvants aux couleurs contrastées. Chaque morceau est traité de manière différente ce qui ajoute encore de la diversité à profondeur des textures musicales.

Si Eliane Elias fait preuve d’une maîtrise totale sur les climats harmoniques et la texture rythmique, elle continue par ailleurs à impulser la direction musicale du projet à partir de son clavier. Virtuose et inspirée, elle développe un jeu de piano qui impressionne par son énergie et ses nuances. Au fil du répertoire elle réussit le tour de force de renouveler son expression pianistique .

Impressions musicales

Les deux premiers titres de l’album présentent les trios. Deux arrangements contrastés conçus en écho autour d’un thème commun. Entourée de Marc Johnson à la contrebasse, Satoshi Takeishi à la batterie et Manolo Badrena aux percussions, Eliane Elias insuffle l’allégresse à To each His Dulcinea. La fougue percussive du tempo partido alto transforme le thème en une samba jazz peu conventionnelle.

Sur Dulcinea, le climat évolue et devient romantique. Une ballade aux riches harmonies où, entourée d’Eddie Gomez et Jack DeJohnette, la pianiste développe un jeu sensible.

What Does He Want of Me rayonne de soleil. Une bossa nova prise sur un tempo médium où le jeu de la pianiste enivre par le balanço et la légèreté de ses phrases.

De facture plus moderne, The Barber’s Song se rapproche du baião. Avec audace la pianiste disjoint les rythmes. Les accords funky de la main droite harmonisent la mélodie déroulée par la main gauche. Les bigarrures colorées des percussions assurent un groove qui ne manque pas de délicatesse.

Les bizarreries rythmiques du tempo ternaire de It’s All the Same font ressortir la technicité et la vélocité du piano. Après la légèreté du début, le morceau prend des teintes passionnées. Un solo expressif de la contrebasse fait appréhender l’imminence d’un drame qui ne survient pas puisque tout rentre dans l’ordre avec un retour au thème arc-en-ciel du début.

Avec I’m Only Thinking Of Him on s’immerge dans un bain de latin jazz absolu. Sur un tempo impair, le jeu contrasté du piano invite à entrer dans une danse frénétique à peine retenue à laquelle succombe la contrebasse irradiée d’énergie.

La batterie enflamme Man Of La Mancha et embarque le morceau sur les vagues d’un rythme envoutant. Habillé des brillantes couleurs de la samba, The Impossible Dream vibre sous le flux des cadences syncopées et des décalages rythmiques.

L’album se termine avec A Little Gossip pris sur le rythme vibrant du frevo. A chaque instant on s’attend à entendre entrer le souffle bouillonnant d’un saxophone rollinsien. Ambiance de carnaval endiablée qui appelle à entrer dans une danse frénétique.

Eliane Elias parvient à dépayser la partition de « Music From Man of La Mancha » dans le monde d’un jazz latin qui projette rythmes et couleurs du Brésil sur les thèmes de Broadway. Les climats fluctuent entre calme et amour, oscillent entre romantisme et passion. Une absolue réussite.

Clin d’œil à Ismail Sentissi Trio & « Genoma »

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