Évasion poétique et fluidité musicale
Trois ans après « Espaces », le batteur, percussionniste et compositeur Edward Perraud revient avec le captivant « Hors Temps » (Label Bleu /L’Autre Distribution). En trio avec le pianiste Bruno Angelini et le contrebassiste Arnault Cuisinier, il projette sa musique vers demain, loin des contraintes du temps. Un album comme une évasion poétique qui s’élève avec fluidité jusqu’au firmament.
Sorti le 02 avril 2021, « Hors Temps » (Label Bleu /L’Autre Distribution) a été enregistré du 02 au 12 septembre 2020, dans le Studio Gil Evans de la Maison de la Culture d’Amiens. Avec Bruno Angelini au piano et Arnault Cuisinier à la contrebasse, le batteur poète Edward Perraud convie le trompettiste Erik Truffaz sur deux titres.
En neuf escales, la musique transporte l’oreille dans des contrées où la musique suspend le temps.
« Hors temps » …
Certes le titre pourrait paraître paradoxal pour un batteur, mais Edward Perraud n’est pas seulement un batteur. Le musicien est aussi rêveur et inventeur car il faut l’être pour vouloir libérer la musique, tenter de l’extraire de la temporalité, imaginer « d’arrêter le temps, figer l’espace », de « partir, de s’échapper en restant vivant ». Un peu comme s’il envisageait la musique comme une monture à chevaucher pour s’évader « N’importe où ! n’importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde ! » comme l’écrivait Charles Baudelaire dans « Petits poèmes en prose, Les paradis artificiels ».
Tel un photographe, le musicien poète ouvre les horizons de son album avec un visuel où les eaux de l’océan et les nuages du ciel adoptent la verticale, loin des contraintes de la gravité.
« Voici comment je m’imaginais, avec mes mots, la musique que je souhaitais inventer : composer une musique à fleur de peau, méta sensuelle, une musique d’amour éternel, infini, un amour que l’on ressent au cœur de la nature et de l’art des humains, sans pour autant toujours en comprendre les sources. » Edward Perraud
Edward Perraud
Percussionniste, batteur, compositeur, improvisateur
Avec à son actif plus d’une cinquantaine de disques, Edward Perraud s’est exprimé avec de nombreux musiciens des scènes européennes et américaines. Il a joué au sein de nombreux groupes, en duo avec Elise Caron, avec le bassiste Frederick Galliay dans BIG, avec Philippe Torreton pour le spectacle « Mec » en hommage à Allain Leprest, en quartet avec le « Synaesthetic Trip » qui réunit autour de lui Benoit Delbecq, Bart Maris et Arnault Cuisinier, en quintet avec « Hubbub », sextet avec le Supersonic de Thomas de Pourquery.
Outre dans le groupe européen « Das Kapital » où le batteur est entouré du guitariste Hasse Poulsen et du saxophoniste Daniel Erdmann, il s’est aussi exprimé en trio avec le contrebassiste Bruno Chevillon et le pianiste Paul Lay sur le superbe « Espaces » (Label Bleu/L’Autre Distribution) sorti en 2018. Sur l’album « Hors Temps » (Label Bleu /L’Autre Distribution), Edward Perraud est entouré du pianiste Bruno Angelini et du contrebassiste Arnault Cuisinier et invite le trompettiste Erik Truffaz sur deux titres.
Créateur de Label
En 2005, il a créé son propre label « Quark-Records » qui compte aujourd’hui plus d’une vingtaine d’albums. C’est d’ailleurs avec l’album Supersonic « Plays Sun Ra » de Thomas de Pourquery qu’il obtient le prix de l’album de Jazz de l’année 2014 aux Victoires de la musique.
Evasion en neuf escales
Tour à tour énergique ou pleine de retenue, la musique joue avec l’énergie et se déploie dans une bulle protégée des contraintes du temps et de l’espace. Vivante, elle conjugue la liberté loin des chapelles musicales formatées, déjoue les conventions, se structure et s’organise, lévite et glisse, invente et invite au voyage.
L’album ouvre avec le méditatif Hors sol. Après une ligne mélodique jouée au piano comme en suspension, se profile un climat lunaire bercé par le feuilletage des balais et les larmes de la contrebasse. Ce thème pointilliste en trois mouvements prend au fil du temps une dimension spatiale.
Inspiré par l’astre des poètes, le trio brosse alors un univers poétique étrange parcouru de tensions frénétiques. Chien lune permet de goûter à l’éclectisme rythmique et mélodique du leader. Avec Hors piste, changement de décor musical. Après un motif enivrant qui procure une sensation de glissement sur les rythmes de J.S. Bach, le piano privilégie la facette aérienne de son style puis orne son propos cristallin et ses notes choisies de constructions harmoniques mystérieuses. Les ponctuations de la batterie impressionnent par la diversité de ses accentuations et sa spontanéité alors que la contrebasse séduit par son exploration aventureuse puis par son jeu d’archet sensible.
Plus loin, sur Flower of skin, la trompette d’Erik Truffaz génère une atmosphère éthérée. Comme un chant intemporel, la musique entre en lévitation. On s’abandonne et l’on flotte en apesanteur.
Fer de lance permet ensuite de saisir la parfaite alchimie du trio. Sur un motif réitératif de contrebasse, piano et batterie croisent les lignes au fil d’un échange stimulant. En osmose avec le son grave de la contrebasse et le piano expressif, la batterie accentue le tempo du très libre Hors la loi.
La trompette rejoint le trio sur Neguentropie. Si sur ce titre, sa sonorité se fait plus incisive, la connivence entre les quatre musiciens n’en est pas moins grande. Véritable concentré d’élégance, le titre fait alterner climat énigmatique et énergique chevauchée. D’emblée, Edukation interpelle par son propos contemporain et ses brisures de rythme. Avec une grande liberté, le collectif batterie-piano-contrebasse développe une musique aux accents jubilatoires.
L’opus se termine avec l’envoûtant Firmanent… mélancolie rêveuse du piano, vibrations sensibles des peaux et cymbales, sonorités graves de la contrebasse… dernière étape de cette salvatrice évasion poétique hors du temps qui aide à s’abstraire des contingences matérielles du quotidien.
Jazz Campus en Clunisois 2024 – Louis Sclavis Quintet
Pour sa septième et dernière soirée au Théâtre les Arts, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2024 affiche complet. Le compositeur, saxophoniste et clarinettiste Louis Sclavis vient en quintet présenter son projet « India ». Fusion entre son jazz toujours inventif et des réminiscences mélodiques issues en droite ligne de l’Inde. De Madras à Cluny en passant par Calcutta… les notes vagabondent.
Jazz Campus en Clunisois 2024 – Néon & Unfolding
Pour sa cinquième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2024 accueille deux quartets sur la scène du Théâtres Les Arts de Cluny. Au programme, « Néon » puis « Unfolding – Baccarini/Melville ». Leurs univers différents déclenchent l’enthousiasme du public. Les contraintes formelles sont oubliées au profit d’une expression musicale libre et inventive.
Jazz Campus en Clunisois 2024 – Lines for lions
Le 22 août 2024, la scène du Théâtre les Arts de Cluny accueille un groupe déjà venu en 2015, le trio qui réunit le violoncelliste Vincent Courtois et les deux saxophonistes Daniel Erdmann et Robin Fincker. Le trio présente son nouveau projet Line for lions, une musique fluide et complexe à la fois.