Rosario Bonaccorso publie « A New Home »

Rosario Bonaccorso publie « A New Home »

En quartet, il invite Stefano Di Battista

A la tête de son quartet, le contrebassiste Rosario Bonaccorso a sorti « A New Home », un nouvel album aux échos méditatifs. Plutôt intimiste, l’opus n’en demeure pas moins porteur d’une énergie vitale perceptible. Le leader partage cette nouvelle étape musicale avec le saxophoniste Stefano Di Battista qui rejoint le groupe sur quatre plages. Il fait bon pénétrer dans l’univers inspiré du contrebassiste italien.

Couverture de l'album de Rosario Bonaccorso, New HomeAprès « Viaggiando » (2015) et « A Beautiful Story » (2017), le contrebassiste Rosario Bonaccorso revient avec onze compositions originales sur l’album « A New Home » (Via Veneto Jazz/Jando Music) sorti le 16 mai 2019.

Le leader retrouve deux compagnons déjà présents à ses côtés sur l’album « A Beautiful Story » (Via Veneto Jazz/Jando Music), le pianiste Enrico Zanessi et le batteur Alessandro Paternesi lesquels sont rejoints par Fulvio Sigurtà (trompette, bugle). Sur quatre morceaux, le quartet invite le saxophoniste Stéfano Di Battista (saxophones soprano et alto) avec lequel Rosario Bonaccorso a collaboré pendant plus de vingt ans puisqu’il a joué dans ses groupes à partir de 1997.

A New Home, un univers riche en nuances

Écouter « A New Home » c’est comme pénétrer, avec sa permission, dans l’intimité de Rosario Bonaccorso. En effet, via ses compositions, le contrebassiste ouvre les portes de son nouvel univers musical où coexistent sérénité méditative et groove flamboyant.

Après plusieurs décennies de sa vie consacrées à la musique, le contrebassiste Rosario Bonaccorso renouvelle sa musique et lui donne de nouvelles perspectives. Le leader dit « exprimer [ses] sentiments à travers la musique de ce nouvel album qui est un hommage à la vie. » Un album comme le portrait d’un moment de vie où le compositeur évoque l’importance du temps à travers onze compositions.

Un quartet vibrant et romantique à la fois

Le quartet s’exprime sur sept titres qui brillent par leur intensité narrative et par des climats dont les couleurs varient. En ouverture, la mélodie vibrante de romantisme de Re and Ro évoque la complicité qui unit le contrebassiste à sa muse et compagne Rosario et Renate.

Plus loin, sur Ciaramell la ligne lancinante soufflée par la trompette au-dessus des roulements de tambours rappelle l’univers de Nino Rota. Le piano et la contrebasse esquissent en arrière-fond un enlacement musical esquissé sur un rythme de tango. Nostalgique et ludique à la fois. La superbe ballade Lonely Heart, résonne ensuite comme une véritable ode où la ferveur est incarnée par la trompette, la grâce par la piano, la bienveillance par la contrebasse et la tendresse par le balayage feuilleté des balais sur les cymbales et les peaux.

L’atmosphère évolue avec Strange Weather où règne un climat étrange. La trompette virtuose voltige au-dessus du filet que tendent pour elle piano, contrebasse et piano. Nouveau changement de climat avec Crepuscolo qu’introduit la contrebasse à la sonorité grave et boisée dont le chant recueilli annonce la tombée du jour. La voix lumineuse de la trompette allume les étoiles qui illuminent la nuit alors que piano et batterie s’élèvent au firmament.

Une fois la nuit tombée, advient Le Note del silenzio. Le jeu émotionnel de la contrebasse et la sonorité voilée de la trompette bouchée laissent deviner le cheminement des pensées dans le silence au fil du temps que le piano et la batterie objectivent avec délicatesse. Le quartet interprète plus tard une romantique Waltz for George Sand où la contrebasse et le piano dialoguent avant de laisser s’écouler les pleurs de la trompette qui larmoie dans sa sourdine. Sans doute un clin d’œil en souvenir des voyages de la romancière en Italie.

Un quintet tonique et fantaisiste

Le saxophoniste Stefani Di Battista joint ses saxophones au quartet sur quatre titres. Viva Lorenzo célèbre la naissance du petit-fils du leader. Balbutiements de l’enfant, chant cristallin du soprano, comptine égrénée par le piano sur les battements de cœur de la contrebasse et le rythme vital que pulse la batterie avec tendresse. Soprano et bugle célèbrent la vie du nouveau venu avec des inflexions célestes et gorgées d’émotions. Le quintet s’envole dans les cieux d’un univers qui rayonne de joie.

L’ambiance se transforme avec Dubbididibba dont le thème est exposé par l’alto et la trompette complices. Le style funky du morceau reprend avec fantaisie l’atmosphère des compositions d’Horace Silver. Le solo de l’alto est habité d’une intensité foudroyante qui déclenche au passage une véritable tornade rythmique. Ce titre permet d’écouter un chorus de contrebasse où Rosario Bonnacorso s’accompagne de la voix.

L’alto revient plus tard sur Luna rossa qu’il éclabousse d’énergiques saveurs soul-funk. Contrebasse, piano et batterie ne sont pas en reste et pousse le soliste dans ses retranchements. Alto et trompette s’entendent comme larrons en foire et leurs riffs contribuent pour beaucoup aux couleurs flamboyantes du morceau.

L’album se termine avec le titre qui donne son nom à l’album? A New Home. Le climat musical restitue une impression de profonde sérénité. Les spirales lyriques du soprano esquissent la silhouette d’un espace qui pourrait abriter le bonheur intérieur, tel que le conçoit le compositeur.

L’album de Rosario Bonaccorso, « A New Home » doit autant aux climats méditatifs qu’aux ambiances plus effervescentes. Le propos musical élégant séduit par ses nuances et la qualité des mélodies que l’on mémorise. On se prend à fredonner avec le sourire !

La “Nuova Casa” di Rosario Bonaccorso, un nuovo punto di partenza

"A New Home” è il titolo del nuovo cd di Rosario Bonaccorso - Jando Music & Via Veneto Jazz con il featuring di Stefano Di Battista–SINOSSI http://bit.ly/2VuG5uxSpotify https://spoti.fi/2JrLsIL iTunes ITA https://apple.co/2Q6JPAEiTunes USA https://apple.co/2Q8qUpbAmazon https://amzn.to/2JN89qi–Rosario Bonaccorso | contrabbassoStefano Di Battista | soprano e alto sax Fulvio Sigurtà | tromba e flicorno Enrico Zanisi Official | pianoforteAlessandro Paternesi Official | batteriaNel video, le date dei concerti di presentazione: > Una “Nuova Casa” dove uomo, spirito e musica, si ritrovano creativamente ad un nuovo punto di partenza. Compiuti i sessant’anni d’età di una vita vissuta in musica, da questa “Nuova Casa” Bonaccorso comincia a guardare da una prospettiva ancora più interiore, un cambiare e cambiarsi, accogliendo i mutamenti della vita con l’amore per una creatività diventata più meditativa.

Publiée par Rosario Bonaccorso sur Mardi 14 mai 2019

« Indigo » par Jean-Marc Foltz et Stephan Oliva

« Indigo » par Jean-Marc Foltz et Stephan Oliva

Pour le vingtième anniversaire de leur duo, Jean-Marc Foltz et Stephan Oliva se retrouvent sur l’album « Indigo ». En douze pistes, clarinette et piano dressent un portrait musical ciselé de l’univers de Duke Ellington. Un jazz chambriste dont les tendres nuances trament une musique aux délicates couleurs. Un opus somptueux et poétique, comme un portrait sensible de Duke Ellington.

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Èlia Bastida meets Scott Hamilton & Joan Chamorro Trio

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Nouvelle voix du violon jazz, Èlia Bastida vient de sortir « Èlia Bastida meets Scott Hamilton & Joan Chamorro Trio », un nouvel album enregistré avec le saxophoniste Scott Hamilton et le trio de Joan Chamorro. Dialogues lyriques, arrangements splendides. Un opus sensible et inspiré où swing et musicalité flirtent avec élégance.

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« Tissé », le nouvel album de Marion Rampal

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Avec « Tissé », annoncé pour le 25 février 2022, la chanteuse et compositrice Marion Rampal propose un album qui rayonne d’une énergie sereine. Sa voix claire invite à la suivre dans un vagabondage intime où se croisent les multiples facettes de son inspiration. Elle invite Archie Shepp, Anne Pacéo et Piers Faccini à rejoindre son collectif de musiciens complices. Notes et mots vibrent en harmonie et tressent une rêverie sensible et poétique.

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Clin d’œil à Gaël Horellou & « Tous les Peuples »

Clin d’œil à Gaël Horellou & « Tous les Peuples »

Jazz & Maloya, deuxième volume

Deux ans après l’énergique album « Identité », le saxophoniste Gaël Horellou revient et fait de nouveau converser jazz et maloya dans un nouvel opus intitulé « Tous les peuples ». Les compositions unissent la puissance des voix et des percussions traditionnelles du maloya à un combo jazz aux sonorités éclatantes. La magie continue à opérer et la musique expressive ne manque pas de nuances !

couverture de l'album Tous les Peuples de Gael HorellouSur l’album « Tous les Peuples » (Breakz/Socadisc) à sortir le 07 juin 2019, le compositeur et saxophoniste Gaël Horellou continue à faire dialoguer avec réussite le maloya de l’océan Indien et un jazz vigoureux. La fusion opérée sur l’album « Identité », sorti en 2017 est de nouveau au centre du discours musical de l’alto qui retrouve sur ce nouvel opus la plupart de ses compagnons de l’album précédent auxquels se joignent quelques invités.

Après avoir mis en conversation Jazz et Maloya une première fois sur le superbe album « Identité », le leader revient avec « Tous les peuples », un deuxième volume qui explore plus avant le projet. Il partage la musique avec des musiciens réunionnais qu puisent dans leur patrimoine musical traditionnel pour formaliser le terrain de partage où se rencontrent le jazz et la musique créole réunionnaise.

L’équipe de l’album

©Alexis Horellou

Autour de lui, Gaël Horellou a réuni l’organiste Florent Gac, le guitariste réunionnais Nicolas Beaulieu ainsi qu’une rythmique de percussions traditionnelles réunie autour de Vincent Philéas avec Frédéric Ilata, Vincent Aly Béril et Émilie Maillot. Le tromboniste Teddy Doris et le saxophoniste ténor Maxence Emprin renforcent le groupe sur le titre qui donne son nom à l’album. Pascal Bret chante sur le titre Veli qu’il a par ailleurs composé.

« Tous les peuples » a été enregistré en avril 2018 à l’Espas Leconte de Lisle de Saint-Paul (Réunion) par Gilles Stym puis mixé et mastérisé par Dominique « Dume » Poutet. Réalisée par le dessinateur de BD Alexis Horellou, la pochette aux couleurs chaleureuses laisse percevoir avant même l’écoute de la galette combien l’album incite au mouvement et au partage.

Jazz et Maloya

Sans reprendre en détail la riche expérience musicale de Gaël Horellou consultable sur son site et déjà présentée sur la chronique de l’album « Identité », on ne résiste pas à évoquer la trajectoire qui l’a mené de 1994 avec le collectif MU à ses projets actuels en passant par les proximités musicales vécues auprès de Laurent de Wilde, Luigi Trussardi, NHX et bien d’autres jazzmen prestigieux.

En 2011, le saxophoniste altiste est tombé sous le charme de l’identité rythmique de la musique de l’océan indien.  Il a trouvé un lien entre le phrasé de ce rythme ternaire réunionnais et celui du jazz et a saisi la parenté qui existe entre les origines des deux musiques, cette Afrique qui a autant inspiré la musique créole de la Réunion et que le jazz.

« Tous les Peuples »

Sur l’album la puissance de la percussion et celle du chant se conjuguent avec l’orgue, le saxophone alto et la guitare; Il en découle un mélange inédit dont la richesse explose de mille éclats. Sur tous les titres, la rythmique sous-tend toujours le mouvement, qu’elle passe de la jubilation la plus effrénée à la plus tendre syncope.

Sur les huit titres de l’album auquel s’ajoutent deux des morceaux repris en format radio, quatre compositions sont à porter au crédit de Gaël Horellou. Deux morceaux sont co-composés par le leader et Nicolas Beaulieu alors que sur un autre titre le saxophoniste a mêlé son écriture à celle de Vincent Aly Béril.

Spirit of Africa (coécrit par le leader et Vincent Aly Béril) débute comme une prière mais très vite la rythmique convoque le maloya et fait danser les mesures. Les voix et l’orgue donnent une superbe dynamique à Jazz Kabaré co-composé par Gaëil Horellou et Nicolas Beaulieu.

Tous les Peuples ne se contente pas de donner son nom à l’album. Il électrise le tempo et l’atmosphère. En effet, irrésistiblement et sans délai les percussions s’expriment sur le riff que perpétuent énergiquement guitare et saxophones puis orgue. La guitare enflamme le morceau et pimente le climat jusqu’à le rendre incandescent alors que l’orgue reprend le riff. Les sonorités cuivrées du ténor de Maxence Emprin et du trombone de Tedy Doris se joignent à la fête. Durant plus de dix minutes, l’alto souffle sur les braises rougeoyantes de la musique que le combo tout entier alimente avec une vigueur peu banale. Les spirales musicales tournoient sans répit jusqu’au paroxysme, jusqu’à la transe.

Tizafer résonne comme un blues déchirant que la voix de l’alto entame, vite rejoint par les percussions et l’orgue. La prière s’élève portée par une rythmique délicate. Cabri Massalé introduit par l’orgue et les percussions enflamme de nouveau la musique. L’alto et la guitare ne sont pas en reste et les syncopes se succèdent alors que le saxophone déroule un long chorus aux accents déchirants précurseurs d’une Gigue Créole qui porte bien son nom. Le morceau engage en effet à une danse endiablée. L’orgue chante avec superbe puis cède la place à un splendide chorus de percussions et un alto frénétique qui mène le bal jusqu’au bout de la piste.

Composé et chanté par Pascal Bret, Veli débute comme une incantation qui se poursuit par le balancement irrésistible de la procession funèbre que tous les musiciens accompagnent.  Plus tard, le chant prière de l’alto ouvre Kraz Maloya. La voix d’Émilie Maillot le rejoint puis les percussions prennent le dessus et entraînent saxophone, guitare et orgue dans des échanges où le jazz fait entendre sa voix. Le morceau conçu par le leader et Vincent Philéas fait aussi la part belle aux percussions avant que les voix ne viennent les rejoindre.

De bout en bout, « Tous les Peuples » réussit le challenge de tresser une nouvelle langue musicale qui réunit jazz et maloya sans qu’aucune des deux musiques n’y perde son âme. Impossible de résister à ce cocktail qui fait alterner rythmiques effrénées, riffs exaltés avec mélodies et chorus nostalgiques ou déchirants. A savourer en attendant, qui sait, un troisième volet.

Après le concert du 10 juillet 2019 programmé au New Morning à Paris pour la sortie de l’album, Gaël Horellou et ses compagnons vont sillonner l’hexagone durant l’été. ICI pour en savoir plus sur les concerts et vivre live la musique de « Tous les Peuples ».

« Indigo » par Jean-Marc Foltz et Stephan Oliva

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Èlia Bastida meets Scott Hamilton & Joan Chamorro Trio

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« Tissé », le nouvel album de Marion Rampal

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Tropical Jazz Trio… du jazz caliente !

Tropical Jazz Trio… du jazz caliente !

Entre jazz, Afrique et Caraïbes

Le contrebassiste Patrice Caratini, le pianiste Alain Jean-Marie et le percussionniste Roger Raspail présentent « Tropical Jazz Trio », l’album dont le titre est aussi celui de leur groupe. Après quarante ans de compagnonnage musical sur les scènes jazz, les trois complices se sont décidés à entrer en studio. Il en résulte un jazz pulsatile et chaleureux qui regarde vers ses racines africaines, caribéennes et européennes aussi.

Entre leurs projets personnels qu’ils mènent chacun avec succès, Patrice Caratini, Alain Jean-Marie et Roger Raspail se sont régulièrement produits en trio sur les scènes de jazz. Il aura fallu qu’ils entrent en studio pour que le trio trouve nom et devienne le « Tropical Jazz Trio ». couverture de l'album Tropical Jazz TrioQuoi de plus logique ensuite à ce que l’album porte le nom du groupe, lequel nom définit d’ailleurs tout à fait bien la musique qu’il produit.

Pendant plus de quatre décennies, ces trois grands noms de la musique ont joué « pour le plaisir simple de la musique », « à la recherche des racines africaines les musiques » qu’ils aiment. La route du trio croise celle du jeune label Paradox créé par Julien Daïan et Yacine Bouzidi le 04 avril 2017 et dont le premier album produit a été celui de Benjamin Petit, « 5 degrés Sud ». Sur l’impulsion du label, le trio a enregistré son premier album, « Tropical Jazz Trio » (French Paradox/L(Autre Distribution) à sortir le 24 mai 2019.

« Tropical Jazz Trio », les musiciens

Patrice Caratini

Le contrebassiste et compositeur a certes quatre cordes à sa contrebasse mais de bien plus nombreuses encore à son arc de chef d’orchestre. En effet cette figure incontournable du jazz français dirige de nombreux projets parmi lesquels le Caratini Jazz Ensemble dont on a récemment pu apprécier l’album « Instants d’orchestre » (2017). Outre le Latinidad quintet où il développe une musique empreinte de latinité, Patrice Caratini se produit en trio ou en sextet dans des idiomes fort différents et n’hésite pas à côtoyer d’autres arts (cinéma, danse) et d’autres orchestres que les siens.

Son jeu solide ne s’embarrasse ni de semblants ni de fioriture, il n’en fait pas des tonnes mais ses interventions tombent toujours à pic. Sa sonorité toujours très juste possède une dimension tellurique qui n’exclut en aucune manière la musicalité, loin de là.

Alain Jean-Marie

Le pianiste guadeloupéen inscrit sa carrière dans la durée et a lui aussi diversifié les expériences. Avec ses « Biguines Reflections » il est à l’initiative d’un mouvement musical original qui rapproche biguine et jazz. Il affectionne aussi le solo (trois albums en solo à ce jour) mais se produit par ailleurs en trio ou quartet jazz avec Guillaume Naturel. Il est devenu un pilier des scènes jazz de Paris. Il enregistre aussi souvent avec d’autres musiciens guadeloupéens parmi lesquels entre autres, Mario Canonge et le percussionniste Roger Raspail.

Sa discrétion naturelle ne parvient pas à masquer son jeu subtil et rythmique. Soliste inspiré et raffiné il n’en est pas moins un solide rythmicien et avec lui, le swing trouve un sacré complice.

Roger Raspail

Né à Capesterre-Belle-Eau, le percussionniste guadeloupéen maîtrise à la perfection les sept rythmes du gwo ka mais cela ne lui suffit pas. Il explore aussi d’autres territoires musicaux et fait résonner ses tambours dans de nombreux idiomes, du jazz aux musiques des Caraïbes en passant par la morna capverdienne ou la rumba congolaise. Il joue depuis longtemps avec Patrice Caratini et Alain Jean-Marie mais a aussi croisé la route de Vincent Ségal, Anthony Joseph, Reda Samba, Cesaria Evora et Mal Waldron.

Sur les peaux, sa frappe alterne entre caresse et rythmes véhéments. Son jeu énergique et vituose est empreint de musicalité.

« Tropical Jazz Trio » : le répertoire

Avec un répertoire de quatorze titres l’album fait alterner des reprises et des compositions originales des trois membres du trio.

Les compositions du trio

Morena’s Rêverie composée par le pianiste ouvre l’album avec une mélodie dont le motif répétitif génère une douce méditation.

On continue ensuite sur un tempo médium de rumba avec Marcelina et ses superbes harmonies. Après cette danse élégante, advient Tropical Mood, une deuxième composition du contrebassiste. Sur un motif de blues modal, la trame mélodique jouée sur un tempo latin-jazz laisse place au swing du piano tout en retenue puis au solo de la contrebasse à la sonorité tellurique et au superbe chorus de percussions.

Après avoir écouté la composition d’Alain Jean-Marie, Latin Alley jouée sur un délicat tempo de biguine, on a du soleil plein les yeux et l’on se laisse transporter au Brésil sur Sambacara écrite par Patrice Caratini dont la contrebasse chante et rayonne sur cette samba ensoleillée. Mais pas question de farnienter trop longtemps. En effet, Pytang Pytang Bang, la composition de Roger Raspail et Franck Curier, développe une mélopée aux accents africains dont les les rythmes percussifs inspirent un enivrant solo au pianiste.

Les reprises

Standards de Jazz

Le trio revisite quelques standards de jazz parmi lesquels la superbe composition de Duke Ellington, African Power dont il donne une interprétation radieuse à laquelle la contrebasse apporte une profondeur évocatrice.

Horace Silver se taille quant à lui la part belle avec deux reprises remarquables. Le trio se réapproprie Señor Blues sous un angle funky que la rythmique teinte d’une originale latinité. C’est ensuite sur un tempo funky aux accents capverdiens que le trio interprète The Cape Verdean Blues. Allégresse et frénésie habitent le chorus de piano. On se prend à bouger sans même y penser.

Entre ces deux morceaux, le piano illumine Meu canario vizinho azul, la composition du brésilien Toninho Horta. Alain Jean-Marie est soutenu par la contrebasse caressante et les percussions délicates qui esquissent un léger rythme de mambo. Le trio ne fait pas l’impasse sur l’illustre Manteca, de Dizzy Gillespie, que le trio reprend dans le pur esprit du jazz afrocubain de 1947. Le jeu du percussionniste n’est pas sans rappeler celui de Chano Pozo.

Chansons et cinéma

Le trio régénère la mélodie de Limelight, composé par Charlie Chaplin en 1952 et l’habille d’une version d’une lumineuse fraîcheur. Couleur Café, la chanson de Gainsbourg, sert de tremplin aux trois musiciens qui mettent à profit cet interlude pour improviser librement dans un registre plutôt bluesy et tendre. L’album se termine avec une version du Temps des Cerises qu’irradie un souffle de vie chargé d’espoir et de joie.

Patrice Caratini, Alain Jean-Marie et Roger Raspail proposent une conversation musicale chaleureuse et rythmique. Un jazz métissé doucement épicé qui croise rythmes latins, afro-cubains et caribéens sans oublier de courtiser la mélodie. Entre standards et compositions originales, « Tropical Jazz Trio » incite à la joie et à la sérénité. Un cocktail à déguster sans modération et à partager généreusement !

Pour savourer « Tropical Jazz Trio » live, deux RV se profilent. Le 02 juillet 2019 à 21h à Paris au Sunside et le 03 octobre 2019 à Paris au Bal Blomet (dans le cadre des Jeudis Jazz magazine).

« Indigo » par Jean-Marc Foltz et Stephan Oliva

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Èlia Bastida meets Scott Hamilton & Joan Chamorro Trio

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« Tissé », le nouvel album de Marion Rampal

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Or Bareket présente « 33 », son deuxième album

Or Bareket présente « 33 », son deuxième album

Entre énergie et méditation

A l’occasion de ses 33 ans, le contrebassiste Or Bareket livre son deuxième album intitulé « 33 ». Le répertoire restitue sa perception d’éléments de vie observés et vécus. Entre énergiques mouvements et profondes méditations, Or Bareket propose une musique à la fois énergique et élégante.

Après un premier album « ob1 » sorti en 2017, le contrebassiste Or Bareket revient avec son deuxième opus, « 33 » (Enja Yellow Bird/L’Autre Distribution) à sortir le 24 mai 2019. Il retrouve le fidèle guitariste Shachar Elnatan déjà présent sur « ob1 » le premier disque du leader. Il est rejoint par le batteur Daniel Dor et le pianiste Nitai Hershkovits qui a coproduit l’album « 33 » avec le leader.

Deux invités participent aussi à ce disque, la chanteuse chilienne Camila Meza et Eden Bareket, frère de leader et saxophoniste baryton.

Or Bareket

Né à Jérusalem et élevé entre Buenos-Aires et Tel-Aviv, Or Bareket est actuellement l’un des bassistes les plus demandés et les plus polyvalents de la scène jazz de New York, ville qu’il a rejointe en 2010.

A 16 ans son père lui a offert « Jaco Pastorius », le premier album du légendaire bassiste Jaco Pastorius qui ouvre avec Donna Lee où Jaco joue ce fameux thème avec Don Allias aux percussions. L’écoute de cet album, a orienté la vie du jeune Or Bareket qui a décidé de devenir bassiste.

Or Bareket a grandi entre plusieurs cultures et a ultérieurement développé une esthétique musicale cohérente et très personnelle. Il a puisé dans son héritage diversifié, dans le folklore de ses ancêtres (Tanger, Bagdad, Buenos-Aires et Europe de l’est), son étude approfondie du jazz et de la musique classique. Il s’est aussi nourri de l’influence de ses mentors, de ses pairs et des collaborateurs rencontrés au fil des ans.

Gagnant du 1er prix de la compétition de jazz de la Société internationale des Bassistes en 2011, Or Bareket poursuit une carrière où il a l’occasion de jouer, enregistrer et tourner avec un large éventail d’artistes partout dans le monde. Parmi ses nombreuses collaborations notables on peut citer entre autres musiciens, Ari Hoenig, Jean-Michel Pilc, Aaron Goldberg, Sam Yahel, Don Friedman, Eliot Zigmund, Billy Hart et Victor Lewis, Jacques Schwartz-Bart, Chris Potter, Yotam Silberstein, Eli Degibri, Gilad Hekselman et Leon Parker. En France on a pu l’écouter aux côtés de ce dernier et du pianiste Fred Nardin avec lequel il a enregistré ‘Opening » ‘2017) et « Look Ahead » (2019).

Or Bareket a appréhendé différents systèmes de pensée et en toute conscience de son passé, a construit et projeté sa musique comme une extension de son histoire familiale dont il s’est nourri.

L’album « 33 »

« Cet album est une méditation sur les cycles de vie, les transformations, la mort et (re) naissance d’idées, des relations et des gens… Ces mélodies et les rythmes sont nés comme des chants, comme des médicaments, une boussole, un point d’ancrage à une époque de changements radicaux dans ma vie : débuts et fins, douleur et extase, communion et isolement, aventure et mal du pays. » Or Bareket

Aujourd’hui enrichi de nombreuses rencontres musicales et après le décès de son père, Or Bareket signe un deuxième album sensible et fluide.

Le répertoire de dix titres réunit six compositions originales du leader, le classique argentin Zamba de Argamonte, Carmo Caprice du compositeur et joueur de bandolim Hamilton de Holanda et deux co-compositions que le contrebassiste signe avec le pianiste Nitai Hershkovits qu’il connait depuis 15 ans, bien avant de faire de la musique avec lui à Tel Aviv.

Au fil des plages musicales

couverture de l'album 33 du contrebassiste Or BareketDeux titres développent une dimension rythmique peu commune. Still Searching qui ouvre l’album avec une introduction grondante (contrebasse - batterie), une mélodie aux accents orientaux, une guitare radieuse et un piano enthousiaste. Reginia où la contrebasse au son de gembre dessine un motif africain sur une métrique en 9/4 qui évoque celle des gnaouas avant que les solistes n’improvisent sur un thème dont la structure d’accord reprend celle d’Airegin de Sonny Rollins. Les échanges torrides laissent pantois.

Deux ballades cultivent un climat éthéré. Le nostalgique W Shubert & Troy où claviers et guitare céleste tressent un climat paradisiaque évocateur des ambiances chères à Pat Metheny. Feb.1st convie à un voyage méditatif sur les accords stratosphériques du synthé Optigan et la sonorité cristalline de la guitare.

Deux duos se distinguent par leur climat intime et délicat. La sonorité profonde de la contrebasse soutient la voix fragile et tendre de Camila Meza sur Zamba de Argamonte. En grande complicité, les deux frères échangent sur Yarkan. Le saxophone baryton de Eden Bareket se fait lyrique sur une ligne de basse étoffée et attentive.

Les deux thèmes co-écrits par le contrebassiste et le pianiste mettent en évidence la grande connivence qui règne dans le groupe. « 33 » permet de saisir la maîtrise instrumentale de tous les solistes et l’entente fusionnelle du groupe. Sur un tempo proche d’un tango-bolero, le son du synthé Optigan démultiplie l’intensité de la lamentation de la guitare. Le tempo ternaire de Vienna donne le tournis et laisse une fois encore percevoir la grande osmose qui unit l’énergique quartet.

Carmo Caprice suspend le temps et inspire allégresse et joie spirituelle. La mélodie de la composition de Hamilton de Holanda résonne très bien sur les cordes de la contrebasse alors que piano et guitare jouent en fugue comme dans une suite de Bach. Un délice musical à écouter en boucle.

Tzafonah termine l’album avec une touche d’espérance soulignée par la voix de la chanteuse qui fait bon ménage avec guitare et synthé.

« 33 », le deuxième album du contrebassiste Or Bareket donne à entendre une musique où alternent des plages colorées et énergiques et d’autres plus introspectives chargées d’une lumineuse spiritualité. Un album réussi qui témoigne d’une maturité musicale peu commune.

« Indigo » par Jean-Marc Foltz et Stephan Oliva

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Èlia Bastida meets Scott Hamilton & Joan Chamorro Trio

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« Tissé », le nouvel album de Marion Rampal

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Avec « Tissé », annoncé pour le 25 février 2022, la chanteuse et compositrice Marion Rampal propose un album qui rayonne d’une énergie sereine. Sa voix claire invite à la suivre dans un vagabondage intime où se croisent les multiples facettes de son inspiration. Elle invite Archie Shepp, Anne Pacéo et Piers Faccini à rejoindre son collectif de musiciens complices. Notes et mots vibrent en harmonie et tressent une rêverie sensible et poétique.

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Coup de cœur… pour Magic Malik & Jazz Association

Coup de cœur… pour Magic Malik & Jazz Association

Retour aux sources en libr’impro

A la tête d’un quintet virtuose, le flûtiste Malik Mezzadri enregistre pour la première fois un répertoire de grands standards de jazz. Avec humour et panache, Magic Malik & Jazz Association reviennent aux sources avec une grande liberté et rendent hommage à de grandes figures du jazz, toutes époques confondues. Fantaisie et rigueur font bon ménage avec l’improvisation, valeur fondamentale du jazz.

Avec Jazz Association, Magic Malik propose des reprises de standards sur un album dont la sortie est annoncée en CD, Digital et Vinyle le 24 mai 2019 sous le label jazz&people. Le quintet aligne aux côtés du flutiste, le trompettiste Olivier Laisney, le pianiste Maxime Sanchez, le contrebassiste Damien Varaillon et le batteur Stefano Luccini.

Malik Mezzadri rend ainsi hommage pour la première fois à quelques standards du jazz sur lesquels il pose sa syntaxe si personnelle. Sans redite, il revitalise ces magnifiques morceaux.

Certes l’identité originelle des titres demeure mais la libr’improvisation de Magic Malik et de ses compagnons habillent ces morceaux d’une nouvelle énergie. Les standards deviennent un espace de jeu où les musiciens de Jazz Association s’amusent comme des fous, mais n’est pas cela « jouer jazz » ? On en ressort les oreilles ragaillardies, le visage illuminé et la joie dans l’âme.

Jazz et standards

En leur temps, les auteurs des compositions de jazz que Magic Malik a choisi d’interpréter ont dû lutter dans un monde adverse pour exister, jouer, créer, souvent à contre-courant de la culture dominante, comme ce fut le cas pour Monk, Coltrane, Wayne Shorter et Clifford Brown.

Plusieurs années après, ces compositeurs sont considérés comme des héros, des créateurs sans qui le jazz actuel ne serait pas ce qu’il est devenu. L’étude de leurs œuvres est devenue incontournable dans les lieux d’enseignement officiel.

Objets d’étude, les standards courent le risque de devenir des totems sacralisés, des références quasi intouchables. Cela serait contraire avec le jazz qui, par essence, a pour objet de remettre l’existant sur le métier pour le transformer, le renouveler, le revivifier voire le recréer et donc, pas question pour Magic Malik et ses compagnons de Jazz Association de rejouer les standards en l’état sans n’y rien changer.

Malik Mezzadri aka Magic Malik

Depuis ses débuts, le fltiste Magic Malik, a mené une carrière d’explorateur « nomade dans l’âme », jamais tenté de se sédentariser dans un idiome ou un autre, toujours intéressé par les rencontres souvent porteuses de métissage. Après le groupe « Human Spirit », il a joué aux côtés de Julien Loureau dans le « Groove Gang » puis avec les différentes formules du Magic Malik Orchestra (créé pour la première fois en 1992), ses XP, il  a élaboré son propre langage sous-tendu par une approche personnelle de l’improvisation et du langage harmonique, mélodique et rythmique. Dans ce cadre, il a invité Steve Coleman sur un de ses albums et a ensuite rejoint le saxophoniste sur un titre de son album « Five Elements » (Blue Note).

Plus récemment il a mis ses talents d’instrumentiste virtuose formé au classique au service d’une écriture inventive développée au sein de son projet Magic Malik Fanfare XP, une formation créée après avoir rencontré avec Pascal Mabit et Olivier Laisney. Ainsi, avec une quinzaine de musiciens, il élabore une charte de composition musicale permettant d’explorer la composition et l’improvisation.

Par ailleurs le flutiste a aussi fait des escapades hors des frontières du jazz, a collaboré avec M, Camille, Laurent Garnier, Hocus Pocus, Air, a bénéficié d’une résidence d’un an à la Villa Médicis de Rome, a travaillé pour le théâtre, le cinéma et a même composé en 2011 pour le Festival d’art lyrique d’Aix- en-Provence.

Aujourd’hui, Magic Malik regarde dans le rétro en direction de ces standards du jazz dont il s’est nourri à ses débuts. Avec Jazz Association, il opère un retour aux sources, mais il s’agit d’un retour distancié.

Au fil des onze plages

C’est avec humour et vigueur que Jazz Association revitalise Daahoud, la composition de Clifford Brown. Dans un climat teinté d’une esthétique West Coast, la trompette prend un chorus impétueux. Sur un tempo de hard bop, le groupe célèbre ensuite Strode Rode, le fameux thème que Sonny Rollins a gravé en 1956 sur « Saxophone Colossus » en hommage au trompettiste Freddie Webster mort à l’hôtel Strode de Chicago. Le piano nerveux redouble de virtuosité alors que flûte et trompette ponctuent le solo de riffs très brefs. Ça swingue à la folie et le chorus de batterie fait un clin d’œil à Max Roach.

Après une intro magistrale de la contrebasse, c’est le chant jubilatoire et extravagant de Magic Malik qui expose le thème de Fee-Fi-Fo-Fum composé et joué par Wayne Shorter sur l’album « Speak No Evil » de 1967. Le piano enchaine avec un chorus brillantissime qui s’inscrit dans la grande tradition du jazz. Cinq sublimes minutes de musique.

C’est ensuite sur un tempo sautillant et nonchalant, moins rapide que celui de l’original, que Magic Malik et ses compères interprètent Straight Street de John Coltrane. La trompette flirte avec la dissonance, peut-être inspirée en cela par Woody Shaw, alors que la flûte flexible et virtuose inscrit son chorus dans les pas de Dolphy. Le morceau se termine par trente secondes de libr’expression improvisée qui réunit tous les intervenants.

Magic Malik entonne My Ship simplement accompagné par le jeu ciselé du piano, il poursuit la ballade à la flûte rejoint par la batterie et la contrebasse puis termine dans un registre vocal plus grave Un absolu enchantement que le compositeur Kurt Weil aurait sans doute apprécié. Sur la plage suivante, flûte et trompette s’allient à merveille pour exposer Joy Spring, le thème de Clifford Brown enregistré sur « Clifford Brown and Max Roach » (1954) ainsi d’ailleurs que Daahoud. Très libres et inspirés, les soli de flûte et de trompette opèrent une rupture d’esthétique tonique qui stimule le propos de ce standard tant de fois repris.

couverture de l'album Magic Malik & Jazz AssociationDeux minutes et trois secondes suffisent ensuite à Magic Malik et Damien Varaillon pour transformer In walked Bud de Thelonious Monk, en un moment dont la magie réside dans l’originalité de l’expression. Juste avec la sonorité tellurique de la contrebasse, les chantonnements, growls et gémissements de la voix et de la flûte captent l’attention. Sur Lost de Wayne Shorter, on retrouve d’abord le climat du thème enregistré en 1965 par son compositeur sur l’album « The Soothsayer » puis trompette, piano et flûte génèrent une atmosphère évanescente propice à libérer leurs improvisations. Un moment savoureux et créatif.

Après un dialogue ubuesque entre trompette et flûte stimulées par la batterie et les interrogations itératives du piano, il faut attendre les dernières mesures du morceau pour reconnaître le thème Yes or No de Wayne Shorter. Un suspens musical amusant et étonnant.

On se laisse ensuite emporter dans l’univers de Lelola, la seule composition de Magic Malik figurant sur l’album. Après le chant envoutant d’un début étiré, le thème s’envole sur les ailes de la flûte hypnotisante et sur le rythme funambule qu’impulsent contrebasse et batterie. Le piano libère des envolées indisciplinées que la flûte survole avec aplomb et virtuosité avant de retrouver la trompette éloquente qui se confronte à la voix. Un grand moment de libr’impo !

L’album se termine avec You are too Beautiful, la splendide ballade de Rodgers and Hart qui sert d’écrin à la trompette au phrasé audacieux. Après un chorus lumineux du piano, le chant subtil de la flute virevolte avec légèreté.

Avec ses propres codes, Magic Malik apporte un regard très personnel sur quelques standards dont il respecte l’essence traditionnelle mais auxquels des improvisations audacieuses et très libres apportent une fraîcheur revigorante. Point d’académisme chez les musiciens du quintet Jazz Association. A sa manière, Magic Malik croise les fils du passé avec ceux du présent et tisse un jazz porteur de renouvellement. Un opus qui revisite un répertoire issu du Real Book avec maîtrise et liberté, un groove d’enfer et une originalité loin de tout clonage. A écouter sans modération !

Pour retrouver Magic Malik & Jazz Association en concert, plusieurs RV se profilent. Le 31 mai 2019 à 23h et 0h30 dans les Caves des Unelles au festival « Jazz sous les pommiers » à Coutances puis le 17 juillet 2019 au Festival Radio France à Montpellier. Sans oublier le 11 juin 2019 à partir de 20h30 au Studio de l’Ermitage à Paris. A l’occasion de la troisième édition de la soirée MoneyJungle de jazz&people, le label de jazz participatif français propose un double plateau avec le flûtiste Magic Malik & Jazz Association précédés en première partie par le groupe Awake qui présente la musique de son album « Aubes et Crépuscules » sorti en février 2019.

« Indigo » par Jean-Marc Foltz et Stephan Oliva

« Indigo » par Jean-Marc Foltz et Stephan Oliva

Pour le vingtième anniversaire de leur duo, Jean-Marc Foltz et Stephan Oliva se retrouvent sur l’album « Indigo ». En douze pistes, clarinette et piano dressent un portrait musical ciselé de l’univers de Duke Ellington. Un jazz chambriste dont les tendres nuances trament une musique aux délicates couleurs. Un opus somptueux et poétique, comme un portrait sensible de Duke Ellington.

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Èlia Bastida meets Scott Hamilton & Joan Chamorro Trio

Èlia Bastida meets Scott Hamilton & Joan Chamorro Trio

Nouvelle voix du violon jazz, Èlia Bastida vient de sortir « Èlia Bastida meets Scott Hamilton & Joan Chamorro Trio », un nouvel album enregistré avec le saxophoniste Scott Hamilton et le trio de Joan Chamorro. Dialogues lyriques, arrangements splendides. Un opus sensible et inspiré où swing et musicalité flirtent avec élégance.

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« Tissé », le nouvel album de Marion Rampal

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Avec « Tissé », annoncé pour le 25 février 2022, la chanteuse et compositrice Marion Rampal propose un album qui rayonne d’une énergie sereine. Sa voix claire invite à la suivre dans un vagabondage intime où se croisent les multiples facettes de son inspiration. Elle invite Archie Shepp, Anne Pacéo et Piers Faccini à rejoindre son collectif de musiciens complices. Notes et mots vibrent en harmonie et tressent une rêverie sensible et poétique.

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Clin d’œil à Tristan Mélia & « No Problem »

Clin d’œil à Tristan Mélia & « No Problem »

Un jazz qui coule de source

Annoncé pour le 03 mai 2019, l’album « No problem » du pianiste Tristan Mélia porte un titre qui lui sied tout à fait. Sa musique s’écoule avec fluidité et enthousiasme. Le jeune musicien inscrit son propos dans la tradition du jazz… et ça coule de source !

Sur « No Problem » (Jazz Family/Socadisc) le jeune pianiste Tristant Mélia réunit à ses côtés l’émérite contrebassiste Thomas Bramerie et le batteur Cédric Beck. En huit compositions originales et quatre reprises, le trio de Tristan Mélia propose un album accompli.

Tristan Mélia ne se contente pas de jouer du piano et de composer. Avec pudeur et simplicité, il se livre et dévoile sa perception du jazz sur les trois pages du livret où il présente lui-même son album et ceux avec qui il l’a réalisé (musiciens et ingénieur du son). Cette démarche d’écriture peu courante révèle sans doute une profonde fibre artistique et un fort engagement. Pour lui…

« … le jazz est une famille… » : à l’écoute du disque, les propos musicaux restituent de vraies relations d’échange et de réciprocité entre le pianiste et ses compagnons avec lesquels il entretient des relations complices. Par ailleurs, quoi de plus logique que son premier album soit réalisé sous le label Jazz Family !couverture de l'album No Problem de Tristan Mélia

« … le jazz est un langage… » :  là encore Tristan Mélia fait plus qu’en posséder les codes. Il les maitrise avec brio, qu’il s’agisse de blues, de ballade, de valse ou de swing.

« … le jazz est un jeu… » : cela aussi transpire à travers les douze plages de l’album. En effet, l’opus laisse percevoir l’ambiance symbiotique du trio qui devise, s’amuse, joue et improvise avec aisance au-dessus des portées et au cœur des harmonies. On capte le plaisir ludique que prend le pianiste à enregistrer cette musique de jazz constitutive de son identité musicale.

Tristan Mélia

Né de parents mélomanes, Tristan Mélia fait partie de ces musiciens investis très tôt dans la musique. Après avoir écouté Barney Wilen et Claude Nougaro au berceau, il manifeste dès 9 ans un talent et une envie débordante pour l’improvisation et la mélodie. Soutenu dans sa démarche par ses parents, il s’engage dès l’âge de 12 ans dans un travail intensif qui passe par l’écoute de Michel Petrucciani, Keith Jarrett, Barney Wilen et des cours particuliers avec Laurent Hernandez sur Nîmes.

À 13 ans le jeune pianiste intègre l’I.M.F.P. de Salon-de-Provence où il développe son jeu et sa technique auprès de Mario Stantchev, Philippe Petrucciani, Francesco Castellani, Benoit Paillard, Michel Zenino. Durant cette période, il se produit en solo, en trio et affine son jeu en écoutant Bill Evans. Après un rapide passage au Conservatoire de Lyon où il rencontre Franck Avitabile, il intègre le conservatoire de Digne - Manosque dans la classe de Christophe Leloil et Benoit Paillard.

Pianiste professionnel à 18 ans, il enregistre un EP, « Un Moment Loin de Toi ». Soucieux de progresser et d’améliorer encore sa pratique il fait une rencontre déterminante, celle du pianiste Giovanni Mirabassi qui lui prodigue cours et conseils. A 20 ans, il décroche son DEM et continue à perfectionner son jeu au fil des rencontres musicales. Il développe aussi un grand intérêt pour la composition.

En septembre 2018, avec Thomas Bramerie (contrebasse) et Cédrick Bec (batterie) il entre au Studio Recall où Phillipe Gaillot enregistre les douze pistes de l’album « No Problem ».

Au fil des titres

Jamais ostentatoire, le pianiste développe un jeu virtuose à la fois dense et léger. Avec élégance, il transforme les notes en émotions palpables qui évoluent tout au long des douze titres de l’album.

L’album ouvre avec une reprise inspirée de No problem, la composition de Duke Jordan. On se souvient de la superbe version que Barney Wilen donnait de No Problem dans l’album « La Note Bleue » sorti en 1987 et que le pianiste encore nourrisson a peut-être écouté. Le trio revisite le thème avec une énergie ludique. Le piano regorge de fougue, la contrebasse s’amuse sur les 4/4 avec la batterie au jeu fluide et souple.  Le climat évolue et le piano se fait tendre puis exalté sur Too Young To Go Steady de McHugh.

Le trio interprète ensuite cinq compositions du pianiste. Le style funky de Just A Memory permet d’apprécier un chorus inventif du piano suivi d’un enthousiasmant solo de batterie. Le trio joue ensuite le nostalgique P.P.P. réchauffé par le son boisé de la contrebasse. Sur un tempo ternaire, Dernier Espoir tourbillonne avec souplesse et engage le trio dans une ivresse collective enivrante qui laisse place ensuite au groove bluesy de Why Not Blues, conçu par Tristan Mélia le matin même de l’enregistrement. Après le début nuancé de C Minor, on saisit la force expressive du piano virtuose.

Sur May Be September de Percy Faith, le jeu romantique du piano inspire ensuite une tendre mélancolie. Advient alors La valse Du Clown, une composition écrite par le pianiste à l’âge de 15 ans. D’abord délicate, la valse prend de l’épaisseur mais sans plus attendre le piano enchaine et invite le swing dans Le Bois de Pont-Aven. Sur That’s What Friends Are For, vient le temps de savourer le jeu lumineux du piano qui apporte un supplément d’âme à la tendre romance de Burt Bacharah.

L’album se termine avec Rêve en Sol Mineur gorgé d’un swing maîtrisé. Cette dernière pièce du pianiste est pour le trio l’occasion d’aborder le registre de l’euphorie et de la joie partagées. On y perçoit même de délicates incursions latines.

Malgré sa jeunesse, Tristan Mélia fait preuve d’une maturité peu commune. Tout au long du répertoire de « No Problem », le pianiste allie énergie et sensibilité sans jamais tomber dans le piège tentant de la démonstration. En effet, son jeu sans esbroufe développe les nuances qui lui permettent de s’exprimer avec autant de réussite sur les tempi rapides que sur les ballades.

« Indigo » par Jean-Marc Foltz et Stephan Oliva

« Indigo » par Jean-Marc Foltz et Stephan Oliva

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Èlia Bastida meets Scott Hamilton & Joan Chamorro Trio

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