Clin d’œil à Goran Bregovic & Three Letters from Sarajevo

Clin d’œil à Goran Bregovic & Three Letters from Sarajevo

La musique médiatrice de paix

Goran Bregovic est de retour avec Three Letters from Sarajavo. Trois pièces instrumentales avec violon et orchestre mais aussi des titres chantés par des artistes aux origines multiculturelles avec l’Orchestre des Mariages et des Enterrements.

L’album Three Letters from Sarajavo (Mercury/Universal), déjà annoncé comme Une Ode à la « Jérusalem des Balkans » dans une précédente chronique, rend hommage à la ville natale de Goran Bregovic. Le répertoire fait alterner la diversité des expressions du compositeur.

Cet album est pour Goran Bregovic l’occasion de célébrer la ville de Sarajavo où se sont succédé les occupants et où pendant longtemps, chrétiens orthodoxes, catholiques, juifs séfarades et musulmans ont coexisté dans la paix avant de se déchirer.

Sans aucun doute c’est la paix que Goran Bregovic appelle de ses vœux. En effet, l’album mêle différentes identités, croyances, langues et expressions musicales.

Des violonistes originaires des Balkans, du Maghreb et d’Israël incarnent les traditions chrétienne, musulmane et juive. Un  orchestre symphonique accompagne le chant du violon sur chacune des Trois Lettres de Sarajevo, la Lettre chrétienne, la Lettre musulmane et la Lettre juive.

Accompagnés par les musiciens de l’Orchestre des Mariages et des Enterrements des chanteurs de différentes nationalités interprètent des titres de Goran Bregovic. Ainsi, les voix de Bebe, Riff Cohen, Rachid Taha, Asaf Avidan, Sifet et Mehmed s’expriment dans des langues aussi diverses que l’arabe, le serbo-croate, l’espagnol, l’hébreu et l’anglais… et comme par magie, la musique du compositeur gomme les différences qui se fondent dans l’identité bregovicienne.

Les Trois Lettres de Sarajevo, pièces instrumentales avec violon et orchestre alternent avec des titres chantés où des chanteurs qui s’expriment dans des langues différentes aux côté de l’Orchestre des Mariages et des Enterrements. Même si l’on aurait souhaité que ces pièces instrumentales soient plus longuement développées, les onze titres constituent un ensemble cohérent.

En effet du premier au dernier titre de l’album, tous les morceaux portent l’empreinte si aisément reconnaissable du musicien/compositeur serbo-croate.

Sur « Three Letters from Sarajavo », Goran Bregovic se joue des différences. La musique de l’album esquisse le profil d’un idéal pacifié. Le compositeur repousse les frontières des possibles jusqu’à faire coexister en musique les différentes croyances et populations pourtant souvent irréconciliables hors des scènes et des studios. Goran Bregovic projette la musique comme possible médiatrice de paix.

Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

Omer Klein Trio présente « Radio Mediteran », une création inspirée par les cultures des peuples de la Méditerranée. Une alliance musicale réussie entre tradition et modernité du jazz. Cet hommage met l’accent sur les points communs qu’ont toutes les musiques méditerranéennes. Comme un symbole audacieux des ententes possibles, dans les arts … et pourquoi pas au-delà ?

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Yotam Silberstein signe « Future Memories »

Yotam Silberstein signe « Future Memories »

L’album « Future Memories » reflète l’identité musicale du guitariste Yotam Silberstein. Fondé sur le jazz, son style restitue aussi son affinité pour les musiques du continent sud-américain. La présence de John Patitucci à ses côtés témoigne de l’intérêt que ce grand bassiste manifeste à ce projet. Un jazz sensible et ouvert sur le monde, prélude de souvenirs à venir…

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Opera Underground – Les RV de mars 2019

Opera Underground – Les RV de mars 2019

Tout juste avant l’arrivée du printemps les RV de mars 2019 de l’Opera Underground proposent des univers dépaysants. Entre orient et occident, la pop psyché électrique de Derya Yildirim et Grup Simsek. Des effluves musicaux réunionnais avec le maloya du collectif lyonnais Ti’kaniki. Les RV de mars 2019 à l’Opera Underground Incitent à la danse !

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Le Duo Intermezzo présente « Invitación »

Le Duo Intermezzo présente « Invitación »

Escapade latine délicieuse

Le Duo Intermezzo présente « Invitación », son nouveau projet discographique. L’album invite à une échappée musicale au cœur de la culture de l’Amérique latine. Irradiée de lumière la musique honore autant la mélodie que le rythme. Un voyage teinté de douces émotions.

Le Duo Intermezzo rassemble Sébastien Authemayou  au bandonéon et Marielle Gars au piano. En 2016, le duo fêtait ses dix ans et l’on évoquait alors le travail de ces deux artistes animés du même souffle de créativité et de liberté.

Après « Balada para un loco - Hommage à Astor Piazzola » et « Bach & Piazzola - Tête-à-tête », deux enregistrements récompensés « Choix de France Musique », le Duo Intermezzo revient avec l’album « Invitación » (Klarthe Records/Pias/Harmonia Mundi) dont la sortie est annoncée pour le 06 octobre 2017. Cet opus propose un voyage musical en Amérique latine via 15 pièces musicales.

Sur ce troisième album le Duo Intermezzo développe cette fois son répertoire au-delà de l’Argentine et explore d’autres musiques de l’Amérique du Sud. Leur regard musical se déplace à travers quatre pays de l’Amérique latine, le Brésil, Cuba, le Mexique et aussi l’Argentine. Leur inspiration et leurs instruments rendent hommage à dix auteurs.

Cette fois encore, la complémentarité de Sébastien Authemayou et Marielle Gars profite à la musique. Remarquables virtuoses et fins techniciens sur leur instrument respectif, les deux artistes offrent sur l’album une interprétation qui privilégie la sobriété. Cela sert leur propos et met en valeur la dimension mélodique des musiques à laquelle le public est sensible. Bien sûr cela n’oblitère en rien l’aspect harmonique et rythmique qui sont les fondements de ces musiques et auxquels les arrangements accordent la primauté.

                Duo Intermezzo                 Photo Jean-Baptiste-Millot

Tous les compositeurs vers lesquels le Duo Intermezzo a porté son attention se sont nourris de la musique folklorique de leur pays d’origine à laquelle ils ont ensuite donné un tour plus savant, plus sophistiqué, plus complexe en apportant des variations esthétiques. C’est grâce à leur profonde connaissance de la musique que Sébastien Authemayou et Marielle Gars ont pu élaborer leur ambitieux projet discographique. Après avoir déterminé le choix des musiques, Sébastien Authemayou a travaillé pendant plus d’un an pour arranger le programme de l’album et élaborer avec Marielle Gars la teneur globale de l’album « Invitación ». Il en résulte une musique très personnelle où l’improvisation trouve place.

« Invitación », un écho musical contrasté d’une Amérique latine empreinte de chaleur et de mélancolie. La lenteur de certaines pièces engage à une rêverie nostalgique et méditative. D’autres thèmes rayonnent du soleil latin et incitent à une danse presque lascive. La sérénité imprègne toutes les plages de cet album lumineux.

Du côté du Brésil le duo rend hommage à quatre compositeurs Cesar Mariano, Antonio Carlos Jobim, Hermeto Pascoal et Heitor Villa-Lobos. On a vibré à l’écoute de Cristal dont le Duo Intermezzo donne une version tonique au découpage rythmique très proche de la version originelle de Cesar Camargo Mariano (1943), ce grand compositeur, arrangeur brésilien On cherché le balançao de la bossa nova lors de leur interprétation du thème Insensatez composé par Antonio Carlos Jobim (1927-1994) mais on très vite perçu leur choix d’inscrire cette version dans sa filiation originelle. En effet Jobim avait été largement inspiré par le quatrième prélude de Chopin dont le Duo Intermezzo restitue tout à fait l’esprit.

       Duo Intermezzo              Photo J-B Millot

Bebê restitue les couleurs et le sens de la fête qui caractérise la musique du grand Hermeto Pascoal (1936). Le duo y apporte d’ailleurs de nouvelles nuances tout en délicatesse. Le compositeur Heitor Villa-Lobos (1887-1959) est une véritable icône au Brésil où la musique classique ne représente pourtant qu’une infime niche. Le Duo Intermezzo habite avec un grand bonheur la Bachiana N°5 où ils trouvent des familiarités avec l’œuvre de Bach qui leur est très chère. Bandonéon et piano proposent ainsi un hommage tendre et fidèle à l’esprit de Villa-Lobos.

A Cuba, le piano et l’accordéon visitent les univers d’Ignacio Cervantes (1847-1905) et Ernesto Lecuona (1895-1963). Les versions des deux Danzas Cubanas d’Ignacio Cervantes, Invitación et La Encantadora sont très proches de l’esthétique originelle de ces musiques nées de la Contradanza. Joli clin à Cuba, cette île où la danse est reine.

Au cours de leur crochet du côté du Mexique, les deux musiciens portent leur attention vers la musique vers Manuel Ponce (1882-1948). La habanera A pesar de Todo a été écrite par Manuel Maria Ponce en hommage au sculpteur Mexicain Contreras qui fut privé de son bras droit. Le Duo Intermezzo livre une interprétation empreinte de tristesse.

De retour en Argentine, le Duo Intermezzo regarde du côté de trois compositeurs, Osvaldo Tarantino (1927-1991), Saül Cosentino (1935) sans omettre Astor Piazzolla auquel le duo est très attaché. Les deux musiciens se penchent sur le monde nostalgique du tango et  interprètent Callao y Santa Fe d’Osvaldo Tarantino et Saül Cosentino puis deux pièces de Saül Cosentino dont une intitulée A la memoria de Astor. L’album fait ensuite découvrir deux compositions du maître Piazzola (1921-1992), Café 1930 écrit par le Maître en 1970 et le poignant Biyuya datant de la fin des années 70.

On note que les possesseurs de l’album physique ont la possibilité via un casque, de découvrir l’écoute de trois titres en son binaural 3D grâce à un procédé d’enregistrement qui reproduit le plus fidèlement possible la perception sonore naturelle humaine. On constate plus de relief à l’écoute et une impression de plus grande proximité avec un relatif lissage des sons annexes comme par exemple le toucher des doigts sur les touches de l’accordéon. Un plus sans doute pour ces trois titres que pourront diffuser les antennes de Radio France impliquées dans ce nouveau standard de son auquel se consacre la chaîne nouvOson de Radio France.

« Invitación », un chant d’amour sensible dédié à la musique latine. Une incitation à la modération et à la bienveillance. Une invitation à l’écouter encore et encore pour gommer les excès du tumulte et adoucir l’agitation du monde actuel.

Pour la sortie de l’album, « Invitación, rendez-vous le 18 octobre 2017 à Paris au Sunside où se produit le Duo Intermezzo composé de Sébastien Authemayou au bandonéon et Marielle Gars au piano.
Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

Omer Klein Trio présente « Radio Mediteran », une création inspirée par les cultures des peuples de la Méditerranée. Une alliance musicale réussie entre tradition et modernité du jazz. Cet hommage met l’accent sur les points communs qu’ont toutes les musiques méditerranéennes. Comme un symbole audacieux des ententes possibles, dans les arts … et pourquoi pas au-delà ?

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Yotam Silberstein signe « Future Memories »

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L’album « Future Memories » reflète l’identité musicale du guitariste Yotam Silberstein. Fondé sur le jazz, son style restitue aussi son affinité pour les musiques du continent sud-américain. La présence de John Patitucci à ses côtés témoigne de l’intérêt que ce grand bassiste manifeste à ce projet. Un jazz sensible et ouvert sur le monde, prélude de souvenirs à venir…

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Opera Underground – Les RV de mars 2019

Opera Underground – Les RV de mars 2019

Tout juste avant l’arrivée du printemps les RV de mars 2019 de l’Opera Underground proposent des univers dépaysants. Entre orient et occident, la pop psyché électrique de Derya Yildirim et Grup Simsek. Des effluves musicaux réunionnais avec le maloya du collectif lyonnais Ti’kaniki. Les RV de mars 2019 à l’Opera Underground Incitent à la danse !

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Ambronay 2017 – Ararat par Canticum Novum

Ambronay 2017 – Ararat par Canticum Novum

La musique comme outil de transmission

Le 30 septembre 2017 sous le Chapiteau du Festival d’Ambronay, l’Ensemble Canticum Novum dirigé par Emmanuel Bardon présente le répertoire de son dernier projet « Ararat ». Devant un public attentif et conquis l’ensemble déroule un répertoire fascinant.

L’ensemble Canticum Novum crée par Emmanuel Bardon en 1996 tisse des liens entre les musiques anciennes populaires et savantes de l’Europe occidentale au bassin méditerranéen. Son dernier programme original, « Ararat » met en avant un dialogue interculturel entre la France et l’Arménie. Depuis septembre 2017, ce programme « Ararat » est disponible en disque aux éditions Ambronay.

Une étroite relation entre la France et l’Arménie a été établie de longue date, dès 1252, quand Léon II de Lusignan, issu d’une grande famille noble française, est nommé roi de Chypre, de Jérusalem et d’Arménie. L’influence de cette famille perdurera, avec plus ou moins d’intensité jusqu’en 1375, et la fin du royaume d’Arménie.

Canticum Novum fait renaître ce dialogue interculturel établi à la cour du roi d’Arménie au XIIIème siècle à travers des pièces françaises, arméniennes et séfarades, lumineuses et aériennes, qui à leur manière évoquent la paix et le respect d’autrui.

Les douze musiciens et chanteurs de Canticum Novum gagnent la scène.

Une chanteuse, Barbara Kusa et deux chanteurs, Emmanuel Bardon, directeur de l’ensemble et Varinak Davidian qui joue aussi du kamensheh.

Neufs instrumentistes. Deux d’entre eux font vibrer l’air de leur souffle, Agop Boyadjian au duduk, instrument typique de l’Arménie à double anche et en bois d’abricotier et Gwénaël Bihan aux flûtes à bec. Deux autres pincent/piquent les cordes, Philippe Roche à l’oud et Spyros Halaris au kanum. Trois autres frottent les cordes de leur archet, Aliocha Regnard au nickelharpa, Emmanuelle Guigues aux kamensheh & vièle et Valérie Dulac aux vièle, lire et violoncelle. Les deux percussionnistes frappent ou caressent leurs instruments, Ismaïl Mesbahi et Henri-Charles Caget en charge aussi des arrangements musicaux. Ils embarquent le public pour un voyage sonore en direction du mont Ararat et de l’Arménie à travers des pièces françaises, arméniennes et séférades.

Le concert fait alterner des pièces liturgiques arméniennes des Xème et XIème siècles, des mélodies et chants populaires arméniens, des danses de cour, des rondes traditionnelles et des chants populaires arméniens, des romances judéo-espagnoles ainsi qu’une pièce française du XIIème siècle. Au gré des morceaux présentés, le répertoire propose des couleurs, des rythmes et des ambiances qui évoluent. Le public découvre ainsi des musiques issues des Xème, XIIème,  XIIIème ou XVIIIème siècles, des pièces instrumentales ou à la fois instrumentales et vocales.

Ainsi de succèdent la plainte lancinante de certains morceaux incitant au recueillement, le rythme enlevé de musiques dansantes au climat joyeux et propice au partage, des pièces légères dont la force tranquille rassure. La fragilité du souffle du duduk d’Agop Boyadjian contraste avec la puissance des voix. Le public écoute avec attention les interventions successives des solistes et apprécient les sonorités différentes de ces instruments pas toujours identifiés.

Les solos instrumentaux ou vocaux alternent avec bonheur avec des pièces où l’expression instrumentale de groupe domine. On est par ailleurs frappé par le contraste visuel et sonore entre le mouvement horizontal continu des archets chargés d’assurer la basse continue et le ballet ascendant des bras des percussionnistes qui s’élèvent par intermittence pour frapper et faire résonner leurs instruments. Toujours lumineuses les musiques transmettent un message d’harmonie et de sérénité.

A la toute fin de la prestation, Emmanuel Bardon présente les musiciens et le projet. Son propos prend une orientation pédagogique en direction du public pour caractériser les instruments de l’orchestre, qu’il soient typiquement arméniens comme le duduk et le kamensheh ou plus répandus dans le monde oriental et méditerranéen.

Il insiste par ailleurs sur la dimension essentielle de transmission qu’assume l’Ensemble Canticuml Novum. Il en profite pour rappeler la position du migrant qui transmet et celle de l’accueillant qui reçoit. Son propos résonne avec acuité en cette période où d’autres populations vivent l’éloignement de leur patrie, comme l’a vécu le peuple arménien. En rappel, l’ensemble fait de nouveau entendre la lamentation Adana Voghpe, avant de rejoindre le bar du Festival pour l’After.

Par ses applaudissements et ses sourires radieux, le public du chapiteau restitue à l’orchestre l’intérêt et le plaisir ressenti à l’écoute du projet « Ararat ». Encore une fois, la musique a assumé son rôle de médiatrice. Elle a transmis un message de fraternité et de tolérance et participe à perpétuer la mémoire.

Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

Omer Klein Trio présente « Radio Mediteran », une création inspirée par les cultures des peuples de la Méditerranée. Une alliance musicale réussie entre tradition et modernité du jazz. Cet hommage met l’accent sur les points communs qu’ont toutes les musiques méditerranéennes. Comme un symbole audacieux des ententes possibles, dans les arts … et pourquoi pas au-delà ?

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Yotam Silberstein signe « Future Memories »

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L’album « Future Memories » reflète l’identité musicale du guitariste Yotam Silberstein. Fondé sur le jazz, son style restitue aussi son affinité pour les musiques du continent sud-américain. La présence de John Patitucci à ses côtés témoigne de l’intérêt que ce grand bassiste manifeste à ce projet. Un jazz sensible et ouvert sur le monde, prélude de souvenirs à venir…

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Opera Underground – Les RV de mars 2019

Opera Underground – Les RV de mars 2019

Tout juste avant l’arrivée du printemps les RV de mars 2019 de l’Opera Underground proposent des univers dépaysants. Entre orient et occident, la pop psyché électrique de Derya Yildirim et Grup Simsek. Des effluves musicaux réunionnais avec le maloya du collectif lyonnais Ti’kaniki. Les RV de mars 2019 à l’Opera Underground Incitent à la danse !

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René Urtreger en concert au Bémol 5

René Urtreger en concert au Bémol 5

Bain de jouvence régénérant

La venue du pianiste René Urtreger à Lyon pour deux concerts au Bémol 5 constitue un évènement majeur en cette rentrée. Le 29 septembre 2017 les amateurs de jazz lyonnais sont au rendez-vous et le club affiche complet. La soirée tient largement ses promesses.

rené urtreger en concert au bémol5 le 29-09-2017Le Bémol 5 n’a pas encore fêté sa première année et pourtant Yves Dorn accueille déjà régulièrement des musiciens de renom dans son club lyonnais convivial. Comme on l’écrivait en août pour annoncer les deux concerts du pianiste René Urtreger au Bémol 5, on peut même dire de ce pianiste qu’il est, à quatre-vingt-trois ans, plus qu’un musicien renommé… une vraie légende vivante.

Pour en savoir plus sur cet artiste fascinant et adoubé par le monde du jazz, on conseille de parcourir l’article consacré à l’ouvrage « Le Roi René ». Publié en 2016, le livre est écrit par la romancière et essayiste Agnès Desarthe qui a mis son talent au service des mots confiés par René Urtreger. Pour découvrir la vie du musicien, le mieux serait encore de lire « Le Roi René ».

rené urtreger en concert au bémol5 le 29-09-2017Lors de ses deux concerts lyonnais des 28 et 29 septembre 2017 au Bémol 5 le pianiste René Urtreger se produit devant une salle comble très vite enchantée par le talent de ce musicien. Pour l’occasion il est entouré du saxophoniste Michael Cheret, du contrebassiste Stéphane Rivero et du batteur Sangoma Everett. Le public lyonnais connait bien ces deux derniers musiciens très présents sur les scènes régionales et a pu écouter le saxophoniste ténor lors de ses prestations à Lyon et dans la région ou à Paris au Sunset lors des fameuses « Vandojam » qu’il anime avec brio.

Le premier set débute très fort avec Love for Sale de Cole Porter et Milestones de John Lewis. Concentré, l’orchestre est tout entier tourné vers le pianiste. Dès le premier morceau rené urtreger en concert au bémol5 le 29-09-2017René Urtreger parcourt les 88 touches du piano quart queue récemment installé sur la scène du Bémol 5. Quand advient la ballade Every Time Happens To Me, la superbe improvisation du pianiste comble d’aise le public. Toujours inventif, René Urtreger se promène avec une aisance déconcertante sur le clavier et construit des phrases narratives qui s’aventurent avec bonheur dans les aigus avant de se terminer en accords.

René Urtreger fait alors un peu de pédagogie auprès du public à qui il explique la différence entre les chansons de Broadway qui constituent les standards et les thèmes écrits par les jazzmen. Non sans humour il précise que de ces matériaux « on fait ce que l’on veut » (ce qu’il va d’ailleurs prouver tout au long de la soirée) et sans s’attarder, retourne au piano pour démontrer l’étendue de son talent à public très attentif.

La première partie continue avec No Moe de Sonny Rollins, Like Someone in Love, On The Green Dolphin Street et se termine avec Blues for Alice de Charlie Parker. Le propos du pianiste restitue les influences du be-bop, en référence à Bud Powell, ce pianiste qui a nourri son inspiration.

Après une courte pause, le second set commence par un solo de René Urtreger qui interprète un thème composé en l’honneur de son épouse. Les morceaux s’enchaînent ensuite et sur scène la tension monte.

Avec générosité, le pianiste et son orchestre continuent la soirée avec un débridé Airegin où le saxophone enflamme le rythme et engage la batteur dans un solo débridé. Sangoma Everett et rené urtreger en concert au bémol5 le 29-09-2017René Urtreger continue alors avec What’s New puis enchaîne avec le très bop Scrapple From The Apple. Les musiciens joutent stimulés par les applaudissement nourris du public enthousiaste.

Encouragés par les vivats, les musiciens interprètent un surprenant et  délicieux All The Things You Are sautillant et tout en finesse. Sur ce morceau les musiciens jouent avec les rythmes. Le piano pousse le saxophone dans ses retranchements mais rien n’y fait ce dernier ramène le tempo au calme avant de céder la parole à la contrebasse.

La soirée s’achemine vers sa fin mais le public en redemande et René Urtreger ne se fait pas prier. Après un souriant « on va se quitter bons amis », il s’installe au piano et interprète seul un thème composé pour Agnès Desarthe avec qui est enregistré son prochain album « Premier Rendez-Vous » (Naïve) à paraître le 20 octobre 2017. Après les mots du livre « Le Roi René », René Urtreger et Agnès Desarthe mêlent leurs expressions musicales sur « Premier Rendez-Vous » bientôt chroniqué dans la rubrique Chorus.

Les improvisations du pianiste ont réservé leur lot de surprise mais toutes se caractérisent pas une sobriété doublée de légèreté. De son doigté perlé René Urtreger développe un phrasé sautillant et plein de gaîté, ancré dans la tradition bop. Quelquefois prompt au débordement, le pianiste se ressaisit très vite pour revenir à la rigueur des grilles harmoniques et éviter de mettre ses accompagnateurs en difficulté. S’il pratique l’art de l’épure il n’en émaille pas moins son propos de citations. Doué d’un sens inouï du swing il maîtrise toutes les rythmiques.

Michael Cheret et René urtreger en concert au bémol5 le 29 septembre 2017On perçoit la complicité qui existe entre le pianiste et Michael Chéret dont le discours très concis témoigne de sa grande maîtrise du répertoire et du saxophone ténor. Inscrit dans la filiation des grands saxophonistes de l’histoire du jazz de Sonny Rollins en passant par Stan Getz ou Joe Lovano sans oublier Al Cohn, Zoot Sims … et bien d’autres encore car le saxophoniste semble s’être approprié l’ensemble des styles développés sur cet instrument.Stéphane Rivero et Sangoma Everett avec rené urtreger en concert le 29 septembre 2017

On perçoit les regards attentifs et bienveillants qui s’échangent sur scène entre les membres de la section rythmique et le leader. Très réactifs, le contrebassiste et le batteur font preuve d’une aisance remarquable. Très sollicité, Stéphane Rivero assume de nombreux chorus et Sangoma Everett s’épanouit sur ce répertoire qu’il accompagne avec facilité. Il donne toute l’étendue de son savoir-faire sur les chorus qu’il assume avec brio. Son sourire témoigne de son plaisir visiblement partagé par ses autres compagnons.

Dans la salle quelques jeunes trentenaires assistaient à leur premier concert de jazz. Heureux soient-ils d’avoir eu René Urtreger comme parrain pour leur baptême de jazz live. C’est une chance infinie qu’ils ont visiblement appréciée. Il en est allé de même pour l’ensemble des spectateurs comblés par ce concert qui a agi sur eux comme un bain de jouvence régénérant. Un grand merci à Monsieur René Urtreger pour cette soirée inoubliable.

Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

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Opera Underground – Les RV de mars 2019

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Clin d’œil à Chrystel Wautier & « The Stolen Book »

Clin d’œil à Chrystel Wautier & « The Stolen Book »

Album introspectif

« The Stolen Book », le prochain album de Chrystel Wautier est annoncé pour le 06 octobre 2017. En quête de ses ancêtres, la chanteuse propose une musique personnelle qui mêle diverses influences. Un son intimiste.

Sur « The Stolen Book » (Bonsaï Music/Sony) on entend des influences diverses, jazz, soul pop, folk qui se mêlent pour créer un nouvel idiome. Dans sa nouvelle musique assez éloignée de celle de son précédent album « Before a song » sorti en 2013, Chrystel Wautier s’approprie ce qu’elle entend du monde.

La chanteuse belge est entourée du claviériste Cédric Raymond, du guitariste Lorenzo Di Malo, du bassiste Jacques Pili, du batteur Jérôme Klein et du percussionniste Michel Seba. A la recherche d’un nouveau son, Chrystel Wautier a travaillé en pré-production avec le claviériste Cédric Raymond. Ensemble ils ont défini leurs attentes et préparé la mise en place de la musique tout en ménageant un espace de liberté aux instrumentistes lors de l’enregistrement.

Chrystel Wautier ® Mael G. Lagadec

Chrystel Wautier dit avoir « assumé ses imperfections, ses côtés plus sombres, moins lissés ». Sa voix pure et cristalline flotte au-dessus des nappes des claviers qui prennent quelquefois le dessus et détournent l’oreille du propos vocal pourtant toujours aussi fluide et limpide. Les accords de la guitare se fondent avec ceux des claviers, la batterie discrète et les percussions créent un accompagnement pointilliste, la basse se fait cajoleuse.

Sur Conversations, la voix prend le pas sur l’ensemble instrumental et à ce titre se distingue des autres morceaux de l’album. The Stolen Book conte l’histoire du livre volé et des secrets liés aux origines ukrainiennes de la chanteuse. Le tempo plus soutenu et les ruptures rythmiques de Let’s fall le différencient quelque peu des autres titres de l’album

« The Stolen Book », une musique soignée aux accents intimes et au son peaufiné.

Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

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