Avec « Wild Beasts », le clarinettiste Jean-Marc Foltz et ses trois complices proposent un safari-jazz aux accents félins. Huit tableaux musicaux expressifs constituent les étapes de ce voyage. Par ses audaces, la musique charpentée évoque la liberté de la faune sauvage et comme elle, ne s’embarrasse guère des contraintes. Un jazz ensauvagé paré d’une poésie coloriste.

Clin d’œil à Cecil McLorin Salvant & « The Window »
Fenêtre ouverte sur l’amour
Sur son nouvel opus « The Window », la chanteuse Cecil McLorin Salvant propose un répertoire consacré aux chansons d’amour. Dans la grande tradition des duos voix/piano elle décline avec Sullivan Fortner les différents aspects ce sentiment. Un album d’une grande sobriété, habité de bout en bout par une musicalité peu commune.
Une année après son double album « Dreams and Daggers » enregistré live au Village Vanguard, la chanteuse Cecil McLorin Salvant est de retour le 28 septembre 2018 avec « The Window » (Mack Avenue/PIAS).
Elle fait le choix d’interpréter dix-sept chansons d’amour en duo avec le pianiste Sullivan Fortner, nouveau venu des scènes américaines.
Cecil McLorin ouvre une fenêtre sur l’amour dont elle révèle plusieurs perspectives. Jamais sentimentaliste, elle parvient avec sobriété à visiter un répertoire très large.
Depuis des reprises de Richard Rodgers, Stephen Sondheim et Stevie Wonder jusqu’à des compositions personnelles sans omettre un tour du côté du cabaret, du Rhythm and Blues avec une échappée vers West Side Story, elle explore et révèle l’amour sous toutes ses formes. Avec elle on plonge dans un univers d’une musicalité savoureuse qui, en arrière fond, résonne de l’empreinte du blues.
Une fois encore on apprécie la précision de sa diction et cette aisance avec laquelle elle fait varier son expression. Sa voix agile use sans abuser des écarts, des glissandos. Avec souplesse elle maîtrise toutes les nuances du chant, de la plus intime douceur à la ferveur extrême, sans jamais donner l’impression de forcer.
On perçoit tout au long de l’album et en particulier sur les titres enregistrés live, la grande complicité qui existe entre la chanteuse et le pianiste dont le jeu se coule dans la trace du chant. Son accompagnement très nuancé met en valeur les contrastes de la voix et les couleurs des morceaux.
Les dix-sept chansons déclinent un arc en ciel d’atmosphères où le duo jongle avec aisance d’un climat à un autre.
Le romantisme de The Sweetest Sounds de Richard Rodgers contraste avec l’allégresse gracieuse de One Step. La voix susurre la ballade intimiste Visions et devient ensuite sensuelle sur Obsessions où elle caresse les mots.
Le chant se fait déchirant sur Ever Since the One I love’s Been Gone où le piano étincelle. Cecil McLorin Salvant adopte en français le ton de la confidence sur une de ses compositions, A Clef. Avec légèreté et souplesse le duo interprète Wild is love et s’exprime avec une délicatesse exquise sur Trouble is a Man.
Le tempo de rumba sied à Where Thine alors que J’ai le cafard, vieille chanson du répertoire français adopte un rythme de valse polka. Tell me why des Beatles déborde de sensualité. Le piano se charge d’humour sur I’ve Got Your Number alors qu’il adopte un accompagnement stride pour accompagner By Myself.
On sourit au timbre enfantin que la chanteuse adopte sur Everything I Got belongs To You de Richard Rodgers. Sur la reprise de Somewhere de West Side Story enregistré live, la voix pose des inflexions d’espoir relayées par le jeu riche et scintillant du piano qui cite America et d’autres pièces de l’œuvre de Bernstein.
On a retrouvé sur By Myself des modulations agiles chez Cecil McLorin qui rappellent la voix d’Ella Fitzgerald. La jeune chanteuse fait d’ailleurs un hommage à son ainée en interprétant The Gentleman is a Dope que la grand Ella aimait chanter.
La version live de Peacoks avec la saxophoniste Melissa Aldana constitue un des moments les plus forts de cet album.
Même si l’on savoure avec délice « The Window », cet album au propos totalement maîtrisé, il demeure qu’on goûterait volontiers que Cecil McLorin Salvant ouvre sa discographie sur d’autres fenêtres de l’art du chant et dépayse son propos pour nous surprendre de nouveau.

Jean-Marc Foltz présente « Wild Beasts »

Pierre de Bethmann Trio présente « Essais/Volume 3 »
Dans une approche très personnelle, Pierre de Bethmann Trio persiste depuis plus de six ans à explorer des compositions inscrites au patrimoine musical collectif. Après deux premiers albums, le pianiste Pierre de Bethmann, le contrebassiste Sylvain Romano et le batteur Tony Rabeson présentent « Essais/Volume 3 » annoncé pour le 21 février 2020. Sans œillères ni dogmatisme, le trio exerce avec brio son talent dans l’art de la reprise.

Clin d’œil à Rosario Giuliani & « Love In Translation »
Le saxophoniste italien Rosario Giuliani présente « Love In Translation », un album qui scelle son retour sous le label Jando Music/Via Veneto Jazz. Il retrouve pour l’occasion le vibraphoniste américain Joe Locke avec lequel il a engagé une collaboration débutée il y a 20 ans à Umbria Jazz. Servi par une rythmique subtile et efficace, le duo célèbre l’amour avec chaleur et lyrisme. L’opus à l’esthétique soignée navigue entre tendresse et mélancolie. Gorgée de sensibilité et d’émotion, la musique enchante.