¡Caramba!… Bigre au Périscope le 27 avril 2017

¡Caramba!… Bigre au Périscope le 27 avril 2017

Quelle histoire… c’est un Vrai Voyage à Cuba

Après avoir sorti le remarquable album « ¡Caramba! », le big band Bigre! obtient un franc succès pour son concert du 27 avril 2017 au Périscope. Feu d’artifice sur la scène, ambiance effervescente dans la salle.

Il est des concerts pour lesquels on ne regrette pas de s’être déplacés, celui de Bigre! au Périscope le 27 avril 2017 fait partie de ceux-là.

Le 27 avril 2017, c’est complet pour le concert de Bigre! au Périscope à l’occasion du lancement de l’album « ¡Caramba! ». Cela laisse déjà augurer d’un franc succès pour le big band Bigre! groupe fort prisé du  public lyonnais. Durant les deux sets les ¡Caramba ! fusent de partout. Dans la salle, nombreux sont celles et ceux dont le corps suit rythme de la musique. On voit même des couples danser dans le plus pur style « école de danse ». En fin de concert, l’ambiance de la salle est chauffée à blanc par un public dont l’enthousiasme est à la hauteur de la prestation de l’orchestre. Si on a été enthousiasmé par le dernier album du groupe, on a tout autant apprécié la prestation scénique de Bigre! qui a été de la meilleure facture.

Félicien Bouchot peut se louer de diriger Bigre!. Sur scène, les arrangements sont somptueux et précis et la mise en place du répertoire parfaite. Les improvisations des solistes démontrent, s’il est encore besoin que cela soit prouvé, la valeur de chacun des musiciens. Soutenue par l’ensemble orchestral, la chanteuse Célia Kameni, offre une prestation généreuse et fort soignée. Sa présence scénique fait montre d’un grand professionnalisme. Sa voix parvient à surmonter sans forcer la puissance du big-band qui joue à toute vapeur. Du jazz vivifiant et rutilant qui fait monter la température de la salle et déchaîne l’enthousiasme du public.

Sans doute les rythmes et les mélodies déclenchent l’adhésion des spectateurs car ils résonnent dans la conscience collective populaire qui n’a pas oublié les grands standards de la tradition cubaine des années 50. Par contre la musique de Bigre! n’oublie pas pour autant de s’inscrire dans la modernité du jazz orchestral contemporain.

Bigre! a depuis longtemps fait ses preuves dans des répertoires dont l’idiome est d’ordinaire fort loin de l’esthétique cubaine. On connaissait déjà la précision des arrangements, la puissance de de ce big band dont a coutume de dire « qu’il envoie » et sa capacité à faire preuve de nuances sans oublier la qualité individuelle des solistes.

En quittant le territoire musical habituel où il n’avait plus rien à prouver, le big band s’est lancé un défi. Sur l’album et aussi sur scène, Bigre! prouve qu’il maîtrise parfaitement la métrique compliquée des rythmiques cubaines. Les soufflants conservent leur puissance orchestrale et adaptent leur vocabulaire d’improvisateur à cette esthétique latine avec laquelle ils se sont tout à fait familiarisés. A vrai dire Félicien Bouchot peut se vanter d’avoir réussi son pari avec brio. Bigre! restitue tout à fait l’esprit des orchestres cubains d’antan.

De bout en bout du concert, ce 27 avril, Bigre! joue avec énergie. Au saxophone baryton Fred Gardette ouvre le bal des soufflants qui tous ont donné le meilleur d’eux-même sur le devant de la scène stimulés par le public, la puissance de la section rythmique et le soutien des cuivres. Vers la fin du second set, le guitariste ne boude pas son plaisir et rivalise sans rougir avec les cuivres lors d’un solo très bien construit qui déclenche un enthousiasme plus que débridé dans la salle.

On ne tarit point d’éloges non plus sur la puissance de feu de la section rythmique qui assure de bout en bout sans faillir. La présence efficace de Nicolas Frache à la basse contribue aussi à la solidité de cette rythmique qui sait pourtant adapter sa puissance lors des interventions de la chanteuse. Les trois trombones, quatre trompettes et cinq saxophones n’ont pas épargné leur souffle. Lors des tuttis, une lave rutilante sort de leurs pavillons et embrase la salle.

L’orchestre ne se pas contente de présenter les titres gravés sur l’album « ¡Caramba! », il ajoute aussi des morceaux des répertoires précédents. L’alternance entre les titres instrumentaux et les titres chantés est parfaite. Le public manifeste beaucoup d’enthousiasme vis à vis de Voyage à Cuba et de Quelle histoire mais sait écouter avec attention la Chanson des Vieux Amants.

Bigre a gardé Mea Culpa pour le rappel. ¡Caramba ! … le morceau déclenche un regain supplémentaire d’embrasement dans la salle où tous et toutes ont depuis longtemps tombé les pulls. Même après le concert on continue à répéter les paroles en boucle !  Édith Piaf ne se doutait sûrement pas que l’arrangement de cette chanson sur un tempo cubain déclencherait un tel accueil auprès du public le 27 avril 2017 au Périscope à la fin du concert de Bigre !

Stéphane Galland & (the mystery of) Kem

Stéphane Galland & (the mystery of) Kem

Stéphane Galland & (the mystery of) Kem est un album conceptuel construit autour de rythmiques complexes. En effet, l’opus est issu de la recherche continue que ce virtuose incontesté de la batterie jazz mène depuis fort longtemps dans la galaxie des rythmes. Avec un groupe de jeunes musiciens bruxellois et le flûtiste Ravi Kultur, le batteur a inventé un nouveau territoire aux libertés rythmiques prodigieuses et innovantes.

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Crossover#4… Bartók Impressions – Szandai, Lévy, Lukacs

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Mathias Lévy, Matyas Szandai et Miklos Lukacs signent « Bartók Impressions ». Un album situé entre classique et jazz, entre musique écrite et improvisation, entre musique savante et populaire. Forte d’innovation créatrice et avec une instrumentation inédite, violon, cymbalum et contrebasse, la proposition du trio reste proche de l’inspiration originale.

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Auditorium de Lyon – Archie Shepp

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Le vendredi 12 octobre 2018 à 20h, l’Auditorium de Lyon accueille le saxophoniste Archie Shepp. Il est entouré de deux musiciens américains Darryl Hall et Steve McCraven et deux artistes français, Carl-Henri Morisset et Marion Rampal. Une affiche alléchante qui laisse espérer une belle soirée !

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Sonny Troupé Quartet Add2 présentent « Reflets denses »

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Une double réalité, tantôt jazz, tantôt créole

Sur son nouvel album « Reflets Denses », Sonny Troupé explore des mélodies gwo ka qu’il arrange. La matière première prend des reflets différents, tantôt jazz, tantôt créole. Un quartet, un trio, deux saxophones pour diffracter le même sujet musical. Une musique chaleureuse loin des formats standards.

Héritier de la tradition gwo ka, le batteur et percussionniste guadeloupéen Sonny Troupé fait partie de cette nouvelle scène jazz dynamique et créative venue des Antilles. Son univers gravite aux frontières de plusieurs mondes. Après « Voyages et Rêves » (2013) puis « Luminescence » (2015) en duo avec Grégory Privat, Sonny Troupé récidive avec un nouvel album « Reflets denses » sorti le 05 avril 2017. 

Sonny Troupé a travaillé durant trois ans pour préparer cet album. Il a étudié, écouté, analysé la musique gwo ka, sa tradition et sa modernité. Le disque restitue l’authenticité de cette musique. Il s’est amusé à exploiter de manière différente une même base de mélodie pour qu’à la fin les musiques restituent des reflets différents, tantôt plus axé sur le gwo ka moderne, tantôt plus orienté vers le jazz. Bien sûr à cela, Sonny Troupe rajoute des métriques issues du métal qu’il a aussi étudié sans oublier quelques pincées d’électro pour pimenter le tout.

Le tambour ka, la percussion traditionnelle de la Guadeloupe, demeure au cœur de la musique de Sonny Troupé mais son ouverture aux mondes musicaux le conduit à confronter ses racines caribéennes avec les autres influences. Sur l’album  « Reflets Denses », il interroge l’identité créole de sa musique au travers du prisme de ses autres influences, jazz, fusion, metal. Il navigue entre passé et présent pour envisager l’avenir. Il reconfigure la tradition pour transfigurer le présent et nous invite en quelque sorte à un voyage à travers le temps. L’expérience est très plaisante.

Pour « Reflets Denses », Sonny Troupé ne lésine pas sur les moyens et réunit plusieurs formations et musiciens. Bien sûr le Sonny Troupé Quartet avec le pianiste Grégory Privat, le bassiste Mike Armoogum, le tambouyé Olivier Juste, et lui-même, à la batterie et au tambour maké.

Le groupe Reflets Denses avec le pianiste Jonathan Jurion, le bassiste Michel Alibo et le tambouyé Arnaud Dolmen. L’entité « Add 2 » composée de Thomas Koenig au saxophone ténor et à la flûte et Raphaël Philibert au saxophone alto. Sans oublie des invités. Christian Laviso qui intervient à la guitare sur Twa Jou San Manjé. Lucie Kancel et Patrice Hulman pour les chœurs, le jeune Djokaèl Méri au tambour maké sur l’introduction du thème Equation.

Un maître de musique derrière ses tambours. Trois binômes où chaque instrumentiste est le reflet de l’autre, piano, basse et gwo ka. Un duo de saxophones pluriels, avec le ténor qui penche vers le jazz et la fusion alors que l’alto est plus baigné dans le gwo ka et la musique antillaise. Un guitariste expert des rythmiques et harmoniques ka. Le résultat est à la mesure de l’effectif. Outre les prestations des musiciens, l’album intègre au fil des plages des samples sous des formes variées. Chant du coq qui ouvre le disque et évoque le début du jour, ambiances de rue, vie de marché et aussi chanteurs traditionnels et musiciens (Lin Canfrin, Kristen Aigle, Sergius Geoffroy, Robert Oumaou…).

Titre après titre, d’un reflet à un autre, les ambiances alternent. Pianistes et bassistes se croisent. Jonathan Junion se rapproche de Mike Armoogum sur la ballade intitulée Une fin ? D’une facture plus contemplative que les autres morceaux du disque, ce thème pourrait autant annoncer un début qu’une fin mais avec le temps, qui sait ?

Sur Evocation, flûte, saxophone et piano fusionnent très contenus par une section rythmique plutôt ronde. Grégory Privat chemine avec Michel Alibo. Ça sonne très jazz au niveau des expositions de thèmes et des improvisations.

Sur Twa Jou San Manjié du compositeur Guy Kontèt la contribution du guitariste Christian Laviso accentue le climat tendu du morceau. Rythmiques complexes des percussions que les saxophones poussent dans leurs retranchements. La basse se joint à la mêlée musicale jusqu’à la résolution finale éclatée et salvatrice.

L’écoute du quatrième titre, Le Temps, est un régal. Les percussions scandent avec violence l’infinie force du temps, la basse ronfle, le piano évoque la ronde des heures qui filent, les saxophones crient jusqu’au paroxysme l’avancée inexorable du temps qui passe alors qu’on demeure suspendu à la voix du « diseur de texte » (dixit Sony Troupé) Toma Roche qui a mis en mot la fuite du temps et le rapport que l’homme entretient avec lui… « Le temps nous aime comme des enfants, nous berce à sa pendule, nous fait devenir grand, nous fait devenir grand, nous donne du recul, nous pousse vers l’avant…  pour nous les enfants de peur le temps est relatif… avant que l’on renonce pour ne pas avoir peur de l’avenir en attendant la réponse, on passe son temps à regarder son heure venir… comprendre que tout y passera… le temps nous serre entre ses bras de pierre… se joue de nous et nous laisse infinis, infinis… dans la tempête du temps je tente d’attraper le temps par les deux bouts… « 

« Reflets Denses ». Onze titres à la fois différents et ressemblants. Une matière sonore chaude et flamboyante à la fois. On embarque avec le coq mais impossible de débarquer. On laisse l’album tourner en boucle pour mieux s’immerger dans le caraïb’jazz de Sonny Troupé et ses amis musiciens.

Et pour vivre en concert la musique de « Reflets Denses », rendez-vous le le 10 mai 2017 à 20h au Centre culturel Barbara, 1 rue Fleury à Paris.
Stéphane Galland & (the mystery of) Kem

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Jazz à Vienne 2017, les suggestions de Benjamin Tanguy

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 Pour bien choisir ses soirées

Chaque année la question se pose aux festivaliers quand il s’agit de choisir parmi les soirées programmées par Jazz à Vienne. Benjamin Tanguy, le coordinateur artistique du festival, accepte de jouer le rôle de guide pour éclairer d’éventuels indécis. On ne pouvait pas espérer meilleur conseiller.

On remercie Benjamin Tanguy d’avoir joué le jeu qui consiste à suggérer quelques orientations pour guider des spectateurs encore hésitants face aux 14 soirées proposées au Théâtre Antique par le festival Jazz à Vienne, du 29 juin au 13 juillet 2017. Il s’agit bien sûr de plusieurs « profils spectateur » imaginés à dessein pour cet interview… et même si l’on ne se reconnaît que partiellement dans ces portraits de festivaliers, les suggestions de Benjamin Tanguy s’avèrent pertinentes.

Nicole Videmann : on sollicite votre aide pour conseiller des spectateurs qui souhaiteraient organiser l’agenda de leurs soirées durant le festival Jazz à Vienne. En effet ces personnes aimeraient ne pas se tromper dans leurs choix et assister à 3, 4 ou 5 soirées qui répondent à leurs goûts musicaux ou à leurs aspirations personnelles. Le premier groupe rassemble des ‘jeunes’ pas familiers de jazz mais amateurs de musique « qui groove ». Ils souhaitent « s’éclater ensemble » durant quelques soirées.

Benjamin Tanguy : puisqu’ils aiment le groove on peut d’emblée leur conseiller la soirée du 01 juillet avec la venue du groupe De La Soul qui revient, après 11 ans d’absence, avec un nouvel album plébiscité par la presse et très ouvert musicalement. Ce groupe très atypique a été crée dans les années 82 à New-York. Très influencé par le jazz et la soul, De La Soul puise ses racines dans le jazz des années 70 et même s’il a choisi de s’exprimer via les textes, il demeure très instrumental et joue en live. Cet été il ne fait que quelques dates et le festival est très heureux de les avoir. Durant cette même soirée est proposé le projet « Hip-Hop symphonique », reprise  d’une création donnée en en 2016 à Radio France avec un orchestre symphonique. A Vienne c’est l’ONL (Orchestre national de Lyon) qui intervient avec la venue exceptionnelle de MC Solaar, avec les Sages Poètes de la Rue de retour après 14 ans d’absence et aussi avec Ärsenik et Bigflo & Oli.

Ensuite on peut sans risque leur proposer d’assister à la Soirée Funk du 08 juillet avec Larry Graham, Trombone Shorty et Juan Rozoff et aussi à la Soirée Soul du 10 juillet avec Mary J. Blige et en ouverture la prestation solo de Lianne La Havas, la petite protégée de Prince. S’il aiment le groove un peu ‘nouvelle génération’, on peut aussi leur proposer la soirée du 11 juillet avec Deluxe (qui a collaboré avec I Am et -M-) et  Postmodern Jukebox qui assure d’ailleurs la première partie de soirée. On  peut enfin les engager à vivre la All Night Jazz du 13 juillet puisqu’il y a au moins deux groupes très festifs qui bougent et correspondent à leur envies, Con Brio et Bixiga 70.

NV : il y a ensuite un groupe de collègues de travail qui souhaitent avant tout vivre et partager ensemble une soirée conviviale et se distraire sans se « prendre la tête » avec des musiques complexes. Ces jeunes quarantenaires aspirent avant tout à se distraire et à profiter de soirées festives.

BT : on pourrait leur conseiller de commencer avec la soirée du 29 juin qui présente le projet plutôt ouvert de Zucchero. Le chanteur est très influencé par le blues du delta du Mississippi où il a d’ailleurs enregistré son album. Je conseillerais aussi peut-être la soirée du 05 juillet avec le pianiste-chanteur Jamie Cullum et la chanteuse Stacey Kent en première partie ainsi que la Soirée Blues du 06 juillet. Il s’agit d’une soirée très ouverte avec Vintage Trouble, groupe au chanteur très charismatique qui se produit certes dans les grands festivals de blues mais aussi de rock et de Metal et qui a assuré les premières parties des Who et ACDC.

Ensuite on peut les engager à vivre la Soirée Cuba du 07 juillet avec la création réalisée par le pianiste cubain Roberto Fonseca qui invite Eliades Ochoa et Daymé Arocena. Cette soirée permet aussi de percevoir l’influence de l’Afrique sur la musique cubaine avec la venue de la diva béninoise Angelique Kidjo qui rend hommage à la chanteuse salsa Célia Cruz. On pourrait aussi leur proposer la Soirée Funk du 08 juillet qui devrait convenir car elle demeure dans une dynamique festive.

NV : que conseiller par contre à des néophytes d’un âge médian qui souhaiteraient assister à des soirées un peu « prestigieuses » et pouvoir ainsi échanger ultérieurement avec des amateurs du jazz ? Il importe aussi de préciser qu’il s’agit de leur première venue au festival Jazz à Vienne.

BT : d’emblée, on peut leur conseiller d’assister à la soirée du 30 juin où se produit l’un des maîtres du jazz, le pianiste Ahmad Jamal qui revient en quartet avec un magnifique album autour de la ville de Marseille. Il est avec des invités prestigieux, Abd Al Malik et Mina Agossi. Ce même soir ils pourront écouter en première partie le trompettiste de la Nouvelle-Orléans Christian Scott qui vient pour la première fois à Vienne. Il a joué avec des grands du jazz comme Marcus Miller et produit une musique engagée et puissante émotionnellement et va sortir prochainement un triple album. La soirée devrait être plutôt acoustique même si peu d’électricité peut teinter le groupe du trompettiste.

On les engage aussi à assister à la soirée du 05 juillet avec le pianiste-chanteur Jamie Cullum qui vient en trio et partage le plateau avec la chanteuse Stacey Kent et ensuite à la soirée du 09 juillet avec Youn Sun Nah, et le trio Ponty/Lagrène/Eastwood. Cette formation constitue un véritable évènement car elle réunit trois générations d’artistes qui ont trois visions différentes de la musique, trois cultures musicales. Une réunion d’artistes prestigieux.

On leur propose ensuite la soirée du 12 juillet où se produit le pianiste quasiment légendaire Herbie Hancok. On note que la première partie de la soirée propose le projet très exigeant du saxophoniste Donny McCaslin qui a remporté récemment deux Awards. Pour précision, il a participé au dernier album de David Bowie, « Black Star » (paru deux jours avant sa mort) où il a joué avec le guitariste Ben Monder, le claviériste Jason Lindner,, le bassiste Tim Lefebvre et le batteur Mark Guiliana. On devrait écouter des morceaux de style fusion.

On peut enfin les engager à assister à la Soirée Hommage à Coltrane, le 03 juillet qui propose des mélanges de générations avec des réinterprétations différentes de la musique du Maître. Cette soirée produit le projet de Jeff Mills et Emile Parisien qui ne sonne pas free mais très contemporain. En effet, les deux artistes font ensemble une relecture de l’album « A Love Supreme ». Il s’agit d’un concept très particulier où Jeff Mills utilise sa machine. Durant une heure, les morceaux sont lus en direct et Mills retravaille en direct sur les machines le son du saxophoniste Parisien avec des reprises en boucle. C’est la seule date en France de ce projet durant l’été. Le plateau du 03 juillet constitue un évènement. Il présente deux jeunes artistes d’aujourd’hui qui revisitent l’œuvre de Coltrane à leur façon et deux autres grands musiciens qui eux, ont joué avec Coltrane. La venue du mythique saxophoniste Pharoah Sanders à elle-seule constitue un véritable évènement même s’il n’a plus la verve d’antan. On fait confiance au saxophoniste Archie Shepp pour honorer l’héritage de Coltrane avec des musiciens d’aujourd’hui réunis à ses côtés tels que le saxophoniste Shabaka Hutchings, le pianiste Jason Moran, le batteur Nasheet Waits et la chanteuse Marion Rampal.

NV : à quel public pourrait convenir la soirée du 04 juillet qui n’a pas été évoquée ?

BT : on peut conseiller la soirée du 04 juillet à des néophytes qui viendraient pour la première fois au festival car s’y produit Anne Sila qui est connue pour avoir participé à « The Voice ». Du coup, elle possède la double culture jazz/pop qu’elle revendique. Elle conçoit d’ailleurs comme une fierté de passer sur la scène de Jazz à Vienne où elle se produit avec le Magnetic Orchestra. La venue du pianiste Yaron Herman avec son nouveau projet peut aussi plaire à un public novice car il présente de fort beaux morceaux de jazz vocal. Enfin la soirée présente aussi Émile Parisien et l’accordéoniste Vincent Peirani qui rendent hommage à Joe Zawinul disparu il y a 10 ans. Le duo est entouré d’un all-stars de musiciens dont certains ont joué avec le maître des claviers, comme le batteur Paco Sery, le bassiste Lindley Marthe et le percussionniste Aziz Samahoui. A leurs côtés on retrouve aussi le guitariste Manu Codjia et le claviériste Tony Paeleman. Cette soirée du 04 juillet pourrait tout autant convenir à des inconditionnels de jazz à l’esprit ouvert.

Dans cette chronique sont uniquement évoquées les soirées programmées au Théâtre Antique. Par contre tous les festivaliers trouveront musiques à leur goût soit sur la scène de Cybèle soit durant les afters de fin de soirée au « Club de Minuit » ou au « Jazz Mix » dans la salle du Théâtre Vienne, en accès libre. Pour une information exhaustive sur tous les concerts et évènements proposés par le festival, il est bien sûr conseillé de se connecter sur le site de Jazz à Vienne.

Propos recueillis le 18 avril 2017 auprès de Benjamin Tanguy, coordinateur artistique de Jazz à Vienne
Stéphane Galland & (the mystery of) Kem

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Auditorium de Lyon – Archie Shepp

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Jazz à Vienne 2017, les suggestions de Benjamin Tanguy

Zoom sur Jazz à Vienne 2017 avec Benjamin Tanguy

 Partir du passé pour construire l’avenir du jazz

Du 29 juin au 13 juillet, Jazz à Vienne propose 14 soirées au Théâtre Antique. Benjamin Tanguy, coordinateur artistique du festival, met en évidence les liens qui se tissent au cœur des soirées et révèle les lignes de cohérence de cette édition 2017.

Après avoir présenté la programmation du festival jazz à Vienne 2017 avec ses stars, ses hommages et ses soirées thématiques on a souhaité s’entretenir avec Benjamin Tanguy, le coordinateur artistique du festival pour en savoir plus. On le remercie d’avoir accepté de faire un zoom explicite sur les liens qui sous-tendent la trame de l’organisation et donnent du sens à cette programmation.

Nicole Videmann : pouvez-vous préciser ce qui caractérise cette édition 2017 du festival Jazz à Vienne ?

Benjamin Tanguy : cette édition 2017 se déroule du 29 juin au13 juillet avec de nombreux hommages à des artistes qui ont marqué l’histoire du jazz et de la musique au sens large du terme. A vrai dire, l’idée n’est pas de rendre des hommages dans un contexte nostalgique en prétendant que « la musique c’était mieux avant ». En fait, il s’agit plutôt d’avancer avec le passé pour construire l’avenir. Il convient de se rendre compte de tout ce que ces artistes (à qui l’on rend hommage) ont apporté et en même temps de se dire que la nouvelle génération de musiciens possède cela en héritage et qu’elle l’assume. Autrement dit, les musiciens d’aujourd’hui se sont construits avec cette musique-là et donc ce qu’ils vont produire dans le présent et dans l’avenir sera influencé par ces artistes disparus.

C’est bien le cas avec John Coltrane qui est un des musiciens qui a le plus révolutionné le jazz, lui qui était à l’aise sur de nombreux registres (be-bop, hard-bop, free jazz) et qui était autant attiré par des musiques indiennes que par des musiques africaines. Un tel artiste continue d’influencer les musiciens. Ceux qui apprennent le jazz dans les écoles de musique, dans les conservatoires et même de manière autodidacte sont influencés par Coltrane.

Un projet comme la rencontre entre Jeff Mills et Émile Parisien, le 03 juillet lors de la Soirée Hommage à John Coltrane, s’inscrit dans cet axe et correspond à ce que le festival aime présenter. En l’occurrence, avant d’avoir connaissance de leur projet à l’automne dernier, on savait que Coltrane faisait partie des influences du saxophoniste Émile Parisien mais on ignorait que Jeff Mills était un passionné de Coltrane. Leur rencontre prouve que des musiciens actuels a priori fort différents arrivent à communiquer musicalement autour de l’œuvre de musiciens disparus qui les ont influencés. Nous souhaitons faire connaître au public la musique de ceux qui influencent encore aujourd’hui les artistes d’aujourd’hui.

Pour Prince il s’agit de la même chose. Jeanne Added qui a débuté dans le jazz est capable de chanter pendant 4 heures d’affilée la musique de Prince avec beaucoup d’émotion. Ce qu’on veut présenter le le 08 juillet, c’est une soirée consacrée à la musique de Prince et non pas faire défiler des artistes qui ont joué avec lui. Bien sûr Larry Graham a été un de ses bassistes mais il n’a joué avec Prince que durant une période. En guise d’Hommage à Prince, on initie donc une création avec deux artistes qui représentent Prince et le funk à la française, Jeanne Added et Marco Prince, et Juan Rozoff qui fut un des ambassadeurs de la funk dans les années 90 aux côtés de FFF (Fédération Française de Funk) même s’il a depuis un peu quitté la scène funk. Il y aura aussi Trombone Shorty qui a joué avec Prince et qui se produit très souvent avec Lenny Kravitz, lui-même très influencé par Prince.

Dans toute la programmation de Jazz à Vienne il y a un fil. Par exemple Keziah Jones vient sur scène le 13 juillet dans la All Night Jazz avec un nouvel EP qui précède un album à venir à la rentrée. Or, sur cet album et donc dans le répertoire qu’il va présenter il y a des reprises de Coltrane et de Fela Kuti (auquel est consacrée la journée du 02 juillet) et l’on sait aussi combien Keziah Jones est influencé par Prince. Il existe donc des liens entre tous ces artistes présentés et ceux du passé.

L’idée est de mettre en évidence tout ce que le passé nous a appris, de ne pas lui tourner le dos et en même temps de ne pas adopter un côté nostalgique, d’être fier de ce que ces musiciens disparus ont apporté à la musique et de continuer à avancer avec leur musique.

NV : qu’en est-il en ce qui concerne David Bowie ?

BT : Cela procède de la même logique pour ce qui concerne le magnifique hommage qui sera rendu par Seu Jorge lors de la All Night Jazz. Suite à la disparition de David Bowie, le guitariste et chanteur brésilien Seu Jorge a décidé de jouer en live les morceaux de Bowie qu’il interprétait en brésilien dans le film de 2004 « La vie Aquatique » de Wes Anderson. Sur la scène du Théâtre Antique le 13 juillet, Seu Jorge va chanter exclusivement en brésilen, simplement accompagné de sa guitare acoustique dans un décor très marin évoquant le film, avec le bonnet rouge (référence à Cousteau) et des images du film qui seront projetées sur les écrans. Après 22h quand la nuit sera tombée, Seu Jorge sera seul sur scène… ce sera magique. On rêvait depuis 6 ans de faire venir cet artiste au festival. Cette année nous avons su très tardivement que sa venue était confirmée et nous nous en réjouissons.

NV : on peut donc percevoir un délicat fil d’Ariane qui relie tous ces hommages ?

BT : Oui c’est vrai. A vrai dire c’était quasi incontournable pour ceux qui ont disparu comme Coltrane et Fela Kuti (décédés respectivement en 1967 et 1997), mais il ne s’agit pas uniquement de marketing a priori. En fait on essaie de créer des liens, de proposer ces spectacles à un nouveau public.

Par exemple l’hommage à Zawinul n’est pas corrélé avec le fait que 2017 constitue une date anniversaire de sa mort (2007). En fait, à l’origine on envisageait de proposer une éventuelle « Carte Blanche » à Vincent Peirani. L’accordéoniste évoque alors ses après-midis d’adolescence où il relevait les chorus de Joe Zawinul. On ignorait tout à fait que l’accordéoniste Peirani avait pu être influencé par Zawinul. En outre son binôme musical Émile Parisien avait déjà rendu un hommage à Zawinul en juillet 2010 au Parc Floral avec Paco Sery. Du coup ils ont conçu un projet qui sera présenté le le 04 juillet dans le cadre de la Soirée French Touch. Il faut s’attendre à quelque chose d’assez génial puisqu’il y aura aussi à leurs côtés des musiciens qui ont joué avec Joe Zawinul en l’occurrence, Lindley Marthe (basse) Paco Serry (batterie), et aussi Aziz Sahmaoui (percussions).

NV : en quelque sorte il existe un passage de témoin entre les « créateurs disparus » et la nouvelle génération ?

BT : Oui et cela devrait permettre au public de continuer à évoluer en même temps que le jazz comme cela s’est déjà fait depuis les années 20 au fur et à mesure de l’évolution des styles, du swing au be-bop, puis au hard bop, au free jazz ou à la fusion etc… Certes certains publics sont restés fidèles à une chapelle ou à une autre mais l’essentiel pour le festival est d’essayer de faire plaisir à tous ces fans de jazz, d’aller vers d’autres publics et aussi de faire du lien entre les publics et les musiques.

Pour y parvenir, il convient de présenter des projets cohérents, de tenter quand cela est possible de faire du lien entre la première scène et la tête d’affiche, même si cela n’est pas toujours très simple sur 15 jours de festival. Il est vrai que cela est complqué car l’organisation des tournées ne permet pas toujours de travailler les thèmes de manière suivie. Les artistes pressentis en septembre ne sont plus toujours disponibles en février…

NV : au-delà de la programmation qu’est-ce qui différencie  le festival Jazz à Vienne de tous les autres festivals de jazz français ?

BT :après réflexion et avec le sourire… C’est le lieu magique que constitue le Théâtre Antique de Vienne. D’abord il possède une acoustique exceptionnelle et aussi il induit une proximité rare entre les artistes et le public. Ce « mur d’humanité » impressionne les artistes autant de jour que de nuit. De plus, les musiciens voient la Vierge Noire de Pipet qui surplombe le Théâtre. Particulièrement lorsqu’elle est éclairée durant la nuit certains artistes ressentent une sorte de connexion mystique.

Il y a aussi un autre élément propre à Jazz à Vienne. Le public ne vient pas pour être vu, pour se montrer, il vient pour l’échange, pour vivre la musique en direct. De nombreux festivaliers se retrouvent d’année en année, ils se sont approprié le lieu et se placent presque toujours au même endroit. Pour eux, Jazz à Vienne est un rendez-vous annuel vis à vis duquel ils manifestent une sorte d’attachement populaire. Ce festival appartient  finalement à tout le monde et surtout aux musiciens. Il est vrai que créé par des passionnés, le festival Jazz à Vienne a toujours eu le souci de mettre en avant la musique et les musiciens qui sont les stars du festival.

NV : en 2017 au-delà de ces points déjà évoqués, sur quoi souhaitez-vous attirer l’attention des festivaliers ?

 BT : 37 années de festival n’empêchent pas de s’interroger et d’envisager des remises en question pour avancer. Après avoir dématérialisé la billetterie, on fait le choix de passer au paiement sans espèces via l’utilisation d’une carte ou d’un pass. On parle de paiement cashless. Plus besoin de fouiller dans les poches ou les sacs à la recherche de billets, de pièces, des files d’attente moins longues, un système rapide et sécurisé sans blocage à la caisse où il n’y aurait plus de monnaie. Les festivaliers peuvent charger sur la carte ou le pass le montant de leur choix, de chez eux ou sur place et peuvent alors payer de manière rapide et sécurisée…

NV : … et ainsi on peut être encore plus disponible pour profiter de la musique et la partager avec ses voisins en toute convivialité !

Propos recueillis le 18 avril 2017 auprès de Benjamin Tanguy, coordinateur artistique de Jazz à Vienne
Stéphane Galland & (the mystery of) Kem

Stéphane Galland & (the mystery of) Kem

Stéphane Galland & (the mystery of) Kem est un album conceptuel construit autour de rythmiques complexes. En effet, l’opus est issu de la recherche continue que ce virtuose incontesté de la batterie jazz mène depuis fort longtemps dans la galaxie des rythmes. Avec un groupe de jeunes musiciens bruxellois et le flûtiste Ravi Kultur, le batteur a inventé un nouveau territoire aux libertés rythmiques prodigieuses et innovantes.

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Crossover#4… Bartók Impressions – Szandai, Lévy, Lukacs

Crossover#4… Bartók Impressions – Szandai, Lévy, Lukacs

Mathias Lévy, Matyas Szandai et Miklos Lukacs signent « Bartók Impressions ». Un album situé entre classique et jazz, entre musique écrite et improvisation, entre musique savante et populaire. Forte d’innovation créatrice et avec une instrumentation inédite, violon, cymbalum et contrebasse, la proposition du trio reste proche de l’inspiration originale.

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Auditorium de Lyon – Archie Shepp

Auditorium de Lyon – Archie Shepp

Le vendredi 12 octobre 2018 à 20h, l’Auditorium de Lyon accueille le saxophoniste Archie Shepp. Il est entouré de deux musiciens américains Darryl Hall et Steve McCraven et deux artistes français, Carl-Henri Morisset et Marion Rampal. Une affiche alléchante qui laisse espérer une belle soirée !

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Tony Allen annonce la sortie d’un EP en hommage à Art Blakey

Tony Allen annonce la sortie d’un EP en hommage à Art Blakey

De Art Blakey à Tony Allen via Blue Note

Le batteur Tony Allen annonce la sortie chez Blue Note d’un EP de quatre titres avant la parution prochaine de son premier album sur le label mythique annoncé pour septembre 2017. « A Tribute to Art Blakey And The Jazz Messengers » rend hommage au batteur de jazz américain Art Blakey, influence majeure de Tony Allen.

En attendant la sortie de son album attendu pour l’automne, Tony Allen annonce la parution d’un EP de quatre titres produit par Vincent Taurelle, « A Tribute to Art Blakey And The Jazz Messengers » (Blue Note/Universal) disponible dès le 19 mai 2017.

Moanin, A Night In Tunisia, Politely et Drum Thunder Suite. Quatre standards des « Jazz Messengers » rejoués à travers le prisme de l’afrobeat.

Le style de Tony Allen tient autant des influences nigérianes et africaines que de celles des boppers rythmiciens que furent Kenny Clarke, Max Roach et Art Blakey. Surnommé « Bihaina » en Afrique où il a longtemps séjourné, le batteur Art Blakey (1919-1990) est cité comme le plus africain des batteurs américains de jazz. Il est aussi identifié comme l’un des pères du be-bop à la batterie, au même titre que Kenny Clarke et Max Roach.

Quand Tony Allen a entendu Art Blakey la première fois à Lagos dans les années 1960, il s’est imaginé écouter plusieurs percussionnistes jouant ensemble. Lorsqu’il réalise qu’un seul homme produit cela sur un seul et même instrument, il conçoit d’aborder son instrument de la même manière, comme un orchestre. Il déclare d’ailleurs : « je m’engage dans la batterie comme dans un orchestre, j’essaye de rendre mon jeu orchestral ».

Tony Allen pratique « l’articulation/désarticulation des éléments de la batterie, insiste sur la charley et la cymbale ride permettant de lâcher les coups sur les autres tambours ».

D’origines nigériane et ghanéenne, le batteur Tony Allen est né à Lagos le 12 août 1940. Il débute son instrument à dix-huit ans tout en travaillant comme technicien radio. En 1964, Tony Allen commence à jouer avec Fela Anikulapo Kuti. Du jazz, ils vont évoluer vers leur propre style, l’afrobeat, invention parachevée lors de leur tournée américaine de 1969, aux côtés de musiciens afro-américains, à cette époque houleuse de l’après-assassinat de Martin Luther King.

Tony Allen fut le batteur de Fela Kuti mais aussi son directeur artistique. D’ailleurs Fela lui-même a affirmé: « Sans Tony Allen il n’y aurait pas d’afrobeat ». Avec Fela Kuti & Africa 70, Tony Allen participe aux enregistrements majeurs du groupe tels que « Jealousy Progress » (1978), « No Accomodation for Lagos » (1978) ou « No Discrimination » (1978). 36 albums à leur crédit.

En 1979 Tony Allen rompt avec le chanteur et rejoint l’Europe pour tracer sa propre voie. Il travaille avec de nombreux musiciens notamment avec Ray Lema et Roy Ayers, le « Never Expect Power Always » et surtout Manu Dibango sur l’album « Wakafrika »  en 1994. Avec son propre album « Black Voices » Tony Allen réalise en 2000 la fusion entre afrobeat, rock, funk et hip-hop. En 2003  il sort l’album « Home Cooking », alliant pureté du style et des mélopées traditionnelles avec dub, funk et sonorités électroniques puis « Unsung Heroes » et « Soul II Soul ».

Après un « Tony Allen Live » en 2004, le batteur retourne à ses racines en enregistrant, dans son pays natal, le disque « Lagos No Shaking » en 2006. En 2007, Tony Allen et son nouveau groupe dénommé ‘The Good, The Bad and The Queen’ rend hommage au chanteur Bono, activiste investi dans des missions humanitaires africaines, sur l’album « In The Name of Love : Africa Celebrates U2 » (2008).

Depuis plusieurs années Tony Allen tente de nombreuses expériences (techno, électro). En 2012, le maître de l’afrobeat participe à « Rocket Juice & the Moon », avec le bassiste Flea (du groupe ‘Red Hot Chili Peppers’) et Erykah Badu. Damon Albarn, l’ex-chanteur de Blur est également présent sur le titre Go Back, extrait du dixième album solo de Tony Allen, « Film of Life », paru en octobre 2014 et produit par le groupe français les « Jazzbastards » (Ludovic Bruni, Vincent Taeger et Vincent Taurelle) chez Jazz Village.

On peut dire aujourd’hui que le batteur connaît une seconde jeunesse à Paris et en France. On se souvient avoir écouté un concert donné par Tony Allen en « Hommage à Art Blakey » le 11 mars 2016 dans le cadre du festival A Vaulx Jazz.

En 2017, en enregistrant le répertoire d’Art Blakey, Tony Allen, le batteur inventeur de l’Afrobeat se fait plaisir et rend  hommage à l’une de ses sources d’inspiration, Art Blakey, le batteur inventeur du hard bop. On se rappelle qu’Art Blakey enregistrait en son temps sur le label historique Blue Note. Ainsi avec « A Tribute to Art Blakey And The Jazz Messengers », le nouveau projet de Tony Allen gravé sur Blue Note, la boucle est bouclée. Blue Note relie donc ces deux batteurs essentiels.

On découvre le premier single de l’EP « A Tribute to Art Blakey And The Jazz Messengers » qui permet d’écouter la version que Tony Allen donne de Moanin’, la composition du pianiste Bobby Timmons.

Rendez-vous prochainement pour retrouver Tony Allen et la sortie de l’album complet « A Tribute to Art Blakey And The Jazz Messengers » attendu pour la rentrée d’automne chez Blue Note.
Stéphane Galland & (the mystery of) Kem

Stéphane Galland & (the mystery of) Kem

Stéphane Galland & (the mystery of) Kem est un album conceptuel construit autour de rythmiques complexes. En effet, l’opus est issu de la recherche continue que ce virtuose incontesté de la batterie jazz mène depuis fort longtemps dans la galaxie des rythmes. Avec un groupe de jeunes musiciens bruxellois et le flûtiste Ravi Kultur, le batteur a inventé un nouveau territoire aux libertés rythmiques prodigieuses et innovantes.

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