Enrico Pieranunzi rend hommage à Fellini

Enrico Pieranunzi rend hommage à Fellini

Un concert éblouissant

Le 02 décembre 2017 Enrico Pieranunzi rend hommage en trio à Federico Fellini et aux thèmes de Nino Rota. Sur scène le jazz déploie toutes ses nuances sur des arrangements somptueux. En réponse, le public vibre de plaisir sur les gradins du Grand Auditorium du Musée des Confluences.

Le 02 décembre 2017, dans le cadre de sa résidence au Musée des Confluences de Lyon, Enrico Pieranunzi rend hommage au cinéma de Federico Fellini et à la musique de Nino Rota.

Couverture de l'album du pianiste Enrico Pieranunzi publié en 2003 chez Cam JazzLe pianiste Enrico Pieranunzi présente l'album "Fellini Jazz"Le maestro reprend le répertoire de l’album « Fellini Jazz » publié en 2003 chez Cam Jazz sur lequel il s’exprime en quintet avec Kenny Wheeler (trompette), Chris Potter (saxophone), Charlie Haden (contrebasse) et Paul Motian (batterie).

Pour son « trio français » composé de Diego Imbert à la contrebasse et André Ceccarelli à la batterie, le pianiste Enrico Pieranunzi a écrit de nouveaux arrangements.

Debout au micro ou assis au piano, Enrico Pieranunzi pilote la soirée avec aisance et simplicité. Très pédagogue il s’adresse au public pour présenter les thèmes, évoquer les films et leur contexte. Il sollicite l’aide d’André Ceccarelli et des spectateurs italiens présents dans la salle afin d’ajuster sa traduction. Il n’hésite pas à recommander l’écoute du disque « Fellini Jazz » qu’il dédicacera d’ailleurs après le concert à un public conquis.

De bout en bout de la soirée, les arrangements somptueux écrits par le pianiste valorisent les splendides mélodies de Nino Rota. Avec une absolue maîtrise, la main gauche rythmicienne et la droite mélodiste se disputent la préséance pour harmoniser les thèmes sur les 88 touches du clavier. Enrico Pieranunzi maîtrise autant le rythme que l’harmonie et son piano chante avec lyrisme ou murmure avec émotion. Il déroule les délicieuses mélodies de Nino Rota en parfaite entente avec la section rythmique qui prend visiblement grand plaisir à l’exercice.

Après avoir ouvert avec I Vitelloni, le trio continue avec Il Bidone arrangé en bop. Le toucher délié et délicat du pianiste fait varier les rythmes et André Ceccarelli excelle à suivre les cadences impulsées par Enrico Pieranunzi. Le leader transforme les notes de la splendide Strada en des perles irisées. Le soutien harmonique sans faille du contrebassiste permet au pianiste de se détacher du thème, de laisser libre cours à son inventivité et de prendre son envol avec lyrisme.

C’est ensuite un piano concertant qui expose Le Notti Di Cabiria, cette mélodie dont Enrico Pieranunzi prétend qu’elle « capture tout l’esprit de Rome ». Le jeu délicat d’André Ceccarelli, maître ès balais, accompagne le chorus de contrebasse de Diego Imbert dont la justesse éblouit.

C’est avec décontraction et souplesse que le pianiste entame ensuite Amarcord soutenu par la souple pulsation du batteur au tempo infaillible. La précision du solo de contrebasse tient les spectateurs en haleine. Le temps est étiré, comme suspendu. Le morceau se termine dans des ondes de délicatesse accompagné par le murmure de l’archet de Diego Imbert.

Enrico Pieranunzi feint de se débattre avec ses partitions avant de jouer les arrangements pour trio de tous les thèmes du film « La Dolce Vita » qu’il considère comme « le chef d’œuvre » de Fellini. Le pianiste débute seul écouté avec grande attention par ses compagnons souriants. Le morceau continue ensuite sur un tempo très syncopé. Facétieux, les musiciens s’amusent et le découpage rythmique évoque les brisures d’un montage cinématographique rythmé.

La parfaite réactivité du trio permet au pianiste de faire monter la tension à la manière d’Erroll Garner puis de la laisser retomber jusqu’à devenir une douce caresse comme celle des regards de Marcello Mastroianni. Enrico Pieranunzi, Diego Imbert et André Ceccarelli le 02 décembre 2017 au Musée des Confluences de LyonLes musiciens se jouent du tempo qu’ils doublent. La tension revient à son comble. Pour finir, le trio sort « le grand jeu » et le morceau se termine en une valse étourdissante et coquine.

Ovationné par un public totalement conquis par le splendide concert, le trio interprète en rappel une composition du pianiste, Fellini’s Waltz. Pour cet ultime moment, Enrico Pieranunzi convoque la poésie sur scène.

Entouré de Diego Imbert et André Ceccarelli, le pianiste Enrico Pieranunzi a fait entrer en résonance Jazz et Cinéma. En parfaite connivence, le trio a transformé l’Auditorium du Musée des Confluences en un Club de Jazz où ont régné en alternance les deux composantes du swing, tension et détente. Durant toute la soirée des ondes de bonheur ont circulé entre la scène et la salle. L’écoute attentive du public et son enthousiasme vis à vis de la musique ont fait écho au plaisir de jouer du trio et au concert en tout point superbe. La musique a imposé sa magie et à travers elle le public a pu capter la vision du monde de Fellini.

« Slow » par Yoann Loustalot et Julien Touery 4tet

« Slow » par Yoann Loustalot et Julien Touery 4tet

Le quartet mené par le trompettiste Yoann Loustalot et le pianiste Julien Touery propose un album dont le titre annonce le propos, « Slow ». Loin de toute performance, le propos musical immerge dans des paysages sonores envoûtants. Impression de flottement, sensation de répit… le temps se dilate, il ralentit et advient le calme. Une ode à la lenteur pour lutter contre la rapidité.

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Clin d’œil à l’album « Orbit »

Clin d’œil à l’album « Orbit »

Annoncé pour le 26 avril 2019, l’album « Orbit » résulte de la réunion de trois artistes parmi les plus créatifs de la scène jazz actuelle. Entre France et États-Unis, le trio Oliva-Rainey-Boisseau explore l’art d’une formation emblématique du jazz, le trio piano-contrebasse-batterie. Les univers des artistes se fondent en une planète dont la mise en orbite constitue une réussite absolue.

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Coup de cœur pour… « Avec Le Temps » de Giovanni Guidi

Coup de cœur pour… « Avec Le Temps » de Giovanni Guidi

« Avec Le Temps »… la chanson de Léo Ferré inspire le pianiste italien Giovanni Guidi qui intitule ainsi son troisième opus en leader chez ECM. L’album ouvre d’ailleurs avec le titre dont il propose une version sensible et poétique interprétée en trio avec le contrebassiste Thomas Morgan et le batteur João Lobo. En trio ou en quintet, Giovanni Guidi captive par ses mélodies épurées, ses explorations sonores et ses propos enflammés.

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Ensemble Minisym annonce la sortie de « New Sound »

Ensemble Minisym annonce la sortie de « New Sound »

Un pont entre Moondog et le XXIème siècle

Ensemble Minisym annonce la sortie de l’album « New Sound » pour le 08 décembre 2017. Ce projet original, porté par Amaury Cornut, revisite la musique de Moondog. Cet évènement projette au XXIème siècle l’œuvre de Louis Thomas Hardin alias Moondog.

Couverture de l'album "NewSound" par l'Ensemble MinisymAprès quatre années de travail et un an d’attente, l’album « New Sound » (Les Disques Bongo Joe/L’Autre Distribution) parait le 08 décembre 2017 après une campagne de financement participatif réussie qui couvre les frais de studio, de mixage, de mastering et la conception graphique des visuels de pochette.

Sur les quatorze plages de « New Sound », l’Ensemble Minisym revisite la musique du compositeur américain Louis Thomas Hardin aka Moondog (1916-1999) qui a aussi été surnommé le « Viking de la 6ème avenue », surnom qui date de l’époque où le compositeur vivait dans les rues de New-York. .

Ensemble instrumental pour cordes et percussions l’Ensemble Minisym réunit Charles-Henry Beneteau à la theorbe et aux guitares, Hélène Checco au violon, Amaury Cornut sur dragon’s teeth, harmonium et grosse caisse, Alexis Degrenier à la vielle à roue et aux percussions, Benjamin Jarry au violoncelle et Gwenola Morin à l’alto.

A l’aide de cet instrumentarium singulier qui réunit violon, violoncelle, guitare/théorbe, organetto médiéval, harmonium indien, vielle à roue et percussions, les six musiciens de l’Ensemble Minisym profilent leur vision de la musique de Moondog. Le programme « New Sound » de l’Ensemble Minisym suit le fil de l’album « New sound of an old instrument » de 1979 où Moondog interprète à l’orgue des pièces composées à l’époque où il vivait dans les rues de New-York mais aussi d’autres morceaux écrits lors de son séjour en Europe.

Cet Ensemble Minisym a vu le jour au printemps 2013 à Nantes à l’initiative d’Amaury Cornut, spécialiste français de Moondog, L’ensemble joue les partitions écrites par Moondog et choisit de porter le nom d’un des premiers quatuors à cordes de Louis Thomas Hardin, intitulé Miniature Symphony, MiniSym.

On a déjà évoqué le compositeur Moondog, Amaury Cornut et l’Ensemble Minisym à l’occasion de la soirée du 11 juin 2016 des Nuits de Fourvière. Ce soir-là, la création « Moondog » proposée en hommage au compositeur fut pour le public lyonnais l’occasion de vivre une soirée Moondog singulière et fort réussie. Sur ces deux chroniques on peut retrouver des éléments concernant Moondog, Amaury Cornut, l’Ensemble Minisym et le concert mais pour en savoir plus sur Louis Thomas Hardin la consultation du site français, Moondog le Viking de la 5ème avenue, tenu par Amaury Cornut est incontournable, il constitue une mine absolue sur le compositeur et sa musique tout autant que la lecture de « Moondog », ouvrage écrit par le jeune exégète et publié aux éditions le Mot et le Reste. Cette biographie augmentée d’une discographie de Moondog est absolument passionnante.

« New Sound » propose quatorze pièces de Moondog. Huit d’entre elles sont présentes sur l’album « A New Sound of An Instrument » enregistré en 1979.

Oasis et Single Foot, composés à New-York ouvrent « New-Sound », tout comme ils le faisaient sur l’album de Moondog. On retrouve aussi les pièces Bug On A Floating Leaf, Sand Lily, Frost Flower ainsi que Barn Dance, Log In B et Elf Dance caractéristique du talent de mélodiste de Moondog, trois thèmes composés par Moondog en Europe. L’Ensemble Minisym interprète trois pièces inédites jusqu’à cet album. En effet, Logrundr in A, Groun in D minor et Marche funèbre (Vercingétorix) n’ont jamais été jouées ni même enregistrées par Moondog.

Sur « New Sound » la musique de Moondog interprétée par l’Ensemble Minisym projette dans le XXIème siècle l’écriture contrapunctique de Moondog, ses mélodies reprises en canon, la polyrythmie complexe de ses pièces et la modernité visionnaire de sa conception musicale. Ni vraiment savante ni vraiment populaire, « New Sound » procure la sérénité, incite à la bienveillance et ouvre sur un univers minimaliste où préexistent simplicité et modernité.

« Slow » par Yoann Loustalot et Julien Touery 4tet

« Slow » par Yoann Loustalot et Julien Touery 4tet

Le quartet mené par le trompettiste Yoann Loustalot et le pianiste Julien Touery propose un album dont le titre annonce le propos, « Slow ». Loin de toute performance, le propos musical immerge dans des paysages sonores envoûtants. Impression de flottement, sensation de répit… le temps se dilate, il ralentit et advient le calme. Une ode à la lenteur pour lutter contre la rapidité.

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Clin d’œil à l’album « Orbit »

Clin d’œil à l’album « Orbit »

Annoncé pour le 26 avril 2019, l’album « Orbit » résulte de la réunion de trois artistes parmi les plus créatifs de la scène jazz actuelle. Entre France et États-Unis, le trio Oliva-Rainey-Boisseau explore l’art d’une formation emblématique du jazz, le trio piano-contrebasse-batterie. Les univers des artistes se fondent en une planète dont la mise en orbite constitue une réussite absolue.

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Coup de cœur pour… « Avec Le Temps » de Giovanni Guidi

Coup de cœur pour… « Avec Le Temps » de Giovanni Guidi

« Avec Le Temps »… la chanson de Léo Ferré inspire le pianiste italien Giovanni Guidi qui intitule ainsi son troisième opus en leader chez ECM. L’album ouvre d’ailleurs avec le titre dont il propose une version sensible et poétique interprétée en trio avec le contrebassiste Thomas Morgan et le batteur João Lobo. En trio ou en quintet, Giovanni Guidi captive par ses mélodies épurées, ses explorations sonores et ses propos enflammés.

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Clin d’œil à Fred Pallem & « Cartoons »

Clin d’œil à Fred Pallem & « Cartoons »

Un Sacre du Tympan drôlement animé

Sur l’album « Cartoons », Fred Pallem & le Sacre du Tympan s’attaquent aux génériques des dessins animés auxquels ils consacrent leur dernier projet. La musique joyeuse et peaufinée donne un coup de jeune aux thèmes et ravit les oreilles. Un remède contre la morosité !

Après les BO des films blaxploitation des seventies Fred Pallem & Le Sacre du Tympan s’amusent comme des petits fous avec les génériques des dessins animés et des films d’animation sur l’album Couverture de l'album "Cartoons" de Fred Pallem & Le Sacre du Printemps« Cartoons » (Train Fantôme / L’Autre Distribution) sorti le 10 novembre 2017.

Comme à leur habitude, si les musiciens ne se prennent pas au sérieux ils n’en travaillent pas moins avec très grand sérieux. Avec finesse et humour, ils détournent les caractères des personnages pour les inscrire au cœur des musiques qui restituent vraiment l’ambiance des dessins animés d’origine.

Sur « Cartoons » le Sacre du Tympan réunit un tentet avec Jeremie Piazza (batterie), Fred Pallem (basse/guitare), Fred Escoffier (synthés), Guillaume Lantonnet (percussions), Sylvain Bardiau (trompette), Izidor Leitinger (trompette), Fred Gastard (saxophones), Mathias Mahler (trombone), Lionel Segui (tuba/trombone) et Joce Mienniel (flûtes/saxophone). Les prouesses des musiciens du big band donnent envie de revoir les dessins animés de ces héros qu’on avait presqu’oubliés.

Pêchu en diable, « Cartoons » stimule et insuffle de la vigueur, donne envie de sautiller, de faire des farces, de rigoler en mangeant des bonbons devant la télé. On retrouve une âme d’enfant et on se prend à siffler les airs lorsque l’album a cessé de tourner. On file même chercher la Game Boy rangée au fond d’un tiroir.

Avec maestria Fred Pallem & Le Sacre du Tympan parviennent à transformer les thèmes les plus ringards en des musiques rayonnantes d’énergie. A vrai dire on n’était pas fan de l’Inspecteur Gadget ni de Bob l’éponge mais la version proposée du thème d’Inspecteur Gadget et Spongebob Squarepants valent le détour.

L’album ouvre avec La Danse Macabre, musique d’une des « Silly Symphonies », un de ces courts métrages d’animation en noir et blanc de Walt Disney sortis en 1929. On entend défiler au pas cadencé des squelettes qui embouchent des trompettes bouchées. Ils n’en finissent pas de mener la danse finalement pas si macabre que ça.

« Cartoons » fait un second clin d’oeil au monde de Walt Dysney.  Un tendre échange entre une flûte et un saxophone baryton anime Je voudrais être un bonhomme de neige du dessin animé « La Reine des Neiges ».

Les morceaux se suivent en cascade. On perçoit le jaune des notes qui sortent du saxophone baryton qu’embouche Homer sur The Simpsons. Scooby Doo surmonte sa peur et bidouille les synthés pour affronter la section de cuivres et la batterie volubile alors qu’Inspecteur Gadget joue avec des synthés pétomanes.

On avait des souvenirs plus toniques de Dragon Ball Z que console un trombone nostalgique alors que Bob l’éponge dirige une fanfare plutôt humide sur Spongebob Squarepants. La musique du célèbre jeu vidéo Super Mario Bros va rallier les suffrages de tous les trentenaires qui ont grandi avec ce jeu. L’album se termine avec un Goldorak digne des meilleures SF.

De tout le répertoire on a une préférence pour le thème de Spiderman qui est propulsé de building en building par la guitare et la section de cuivres.

« Cartoons », un joyeux divertissement à partager largement mais attention… les enfants risquent de se réapproprier l’album sans même demander la permission. Merci à Fred Pallem et au Sacre du Tympan pour les dix titres de « Cartoons » qui offrent une cure de rajeunissement et d’allégresse.

« Slow » par Yoann Loustalot et Julien Touery 4tet

« Slow » par Yoann Loustalot et Julien Touery 4tet

Le quartet mené par le trompettiste Yoann Loustalot et le pianiste Julien Touery propose un album dont le titre annonce le propos, « Slow ». Loin de toute performance, le propos musical immerge dans des paysages sonores envoûtants. Impression de flottement, sensation de répit… le temps se dilate, il ralentit et advient le calme. Une ode à la lenteur pour lutter contre la rapidité.

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Clin d’œil à l’album « Orbit »

Clin d’œil à l’album « Orbit »

Annoncé pour le 26 avril 2019, l’album « Orbit » résulte de la réunion de trois artistes parmi les plus créatifs de la scène jazz actuelle. Entre France et États-Unis, le trio Oliva-Rainey-Boisseau explore l’art d’une formation emblématique du jazz, le trio piano-contrebasse-batterie. Les univers des artistes se fondent en une planète dont la mise en orbite constitue une réussite absolue.

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Coup de cœur pour… « Avec Le Temps » de Giovanni Guidi

Coup de cœur pour… « Avec Le Temps » de Giovanni Guidi

« Avec Le Temps »… la chanson de Léo Ferré inspire le pianiste italien Giovanni Guidi qui intitule ainsi son troisième opus en leader chez ECM. L’album ouvre d’ailleurs avec le titre dont il propose une version sensible et poétique interprétée en trio avec le contrebassiste Thomas Morgan et le batteur João Lobo. En trio ou en quintet, Giovanni Guidi captive par ses mélodies épurées, ses explorations sonores et ses propos enflammés.

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« Our Point of View » par le Blue Note All Stars

« Our Point of View » par le Blue Note All Stars

Pure prouesse, six leaders élaborent un discours collectif

Enregistré par Blue Note All Stars, un groupe de six leaders du jazz actuel, propose « Our Point of View » avec onze titres d’un vigoureux jazz contemporain. Le discours collectif ne manque ni de mordant ni de souplesse.

BLUE NOTE ALL STARS avec Ambrose Akinmusire, Robert Glasper, Marcus Strickland, Lionel Loueke, Kendrick Scott, Derrick Hodge © Universal

Couverture de l'album Our Point of View" du Blue Note All StarsConstitué en 2014, le Blue Note All-Stars été créé pour célébrer le 75ème anniversaire du légendaire label Blue Note Records où tant de musiciens devenus ensuite des icônes du jazz ont enregistré un de leurs premiers albums comme le firent Thelonious Monk, Herbie Hancock, Wayne Shorter, Freddie Hubbard et Joe Henderson.

Déjà engagés chez Blue Note où leurs propositions musicales enrichissent le catalogue du label, six prodiges de l’avant-garde du jazz américain font entendre leur conception de l’esprit Blue Note version XXIème siècle sur « Our Point of View » (Blue Note/Universal) sorti le 06 octobre 2017.

Blue Note All Stars réunit Robert Glasper aux claviers et à la réalisation, Ambrose Akinmusire  à la trompette, Lionel Loueke à la guitare, Derrick Hodge aux  basse et contrebasse, Kendrick Scott à la batterie et Marcus Strickland au saxophone ténor.

Chacun oublie son ego. Les six visionnaires fédèrent leur créativité et leur expression. Le collectif fonctionne de la meilleure manière et il en résulte une musique enthousiasmante tout à fait représentative de l’esprit Blue Note.

Sur « Our Point of View » les six musiciens du Blue Note All Stars explorent collectivement le nouvel horizon du jazz et donnent à écouter une musique qui renouvelle les codes tout en demeurant respectueuse de la tradition. Le discours musical s’inscrit dans la continuation mais se profilent dans une perspective de modernité innovante.

Robert Glasper exprime ainsi le contexte dans lequel ces six musiciens travaillent ensemble : « Nous aimons tous l’histoire de la musique. Nous sommes tous amoureux de l’histoire du jazz, mais aucun de nous n’est tiré en arrière par l’histoire du jazz. Nous fabriquons notre propre histoire ici et maintenant.”  Il rajoute aussi que Blue Note All Stars “(C’)est un groupe d’esprits ouverts, des musiciens talentueux qui sont ensemble pour l’amour de la musique. Ils ne peuvent apporter que de bonnes choses”.

On se rallie à ces propos face au très réussi « Our Point of View ». Onze titres. Quatre vingt-dix minutes de musique. Des pièces originales signées par chacun des membres de l’orchestre et deux reprises de compositions de Wayne Shorter.

Une version de dix-huit minutes de Witch Hunt que Wayne Shorter avait gravé sur « Speak Evil » paru en 1965 chez Blue Note. Surprenant mais convainquant. La référence aux grandes années du label Blue Note est poussée plus loin puisque Wayne Shorter et son soprano se joignent aux six musiciens du Blue Note All Stars pour une version d’une autre de ses compositions, le thème Masqueleros. Le pianiste Herbie Hancock vient le retrouver. Deux compagnon musicaux devenus légendes de leur vivant.

La composition du batteur Kendrick Scott, Cycling Through Reality, insuffle un bel élan à l’album. Meanings, écrit par Marcus Strickland est l’occasion pour le saxophoniste de s’exprimer avec un lyrisme irrésistible. Sur sa propre composition, Henya, le trompettiste Ambrose Akinmusire installe un climat mystérieux avec la complicité de Derrick Hodge.

On succombe aux effets de guitare funky et à la rythmique afro-pop du très prenant Freedom Dance que signe Lionel Loueke. On ne résiste pas non plus à Message of Hope écrit par Derrick Hodge où le guitariste phrase avec flamme. L’écriture du bassiste donne vie à Second Light, un des thèmes les plus captivants de l’album.

Enregistré aux studios Capitol à Hollywood, « Our Point of View » est dédié à la mémoire du regretté président de Blue Note, Bruce Lundvall, qui a sorti le label Blue Note de son sommeil en 1984 et qui a signé Lionel Loueke, Robert Glasper et Ambrose Akinmusire. L’album ouvre d’ailleurs avec Bruce’s Vibe que Robert Glasper a composé et où l’on peut en entendre un extrait de discours de Lundvall. Le disque se referme avec Bruce, The Last Dinosaur, conçu par Ambrose Akinmusire comme un très court requiem.

Après Alfred Lion, le fondateur de Blue Note et Bruce Lundvall le continuateur on est en droit d’attendre que Don Was, qui a pris le contrôle de Blue Note en 2011, soit dans le même état d’esprit que ses prédécesseurs et conserve la singularité de ce label historique.

« Our Point of View », la musique collective de Blue Note All Stars. Six leaders unis pour pratiquer un jazz contemporain qui perpétue et renouvelle à la fois la tradition du jazz et celle du label Blue Note.

« Slow » par Yoann Loustalot et Julien Touery 4tet

« Slow » par Yoann Loustalot et Julien Touery 4tet

Le quartet mené par le trompettiste Yoann Loustalot et le pianiste Julien Touery propose un album dont le titre annonce le propos, « Slow ». Loin de toute performance, le propos musical immerge dans des paysages sonores envoûtants. Impression de flottement, sensation de répit… le temps se dilate, il ralentit et advient le calme. Une ode à la lenteur pour lutter contre la rapidité.

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Clin d’œil à l’album « Orbit »

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Coup de cœur pour… « Avec Le Temps » de Giovanni Guidi

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« Avec Le Temps »… la chanson de Léo Ferré inspire le pianiste italien Giovanni Guidi qui intitule ainsi son troisième opus en leader chez ECM. L’album ouvre d’ailleurs avec le titre dont il propose une version sensible et poétique interprétée en trio avec le contrebassiste Thomas Morgan et le batteur João Lobo. En trio ou en quintet, Giovanni Guidi captive par ses mélodies épurées, ses explorations sonores et ses propos enflammés.

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Clin d’œil à Alex Stuart & « Aftermath »

Clin d’œil à Alex Stuart & « Aftermath »

La musique et le monde en harmonie

Le guitariste australien Alex Stuart présente « Aftermath », son quatrième opus. En quintet, le leader propose un voyage musical contrasté en onze étapes. Ce carnet de route comble l’auditeur par la variété de ses textures.

Couverture de l'album "Aftermath" du guitariste Alex SytuartAprès « Waves » en 2005, « Around » en 2010 et « Place to be » en 2014, le 24 novembre 2017, le guitariste australien Alex Stuart sort « Aftermath » (Jazz Family/Socadisc), son quatrième album. Onze morceaux originaux composés et arrangés par le leader pour son quintet. Toutes les pièces sont inspirées de ses propres expériences de vie et de voyage, en Inde, en Asie et en Australie.

La splendide photo de couverture de l’album est à porter au crédit de Roger Stuart.

Entouré du trompettiste Arno de Casanove, du saxophoniste ténor Irving Acao, du bassiste Ouriel Ellert et du batteur et percussionniste Antoine Banville, le guitariste Alex Stuart voyage entre les deux mondes qui le passionnent. Sa vie de musicien à Paris et le style de vie auquel il aspire, en proximité avec la nature. C’est de son pays d’origine et de ses étendues sauvages, l’Australie que lui vient son amour de la nature.

« Aftermath », selon les plages, l’album résonne des énergiques vibrations des cités urbaines ou des échos d’espaces plus vastes qui résonnent de multiples traditions musicales unifiées. Réminiscences groovy venues d’Afrique, inflexions issues de l’Inde ou des Balkans, les musiques du monde s’invitent mais la pop n’est pas loin et le jazz flirte avec le rock.

Les onze compositions originales d’Alex Stuart se succèdent comme les étapes d’un voyage que pilote avec aisance le jeu fluide du guitariste. Le saxophone aux lignes puissantes et poignantes et les envols aériens et acérés de la trompette illuminent la texture dense que trame l’énergique section rythmique.

Home évoque des espaces à perte de vue. Les effluves latino-caribéens de Perfume River contrastent avec la tension de la rythmique et les lignes obsédantes que la guitare réitère au-dessus des chants inquiétants du saxophone et de la trompette sur Aftermath.

Après l’entêtant System Overload qui comme son nom l’indique n’est pas loin de faire disjoncter l’auditeur, advient Pluie Basque, le dernier titre de l’album, dont le climat indo-rafraîchissant laisse espérer la survenue d’un espoir salvateur qui effacera les séquelles de la démence du monde.

Alex Stuart a eu recours à un financement participatif pour une partie du projet (location du studio d’enregistrement, travail de l’ingénieur du son, mixage et mastering, coûts de communication). En cohérence avec ses idées, le guitariste a versé 10% des fonds récoltés à l’association OXFAM, (association loi 1901 reconnue d’intérêt général) engagée dans la lutte contre la pauvreté. Alex Stuart croit que la musique, ses mélodies, ses rythmes et ses harmonies peuvent contribuer à lutter contre les inégalités et alimenter l’espoir d’un « demain » plus radieux. Sa démarche va plus loin que les mots et vaut d’être saluée.

Sur « Aftermath » le guitariste communique son espoir de surmonter les séquelles qui affectent le monde actuel. Sa musique fait coexister les couleurs sombres d’aujourd’hui et celles plus lumineuses qu’offre la nature porteuse d’espérance. Une musique unificatrice.

 

Pour découvrir la musique de l’album « Aftermath » en live, rendez-vous le 23 janvier 2018 à Paris au New Morning à 20h30 avec Alex Stuart (guitare), Arno De Casanove (trompette), Irving Acao (saxophone ténor), Ouriel Ellert (basse) et Antoine Banville (batterie). La première partie de soirée est assurée par le pianiste Gregory Privat en solo.
« Slow » par Yoann Loustalot et Julien Touery 4tet

« Slow » par Yoann Loustalot et Julien Touery 4tet

Le quartet mené par le trompettiste Yoann Loustalot et le pianiste Julien Touery propose un album dont le titre annonce le propos, « Slow ». Loin de toute performance, le propos musical immerge dans des paysages sonores envoûtants. Impression de flottement, sensation de répit… le temps se dilate, il ralentit et advient le calme. Une ode à la lenteur pour lutter contre la rapidité.

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Clin d’œil à l’album « Orbit »

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Coup de cœur pour… « Avec Le Temps » de Giovanni Guidi

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