Label ECM-Focus8-Mai 2017 – Avishai Cohen

Label ECM-Focus8-Mai 2017 – Avishai Cohen

« Cross My Palm With Silver », méditation entre silence et gravité

« Label ECM-Focus8 » continue l’exploration du label ECM et de son identité singulière. Le 05 mai 2017 ECM propose « Cross My Palm With Silver » du trompettiste Avishai Cohen. Le quartet magnifie les nouvelles compositions.

« Label ECM-Focus8 » se penche sur « Cross My Palm With Silver », le deuxième opus du trompettiste Avishai Cohen paru le 05 mai 2017 chez ECM après « Into the Silence » paru sous le même label en 2016. Des cinq nouvelles compositions du trompettiste gravées sur cet opus se dégage un climat émotionnel poignant.

L’émotion ressentie à l’écoute de cet album tient autant au propos musical qu’au contexte qui a motivé l’écriture de l’album chez le trompettiste. Si l’album « Into the Silence » faisait suite à un deuil personnel du trompettiste (la perte de son père), cette fois Avishai Cohen se penche sur la situation politique et humaine qui affecte la scène internationale, les guerres qui touchent le Moyen-Orient mais aussi la violence qui affecte le monde.

Impuissant devant le climat politique qui règne au Moyen-Orient, Avishai Cohen, comme l’ont fait d’autres jazzmen avant lui (Mingus, Max Roach), utilise les titres de ses compositions pour pointer les injustices. Sans doute le titre de l’album qui signifie « graisser la patte », constitue-t-il une adresse vis à vis d’un destinataire que l’on n’identifie pas clairement. A travers « Cross My Palm With Silver », le compositeur exprime la volonté de participer à son humble mesure à apaiser le monde. De facto la musique parle pour le compositeur et l’on peut affirmer que les quatre interprètes portent haut sa parole.

De son album précédent, Avishai Cohen a conservé deux de ses partenaires, le batteur Nasheet Waits avec qui il travaille depuis plus de dix ans et le pianiste Yonathan Avishai, « son frère musical » avec qui il a joué la musique d’Ornette Coleman mais aussi les standards de Gershwin et d’Ellington. A la contrebasse, Eric Revis est remplacé par Barak Mori qu’il connaît depuis l’école secondaire et que l’on a récemment écouté aux côtés de Madeleine Peyroux (en 2016 sur « Secular Hymns »). Le trompettiste déclare que « l’association de tous ces musiciens constitue vraiment (s)a dream team ». Il est vrai qu’à l’écoute de l’album, on perçoit chez eux un sens naturel pour l’improvisation et une aptitude pour entrer en synergie avec le trompettiste.

« Cross My Palm With Silver ». La musique frappe par sa fluidité, par sa gravité et par le lyrisme du trompettiste. La dynamique musicale est faite de contrastes et les climats alternent. Moments méditatifs porteurs d’intense gravité où le silence prend sa part à l’expression et la densifie. Instants musicalement plus denses où s’élèvent les spirales ascensionnelles de la trompette. La connivence des interprètes est perceptible à travers la légèreté et la subtilité des échanges. La section rythmique prodigue au trompettiste un soutien dont la texture à la fois souple et fine favorise ses envolées lyriques ou ses réflexions méditatives.

En cinq titres tout est joué, tout est dit. L’album ouvre avec Will I Die, Miss? Will I Die? Le titre de la composition reprend la question posée par un jeune garçon syrien angoissé au personnel qui l’a secouru après une attaque au gaz toxique en Syrie. Sur des accords lancinants et réitératifs posés doucement par le piano, Avishai Cohen embouche la trompette bouchée pendant que le batteur caresse ses cymbales et que le son boisé de la contrebasse les soutient. Le tempo s’accélère, les échanges se densifient. De la trompette s’élève ensuite une improvisation magistrale où Avisahi Cohen se fait plus mélodique et plus lyrique encore.

D’une manière hésitante, le pianiste et le trompettiste ouvrent le Theme for Jimmy Greene. Sur cette ode apaisée, la trompette fait monter le niveau d’intensité dramatique pour terminer en un apaisement réflexif. Ce thème dédiée au saxophoniste Jimmy Greene fait écho au très bel album « Beautiful Life » que le saxophoniste a gravé en 2014 en hommage à sa fille Ana Grace tuée à 6 ans lors de la tuerie perpétrée en 2012 à l’école Sandy Hook.

340 down témoigne de la complicité extrême qui existe entre le trompettiste et le batteur. Des phrases de trompette obsédante soutenue par des frappes discrètes du batteur. Brève intervention du bassiste qui laisse se densifier le dialogue entre le trompettiste et le batteur qui croisent leurs phrases et dessinent un tissu musical à la trame d’une légèreté étonnante.

Shoot Me in The Leg commence par une litanie interrogative du pianiste vite rejoint par le reste du groupe. Les quatre musiciens déroulent un fil musical qui se densifie au fil des douze minutes de sa durée jusqu’à un superbe solo envoutant dont le classicisme surprend. Le silence s’inscrit dans le discours du trompettiste qui étire et pose ses notes comme un poète peaufine ses rimes.

50 Years and Counting  clôt l’album avec un thème plus libéré de la tension dramatique qui règne tout au long des quatre autres compoitions. La forme est plus classique et le pianiste plus présent. L’expression du trompettiste se fait quant à elle encore plus libre comme portée par un optimisme certain.

« Cross My Palm With Silver » a été enregistré en trois jours, du 14 au 16 septembre 2016, aux studios La Buissonne de Pernes les Fontaines par Gérard de Haro et Nicolas Baillard et produit par Manfred Eicher. Le son de l’album contribue pour beaucoup à la force de la musique. Chaque note de chaque instrument est mise en valeur. Les graves boisés de la contrebasse accentuent à bon escient le caractère dramatique, les notes du piano se détachent avec précision comme des perles égrenées, les aigus de la trompette se détachent du tissu musical et s’élèvent en spirales ascendantes d’une légèreté précieuse, le son des cymbales est rutilant. Avec quelquefois un soupçon d’écho, mais juste à bon escient.

Cet album s’inscrit tout à fait dans l’esthétique ECM si chère à Manfred Eicher. Encore une fois elle doit autant à la teneur des compositions qu’à l’interprétation des musiciens et au travail d’enregistrement et de mixage des ingénieurs du son.

Le trompettiste Avishai Cohen confirme sur « Cross My Palm With Silver » la force de son discours tressé à la fois d’une virtuosité tout en retenue et d’un lyrisme plein de grâce. Le son pur de la trompette ménage toujours de grands espaces au silence lors de ses improvisations. Son articulation demeure très précise avec ou sans sourdine. Capable de nuances le trompettiste continue à peaufiner son expression tout en conservant cette capacité extrême à maîtriser à la fois la puissance et la légèreté, à exprimer beaucoup en peu de notes.

La sortie de « Cross My Palm With Silver » est suivie d’une tournée européenne avec des concerts donnés en France. Pour écouter Avishai Cohen en quartet sur scène, rendez-vous le 13 mai à la Chapelle du Méjan, à Arles, le 18 mai à la Maison de la Culture d’Amiens, le 19 mai à Paris dans le cadre du festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés à la Maison des Océans ou encore le 20 mai à Tours au Petit Faucheux. Plus de dates et de précisions sur le site du trompettiste Avishai Cohen.

A très bientôt dans une future chronique « Label ECM-Focus9 » avec d’autres enregistrements du Label ECM.

Sandro Zerafa signe « Last Night When We Were Young »

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« Happy Hours » de Vincent Touchard & Stephen Binet

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Xavier Belin dévoile « PiTakPi »

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David Enhco présente « Horizons », son 3ème album en quartet

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La liberté atout majeur d’un album sans concession

Sur son troisième album, « Horizons », le compositeur et trompettiste David Enhco présente son nouveau projet musical. En quartet il explore des horizons ouverts où la liberté est reine. On est à la fois captivé et étonné par cette alchimie étrange où liberté coexiste avec solennité et spontanéité avec élégance.

On ne rappelle pas ici l’inlassable engagement musical de David Enhco né dans une famille de musiciens, devenu trompettiste et très vite impliqué sur les scènes auprès de Thomas, son frère pianiste. On n’évoque pas non plus sa participation aux aventures de l’Amazing Keystone Big-Band dont il assure la co-direction avec Bastien Ballaz, Jon Boutellier et Fred Nardin, ni même son compagnonnage musical auprès de la chanteuse Cecil McLorin Salvant mais on se penche sur « Horizons » le troisième épisode discographique de l’aventure engagée avec son quartet, un album où les surprises se suivent et ne se ressemblent pas

Après « La Horde » paru en 2013 chez Cristal Records puis « Layers » sorti en 2015 sous le label Nome (fondé par les musiciens du quartet et les frères Maxime et Adrien Sanchez), David Enhco présente « Horizons » (Nome/L’Autre Distribution) enregistré en décembre 2016 aux studios La Buissonne et sorti le 28 avril 2017. Sur cet opus le trompettiste s’exprime en quartet avec ses fidèles amis, le pianiste Roberto Negro, le contrebassiste Florent Nisse et le batteur Gautier Garrigue.

Sur « Horizons », David Enhco et son groupe dessinent plus précisément encore les contours de leur identité musicale qui doit beaucoup à ce continuum fidèle que le trompettiste entretient avec ses partenaires. Cela constitue sans doute un atout essentiel qui participe à l’évolution de la musique du quartet. En effet, s’exprimer librement est d’autant plus aisé que règnent au sein du groupe confiance et respect mutuels. Ainsi les musiciens peuvent mieux dialoguer, avancer, s’aventurer, innover et créer. C’est bien sur ce collectif que se fonde cet album qui intrigue autant qu’il séduit.

Les onze titres de l’album « Horizons » dessinent un monde musical empreint de nuances qui sont autant de surprises. Couleurs et ambiances alternent au gré de l’expression des musiciens qui savent renouveler leur discours. De plage en plage, les atmosphères varient, surprennent et captivent l’attention de l’auditeur. Soutenu par le collectif très soudé, le souffle de la trompette tempête ou murmure, son chant s’élève du groupe, se brise pour mieux s’élancer et tenter une nouvelle envolée. Les horizons ouverts par cet album font vibrer les amateurs de jazz improvisé.

Les deux improvisations collectives intitulées Interludes I et II témoignent vraiment du climat de liberté qui règne sur cet album tourné clairement du côté de ce qu’il est coutumier de nommer la musique improvisée européenne. La sonorité presque davisienne de la trompette sur L’éclat disparu composé par Gauthier Garrigue n’est pas sans rappeler les inflexions d’un certain Miles sur Blue in Green de l’album « Kind of Blue ».

Sur les compositions de Roberto Negro le climat est changeant. Comme suspendu et évanescent sur le nocturne Likasi, il n’est pas sans évoquer les dissonances du monde de Kenny Wheeler ou de celui de Jon Hassel. Sur Félix B. se dessine la trajectoire aventureuse et incertaine d’une trompette funambule qui hésite sur le fil tendu entre deux horizons. Le tempo se précipite sur L’inconnu et le couple d’amoureux. La musique devient alors une toile sur laquelle la trompette projette de fulgurantes interrogations.

La plume de Florent Nisse dessine les contours d’un univers musical que Nino Rota n’aurait pas dénié. Alors qu’Interspiratio déclenche chez David Enhco une profonde mélancolie, Questions come next entraîne le trompettiste dans un monde empreint de lyrisme et l’orchestre dans un tourbillon crescendo et résolutoire qui termine l’album en beauté.

On retrouve une relative continuité formelle entre les trois compositions du trompettiste. Touches délicates des lignes brisées de Sentinelle écrit par David Enhco « en pensant à une sorte de rempart mental contre la morosité. Un rappel pour rester joyeux même dans les moments difficiles ». Rythme ralenti comme étiré sur From the Horizon qui laisse entrevoir la lumière heureuse de Silver Lining.

On regarde avec bonheur vers les « Horizons » matures ouverts par le David Enhco Quartet et on se laisse porter par la musique pleine d’espoir de Sentinelle avec le superbe solo de contrebasse de Florent Nisse…

… et pour finir on conseille la consultation du site de David Enhco.

Le David Enhco Quartet présente le répertoire de l’album « Horizons » sur scène le mercredi 31 mai à 20h au Café de la Danse à Paris. En première partie, « Flux » avec Federico Cassagrande & Florent Nisse.
Sandro Zerafa signe « Last Night When We Were Young »

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« Happy Hours » de Vincent Touchard & Stephen Binet

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Xavier Belin dévoile « PiTakPi »

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Shahin Novrasli présente Emanation

Shahin Novrasli présente Emanation

A la croisée de l’Orient et de l’Occident

Shahin Novrasli présente Emanation, un album singulier. Originaire d’Azerbaïdjan, le pianiste puise son inspiration dans les musiques du Caucase, le jazz et la musique classique. Un jazz épicé, savant et élégant qui repousse les frontières musicales.

Après le disque « Bayati » gravé en 2014 avec Ari Hoenig et Nathan Peck, Shahin Novrasli présente à quarante ans son deuxième album, « Emanation » (Jazz Village/[Pias]), sorti le 07 avril 2017. On découvre une musique riche et inspirée, imprégnée de la rigueur du classique tout autant que de la tradition azérie et ponctuée d’improvisations étourdissantes.

Après avoir suivi un cursus typique de pianiste classique en Azerbaïdjan, il maîtrise les partitions de Bach, Mozart et  Rachmaninoff et se produit dès ses onze ans avec l’orchestre philharmonique d’Azerbaïdjan. Shahin Novrasli s’initie ensuite au jazz sous l’influence de Vagif Mustafa Zadeh, le père de la merveilleuse pianiste Aziza Mustafah Zadeh, plus guère présente sur les scènes jazz actuelles. Avec lui il apprend l’art qui consiste à mêler le jazz au mugham, cette musique azérie de forme modale où l’improvisation tient une place majeure.

A sa sortie du conservatoire national en 2000, Shahin Novrasli se tourne vers le jazz et les œuvres de Bill Evans et Keith Jarrett. Il commence à écrire ses premières compositions et se produit ensuite dans de nombreux festivals internationaux de jazz  comme Montreux en 2007. Installé à New-York, il rencontre un de ses héros, Ahmad Jamal qui lui apporte son soutien, ses conseils et coproduit aussi son album.

C’est d’ailleurs avec le contrebassiste James Cammack qui a longtemps joué avec Ahmad Jamal que Shahin Novrasli entre en studio à Paris en avril 2016 pour enregistrer « Emanation ». La batterie est tenue par l’incontournable André Ceccarelli. Sur quelques plages, intervient le percussionniste Erekle Kolava qui collabore régulièrement avec le pianiste. On note aussi la participation du violoniste Didier Lockwood sur Ancient Parallel où il soutient les psalmodies vocales du pianiste et sur le superbe Saga.

Sur les neuf plages de l’album « Emanation », Shahin Novrasli donne libre cours à son inspiration. Dans son univers musical se mélangent avec élégance, la musique classique, le mugham azerbaïdjanais et le jazz. Le pianiste fait dialoguer orient et occident. Il brode des mélodies dépaysantes sur des rythmes orientaux et utilise des harmonies puissantes portées par une énergie puisée dans les racines du jazz. Étourdissant et lyrique.

Sans doute le titre Tittle Tattle laisse augurer de l’esthétique rythmique qui pourrait présager de l’évolution musicale de Shahin Novrasli de même que le morceau Ancient Parallel où les origines orientales de la musique du pianiste dominent mais on demeure sous le charme du titre Emanation empreint de liberté, d’élégance et d’un lyrisme maîtrisé. De cette composition qui ouvre l’album émane une impression de fragilité et de nostalgie inspirée.

Pour Shahin Novrasli, « le plus important c’est la musique. Quand je joue ou que j’écris, je ne pense pas au jazz ou au mugham, je ne pense à aucun style en particulier. La musique doit être beauté, amour. »  Construit sur le principe de la spontanéité maximale, l’album laisse une grande part à l’improvisation chère au pianiste.

 

Pour s’immerger dans la musique étourdissante et lyrique de Shahin Novrasli, rendez-vous le le samedi 20 mai 2017 à 20h30 à la Maison des Océans, dans le cadre du festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés à Paris.
Le pianiste de produit aussi en première partie des concerts des 05 et 06 juillet 2017 à 20h à l’OdéonThéâtre de l’Europe à Paris dans le cadre de « The Week Celebration of Ahmad Jamal ».
Sandro Zerafa signe « Last Night When We Were Young »

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Xavier Belin dévoile « PiTakPi »

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« Think Bach Op.2 », Édouard Ferlet renoue avec Bach

Ferlet re-pense Bach

Après « Think Bach » paru il y a cinq ans, Édouard Ferlet renoue avec Bach sur « Think Bach Op.2 ». Une récidive de bon aloi où Ferlet, en piano solo, compose et improvise autour des œuvres de Jean-Sébastien Bach. Entre hommage introspectif et conversation passionnée.

La musique de Jean-Sébastien Bach constitue un réservoir infini d’inspiration pour le pianiste Édouard Ferlet qui entretient une relation suivie et plus qu’intime avec sa musique. En effet, après « Think Bach » paru en 2011 puis « Bach Plucked Unplucked » enregistré en 2015 avec la claveciniste Violaine Cochard, le pianiste de jazz récidive et renoue avec Bach. Il continue son exploration des partitions de Bach sur « Think Bach Op.2 » (Mélisse/Outhere) sorti le 28 avril 2017. Sur l’album, neuf compositions du pianiste et une interprétation du largo du Concerto pour clavecin n°5 en Fa mineur BWV 1056.

La première écoute de l’album suscite d’abord un moment d’incrédulité, « …comment, il approche de nouveau la musique de Bach ! » mais sitôt après survient l’étonnement, « surprenant, il est vraiment parvenu à renouveler son propos » et enfin, avec l’immersion totale, advient le plaisir inconditionnel que procure cet opus absolument addictif.

Avec « Think Bach Op.2 », Édouard Ferlet, déjà imprégné de l’œuvre de Bach, pénètre encore plus avant au cœur de l’écriture du Maître de Chapelle. Il se glisse dans la trame des partitions qu’il explore comme un chercheur en quête de compréhension. Pour cet album le pianiste dissèque les lignes musicales, pose, dépose et repose autrement les notes, dérange et change les rythmes, bouscule la structure de la musique de Bach. On se demande s’il s’agit d’une communion ou d’un jeu espiègle entre Ferlet et l’âme de la musique de Bach. Peut-être les deux à la fois d’aileurs.

La lettre introductive que le pianiste adresse à J.S. Bach dans le livret dit beaucoup de son rapport avec le compositeur baroque. Il le tutoie, c’est dire sa familiarité avec lui. A travers les termes de la missive on perçoit  la relation passionnée voire même physique entretenue avec la musique de celui qu’il admire. « … je te joue et joue avec toi. Mes doigts en folie courent et s’essoufflent dans l’ivresse et la rigueur de tes lignes, mes muscles se figent et se relâchent pour exprimer ma rage et ma passion ». Si Édouard Ferlet fait état de ses « anciennes blessures » ce n’est point pour s’en plaindre mais pour les évoquer comme un point de départ de sa renaissance.

Sur « Think Bach Op.2 », Édouard Ferlet communie avec la musique de Bach, ausculte sa respiration profonde et entre en relation intime avec les partitions dont il s’abreuve. Il communique avec le compositeur dont il explore l’écriture. Il la comprend et déjoue les difficultés. Il joue à déplacer les phrases, à modifier les intervalles, à décaler les rythmes et les cadences, à bousculer les lignes de construction. On ne parle pas de transgression mais plutôt d’une exploration de la substance musicale. Cette recherche en quête de compréhension nourrit son inspiration. En effet de cette démarche naît une nouvelle musique comme une filiation innovante et respectueuse.

A partir de techniques compositionnelles variées évoquées dans le livret, le pianiste apporte des touches contemporaines et se réapproprie la musique de Bach. Ferlet se projette dans le monde de Bach. Il pénètre dans le rythme, le son, la charpente de la musique et les accueille dans l’univers du jazz. Il explore même les mélodies comme sur les quatre minutes de la seule piste de l’album qu’il n’a pas composée. C’est en effet uniquement la mélodie qu’il restitue du largo du Concerto pour clavecin n°5 en fa mineur BWV 1056.  Moment surprenant et émouvant.

Crazy B est sans doute la pièce où l’on perçoit le plus la manière dont le pianiste compose un morceau à partir d’une phrase citée puis cernée contournée, reprise autrement, remise sur le métier, travaillée encore et encore, transformée jusqu’à devenir un leitmotiv rythmique étourdissant où une mélodie trouve place. Le pianiste propose ainsi à l’auditeur « plusieurs sas de décompression » comme des paliers qui familiarisent l’oreille à l’évolution progressive de la phrase originale.

Encore une fois Édouard Ferlet inscrit Bach dans l’espace de sa propre musique et lui ouvre la porte du jazz via ses compositions et ses improvisations. On est  touché par la sensibilité qui se dégage de Miss Magdalena (inspiré du prélude en ut majeur BWV 846) où le pianiste siffle à l’unisson un thème écrit dans la tessiture de son sifflet.

On se laisse emporter par la rythmique et les oasis mélodiques dépaysants de Es ist Vollbracht fort distancié de l’air de la Passion selon saint Jean BWV 245. On écoute Oves, pièce façonnée « autour de l’intervalle de seconde et de l’ostinato rythmique empruntés au Prélude en sol dièse majeur BWV 884 ». Édouard Ferlet la présente comme une « ouverture… généreuse, qui a le sourire solaire, comme la musique de Bach »

 

Édouard Ferlet sera en concert pour la sortie de son album au Café de la Danse à Paris le samedi 13 mai 2017 à 20h. Avec en invités Naïssam Jalal et Sonny Troupé.
Sandro Zerafa signe « Last Night When We Were Young »

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Jean-Philippe Viret revient avec « Les idées heureuses »

Jean-Philippe Viret revient avec « Les idées heureuses »

Élégance poétique autour de François Couperin

Jean-Philippe Viret revient avec l’album « Les idées heureuses » cinq ans après le premier opus « Supplément d’âme » où il avait enregistré « Les barricades mystérieuses » de Couperin. Une élégante promenade musicale entre poésie et introspection.

Sur ce nouvel album « Les idées heureuses » (Mélisse/Outhere Music France) sorti le 14 avril 2017, le contrebassiste Jean-Philippe Viret poursuit sa quête autour de François Couperin. Le disque emprunte d’ailleurs son titre à une pièce de l’auteur, issue du premier livre de pièces de clavecin paru en 1713.

Le contrebassiste revient avec son quatuor « Supplément d’âme ». Ce quartet à cordes est dissident dans la forme du quatuor classique dont la composition requiert deux violons, un alto et un violoncelle, En effet dans le quartet à cordes tel que l’a voulu Jean-Philippe Viret, la contrebasse remplace le second violon du quatuor. Ainsi dans son quatuor à cordes, le contrebassiste de jazz réunit autour de lui l’altiste David Gaillard, le violoniste Sébastien Surel et le violoncelliste Eric-Maria Couturier.

Avec élégance, liberté et poésie, Jean-Philippe Viret célèbre la musique de François Couperin dont le quatuor « Supplément d’âme » reprend d’ailleurs une pièce, « La muse plantine ». Les autres morceaux du répertoire sont tous des compositions originales du contrebassiste. Trois thèmes s’inspirent librement de trois pièces de Couperin. L’Idée qu’on s’en fait d’après « Les idées heureuses » de Couperin, L’an tendre, d’après « Le dodo ou l’amour au berceau » de Couperin, Tocs et tics et chocs d’après le « Le tic-toc-choc ou Les maillotins » de Couperin.

Musicien et compositeur, Jean-Philippe Viret prouve par son parcours musical son art à gérer l’éclectisme et à y réussir. On le connait pour avoir joué depuis plus de 30 ans dans l’Orchestre de contrebasses. Jean-Philippe Viret travaille aussi la matière musicale avec le groupe « 60% de matière grave » où il réunit trois instruments « graves » de 3 familles différentes, un saxophone basse avec Eric Seva, un tuba avec Michel Godard et lui-même à la contrebasse. On sait qu’il a aussi travaillé comme sideman aux côtés d’autres musiciens de jazz comme Marc Ducret, Simon Goubert ou Emmanuel Bex et bien d’autres solistes internationaux comme Dave Liebmann.

Après avoir été membre du trio de Stéphane Grappelli de 1989 à 1997, Jean-Philippe Viret a créé en 1998 son propre son trio avec lequel il a depuis enregistré des albums tous aussi passionnants les uns que les autres. Dans ce trio il se produit avec Fabrice Moreau à la batterie et Edouard Ferlet au piano. C’est d’ailleurs ce dernier qui a assuré la direction artistique de l’album « Les idées heureuses » enregistré à la Courroie à Entraigues-sur-la-Sorgue en octobre 2016.

Sur « Les idées heureuses », Jean-Philippe Viret livre en toute liberté sa propre vision du monde musical de François Couperin. La musique dessine un univers poétique qui accueille dans son intimité toute oreille qui veut bien écouter avec attention et sans a priori de genre.

La liberté que donne l’improvisation appartient à toutes les musiques et à tous les musiciens qui souhaitent la mettre au cœur de leur pratique. C’est pourquoi on ne s’inscrit pas ici dans un débat qui souhaiterait déterminer si ce disque inscrit ou non son propos dans le monde du jazz, ou une autre controverse qui prétendrait que l’album ne respecte pas à la lettre l’univers de la musique baroque de François Couperin.

En fait, considérant que l’improvisation, indissociable de la pratique du jazz, était aussi inscrite en son temps d’une autre manière dans la pratique de la musique baroque, on en conclut que cette écriture instantanée qu’est l’improvisation relie le jazz et la musique baroque. Les neuf plages de l’album « Les idées heureuses » se donnent à écouter avec limpidité pour quiconque accepte de lâcher ses repères pour rencontrer ceux qui balisent le monde de Jean-Philippe Viret.

On est touché par la dimension onirique de l’album « Les idées heureuses » qui sonne comme une musique de film. Une bande-son qui accompagnerait la rêverie d’un promeneur confronté à un monde qui l’étonne et le comble à la fois. Empreint de nostalgie et d’introspection, le propos explore la carte des sentiments de ce rêveur qui évolue entre étonnement, ravissement, questionnement et incertitude. Les quatre musiciens du quatuor à cordes réuni par Jean-Philippe Viret mettent leur maîtrise technique au service de la sensibilité et déclenchent des émotions sensibles chez l’auditeur.

Pour écouter sur scène le quatuor « Supplément d’âme » dans le répertoire de l’album « Les idées heureuses », rendez-vous le 2 mai à Jazz à Eaubonne (95600), le 30 juillet au Parc Floral de Paris dans le cadre du Paris Jazz Festival ou le 02 août à Jazz in Marciac… et pour en savoir plus sur tous les concerts à venir du contrebassiste, il suffit de consulter le site de Jean-Philippe Viret.
Sandro Zerafa signe « Last Night When We Were Young »

Sandro Zerafa signe « Last Night When We Were Young »

Sandro Zerafa signe « Last Night When We Were Young », son cinquième album en tant que leader. Le guitariste interprète des standards en duo avec le pianiste Vincent Bourgeyx ou en trio avec le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Antoine Paganotti. Inscrit dans la grande tradition du jazz, le propos n’en est pas moins empreint de modernité. Un opus irradié de légèreté et de lumière.

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« Happy Hours » de Vincent Touchard & Stephen Binet

« Happy Hours » de Vincent Touchard & Stephen Binet

Sur « Happy Hours », le batteur Vincent Touchard et le pianiste Stephen Binet prolongent leur collaboration initiée au Piano-bar du Théâtre le Prisme à Elancourt lors de jam sessions qui donnent leur nom à l’opus. C’est dans l’esprit de ces moments conviviaux qu’ils ont invité au studio Libretto les prestigieux musiciens rencontrés lors de ces soirées. Trois jours d’enregistrement, quelques éléments d’arrangement et treize standards après, l’album restitue un jazz intemporel dont la magie opère sans faillir.

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Xavier Belin dévoile « PiTakPi »

Xavier Belin dévoile « PiTakPi »

Le pianiste, arrangeur et compositeur martiniquais Xavier Belin signe un album prometteur, « PiTakPi ». A la tête de son quartet du même nom, il développe un projet moderne et très personnel. Attaché à sa culture et à la modernité de son écriture, il déborde de créativité. Il compose autour de la clave du « ti-bwa », utilisée dans la musique traditionnelle martiniquaise, mais aussi autour du « ti-bwa », instrument de percussion en bambou frappé avec des baguettes. Du jazz moderne influencé par les musiques afro-descendantes.

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Sonny Troupé Quartet Add2 présentent « Reflets denses »

Sonny Troupé Quartet Add2 présentent « Reflets denses »

Une double réalité, tantôt jazz, tantôt créole

Sur son nouvel album « Reflets Denses », Sonny Troupé explore des mélodies gwo ka qu’il arrange. La matière première prend des reflets différents, tantôt jazz, tantôt créole. Un quartet, un trio, deux saxophones pour diffracter le même sujet musical. Une musique chaleureuse loin des formats standards.

Héritier de la tradition gwo ka, le batteur et percussionniste guadeloupéen Sonny Troupé fait partie de cette nouvelle scène jazz dynamique et créative venue des Antilles. Son univers gravite aux frontières de plusieurs mondes. Après « Voyages et Rêves » (2013) puis « Luminescence » (2015) en duo avec Grégory Privat, Sonny Troupé récidive avec un nouvel album « Reflets denses » sorti le 05 avril 2017. 

Sonny Troupé a travaillé durant trois ans pour préparer cet album. Il a étudié, écouté, analysé la musique gwo ka, sa tradition et sa modernité. Le disque restitue l’authenticité de cette musique. Il s’est amusé à exploiter de manière différente une même base de mélodie pour qu’à la fin les musiques restituent des reflets différents, tantôt plus axé sur le gwo ka moderne, tantôt plus orienté vers le jazz. Bien sûr à cela, Sonny Troupe rajoute des métriques issues du métal qu’il a aussi étudié sans oublier quelques pincées d’électro pour pimenter le tout.

Le tambour ka, la percussion traditionnelle de la Guadeloupe, demeure au cœur de la musique de Sonny Troupé mais son ouverture aux mondes musicaux le conduit à confronter ses racines caribéennes avec les autres influences. Sur l’album  « Reflets Denses », il interroge l’identité créole de sa musique au travers du prisme de ses autres influences, jazz, fusion, metal. Il navigue entre passé et présent pour envisager l’avenir. Il reconfigure la tradition pour transfigurer le présent et nous invite en quelque sorte à un voyage à travers le temps. L’expérience est très plaisante.

Pour « Reflets Denses », Sonny Troupé ne lésine pas sur les moyens et réunit plusieurs formations et musiciens. Bien sûr le Sonny Troupé Quartet avec le pianiste Grégory Privat, le bassiste Mike Armoogum, le tambouyé Olivier Juste, et lui-même, à la batterie et au tambour maké.

Le groupe Reflets Denses avec le pianiste Jonathan Jurion, le bassiste Michel Alibo et le tambouyé Arnaud Dolmen. L’entité « Add 2 » composée de Thomas Koenig au saxophone ténor et à la flûte et Raphaël Philibert au saxophone alto. Sans oublie des invités. Christian Laviso qui intervient à la guitare sur Twa Jou San Manjé. Lucie Kancel et Patrice Hulman pour les chœurs, le jeune Djokaèl Méri au tambour maké sur l’introduction du thème Equation.

Un maître de musique derrière ses tambours. Trois binômes où chaque instrumentiste est le reflet de l’autre, piano, basse et gwo ka. Un duo de saxophones pluriels, avec le ténor qui penche vers le jazz et la fusion alors que l’alto est plus baigné dans le gwo ka et la musique antillaise. Un guitariste expert des rythmiques et harmoniques ka. Le résultat est à la mesure de l’effectif. Outre les prestations des musiciens, l’album intègre au fil des plages des samples sous des formes variées. Chant du coq qui ouvre le disque et évoque le début du jour, ambiances de rue, vie de marché et aussi chanteurs traditionnels et musiciens (Lin Canfrin, Kristen Aigle, Sergius Geoffroy, Robert Oumaou…).

Titre après titre, d’un reflet à un autre, les ambiances alternent. Pianistes et bassistes se croisent. Jonathan Junion se rapproche de Mike Armoogum sur la ballade intitulée Une fin ? D’une facture plus contemplative que les autres morceaux du disque, ce thème pourrait autant annoncer un début qu’une fin mais avec le temps, qui sait ?

Sur Evocation, flûte, saxophone et piano fusionnent très contenus par une section rythmique plutôt ronde. Grégory Privat chemine avec Michel Alibo. Ça sonne très jazz au niveau des expositions de thèmes et des improvisations.

Sur Twa Jou San Manjié du compositeur Guy Kontèt la contribution du guitariste Christian Laviso accentue le climat tendu du morceau. Rythmiques complexes des percussions que les saxophones poussent dans leurs retranchements. La basse se joint à la mêlée musicale jusqu’à la résolution finale éclatée et salvatrice.

L’écoute du quatrième titre, Le Temps, est un régal. Les percussions scandent avec violence l’infinie force du temps, la basse ronfle, le piano évoque la ronde des heures qui filent, les saxophones crient jusqu’au paroxysme l’avancée inexorable du temps qui passe alors qu’on demeure suspendu à la voix du « diseur de texte » (dixit Sony Troupé) Toma Roche qui a mis en mot la fuite du temps et le rapport que l’homme entretient avec lui… « Le temps nous aime comme des enfants, nous berce à sa pendule, nous fait devenir grand, nous fait devenir grand, nous donne du recul, nous pousse vers l’avant…  pour nous les enfants de peur le temps est relatif… avant que l’on renonce pour ne pas avoir peur de l’avenir en attendant la réponse, on passe son temps à regarder son heure venir… comprendre que tout y passera… le temps nous serre entre ses bras de pierre… se joue de nous et nous laisse infinis, infinis… dans la tempête du temps je tente d’attraper le temps par les deux bouts… « 

« Reflets Denses ». Onze titres à la fois différents et ressemblants. Une matière sonore chaude et flamboyante à la fois. On embarque avec le coq mais impossible de débarquer. On laisse l’album tourner en boucle pour mieux s’immerger dans le caraïb’jazz de Sonny Troupé et ses amis musiciens.

Et pour vivre en concert la musique de « Reflets Denses », rendez-vous le le 10 mai 2017 à 20h au Centre culturel Barbara, 1 rue Fleury à Paris.
Sandro Zerafa signe « Last Night When We Were Young »

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Sandro Zerafa signe « Last Night When We Were Young », son cinquième album en tant que leader. Le guitariste interprète des standards en duo avec le pianiste Vincent Bourgeyx ou en trio avec le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Antoine Paganotti. Inscrit dans la grande tradition du jazz, le propos n’en est pas moins empreint de modernité. Un opus irradié de légèreté et de lumière.

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« Happy Hours » de Vincent Touchard & Stephen Binet

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