Clin d’œil à Duo Fines Lames & « InTime Brubeck »

Clin d’œil à Duo Fines Lames & « InTime Brubeck »

Modernité sensible

​Sur « InTime Brubeck », le Duo Fines Lames explore le monde musical de Dave Brubeck à travers des relectures d’œuvres choisies ou des compositions personnelles inspirées de l’univers de cette figure essentielle du jazz West Coast que fut le pianiste. Les lames de l’accordéon chromatique de Florent Sepchat et celles du vibraphone et du marimba de Renaud Detruit dialoguent en interaction permanente. Entre hommage fidèle et création inventive, leurs échanges d’une modernité sensible créent des climats inédits.

Avec leur deuxième opus, « InTime Brubeck » (La Saugrenu /L’Autre Distribution) à paraître le 02 avril 2021, le Duo Fines Lames offre une relecture contemporaine et singulière des différentes facettes du monde musical de Dave Brubeck, dont on fêtait les 100 ans de la naissance en 2020.

Enregistré durant cette même année, après le premier confinement, « InTime Brubeck » rend un hommage singulier à Dave Brubeck, ce pianiste et compositeur qui a introduit de nouvelles métriques dans le jazz et a créé un style unique, au carrefour de la musique classique européenne et du jazz.

Sur « InTime Brubeck », les échanges féconds et complices de Florent Sepchat et Renaud Detruit émaillent les relectures de six pièces choisies de Brubeck et des compositions originales inscrites en droite ligne dans l’univers du pianiste.

Duo Fines Lames

Réunis dans le Duo Fines Lames, l’accordéon de Florent Sepchat et le vibraphone et le marimba de Renaud Detruit possèdent des similitudes : claviers et polyphonie et vibrations des lames même si le mode de cette vibration diffère, par le souffle de l’air pour l’accordéon ou par la percussion des mailloches pour marimba et vibraphone. Chaque instrument du duo explore les dimensions mélodique, rythmique et harmonique et le duo sonne comme un véritable orchestre.

Après « Fines Lames » sorti en 2017, le tandem récidive et revient en 2021 avec « InTime Brubeck », un nouvel album tourné vers la musique de Dave Brubeck.

« InTime Brubeck »

Par son titre, le deuxième album de Florent Sepchat (accordéon) et Renaud Detruit (vibraphone, marimba) fait écho à « Time Out » (1959), à « Time In » (1966) et plus largement à la série des Time enregistrés par Dave Brubeck (1920 -2012).

visuel de l'album InTime Brubeck du Duo Fines LamesAvec leur intitulé, Take Eleven de Florent Sepchat et Rondo de Pablo Pico se profilent aussi comme des clins d’œil à Take Five ou Blue Rondo à la Turk, ces fameux morceaux de Brubeck gravés sur l’album « Time out ». Fairy Blades, Ibericana et ELM sont à porter au crédit de Renaud Détruit. Les six autres titres du répertoire sont des reprises de compositions de Dave Brubeck, l’énergique Fast life, le nostalgique Bluette et le très rythmique Tritonis mais aussi le délicat Koto song, le dépaysant Tokyo traffic et l’aérien Fujiyama, trois morceaux gravés par Brubeck en 1964 sur « Jazz Impressions of Japan ».

Loin du format « piano-saxophone alto-contrebasse-batterie » du Dave Brubeck Quartet qui a regroupé autour du pianiste un groupe éphémère constitué du saxophoniste alto Paul Desmond et d’une section rythmique constituée du batteur Joe Morello et du contrebassiste Eugene Wright, le Duo Fines Lames devient trio sur quatre titres. Le tandem accordéon-marimba/vibraphone invite en effet le saxophone alto de Jean-Baptiste Réhault sur Bluette et Tokyo Traffic et accueille Yoann Loustalot et son bugle dont les spirales de notes émaillent de leur lumière poétique Rondo et ELM.

Impressions

Tels des équilibristes, l’accordéoniste Florent Sepchat et le vibraphoniste Renaud Detruit devisent avec fluidité et souplesse. Leur dialogue fusionnel, swinguant et ludique prend parfois des accents poétiques où allégresse et mélancolie jouent à cache-cache. Leur musique de format chambriste possède un rien de sophistication et se distingue par l’extrême virtuosité de chacun des interprètes. Tous deux sont au service d’une trame narrative mélodique qu’ils émaillent d’improvisations vertigineuses.

On se laisse captiver par le grand naturel et la maîtrise du dialogue de Florent Sepchat (accordéon) et Renaud Detruit. Si leur musique à la texture délicate mérite à n’en pas douter le qualificatif de raffinée, elle possède par ailleurs une dimension d’espièglerie qui apporte fraîcheur et modernité à la relecture que font les deux complices de l’univers brubeckien.

Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Pour sa troisième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2023 retrouve le Théâtre Les Arts de Cluny. Au programme, « The Source », le projet du contrebassiste Arnault Cuisinier. Au carrefour du jazz et de la chanson, la musique se profile entre célébration incantatoire et songe poétique.

lire plus
Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Noé Clerc Trio

Après avoir précisé que le concert du 20 août 2023, s’inscrit dans le cadre de Jazz Migration, dispositif d’accompagnement de musicien.ne.s émergent.e.s du jazz et musiques improvisées, Didier Levallet invite les musiciens du Noé Clerc Trio à gagner la scène du Farinier des Moines de l’Abbaye de Cluny.

lire plus
Michel Portal présente « MP85 »

Michel Portal présente « MP85 »

Un voyage musical radieux

Après un silence discographique de 10 ans, Michel Portal revient avec un nouvel album aux accents joyeux, « MP85 ». Si les initiales du titre reprennent celles de son identité, le nombre associé évoque les 85 bougies soufflées le 27 novembre 2020 par le leader. Avec son nouveau groupe, le clarinettiste restitue la vision qu’il a du monde. Il invite à le suivre dans un voyage musical radieux qui commence en Afrique et se termine au pays basque. Dix paysages sonores sublimes.

Avec une carrière menée avec brio à la confluence de plusieurs univers, musiques classique et contemporaine, bandes originales de films, jazz et musiques improvisées, le clarinettiste Michel Portal inspire le respect. Dix ans après « Balaïdor » (2011) enregistré en New York, l’album « MP85 » couverture de l'album MP85 de Michel Portalmarque les retrouvailles de l’artiste avec Label Bleu, label avec lequel il avait collaboré dans les années 90 pour trois albums dont le dernier, « Dockings » (1998), réunissait déjà à ses côtés, Bruno Chevillon et Bojan Zulfikarpašić plus connu sous le nom de Bojan Z.

Enregistré après le premier confinement, entre le 25 et le 30 juin 2020, par l’ingénieur du son Philippe Teissier du Cros, au Studio Gil Evans de la Maison de la Culture d’Amiens, « MP85 » (Label Bleu/L’Autre Distribution) est sorti le 05 mars 2020. Michel Portal évoque lui-même cet enregistrement comme une sorte de retour à ce qui fonde pour lui la musique… la joie des échanges et du partage.

« Ce disque s’est fait dans des conditions très particulières, au sortir de deux longs mois de confinement. Avec les membres de mon nouveau quintet, nous nous sommes retrouvés dans les studios de Label Bleu, avides de musique mais animés d’un sentiment mêlé de joie, de crainte du virus et de méfiance involontaire envers l’autre soudain renvoyé à son statut d’“étranger menaçant”. Comme s’il s’agissait pour chacun d’entre nous de rétablir la bonne distance par rapport au monde et aux autres, la musique durant ces quelques jours d’enregistrement s’est inventée au présent en circulant de l’un à l’autre avec une vraie intensité collective. C’est ce mouvement fondamental d’ouverture qui, je crois, donne à la musique de ce disque sa couleur et sa direction — comme un retour progressif à la vie. Ce que nous avons cherché là tous ensemble, c’est de retrouver l’élan et l’insouciance du jeu, la joie simple de partager l’instant dans ce qu’il a de plus vif et explosif : cette faculté qu’a la musique, quand on la prend au sérieux avec suffisamment de légèreté, d’abattre tous les murs qui peuvent s’ériger entre nous ! »  Michel Portal.

Un groupe transgénérationnel

Michel Portal quintet

Michel Portal 5tet©Stella D

Depuis toujours le musicien et compositeur Michel Portal parcourt les scènes et affectionne les rencontres musicales. En effet, ce précurseur du free jazz a joué avec les plus grands noms de la scène jazz européenne et internationale et n’hésite pas à rencontrer les jeunes pointures de la scène actuelle du jazz.

Ce fut le cas en 2018, où Michel Portal s’entoure d’un nouveau groupe pour honorer une commande de l’Europa Jazz Festival du Mans. Pour l’occasion, il étoffe le duo de ses fidèles compagnons de scène Bojan Z (piano, claviers) et Bruno Chevillon (contrebasse) de deux complices plus récents, le batteur belge Lander Gyselinck et le tromboniste allemand Nils Wogram, un familier du pianiste avec lequel il joue souvent en duo. Après la réussite scénique de ce groupe transgénérationnel réuni autour d’un nouveau répertoire, le quintet se retrouve en juin 2020 dans le Studio Gil Evans de la Maison de la Culture d’Amiens, pour enregistrer les dix pistes de « MP85 » produit par Label Bleu.

« MP85 »

Avant même d’écouter les dix plages de l’album, on est captivé par le visuel de l’album crédité à Christophe Rémy (Links Création Graphique) qui donne à voir le profil de Michel Portal, pensif au centre d’une trouée nuageuse au bleu intense.

Pour ce projet, Michel Portal embouche clarinette basse, clarinette en si bémol et saxophone soprano. Au fil des titres, il conjugue lyrisme et virtuosité, romantisme et énergie. Il libère son inventivité et s’envole dans des improvisations où se croisent humour et poésie.

Autour du leader, Bojan Z se fait tour à tour explosif et enchanteur sur les claviers alors que le jeu Bruno Chevillon sur sa contrebasse ravit par sa subtilité, sa précision et sa justesse. La technique éblouissante du tromboniste Nils Wogram s’allie à un phrasé sans défaut où l’imagination prend toute sa part. Le groove très actuel du batteur Lander Gyselinck, originaire d’Anvers, possède une palette de sons nuancée et une subtilité rythmique qui contribuent à créer d’élégants climats sonores propices à la liberté d’expression des solistes.

De l’Afrique au Pays Basque…

De l’Afrique au Pays Basque en passant par l’Arménie, les Balkans et le désert, « MP85 » regarde largement sur le monde.

Toutes les compositions de « MP85 » sont de Michel Portal sauf Full Half Moon de Bojan Z, Split The Difference de Nils Wogram et le chant traditionnel basque Euskal Kantua.

En ouverture, African Wind résonne comme une mélopée africaine et invite à la danse. Les instruments teintent leur jeu de couleurs douces et leur expression semble témoigner d’une joie insouciante et d’un partage plein de générosité. La mélodie mélancolique de Full Half Moon évoque les musiques des Balkans que développent trombone et piano. La clarinette basse part dans une improvisation libérée et stimule le trombone dont le solo décapant est vivifiant.

Plus loin, en contrepoint avec le trombone et accompagné par le seul piano, la clarinette développe la superbe mélodie du titre Armenia. Son chant rêveur aux accents empreints de tristesse transporte dans un monde onirique au-dessus duquel plane l’âme du pays évoqué dans le titre. Dès le début de Jazzoulie, on est saisi par la dimension orchestrale rutilante de cette plage qui contraste avec la précédente et sonne comme un clin d’œil à l’univers de Miles Davis. L’arrangement explosif, la rythmique affranchie de toute limites, le jeu imprévisible de la clarinette et l’expression jubilatoire du trombone, tout concourt à faire de ce titre un moment fort, à la fois déroutant et réjouissant.

Hommage non dissimulé à Mino Cinellu et à Miroslav Vitous, Mino- Miro séduit par son riff que la contrebasse joue en intro avant d’être repris par la clarinette et le trombone à l’unisson. Après un chorus aérien du piano, la clarinette s’envole au pays des Balkans puis le trombone enracine son solo dans celui du blues. Très jazzy, la ligne mélodique de Split The Difference est exposée avec énergie et précision par les soufflants. Le piano enflammé leur répond puis le trombone se prend au jeu et développe une improvisation toute en vivacité alors que la clarinette n’est pas en reste. S’installe ensuite un échange exubérant entre tous les protagonistes propulsés par une rythmique tonique.

Le voyage continue ensuite dans des paysages désertiques avec Desertown où l’on s’attend à tout instant à croiser une certaine Caravan de Duke Ellington. La sonorité lumineuse de la clarinette peint des arabesques célestes auquel répond le chant empreint de sensualité du trombone. Les ruptures pulsatiles de la rythmique et les interventions du piano les rejoignent et contribuent à créer un climat poétique étrange qui évoque pour finir, un vent de sable. Sur le tempo vigoureux de Nu Hay, la clarinette au son réverbéré, le trombone au jeu explosif et le piano hyper-rythmique ébouriffent cette musique organique au groove charpenté.

Plus tard, Mister Pharmacy se métamorphose de bout en bout à partir d’un motif réitératif dont la répétition évoque un climat obsessionnel irrigué par un lyrisme joyeux. Comme un clin d’œil nostalgique à la jeunesse du leader, l’album se termine par la reprise d’un chant traditionnel basque, Euskal Kantua. Après une introduction de la contrebasse dont le jeu imprime une forte charge émotionnelle, clarinette basse et piano magnifient ce morceau qui résonne comme un hymne porteur d’espoir.

« MP85 », un album généreux aux couleurs sensibles. Des musiques se dégagent des ondes de joie de vivre. Une potion d’optimisme musical !

Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Pour sa troisième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2023 retrouve le Théâtre Les Arts de Cluny. Au programme, « The Source », le projet du contrebassiste Arnault Cuisinier. Au carrefour du jazz et de la chanson, la musique se profile entre célébration incantatoire et songe poétique.

lire plus
Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Noé Clerc Trio

Après avoir précisé que le concert du 20 août 2023, s’inscrit dans le cadre de Jazz Migration, dispositif d’accompagnement de musicien.ne.s émergent.e.s du jazz et musiques improvisées, Didier Levallet invite les musiciens du Noé Clerc Trio à gagner la scène du Farinier des Moines de l’Abbaye de Cluny.

lire plus
Pierrick Pedron sort « Fifty/Fifty (1) New York Sessions »

Pierrick Pedron sort « Fifty/Fifty (1) New York Sessions »

Virtuosité flamboyante & lyrisme sensible

Le 05 mars 2021, le saxophoniste altiste Pierrick Pedron sort « Fifty/Fifty (1) New York Sessions ». Premier volume d’un duo d’albums, cet opus acoustique a été enregistré en 2020 à New York avec trois maîtres du jazz américain. Une musique jubilatoire où règnent tour à tour virtuosité flamboyante et lyrisme sensible. A découvrir absolument !

visuel de l'album Fifty/Fifty (1) New York Sessions de Pierrick PedronPierrick Pedron a fêté de belle manière ses cinquante ans. Accompagné dans son projet par le producteur Daniel Yvinec, le saxophoniste altiste a traversé l’Atlantique en janvier 2020 pour enregistrer à New York avec trois pointures du jazz américain, le batteur Marcus Gilmore, le pianiste Sullivan Fortner et le contrebassiste Larry Grenadier.

Annoncé pour le 05 mars 2021 et intitulé « Fifty/Fifty (1) New York Sessions » (Gazebo/L’Autre Distribution), cet opus constitue la moitié d’un « faux » double album ou plutôt la première partie d’un duo d’albums dont le second volume sortira à l’automne 2021.

En neuf plages, « Fifty/Fifty (1) New York Sessions » propose un jazz acoustique bluffant d’énergie dans lequel éclatent le souffle virtuose et l’inspiration lyrique du talentueux saxophoniste Pierrick Pedron.

« Fifty/Fifty »

Pierrick Pedron aime plusieurs formes de musique. Avec ses deux facettes, le projet « Fifty/Fifty » représente une sorte de condensé des musiques chères au saxophoniste. En effet, le duo d’albums condense à sa manière une synthèse de l’histoire que Pierrick Pedron a entretenu dans le temps avec le jazz… « Fifty/Fifty » résonne comme la somme des « désirs de musique » du saxophoniste

Le projet « Fifty/Fifty » comprend deux albums, « Fifty/Fifty (1) New York Sessions », un volume très jazz capté à New York et « Fifty/Fifty (2) Paris Sessions », un disque plus groove enregistré à Paris dans l’esprit motown c’est à dire inspiré de la musique noire américaine des années 60/70. Un premier opus acoustique avec des musiciens américains renommés et un deuxième électrique avec des musiciens de la jeune scène du jazz français.

Dans la perspective de ce projet, Pierrick Pedron est accompagné dans ce projet par le producteur Daniel Yvinec, ancien directeur de l’ONJ. Le saxophoniste s’engage dans un travail d’écriture qu’il peaufine avec l’arrangeur Laurent Courthaliac.

Ainsi, après une session studio captée à Paris en décembre 2018 avec trois musiciens français de la jeune garde du jazz, Malo Mazurié (trompette), Elie Martin-Chariière (batterie) et Thibault Gomez (claviers), le saxophoniste altiste Pierrick Pedron envisage l’enregistrement à New York. Les séances se profilent les 05 et 06 janvier 2020 à Manhattan avec des musiciens de premier plan que le saxophoniste connait de réputation mais avec lesquels il n’a pas joué, Sullivan Fortner (piano), Larry Grenadier (contrebasse) et Marcus Gilmore (batterie).

Quatre ans après le projet acoustique « Unkown » (Crescendo/Caroline), « Fifty/Fifty (1) New York Sessions » et « Fifty/Fifty (2) Paris Sessions » sortent en 2021 sur le label Gazebo dirigé par Laurent de Wilde, le 05 mars pour le premier et à l’automne pour le second.

« Fifty/Fifty (1) New York Sessions »

@JacquesOllivier

L’altiste Pierrick Pedron rejoint les studios Sear Sound de New York où il retrouve le pianiste Sullivan Fortner récemment écouté aux côtés de la chanteuse Cécile McLorin Salvant, le contrebassiste Larry Grenadier, partenaire historique de Brad Mehldau et le batteur Marcus Gilmore, petit-fils du batteur Roy Haynes. L’enregistrement des onze titres de l’album est confié à l’ingénieur du son James Farber.

Dès la première écoute de « Fifty/Fifty (1) New York Sessions », on capte l’osmose qui règne entre les quatre musiciens. Grâce à une section rythmique hors pair, les solistes rivalisent de liberté dans leurs dialogues improvisés. Sur les tempi rapides, les musiciens font preuve d’une virtuosité insolente alors qu’ils développent un souffle poétique délicat sur les ballades. Du fait d’un équilibre parfait qui règne entre morceaux bouillonnants d’énergie et pièces délicates, l’album possède une dynamique fort stimulante pour l’écoute.

Au fil des onze plages

Sur Bullet, la section rythmique se lance sur un tempo ultra rapide. Très vite émergent le solo énergique et inspiré du pianiste puis l’improvisation généreuse et flexible du saxophone alto alors que le batteur impétueux soutient le tempo sans faillir. Plus loin, piano et alto exposent à l’unisson le thème de Be Ready puis, dans son improvisation, le swing indéfectible du pianiste se double d’une insolente liberté dans le placement rythmique. Le solo de l’altiste bouillonne d’énergie. Avec frénésie il zigzague sur le fil du rythme et déclame sa plainte.

Le quartet invite ensuite à le suivre dans Sakura, une rêverie musicale dont on aimerait que les sept minutes enregistrées se prolongent à l’infini. Après une introduction solo du piano, l’alto développe son chant subtil qui allie chromatisme et glissandos, attaque souple et articulation subtile. La contrebasse chante et l’oreille se délecte de l’écoute de cette ballade délicieuse qui évoque les cerisiers en fleur au Japon, au mois de mai.

C’est alors qu’advient Boom dont les décalages rythmiques et les phrasés font des clins d’œil à l’univers monkien. Cette composition sert de terrain de jeu au quartet dont le plaisir de jouer est palpable.

Après l’introduction singulière du piano dont le jeu évoque la chute de milliers gouttes de d’eau, l’alto s’exprime sur Trevise avec des accents vibrants d’émotions. Une ballade qui navigue entre douceur de vivre et romantiques questionnements. Plus tard, alto et piano déroulent à l’unisson le thème fragmenté de Unknown 2 sur une ligne de basse continue puis alternent des interventions très libres du piano et le jeu remarquable de fluidité de l’alto au phrasé tourbillonnant.

Le contraste est grand avec la pièce suivante. Saxophone et piano glissent sur les vagues amples du morceau Origami. Volubiles, ils dialoguent, flirtent librement avec les harmonies et se retrouvent comme deux acrobates habiles. Sur l’exaltant Takagi, piano et alto jouent à l’unisson sur les brisures de la ligne mélodique puis le piano fait part de surprenantes interrogations qui font alterner des phrases étirées et d’autres plus contractées. La contrebasse stimule l’alto qui se lance alors dans un solo anguleux qui se joue des décalages rythmiques.

L’album se termine avec Mizue, une ballade au climat onirique. Son suave de l’alto, chorus inspiré de la contrebasse, accompagnements délicats des balais sur les cymbales, piano pointilliste, tout concourt à faire de ce dernier titre un moment d’une délicatesse extrême.

Après « Cherokee » (2001), « Classical Faces » (2004), « Deep in a Dream » (2007), « Omry » (2009), « Cheerleaders » (2011), « Kubic’s Monk » (2012), « Kubic’s Cure » (2014), « And The » (2016) et « Unknown » (2017), le saxophoniste Pierrick Pedron revient le 05 mars 2021 avec l’époustouflant « Fifty/Fifty (1) New York Sessions ». Il faudra bien six mois pour le savourer sans se lasser avant de découvrir « Fifty/Fifty (2) Paris Sessions », la deuxième facette du projet.

Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Pour sa troisième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2023 retrouve le Théâtre Les Arts de Cluny. Au programme, « The Source », le projet du contrebassiste Arnault Cuisinier. Au carrefour du jazz et de la chanson, la musique se profile entre célébration incantatoire et songe poétique.

lire plus
Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Noé Clerc Trio

Après avoir précisé que le concert du 20 août 2023, s’inscrit dans le cadre de Jazz Migration, dispositif d’accompagnement de musicien.ne.s émergent.e.s du jazz et musiques improvisées, Didier Levallet invite les musiciens du Noé Clerc Trio à gagner la scène du Farinier des Moines de l’Abbaye de Cluny.

lire plus
Stéphanie Lemoine signe « Love leaves traces »

Stéphanie Lemoine signe « Love leaves traces »

Entre nu-jazz, pop, folk et soul

Avec « Love leaves traces », son deuxième album, la chanteuse, auteure et compositrice, Stéphanie Lemoine navigue entre nu-jazz, pop, folk et soul. Son univers éclectique explore des espaces poétiques où son chant aérien alterne entre français et anglais. Un voyage musical sans frontières entre les genres.

Après- « Sweet Talk », Stéphanie Lemoine revient le 05 mars 2021 avec « Love leaves traces » (Mix up Jazz/Inouïe Distribution), un second opus où la chanteuse ouvre sa musique à différents genres, nu-jazz, pop, folk, et soul.

Elle prend ainsi le parti de mêler les expressions, de fusionner les genres. Au final, son répertoire gagne en consensus ce qu’il perd en identité. Ce choix de l’éclectisme devrait sans doute lui permettre de s’adresser à un public élargi où les puristes du jazz ne font pas la loi.

Avec tendresse, force et souplesse, la chanteuse Stéphanie Lemoine signe « Love leaves traces », un album aux climats sonores changeants où se distinguent de superbes arrangements de cuivres, cordes et chœurs.

Les musiciens

Pour cet album enregistré à Paris en 2020, Stéphanie Lemoine a réuni autour d’elle Pierre-Antoine Clamadieu (piano, Fender Rhodes), Laurent Salzard (basse) et Jeff Ludovicus (batterie).

Sur quatre plages elle s’adjoint la participation de Hamza Touré (saxophone ténor) et de Vincent Echard (trombone, trompette). Jérémie Tepper (guitare) et Laurian Daire (orgue Hammond) qui la rejoignent chacun sur deux titres. Constitué d’Aurélien Guyot (violon I), Pauline Hauswirth (violon II), Sophie Dutoit (violon alto) et Julien Grattard (violoncelle), le String Quartet intervient sur quatre pièces. L’ensemble des participants se retrouvent sur Sunset Town à la pulsation funky. Sur six thèmes de l’album, les prestations instrumentales et la voix sont renforcés par des chœurs.

Après avoir participé au premier album de Stéphanie Lemoine, la compositrice et pianiste Leïla Oliveisi contribue cette fois à l’arrangement de deux titres du deuxième opus de la chanteuse.

Le répertoire

couverture de l'album Love leaves traces de Stéphanie LemoineStéphanie Lemoine signe les paroles de neuf titres originaux figurant sur « Love leaves traces ». Elle en compose aussi la musique accompagnée en cela par Pierre-Antoine Clamadieu sur Love leaves traces, Sunset Town et Song for Paule. Le pianiste du groupe participe aussi à l’arrangement de deux morceaux.

Le répertoire compte par ailleurs quatre reprises de morceaux fameux parmi lesquels trois standards de jazz, Just one of those things (Cole Porter), My Romance (Lorenz Hart & Richard Rodgers), Body and Soul (Edward Heyman, Robert Sour, Frank Eyton et Johnny Green) et le fameux I can’t help it dont Susaye Green a écrit les paroles et Stevie Wonder composé la musique.

Impressions

Avec générosité et chaleur la voix aérienne de la chanteuse déploie son énergie au fil des treize titres du répertoire.

Parmi les reprises gravées sur « Love leaves traces », on est touché par la version très maîtrisée de My Romance. Après une introduction romantique des cordes du String Quartet, Stéphanie Lemoine revient poser son timbre chaleureux. Sur cette romance au tempo jazz cool, la chanteuse fait preuve d’une grande maîtrise des nuances.

Plus loin, sa voix oscille en demi-teinte entre légèreté et force sur une version du titre I can’t help it qui trouverait fort bien sa place sur la grille d’une radio où le jazz n’aurait pas de créneau exclusif.

L’album ouvre et se termine avec deux compositions originales, l’endiablé Somehow et le mélancolique Song For Paule. Sur le premier morceau, la vocaliste développe un chant puissant et souple à la fois. Mâtinée de jazz modal, la musique de ce titre permet d’apprécier un scat frénétique de la voix et un solo musclé du ténor. Par contraste, les accents pleins de tristesse de la dernière romance de l’album donnent à entendre une voix plutôt mate à la justesse infaillible.

Sur une pulsation binaire, c’est la fuite du temps et l’urgence qu’il y a à vivre et à aimer qu’évoque J’préfère t’aimer. Sensible et délicat, Morning possède une dimension intimiste et la voix aux accents folk n’est pas sans évoquer les ambiances de titres anciens de Joni Mitchell. Au mitan de l’album, l’oreille est cueillie sur Love leaves traces par la voix groovy et sensuelle de la chanteuse soutenue par le Fender Rhodes dont on peut apprécier une improvisation précise et enlevée.

On ne peut retenir un vrai « coup de cœur » pour Rive Sauvage où cuivres rutilants et chœurs ardents mettent en valeur le parlé-chanté que la chanteuse déploie en français

 

Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Pour sa troisième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2023 retrouve le Théâtre Les Arts de Cluny. Au programme, « The Source », le projet du contrebassiste Arnault Cuisinier. Au carrefour du jazz et de la chanson, la musique se profile entre célébration incantatoire et songe poétique.

lire plus
Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Noé Clerc Trio

Après avoir précisé que le concert du 20 août 2023, s’inscrit dans le cadre de Jazz Migration, dispositif d’accompagnement de musicien.ne.s émergent.e.s du jazz et musiques improvisées, Didier Levallet invite les musiciens du Noé Clerc Trio à gagner la scène du Farinier des Moines de l’Abbaye de Cluny.

lire plus
Le trio Reis-Demuth-Wiltgen revient avec « Sly »

Le trio Reis-Demuth-Wiltgen revient avec « Sly »

Puissance rythmique & élégantes mélodies

Avec « Sly », le trio Reis-Demuth-Wiltgen continue à explorer le format traditionnel du trio jazz piano acoustique/contrebasse/batterie. Alliée à d’élégantes narrations musicales, la puissance rythmique du groupe ne se dément pas. Ce quatrième album reflète l’identité musicale du groupe et rend hommage à ses racines luxembourgeoises à travers la figure du Renard dont la ruse inspire son titre à l’album.

visuel de l'album Sly du trio Reis–Demuth–WiltgenAprès trois albums, le trio luxembourgeois Reis-Demuth-Wiltgen revient avec un « Sly », un quatrième opus annoncé pour le 02 avril 2021 chez Cam Jazz.

Les trois musiciens ont participé à l’écriture de cet album enregistré les 02, 03 et 04 mai 2019 à l’Artesuono Recording Studio de Cavalicco.

Le titre du disque fait référence à la ruse si souvent prêtée au Renard dont la figure orne la pochette. C’est ainsi que le trio ancre plus encore son identité dans la tradition luxembourgeoise puisque l’écrivain et poète Michel Rodange a consacré « Le Roman de Renart », une œuvre épique et satyrique adaptée du “Reineke le Renard” de Goethe et publiée en 1872.

Le trio Reis-Demuth-Wiltgen

Composé du pianiste Michel Reis, du contrebassiste Marc Demuth et du batteur Paul Wiltgen, le trio s’est formé pour la première fois en 1998, retrouvé en 2002 puis s’est vraiment reformé en 2011. Après la sortie de son premier album « Reis Demuth Wiltgen » en 2013 sur le label français Laborie Jazz, le groupe a beaucoup tourné en Europe et à l’international. Les trois musiciens ont ensuite sorti un deuxième album, « Places In Between » enregistré à New York et sorti chez Double Moon Records en 2015 puis un troisième intitulé « Once In A Blue Moon » sorti en 2018 chez Cam Jazz.

L’instrumentation classique du trio luxembourgeois Reis-Demuth-Wiltgen ne fonde en rien l’originalité du groupe. C’est ailleurs que se trouve l’identité du groupe, dans ce jeu dont l’esthétique allie puissance rythmique, mélodies élégantes et climats subtils.

En 2021, le trio présente « Sly » avec de nouvelles compositions.

« Sly »

En treize morceaux au format concis, le quatrième album du trio Reis-Demuth-Wiltgen captive l’oreille par l’équilibre musical de ses climats musicaux. Irrigué d’énergie, « Sly » présente un jazz moderne qui navigue entre les couleurs nuancées d’un romantisme mélancolique et celles plus contrastées d’une rythmique vigoureuse.

Dès Snowdrop, le titre d’ouverture, la magie du trio opère. La légèreté des accords plaqués sur le clavier du piano évoquent la chute des flocons de neige déclenchée par un puissant ostinato de basse conjugué au rythme vigoureux des baguettes. Avec le binaire No Storm Lasts Forever, le trio revient à une esthétique plus rock qui n’est pas sans évoquer le souvenir du légendaire EST.

Avec If You Remember Me, le trio revient à un climat plus classique, celui d’une ballade romantique où le piano dessine une mélodie nostalgique sur un motif de basse joué en boucle. Après ce morceau onirique, le trio entreprend de conter l’histoire de ce Fantastic Mr Fox dont les aventures sont dotées d’une puissante effervescence. Portée par une rythmique dynamique, la narration de Silhouettes on the Kura met en valeur un véloce chorus de contrebasse dont la gravité tranche avec le solo incisif du piano enflammé.

Sans doute le climat sonore étrange de Viral se veut-il en résonance avec le climat sanitaire actuel. Il suggère l’insécurité au fil d’atmosphères variées. Ainsi, musique pesante puis allégée, rythmique heurtée puis apaisée, notes dissonantes puis harmonies caressantes évoquent successivement accablement ou espoir. Plus loin sur Diary Of An Unfettered Mind, les musiciens habillent leur plume d’un lyrisme qui ne manque ni de souplesse ni de concision. La musique s’embrase au fil des montées en puissance des solos du pianiste porté par une rythmique vigoureuse.

Après ce concentré d’énergie, Let Me Sing for You advient comme une respiration dont le lyrisme captive. Empreint de romantisme, cet instant musical doit pour beaucoup aux envolées sensibles du piano. On se laisse plus tard aspirer dans le flux exaltant du gracieux Venerdi Al Bacio dont la mélodie fait un clin d’œil aux romances italiennes. Un moment ressourçant dont le tempo énergique n’est troublé par aucune fébrilité.

Avec une rare élégance, Nanaimo constitue ensuite un moment élégiaque. Le morceau se distingue par sa construction des autres thèmes de l’album. Point de développement crescendo, ni d’envol lyrique. Cette ballade élégante ponctuée de silences semble glisser sur le fil d’une eau calme. Avec une grâce infinie, la contrebasse chaleureuse développe un chorus d’une rare douceur.

De format court, The Last We Spoke sonne comme la bande son d’un clip au climat bucolique et l’ambiance un rien mélancolique. Après l’introduction délicate où contrebasse et piano dialoguent soutenus par un accompagnement délicat des baguettes sur les cymbales, la concorde disparaît au profit d’une effervescence groovy en accord avec le titre du morceau, The Rebellion. Unis dans une rythmique alchimique, le trio densifie son expression sans jamais se départir de son élégance. La promenade musicale se termine avec Home is Nearby, un épisode poétique au climat subtil chargé de sérénité.

Avec « Sly », le trio luxembourgeois Reis Demuth Wiltgen demeure ancré dans l’héritage de son pays. Il conserve ce son qui lui appartient en propre et constitue son identité.

Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Pour sa troisième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2023 retrouve le Théâtre Les Arts de Cluny. Au programme, « The Source », le projet du contrebassiste Arnault Cuisinier. Au carrefour du jazz et de la chanson, la musique se profile entre célébration incantatoire et songe poétique.

lire plus
Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Noé Clerc Trio

Après avoir précisé que le concert du 20 août 2023, s’inscrit dans le cadre de Jazz Migration, dispositif d’accompagnement de musicien.ne.s émergent.e.s du jazz et musiques improvisées, Didier Levallet invite les musiciens du Noé Clerc Trio à gagner la scène du Farinier des Moines de l’Abbaye de Cluny.

lire plus
Nouveau RV avec Christophe Monniot & Didier Ithursarry

Nouveau RV avec Christophe Monniot & Didier Ithursarry

« Hymnes à l’Amour - Deuxième chance » … un monde radieux

Plus de deux ans après la parution de leur album « Hymnes à l’Amour », le saxophoniste Christophe Monniot et l’accordéoniste Didier Ithursarry récidivent avec un deuxième opus éponyme sous-titré « Deuxième Chance ». Avec lyrisme et virtuosité, les deux musiciens complices tissent une musique à la fois tendre et sensible, intense et pétillante. « Deuxième Chance », un nouveau rendez-vous à ne pas manquer !

visuel de l'album Hymnes à l'Amour-Une deuxième chance de Christophe Monniot & Didier IthursarryBelle aubaine que « Hymnes à l’Amour - Deuxième chance », ce deuxième volet des « Hymnes à l’Amour » proposé par Christophe Monniot et Didier Ithursarry après .

Leur album « Hymnes à l’amour » (ONJ Records/L’Autre Distribution) sorti en novembre 2018 avait séduit par son discours musical sensible et inventif. Sur « Hymnes à l’Amour - Deuxième chance » à sortir le 26 février 2021 sur le label Emouvance, les deux compères présentent une nouvelle ode à l’amour.

« Deuxième chance » suggère le renouveau possible de l’amour après qu’il se soit affaibli. On ne peut s’empêcher de recevoir cet opus, de le concevoir comme un deuxième rendez-vous, celui qui procure la chance de retrouver ces deux poètes de la musique libre, de partager avec eux une bouffée d’espoir et d’émotions… mais n’est-ce pas là le propre de l’amour qu’évoque Sylvie Gasteau en avant-propos du livret ? De facto, il s’agit bien d’une « Deuxième Chance » que le saxophoniste et l’accordéoniste offrent à leur public.

Toujours complices, Christophe Monniot & Didier Ithursarry rivalisent de tendresse et d’humour, de nostalgie et de folie dans ce deuxième volet des « Hymnes à l’Amour » sous-titré « Deuxième chance ». L’écoute des huit hymnes à l’Amour de cet album transporte dans un monde radieux où se croisent passion, énergie, sensibilité et poésie.

Label Emouvance

Après avoir été appelé en 2019 par Claude Tchamitchian pour faire partie de son trio « Poetic Power » avec la batteur Tom Rainey, Christophe Monniot enregistre avec eux l’album éponyme sorti en 2020 sur le Label Emouvance créé et dirigé par le contrebassiste. Ce dernier lui propose de produire le deuxième volet des « Hymnes à l’Amour » sur Emouvance. Stimulés par cette proposition et par l’attention que la directrice de production, Françoise Bastianelli porte à leur projet, Christophe Monniot & Didier Ithursarry se lancent dans l’écriture de nouveaux morceaux. Ils travaillent « chacun de leur côté » puis se réunissent et répètent ensemble de répertoire original pour « entendre ce qui sonnait, ce qu’il fallait reprendre, plusieurs fois, jusqu’à être tous les deux satisfaits ».

Ainsi après avoir été enregistré les 02, 03 et 04 septembre 2020 aux Studios la Buissonne, l’album « Hymnes à l’Amour - Deuxième chance » entre au catalogue de la maison de Disques Emouvance.

Le répertoire

Dans ce deuxième projet discographique, chacun des deux artistes apporte trois compositions originales et un morceau issu de leurs origines géographiques familiales, basque pour l’accordéoniste, et « pas du tout bulgare pour |le saxophoniste] dont les origines sont situées un peu plus haut sur la mer noire, en Ukraine, mais l’esprit slave » est présent dans ce titre.

Morceaux issus de la tradition

A l’origine, Christophe Monniot avait conçu les arrangements du traditionnel bulgare, Vetcherai Rado (« Soupons ensemble, Rada ») à la demande de Ilia Mihaylov, chef de chœur des fameuses grandes voix bulgares avec lesquelles le saxophoniste a partagé la scène aux côtés du pianiste et compositeur François Raulin et de contrebassiste Brunon Chevillon. Ils ont été repris avec talent par l’accordéoniste.

A l’origine, Banako est la musique d’une danse traditionnelle basque emblématique joué habituellement sur un tempo plutôt rapide. Didier Ithursarry l’a choisi mais a pris le contre-pied et l’a transformé en une ballade lente et sensible.

Les autres titres

Parmi les trois morceaux composés par Christophe Monniot, Pierre qui vole rend hommage à un ami prénommé Pierre qui « s’est envolé », Oláh Là fait un clin d’œil à ses « formidables amis jazzmen tziganes de Hongrie » et Lilia est une ballade dédicacée à sa belle-fille.

Pour sa part, Didier Ithursarry a été inspiré par Leonard Bernstein pour composer East Side et dédie Dede à un ami prénommé Didier.

On demeure en questionnement quant au « ? » du dernier titre de l’album, Une dernière danse ? Peut-être ce signe augure-t-il du doute qui étreint tous les artistes en cette période compliquée où les concerts se sont annulés les uns après les autres et où l’avenir des musiciens se profile comme très incertain ? A moins qu’il n’ouvre la perspective d’un troisième volet…. ce qui ne serait pas pour déplaire au public et aussi aux deux musiciens qui envisageraient volontiers « de faire appel à des compositeurs extérieurs [qu’ils aiment et admirent] et écriraient pour [eux] et un quatuor à cordes ». L’avenir réserve quelquefois de belles surprises et c’est cette dernière option que l’on se plaît à choisir

Impressions

L’album ouvre avec Vetcherai Rado où l’accordéon souffle des accords mélancoliques et le sopranino fait tournoyer ses arabesques. On tombe sous le charme du lyrisme et de l’ardeur de son improvisation où la mélodie se renouvelle à chaque instant, comme le ferait un amour idéal. Sur Dede, le dialogue des deux musiciens permet d’apprécier leur maîtrise technique qui soutient un échange énergique et sensible à la fois. Plus loin, l’alto souffle un brin de folie sur East Side au tempo effervescent.

On plonge ensuite avec délice dans la tendre ballade Lilia, une véritable rêverie musicale où l’alto flamboyant dessine de tendres envolées lyriques. Sur le tempo de valse de Pierre qui vole, le jeu virevoltant du saxophone et de l’accordéon fait tourner la tête. Plus loin, le très touchant Banako sert de tremplin au sopranino qui s’exprime avec un lyrisme autant sensible qu’effervescent. Avec Oláh Là, on se trouve transporté dans une danse balkanique où les deux instruments s’expriment en parfaite symbiose, l’alto passionné stimulant la vigueur inventive de l’accordéon.

Une dernière Danse ? frémit du souffle de l’alto qui instaure un climat brumeux. Le jeu harmonique de l’accordéon évoque la richesse des atmosphères ellingtoniennes traversées par les envolées sinueuses d’un saxophone inspiré et dubitatif. Un délice sonore à savourer sans retenue.

Sur « Hymnes à l’Amour - Deuxième chance » les émotions sont au rendez-vous. Un jazz libéré et sensible qui enchante les tympans, réjouit le cœur et caresse l’âme.

Avec de chaleureux remerciements à Christophe Monniot pour ses amicaux éclairages.
Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Pour sa troisième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2023 retrouve le Théâtre Les Arts de Cluny. Au programme, « The Source », le projet du contrebassiste Arnault Cuisinier. Au carrefour du jazz et de la chanson, la musique se profile entre célébration incantatoire et songe poétique.

lire plus
Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Noé Clerc Trio

Après avoir précisé que le concert du 20 août 2023, s’inscrit dans le cadre de Jazz Migration, dispositif d’accompagnement de musicien.ne.s émergent.e.s du jazz et musiques improvisées, Didier Levallet invite les musiciens du Noé Clerc Trio à gagner la scène du Farinier des Moines de l’Abbaye de Cluny.

lire plus