« Too Short » par Fabien Mary and The Vintage Orchestra

« Too Short » par Fabien Mary and The Vintage Orchestra

Swing XXXL

« Too Short », le premier album en big band de Fabien Mary réalisé avec The Vintage Orchestra est sorti le 28 mai 2021 sur le label jazz&people. Membre de l’orchestre depuis ses débuts, le trompettiste a composé et arrangé l’intégralité de la musique de ce disque. Répertoire original, couleurs chatoyantes, improvisations inspirées. Dix pièces inscrites dans la grande tradition du jazz orchestral. Du swing XXXL !

Depuis plus de vingt ans, Fabien Mary se passionne pour le jazz. Après avoir sorti en mars 2018 l’élégant « Left Arm Blues » (jazz&people/PIAS) à la tête d’un brillant octet, le trompettiste revient en mai 2021 avec « Too Short » (jazz&people/PIAS) à la tête du big band The Vintage Orchestra dont il est l’un des membres fondateurs depuis 2001 avec Erick Poirier et Sophie Alour et Dominique Mandin.

Après « Left Arm Blues » écrit pour un octet de la main gauche par le leader, immobilisé suite à une chute son bras droit qui l’empêchait de jouer, Fabien Mary a cette fois composé et arrangé les riches partitions de « Too Short » pour un big band de 17 musiciens.

The Vintage Orchestra

Autour du pianiste Florent Gac, du contrebassiste Yoni Zelnik et du batteur Andrea Michelutti se déploient une section de trompettistes comprenant Erick Poirier, Julien Ecrepont, Fabien Mary, Malo Mazurié, une section de saxophonistes/flûtistes/clarinettistes comptant Dominique Mandin, Olivier Zanot, Thomas Savy, David Sauzay, Jean-François Devèze et une section de trombonistes constitué de Michaël Ballue, Michaël Joussein, Jerry Edwards, Martin Berlugue, Didier Havet. C’est Dominique Mandin qui assure la fonction de directeur musical. Parmi les musiciens qui ont enregistré la musique de Fabien Mary, 11 étaient déjà présents sur le premier disque du Vintage Orchestra en 2003.

Enregistré les 25 et 26 août août 2020 à l’auditorium du conservatoire de Persan (Val d’oise), « Too Short » permet d’apprécier quelques-uns des seize brillants solistes qui entourent Fabien Mary.

« Too Short »

Couverture de l'album Too Short de Fabien Mary and The Vintage OrchestraDe nombreuses improvisations toutes plus explosives et étincelantes les unes que les autres émaillent cet album dont le visuel un peu vintage évoque les couvertures des albums Blue Note et cadre tout à fait avec ce répertoire interprété dans la grande tradition des big bands. Les arrangements de Fabien Mary s’inscrivent dans l’esthétique des arrangeurs dont il revendique les influences en la matière, comme Thad Jones, Slide Hampton, Jimmy Heath, Duke Pearson, Oliver Nelson, Gil Evans, Mary Lou Williams, Gigi Gryce, Tadd Dameron, Bill Holman, Marty Paich, Toshiko Akiyoshi, Quincy Jones et Melba Liston.

Riche et sophistiquée, dense et stimulante, la musique ne manque ni de nuance ni de précision. De bout en bout des dix pistes de « Too Short », le big band fait éclater une musique fluide, jubilatoire et flamboyante. D’une absolue élégance et sans aucun maniérisme, la musique totalement maîtrisée est portée par un swing XXXL.

A vrai dire, l’album mérite bien son titre, « Too Short », car après une première écoute advient la frustration. On trouve le disque trop court et l’on est tenté de le faire tourner encore, et encore jusqu’à s’immerger dans la musique et s’en imprégner sans jamais se lasser.

Au fil du répertoire

En ouverture, l’orchestre affiche sur Too Short des couleurs rutilantes et Fabien Mary révèle à la fois ses talents d’arrangeur et de soliste solaire. Chaque membre du big band est au service du collectif. Le solo du ténor de David Sauzay est resplendissant de swing. Le titre évoque la musique du trompettiste et compositeur Thad Jones, grand héritier de la tradition afro-américaine du big band. Le répertoire se poursuit avec The Fall aux arrangements ciselés. La trompette de Malo Mazurié puis le trombone de Michaël Joussein swinguent d’une joie communicative. Leur expression est jubilatoire.

Sakura impressionne ensuite par le climat hypnotisant qu’impulse la ligne mélodique de la flûte ensorcelante. Le chorus parfaitement maîtrisé du pianiste Florent Gac introduit celui de la clarinette basse de Thomas Savy. L’improvisation brillante de la trompette de Julien Ecrepont permet d’apprécier sa sonorité à la fois élégante et vivifiante.

Plus loin, One For Slide rend hommage au tromboniste compositeur et arrangeur Slide Hampton (89 ans) avec qui Fabien Mary a joué en avril 2017 pour fêter ses 85 ans au Dizzy’s du Lincoln Center de New York au sein d’un octet dont le célèbre tromboniste faisait partie. Le tromboniste Michaël Joussein développe un solo d’une élégance rare. Son timbre suave tranche avec la fougue du saxophone ténor de David Sauzay. Soutenu par une solide technique, le pianiste Florent Gac délivre quant à lui une improvisation inspirée et ancrée dans la grande tradition du piano jazz. Des arrangements de Fabien Mary jaillissent de flamboyante couleurs sonores.

Fabien Mary dédicace ensuite D.P (song for Duke Pearson) au compositeur pianiste et chef d’orchestre américain Duke Pearson disparu en 1980. Une pièce remarquable de légèreté et de décontraction où flamboie le solo de l’altiste Olivier Zanot alors que celui du tromboniste Jerry Edwards est gorgé de swing. Par la suite, The Vintage Orchestra propose le très court Like Thousands of Butterflies, une ballade sensible exposée par la flûte sur un arrangement aux couleurs orchestrales nuancées et délicates, comme les ailes de ces papillons qu’évoque le morceau.

Le climat change du tout au tout avec le fervent Don’t Look Back conçu dans le plus pur style bebop. Il n’est pas sans évoquer la puissance du big band de Dizzy Gillespie et permet d’apprécier le jeu éclatant de l’orchestre, la nervosité du jeu des saxophonistes Thomas Savy et Olivier Zanot et aussi le chorus du batteur Andrea Michelutti.

La flûte de Dominique Mandin introduit le thème du morceau Hell’s Kitchen Blues, une ligne mélodique développée sur une grille de blues. La section éclatante des soufflants prend la suite et c’est plus loin à Fabien Mary de prendre une improvisation lyrique avec de longues phrases volubiles qui mettent en avant son habileté harmonique. L’alto de Dominique Mandin tisse un solo acidulé et tonique auquel répond la contrebasse de Yoni Zelnik qui n’en finit pas de paraphraser le thème avec humour. Un moment diaboliquement enivrant.

C’est ensuite 402, une ballade somptueuse qu’interprète The Vintage Orchestra dans un style West Coast. L’exquise délicatesse de ce morceau évoque les arrangements de Bill Holman, cité par Fabien Mary comme une de ses influences. Le tromboniste Jerry Edwards s’exprime avec une limpidité sans égale puis la masse orchestrale éblouit par ses flamboyances pleines d’éclat.

L’album se termine avec le chatoyant To the Lighthouse que l’on est tenté de rapprocher de l’esthétique du courant jazz cool. Un morceau aux arrangements sophistiqués où rayonne l’art du contrepoint. Le solo feutré du tromboniste Michaël Ballue inspire au pianiste Florent Gac un chorus irradié de swing.

« Too Short », un album chaleureux au swing omniprésent. The Vintage Orchestra irradie de mille couleurs et les improvisations des solistes contribuent à l’éclat du big band.

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Shabda

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Jazz Campus en Clunisois 2023 – Simon Goubert – Sylvain Rifflet

Le 25 août 2023, Jazz Campus en Clunisois 2023 propose un double plateau sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny. En ouverture et en solo, le batteur Simon Goubert fait chanter « Le Matin des Ombres » puis, à la tête de son quartet, le saxophoniste Sylvain Rifflet s’adresse « Aux Anges » et invite le public à les rejoindre dans un monde électroacoustique tourmenté. Contrastée, cette surprenante soirée fait alterner et grondements et tourbillons sonores.

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Le 24 août 2023, Didier Levallet accueille le quartet de Daniel Zimmermann sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny. Le tromboniste vient présenter son projet « L’homme À Tête de chou in Uruguay ». Un spectacle exaltant et volcanique qui propose une relecture innovante de chansons issues du répertoire de Serge Gainsbourg. Des variations inventives sur lesquelles souffle l’esprit d’un jazz teinté de rock, de funk et de reggae.

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Simon Bolzinger Trio – Jazz des cinq continents

Simon Bolzinger Trio – Jazz des cinq continents

Le 20 juin 2021 au Musée Provençal de Marseille

Dans le cadre de Jazz des cinq continents, le pianiste Simon Bolzinger rend hommage en trio aux musiques du continent latino-américain, le 20 juin 2021 à 20h au Musée Provençal de Marseille. Son album « Ritmos Queridos » opère la fusion entre musiques traditionnelles d’Amérique du Sud et Jazz. Promesses d’un voyage musical épicé en Amérique du Sud.

Le dimanche 20 juin 2021 à 20h, Jazz des cinq continents convie les amateurs de Jazz à écouter Sudameris Jazz Trio et Simon Bolzinger Trio, en plein air et en acoustique au théâtre de verdure du Musée provençal de Château Gombert.

Pour l’occasion, accompagné de ses fidèles compagnons de route, le contrebassiste Willy Quiko et le batteur Luca Scalambrino, le pianiste marseillais Simon Bolzinger invite le public à suivre son trio dans un voyage musical poétique et émouvant, un voyage où les énergies sacrées et ancestrales se mêlent aux harmonies jazz et aux grooves des rythmes qu’il chérit. Comme il l’a fait au fil des neuf titres instrumentaux de son cinquième album « Ritmos Queridos », le leader du trio passionné des musiques traditionnelles d’Amérique du Sud va proposer aux spectateurs de découvrir les rythmes du continent sud-américain et des Caraïbes.visuel de l'album Ritmos Queridos de Simon Bolzinger

Sorti en 2020, l’album « Ritmos Queridos » permet de découvrir neuf des « rythmes préférés » du pianiste Simon Bolzinger…joropo vénézuélien, huayno péruvien, côco brésilien combiné à salsa cubaine, zamba argentine, valse vénézuélienne, l’entraînant ijexá qui rythme les cortèges du carnaval au Brésil, danzón cubain, candombe uruguayen et bolero mexicain.

Avec passion mais non sans nuances, Simon Bolzinger les développe sur son piano, accompagné par Willy Quiko (contrebasse, basse) et Luca Scalambrino (batterie). Sur plusieurs morceaux, le trio invite le percussionniste Alvaro Perez.

Le trio opère une fusion musicale fort réussie entre rythmes traditionnels sud-américains et improvisations jazz que l’oreille savoure sans retenue. Sur de riches textures harmoniques, les musiciens rivalisent d’élégance et de virtuosité et combinent swing et musicalité.

Souvent lyriques et énergiques, la contrebasse et son archet se font romantiques sur Beau Soir & Dindi, un titre qui rapproche une courte version instrumentale du Beau Soir de Claude Debussy et Dindi, la composition d’Antonio Carlos Jobim. Empreint d’une douce sensualité, le morceau pétille d’une joie effervescente qui enchante l’oreille.

On savoure sans réserve les séquences exaltées qui ponctuent Montuno en Olinda et Danzón para Oxúm, deux compositions de Simon Bolzinger. L’oreille se laisse enchanter par l’énergique Baile de los morenos et ses accents à la fois soul et brésilien qui ne sont pas sans évoquer le latin jazz de Tania Maria. Plus loin, le tempo étiré de la composition d’Armando Manzanero, El ciego, permet d’apprécier la technique brillante et maîtrisée du pianiste. Son jeu sensible et subtil fait respirer ce bolero et suspend littéralement le cours du temps. Un pur moment de ravissement.

Pour découvrir et apprécier le répertoire que propose le Simon Bolzinger Trio, rendez-vous à 20h dans l’écrin du théâtre de verdure du Musée provençal de Château Gombert, le 20 juin 2021. En deuxième partie de soirée, le trio du pianiste invite le public à le suivre tout autour du continent sud-américain. L’occasion rêvée pour une escapade où groove et poésie enlacent les harmonies du jazz pour le meilleur. Dépaysement garanti et promesses d’un voyage musical entre énergie et émotion.

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Clin d’œil à Florian Pellissier Quintet & « Rio »

Clin d’œil à Florian Pellissier Quintet & « Rio »

Hard bop méditatif et douce poésie

Intitulé « Rio », le cinquième album du Florian Pellissier Quintet invite à un voyage vers des rivages apaisés, sensibles et élégants. Enregistré en quintet dans le New Jersey, dans le mythique studio de Rudy Van Gelder, l’opus navigue entre hard bop méditatif et douce poésie. Imprégné de groove et de musicalité, le répertoire enchante de bout en bout. La musique coule comme un fleuve, un rio, um rio

couverture de l'album Rio de Florian Pellissier QuintetAprès « Le diable et son train » (2012), « Biches bleues » (2014), « Cap de bonne espérance » (2016) et « Bijou Voyou Caillou » (2018), tous sortis chez Heavenly Sweetness, le Florian Pellissier Quintet change de label et annonce la sortie de « Rio » chez Hot Casa Records le 28 mai 2021.

Avec ce nouvel album, on fête les retrouvailles avec les Biches bleues découvertes en 2014 sur le disque au titre éponyme et retrouvées gambadant en 2016 dans une forêt de l’album « Cap de Bonne Espérance ».

En 2021, le pianiste voyageur propulse les biches dans l’espace et invite l’oreille à les suivre dans leur voyage sonore intersidéral. Irrésistible !

« Rio », un album moderne et coloré. Ancré dans la tradition et irrigué par une créativité de chaque instant, il s’évade vers des espaces musicaux contemporains.

« Rio »

En août 2019, le pianiste Florian Pellisier retrouve Maureen Sickler, la fidèle assistante de Rudy Van Gelder dans le légendaire studio dans le New Jersey où furent enregistrés nombre d’albums Blue Note, Verve, Prestige, Impulse et CTI et aussi le dernier en date, le superbe « Jazz Traficantes » (Favorite Recordings) gravé par Florian Pellissier avec le groupe Le Deal.

Ainsi, pour les vingt ans du quintet, Florian Pellissier a gravé les huit pistes de l’album « Rio » avec le saxophoniste Christophe Panzani, le trompettiste Yoann Loustalot, le contrebassiste Yoni Zelnik basse et la batteur David Goergelet.

Tout au long de « Rio », le Florian Pellissier Quintet déroule un jazz d’allégeance hard bop traversé par un groove puissant et imprégné d’une sensible rêverie.

Invitation à naviguer au fil des plages

Rio ouvre l’album par une atmosphère contemplative et une douceur tropicale brésilienne insufflée par la sonorité ouatée de la trompette et le son voilé du ténor. Dépaysement sonore, songe éthéré, on se laisse porter avec bonheur. Le climat se densifie avec Wildcards. A partir d’un motif de basse et de piano, saxophone et trompette tissent une mélodie percussive et sinueuse. Avec légèreté, ils instaurent un dialogue porté par une rythmique infaillible et entraînante.

Plus loin, Live at the Vanguard laisse planer un parfum de hard bop évoquant les enregistrements frappés du sceau Blue Note. Le jeu de piano assure un soutien harmonique inscrit dans la veine de ceux que prodiguait Herbie Hancock. Sur son bugle, le trompettiste développe une improvisation d’une musicalité pastel où se côtoient tradition et modernité. Le ténor se fait rageur et à travers sa flamme propose un spectre sonore qui laisse pantois.

Florian Pellissier Quintet

Florian Pellissier©Sasha Bezzubov

Sur Between the Bars, le quintet invite la chanteuse franco-brésilienne Agathe Iracema qui donne la réplique aux soufflants. Avec Baron Samedi, l’atmosphère se densifie. Vous avez dit vaudou ? Un vaudou-jazz aux couleurs modales qui met en évidence le jeu du ténor incandescent et de la trompette passionnée. Le piano n’est pas en reste et déverse des torrents de notes. Au cours de son chorus, proche de la transe, s’évadent des flots de phrases dignes de Don Pullen.

Le voyage continue avec Jungle de Guyane. A l’écoute de cette ballade, on ressent la touffeur accablante de la jungle tropicale et sa luxuriance que restituent les notes langoureuses des solistes qui semblent expirer d’épuisement. Le piano libère des cascades de notes perlées qui rafraichissent l’atmosphère. En guise de conclusion, l’album ressuscite les Biches chères au leader. L’introduction de Biches dans l’espace s’apparente à une procession musicale spritiual puis le tempo évolue. Trompette et saxophone dialoguent et la ligne de basse semble ensuite donner le départ du compte à rebours. Le piano tente une échappée puis un synthé futuriste esquisse les préludes d’une odyssée sonore intergalactique…

RV à partir du 28 mai 2021 avec « Rio » (Hot Casa Records/Big Wax) et Florian Pellissier Quintet pour suivre les musiciens dans leur voyage musical, entre hard bop et balades tropicales.

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Shabda

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Coup de cœur pour « Kaboom » et Michel Meis 4tet

Coup de cœur pour « Kaboom » et Michel Meis 4tet

D’une singularité inouïe

Le quartet luxembourgeois du batteur Michel Meis annonce la sortie de son deuxième album, « Kaboom », avec en invité, le violoniste français Théo Ceccaldi. Le titre explosif de l’opus est en parfaite adéquation avec son contenu musical. Un jazz moderne, nerveux et dynamique où alternent mélodies accrocheuses et improvisations décapantes et inspirées. Avec un goût affirmé pour la diversité des ambiances et les structures complexes, la musique affirme son identité qui tranche avec les formats consensuels. A découvrir et à partager !

visuel de l'album Kaboom de Michel Meis QuartetAprès son premier album « Lost in Translation » (2019), le quartet du batteur luxembourgeois Michel Meis sort « Kaboom », un deuxième opus annoncé pour le 28 mai 2021 sur Double Moon Records.

Avec aplomb, un superbe et mystérieux chat blanc aux yeux verts illustre le visuel de l’album et son livret. Le blanc fait aussi consensus pour la pochette et la tenue des artistes.

Tout comme le félin, le quartet s’octroie la liberté de faire ce qu’il veut… une musique lumineuse à la singularité inouïe qui dépayse et réjouit l’oreille.

Sur « Kaboom », avec souplesse et sans aucun heurt, Michel Meis 4tet navigue entre vibrations rock et pulsations jazz, entre effets rythmiques et mélodies lyriques, entre improvisations éclatantes et expérimentations originales.

« Kaboom »

Pour « Kaboom » (Double Moon Records/DistrArt Music) du Michel Meis 4tet, enregistré en décembre 2020, Michel Meis a réuni la même équipe que celle de son premier album. La tromboniste Alisa Klein, le pianiste Cédric Hanriot et le contrebassiste Stephan Goldbach. Sur cinq titres, le quartet invite le violoniste Théo Ceccaldi. La cohésion du groupe ne se dément à aucun moment mais cette osmose n’altère en rien la singularité de l’expression de chaque artiste. Son chaleureux et chargé d’émotion du trombone, force et élégance de la contrebasse, piano plein d’assurance mais riche en surprises, fougue et impétuosité maîtrisées de la batterie, élan et flexibilité du violon.

Entre sept pièces longues de sa composition, Michel Meis intercale quatre miniatures, deux de sa plume, une à créditer à Théo Ceccaldi & Stephan Goldbach et une autre à Cédrick Hanriot. Dans ces interludes prévaut l’improvisation. Expression solo pour le piano et sur les autres, des conversations entre violon et contrebasse, contrebasse et piano, batterie et trombone.

Au fil des titres

L’album ouvre avec Full Pedal Jacket. Basé sur riff qui revient tout au long de ses 8’42, le morceau débute de manière impétueuse et le quartet sonne comme un big band, son puissant et ardent du trombone, martèlement des notes du piano, envolées lyriques du violon, vigueur de la rythmique. Le piano apaise le climat puis embrase de nouveau l’atmosphère. Plus loin, le violon envoutant déroule ses lignes musicales sinueuses chargées de mélancolie. Après ce premier titre qui fleure bon l’hommage à Stanley Kubrick, advient un interlude joué solo par le piano, un moment onirique et précieux.

Tout le groupe se retrouve sur State of Uncertainty, piste écrite par le leader en plein confinement. Le titre et l’atmosphère évoquent à n’en pas douter l’état d’incertitude dans lequel se trouve le monde, ce que restituent tout à fait les changements de rythme. Le climat sonore oscille entre rythmes effrénés et mélodies oniriques. Jeu éclatant du trombone, souplesse féline du violon, respirations vibrantes du piano, pure élégance de la contrebasse, riches ponctuations rythmiques de la batterie. Un dialogue s’instaure ensuite sur un très court interlude entre les cordes de la contrebasse et celles du violon. Sonorité boisée des premières, pizzicati acidulés des secondes.

Très éclectique dans sa structure qui fait alterner plusieurs formes musicales, Kaboom déborde de puissance et de lumière. Après une introduction explosive trombone/violon, piano, batterie/contrebasse, le solo du violon illumine l’espace sonore par sa flamboyance mise en valeur par le drive de la batterie. Le piano dompte son impétuosité puis la laisse éclater et rallie à sa cause l’ensemble orchestral fulgurant d’énergie. Au mitan de l’album, le titre qui donne son nom à l’album inclut les éléments clés de la musique du groupe.

Avec une introduction au bruitisme spatial, Coming Together transporte le quartet vers un voyage cosmique. L’archet de la contrebasse fait résonner des notes graves, le clavier égrène des perles aiguës qui entrent en vibration avec les sonorités médium soufflées par le trombone au-dessus des effleurements des balais sur les cymbales. Par un enchainement subtil et presque sans rupture, le quartet rallié s’achemine vers She, une ballade atmosphérique écrite par Michel Meis pour Alisa Klein dont il dit qu’elle représente « l’âme du groupe ». Le trombone à la sonorité ample et moelleuse égrène des notes dans le registre grave alors que le piano lui répond par de courtes impulsions dans les aigus. Après le chorus lyrique du soufflant, la contrebasse chante au-dessus des nappes du Rhodes puis le piano développe un solo lyrique qui ravit par ses surprises.

Après un interlude fondé sur les arabesques du piano accompagné par l’archet de la contrebasse, débute le dansant Red Desert Air. Le thème repose sur un motif joué en continuum jusqu’à en devenir hypnotique, par le trombone et la contrebasse, lesquels sont rejoints par le piano et la batterie. Suit alors une énergique et captivante improvisation du trombone. L’accompagnement rythmique qui fait alterner ruptures et salves est somptueux. Le titre restitue tout à fait la chaleur torride qui se dégage d’une désertique étendue de sable chauffée à blanc. On en sort décoiffé.e !

Après un déferlement fracassant de la batterie, le souffle du trombone tisse ensuite une complainte d’une mélancolie infinie au-dessus du déchainement incessant des baguettes sur les tambours. A la suite de ce dernier interlude, se profile Re:build, « composition commandée (à Michel Meis) sur la reconstruction économique et sociale du Luxembourg détruit après la Seconde Guerre mondiale ». Après introduction du piano solo, batterie, contrebasse, trombone, Rhodes et violon entrent en piste. Les instruments créent un climat dont l’effervescence ne va cesser de varier. Les frontières s’amenuisent entre écriture et improvisations portées par des riffs rythmiques incessants que développent trombone, contrebasse et batterie. Après une virulente intervention du trombone et une improvisation du Rhodes interrogatif, le violon développe un jeu tendu et explosif qui s’achemine vers un territoire sonore plus calme où il est rejoint par l’archet de la contrebasse et par le trombone. Cette pièce qui oscille incessamment entre montées et descentes dynamiques termine avec brio le répertoire de cet album remarquable.

« Kaboom, un concentré d’éclectisme qui allie avec bonheur lyrisme et énergie, élégance et émotion. Sur cet opus peu conventionnel qui cultive la diversité, les plages font alterner les rythmes, naviguent entre dynamisme et mélancolie, entre chaleur et fureur. Un jazz actuel qui préfigure celui de l’avenir.

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Shabda

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Dmitry Baevsky présente « Soundtrack »

Dmitry Baevsky présente « Soundtrack »

Album photo musical

Le saxophoniste Dmitry Baevsky présente son 9ème album, « Soundtrack ». En treize tableaux, l’altiste brosse l’album photo musical de son parcours de vie. Avec éclat et lyrisme, il parcourt l’histoire du jazz et délivre une musique au pouvoir narratif puissant.

A la tête d’un quartet à la cohésion inébranlable, le saxophoniste Dmitry Baevsky offre avec « Soundtrack », un album saisissant d’énergie et de lyrisme. Sorti le 21 mai 2021, ce neuvième album du leader a été enregistré à New York pour le label Fresh Sound New Talent. Autour de l’altiste sont réunis le pianiste Jeb Patton, le contrebassiste David Wong et le batteur Pete Van Nostrand.visuel de l'album Soundtrack de Dmitry Baevsky

L’album évoque Saint-Pétersbourg, les rives gelées de la Neva, les grandes avenues new-yorkaises, la difficulté d’être un étranger dans une grande ville, les clubs bondés de Greenwich Village, la nostalgie, la beauté de Paris, l’excitation des nouveaux départs. On passe d’une chanson populaire russe à un thème d’Ornette Coleman, de Sonny Rollins, d’une mélodie classique tirée de l’opéra « Le Prince Igor » d’Alexandre Borodine à une chanson de Michel Legrand écrite pour « Les Demoiselles de Rochefort », de compositions de sa plume à un standard qui narre l’automne à New York.

« Soundtrack » met en évidence éclectisme et le talent insolent de cet altiste au son unique. Avec élégance, Dmitry Baevsky inscrit son propos musical dans l’histoire du jazz. Sans forcer son art, il impressionne par son jeu technique exemplaire autant qu’il émeut par sa verve mélodique et son lyrisme inspiré.

Saint-Pétersbourg… New York… Paris

Saint-Pétersbourg

Fils unique d’un écrivain et d’une traductrice, Dmitry Baevsky grandit à Saint-Pétersbourg où il est né (la ville s’appelait alors Léningrad).

« Mon premier saxophone venait de Tchécoslovaquie. Je suis entré dans une école de musique à 14 ans et me suis inscrit pour faire partie du big band. Mon intention initiale était de jouer de la guitare, mais ils manquaient de saxophonistes dans la section des cuivres et je me suis retrouvé avec un alto… » Il se découvre alors une véritable passion pour la musique. En 1991, le jeune musicien intègre le Mussorgsky College of Music à Saint-Pétersbourg et étudie avec le brillant saxophoniste russe Gennady Goldstein.

Au Jazz Philharmonic Hall de Saint-Pétersbourg (l’un des principaux clubs de jazz de la ville), il rencontre Ann et Bob Hamilton, un couple américain qui assiste à son concert et lui propose de l’aider à se rendre à New York pour un stage de jazz de 2 semaines.

« J’ai manifesté mon intérêt et un an plus tard, ils avaient obtenu un visa pour moi et proposaient de me loger pendant mon séjour ».

New York

Dmitry Baevsky débarque à New York et « Le court voyage prévu s’est prolongé en un séjour de six mois chez les Hamilton. »

Il auditionne pour intégrer le département Jazz de la prestigieuse New School University de New York. Il obtient une bourse pour sa scolarité complète à la suite de quoi il quitte la Russie qu’il ne reverra que quinze ans plus tard. A la fin de ses études, il est un membre à part entière de la scène jazz locale et décide alors de s’installer à New York.

Avec son timbre sombre et chaleureux, sa technique redoutable et un sens évident du drive, Dmitry Baevsky est devenu l’un des saxophonistes incontournables de la scène jazz new-yorkaise. Parmi les musiciens avec lesquels il a joué ou enregistré, on peut citer Benny Green, Peter Washington, Willie Jones III, David Hazeltine, “Killer” Ray Appleton, David Williams, Peter Bernstein, Cedar Walton, Dennis Irwin, Jeremy Pelt, Joe Cohn, Steve Williams, Joe Magnarelli, Jesse Davis, Ryan Kisor, Gregory Hutchinson, Roger Kellaway, Leon Parker, Dena De Rose et bien d’autres encore.

« New York est une ville si contrastée ; accueillante et gratifiante un jour, cruelle et solitaire le lendemain. J’ai passé la plus longue partie de ma vie là-bas et je me considère toujours comme un New-yorkais. »

Paris

Dmitry Baevsky a découvert la capitale française au fil de ses tournées régulières en Europe. En 2016, il s’installe à Paris avec sa famille tout en maintenant une forte connexion professionnelle avec New York.

Nouvelle ville, nouvelle vie, nouvelles scènes. Les années passent et avec « Soundtrack », le saxophoniste livre un album très personnel où il offre des portraits musicaux de sa vie.

« Les treize morceaux de ce disque peuvent s’écouter comme on tourne les pages d’un album photo : la musique que j’ai choisie pourrait être la bande originale de ma vie. J’espère qu’en l’écoutant, vous pourrez entrevoir mon histoire. »

Au fil des pistes

Avec Evening Song, on imagine suivre le saxophoniste à travers les rues de sa ville natale. Dans un style West Coast, l’alto dessine sur la composition de Vasily Solovyov-Sedoi, une ligne mélodique empreinte de mélancolie qui serpente, irriguée de fulgurances. Le registre médium de l’alto évoque le souffle chaud d’un ténor mais le phrasé très vif de son solo ne laisse aucun doute quant à l’instrument. Sur Vamos Nessa de Joao Donato, le jeu saccadé de l’alto évolue en même temps que celui du piano. Haletant voire même convulsif, il n’en demeure pas moins fluide.

Sur sa composition Baltiyskaya, Dmitry Baevsky manifeste une grande affinité pour le blues mineur. Il fait preuve d’une virtuosité maitrisée et déconcertante pimentée de fulgurances qui ne sont pas sans évoquer celles d’Art Pepper. Dans ce style bop, le pianiste s’exprime avec une grande liberté harmonique. C’est avec souplesse que le saxophoniste adapte ensuite la composition de Sonny Rollins, Grand Street. La sonorité de l’alto est profonde et chaleureuse et son jeu explosif. Le solo du pianiste au toucher précis rappelle nombre de ses influences et la courte improvisation chantante du contrebassiste permet d’apprécier le son boisé de son instrument.

Dmitry Baevsky

Dmitry Baevsky©Capucine de Chocqueuse

Plus loin, le quartet restitue à merveille sur The Jody Grind, le style funky d’Horace Silver, compositeur du thème. Tel un acrobate, l’alto balance entre emphase et souplesse. Sans transition, le saxophone adopte ensuite une sonorité plus veloutée et un débit déconcertant de fluidité pour interpréter avec une belle élégance, La Chanson de Maxence, composée par Michel Legrand pour son film « Les Demoiselles de Rochefort ». C’est ensuite Over and out, un titre du leader que le quartet interprète. Sur ce morceau inscrit dans le plus pur style bop, l’alto saisit autant par sa fougue que par la souplesse de son discours articulé avec dextérité sur un tempo ultra rapide.

Avec délicatesse et sur une rythmique originale, le quartet réactualise Le Coiffeur. Sur ce thème de Dexter Gordon, l’alto s’exprime avec lyrisme et prouve combien il maîtrise l’art de l’accentuation tout au long de ses phrases développées avec souplesse et vélocité. Les quatre complices interprètent ensuite avec fidélité une reprise du thème d’Ornette Coleman, Invisible. Après le chorus fluide et agile de l’alto, le piano tranche par un propos plus insurrectionnel.

Le contraste avec la ballade qui suit, est saisissant. En effet, sur Autumn in New York, le saxophone adopte un son rond et moelleux et son jeu manifestement imprégné d’une influence West Coast, livre une autre facette de son expression. On se souvient alors de Benny Carter ou Johnny Hodges. Un pur délice !

Place ensuite à un autre grand standard avec une reprise de Stranger in Paradise sur lequel le saxophoniste balance entre douceur et énergie, avec une aisance rythmique renversante. Sur Tranquility, le quartet restitue tout à fait l’esprit serein de la composition d’Ahmad Jamal. Le piano groove avec un feeling remarquable puis le solo de l’alto ondule avec une vigueur à laquelle ne manque ni grâce ni nuance.

L’album se termine avec Afternoon in Paris. Après une introduction de l’alto à la sonorité cette fois plus tranchante, la contrebasse offre une improvisation chantante puis, saisit de fièvre, le saxophone se lance dans un solo aventureux plein d’agilité et d’inventivité accompagné par le duo rythmique avec qui il échange avec un plaisir palpable. Un superbe hommage à Paris.

Avec « Soundtrack », Dmitry Baevsky prouve qu’il fait partie de ces altistes avec lesquels le jazz doit compter. Brillant, véloce, élégant et émouvant.

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Shabda

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Une soirée vibrante de musicalité et d’émotion Pour la dernière soirée du Festival Jazz Campus en Clunisois 2023, Didier Levallet accueille « Shabda », le sextet du contrebassiste et compositeur Yves Rousseau. Trois saxophones, un violon, une batterie et la...

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Jazz Campus en Clunisois 2023 – Simon Goubert – Sylvain Rifflet

Le 25 août 2023, Jazz Campus en Clunisois 2023 propose un double plateau sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny. En ouverture et en solo, le batteur Simon Goubert fait chanter « Le Matin des Ombres » puis, à la tête de son quartet, le saxophoniste Sylvain Rifflet s’adresse « Aux Anges » et invite le public à les rejoindre dans un monde électroacoustique tourmenté. Contrastée, cette surprenante soirée fait alterner et grondements et tourbillons sonores.

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Jazz Campus en Clunisois 2023 – L’homme À Tête de chou in Uruguay

Le 24 août 2023, Didier Levallet accueille le quartet de Daniel Zimmermann sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny. Le tromboniste vient présenter son projet « L’homme À Tête de chou in Uruguay ». Un spectacle exaltant et volcanique qui propose une relecture innovante de chansons issues du répertoire de Serge Gainsbourg. Des variations inventives sur lesquelles souffle l’esprit d’un jazz teinté de rock, de funk et de reggae.

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Le contrebassiste Mauro Gargano signe « Feed »

Le contrebassiste Mauro Gargano signe « Feed »

Musique, nourriture de l’âme

En 2021, le contrebassiste et compositeur Mauro Gargano propose « Feed », un nouvel album enregistré en trio avec le pianiste italien Alessandro Scobbio et le batteur français Christophe Marguet. Huit plages d’un jazz moderne et exigeant dont les vibrations poétiques nourrissent l’âme et irriguent l’imaginaire de rêveries singulières.

visuel de l'album Feed de Mauro GarganoAprès le fort raffiné et poétique « Nuages » sorti en 2020, le contrebassiste Mauro Gargano revient le 07 mai 2021 avec « Feed » (Diggin Music Prod/Absilone Socadisc). Composé entre avril et septembre 2020, le répertoire de l’album reflète les réflexions du leader lors de la première vague de la pandémie.

En trio avec le pianiste Alessandro Sgobbio et le batteur Christophe Marguet, le compositeur et contrebassiste Mauro Gargano propose huit pistes d’une musique sans concession où alternent tensions collectives et expressions individuelles. Son écoute réactive le souvenir de ces moments étranges où regarder par la fenêtre était le seul voyage possible et où la musique nourrissait les rêves d’évasion vers un monde libéré des contraintes imposées par le virus.

Enregistré à Paris où réside Mauro Gargano depuis des années, « Feed » délivre des sonorités chargées d’énergie, de surprises et d’espoir.

En ouverture de l’album, Feed se donne à découvrir au fil de 7’26 d’une musique ondulatoire pleine de surprises. A partir d’un motif répétitif de la contrebasse, le piano soutenu par une batterie au jeu tellurique déverse des torrents d’arpèges vibratoires. Après un début tout en hésitation, le titre offre une structure solide dont les débordements rythmiques stimulent l’oreille et enchantent l’écoute. Telle une nourriture mentale apéritivante, Feed ouvre l’envie de découvrir l’album plus avant.

Full Brain installe ensuite une étrange atmosphère. Débutée sur un tempo lent avec des volutes pianistiques tout en suspension et un accompagnement rythmique déstructuré sur des mesures impaires, cette seconde plage musicale s’enflamme en un crescendo rythmique. Contrebasse et piano rivalisent de puissance et réitèrent chacun de son côté un thème trituré inlassablement presque jusqu’à la saturation. Étrangement, cela fait écho à ces pensées redondantes et presque obsessionnelles qui ont pu envahir l’esprit de nombre de personnes confinées.

Plus loin sur l’album, Keep Distance déploie une structure hypnotique imprégnée d’une mélancolique beauté. Le jeu dépouillé du piano et l’accompagnement minimalisme des balais sur les peaux des tambours évoque l’introspection et suggère cette distanciation qui coupe les liens si l’on n’y prend pas garde. Après les tonalités plutôt sombres du début, on se laisse enivrer par les fluctuations du rythme et de l’intensité musicale induite par le jeu répétitif du piano porté par les impulsions de la rythmique. Sur Look Beyond the Window, le titre suivant, le trio engage à porter le regard plus loin. Il instaure d’abord un climat sonore pastoral puis fait évoluer l’atmosphère vers un groove où les synthés sont stimulés par une pulsation rythmique aux accents enrockés. Sans doute le compositeur veut-il ainsi augurer ainsi des ailleurs et des lendemains porteurs d’espoirs… on veut y croire avec lui.

Outre ces propositions musicales en lien avec le contexte sanitaire actuel, Mauro Gargano dédie deux pièces au désastre sanitaire, écologique et social qui touche la région des Pouilles dont il est originaire. Il reprend le thème Pasolini gravé sur « Nuages » et le renomme Ilva’s Dilemma en hommage au peuple de Tarente où l’aciérie d’Ilva a engendré une pollution source d’une catastrophe environnementale. Aujourd’hui ni le repreneur ni l’état italien ne consentent à sécuriser la production pour relancer l’économie tout en préservant la santé de la population. Après une introduction morose, le trio dessine une atmosphère singulière et la musique va crescendo. Le piano éloquent s’enflamme stimulé par le jeu sombre et réitératif de la contrebasse et celui et par celui de la fougueuse batterie. Pour Mauro Gargano, cette composition évoque « la musique des processions des « Mystères » jouées par les “bande municipali” de [s]a région pendant Pâques ». Dans la même veine, The Red Road fait référence à la poussière mortelle qui a pollué et coloré de rouge Tarente. Le morceau se termine par le chant désespéré de la contrebasse après que piano et batterie font résonner un chant qui évoque un tocsin funèbre. Mauro Gargano a composé ce morceau 2 heures en travaillant une étude basée sur les intervalles de neuvième et treizième à la contrebasse. Le titre est dédié à Lorenzo Zaratta, enfant de 5 ans mort d’un type de cancer du cerveau provoqué par la pollution.

En préambule de Lost Wishes, la contrebasse à la sonorité boisée développe une mélopée bluesy sur laquelle se greffe le jeu harmonieux du piano et le drive espiègle et inventif de la batterie. Le contrebassiste confie avoir « essayé d’écrire une chanson de Noël pour ces moments très spéciaux ». Ce thème lent souligné par le chant profond de contrebasse ménage des échappées très libres au piano.

L’album se termine avec le titre Secret Garden dédié au pianiste Gianni Lenoci (1963-2019). Composition originale, le morceau porte le même nom que celle gravée par pianiste disparusur l’album éponyme sorti en 2011. Sur la contrebasse l’archet développe une mélodie évanescente alors que le piano s’exprime comme en flottaison sur un continuum d’accompagnement des balais. Une improvisation collective se développe sur « une série de petits Haiku mélodiques » combiné « dans le cadre d’une improvisation collective plus étendue » avec répétition de « petits motifs rythmiques, toujours répétés avec de petites variations ». … climat épuré, notes raffinées du piano, sombre sonorité de la contrebasse. Une conclusion intime et poétique.

Après avoir apprécié l’album, on espère pouvoir se nourrir très vite de la musique du trio avec la réouverture prochaine des clubs et salles de concert. En conclusion, cette vidéo enregistrée à l’Institut Culturel Italien de Paris constitue une belle mise en oreille et … en appétit.

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Shabda

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