Madeleine Peyroux chante « Secular Hymns »

Madeleine Peyroux chante « Secular Hymns »

Les cantiques profanes et élégants de Madeleine Peyroux

Madeleine Peyroux revient avec l’album « Secular Hymns » où se fondent blues, gospel et jazz. Enregistrées dans les conditions du live, toutes les chansons traitent à leur manière de spiritualité. Dix titres où s’entrelacent sensibilité et sensualité.

C’est en 1996 qu’on découvre Madeleine Peyroux avec « Dreamland », son premier album aux accents bluesy. On aime le timbre de sa voix qui évoque celle de Billie Holiday. Il faut attendre 2004 pour l’écouter de nouveau dans « Careless love ». C’est ensuite en 2006 qu’elle sort « Half The Perfect World » puis en 2009 elle grave onze compositions originales sur « Bare Bones ». Avec le disque « Standing on The Roof Top » sorti en 2011, elle s’éloigne du format voix-guitare pour explorer de nouvelles sonorités et élargir sa palette musicale en compagnie de Marc Ribot et Meshell Ndegeocello. En 2013, on retrouve sa voix voilée sur « The Blue Room », un album très serein aux teintes à la fois jazz, country, blues et pop. En 2014, la chanteuse propose un album de compilations qui retrace ses vingt ans de carrière.

madeleinepeyroux_secularhymns_couv_hdVingt ans après son premier opus, Madeleine Peyroux poursuit son cheminement musical et revient le 16 septembre 2016 sur le prestigieux label Impulse! avec « Secular Hymns ». madeleinepeyroux-groupe_secularhymnsAccompagnée des deux musiciens qui sont à ses côtés en tournée depuis deux ans, le guitariste Jon Herington et le contrebassiste Barak Mori, la chanteuse a choisi d’enregistrer une sélection de chansons qu’elle envisage « comme des cantiques, des cantiques profanes, des chansons qui ont toutes une dimension très individuelle, personnelle et intime ».

Un concert donné dans la vielle église St Mary The Virgin, dans la campagne anglaise près d’Oxford, est le début de l’aventure. Sous le plafond de bois, la voix de la chanteuse sonne comme jamais. C’est donc après avoir rodé durant quelques mois leur répertoire que les musiciens et la chanteuse retournent trois jours dans l’église afin d’enregistrer ces « cantiques profanes ». Le résultat est une réussite.

« Secular Hymns », un album élégant où la voix de Madeleine Peyroux célèbre un blues sensible qui se promène entre folk, soul et gospel. Intimes et sensibles, les chansons sont empreintes d’une douce énergie où affleurent tendresse et mélancolie.

MadeleinePeyroux_photo_shervin_lainezMadeleine Peyroux promène sa voix dans le répertoire américain populaire. Avec grande tendresse elle se frotte au blues avec If the sea was whiskey de Willie Dixon et Hello Babe de Lilian « Lil » Green. Elle interprète avec une douce mélancolie le spiritual traditionnel Trampin et s’aventure avec bonheur sur les rives du folk de Townes Van Zandt et donne une version sensible du titre The Highway Kind.

Elle interprète le gospel Shout Sister Shout de la célèbre chanteuse Sister Rosette Tharpe sur un rythme très jazz. Les Alleluias souriants de la chanteuse ponctuent le tempo ralenti.

On aime la manière dont elle investit le Tango Till they’re Sore de Tom Waits. Son interprétation conserve la tonalité dramatique du titre original mais l’archer de la contrebasse et le guilele (ukulélé acoustique) apportent une tonalité un peu acidulée comme une teinte de légèreté.

La version que  Madeleine Peyroux donne du titre More Time est fort éloignée de l’ambiance reggae que le chanteur poète Linton Kwesi Johnson insuffle dans la version d’origine mais on y gagne en sensualité. La chanteuse interprète Hard Time Come Again No More avec beaucoup de recueillement et une grande sensibilité. Ce titre écrit en 1864, un peu avant la guerre de sécession par Stephen Foster, premier grand songwriter américain, est considéré comme un des grands classiques des folksongs.

On craque pour la version du titre d’Allen Toussaint Everything I Do Gonna Be Funky. Le tempo ralenti très soul sied à ce morceau popularisé par Lee Dorsey et James Brown. Tel un hymne, le morceau respire et s’élève, les pieds battent le rythme, les corps se balancent…

On ne se lasse pas d’écouter les dix chansons que Madeleine Peyroux a enregistrées sur ce huitième album. Dix hymnes délicats et sensibles à la puissance spirituelle certaine.

Saint-Fons Jazz Festival#21

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Label ECM-Focus1-Septembre 2016

Label ECM-Focus1-Septembre 2016

Trois Album ECM, « Atmospheres », « Ida Lupino », « Rumi Songs »

Pour explorer l’identité ECM, « Label ECM-Focus1 » présente trois albums ECM parus le 02 septembre 2016. « Atmospheres », « Ida Lupino » et « Rumi Songs ». Magie. Interaction. Voyage.

300-couv_Tigraan-etc_AtmospheresPremier album de ce « Label ECM-Focus1 », le double CD « Atmosphères » réunit Tigran Hamasyan (piano), Arve Henriksen (trompette), Eivind Aarset (guitare) et Jan Bang (samples live et samples). L’idée de ce disque remonte à 2013 lorsque Manfred Eicher a entendu à la radio un extrait d’un duo qui réunissait Tigran Hamasyan et le musicien électro Jan Bang. Le potentiel de cette association l’a conduit à proposer aux deux musiciens de se réunir avec Eivind Aarset et Arve Henriksen.

Un enregistrement d’une grande intensité créatrice s’est déroulé en juin 2014 dans l’Auditorio Stelio Molo RSI de Lugano. Enregistrement et mixage du double album se sont déroulés en trois jours, dans un seul et même mouvement, dans la tradition des enregistrements ECM dédiés à l’improvisation.

300_atmospheres-les-musiciensTous les musiciens impliqués dans « Atmospheres » ont déjà enregistré chez ECM dans des configurations variées. La présence du pianiste entraîne les musiciens norvégiens vers d’autres territoires que les leurs. A l’époque de l’enregistrement Tigran Hamasyan travaillait sur « Lyis i Luso » ce qui explique que l’on retrouve sur le disque du quartet des thèmes du compositeur arménien Komitas Vardapet (1968-1935). Ils émergent comme des îlots dans les vagues musicales d’improvisation de l’album.

Ainsi les orientations mélodiques de Tsirani tsar, Garun a, Hoy Nazan se réfèrent à l’univers arménien. Le trompettiste Arve Henriksen transforme ces ambiances en les incorporant dans son propre univers. Sa sonorité dont la douceur est proche de celle du duduk crée des territoires brumeux et flottants. Dès le titre d’ouverture, Traces I, le guitariste Eivind Aarset choisit ses notes avec soin et met en place des environnements musicaux subtils et oniriques.

Jan Bang traite le son en temps réel et capte des boucle de sons qu’il traite en les réinjectant dans le son d’ensemble qui épaissit. Les samples donnent un reflet déformant aux sonorités émises par les musiciens et cela concourt à créer une atmosphère mystérieuse. C’est troublant, un peu comme si le son retournait chaque fois à son origine. La pochette de l’album évoque avec justesse les ambiances atmosphériques nuageuses de l’album.

« Atmosphere » est un peu comme une œuvre expérimentale à l’esthétique fluctuante et magique. Tous les détails sonores ont leur importance et participent à l’ambiance quasi flottante de la musique.

300-couv_ida-lupino-Sclavis - PetrellaDeuxième album de ce « Label ECM-Focus1 », le CD « Ida Lupino » où se retrouvent Giovani Guidi (piano), Gianluca Petrella (trombone), Louis Sclavis (clarinette) et Gerald Cleaver (batterie). Pour cet enregistrement Manfred Eicher a associé le batteur américain et l clarinettiste français au duo déjà constitué par le pianiste et le tromboniste italiens. Les deux derniers avaient déjà joué avec Cleaver mais Sclavis n’avaient jamais croisé la route de ces trois artistes.

Enregistré et mixé en trois jours en février 2015 dans l’Auditorio Stelio Molo RSI de Lugano, l’album est encore réalisé dans la pure tradition ECM. Le CD « est une photographie exacte de l’endroit où nos quatre voyages individuels nous ont mené et ce que nous avons été capables de faire ensemble. Ceci n’aurait pas pu se réaliser de la sorte sans Manfred qui d’une certaine manière est le cinquième musicien du groupe, à l’écoute de chaque note, de chaque son, de chaque détail… » affirme Giovanni Guidi.

300_Giovanni-Guidi-photo-Caterina-Di-Perri Au centre de l’album on retrouve la complicité des deux grands improvisateurs italiens que sont Giovani Guidi et Gianluca Petrella300_Gianluca-Petrella. Leur l’entente remonte à l’époque où tous deux jouaient dans l’orchestre du trompettiste Enrico Rava. Depuis, leur relation musicale n’a fait que s’étoffer. La musique de l’album « Ida Lupino » est donc fondée sur le duo que les deux autres musiciens surprennent et stimulent.

L’accent est mis dans ce disque sur l’improvisation collective mais aussi sur l’émergence d’airs résolument lyriques créés en temps réel ou précédemment écrits. Pourtant dans l’opus il y a deux exceptions à ce principe du « tout improvisé ». Ida Lupino, le célèbre thème de Carla Bley qui donne son titre à l’album. C’est un peu comme un hommage rendu à cette pianiste qui fête ses 80 ans en 2016 et avec qui le tromboniste a eu l’occasion de jouer. On peut aussi y voir un clin d’oeil à Paul Bley qui a popularisé cette mélodie et inspire beaucoup le jeu de Guidi. Per i morti di reggio Emilio est par ailleurs une sorte de « protest song » écrit par Fausto Amodei.

Sur « Ida Lupino », les interactions entre les musiciens, la finesse du batteur, les qualités d’improvisateur mélodique et véloce du clarinettiste jointes à la complicité et la capacité d’adaptation du duo piano-trombone influent sur l’ambiance de cet album plein de créativité et de fraîcheur.

300-couv_Rumi-song_SeimDernier album de ce « Label ECM-Focus1 », l’opus « Rumi Songs » qui réunit le saxophoniste norvégien Trygve Sein, la chanteuse mezzo-soprano Tora Augestad, l’accordéoniste Frode Haltli et le violoncelliste Svante Henryson. Si les trois instrumentistes ont déjà enregistré chez ECM, c’est par contre la première apparition de la chanteuse sur un disque ECM.

L’enregistrement a été réalisé après que le saxophoniste ait affiné sur scène le répertoire des Rumi Songs, entre 2013 et 2015. Hormis une piste, le disque a été enregistré en trois jours en février 2015 au Rainbox Studio d’Oslo et produit par Manfred Eicher. Sacha Kleis a réalisé la pochette de « Rumi Songs » à partir d’une photo de Knut Bry.

C’est la poésie du persan Jelaluddin Rumi (1207-1273) qui inspire le cycle de chansons des Rumi Songs de Trygve Sein. Le poète né dans l’actuel Afghanistan a vécu au Tadjikistan et a fini sa vie en Anatolie comme maître soufi et poète. Trygve Seim décrit son œuvre comme « de la poésie très humaine, transcendant les religions, les pays et les races ». Les textes de Jelaluddin Rumi sont traduits en anglais par Coleman Barks ainsi que Kabir et Camille Helminsky pour le titre Seing Double.

300_Trygve-Seim-photo-Colin-EickTrygve Seim a commencé à écrire la musique de ses premiers Rumi songs en 2003 sur l’impulsion de la regrettée chanteuse Anne-Lise Berstsen. Après avoir essayé de multiples orchestrations, le saxophoniste s’est arrêté à la formule instrumentale actuelle saxophone/voix/accordéon/violoncelle qui valorise les textes. Les dix titres font alterner écriture et séquences d’improvisations. Le saxophoniste est entré chez ECM en 2001 avec « Different Rivers » qui a obtenu un immense succès. Il a depuis participé à une vingtaine d’enregistrements chez ECM invité par d’autres interprètes. « Rumi Songs » est son second album en tant que leader. Pour mettre la poésie arabe en musique, le saxophoniste s’est imprégné de musique arabe en étudiant au Caire. Il a aussi travaillé avec le musicien égyptien Fathy Salama. Ainsi, cet improvisateur reconnu qu’est Trygve Seim a élargi sa palette qu’il a mise au service de la poésie300-72_Trygve_Seim_Rumi_Songs_photo_Knut_Bry.

Chanteuse et actrice, Tora Augestadt s’est d’abord spécialisé dans le répertoire allemand de la première moitié du 20ème siècle (Brecht, Weill) et a participé à la création de nombreuses œuvres théâtrales (Cage, Schoenberg). Elle dirige son propre orchestre « Music for a While » qui mêle jazz et musique ancienne.

Très créatif, l’accordéoniste Frode Haltli inscrit son travail dans la musique nouvelle, la musique folk et l’improvisation. Le violoncelliste Svante Henryson travaille dans le contexte de la musique de chambre et se produit aussi en solo.

When I see your face est coloré d’ambiances orientales ainsi que le titre Whirling Rhythms qui reflète le voyage du saxophoniste parti honorer la tombe du poète lors de la célébration annuelle qui lui est consacrée. On s’immerge dans l’atmosphère sereine et lumineuse du chant There is something Kiss we want qui termine l’album.

« Rumi Songs » reflète la lumière et la sérénité du silence. Il en résulte un paysage sonore riche en couleurs et en sensations. Un voyage contemplatif irradiant de la force de la vie et de la foi.

On explore prochainement d’autres enregistrements du Label ECM dans un futur billet « Label ECM-Focus2 ».

Saint-Fons Jazz Festival#21

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Nels  Cline publie « Lovers » sous le Label Blue Note

Nels Cline publie « Lovers » sous le Label Blue Note

« Lovers », une musique à savourer sans modération

Entouré d’un écrin orchestral, le guitariste Nels Cline livre une création peaufinée avec un double album de jazz instrumental intitulé « Lovers ». Cet opus mélodique et raffiné au romantisme émouvant est à partager avec tous les amoureux de musique.

Nel-Cline_couv_LoversOn a portant craint le pire en voyant la couverture de l’album qui émarge aux frontières d’un monde féérique où sévirait un cupidon de pacotille. On a dépassé le packaging, écouté le contenu musical choisi par Nels Cline et découvert une réalisation originale dont la qualité s’est imposée d’emblée. Le guitariste donne à son album un tempo bien éloigné de celui que nous impose le « vivre vite » quotidien. C’est un bonheur sans pareil de savourer la musique de « Lovers », comme on le fait avec un carreau de chocolat qu’on laisse fondre doucement pour mieux en apprécier la saveur.

Même s’il dispose des atouts pour être accessible à un large public, « Lovers » n’en demeure pas moins un vrai disque de jazz (si tant est qu’il y en ait des faux !?) et ne peut en aucun cas être étiqueté musique d’ambiance. En effet Nels Cline n’a pas joué la facilité et d’ailleurs, après plusieurs écoutes attentives on découvre encore de nouvelles nuances et on capte des détails passés inaperçus.  

« Lovers ». Une musique subtile et sensuelle. Un cocktail dont  la dominante orchestrale apparentée à un jazz  presque « cool » serait relevé d’un trait pétillant et acidulé de subtiles dissonances électriques. « Lovers » se déguste en long drink sans modération !

300-72_Nels Cline_nb_guitAvec de nombreux enregistrements à son actif, le guitariste et compositeur Nels Cline a exploré une panoplie de nombreux styles musicaux, musique alternative et expérimentale, musique punk et jazz. Aujourd’hui on le connaît surtout pour sa participation au groupe de rock « Wilco » mené par Jeff Tweedy. Le guitariste conduit par ailleurs de nombreux autres projets personnels dont cet album fait partie. En effet Nels Cline avoue que « Cela fait bien 25 ans que je rêve de ce disque … qui devait depuis toujours s’appeler « Lovers ».

Au sein du groupe « Wilco » Nels Cline adopte jeu plutôt dissonant et affectionne les larsens. C’est donc d’autant plus surprenant de l’écouter caresser les cordes de ses guitares entouré d’un écrin orchestral de vingt-trois musiciens dirigés par Michael Leonhart, un autre multi-instrumentiste de talent.

Instruments à cordes, vents, harpe, vibraphone, instruments de jazz et de rock comme la guitare tenue par l’excellent Julian Lage, célesta et synthétiseurs joués par Yuka C. Honda, compagne du leader et signée chez Tzadik (label de John Zorn). La sonorité cristalline de la guitare est servie et mise en évidence par une remarquable réalisation qui propulse en avant le chant limpide des cordes de la guitare et conserve les arrangements de l’orchestre en arrière-plan.

Tout concourt à valoriser les interventions du guitariste, dont le chant concis s’apparente à celui d’un chanteur servi par la matière orchestrale.

De bout en bout des 18 titres, l’album présente une grande cohérence. En effet, Nels Cline a très bien organisé les thèmes de son double album où cohabitent cinq compositions originales et treize reprises dont certaines très connues et d’autres plus obscures. Quelques titres sont redevables au monde du jazz : Jimmy Giuffre, Anette Peacock, Arto Lindsay, Gabor Szabo et Michel Portal. D’autres thèmes émergent du grand répertoire de la chanson américaine : The search for Cat d’Henry Mancini, Why was I born ? de Jerome Kern, et Glad to be unhappy de Richard Rodgers. On écoute I have dreamed de ce même Richard Rodgers.

Parmi tous les morceaux, on apprécie l’habillage décalé de Lady Gabor et les intermèdes bruitistes voire dissonants qui  émaillent le titre The Nighy Porter de Daniele Paris juxtaposé à Max Mon amour de Michel Portal. Une atmosphère de fin du monde dont on aime à croire que l’amour nous protège. On se délecte aussi de l’habillage bluesy donné à Cry Want, titre écrit par le saxophoniste et clarinettiste Jimmy Giuffre. On tangue comme dans un rêve à la sensualité exotique et torride à l’écoute de Snare, Girls de Sony Youth.

Nels-Cline_guit Nels Cline reprend It Only Has to happen once d’Arto Lindsay. Il se démarque un peu de l’ambiance bossa-post funk que le créateur avait choisi lors de l’enregistrement de l’album « Greed » en 1988 avec « Ambitious lovers » (Airto Lindsay, Peter Scherer et Paulinho da Viola). Pourtant la version du titre enregistré par Nels Cline n’en demeure pas moins en étroite filiation avec la version d’origine à travers les bidouillages saturés des cordes de guitares.

On reste suspendu à l’écoute de Glad to be unhappy dont les arrangements évoquent ceux de Gil Evans. Drumming allégé des balais d’Alex Cline (le frère de Nels), cordes qui valorisent la délicate ligne mélodique de la guitare et s’enroulent autour des sons de la trompette bouchée. Parmi les compositions originales du guitariste de Nels Cline on a aussi aimé l’élégance de ses deux titres Hairpin & Hatbox, The Bond et The bed we made

Certes les 90 minutes de l’album peuvent paraître longues à ceux qui sont consomment plus la musique qu’ils ne l’écoutent. En effet une telle durée de musique requiert de l’auditeur une réelle disponibilité mais la récompense est à l’aulne de la durée d’enregistrement. Et on peut partager ce temps en bonne compagnie, ce qui ne peut qu’augmenter le plaisir !

Saint-Fons Jazz Festival#21

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Bientôt John Scofield avec « Country for Old Men »

Bientôt John Scofield avec « Country for Old Men »

L’escapade de John Scofield au royaume de la country

Le 30 septembre 2016, le guitariste John Scofield sort un nouvel album en quartet, « Country for Old Men » (Impulse!/Universal). Il propose une approche très personnelle de la musique country avec l’organiste et pianiste Larry Goldings, le bassiste Steve Swallow et le batteur Bill Stewart. On n’est pas loin de l’univers des frères Cohen.

En 40 ans de carrière, John Scofield s’est imposé comme un guitariste majeur parmi les plus influents dans le domaine du jazz que sont Bill Frisell, John McLaughlin ou Pat Metheny. En 2016 il a reçu le Grammy Award du meilleur album Jazz Instrumental avec « Past Present » (Impulse!/Universal) sorti en septembre 2015. Aujourd’hui il se tourne vers la musique country mais cela n’est pas surprenant pour cet artiste qui n’a cesse d’explorer la musique dans toutes ses dimensions.

John Scofield a en effet imposé sa voix unique dans le jazz moderne en jouant dans les configurations et les styles les plus variés. Blues, bebop, funk, jazz modal post coltranien, jazz swing dans la pure veine de Wes Montgomery, jazz-fusion avec Miles Davis puis sous son nom, jazz soul, jazz moderne et bien d’autres sensibilités musicales. Il incarne donc une synthèse très personnelle de l’étendue des styles qui peuvent être abordés à la guitare.

En s’associant avec Brad Mehldau et Mark Guiliana, John Scofield en a même a surpris plus d’un cet été sur la scène du Théâtre Antique de « Jazz à Vienne », en proposant une « musique électrique moderne entre rudesse et douceur ». Comme personne il maîtrise les distorsions et les effets chromatiques. Il a certes contribué à régénérer l’approche de cet instrument en utilisant les innovations techniques les plus modernes mais John Scofield n’a jamais caché ses racines country et folk. Elles l’ont naturellement mené de George Jones, Hank WiIlliams, Merle Haggard, Bob Wills, Patti Page et même Shania Twain à qui le guitariste rend hommage dans 330_72_John-Scofield-Country-for-the-old-man_couvson nouvel album « Country For Old Men » (Impulse!/Universal) qui sortira le 30 septembre 2016.

Certes John Scofield aurait pu aller à Nashville pour enregistrer avec les professionnels patentés de ce style musical mais il a préféré adopter une approche plus jazz. Soutenu par ces grandes pointures du jazz que sont Larry Goldings, Steve Swallow et Bill Stewart, il a tenté l’aventure. Il a en effet déjà collaboré avec les uns et les autres et a pu apprécier leurs qualités et leurs talents. Sa première association en quartet avec Steve Swallow remonte à 1979. Par ailleurs c’est dans les années 90 qu’il a enregistré en trio avec Bill Stewart. Leur complicité les a conduits à tourner ensemble en trio et à enregistrer l’album « EnRoute » en 2003. Sa collaboration avec Larry Goldings remonte aux années 80 et 90, période durant laquelle ils pratiquent ensemble du soul jazz. C’est donc aujourd’hui avec ses trois complices que John Scofield propose une vision renouvelée de la musique country sur « Country For Old Men ».

L’album fera l’objet d’une prochaine chronique lors de sa sortie mais savourer un avant-goût du titre Jolene est un plaisir dont il serait dommage de se priver.

Pour mieux connaître John Scofield… rien de mieux qu’une visite sur le site du guitariste.

Saint-Fons Jazz Festival#21

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« Mother » par Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo

« Mother » par Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo

« Mother », états d’âme et rêverie intime de deux complices

L’album « Mother » résulte de la collaboration du pianiste Jacky Terrasson et du trompettiste Stéphane Belmondo. Des quatorze titres se dégage une atmosphère intimiste à la musicalité impressionniste. Le dialogue inspiré de ces deux instrumentistes complices apporte une respiration apaisée propice à la quiétude.

300-couv_terrasson_belmondo_motherLa collaboration de Jacky Terrasson et de Stéphane Belmondo remonte à leurs débuts dans le monde du jazz, il y a près de trente ans. Une époque où ils entretenaient déjà une relation musicale privilégiée. Ils se sont retrouvés il y a six ans pour un concert donné en duo dans le sud-ouest de la France au Festival de Saint-Emilion. Depuis ils ont eu l’occasion de cultiver leur complicité et de donner naissance à un univers qui leur appartient en propre. « Mother » (Impulse!/Universal) dont la sortie est annoncée pour le 02 septembre, est l’aboutissement logique de leurs retrouvailles.

A l’origine, Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo ont enregistré une trentaine de titres au Recall Studios. Après écoute, ils « se sont rendus compte que les ballades sonnaient superbement » explique le pianiste. Ils ont donc pris le parti de conserver les « morceaux les plus lents » pour « Mother ».

« Mother », un album de ballades comme une rêverie nostalgique reflet des états d’âme des deux artistes. Dans cet opus Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo explorent le registre d’une intimité mélancolique. Non dénuée de lyrisme et d’humour, l’atmosphère du disque est teintée d’un romantisme sobre et raffiné.

Le répertoire de « Mother » comprend des compositions originales, Souvenirs de Belmondo et Hand in Hand de Terrasson, des standards du jazz américain, des classiques de la chanson française, une reprise de Stevie Wonder et des interludes.

Au moment de l’enregistrement l’album devait s’intituler « Twin Spirit ». De fait, après que la production de l’album ait été achevé et à la suite de la disparation de la mère de Jacky Terrasson, le disque a été rebaptisé « Mother » d’après le titre de la composition du pianiste figurant au cœur du CD. Ainsi, comme le dit le pianiste, l’album devient un hommage à dédié à sa mère mais aussi « plus largement à toutes les mères et les femmes qui ne peuvent l’être ». L’interprétation du titre éponyme est particulièrement sensible et intense.

300-03--j-terrasson-s-belmondo-2016-copyright-philippe-levy-stabL’album ouvre avec First Song, le morceau poignant de Charlie Haden dont les deux musiciens font ressortir la beauté mélancolique. Il se referme avec une interprétation splendide du célèbre Que reste-t-il de nos amours ? de Chauliac et Trenet sorti en 1943.

Du côté de la chanson française on aime une version remarquable de La chanson d’Hélène composée pour le film de Claude Sautet « Les Choses de la vie ». Le thème exposé très sobrement par les deux instrumentistes est harmonisé de belle manière par le pianiste dont le toucher délicat sied à cette interprétation raffinée.

Par son équilibre, le dialogue entre les instrumentistes contribue à la réussite de l’interprétation de Lover man où les deux musiciens croisent et entrecroisent leurs lignes musicales. Sobre mais lyrique. Sans esbroufe, juste la musicalité comme cheval de bataille. Le tissage de You don’t know what love is est de la même veine sensible. On écoute avec bonheur les échanges parfaitement maîtrisés. On se plaît à savourer le toucher minimaliste du pianiste qui n’est pas sans rappeler l’influence 300_-j-terrasson-s-belmondo-2016-copyright-philippe-levy-stabdes musiques de Debussy, Poulenc, Ravel et Fauré.

On apprécie aussi les « interludes » posés comme des virgules sonores décalées parmi les autres titres. La fantaisie de Pic Saint Loup, nom d’un vin de la région où se trouve le studio d’enregistrement Recall. Les propos interrogatifs de Pompignan, en clin d’oeil à la ville qui a accueilli les musiciens pour l’enregistrement. L’atmosphère désuète mais malicieuse du titre de Stéphane Grappelli, Les Valseuses. La rupture rythmique de Fun Keys où l’on retrouve la frappe percussive et explosive du pianiste, ancien lauréat du prix Thelonious Monk (1993).

La reprise du grand succès de Stevie Wonder, You are the sunshine of my life est une surprise savoureuse. En effet, le morceau est presque méconnaissable. Déconstruit et malaxé, il est reconstruit avec des modifications harmoniques et un parti-pris rythmique qui transfigurent le morceau. On dira à juste titre que les deux interprètes se sont réellement réapproprié la composition pour la faire leur.

Tout au long des plages de l’album, l’accompagnement subtil du pianiste Jacky Terrasson procure une trame de musicalité propice à l’expression des lignes mélodiques très dépouillées que dessine le trompettiste Stéphane Belmondo. La simplicité et la subtilité de leur expression contribuent à créer l’atmosphère feutrée et raffinée qui caractérise l’album « Mother ».

On peut retrouver Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo le 07 septembre 2016 au Festival « Jazz à la Villette » à la Philharmonie de Paris.

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Samy Thiébault revient avec « Rebirth »

« Rebirth », la seconde naissance de Samy Thiébault

Le retour du saxophoniste Samy Thiébault promet d’être un temps fort de la rentrée musicale 2016. En effet, la sortie de son sixième album « Rebirth » est annoncée pour le 30 septembre chez Gaya Records. On note avec intérêt la participation du trompettiste Avishai Cohen et celle d’Eric Légnini à la prise de son et au mixage.

300-Samy Thiebault_Rebirth_couvFort d’un quartet à l’énergie infinie, soudé par une forte amitié, après six albums et dix années de jeu collectif intense et aventureux, le saxophoniste et flutiste Samy Thiébault présente le 30 septembre prochain sa nouvelle aventure musicale et son nouvel opus, « Rebirth »

A ses côtés on retrouve Adrien Chicot au piano, Sylvain Romano à la contrebasse et  Philippe Soirat à la batterie. 300-Samy Thiebault et Avishai Cohen 1Le quartet s’étoffe avec la venue du saxophoniste Jean-Philippe Scali et le percussionniste Meta. L’intervention du trompettiste Avishai Cohen en « Guest Star » fait plus que prêter son nom. En effet il inscrit pleinement son discours dans les couleurs de l’album et dans la direction musicale de Samy Thiébault.

Comme le titre de l’album le laisse entendre, « Rebirth » signe une renaissance artistique pour Samy Thiébault, l’affirmation d’un nouveau cycle de vie et de musique avec des lignes mélodiques inspirées au saxophoniste par ses racines marocaines, l’Afrique de l’Ouest où il a grandi.

L’influence classique n’est pas en reste tout au long de « Rebirth » avec des adaptations brûlantes et mystiques des Tableaux d’une exposition de Moussorgski, et également de Ravel avec deux versions adaptées de Laideronnette, impératrice des pagodes repris de M Mère l’Oye. Au centre de l’album, Samy Thiébault propose aussi une Enlightments Suite en trois partie dont chaque segment est développé à partir dune séquence mélodique empruntée à une pièce d’Erik Satie intitulée « le Fils de l’Etoile ».

Visiblement le saxophoniste suit sa bonne étoile qui continue à éclairer son chemin musical. On a hâte de suivre la trace de Samy Thiébault dans les nouveaux territoires lumineux qu’il explore avec » Rebirth »

Pour découvrir « Rebirth », le nouvel album de Samy Thiébault rien de mieux qu’un premier clip, Rebirth ! avant d’aller écouter l’artiste en concert à Paris du 10 au 12 Novembre 2016 au Duc des Lombards.

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