Label ECM-Focus10-octobre 2017 – Anouar Brahem

Label ECM-Focus10-octobre 2017 – Anouar Brahem

Sur les territoires du jazz

« Label ECM-Focus10 » propose de découvrir « Blue Maqams », le dernier album enregistré par Anouar Brahem. Annoncé pour le 13 octobre 2017, cet opus s’inscrit tout à fait dans l’identité du label ECM et célèbre les 60 ans du oudiste. Aux croisées de l’Orient et de l’Occident.

« Blue Maqams » paraît le 13 octobre 2017, trois ans après le double album « Souvenance » où Anouar Brahem avait enregistré avec François Couturier et un orchestre de cordes. On se souvient aussi des deux merveilleux opus sortis chez ECM en 2002, « Le pas du chat noir » et « Le voyage de Sahar » en 2006 en trio avec le pianiste François Couturier et l’accordéoniste Jean-Louis Matinier.

Avec ce nouveau projet, Anouar Brahem a souhaité jouer de nouveau avec un piano mais pour renforcer le processus créatif, il entre en rupture avec ses habitudes. Ainsi, malgré la très grande complicité qui le lie avec le pianiste François Couturier avec qui il joue depuis 32 ans, il choisit de ne pas se tourner vers lui. Après avoir décidé d’enregistrer avec une véritable section rythmique de jazz, il sollicite sans hésiter le contrebassiste avec lequel il entretenait le désir de jouer de nouveau, Dave Holland. En effet, les deux musiciens ont déjà enregistré l’album « Thimar » en trio avec John Surman sorti en 1998 chez ECM.

En ce qui concerne le batteur, Anouar Brahem porte son choix sur le phénoménal Jack DeJohnette dont les qualités de rythmicien se doublent d’une grande subtilité. Grâce au producteur du label Manfred Eicher il découvre le pianiste britannique Django Bates qu’il décide d’associer à son projet.

« Blue Maqam », célèbre l’histoire d’amour d’Anouar Brahem avec le jazz, cette forme musicale majeure du XXème siècle. Il partage avec cet art une « communauté d’esprit ». Il en apprécie l’ouverture vers les cultures du monde. Le projet laisse donc de l’espace à la liberté d’interprétation via l’improvisation, une des caractéristiques du jazz, mais conserve une fidélité à la partition à laquelle le leader est très attaché comme garant de son identité musicale profondément ancrée dans la tradition arabe.

Ainsi, pour répondre à la conception d’Anouar Brahem, les musiciens interprètent des passages très écrits même si existent aussi des espaces d’improvisation. Pour conserver le caractère identitaire de sa musique Anouar Brahem a en effet tenu à ce que l’espace de liberté que dessine l’improvisation soit déterminé et limité. Cette conception de la musique a été questionnée par les musiciens issus du jazz et habitués à plus de liberté formelle.

La présence de Manfred Eicher a contribué à rendre les échanges sereins entre les musiciens et encore une fois son implication et son écoute ont permis d’éclairer les choix d’enregistrement. Derrière la console de son, le producteur avec qui Anouar Brahem est très complice, choisit « les prises les plus éclairées » et participe ainsi à « faire ressortir les qualités de la musique ». Encore une fois Manfred Eicher contribue à l’identité de la musique qui elle-même participe à celle du label ECM.

Le titre de l’album évoque les Maqams qui se réfèrent au système modal de la musique arabe traditionnelle. Les « maqams bleus »  font écho au « Kind of Blue » de Miles Davis qui en 1959  explorait la modalité. Pour avoir travaillé avec Miles Davis, Jack DeJohnette et Dave Holland présentent le profil idéal pour explorer le nouveau territoire qu’Anour Brahem a souhaité fouler. Dans l’album « Blue Maqams, » Anouar Brahem a intégré de véritable taxims (forme traditionnelle de solo improvisé) qui coexistent avec les improvisations du trio jazz.

Anouar Brahem, ce grand maître de l’oud qui a intégré le label ECM depuis 1989 et enregistré pour la première fois avec un musicien de jazz en 1992 (Jan Garbarek), continue à écrire son histoire avec le label ECM avec ce nouveau « Blue Maqams ». Anouar Brahem a composé la plupart des pièces de ce nouvel album entre 2011 et 2017 et a repris deux compositions de 1990, Bahia et Bom Dia Rio.

« Blue Maqams », la sérénité de l’oud inspire la contrebasse de Dave Holland dont le jeu précis et grave ne manque pas de rondeur. La souplesse de ses chorus et la chaleur de ses accompagnements tranchent avec le chant poétique et épuré de l’oud. On apprécie l’inventivité de Django Bates, son phrasé virtuose et son toucher subtil. Jack DeJohnette développe de bout en bout son jeu tout en finesse et en subtilité.

Sur Blue Maqams, on imagine le batteur figé dans l’écoute des interventions de l’oud et reprenant sa gestuelle pour mieux soutenir la musique du soliste. Le duo piano/oud de La Passante met en évidence l’entente des deux instruments qui dialoguent en parfaire symbiose. Bom Dia Rio résonne de la chaleureuse dynamique qu’impulse la contrebasse. La musique s’octroie alors un détour plus affirmé du côté du jazz. Piano et oud cheminent sur Persepolis’s Mirage qui fait se confronter un oud au chant très oriental à un piano lyrique qui émarge très clairement dans le territoire du jazz.

Enregistré aux studios Avatar de New-York sous la direction artistique du producteur Manfred Eicher, « Blue Maqams » s’inscrit au cœur même de l’esthétique du label ECM. Pour visionner un extrait, voir ici.

« Blue Maqams » trouve le bon équilibre entre rêve et introspection,, entre la magie orientale des maqams et l’esthétique lyrico-dynamique du jazz occidental. Le chant sobre et épuré de l’oud accueille la chaleur d’un jazz nuancé. Poétique et délicat, soigné et sans excès, l’album enchante.

A bientôt pour explorer d’autres enregistrements du Label ECM dans un futur billet « Label ECM-Focus11 »

Coup de cœur pour… « Montevago »

Coup de cœur pour… « Montevago »

Le violoniste Théo Ceccaldi et le pianiste Roberto Negro reviennent en duo avec le singulier « Montevago ». Sur cet opus ils réinventent l’art du duo. Musique chambriste audacieuse que seule limite l’inspiration, or celle de ces deux dandies du jazz est infinie, c’est peu dire ! L’oreille chamboulée demeure captivée par les échanges fusionnels envoûtants des deux virtuoses.

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Rendez-vous avec Irina Gonzalez et son groove latin…

Rendez-vous avec Irina Gonzalez et son groove latin…

La chanteuse, guitariste et compositrice cubaine Irina Gonzalez fait vibrer de sa voix chaleureuse et souple les murs du « Baiser Salé » le 08 mars 2019 à 19h. Avec son Quartet « Emigrar » elle propose les musiques issues de son album du même nom. La promesse d’un voyage musical groovy irradié de résonances latines.

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Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

Omer Klein Trio présente « Radio Mediteran », une création inspirée par les cultures des peuples de la Méditerranée. Une alliance musicale réussie entre tradition et modernité du jazz. Cet hommage met l’accent sur les points communs qu’ont toutes les musiques méditerranéennes. Comme un symbole audacieux des ententes possibles, dans les arts … et pourquoi pas au-delà ?

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Musicas Hibridas à Lyon du 19 au 24 octobre 2017

Musicas Hibridas à Lyon du 19 au 24 octobre 2017

Création « Kaixu by Pixvae »

Dans le cadre de l’année France-Colombie 2017, le projet « Músicas Híbridas » vient à Lyon du 19 au 24 octobre 2017. Une trentaine de musiciens, chercheurs, professionnels de la culture et pédagogues colombiens poursuivent ainsi échanges et réflexions autour des musiques hybrides. Au cœur de l’évènement lyonnais… Le Périscope.

L’année France-Colombie a été décidée en 2015 par les présidents des deux pays pour renforcer les relations entre eux, après 52 ans de guerre en Colombie. Il s’agit d’un programme de coopération ambitieux qui compte plus de 700 évènements répartis entre la Saison de la France en Colombie qui s’est déroulée entre le 16/12/2016 et le 14/07/2017 et la Saison de la Colombie en France qui s’étale du 23/06/2017 au 17/12/2017.

Comme déjà annoncé lors de la présentation du premier trimestre de programmation du Périscope, le volet lyonnais des « Músicas Híbridas » du 19 au 24 octobre 2017 fait suite au volet colombien qui s’est déroulé à Bogotá du 12 au 22 avril 2017. C’est l’association entre Le Périscope et IDARTES (Institut Culturel de la ville de Bogotá) qui donne vie à ce projet bilatéral. Cette action résulte de la volonté des deux métropoles de créer un pont entre les deux scènes artistiques, leur mode de fonctionnement et leurs évolutions.

Pour le public de la métropole lyonnaise « Músicas Híbridas » représente une opportunité unique de découvrir la scène bouillonnante et indépendante de la capitale colombienne avec cinq jours de concerts qui se dérouleront dans de nombreux lieux de l’agglomération lyonnaise.

Du 16 au 24/10/2017, les échanges professionnels s’intéressent aux politiques culturelles, aux dispositifs d’aide publique dans le secteur des musiques actuelles et dans les lieux de diffusion des métropoles. Visites, études de cas, présentation et observations permettent à la délégation colombienne de découvrir les spécificités de la métropole de Lyon. Tables rondes, conférences et rencontre-débats sont l’occasion pour les participants de questionner l’évolution des métiers, les organisations et tout ce qui caractérise le secteur des musiques actuelles.

« Músicas Híbridas » investit l’agglomération lyonnaise pour  2 après-midis « jeune public », 2 journées « découverte » et 6 concerts. Trois des quatre scènes de la nouvelle SMAC S2M (Scène de Musiques Métropolitaines) accueillent des concerts, Le Périscope, le Marché Gare et Bizarre!  La soirée de clôture se tient au Centre Culturel Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin.

  • Rendez-vous le 19 octobre 2017 à 21h au Périscope avec Santiago Botero (contrebassiste, compositeur, arrangeur et chercheur colombien) et le groupe El Ombligo.

Aux côtés du leader Santiago Botero, le batteur et percussionniste Pedro Ojeda, le pianiste Ricardo Gallo et le guitariste Enrique Mendoza lancent des ponts entre cumbia, free jazz, vallenato sabanero et improvisation.

Entre avant-garde et musiques tropicales.

  • Rendez-vous le 20 octobre 2017 à 20h30 au Marché Gare avec Direction Survet et le groupe Curupira. L’orchestre réunit cinq musiciens sous la sous la direction du compositeur, producteur et bassiste Juan Sebastían Monsalve.

Autour du bassiste Juan Sebastián Monsalve on trouve Urián Sarmiento, Jorge SepúlvedaAndrés Felipe Salazar, María José Salgado aux percussions et le guitariste Camilo Velásquez.

Fusion des musiques traditionnelles colombiennes avec les musiques urbaines.

  • Rendez-vous le 21 octobre 2017 à 21h à Bizarre! avec le groupe Redil Cuarteto et l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp.

Depuis 2010, le Redil Cuarteto réunit Santiago Botero (contrebasse), Urián Sarmiento (batterie et balafon), Juan Ignacio Arbaiza (saxophone ténor et flûte traversière), Adrian Sabogal (guitare et marimba de chonta) et Juan Carlos Arrechea (marimba de chonta).

Fusion entre jazz, cumbia et marimba.

  • Rendez-vous le 22 octobre 2017 à 14h au Périscope pour découvrir l’Ensamble Triptico. Ce même jour de 11h à 18h se déroule une journée découverte « Sur les ondes colombiennes » avec écoutes, débats, échanges, vente de disques et rencontres. Entrée libre pour les deux évènements.

Le groupe est dirigé par le pianiste et compositeur Diego Sanchez. Autour de lui sont réunis Paulo Triviño (bandola), Manuel Hernández (batterie) et Carlos Andrés Cetina (basse électrique). Les instruments de traditions musicales différentes permettent au groupe de mélanger des airs traditionnels, du jazz et les musiques urbaines.

Dialogue fructueux entre racines colombiennes et musiques contemporaines.

  • L‘Ensamble Triptico donne rendez-vous au Jeune Public le 23 octobre 2017 à 14h30 au Périscope. Le même jour à partir de 21h une jam session est ouverte aux musiciens.
  • Dernier rendez-vous pour la soirée de clôture le 24 octobre 2017 à 20h30 au Centre Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin pour un concert de l’Ensamble Triptico et la présentation de la création « Kaixu by Pixvae ».

Après une première résidence de création qui s’est déroulée à l’université ASAB de Bogotá du 12 au 17 avril 2017, le groupe de musiciens franco-colombiens profite de cette seconde période pour peaufiner sa musique et présenter au final le résultat de leur travail.

Créé en 2015 par le saxophoniste et compositeur Romain Dugelay et le chanteur, percussionniste et anthropologue Jaime Salazar, le  groupe franco-colombien Pixvae fait coexister les chants et percussions de la Côte Pacifique colombienne et le jazz européen. Pixvae réunit Damien Cluzel (guitare), Alejandra Charry (chant, guasa), Romain Dugelay (saxophone baryton), Jaime Salazar (chant, percussions), Léo Dumont (batterie) et Margaux Delatour (chant, guasa).

Lors de la première résidence à  Bogotá en avril 2017, Pixvae a accueilli le percussionniste colombien Juan Carlos Arrechea (marimba de chonta) et le compositeur et luthier colombien Elber Álvarez (gaïta, chant, percussions) ainsi que le Français Clément Edouard (dispositif électronique et traitement sonore). Tous les musiciens ont confronté les musiques traditionnelles colombiennes au jazz pris dans son acception la plus moderne. Ainsi de Pixvae émerge Kaixu (le cœur en langue Awa).

Ainsi est né un nouvel idiome, avec une syntaxe musicale singulière et de nouveaux paysages sonores dont témoigne la vidéo enregistrée à Bogotá  à l’issue de la première résidence.

Résultat d’un défi enthousiasmant, la création « Kaixu by Pixvae » est présentée le 24 octobre 2017 sur la scène du Centre Charlie Chaplin à l’issue de la seconde semaine de résidence des « Músicas Híbridas » et après les premiers concerts d’une tournée française.

Coup de cœur pour… « Montevago »

Coup de cœur pour… « Montevago »

Le violoniste Théo Ceccaldi et le pianiste Roberto Negro reviennent en duo avec le singulier « Montevago ». Sur cet opus ils réinventent l’art du duo. Musique chambriste audacieuse que seule limite l’inspiration, or celle de ces deux dandies du jazz est infinie, c’est peu dire ! L’oreille chamboulée demeure captivée par les échanges fusionnels envoûtants des deux virtuoses.

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Rendez-vous avec Irina Gonzalez et son groove latin…

Rendez-vous avec Irina Gonzalez et son groove latin…

La chanteuse, guitariste et compositrice cubaine Irina Gonzalez fait vibrer de sa voix chaleureuse et souple les murs du « Baiser Salé » le 08 mars 2019 à 19h. Avec son Quartet « Emigrar » elle propose les musiques issues de son album du même nom. La promesse d’un voyage musical groovy irradié de résonances latines.

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Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

Omer Klein Trio présente « Radio Mediteran », une création inspirée par les cultures des peuples de la Méditerranée. Une alliance musicale réussie entre tradition et modernité du jazz. Cet hommage met l’accent sur les points communs qu’ont toutes les musiques méditerranéennes. Comme un symbole audacieux des ententes possibles, dans les arts … et pourquoi pas au-delà ?

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« Brazza Cry » par le quartet de Michel Fernandez

« Brazza Cry » par le quartet de Michel Fernandez

Escales mémorielles et transe spirituelle

« Brazza Cry », résonne de la musique du nouveau quartet de Michel Fernandez. Le dernier album du saxophoniste témoigne de son attachement à ses racines musicales ancrées dans les années 60/70. Un pamphlet musical brûlant d’énergie où lamentation et allégresse se côtoient pour le meilleur.

En intitulant son l’album « Brazza Cry », le saxophoniste Michel Fernandez annonce très clairement la couleur. Un clin d’œil à la musique congolaise et plus généralement aux musiques africaines dont l’Afrobeat de Fela. L’opus s’inscrit aussi en droite ligne avec les propos de ceux qui inspirent depuis toujours Michel Fernandez, John Tchicai, son mentor et Don Cherry, deux représentants du free-jazz, ce courant libertaire vivace durant les années 60/70 et dont Michel Fernandez se revendique.

Formé en 2016, le Michel Fernandez Quartet réunit le saxophoniste Michel Fernandez aux saxophones (soprano et ténor), Joël Sicard au piano, François Gallix à la contrebasse et Nicolas Serret à la batterie. Ainsi entouré d’un solide trio, le leader a toute latitude pour faire vibrer de son jazz les sept plages de l’album.

« Brazza Cry » navigue entre jazz modal et musiques du sud. Abreuvé de l’énergie des rythmes et des improvisations on voyage d’Afrique en Andalousie, du Maghreb aux territoires d’un jazz libéré. Le propos du quartet de Michel Fernandez actualise avec bonheur les musiques libertaires des années 60/70 dans lesquelles il s’enracine. Le plaisir de l’écoute est proportionnel à l’intensité de la musique qui irradie d’énergie les sept titres du disque.

Enregistré en janvier 2017 au Domaine Le Trouillet à Alboussière, l’album « Brazza Cry » (Disques Futura et Marges) est la dernière production du regretté Gérard Terronès. On connait l’engagement qui fut le sien en direction des musiques issues du courant du free-jazz. On apprécie par ailleurs la qualité de l’enregistrement, le soin apporté à la prise de son et au mixage par Pierre Baudinat qui permet de percevoir la spontanéité des échanges entre musiciens et leur plaisir de jouer.

L’album compte de nouvelles compositions et trois reprises de titres déjà enregistrés par Michel Fernandez comme Bird Boy de Don Cherry où la sonorité déchirée du saxophoniste au ténor fait bon ménage avec la virtuosité du pianiste. Le saxophone élève sa prière après un solo de piano aux accents hard-bop. La solide section rythmique porte les solistes et le climat devient incandescent.

C’est aussi au saxophone ténor que Michel Fernandez rend hommage à John Tchicai sur Seven for Tchicai où le vigoureux Nicolas Serret laisse libre cours à son inspiration sur toms et cymbales. Sur Jamaâ El-Fna de Tawfik Ouldammar l’Afrique s’invite sur la superbe introduction de contrebasse de François Gallix qui explore le registre des graves évoquant ainsi le gembri des Gnawas. On est ensuite convié à une cérémonie gnaouie par la batterie qui utilise les cymbales pour rappeler les qraqeb. Le saxophone soprano virevolte. Sa psalmodie est soutenue par un piano entraînant… la transe n’est pas loin.

On aime l’ambiance de Colo-Mentality où le jazz emprunte les rythmiques africaines. Jazz colonisateur ou Afrique courtisée ? En tout cas, il s’agit d’une union heureuse. La batterie a l’honneur de mener l’échange jusqu’à sa fin qui surprend un peu. Sur Lea, le feu se fait braise et le ténor fait entendre une douce prière comme une bénédiction sereine.

C’est un ténor à la sonorité plus écorchée qui ouvre Brazza Cry. Un leitmotiv pulsatile introduit la prière exaltée du saxophone. Porté par le trio piano-basse-batterie, le saxophone élève sa voix jusqu’au cri. Le jeu modal de Joël Sicard et son solo volubile ne sont pas sans évoquer Don Pullen. On est immergé dans un sanctuaire où la musique tient lieu de lumière.

De « Brazza Cry » se dégage une mélancolie teintée d’allégresse. Mélancolie d’un hier révolu, allégresse d’un avenir possible. D’une plage à l’autre les rythmes venus d’Afrique enrichissent le propos hérité du free-jazz. Le quartet de Michel Fernandez crée un jazz libre et énergique qui navigue entre lamentation et spiritualité, entre incandescence et incantation.

 

Dans le cadre de la tournée de lancement de l’album « Brazza Cry » plusieurs dates se profilent pour découvrir le groupe en live. Pour retrouver le Michel Fernandez Quartet, rendez-vous à Lyon au Bémol 5 les 18 & 19 octobre 2017 à 20h30, à Paris le 24 octobre 2017 à 21h30 au Sunside dans le cadre de la 6ème édition de « Jazz sur Seine » et à Dijon le 25 octobre 2017 au Crusoé à 20h30.
Coup de cœur pour… « Montevago »

Coup de cœur pour… « Montevago »

Le violoniste Théo Ceccaldi et le pianiste Roberto Negro reviennent en duo avec le singulier « Montevago ». Sur cet opus ils réinventent l’art du duo. Musique chambriste audacieuse que seule limite l’inspiration, or celle de ces deux dandies du jazz est infinie, c’est peu dire ! L’oreille chamboulée demeure captivée par les échanges fusionnels envoûtants des deux virtuoses.

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Rendez-vous avec Irina Gonzalez et son groove latin…

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Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

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Auditorium de Lyon – Dianne Reeves

Auditorium de Lyon – Dianne Reeves

Une force émotionnelle intense servie par une voix d’exception

Le 24 octobre 2017 à 20h, l’Auditorium de Lyon accueille Dianne Reeves avec le quartet de son dernier opus. Avec cinq Grammy Awards à son palmarès, la chanteuse mérite vraiment le titre de « diva » et son statut d’icône du jazz vocal.

Présentée en coproduction par l’Auditorium de Lyon, le « Rhino Jazz(s) Festival » et « Jazz à Vienne », Dianne Reeves revient le 24 octobre 2017 à 20h dans la salle de l’Auditorium de Lyon qui l’avait accueillie en 2004 avec l’Orchestre National de Lyon. Écouter Dianne Reeves en concert constitue un évènement dont on se réjouit d’avance. En effet, c’est sur scène que la chanteuse donne le meilleur d’elle-même. Il suffit de se rappeler les prestations passées et les albums enregistrés live à l’écoute desquels on prend la mesure de son art.

Tout en Dianne Reeves captive. Sa voix, pure et puissante à la fois, son charisme scénique, sa sensibilité et sa force émotionnelle, sa générosité et son expression sans cesse questionnée et renouvelé. Les projets se succèdent, les répertoires varient mais toujours Dianne Reeves fascine et convainc.

Inscrite dans la grande tradition du jazz, Dianne Reeves aborde l’art vocal avec aisance. Sa virtuosité, sa puissance et une tessiture étendue alliées à un brin de modernité font d’elle ce que l’on peut nommer sans se tromper « une diva ». Capable de scats échevelés et inventifs sa voix peut tout autant se faire caressante et sensible sur les ballades qu’elle interprète avec une maîtrise et un sens harmonique absolus.

Elle interprète des musiques brésiliennes, ses propres compositions, de grands thèmes de jazz ou les standards de Broadway.  Elle excelle dans les styles et sur tous les rythmesi. Avec aisance elle teinte son chant d’influences africaines ou latines, de blues ou de gospel.

Le 24 octobre 2017 à 20h, Dianne Reeves se présente à l’Auditorium de Lyon avec le quartet qui est à ses côtés sur son dernier opus « Light up the Night-Live in Marciac » (Concord/Universal) sorti le 15 septembre 2017. Comme le titre l’indique, l’album a été enregistré live le 09 août 2016 lors de son concert sous le chapiteau de Jazz in Marciac.

Autour de Dianne Reeves, un quartet à sa mesure avec au piano Peter Martin au toucher raffiné, à la guitare le fidèle Romero Lubambo, à la contrebasse Reginald Veal et son swing implacable et à la batterie Terreon Gully capable de maîtriser tous les rythmes.

Pour mieux s’immerger dans le concert, l’Auditorium propose le « Propos d’avant-concert » animé par Jean-Paul Boutellier. Proposé en entrée libre dans le bas-atrium à 19h, ce court moment (30 minutes) permet de contextualiser la musique et de mieux profiter de la soirée.

Grâce et virtuosité peuvent qualifier l’art de Dianne Reeves qui mobilise en même temps une grande technique vocale et une sensibilité hors du commun. Son chant inventif dépasse de loin la simple performance vocale. Son expression élégante emporte dans son monde celles et ceux qui l’écoutent.

Coup de cœur pour… « Montevago »

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Clin d’œil à Goran Bregovic & Three Letters from Sarajevo

Clin d’œil à Goran Bregovic & Three Letters from Sarajevo

La musique médiatrice de paix

Goran Bregovic est de retour avec Three Letters from Sarajavo. Trois pièces instrumentales avec violon et orchestre mais aussi des titres chantés par des artistes aux origines multiculturelles avec l’Orchestre des Mariages et des Enterrements.

L’album Three Letters from Sarajavo (Mercury/Universal), déjà annoncé comme Une Ode à la « Jérusalem des Balkans » dans une précédente chronique, rend hommage à la ville natale de Goran Bregovic. Le répertoire fait alterner la diversité des expressions du compositeur.

Cet album est pour Goran Bregovic l’occasion de célébrer la ville de Sarajavo où se sont succédé les occupants et où pendant longtemps, chrétiens orthodoxes, catholiques, juifs séfarades et musulmans ont coexisté dans la paix avant de se déchirer.

Sans aucun doute c’est la paix que Goran Bregovic appelle de ses vœux. En effet, l’album mêle différentes identités, croyances, langues et expressions musicales.

Des violonistes originaires des Balkans, du Maghreb et d’Israël incarnent les traditions chrétienne, musulmane et juive. Un  orchestre symphonique accompagne le chant du violon sur chacune des Trois Lettres de Sarajevo, la Lettre chrétienne, la Lettre musulmane et la Lettre juive.

Accompagnés par les musiciens de l’Orchestre des Mariages et des Enterrements des chanteurs de différentes nationalités interprètent des titres de Goran Bregovic. Ainsi, les voix de Bebe, Riff Cohen, Rachid Taha, Asaf Avidan, Sifet et Mehmed s’expriment dans des langues aussi diverses que l’arabe, le serbo-croate, l’espagnol, l’hébreu et l’anglais… et comme par magie, la musique du compositeur gomme les différences qui se fondent dans l’identité bregovicienne.

Les Trois Lettres de Sarajevo, pièces instrumentales avec violon et orchestre alternent avec des titres chantés où des chanteurs qui s’expriment dans des langues différentes aux côté de l’Orchestre des Mariages et des Enterrements. Même si l’on aurait souhaité que ces pièces instrumentales soient plus longuement développées, les onze titres constituent un ensemble cohérent.

En effet du premier au dernier titre de l’album, tous les morceaux portent l’empreinte si aisément reconnaissable du musicien/compositeur serbo-croate.

Sur « Three Letters from Sarajavo », Goran Bregovic se joue des différences. La musique de l’album esquisse le profil d’un idéal pacifié. Le compositeur repousse les frontières des possibles jusqu’à faire coexister en musique les différentes croyances et populations pourtant souvent irréconciliables hors des scènes et des studios. Goran Bregovic projette la musique comme possible médiatrice de paix.

Coup de cœur pour… « Montevago »

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Rendez-vous avec Irina Gonzalez et son groove latin…

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Omer Klein Trio sort « Radio Mediteran »

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