Echo#5-A Vaulx Jazz 2019

Echo#5-A Vaulx Jazz 2019

Soirée de clôture

Tous les bons moments ont une fin… et le 30 mars 2019 marque le dernier jour du 31ème festival A Vaulx Jazz qu’il a été si bon de retrouver. Fidèle à sa philosophie, le festival propose au public de découvrir deux nouvelles esthétiques pour compléter l’éventail des formes musicales déjà présentées. En ouverture, le superbe concert de Nik Bärtsch’s Ronin dont la venue dans la région a mobilisé de nombreux spectateurs. La dernière prestation permet ensuite au public de découvrir l’univers singulier de la chanteuse et flutiste belge Mélanie De Biasio.

Echo#5-A Vaulx Jazz 2019 salue la « Soirée de Clôture » du 30 mars 2019 au Centre Culturel Communal Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin. Le festival se termine avec un double plateau qui ne joue pas la carte d’un mode festif. Devant un public attentif et curieux Nik Bartsch’s Ronin a offert une prestation à la hauteur de la renommée du groupe. La chanteuse et flutiste belge Mélanie De Biasio a surjoué un minimalisme scénique et musical qui a partagé la salle.

Pour terminer dans l’esprit de la fête, l’After a été confié au Grigri qui a fait régner dans l’Espace Bar la une bonne heure communicative jusqu’à une heure avancée. Il fallait bien que les corps exultent !

Nik Bärtsch’s Ronin

Echo#5-A Vaulx Jazz 2019-Nik BartschFondé en 2001 par le pianiste Nik Bärtsch, le groupe acoustique Nik Bärtsch’s Ronin présente son nouveau spectacle qui restitue le projet « Awase » sorti en mai 2018 chez ECM où le pianiste a enregistré tous ses albums. Au fil des ans sont demeurés Sha (Stefan Haslebacher) à la clarinette basse et au saxophone alto ainsi que Kasper Rat à la batterie. On a le plaisir de découvrir la mouture actuelle de la formation qui a intégré un nouveau bassiste, Thomy Jord. Ainsi devenu quartet après avoir été quintet Nik Bärtsch’s Ronin délivre une musique encore plus performante et plus groovy que dans sa forme précédente. 

Le terme Ronin fait référence au samouraï sans maître. La musique présentée est sous-tendue par cet awase propre à l’art martial du samouraï qui préconise d’utiliser la fusion avec l’adversaire pour mieux en triompher. En l’occurrence, sur scène, la fusion est mise au profit d’une musique héritée du minimalisme de Steve Reich. Elle fusionne les rythmes pairs et impairs, utilise des motifs répétitifs, des boucles rythmiques et mélodiques qui se décalent et se superposent. Pourtant point de chaos et de nombreuses nuances. Les musiciens ne se perdent jamais et si l’on est attiré dans leur monde, on en ressort toujours bienheureux.

Du piano le leader dirige le groupe avec une attention constante et un sourire bienveillant. Les lignes de basse alternent entre clarinette basse et basse électrique, alto, clarinette et basse se partagent les interventions alors que batterie et piano font varier le rythme avec rigueur et souplesse. Si les instrumentistes s’expriment à tout de rôle, ils demeurent toujours au service de la dimension collective de la musique.

Echo#5-A Vaulx Jazz 2019-Nik Bartsch'RoninLes éclairages varient en accord avec la musique dont elle valorise les nuances, de la délicatesse au paroxysme. La pénombre et les jeux de lumières favorisent l’écoute sans pour autant cacher les musiciens, ce qui serait fort dommage car on perçoit dans leurs regards et leurs sourires, une entente quasi fusionnelle.

Dès son entrée sur scène, le groupe installe l’ambiance et développe le processus très bien rôdé qui caractérise l’art de Ronin. Du premier au dernier des six modules présentés durant le set, l’harmonie règne sur scène entre les quatre musiciens. Répétitive et minimalisme la musique  n’en délivre pas moins un groove rythmique tendu dont la pulsation associée à la force hypnotique des boucles crée un climat fascinant que certains spectateurs ont résumé en fin de concert sous le vocable « planant ». Certes réducteur, l’adjectif se réfère à cette impression ascensionnelle que l’on ressent à écouter ces tectoniques musicales qui se transforment sans cesse et donnent une impression de mouvement captivant.

Nik Bärtsch’s Ronin a produit une musique collective dont la force a convaincu le public qui a joué le jeu et a lâché prise pour entrer dans l’univers du groupe. Pour une grande partie des spectateurs et spectatrices, ce fut une découverte. Les autres déjà acquis à l’art de la formation se sont réjouis d’avoir écouté une fois de plus cette musique unique qui transforme un concert en voyage euphorisant.

Mélanie De Biasio

Pour le second set, la pénombre est de règle sur scène. A peine perceptible même des premiers rangs, les trois accompagnateurs de la chanteuse disposés en triangle occupent la totalité de la scène et sont très distants les uns des autres. Ils disparaissent derrière leurs instruments mais le service musical sera inversement proportionnel à la masse instrumentale.

On aurait pu s’attendre à ce que Matthieu Van (piano, synthé, chant)  Aarich Jespers (batterie, percussions) et Axel Gilain (contrebasse, basse, guitare, chœur) et  s’installent à proximité de la chanteuse pour créer le climat intimiste à laquelle prétend la musique de Mélanie De Biasio. Que nenni !

Echo#5-A Vaulx Jazz 2019-Melanie De BiasioLa chanteuse occupe tout l’espace laissé entre les musiciens pour déambuler tout au long du concert. Elle s’éloigne dans la pénombre assez loin du public avec lequel elle communique fort peu. Pas de salut à l’arrivée ni de présentation après quelques morceaux.  Mélanie De Biasio ne se donne pas à voir, tout juste laisse-t-elle percevoir sa silhouette à contre-jour, de dos, penchée, accroupie. Sans jamais lâcher sa flûte électrifiée, elle adopte une gestuelle certes gracieuse mais si peu naturelle quelle semble dénuée de toute spontanéité. Tout est étudié, le claquement de doigt, la main qui se tend, se pose sur le front….

Le chant se résume à des mélopées susurrées, à un souffle désincarné qui reprend des leitmotivs répétés à l’envi. Les lignes jouées à la flute procèdent de la même logique. Certes on reconnaît Gold Junkies ou Afro Blue mais il n’est guère possible d’évoquer un climat d’intimité que tentent pourtant de suggérer les murmures introspectifs chuchotés dans une atmosphère embrumée. Sans doute d’aucuns évoqueraient une musique de l’épure mais d’autres y verraient une pauvreté créative cachée derrière des artifices et des effets.

Une voix qui n’est guère qu’un souffle, un murmure qui tente d’envouter, une flûte plus argument qu’instrument, un mystère instauré via une distance peu propice à générer des émotions, des gestuelles qui manquent de naturel, une communication minimale avec le public. On a cherché la musicalité et la créativité mais sans doute cette dernière réside-t-elle dans le concept que l’on perçoit de facto mieux sur disque que sur scène.

Avec trop d’effet accumulés, trop de contrôle, guère d’intimité, Mélanie de Biasio présente un jazz singulier dont les codes empruntent au blues, au jazz, au hip-hop et à la soul et pour finir s’apparente à un hip-pop pop, minimaliste et embrumé qui se veut mystérieux mais ne parvient pas vraiment à convaincre.

Les artifices de séduction déployés conquièrent malgré tout pour une partie du public qui sollicite la chanteuse pour un rappel.

Pour terminer sa 31ème édition, le festival A Vaulx Jazz instaure l’esprit de la fête après les deux concerts et invite les spectateurs à devenir acteurs et danseurs dans l’Espace Bar durant un « after » chaleureux animé par les platines du « Grigri ». Tout est bien qui finit bien ! Rendez-vous sans faute dans deux ans pour vivre la 32ème édition du festival A Vaulx Jazz que l’on plébiscite par avance avec chaleur.

Le duo Peirani – Parisien signe « Abrazo »

Le duo Peirani – Parisien signe « Abrazo »

Six ans après leur premier album « Belle Époque », le duo Peirani – Parisien revient avec « Abrazo ». Le saxophoniste et l’accordéoniste étreignent les mélodies, explorent les rythmes et revisitent à leur manière le tango. Élégant et mélancolique, l’opus fait la part belle à l’improvisation. Un album magistral dont la musique enchante de bout en bout.

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Saison 2020/21 à l’Auditorium de Lyon

Saison 2020/21 à l’Auditorium de Lyon

Avec l’arrivée de Nikolaj Szeps-Znaider, nouveau directeur musical de l’Orchestre national de Lyon, la saison 2020/2021 à l’Auditorium de Lyon-Orchestre National de Lyon s’annonce riche en promesses. Outre la venue de grands interprètes, d’éminents chefs d’orchestre et d’ensembles internationaux et français exceptionnels, l’Auditorium accueille d’immenses stars du jazz et des musiques du monde. Intenses moments en perspective avec un Hommage à Michel Petrucciani, Fatoumata Diawara, Chucho Valdés, un Hommage à Astor Piazzolla. De quoi réjouir le public !

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L’Orchestre National de Jazz sort deux albums

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Directeur artistique de l’Orchestre National de Jazz depuis janvier 2019, le compositeur et guitariste Frédéric Maurin démarre la saison 2020-2021 avec une double sortie d’albums attendue le 21 août 2020. « Dancing In Your Head(s) » & « Rituels. Deux répertoires, deux esthétiques, une version live et une autre studio. Immersion dans la galaxie d’Ornette Coleman pour le premier. Promenade chimérique dans un monde acoustique et poétique. Deux projets ambitieux fort réussis.

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Echo#5-A Vaulx Jazz 2019

Echo#4-A Vaulx Jazz 2019

Soirée Saxologie

Par son intitulé « Saxologie », la soirée du 27 mars 2019 met l’accent sur le troisième set que propose Chris Potter, un des saxophonistes les plus en vue du moment. En ouverture, une courte prestation du lauréat du Tremplin RéZZo Focal Jazz à Vienne 2018, Obradovic-Tixier Duo. Place ensuite à Louis Sclavis qui vient en quartet présenter son nouveau programme « Characters On A Wall ». Le public s’est pressé pour découvrir ces trois esthétiques musicales auxquelles il a réservé un accueil enthousiaste.

Echo#4-A Vaulx Jazz 2019 se souvient de la « Soirée Saxologie » du 22 mars 2019 au Centre Culturel Communal Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin. Trois idiomes différents sont proposés au public. C’est une fois encore l’occasion de découvrir la multiplicité des expressions dont le jazz est pourvoyeur. La qualité est au-rendez et nul ne s’en plaint.

Obradovic-Tixier Duo

En ouverture de soirée se produit Obradovic-Tixier Duo, lauréat du Tremplin RéZZo Focal Jazz à Vienne 2018. Le duo franco-croate réunit le pianiste David Tixier et la batteuse Lada Obradovic. Le premier ne se contente pas du clavier du piano, il diversifie son expression sur son Rhodes et enrichit ses propos par un clavier de basse. La seconde ajoute à ses toms, cymbales et grosse caisse, un glockenspiel dont elle use à merveille et donne aussi de la voix.

Malgré la durée réduite du set, (30 minutes), Obradovic-Tixier Duo propose un répertoire tout à fait représentatif de son art. Leur musique ménage en effet dans ses propos un heureux équilibre d’énergie et de délicatesse. Sur des rythmes variés les deux musiciens entrelacent des mélodies élégantes. Echo#4-A Vaulx Jazz 2019, Obradovic-Tixier DuoAprès la composition de Lada Obradovic, Thoughtless Gift où coexistent légèreté et densité, le duo muse, joue et déjoue le tempo au rythme impair de Broken Watch écrit par David Tixier. Les deux musiciens font tourner les aiguilles d’une montre qui bat à 11 temps. Tic-tac et coucou se répondent. Le duo reprend ensuite Last Flight Over Horizon. Leur interprétation possède toujours la même force d’évocation en souvenir des attentats survenus à Istanbul. Sans s’appesantir sur le moment fatal, les musiciens convoquent leurs émotions et élèvent un hymne à la pulsion de vie. Après un dernier morceau au rythme entêtant et à la mise en place précise, David Tixier passe le clavier du piano à Benjamin Moussay qui fut son professeur.

A venir bientôt, la sortie d’un vinyle deux titres produit Cristal Records & Jazz Au Phare Revelations 2018, « Professor Seek & Mister Hide » et celle d’un album huit titres produit par RéZZo Focal et Jazz A Vienne. Le duo se produira le 13 juillet 2019 en ouverture de la « All Night Jazz » de Jazz à Vienne et dans de nombreux autres salles et festivals.

Le 27 mars 2019 au festival A Vaulx Jazz, Obradovic-Tixier Duo a fait battre le cœur d’un public amusé et heureux de découvrir l’inventivité de leur art qui s’il est créatif n’en demeure pas moins d’une extrême musicalité. Nul doute qu’un avenir prometteur s’ouvre pour ce duo qui émeut autant qu’il étonne.

Louis Sclavis Quartet - Characters On A Wall

Après l’avoir joué à l’Opéra Underground de Lyon en décembre 2018, Louis Sclavis vient à Vaulx-en-Velin « pour présenter son nouveau programme dans ce festival auquel il est très attaché ». En référence à la durée de cette manifestation trentenaire, il précise que « les choses qui durent peuvent rester compétitives ». Il représente d’ailleurs lui-même un exemple avéré d’une longévité artistique qui, au fil des ans, demeure compétitive et créative.

Après « Napoli’s Walls » créé en 2002 à partir des dessins réalisés à Naples par Ernest Pignon-Ernest de 1987 à 1995, le projet « Characters On A Wall » est inspiré par le travail du même artiste très engagé politiquement avec qui Louis Sclavis travaille depuis 40 ans. Père fondateur du street-art, Ernest Pignon-Ernest dessine des personnages dans des lieux où ils prennent sens, des lieux qui deviennent ainsi des espaces de mémoire.

Ce sont quelques-unes de ces affiches pochoirs d’Ernest Pignon-Ernest qui sont présentées A Vaulx Jazz. Elles ont inspiré Louis Sclavis et ses musiciens mais pour le leader pas question de projeter les images. Le concert se charge de proposer une lecture musicale des dessins qui saisit et restitue les émotions captées par les musiciens. Co-écrite par Louis Sclavis et son groupe, la musique devient ainsi à son tour une œuvre créative proposée au public venu l’écouter.

Ainsi, entouré de Sarah Murcia à la contrebasse, Benjamin Moussay au pianoEcho#4-A Vaulx Jazz 2019, Louis Sclavis 4tet et Christophe Lavergne à la batterie, Louis Sclavis aux clarinettes (basse et si♭) interprètent successivement les morceaux inspirés par Jean Genet dessiné à Brest, Mahmoud Darwich collé en Palestine à Ramallah, La dame de Martigues d’après les figures figurant sur les cuves et les cheminées de la ville, Shadows & Lines inspiré par les pochoirs où se projette l’ombre de l’explosion nucléaire d’Hiroshima, Pasolini à partir des portraits du cinéaste dessinés de pied portant son cadavre sur les murs de Rome où il a vécu, Prison inspiré par les collages réalisés dans la friche de l’ancienne prison Saint-Paul de Lyon.

Très ramassé autour du leader, le quartet acoustique embarque le public au fil d’un voyage imaginaire alimenté par les improvisations créatives pourvoyeuses de nombreuses émotions.

Le discours toujours très fluide des clarinettes fait varier ses couleurs expressives au fil des échanges avec les autres musiciens. Louis Sclavis explore l’entièreté du registre de ses instruments et selon les moments ses improvisations deviennent féroces et déchirantes, subtiles et nostalgiques, stridentes et pulsatiles, volubiles et furieuses, douces et tendres. Toujours renouvelé, son propos musical incarne autant la voix de la révolte que celle de l’espoir.

Tel un explorateur libéré des claviers électriques, Benjamin Moussay fait preuve sur le piano de nombreuses nuances et d’une audace inventive peu commune. Enfiévré il renforce les interrogations, tempéré il dessine des propos pacifiés, délicat il incarne la légèreté.

Echo#4-A Vaulx Jazz 2019, Louis Sclavis Quartet, Characters on a WallLe jeu solide et précis de la contrebassiste Sarah Murcia participe aux moments de paroxysme par des lignes violentes et tempétueuses qui râlent et grondent. Les harmoniques ponctuent des chorus graves et mordants. D’autres improvisations laissent apprécier la profondeur, la justesse et la souplesse du jeu de contrebasse.

Sur les toms tendus, la frappe sèche de Christophe Lavergne martèle le rythme avec frénésie et instaure le chaos par des propos explosifs. Certes la batterie combative et vitaminée contribue à faire monter l’intensité dramatique mais elle sait aussi instaurer le calme et la poésie par de subtils battements et de légères caresses des balais sur les cymbales.

Le public attentif est comblé. Il a vibré tout au long d’un concert où la musique s’est faite tour à tour poétique ou dramatique, lyrique ou insurrectionnelle, calme ou explosive, pacifiée ou tendue. Mais malgré les applaudissements nourris, point de rappel car la soirée n’est pas terminée.

Chris Potter Quartet - Circuits

L’intitulé de la Soirée Saxologie prend tout son sens avec son troisième set où Chris Potter se produit en quartet. Sa réputation le précède partout où il est programmé et le public se presse A Vaulx Jazz pour l’écouter.

Talentueux et virtuose, le saxophoniste voit en effet depuis fort longtemps les qualitatifs les plus élogieux associés à son nom et à son jeu. Aujourd’hui, il figure d’ailleurs au sommet de la hiérarchie des saxophonistes. Il n’en ira pas autrement le 27 mars 2019 à Vaulx Jazz. Par contre s’il a confirmé sa stature de technicien hors norme, pas sûr que tous les membres du public venu l’écouter à Vaulx-en-Velin s’attendaient à l’aventure que le quartet de Chris Potter leur a proposée.

 En effet le saxophoniste et flutiste s’est engagé le 27 mars 2019 loin de l’idiome acoustique dans lequel il s’exprimait chez ECM en 2017 sur « The Dreamer Is The Dream ». Echo#4-A Vaulx Jazz 2019, Chris PotterAvec ses nouveaux partenaires, il présente en effet un répertoire qui regarde du côté de son album « Circuits » (Edition Records) sorti en 2019 et emprunte une syntaxe dont les maître-mots sont le groove et l’énergie. Pas loin du rock incarné par la présence du bassiste Tim Lefevre qui a participé au dernier enregistrement de David Bowie (Black Star) aux côtés de Donny McCaslin. Proche du groove du hip-hop et du funk qu’affectionne le batteur Justin Brown qui joue autant avec Ambrose Akinmusire qu’avec Thundercat. Craig Taborn quant à lui appartient à tous ces mondes entre lesquels il navigue avec une aisance inouïe sans jamais perdre son âme.

On est frappé d’emblée par l’ardente alchimie qui fonctionne entre le ténor furieux de Chris Potter, le piano, le rhodes et les claviers de Craig Taborn et la rythmique détonante menée avec fermeté par la batterie de Justin Brown et la basse électrique de Tim Lefebvre. Le collectif tout entier est soudé autour du leader au service d’une musique nerveuse que fait groover une rythmique détonante. On est ensuite interpelé par l’engagement total du leader dont les propos échevelés contribuent à l’exaltation musicale. Sa technique totalement maîtrisée lui permet de développer sans effort apparent des phrasés réitératifs qui participent par leur énergie à alimenter le groove.

Tel un match de boxe au climat survolté, le troisième set propose une musique qui doit autant à l’énergie et à la virtuosité maîtrisée des musiciens qu’à l’électricité et à l’électronique.

D’un bout à l’autre du concert règne sur scène un groove incandescent auquel le piano apporte quelques respirations en dehors desquelles il alimente l’énergie collective par un propos vigoureux et dense mais sans cesse renouvelé. Dans un flux incessant, la batterie brasse furieusement les rythmes. Elle dégage une impression de puissance et étourdit par la polyrythmie et les cadences qu’elle développe dans un continuum rythmique inépuisable. Sur son saxophone le leader parcourt l’étendue de tous les possibles. Ses phrasés saccadés et ses éructations nerveuses alimentent la machine à groove à laquelle la basse ronflante contribue plus qu’à son tour, sans vraiment beaucoup de nuances.

Après une ouverture de soirée marquée la fraîcheur créative proposée par Obradovic-Tixier Duo, l’art subtil et fluide du quartet de Louis Sclavis a séduit par le raffinement de son expression au demeurant fort nuancée. La pulsation vibrante et fougueuse du quartet de Chris Potter a propulsé sur scène une énergie peu commune. Le public a ainsi pu apprécier des facettes différentes mais représentatives du jazz contemporain. Pas sûr qu’entre le versus européen et le versus américain il faille choisir. On peut apprécier plus ou moins l’une ou l’autre des esthétiques sans omettre de reconnaître les qualités des musiques.

Le duo Peirani – Parisien signe « Abrazo »

Le duo Peirani – Parisien signe « Abrazo »

Six ans après leur premier album « Belle Époque », le duo Peirani – Parisien revient avec « Abrazo ». Le saxophoniste et l’accordéoniste étreignent les mélodies, explorent les rythmes et revisitent à leur manière le tango. Élégant et mélancolique, l’opus fait la part belle à l’improvisation. Un album magistral dont la musique enchante de bout en bout.

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Saison 2020/21 à l’Auditorium de Lyon

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Avec l’arrivée de Nikolaj Szeps-Znaider, nouveau directeur musical de l’Orchestre national de Lyon, la saison 2020/2021 à l’Auditorium de Lyon-Orchestre National de Lyon s’annonce riche en promesses. Outre la venue de grands interprètes, d’éminents chefs d’orchestre et d’ensembles internationaux et français exceptionnels, l’Auditorium accueille d’immenses stars du jazz et des musiques du monde. Intenses moments en perspective avec un Hommage à Michel Petrucciani, Fatoumata Diawara, Chucho Valdés, un Hommage à Astor Piazzolla. De quoi réjouir le public !

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Directeur artistique de l’Orchestre National de Jazz depuis janvier 2019, le compositeur et guitariste Frédéric Maurin démarre la saison 2020-2021 avec une double sortie d’albums attendue le 21 août 2020. « Dancing In Your Head(s) » & « Rituels. Deux répertoires, deux esthétiques, une version live et une autre studio. Immersion dans la galaxie d’Ornette Coleman pour le premier. Promenade chimérique dans un monde acoustique et poétique. Deux projets ambitieux fort réussis.

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Clin d’œil à Trio Corrente & « Tem que Ser Azul »

Clin d’œil à Trio Corrente & « Tem que Ser Azul »

Du jazz lyrique, énergique et élégant

Groupe phare de la scène jazz de São Paulo, le Trio Corrente présente son sixième album « Tem que Ser Azul ». Composé de Fabio Torres, Paulo Paulelli et Edu Ribeiro, le trio piano-basse-batterie interprète un jazz moderne chargé de virtuosité et de lyrisme. Une osmose parfaite unit le groove de la basse, la légèreté du piano et l’efficacité de la batterie. Une musique énergique, joyeuse et élégante.

Issu de la plus talentueuse scène de São Paulo, le Trio Corrente n’a plus rien à prouver. Avec deux Grammy Awards dont celui du meilleur album de jazz latin avec « Song for Maura » (2013), leur réputation n’est plus à faire. Pourtant, Fabio Torres (piano), Paulo Paulelli (basse électrique et contrebasse), et Edu Ribeiro (batterie) reviennent le le 28 mars 2019 avec « Tem que Ser Azul » (Abeat Records /UVM Distribution), un album gorgé d’une énergie et d’une inspiration qui semblent inépuisables.

Trio Corrente

Formé en 2001 à São Paulo, Trio Corrente est un groupe de jazz instrumental brésilien dont le répertoire est ancré dans la tradition brésilienne. On y retrouve un spectre très large et varié des musiques du Brésil avec des choros, de la bossa nova, de la samba et nombre de standards de la Musique Populaire Brésilienne.

Trio Corrente

Trio Corrente@Fatima Batista

Le batteur Edu Ribeiro a joué aux côtés de Yamandu Costa ou João Bosco. Quant au pianiste Fabio Torres et au bassiste Paulo Paulelli, ils collaborent régulièrement avec Joyce et Rosa Passos.

Depuis leur premier album paru en 2005, Trio Corrente apparaît comme une figure novatrice du jazz brésilien où les trois musiciens mêlent les codes du jazz à de nombreux courants musicaux venus de Brésil et même d’autres pays d’Amérique latine. Aujourd’hui encore, après dix-huit ans de carrière, le trio propose des compositions qui restituent la passion toujours aussi vive des trois artistes pour la musique de leur pays mais le propos musical demeure ancré dans la tradition du jazz nord-américain.

Sur « Tem que Ser Azul », Trio Corrente fusionne avec talent jazz moderne et rythmes brésiliens. Une musique très personnelle qui capte les interactions des trois partenaires. Le résultat est époustouflant. La musique élégante, efficace et allègre dessine un univers mélodique autant que rythmique.

« Tem que Ser Azul »… au fil des plages

Trio Corrente ouvre l’album avec une version très hot de Amor Até O Fim. Prise sur un tempo effréné de samba, La composition de Gilberto Gil n’aurait pas déparé dans le répertoire de Tania Maria. Les solos affichent punch, virtuosité et lyrisme. Le trio glisse ensuite sur Só Tinha De Ser Com Você, la célèbre composition de Jobim. Sur un tempo bossa médium, le son gras de la basse joue des lignes saccadées pendant que le piano swingue avec une élégance infinie.

Dès son intro, Frevelli, composé par Fabio Torres met en orbite le piano véloce. On se laisse accrocher par le solo agile de la basse. Le morceau met en évidence la symbiose qui règne entre les trois partenaires complices. Vient ensuite la superbe ballade Retrato Em Branco E Preto d’Antonio Carlos Jobim et Chico Buarque que le trio ré-harmonise avec grâce et délicatesse. Le chant du piano en contrepoint sur la rondeur du solo de contrebasse constitue un des moments les plus raffinés de l’album.couverture de l'album Tem Que Ser Azul du trio Corrente

Fidèle à la version originale, Trio Corrente propose ensuite une reprise de la chanson de Djavan, Extase. L’accompagnement très syncopé propulse le solo du piano acrobate avant de porter le chorus chantant de la basse. Un 4/4 superbe qui donne le tournis permet d’apprécier les échanges de la batterie avec piano et basse. Après avoir déployé une belle énergie, le trio adopte un tempo médium pour interpréter le morceau de Johnny Alf, Eu E A Brisa. On se laisse alors entraîner sur une valse légère que jouent avec légèreté et aisance cymbales, piano et contrebasse.

Avec un équilibre quasi parfait, le répertoire fait alterner rythmes rapides et douces mélodies. Ainsi Trio Corrente adopte ensuite une rythmique élastique pour reprendre Assanhado, une composition de Jacob Do Bandolim. Les rythmes pulsent jusqu’à l’exaltation. Le groupe calme le jeu avec Tem Que Ser Azul. Le trio reprend en effet le titre de Messias Santos Jr qu’il transforme en une ballade de rêve riche en harmonies lumineuses. Les balais du batteur proposent un tapis feutré au piano romantique. Un moment de douceur tout en subtilité.

Cinco, la composition du batteur Edu Ribeiroa sonne ensuite comme une samba pagode et laisse toute latitude au piano de s’envoler avec allégresse dans un tourbillon de notes. Dans le morceau suivant, Jobim Passeando Em Rivera, écrit par Paulo Paulelli, le groupe rend hommage à Samba do Avião de Tom Jobim. Après cette subtile samba, le disque se termine avec Baiao do salomâo. A travers sa composition, Fabio Torres immerge la musique dans les rythmes du Nordeste brésilien. Entre les brisures rythmiques, on perçoit des colorations ravellisantes dans le phrasé du piano et l’on respire la douceur à l’écoute du solo chantant et léger de la contrebasse.

Trio Corrente ne faillit pas à sa réputation. Entre finesse élégante et rythmiques décoiffantes balance « Tem que Ser Azul » qui devrait mettre d’accord les amateurs de musique brésilienne et les fans de jazz.

Le duo Peirani – Parisien signe « Abrazo »

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Six ans après leur premier album « Belle Époque », le duo Peirani – Parisien revient avec « Abrazo ». Le saxophoniste et l’accordéoniste étreignent les mélodies, explorent les rythmes et revisitent à leur manière le tango. Élégant et mélancolique, l’opus fait la part belle à l’improvisation. Un album magistral dont la musique enchante de bout en bout.

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Saison 2020/21 à l’Auditorium de Lyon

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L’Orchestre National de Jazz sort deux albums

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David Linx et Michel Hatzigeorgiou signent « The Wordsmith »

David Linx et Michel Hatzigeorgiou signent « The Wordsmith »

Élégance et émotion sont au rendez-vous

La voix de David Linx et la basse électrique de Michel Hatzigeorgiou ouvrent les portes de l’univers intime et sensible de l’album « The Wordsmith ». Avec sobriété le duo complice délivre un opus sensible et chaleureux. Le répertoire élégant et poétique recèle des moments de grâce d’une infinie légèreté.

Le 08 mars 2019, l’album « The Wordsmith » (Sound Surveyor Music/L’Autre Distribution) finalise un projet que le chanteur David Linx et le bassiste Michel Hatzigeorgiou envisageaient depuis longtemps. Les deux musiciens de jazz sont parvenus à se dégager de leurs nombreux projets personnels pour se retrouver en duo dans le Studio Red H de Bruxelles où ils enregistrent un répertoire de neuf titres.

Les portées tiennent lieu d’enclume aux deux musiciens qui forgent la musique, jouent avec les mots, jonglent avec les notes et peaufinent les harmonies. Leur talent et leur complicité fait le reste. En duo David Linx et Michel Hatzigeorgiou façonnent un jazz émotionnel, poétique et élégant.

David Linx et Michel Hatzigeorgiou

On ne présente plus ces deux artistes que le jazz européen a consacrés depuis longtemps.

Depuis 1990, David Linx a imposé son chant qui fait référence dans le monde du jazz vocal actuel. Animé par une énergie intarissable, le chanteur originaire de Belgique et aujourd’hui installé à Paris, a parcouru un chemin riche et varié qui l’a mené de « Upclose » (1996) gravé en duo avec Diederick Wissels à ce nouveau duo enregistré en 2019 avec le bassiste Michel Hatzigeorgiou. Ce dernier s’est fait un nom au sein du groupe « Aka Moon » avec lequel il évolue depuis les années 1990.

Après s’être souvent croisés et avoir projeté de travailler ensemble, les deux compatriotes conjuguent leurs écritures sur « The Wordsmith » qui les réunit enfin.

« The Wordsmith », un album élégant où affleure l’émotion

« The Wordsmith » révèle une musique très sobre qui convie le silence, soigne textes et mélodies et peaufine les climats harmoniques.

La poésie des narrations rebondit sur des mélodies sophistiquées. Jamais démonstrative la voix explore avec souplesse l’étendue de sa tessiture dans ces scats aériens et inventifs qui caractérisent l’art de David Linx. Au fil des mesures, Michel Hatzigeorgiou fait chanter sa basse électrique comme une guitare et dessine des mélodies qui croisent celles de la voix. Il libère les harmonies qui ouvrent l’espace de liberté au chant.

Une telle entente repose certes sur une complicité avérée mais ne serait pas possible sans une écoute de chaque instant.

Au fil du répertoire

Sans esbroufe, les deux artistes livrent cinq compositions personnelles écrites à quatre mains , On A Lonely Crowded Street à porter au crédit de David Linx, Downriver Bound coécrit par David Linx et Mario Laginha et deux reprises.

En ouverture, On A Lonely Crowded Street laisse percevoir la vibration intime qui relie les deux musiciens. Le duo enchaîne ensuite avec la mélodie lumineuse de I Walk Alone où le scat du chanteur s’harmonise parfaitement sur les lignes de la basse qui pulse avec allégresse. Couverture de The Wordsmith, l'album    de David Linx et Michel HatzigeorgiouPlus tard, la voix chaude pose des couleurs déchirantes sur The Wind Cries Mary. Sur cette version que le duo donne du titre de Jimi Hendricks, le son grave et ronflant de la basse accentue encore le côté soul du morceau.

Le duo change ensuite de registre et convoque le silence sur On Either Side qui génère une vive émotion. Sur Downriver Bound la voix se fait la fois grave et aérienne et la basse sonne vraiment comme une guitare pour accompagner le chant céleste. Le dialogue continue en totale synergie sur Jessica Smokes où les mots voltigeurs épousent les notes ciselées de la basse. Chanté en Portugais, Rosa restitue vraiment l’esprit de la composition du compositeur brésilien Pixinguinha. La maîtrise absolue du scat vocal charme par son élégance et inspire à la basse un solo mélodieux.

Sur No More Unfinished Business et son tapis d’harmonies oniriques, la voix module avec grâce et dessine les contours d’un monde éthéré. L’album se termine avec The Wordsmith sur lequel une alchimie fascinante unit la poésie des mots et la ligne mélodique de l’instrument. Une osmose parfaite scelle la voix et la basse.

« The Wordsmith » tresse des mélodies sophistiquées et invite le silence à pénétrer dans l’intimité qui unit la voix de David Linx et la basse de Michel Hatzigeorgiou. En faisant le choix de la sobriété, les deux musiciens offrent un répertoire poétique qui capture la légèreté d’un soupir et explore les profondeurs de l’âme. Avec souplesse le duo voltige entre ces deux dimensions et explore un large spectre d’émotions sans jamais céder ni à la facilité ni à la démonstration. Un album à partager largement.

RV le 17 avril 2019 à 21h au Studio de l’Ermitage de Paris pour écouter live le répertoire de « The Wordsmith » interprété par David Linx et Michel Hatzigeorgiou

Le duo Peirani – Parisien signe « Abrazo »

Le duo Peirani – Parisien signe « Abrazo »

Six ans après leur premier album « Belle Époque », le duo Peirani – Parisien revient avec « Abrazo ». Le saxophoniste et l’accordéoniste étreignent les mélodies, explorent les rythmes et revisitent à leur manière le tango. Élégant et mélancolique, l’opus fait la part belle à l’improvisation. Un album magistral dont la musique enchante de bout en bout.

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Saison 2020/21 à l’Auditorium de Lyon

Saison 2020/21 à l’Auditorium de Lyon

Avec l’arrivée de Nikolaj Szeps-Znaider, nouveau directeur musical de l’Orchestre national de Lyon, la saison 2020/2021 à l’Auditorium de Lyon-Orchestre National de Lyon s’annonce riche en promesses. Outre la venue de grands interprètes, d’éminents chefs d’orchestre et d’ensembles internationaux et français exceptionnels, l’Auditorium accueille d’immenses stars du jazz et des musiques du monde. Intenses moments en perspective avec un Hommage à Michel Petrucciani, Fatoumata Diawara, Chucho Valdés, un Hommage à Astor Piazzolla. De quoi réjouir le public !

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L’Orchestre National de Jazz sort deux albums

L’Orchestre National de Jazz sort deux albums

Directeur artistique de l’Orchestre National de Jazz depuis janvier 2019, le compositeur et guitariste Frédéric Maurin démarre la saison 2020-2021 avec une double sortie d’albums attendue le 21 août 2020. « Dancing In Your Head(s) » & « Rituels. Deux répertoires, deux esthétiques, une version live et une autre studio. Immersion dans la galaxie d’Ornette Coleman pour le premier. Promenade chimérique dans un monde acoustique et poétique. Deux projets ambitieux fort réussis.

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Echo#5-A Vaulx Jazz 2019

Echo#3-A Vaulx Jazz 2019

Soirée Orange Sonic

Intitulée « Orange Sonic », la soirée du 22 mars 2019 présente un double plateau. Après la musique brute du groupe « Festen », le public savoure la rencontre musicale et chorégraphique proposée par Thomas de Pourquery et ses acolytes de « Supersonic » qui rencontrent leurs amis du Congo. Pour ce RV transcontinental, le soleil a irradié la nuit du Festival A Vaulx Jazz.

Echo#3-A Vaulx Jazz 2019 fait un clin d’oeil sur la soirée « Orange Sonic » du 22 mars 2019 au Centre Culturel Communal Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin. A la tension rythmique saturée de « Festen » succède la lumière cosmique pulsatile et joyeuse de la bande de musiciens et danseurs réunis autour de Thomas de Pourquery.

« Festen »

Depuis 2007, les frères Fleau, Maxime (batterie) et Damien (saxophone), Jean Kapsa (piano) et Oliver Degabriele (basse) sévissent sous le nom de « Festen », groupe à l’énergie brute qui porte le nom du film de Thomas Vinterberg.

Le 22 mars 2019 en ouverture de soirée, les musiciens de « Festen » présentent le répertoire de leur sixième album « Inside Stanley Kubrick » sorti en septembre 2018 chez Laborie Jazz. Les quatre protagonistes invitent le public à pénétrer dans leur musique qui explore l’univers de Stanley Kubrick. Derrière le groupe sont projetées des images ou quelques extraits de films de ce géant du cinéma. Ainsi la musique puise des idées clefs de quelques films. La violence du fameux « Orange mécanique », le côté brut et solide du monolithe de « 2001 Odyssée de l’Espace »,  » le climat guerrier et explosif de « Docteur Folamour », l’ambiance inquiétante et sanglante du fameux Overlook Hotel de « Shining », pour ne citer que ceux-là.

D’un bout à l’autre du set, rythmique tendue, sono à fond, pulsation souvent binaire qui n’a rien à envier au rock. Les solistes s’effacent au profit du collectif et les éclairages ne restituent que la silhouette des musiciens. Toute expressivité individuelle est gommée, la pulsation rythmique écrase le propos, le piano sature, la basse ronfle, la batterie groove, le saxophone éructe. Ça ne groove point, ça tonne.

Dans la salle des têtes oscillent rythmiquement, certains protègent leurs tympans, d’autres encore attendent en vain que quelque nuance ménage une place au silence et aux contrastes… mais que nenni. C’est Fast and Furious !

Thomas de Pourquery & Friends from Congo

La seconde partie de soirée voit revenir Thomas de Pourquery qui avait enchanté A Vaulx Jazz le 21 mars 2015 avec son projet « Supersonic plays Sun Ra » en ouverture de la dernière soirée de la 28ème édition du festival « A Vaulx Jazz ». Le public s’en souvient encore. Depuis le compositeur, saxophoniste et chanteur a triomphé avec son superbe projet « Sons of Love » sorti en 2017 avec Supersonic.

Lors d’un séjour en République du Congo, Thomas de Pourquery et Supersonic ont joué et rencontré le chorégraphe Delavalett Bidiefono et les danseurs de sa compagnie ainsi que des musiciens congolais. Cet épisode se poursuit avec trois rencontres en France entre le sextet Supersonic de Thomas de Pourquery et trois danseurs parmi lesquels Delavalett Bidiefono, une chanteuse et deux percussionnistes congolais. Le 22 mars 2019, A Vaulx Jazz accueille la première date de cette rencontre transcontinentale entre les musiciens français et les danseurs et musiciens congolais. Le festival Détours de Babel (La Source Fontaine) et le festival Banlieues Bleues en sont les deux autres étapes.

Après l’entrée en scène de Delavalett Bidiefono qui danse sur les notes du saxophone de Thomas de Pourquery, le reste des douze musiciens et danseurs les rejoignent sur scène et la rencontre commence.  D’emblée l’alchimie fonctionne entre les musiciens français d’une part les danseurs et musiciens congolais d’autre part. En effet les deux groupes fusionnent en bloc uni.

Conduite avec énergie par le batteur Edward Perraud et le bassiste Frederick Galiay,Echo#3-A Vaulx Jazz 2019_Thomas de Pourquery, Fabrice Martinez, Berlea Dieuveille Bilemboloe la rythmique tellurique accueille les percussions africaines de Fabe Beauriel Bambi et Mohamed Sylla. Les quatre musiciens stimulent les interactions des solistes. Le pianiste Arnaud Roulin est en perpétuelle interaction avec le trio de soufflants qui donnent aussi de la voix. Flanqué du volubile et inventif Laurent Bardainne (saxophone ténor) et du lumineux Fabrice Martinez (trompette, buggle), Thomas de Pourquery (saxophone alto) accueille la chanteuse Berléa Dieuveille Bilembolo qui les rejoint sur les arrangements conçus à partir du répertoire du groupe.

Sur le devant de la scène, en avant des musiciens, les deux danseurs Delavalett Bidiefono et Fiston Bidiefono croisent leur danse souple et athlétique avec celle de Cognès Mayoukou qui se meut comme une liane élastique. Ils font alterner mouvements expressifs et coulés avec des enchainements toniques où bras et jambes fouettent l’air comme le font ceux des boxeurs. Comme un combat ritualisé, la danse devient une extension de la musique. Une énergie communicative circule entre la musique et les danseurs et les deux arts croisent leurs ardeurs.

Les vibrations africaines essaiment et la syntaxe de la musique s’en trouve enrichie. Le jazz dense et combatif de Supersonic accueille le battement pulsatile des percussions et la voix de Berlea Dieuveille Bilembolo développe un chant qui évolue entre sensibilité et puissance. Les tubes supersoniques se succèdent, Give the Money Back, Slow Down, Simple Forces, ….

Après avoir accueilli, pop, blues, funk, soul, rock, boogaloo, la musique de Supersonic se teinte d’accents africains et prend des allures d’une célébration gospel groovy.

Si Thomas de Pourquery confie au public le bonheur que cette « rencontre » représente pour lui, il assortit aussi son discours de petits signes de la main et de bisous mais ne se prive pas de stimuler le public pour qu’il participe à la liesse et chante avec plus de cœur pour tenter d’atteindre le Graal. Echo#3-A Vaulx Jazz 2019_Thomas de Pourquery & Friends from CongoAu final, tout le monde se sent concerné et joue le jeu sans trop se forcer et l’énergie communicative qui se dégage de la scène gagne la salle qui en redemande.

Le groupe franco-congolais revient sans trop se faire prier pour le plus grand plaisir du public et interprète un morceau de Caetano Veloso, O Estrangeiro que Thomas de Pourquery a réarrangé pour l’occasion, comme pour faire le lien entre l’Afrique et le Brésil, clin d’oeil à l’histoire coloniale de la musique qui a cheminé d’Afrique au Brésil et a fait le chemin inverse pour irriguer la rumba congolaise.

La rencontre dynamique proposée par le toujours bienveillant Thomas de Pourquery a donné lieu à d’intenses moments d’échanges scéniques. Animés d’une énergie vitale irradiante, les enfants de Sun Ra, les danseurs et le musiciens congolais ont orchestré une transe ardente et sans frontière qui a conquis le public de Vaulx-en-Velin.

Le duo Peirani – Parisien signe « Abrazo »

Le duo Peirani – Parisien signe « Abrazo »

Six ans après leur premier album « Belle Époque », le duo Peirani – Parisien revient avec « Abrazo ». Le saxophoniste et l’accordéoniste étreignent les mélodies, explorent les rythmes et revisitent à leur manière le tango. Élégant et mélancolique, l’opus fait la part belle à l’improvisation. Un album magistral dont la musique enchante de bout en bout.

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