Du jazz lyrique, énergique et élégant
Groupe phare de la scène jazz de São Paulo, le Trio Corrente présente son sixième album « Tem que Ser Azul ». Composé de Fabio Torres, Paulo Paulelli et Edu Ribeiro, le trio piano-basse-batterie interprète un jazz moderne chargé de virtuosité et de lyrisme. Une osmose parfaite unit le groove de la basse, la légèreté du piano et l’efficacité de la batterie. Une musique énergique, joyeuse et élégante.
Issu de la plus talentueuse scène de São Paulo, le Trio Corrente n’a plus rien à prouver. Avec deux Grammy Awards dont celui du meilleur album de jazz latin avec « Song for Maura » (2013), leur réputation n’est plus à faire. Pourtant, Fabio Torres (piano), Paulo Paulelli (basse électrique et contrebasse), et Edu Ribeiro (batterie) reviennent le le 28 mars 2019 avec « Tem que Ser Azul » (Abeat Records /UVM Distribution), un album gorgé d’une énergie et d’une inspiration qui semblent inépuisables.
Trio Corrente
Formé en 2001 à São Paulo, Trio Corrente est un groupe de jazz instrumental brésilien dont le répertoire est ancré dans la tradition brésilienne. On y retrouve un spectre très large et varié des musiques du Brésil avec des choros, de la bossa nova, de la samba et nombre de standards de la Musique Populaire Brésilienne.
Le batteur Edu Ribeiro a joué aux côtés de Yamandu Costa ou João Bosco. Quant au pianiste Fabio Torres et au bassiste Paulo Paulelli, ils collaborent régulièrement avec Joyce et Rosa Passos.
Depuis leur premier album paru en 2005, Trio Corrente apparaît comme une figure novatrice du jazz brésilien où les trois musiciens mêlent les codes du jazz à de nombreux courants musicaux venus de Brésil et même d’autres pays d’Amérique latine. Aujourd’hui encore, après dix-huit ans de carrière, le trio propose des compositions qui restituent la passion toujours aussi vive des trois artistes pour la musique de leur pays mais le propos musical demeure ancré dans la tradition du jazz nord-américain.
Sur « Tem que Ser Azul », Trio Corrente fusionne avec talent jazz moderne et rythmes brésiliens. Une musique très personnelle qui capte les interactions des trois partenaires. Le résultat est époustouflant. La musique élégante, efficace et allègre dessine un univers mélodique autant que rythmique.
« Tem que Ser Azul »… au fil des plages
Trio Corrente ouvre l’album avec une version très hot de Amor Até O Fim. Prise sur un tempo effréné de samba, La composition de Gilberto Gil n’aurait pas déparé dans le répertoire de Tania Maria. Les solos affichent punch, virtuosité et lyrisme. Le trio glisse ensuite sur Só Tinha De Ser Com Você, la célèbre composition de Jobim. Sur un tempo bossa médium, le son gras de la basse joue des lignes saccadées pendant que le piano swingue avec une élégance infinie.
Dès son intro, Frevelli, composé par Fabio Torres met en orbite le piano véloce. On se laisse accrocher par le solo agile de la basse. Le morceau met en évidence la symbiose qui règne entre les trois partenaires complices. Vient ensuite la superbe ballade Retrato Em Branco E Preto d’Antonio Carlos Jobim et Chico Buarque que le trio ré-harmonise avec grâce et délicatesse. Le chant du piano en contrepoint sur la rondeur du solo de contrebasse constitue un des moments les plus raffinés de l’album.
Fidèle à la version originale, Trio Corrente propose ensuite une reprise de la chanson de Djavan, Extase. L’accompagnement très syncopé propulse le solo du piano acrobate avant de porter le chorus chantant de la basse. Un 4/4 superbe qui donne le tournis permet d’apprécier les échanges de la batterie avec piano et basse. Après avoir déployé une belle énergie, le trio adopte un tempo médium pour interpréter le morceau de Johnny Alf, Eu E A Brisa. On se laisse alors entraîner sur une valse légère que jouent avec légèreté et aisance cymbales, piano et contrebasse.
Avec un équilibre quasi parfait, le répertoire fait alterner rythmes rapides et douces mélodies. Ainsi Trio Corrente adopte ensuite une rythmique élastique pour reprendre Assanhado, une composition de Jacob Do Bandolim. Les rythmes pulsent jusqu’à l’exaltation. Le groupe calme le jeu avec Tem Que Ser Azul. Le trio reprend en effet le titre de Messias Santos Jr qu’il transforme en une ballade de rêve riche en harmonies lumineuses. Les balais du batteur proposent un tapis feutré au piano romantique. Un moment de douceur tout en subtilité.
Cinco, la composition du batteur Edu Ribeiroa sonne ensuite comme une samba pagode et laisse toute latitude au piano de s’envoler avec allégresse dans un tourbillon de notes. Dans le morceau suivant, Jobim Passeando Em Rivera, écrit par Paulo Paulelli, le groupe rend hommage à Samba do Avião de Tom Jobim. Après cette subtile samba, le disque se termine avec Baiao do salomâo. A travers sa composition, Fabio Torres immerge la musique dans les rythmes du Nordeste brésilien. Entre les brisures rythmiques, on perçoit des colorations ravellisantes dans le phrasé du piano et l’on respire la douceur à l’écoute du solo chantant et léger de la contrebasse.
Trio Corrente ne faillit pas à sa réputation. Entre finesse élégante et rythmiques décoiffantes balance « Tem que Ser Azul » qui devrait mettre d’accord les amateurs de musique brésilienne et les fans de jazz.
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