2024… CD à ne pas rater !

2024… CD à ne pas rater !

Red Bossa, To Everything A Season, Live & Kicking, OKO

Riche en surprises, l’année 2024 a permis de découvrir de nouveaux talents et de se régaler de la musique d’artistes confirmés qui n’ont cesse de se renouveler. Quelques albums parus au second semestre interpellent et charment l’oreille. Elle se régale avec des CD à ne pas rater.

Chaque opus présenté dans cette rubrique génère un climat émotionnel qui lui est propre mais tous les albums possèdent en commun un propos musical soigné, une identité affirmée. Leur écoute permet par ailleurs de saisir la complicité qui unit les interprètes.

L’oreille se régale de bout en bout.

« Red Bossa »

Visuel de l'album Red Bossa de Steen Rasmussen Trio_Ultimes Coups De CœurAprès « Canta » (Stunt Recors/Una Volta Music) » sorti en 2018 puis « Milton PÅ Svenska » paru en 2023 et consacré à Milton Nascimento, le pianiste Steen Rasmussen, spécialiste danois de la musique brésilienne, revient le 20 septembre 2024 à la tête de son Red Bossa Trio avec « Red Bossa » (Stunt Records).

Avec le contrebassiste Fredrik Damsgaard et le batteur/percussionniste Celso De Almeida, le pianiste Steen Rasmussen propose un répertoire qui compte dix compositions originales et une reprise de Manhã De Carnaval de Luiz Luiz Bonfá interprété par la chanteuse brésilienne Marilda Almeida. Cette dernière intervient aussi sur No Mais, Geraes, titre sur lequel elle est rejointe par la voix de Clara Emilie Wessberg Rasmussen.

Sur Eu Sei Que Você Sabe, le dernier morceau de l’album, le trombone de Lis Wessberg et la guitare de Jonas Krag rejoignent le Red Bossa Trio.

Avec une délicate vivacité, les mélodies chargées d’émotions distillent la magie de la bossa intemporelle.

 

« To Everything A Season »

Visuel de To Everything A Season par The Magic Lantern_Ultimes Coups De CœurC’est sous son pseudonyme musical The Magic Lantern que l’auteur/compositeur/interprète Jamie Doe présente « To Everything A Season » (Hectic Eclectic/La Buissonne Records), sorti le 28 Octobre 2024.

L’album fait la part belle aux émotions ressenties par Jamie Doe au décès de son père et après la naissance de sa fille. Il en résulte un disque qui oscille entre intensité et intimité, entre force et tranquillité. Comme une synthèse musicale réussie qui restitue les moments forts de la vie.

Pour enregistrer son cinquième album, Jamie Doe choisit de se présenter à la tête d’un septet issu de la scène jazz florissante de Londres avec, à ses côtés, le bassiste Fred Thomas, le pianiste Matt Robinson, le batteur Dave Hamblett, le tromboniste Keiran McLeod, le saxophoniste ténor français Robin Fincker et le joueur de bugle suisse Matthieu Michel.

A l’écoute de l’album, l’oreille est envoûtée par le timbre chaleureux de la voix, la délicatesse des interventions du piano, la sensibilité des cuivres, le swing raffiné de la rythmique. On tombe sous le charme des climats contrastés de cet opus qui rend un subtil hommage à la vie.

Si la mélancolie habite l’album, la joie est aussi de la partie.

 

« Live & Kicking »

Visuel de l'album Live And Kicking de Giovanni Mirabassi et Rosario Giulianni_Ultimes Coups De CœurNé d’une complicité musicale forgée au fil des décennies entre le pianiste Giovanni Mirabassi et le saxophoniste Rosario Giuliani, l’album « Live & Kicking » (Jazz Eleven / Baco Distrib) célèbre les racines italiennes de ces deux artistes qui inscrivent aussi leurs propos dans la pure tradition du jazz.

Enregistré live le 24 mars 2024 au Studio Ferber, « Live & Kicking » est sorti le 22 novembre 2024. L’album s’inscrit entre héritage et modernité. Il rend hommage à des légendes du jazz italien comme Massimo Urbani et Enrico Pieranunzi et célèbre aussi les maîtres du jazz américain, tels que Charlie Parker et Bill Evans. Il s’agit en quelque sorte d’un retour aux sources pour ces deux artistes qui revisitent, avec talent, maturité et spontanéité, les couleurs du jazz italien et les influences américaines qui ont nourri leur parcours.

Le répertoire fait coexister des compositions originales et une reprise de Yesterday’s Dream de Freddie Hubbard que les deux musiciens ancrés dans la tradition revisitent avec lyrisme.

L’oreille ne peut résister à la composition du pianiste Not Too Sad qui oscille entre intimité et joie. Impossible de ne pas craquer à l’écoute de Fellini’s Mood que Rosario Giuliani a conçu en s’inspirant des musiques des films de Fellini créées par Nino Rota.

Entre héritage et modernité, l’album contemplatif allie lyrisme et subtilité.


 

« OKO »

visuel de l'album OKO de Fidel Fourneyron_Ultimes Coups De CœurAprès Animal (ONJ Records/L’Autre Distribution) sorti en 2018, ¿Que Vola? (No Format!) paru en 2019 et Ornithologie (Umlaut Records/L’autre Distribution) du trio Un Poco Loco publié en 2020, Fidel Fourneyron revient avec OKO (Uqbar #3/L’autre Distribution) proposé le 08 novembre 2024.

Avec le contrebassiste Thibault Soulas et le batteur Antoine Paganotti, le tromboniste Fidel Fourneyron poursuit son exploration de l’héritage afro-caribéen.

Sans instrument polyphonique, le trio s’aventure avec brio dans le monde de OKO, l’orisha qu’invoquent les Yorubas pour lui demander prodigalité, abondance et fertilité. Au fil du répertoire, on découvre les titres qui portent les noms de divinités, Agwé qui règne sur la haute mer, Aja la déesse de la forêt, Babalu Ayé qui protège contre les maladies et vient en aide aux mendiants, Inlé le guerrier patron des pêcheurs, Iroko l’esprit de l’arbre dont il porte le nom, Oba la déesse des rivières, Oshalufan qui veille sur les vieillards. Le morceau Indians évoque les tenues de parade conçues pour le Mardi gras à la Nouvelle-Orléans pour célébrer la mémoire des ancêtres communs opprimés, afro-américains et autochtones.

Avec délice on écoute Algo Nuevo (« nouveau truc ») composé comme un clin d’œil à Sonny Rollins, qui a lui-même pratiqué avec brio le trio instrument à vent (saxophone ténor en l’occurrence) /contrebasse/batterie.

Odduduwa rend hommage au plus vieux de tous les dieux, le créateur, celui qui n’a pas de forme, fait la vérité et la justice et vit dans les ténèbres.

Un voyage musical au pays des orishas comme un hymne à la musique afro-américaine de la Caraïbe.

David Linx revient avec « Real Men Cry »

David Linx revient avec « Real Men Cry »

Avec plus de 30 albums et une carrière internationale, David Linx est devenu une référence en matière de jazz vocal masculin. En 2025, le chanteur revient avec « Real Men Cry », un projet musical poétique et chatoyant. Avec subtilité, l’opus allie force et sensibilité. Le répertoire lumineux comble autant l’âme que l’oreille.

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Pierre de Bethmann revient en quartet avec « Agapé »

Pierre de Bethmann revient en quartet avec « Agapé »

Le pianiste et compositeur Pierre de Bethmann revient en 2025 avec « Agapé ». Pour son troisième album en quartet, le musicien poursuit sa route avec les mêmes musiciens, sur la lancée de l’enregistrement de « Credo » paru en 2024. « AGAPÉ », un album exaltant et énergique.

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Avec Andy Emler, « Le Temps est parti pour rester »

Avec Andy Emler, « Le Temps est parti pour rester »

Pour son nouveau projet, « Le Temps est parti pour rester », Andy Emler invite un octuor de clarinettes à rejoindre son trio ETE. À la tête de ce onz’tet, le pianiste et compositeur propose une véritable ode à la clarinette. Avec inspiration, piano, contrebasse, batterie et clarinettes tissent les fils du temps et ensemble élaborent un hymne énergique et groovy.

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« Martial Solal : une vie à l’improviste » par Vincent Sorel

« Martial Solal : une vie à l’improviste » par Vincent Sorel

Hommage à ce géant du piano

Le 10 octobre 2024, Vincent Sorel publie « Martial Solal : une vie à l’improviste », un roman graphique dédié à Martial Solal. Publié aux Editions du Layeur, ce superbe ouvrage rend hommage au célèbre pianiste décédé le 11 décembre 2024.

Formé aux Arts Décoratifs de Strasbourg dont il sort diplômé, Vincent Sorel est né en 1985 en Normandie et vit à Nantes depuis 2011. Illustrateur et auteur de bandes dessinées, il travaille pour l’édition et la presse adulte et jeunesse. Il collabore régulièrement avec La Revue Dessinée et Topo. Il est l’auteur de « L’ours » chez Actes Sud , de « Naduah, cœur enterré deux fois » chez Glénat sur un scénario de Séverine Vidal et de la série « Les aventures du Roi Singe » sur un scénario de Stéphane Melchior aux éditions Gallimard.

"Martial Solal : une vie à l'improviste" par Vincent Sorel - Couverture du roman graphique Martial Solal Une vie à l'improviste de Vincent SorelDans « Martial Solal : une vie à l’improviste », paru le 10 octobre 2024 aux Éditions du Layeur, Vincent Sorel rend hommage à Martial Solal et au jazz.

Le dessinateur définit ainsi son projet : « La musique de Martial Solal m’accompagne depuis plus d’une quinzaine d’années. Plus je la connais, plus je suis fasciné par sa richesse, sa profondeur, sa complexité, son humour, son inventivité… L’évidence s’est imposée à moi : je devais faire un livre sur Martial Solal. Un livre qui en plus d’être un portrait, se voudrait une apologie du jazz, cette musique que j’aime tant, une ode à la liberté, à l’inventivité, à la création, tout ce que Martial sublime à chaque seconde. »

« Martial Solal : une vie à l’improviste », un roman graphique de 224 pages qu’on lit d’une traite et avec grand plaisir.

Au fil des pages on suit le parcours de Martial Solal que le dessinateur évoque avec humour. Cinq pages restituent les propos tenus par de grands jazzmen à propos de Martial Solal. Parmi eux figurent entre autres, Duke Ellington, Oscar Peterson, McCoy Tyner, Ahmad Jamal, LAurent de Wilde, Kenny Werner, Jean-Michel Pilc, Pierre de Bethmann, Leïla Olivesi et Guillaume de Chassy.

En fin d’ouvrage, l’auteur propose quelques conseils d’écoute qu’il est tout à fait judicieux de savourer au fil de la lecture.

David Linx revient avec « Real Men Cry »

David Linx revient avec « Real Men Cry »

Avec plus de 30 albums et une carrière internationale, David Linx est devenu une référence en matière de jazz vocal masculin. En 2025, le chanteur revient avec « Real Men Cry », un projet musical poétique et chatoyant. Avec subtilité, l’opus allie force et sensibilité. Le répertoire lumineux comble autant l’âme que l’oreille.

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Pierre de Bethmann revient en quartet avec « Agapé »

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Le pianiste et compositeur Pierre de Bethmann revient en 2025 avec « Agapé ». Pour son troisième album en quartet, le musicien poursuit sa route avec les mêmes musiciens, sur la lancée de l’enregistrement de « Credo » paru en 2024. « AGAPÉ », un album exaltant et énergique.

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Avec Andy Emler, « Le Temps est parti pour rester »

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Pour son nouveau projet, « Le Temps est parti pour rester », Andy Emler invite un octuor de clarinettes à rejoindre son trio ETE. À la tête de ce onz’tet, le pianiste et compositeur propose une véritable ode à la clarinette. Avec inspiration, piano, contrebasse, batterie et clarinettes tissent les fils du temps et ensemble élaborent un hymne énergique et groovy.

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Le pianiste, compositeur et arrangeur Martial Solal est mort

Le pianiste, compositeur et arrangeur Martial Solal est mort

Maître de l’improvisation et géant du jazz

Le 11 décembre 2024, le pianiste, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre Martial Solal est mort à l’âge de 97 ans. Le monde de la musique est en deuil et pleure la disparition de ce prodigieux artiste considéré comme un maître de l’improvisation. Son empreinte demeure à jamais inscrite dans l’univers du jazz français et international.

Le pianiste, compositeur et arrangeur Martial Solal est mortNé à Alger, Martial Solal étudie le piano classique puis découvert le jazz avant de devenir musicien professionnel en 1945. Installé à Paris en 1950, il accompagne de nombreux solistes jouant dans les clubs de jazz de la capitale puis en 1956, forme son premier big band avec lequel il enregistre ses propres compositions. Il compose ensuite pour le cinéma. C’est en effet à lui que l’on doit la bande originale du film de Godard « A bout de souffle » (1959).

Sa carrière le mène dans le monde entier et entre autre lieu au festival de Newport (1963). Malgré cette consécration, il préfère vivre en France plutôt qu’aux USA. Il a fait ses adieux à la scène en 2019 après un mémorable concert en solo salle Gaveau.

En 1998 la Ville de Paris a créé un concours international de piano jazz portant son nom rendant ainsi hommage à son talent de son vivant. En 1999, il reçoit le Jazzpar Prize, prix danois récompensant les meilleurs musiciens de jazz internationaux.

Riche et variée, la biographie de ce libr’explorateur du piano met en évidence la diversité de ses activités et ses nombreux talents. Outre ses compositions musicales, il a aussi écrit des ouvrages passionnants : « Martial Solal, Compositeur de l’Instant » - Entretien avec Xavier Prévost aux Editions Michel de Maule/Institut National de l’Adiovisuel paru en 2005, « Ma vie sur un tabouret » - Autobiographie de Martial Solal (en collaboration avec Franck Médioni) chez Actes Sud sorti en 2008 et le très récent « Mon siècle de jazz. L’autobiographie de Martial Solal » chez Frémeaux et associés - Préface Alain Gerber publié en 2024 dans lequel il rend hommage à ses compagnons de route.

Le départ de Martial Solal au firmament des étoiles du jazz attriste toutes et tous celles et ceux qui ont joué avec lui, l’ont écouté et plus encore ses proches, parents, amis et musiciens à qui sa présence va manquer.

David Linx revient avec « Real Men Cry »

David Linx revient avec « Real Men Cry »

Avec plus de 30 albums et une carrière internationale, David Linx est devenu une référence en matière de jazz vocal masculin. En 2025, le chanteur revient avec « Real Men Cry », un projet musical poétique et chatoyant. Avec subtilité, l’opus allie force et sensibilité. Le répertoire lumineux comble autant l’âme que l’oreille.

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Pierre de Bethmann revient en quartet avec « Agapé »

Pierre de Bethmann revient en quartet avec « Agapé »

Le pianiste et compositeur Pierre de Bethmann revient en 2025 avec « Agapé ». Pour son troisième album en quartet, le musicien poursuit sa route avec les mêmes musiciens, sur la lancée de l’enregistrement de « Credo » paru en 2024. « AGAPÉ », un album exaltant et énergique.

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Avec Andy Emler, « Le Temps est parti pour rester »

Avec Andy Emler, « Le Temps est parti pour rester »

Pour son nouveau projet, « Le Temps est parti pour rester », Andy Emler invite un octuor de clarinettes à rejoindre son trio ETE. À la tête de ce onz’tet, le pianiste et compositeur propose une véritable ode à la clarinette. Avec inspiration, piano, contrebasse, batterie et clarinettes tissent les fils du temps et ensemble élaborent un hymne énergique et groovy.

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« Looking Back », le swing enchanteur de Scott Hamilton

« Looking Back », le swing enchanteur de Scott Hamilton

Quand élégance rime avec aisance

Le saxophoniste ténor américain Scott Hamilton célèbre ses 70 ans avec « Looking Back ». Sa sonorité patinée semble venue d’un autre temps, celui des big-bands des années 30 à l’époque où est né le « jazz swing ». Ancré dans la plus pure tradition de ce style, Scott Hamilton swingue avec aisance et élégance. Un enchantement dont on ne se lasse pas.

Scott Hamilton, dédie les dix titres de « Looking Back » (Stunt Records)Hamilton"Looking Back", le swing enchanteur de Scott Hamilton à quelques-uns des nombreux musiciens qui ont joué un rôle dans sa carrière, en l’occurrence à Ruby Braff, Jimmy Rowles,Tommy Flanagan, Eddie « Cleanhead » Vinson, Roy Eldridge, Gerry Mulligan, Buddy Tate, Rosemary Clooney et Red Prysock, Dave McKenna et Peter Straub, Illinois Jacquet et Jo Jones.

S’il y avait eu plus de place sur l’album, il aurait également dédié des titres à Al Cohn, Gerry Wiggins, Benny Goodman, Flip Phillips, Ed Bickert, Arnett Cobb, Zoot Sims, Benny Carter, Hank Jones, Woody Herman, Jake Hanna… « J’ai la chance d’avoir connu tant de mes héros. » raconte Hamilton. « Il va peut-être falloir que je fasse encore un album, voire deux ! » Nul ne s’en plaindra.

A l’écoute du son velouté du ténor de Scott Hamilton, l’oreille remonte le temps et se trouve transportée dans une ère pré-coltranienne, pré-bop même, au temps du swing. Aujourd’hui comme hier, le jazz du saxophoniste est ancré dans la plus pure tradition du jazz swing. Il a embrassé cette esthétique depuis ses débuts et ne l’a jamais trahie.

Scott Hamilton

Né le 12 septembre 1954 à Providence dans le Rhode Island aux États-Unis, il a d’abord pratiqué le piano puis la clarinette avant de découvrir le saxophone ténor. La première fois qu’il en voit un, c’est lors d’un concert de Paul Gonsalves, entre deux dates de sa tournée avec Duke Ellington. A l’âge de 17 ans, Scott Hamilton se consacre au saxophone ténor.

À la fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt, Scott Hamilton trouve son inspiration chez les anciens maîtres du jazz, se démarquant ainsi de la tendance moderniste de l’époque. Influencé par les styles de Ben Webster, Lester Young ou Coleman Hawkins, il devient un innovateur au sein de la tradition swing. Son timbre riche et chaleureux ainsi que son jeu mélodique rappellent l’âge d’or du swing et la douce nostalgie liée à cette musique intemporelle.

En 1976, il commence une association avec le cornettiste Warren Vaché qui dure jusque dans les années quatre-vingt. Cette même année, il se rend à New York où il gagne rapidement les faveurs du public et de la critique. Grâce au soutien du trompettiste Roy Eldridge, il intègre l’orchestre de Benny Goodman à partir de 1977 et se produit avec le violoniste Joe Venutti. Il joue périodiquement avec la chanteuse Rosemary Clooney à partir de 1978 ainsi qu’avec Woody Herman, par intervalles, dans les années quatre-vingt.Hamilton"Looking Back", le swing enchanteur de Scott Hamilton

Il effectue quelques tournées avec les formations « Concord Jazz All Stars », « Concord Super Band » et « George Wein’s Newport Jazz Festival All Stars ». Il s’est produit à plusieurs reprise au Nice Jazz Festival. À partir de 1982 il travaille avec le trompettiste Ruby Braff et à la fin des années quatre-vingt, se produit avec le pianiste Dave McKenna.

Depuis son premier enregistrement en tant que leader en 1977, Hamilton a gravé de nombreux albums (plus de 40) chez Concord et aussi sur d’autres labels. Chez Stunt Records, ses cinq albums ont été salués par la critique, notamment « Swedish Ballads… & More » (2013) et « Danish Ballads… & More » (2017) qui mettent en avant des répertoires nordiques moins connus du grand public.

« Looking Back »

Sorti le 22 novembre 2024 sous le label Stunt Records, « Looking Back » a été enregistré par Joar Hallgren les 14, 15 & 16 janvier 2024 au Nilento Studio, à Gothenburg en Suède.

Sur « Looking Back », comme sur les trois précédents albums enregistrés pour Stunt Records, Scott Hamilton est entouré des Suédois Jan Lundgren au piano et Hans Backenroth à la contrebasse et du batteur danois Kristian Leth. Leur entente musicale dure depuis des années et pour le leader, ils sont « indispensables ». Il souligne à leur propos que « peu de musiciens ont l’imagination et l’expérience nécessaires pour prendre un matériau musical inhabituel et le faire sonner comme du jazz. »

Au fil des titres

L’album ouvre avec I’ve Grown Accustomed to Her Face. Le ténor doux et lyrique imprime son esthétique sur cette ballade qui reflète tout à fait le climat de l’album. Soutenu par la douceur des balais, le jeu du saxophone se pose avec élégance sur le lit harmonique que déroulent piano et contrebasse. Ce titre est dédié à Ruby Braff qui a longtemps joué cette ballade à Broadway.

Scott Hamilton revitalise ensuite The Maids of Cadiz qu’aimait jouer Jimmy Rowles. Il dédie ce titre au pianiste dont il était l’ami. A l’écoute de ce titre on peut savourer le discours chargé de tendresse du ténor qui s’envole et le chorus délicat et précis de la contrebasse. Le pianiste manifeste un sens infaillible du swing. Le quartet propose ensuite Beyond the Bluebird composé par le pianiste américain Tommy Flanagan avec qui le saxophoniste a enregistré deux fois. Il a voulu inclure ce morceau car lorsqu’il le jouait à l’époque au Bluebird, à Détroit, il ne savait « vraiment pas comment l’interpréter ». Au cours de son solo, le ténor alterne entre une sonorité tantôt souple et aérienne tantôt éraillée. De son toucher élégant, le pianiste réalise un soutien rythmique très mélodique et pose des notes subtiles lors de son chorus qui brille par sa délicatesse harmonique.

Sur Big Tate, composition originale du leader dédiée à Buddy Tate, le ténor de Scott Hamilton pulse avec ardeur. Le saxophoniste fait monter la tension tout au long de son chorus, se montre exubérant et accompagne même son débit de grognements et d’explosions gutturales. Au cours de son solo, le pianiste swingue avec vélocité tout en conservant un phrasé rigoureux. Dans son chorus la contrebasse chante avec une souplesse féline. Le morceau se termine par un 4/4 impulsé par la batterie énergique.

Le répertoire se poursuit avec Rockin’ Chair, un standard de jazz blues composé par Hoagy Carmichael. Le saxophoniste dédie le morceau à son mentor, le trompettiste Roy Eldridge. C’est un pur bonheur que d’écouter la fluidité de son phrasé dont l’effervescence renforce le lyrisme de son chant.

A l’écoute de Noblesse, ballade composée par le saxophoniste baryton Gerry Mulligan, on demeure saisi par l’expressivité et la musicalité du ténor qui se montre caressant et charmeur. Un moment musical d’une grande tendresse.

Changement de rythme avec Tune Up dédié à Eddie « Cleanhead » Vinson avec lequel le saxophoniste a tourné en Europe en 1980, aux côtés de Junior Mance. Sur un tempo rapide, le quartet interprète ce fameux thème du chanteur et altiste Eddie « Cleanhead » Vinson, titre souvent attribué à tort à Miles Davis. Au cours de leurs improvisations respectives, le saxophoniste se fait véhément, le pianiste très souple et le contrebassiste s’exprime avec finesse à l’archet. Lors du 4/4 avec la batterie de Kristian Leth, Scott Hamilton déroule avec générosité des phrases sans fioritures.

Avec son quartet, le saxophoniste vivifie Hey There, chanson de Richard Adler et Gerry Ross. Il dédie cette version à Rosemary Clooney et Red Prysock. Scott Hamilton a joué ce thème durant 20 ans aux cotés de la chanteuse Rosemary Clooney. Scott Hamilton swingue avec constance et brille par sa sonorité ample et son discours parsemé d’accentuations et d’effets. Au piano, Jan Lundgren séduit par son phrasé cristallin et l’équilibre parfait de l’expression de chacune de ses deux mains. Sur le manche de la contrebasse, Hans Backenroth explore avec dextérité la totalité du registre de son instrument tout en faisant preuve d’un swing irréprochable.

Le contraste est frappant avec Shadowland que le saxophoniste dédie à Dave McKenna et Peter Straub. Sur cette ballade au rythme ternaire de Dave McKenna dont le titre vient du livre de Peter Straub, le chant du ténor plane avec une grâce infinie… lyrisme chargé d’émotion, sonorité voluptueuse. La section rythmique impressionne par la délicatesse et l’élégance de son expression. Un moment d’une grande sensibilité.

Nouveau changement d’ambiance avec le balancement du titre On a Clear Day qui se rapproche de celui du jazz latin. Le morceau est dédié à Illinois Jacquet et à Jo Jones que le saxophoniste allait écouter dans un club au nord de Boston au début des années 1970. Il reprend d’ailleurs leur arrangement de ce morceau. Sonorité onctueuse et chaleureuse, phrases parsemées de grognements, agilité à virevolter autour du registre médium du ténor avec des notes puissamment vibrées. Improvisation mélodique et précise de la contrebasse, belle qualité de toucher du pianiste dont les accords s’enchaînent avec bonheur. Le lyrisme est à son comble, l’harmonie musicale règne… vient alors l’envie de remettre le disque sur la platine.

« Looking Back » témoigne de la collaboration réussie entre quatre musiciens dont les interactions maîtrisées font de cet album une ode au jazz swing. Une musique vibrante, moderne, vivante et irrésistible.

David Linx revient avec « Real Men Cry »

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Pierre de Bethmann revient en quartet avec « Agapé »

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Avec Andy Emler, « Le Temps est parti pour rester »

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Médéric Collignon présente « Arsis Thesis »

Médéric Collignon présente « Arsis Thesis »

Une pépite musicale aux allures de symphonie-jazz

Le cornettiste, chanteur et franc-tireur du jazz, Médéric Collignon, propose avec « Arsis Thesis », un album hors-format. Il invite à voyager dans sa galaxie musicale singulière. Ecriture complexe, richesse des arrangements, énergie et inventivité de chaque instant… tout concourt à faire de cet opus une pépite musicale aux allures de symphonie-jazz. L’oreille décolle et en redemande !

Après « Porgy&Bess » (2006), « Shangri-Tunkashi-La » (2010), “À la recherche du roi frippé” (2013) et « MoOvies » (2016), Médéric Collignon est de retour avec « Arsis Thesis » (Le Triton/L’Autre Distribution) dont la sortie est annoncée pour le 06 décembre 2024.

Ouverture opératique, basse omniprésente, « Arsis Thesis » groove de bout en bout et possède une dimension organique.

« Arsis Thesis »

Médéric Collignon présente "Arsis Thesis" - visuel de l'album Arsis Thesis de Médéric CollignonCompositeur de la totalité des titres, Médéric Collignon a aussi assumé la fonction de chef d’orchestre lors de l’enregistrement des maquettes, avec chacun des solistes. Aux côtés de Bastien Boissier en charge de l’enregistrement, il a aussi participé avec lui, au mixage et à la post-production de l’album réalisé au Triton et au Studio AGC de mai 2023 à avril 2024.

A la tête de son actuel Jus de Bocse composé de Yvan Robilliard (piano, claviers), Emmanuel Harang (basse) et Nicolas Fox (batterie), Médéric Collignon convie trois fabuleux saxophonistes, Géraldine Laurent (saxophone alto), Pierrick Pédron (saxophone alto) et Christophe Monniot (saxophone sopranino). Non content d’emboucher son cornet et de donner de la voix, le leader jongle entre synthés, percussions et, avec maestria, il intègre des samples qui se fondent dans la structure musicale.

Il invite les voix de Véronique, Felix et Lila dont les mots flottent au-dessus des « océans de sons mixés ». Sans oublier les flûtes et la voix de Christelle Raquillet, celle de Caloe, les cors de Kostia Bourreau et Armand Dubois, le trombone de Cyril Galamini et le tuba de Raphaël Spiral.

« Arsis Thesis », un album prodigieux à écouter en boucle. Un élixir vital pour oublier les esprits chagrins et faire fi de la morosité ambiante.

Au fil des titres

L’album ouvre avec Felix et un envol musical digne d’un opéra spatial aux couleurs baroques. Après une introduction très longue, le cornet pose les bases d’une musique organique, futuriste et fantaisiste. D’emblée on perçoit le rôle prépondérant de la guitare basse. Les instruments apparaissent l’un après l’autre, solo fougueux de l’alto, beat irrépressible de la section rythmique. Le collectif tresse un canevas musical dense et énergique qui évoque les accents et la dynamique du jazz fusion.

La musique de Street Song semble flotter dans l’espace intergalactique. La matière orchestrale rugit et s’élève vers le ciel étoilé. Porté par la batterie aux cymbales scintillantes, le chorus incandescent de l’alto transporte l’oreille dans une sphère flamboyante. On est proche de la transcendance. Avec prudence, on accroche les ceintures pour ne pas s’envoler.

Cédric et George concentre énergie et audaces. Après un « solo d’abeille » sur la première grille du morceau, la basse met en orbite ses riffs percutants et entame un dialogue ardent avec le synthé et les claviers aux sonorités déjantés. Sur des arrangements jubilatoires, le collectif malaxe ensuite la musique avec ardeur.

« Qu’elle était belle ma frégate lorsqu’elle voguait dans le vent… » au-dessus et après les premiers mots du poème dit par une jeune voix, se constitue peu à peu un magma sonore d’où émerge la sonorité flamboyante du cornet. Pique-Nique à la Mer installe un climat hallucinatoire et lyrique où s’exprime une voix féminine portée par l’orchestre. Peut-être celle de Téthys, la déesse des flots qui nage dans les flots musicaux ? … la petite fille revient… fin du pique-nique.

Nouvelle référence au milieu marin avec Tsunami. Voix, basse pulsatile, grondements sonores, riffs répétitifs, dérapages burlesques, cataclysme sonore, chœurs… ainsi se joue la partition d’un opéra multicolore où tous les sons et instruments entrent en collision… quelques mesures de la 5ème de Mahler et pour finir, du cataclysme sonore émergent quelques notes jouées par Coltrane … à l’envers !!!

Sans transition, l’oreille est transportée par Saba Zamzam sur un marché oriental où braie un bourricot. Battements syncopés, chœurs véhéments, vagues de souffles, … puis, sur ce mode arabe chromatique occidental rarement utilisé qui donne son nom au morceau, le sopranino se fait conteur. Tel le génie de la lampe d’Aladin, il fait tourbillonner ses notes comme des volutes au-dessus de la masse sonore.

Le répertoire continue avec Felix is back… voix enfantine fondue dans un magma sonore qui invite les trompettes de Star Trek. Le morceau fait entendre un délire orchestral inspiré et bouillonnant. Ligne de basse électrique aux ondes telluriques, cornet à la sonorité électrifiée par des effets de synthétiseur qui éructe des traits fulgurants dans les aigus, dialogue exalté et bouillonnant entre les deux saxophones alto, jeu explosif de la batterie, groove haché, mesures syncopées, chœurs exaltés… les sons fusent, on ne sait plus où « donner de l’oreille ». Mal venu qui s’en plaindrait !

Optimistique marque la fin de ce voyage extraordinaire dans l’univers de Médéric Collignon dont le vaisseau orchestral insuffle une fois de plus ses fulgurances surprenantes. Inspiré comme jamais, le leader fait entendre son chant qui évolue en un scat jubilatoire avant de laisser place aux envolées lyriques du piano. Le morceau se termine tel le bouquet final d’un feu d’artifice explosif, multicolore et multi-sonore.

Deux rendez-vous pour écouter live la musique d’Arsis Thesis. Le 05 décembre 2024 à 20h30 au Triton, Les Lilas, avec sur scène, Médéric Collignon (cornet, clavier, voix), Yvan Robilliard (Fender-Rhodes), Emmanuel Harang (basse électrique), Franck Vaillant (batterie, électroniques) et en invités, Géraldine Laurent, Pierrick Pédron, Christophe Monniot (saxophones). Le 30 janvier 2025 à 20h au Théâtre du Garde-Chasse, Les Lilas.

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