« Mother » par Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo

« Mother » par Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo

« Mother », états d’âme et rêverie intime de deux complices

L’album « Mother » résulte de la collaboration du pianiste Jacky Terrasson et du trompettiste Stéphane Belmondo. Des quatorze titres se dégage une atmosphère intimiste à la musicalité impressionniste. Le dialogue inspiré de ces deux instrumentistes complices apporte une respiration apaisée propice à la quiétude.

300-couv_terrasson_belmondo_motherLa collaboration de Jacky Terrasson et de Stéphane Belmondo remonte à leurs débuts dans le monde du jazz, il y a près de trente ans. Une époque où ils entretenaient déjà une relation musicale privilégiée. Ils se sont retrouvés il y a six ans pour un concert donné en duo dans le sud-ouest de la France au Festival de Saint-Emilion. Depuis ils ont eu l’occasion de cultiver leur complicité et de donner naissance à un univers qui leur appartient en propre. « Mother » (Impulse!/Universal) dont la sortie est annoncée pour le 02 septembre, est l’aboutissement logique de leurs retrouvailles.

A l’origine, Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo ont enregistré une trentaine de titres au Recall Studios. Après écoute, ils « se sont rendus compte que les ballades sonnaient superbement » explique le pianiste. Ils ont donc pris le parti de conserver les « morceaux les plus lents » pour « Mother ».

« Mother », un album de ballades comme une rêverie nostalgique reflet des états d’âme des deux artistes. Dans cet opus Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo explorent le registre d’une intimité mélancolique. Non dénuée de lyrisme et d’humour, l’atmosphère du disque est teintée d’un romantisme sobre et raffiné.

Le répertoire de « Mother » comprend des compositions originales, Souvenirs de Belmondo et Hand in Hand de Terrasson, des standards du jazz américain, des classiques de la chanson française, une reprise de Stevie Wonder et des interludes.

Au moment de l’enregistrement l’album devait s’intituler « Twin Spirit ». De fait, après que la production de l’album ait été achevé et à la suite de la disparation de la mère de Jacky Terrasson, le disque a été rebaptisé « Mother » d’après le titre de la composition du pianiste figurant au cœur du CD. Ainsi, comme le dit le pianiste, l’album devient un hommage à dédié à sa mère mais aussi « plus largement à toutes les mères et les femmes qui ne peuvent l’être ». L’interprétation du titre éponyme est particulièrement sensible et intense.

300-03--j-terrasson-s-belmondo-2016-copyright-philippe-levy-stabL’album ouvre avec First Song, le morceau poignant de Charlie Haden dont les deux musiciens font ressortir la beauté mélancolique. Il se referme avec une interprétation splendide du célèbre Que reste-t-il de nos amours ? de Chauliac et Trenet sorti en 1943.

Du côté de la chanson française on aime une version remarquable de La chanson d’Hélène composée pour le film de Claude Sautet « Les Choses de la vie ». Le thème exposé très sobrement par les deux instrumentistes est harmonisé de belle manière par le pianiste dont le toucher délicat sied à cette interprétation raffinée.

Par son équilibre, le dialogue entre les instrumentistes contribue à la réussite de l’interprétation de Lover man où les deux musiciens croisent et entrecroisent leurs lignes musicales. Sobre mais lyrique. Sans esbroufe, juste la musicalité comme cheval de bataille. Le tissage de You don’t know what love is est de la même veine sensible. On écoute avec bonheur les échanges parfaitement maîtrisés. On se plaît à savourer le toucher minimaliste du pianiste qui n’est pas sans rappeler l’influence 300_-j-terrasson-s-belmondo-2016-copyright-philippe-levy-stabdes musiques de Debussy, Poulenc, Ravel et Fauré.

On apprécie aussi les « interludes » posés comme des virgules sonores décalées parmi les autres titres. La fantaisie de Pic Saint Loup, nom d’un vin de la région où se trouve le studio d’enregistrement Recall. Les propos interrogatifs de Pompignan, en clin d’oeil à la ville qui a accueilli les musiciens pour l’enregistrement. L’atmosphère désuète mais malicieuse du titre de Stéphane Grappelli, Les Valseuses. La rupture rythmique de Fun Keys où l’on retrouve la frappe percussive et explosive du pianiste, ancien lauréat du prix Thelonious Monk (1993).

La reprise du grand succès de Stevie Wonder, You are the sunshine of my life est une surprise savoureuse. En effet, le morceau est presque méconnaissable. Déconstruit et malaxé, il est reconstruit avec des modifications harmoniques et un parti-pris rythmique qui transfigurent le morceau. On dira à juste titre que les deux interprètes se sont réellement réapproprié la composition pour la faire leur.

Tout au long des plages de l’album, l’accompagnement subtil du pianiste Jacky Terrasson procure une trame de musicalité propice à l’expression des lignes mélodiques très dépouillées que dessine le trompettiste Stéphane Belmondo. La simplicité et la subtilité de leur expression contribuent à créer l’atmosphère feutrée et raffinée qui caractérise l’album « Mother ».

On peut retrouver Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo le 07 septembre 2016 au Festival « Jazz à la Villette » à la Philharmonie de Paris.

Jazz Day 2018 à Lyon et sur le territoire métropolitain

Jazz Day 2018 à Lyon et sur le territoire métropolitain

Chaque année depuis 2011, le 30 avril célèbre la « Journée internationale du Jazz ». Pour la sixième année, « Jazz à Vienne » coordonne le « Jazz Day » sur Lyon et son territoire, avec le soutien du Pôle Métropolitain. En avant pour le Jazz Day 2018 !

lire plus
Antonio Sanchez présente « Channels of Energy »

Antonio Sanchez présente « Channels of Energy »

Après six disques en leader, Antonio Sanchez sort « Channels of Energy », un double album qui réunit trois entités. Deux étoiles du jazz, le batteur Antonio Sanchez et le chef d’orchestre-arrangeur Vince Mendoza s’associent au prestigieux WDR Big Band. Dans le parfait respect de l’écriture du batteur, l’album propose une musique à la modernité sidérante.

lire plus
Elina Duni dévoile « Partir », son nouvel album chez ECM

Elina Duni dévoile « Partir », son nouvel album chez ECM

Pour son troisième album chez ECM, Elina Duni signe « Partir », un album conçu et réalisé en solo. La chanteuse interprète un répertoire de chansons autour du départ, de la perte et de l’amour. Elle s’accompagne au piano, à la guitare ou avec un set de percussions. Son chant intimiste et sensible transcende la souffrance.

lire plus
Bobby Hutcherson – « Mini Mémo »

Bobby Hutcherson – « Mini Mémo »

Bobby Hutcherson, maître du vibraphone

Robert « Bobby » Hutcherson

Né le 27/01/1941 à Los Angeles - Décédé le 15/08/2016 à Montara

Virtuose du vibraphone et du marimba, Bobby Hutcherson a concilié la dimension mélodique à celle de la percussion sur ces instruments dont il est devenu un maître incontesté. Il a joué aux côtés des plus grands jazzmen et a enregistré de nombreux albums chez Blue Note.

Né à Los Angeles, il découvre le jazz grâce à son frère Teddy et sa sœur chanteuse dans l’orchestre de Gerald Wilson. Il est formé au piano par Teddy Trotter mais abandonne l’instrument pour le vibraphone après avoir écouté Milt Jackson. Il se met à jouer dans les soirées de son école avec le bassiste Herbie Lewis et travaille d’arrache-pied pour améliorer sa technique. Dans les années 50 il a l’occasion de jouer avec le saxophoniste et flutiste Charles Lloyd.

En 1961 il est appelé à New York par le saxophoniste Jacky McLean avec qui il enregistre en 1963 l’album « One Step Beyond » gravé sous le Label Blue Note. McLean lui présente le clarinettiste, flutiste et saxophoniste Eric Dolphy avec qui il aura l’occasion d’enregistrer le disque « Out To Lunch ». Chauffeur de taxi à mi-temps, il compose pour son fils Barry un titre devenu un de ses morceaux les plus connus Little B’s Poem.

Il enregistre ensuite en leader l’album « Dialogue » en 1965 avec le trompettiste Freddie Hubbard puis « Stick up » en 1966 avec le saxophoniste Joe Henderson et le pianiste McCoy Tiner avec qui il entame une collaboration fructueuse. La même année il grave sous son nom chez Blue Note l’album « Happenings » avec le pianiste Herbie Hancock. De retour en Californie, il s’associe avec le saxophoniste Harold Land avec qui il enregistre en 1970 le titre Ummh sur l’album « SBobbyHutcherson_1983_Nice_NV -an Francisco » qui s’inscrit alors dans une mouvance jazz soul-funk. Après de nombreux enregistrements chez Blue Note il travaille pour Columbia mais renoue en 2014 avec le label mythique pour un dernier album, « Enjoy the View ».

Ainsi tout au long de sa carrière, le vibraphoniste a côtoyé et s’est adapté à la plupart des courants musicaux, du be-bop, hard-bop, free jazz, soul-funk sans oublier les rythmes latins et le jazz-rock avec lesquels il a aussi flirté dans les années 70.

Son jeu brillant développe des phrases très rapides héritées du be-bop alors qu’il pratique des improvisations modales venues en droite ligne de l’épopée post-bop. Son accompagnement aux séquences peu accentuées ont été très appréciées  des solistes. Même si on a pu lui reprocher une sonorité un  peu froide, il a su gommer cette caractéristique en intégrant à sa manière la chaleur des rythmes africains. Il a inspiré des générations de vibraphonistes et son héritage continuera au-delà de sa disparition.

On ne ne se lasse pas de regarder et écouter la vidéo enregistrée en 2002 au festival Jazz Baltica où McCoy Tyner et Bobby Hutcherson interprètent  Moment’s Notice de John Coltrane avec Charnett Moffett à la contrebasse et Eric Harland à la batterie.

Une sélection de nos disques préférés

  • En leader

    • « Dialogue » (1965) Blue Note - aux côtés de Bobby Hutcherson : Andrew Hill (piano), Sam Rivers (sax ténor, sax soprane, clarinete basse, flûte), Freddie Hubbard (trompette), Richard Davis (contrebasse) et Joe Chambers (batterie)
    • « Stick up » (1967) Blue Note - aux côtés de Bobby Hutcherson : McCoy Tiner (piano), Joe Henderson (saxophone ténor), Herbie Lewis (contrebasse) et Billy Higgins (batterie)
  • En sideman
    • « Out to lunch ! » (1964) Blue Note - Eric Dolphy (saxophone, flûte, clarinette basse),  Freddie Hubbard (trompette), Richard Davis (contrebasse), Bobby Hutcherson (vibraphone) et Tony Williams (batterie)… Disque effervescent
    • « Reflections » (1989) Contemporary Records - Frank Morgan All Stars : Frank Morgan (sax alto), Joe Henderson (saxophone ténor), Mulgrew Miller (piano), Bobby Hutcherson (vibraphone), Ron Carter (contrebasse) et Al Foster (batterie)… Six grands maîtres réunis
    • « Wholly Earth » (1998) Verve Records - Abbey Lincoln (chant, arrangements), Marc Cary (piano), James Hurt (piano), Bobby Hutcherson (vibraphone, marimba), Nicolas Payton (trompette, flugelhorn), John Ormond (contrebasse), Michael Bowie (contrebasse), Maggie Brown (chant), Daniel Moreno (percussion), Alvester Garnett (batterie)… Émotion et profondeur

Films

Bobby Hutcherson a fait quelques apparitions au cinéma :

  • en 1969 dans le film de Sydney Pollack « On achève bien les chevaux »
  • en 1985 dans le film de Bertrand Tavernier « Autour de Minuit »
Jazz Day 2018 à Lyon et sur le territoire métropolitain

Jazz Day 2018 à Lyon et sur le territoire métropolitain

Chaque année depuis 2011, le 30 avril célèbre la « Journée internationale du Jazz ». Pour la sixième année, « Jazz à Vienne » coordonne le « Jazz Day » sur Lyon et son territoire, avec le soutien du Pôle Métropolitain. En avant pour le Jazz Day 2018 !

lire plus
Antonio Sanchez présente « Channels of Energy »

Antonio Sanchez présente « Channels of Energy »

Après six disques en leader, Antonio Sanchez sort « Channels of Energy », un double album qui réunit trois entités. Deux étoiles du jazz, le batteur Antonio Sanchez et le chef d’orchestre-arrangeur Vince Mendoza s’associent au prestigieux WDR Big Band. Dans le parfait respect de l’écriture du batteur, l’album propose une musique à la modernité sidérante.

lire plus
Elina Duni dévoile « Partir », son nouvel album chez ECM

Elina Duni dévoile « Partir », son nouvel album chez ECM

Pour son troisième album chez ECM, Elina Duni signe « Partir », un album conçu et réalisé en solo. La chanteuse interprète un répertoire de chansons autour du départ, de la perte et de l’amour. Elle s’accompagne au piano, à la guitare ou avec un set de percussions. Son chant intimiste et sensible transcende la souffrance.

lire plus
Samy Thiébault revient avec « Rebirth »

Samy Thiébault revient avec « Rebirth »

« Rebirth », la seconde naissance de Samy Thiébault

Le retour du saxophoniste Samy Thiébault promet d’être un temps fort de la rentrée musicale 2016. En effet, la sortie de son sixième album « Rebirth » est annoncée pour le 30 septembre chez Gaya Records. On note avec intérêt la participation du trompettiste Avishai Cohen et celle d’Eric Légnini à la prise de son et au mixage.

300-Samy Thiebault_Rebirth_couvFort d’un quartet à l’énergie infinie, soudé par une forte amitié, après six albums et dix années de jeu collectif intense et aventureux, le saxophoniste et flutiste Samy Thiébault présente le 30 septembre prochain sa nouvelle aventure musicale et son nouvel opus, « Rebirth »

A ses côtés on retrouve Adrien Chicot au piano, Sylvain Romano à la contrebasse et  Philippe Soirat à la batterie. 300-Samy Thiebault et Avishai Cohen 1Le quartet s’étoffe avec la venue du saxophoniste Jean-Philippe Scali et le percussionniste Meta. L’intervention du trompettiste Avishai Cohen en « Guest Star » fait plus que prêter son nom. En effet il inscrit pleinement son discours dans les couleurs de l’album et dans la direction musicale de Samy Thiébault.

Comme le titre de l’album le laisse entendre, « Rebirth » signe une renaissance artistique pour Samy Thiébault, l’affirmation d’un nouveau cycle de vie et de musique avec des lignes mélodiques inspirées au saxophoniste par ses racines marocaines, l’Afrique de l’Ouest où il a grandi.

L’influence classique n’est pas en reste tout au long de « Rebirth » avec des adaptations brûlantes et mystiques des Tableaux d’une exposition de Moussorgski, et également de Ravel avec deux versions adaptées de Laideronnette, impératrice des pagodes repris de M Mère l’Oye. Au centre de l’album, Samy Thiébault propose aussi une Enlightments Suite en trois partie dont chaque segment est développé à partir dune séquence mélodique empruntée à une pièce d’Erik Satie intitulée « le Fils de l’Etoile ».

Visiblement le saxophoniste suit sa bonne étoile qui continue à éclairer son chemin musical. On a hâte de suivre la trace de Samy Thiébault dans les nouveaux territoires lumineux qu’il explore avec » Rebirth »

Pour découvrir « Rebirth », le nouvel album de Samy Thiébault rien de mieux qu’un premier clip, Rebirth ! avant d’aller écouter l’artiste en concert à Paris du 10 au 12 Novembre 2016 au Duc des Lombards.

Jazz Day 2018 à Lyon et sur le territoire métropolitain

Jazz Day 2018 à Lyon et sur le territoire métropolitain

Chaque année depuis 2011, le 30 avril célèbre la « Journée internationale du Jazz ». Pour la sixième année, « Jazz à Vienne » coordonne le « Jazz Day » sur Lyon et son territoire, avec le soutien du Pôle Métropolitain. En avant pour le Jazz Day 2018 !

lire plus
Antonio Sanchez présente « Channels of Energy »

Antonio Sanchez présente « Channels of Energy »

Après six disques en leader, Antonio Sanchez sort « Channels of Energy », un double album qui réunit trois entités. Deux étoiles du jazz, le batteur Antonio Sanchez et le chef d’orchestre-arrangeur Vince Mendoza s’associent au prestigieux WDR Big Band. Dans le parfait respect de l’écriture du batteur, l’album propose une musique à la modernité sidérante.

lire plus
Elina Duni dévoile « Partir », son nouvel album chez ECM

Elina Duni dévoile « Partir », son nouvel album chez ECM

Pour son troisième album chez ECM, Elina Duni signe « Partir », un album conçu et réalisé en solo. La chanteuse interprète un répertoire de chansons autour du départ, de la perte et de l’amour. Elle s’accompagne au piano, à la guitare ou avec un set de percussions. Son chant intimiste et sensible transcende la souffrance.

lire plus

Disparition de Toots Thielemans

Hommage à Toots Thielemans

Le 22 août Jean « Toots » Thielemans s’en est définitivement allé. Il laisse orphelins tous les amoureux de la mélodie. Depuis 2014 il avait quitté les scènes qui pleuraient déjà son absence. Aujourd’hui, il laisse un grande vide dans le monde du jazz où il avait imposé avec talent l’harmonica chromatique.

On a été bercé et même ému par celui qui se sentait bien « entre un sourire et une larme ». C’est en effet la petite phrase qui figure sur son site et par laquelle il se définissait lui-même : « I feel best in that little space between a smile and a tear ». C’est par le talent de ses prestations, sa virtuosité et ses improvisations brillantes et sensibles que Toots Thielemans a sorti l’harmonica de la catégorie des instruments hétéroclites, « miscellaneous instruments » comme disent les américains, pour le hisser au rang des instruments respectables. C’est d’ailleurs Clifford Brown lui-même qui lui avait fait ce compliment.

Avec « Toots » la musique respire, sourit et pleure tour à tour. On est enchanté par les mille nuances de son expression qui balaye tous les spectres des émotions, de la joie à la tristesse sans oublier l’espoir et la tendresse. « Toots » on aime ton harmonica gros comme un cœur ! 

Décédé à 94 ans, l’harmoniciste belge avait d’abord adopté l’accordéon avant de se pencher vers la guitare puis de choisir enfin l’harmonica chromatique. C’est sur cet instrument que Toots Thielemans a acquis le respect des plus grands musiciens de la sphère du jazz dans laquelle il a évolué depuis les années 50. Il a aussi été honoré par de nombreuses récompenses. Le roi Albert II de Belgique l’a nommé « Baron » en 2001. La même année, il est honoré du titre de « Professeur Honoris Causa » par les 2 universités de Bruxelles. En 2009 il reçoit le Jazz Master Award de la NEA (National Endowment for the Arts), une des plus hautes distinctions remise aux musiciens américains Le titre de « Commandeur des ordres de Rio Branco » lui est remis par Gilberto Gil en 2006.

Installé très tôt aux États-Unis, il joue dans le Charlie Parker’s All Stars. Il est appelé par Benny Goodman puis est engagé par George Shearing avec lequel il tourne comme guitariste pendant 6 années. Dans les années 60 il vit quelques temps en Suède où il  côtoie Svend Asmussen et Niels Henning Orsted-Pedersen (NHOP) et commence à siffler en s’accompagnant à la guitare. C’est d’ailleurs avec cette instrumentation (guitare/sifflet) qu’il grave en 1962 une de ses compositions, Bluesette, sorte de valse-blues devenue depuis un standard. On peut l’écouter sur le disque « The Whistler & His Guitar » où « Toots » tient la guitare et double les lignes de thème et de chorus en sifflant.

Il a bien sûr aussi interprété Bluesette à l’harmonica tout au long de ses concerts, en se renouvelant sans cesse tant il savait nuancer son expression et varier les climats de ses improvisations. La version enregistrée en 2009 à Rotterdam restitue à merveille la délicatesse de l’interprétation de cet harmoniciste poète.

Bluesette sonne encore autrement lorsque « Toots » croise Stevie Wonder qui joute avec le Belge  à l’harmonica. Le duo est saisissant … même si l’image laisse à désirer.

De retour aux États-Unis « Toots » rencontre Quincy Jones (1965) avec lequel il collabore comme soliste. C’est aussi à cette époque qu’il commence à composer des musiques de films (Midnight Cowboy en 1969 puis suivront Salut l’Artiste, Jean de Florette), ..). Sa vie musicale va ensuite naviguer en les États-Unis, la Belgique et l’Europe. Tout au long de ses longues années il a joué avec quelques-uns des plus grands musiciens du jazz, Ella Fitzgerald, Dizzy Gillespie, Oscar Peterson, Quincy Jones, Bill  Evans, Jaco Pastorius, Natalie Cole, Pat Metheny … et bien d’autres.

Parmi les nombreux enregistrements de « Toots » Thielemans, on peut retenir une sélection de quelques albums qu’on ne se lasse pas d’écouter.

  • C’est en 1979 qu’est enregistré « Affinity » (Columbia/Warner Bross). Sur ce joyau musical « Toots » a rejoint le pianiste Bill Evans, le saxophoniste Larry Schneider, le contrebassiste Marc Johnson et le batteur Eliot Zigmund. On écoute Body and Soul joué en trio (« Toots », Bill Evans et Marc Johnson).

  • L’album « Live in the Netherlands » (Pablo/Carrère) enregistré en 1982 avec Joe Pass (guitare) et NHOP (contrebasse) où l’harmoniciste siffle aussi.
  • On apprécie aussi l’écoute de « Footprints » (Emarcy/Universal) enregistré en 1989 avec le regretté Mulgrew Miller au piano, Rufus Reid à la basse et Louis Nash à la batterie. D’entrée de jeu, c’est à la guitare et en sifflant que « Toots » expose le thème de Wayne Shorter. Il répond ensuite au pianiste par un chorus à l’harmonica. Absolument renversant ! L’interprétation de la Gymnopédie N°1 de Satie vaut aussi son pesant d’or. Les autres titres sont à l’avenant.
  • A recommander aux amateurs de Musique et Jazz brésiliens, les 2 volumes « The Brazil project » enregistrés en 1992 et 1993 chez Private Music avec une flopée de musiciens brésiliens. Autour de « Toots » sont réunis Luiz Bonfá, Lee Ritenour, Gilberto Gil, Oscar Castro-Neves, Milton Nascimento, Dori Caymmi, Djavan, Chico Buarque, João Bosco, Luis Bonfá, Edu Lobo, Paulinho Da Costa, Ivan Lins, Eliane Elias, Dave Grusin, Mark Isham, Brian Bromberg, Marc Johnson et d’autres encore. Obrigado, « Toots » !

  • En 2001, l’album « Toots Thielemans - Kenny Werner » (Emarcy/Universal) réunit l’harmoniciste et le trompettiste pour 71’31 ».  Même si de facto l’album est un régal de bout en bout, on aime particulièrement les versions de Smile et de What a wonderful world.

On espère qu’Olivier Ker Ourio et Grégoire Maret, devenus aujourd’hui les dignes filleuls de « Toot » sauront perpétuer la mémoire et l’art de ce grand harmoniciste dont ils déjà intégré une partie de l’héritage musical.

Il y aura sans doute aussi un grand moment d’émotion lors de la deuxième édition du Festival Toots Jazz La Hulpe parrainé par Toots Thielemans. Du 09 au 11 septembre, à la Hulpe (à quelques kms de Bruxelles), trois jours de jazz en l’honneur de Toots Thielemans. On retrouve entre autres Philip Katerine, Richard Galliano et Didier Lockwood, dans le répertoire qu’ils ont présenté à « Jazz à Vienne » en 2015 et Michel Jonasz accompagné par Jérôme Regard, Manu Katché et Jean-Yves D’Angelo.

Pour terminer ce clin d’oeil en hommage à Toots Thielemans, une vidéo « coup de cœur » où l’on retrouve « Toots » avec le bassiste Jaco Pastorius dont il a été très proche. Dans cette vidéo, Jaco est …au piano. Les deux musiciens interprètent un thème cher au bassiste, Three Views of a secret.

Jazz Day 2018 à Lyon et sur le territoire métropolitain

Jazz Day 2018 à Lyon et sur le territoire métropolitain

Chaque année depuis 2011, le 30 avril célèbre la « Journée internationale du Jazz ». Pour la sixième année, « Jazz à Vienne » coordonne le « Jazz Day » sur Lyon et son territoire, avec le soutien du Pôle Métropolitain. En avant pour le Jazz Day 2018 !

lire plus
Antonio Sanchez présente « Channels of Energy »

Antonio Sanchez présente « Channels of Energy »

Après six disques en leader, Antonio Sanchez sort « Channels of Energy », un double album qui réunit trois entités. Deux étoiles du jazz, le batteur Antonio Sanchez et le chef d’orchestre-arrangeur Vince Mendoza s’associent au prestigieux WDR Big Band. Dans le parfait respect de l’écriture du batteur, l’album propose une musique à la modernité sidérante.

lire plus
Elina Duni dévoile « Partir », son nouvel album chez ECM

Elina Duni dévoile « Partir », son nouvel album chez ECM

Pour son troisième album chez ECM, Elina Duni signe « Partir », un album conçu et réalisé en solo. La chanteuse interprète un répertoire de chansons autour du départ, de la perte et de l’amour. Elle s’accompagne au piano, à la guitare ou avec un set de percussions. Son chant intimiste et sensible transcende la souffrance.

lire plus
Jazz Campus en Clunisois fidèle à ses valeurs

Jazz Campus en Clunisois fidèle à ses valeurs

  A la clef de Jazz Campus en Clunisois : Liberté & Création

La quarantième édition de Jazz Campus en Clunisois est restée fidèle à sa ligne directrice. Grâce à la ténacité remarquable de Didier Levallet, le festival a proposé un jazz créatif et évolutif. Pour lui donner raison, le public n’a pas boudé son plaisir et les musiciens généreux se sont éclatés.

300_affiche-festival-jazz-campus-clunisois-2016Centrée sur un jazz en mouvement, la programmation de Didier Levallet a fait se côtoyer des musiciens de renommée internationale et de nouveaux venus inventifs. Du 13 au 20 août, lors du festival Jazz Campus en Clunisois, un jazz ouvert et inventif s’est exprimé sur les différentes scènes du festival et a proposé un très large éventail d’expressions et d’orchestres (du big-bang au duo).

On a apprécié la diversité des styles et des groupes écoutés les 18 et 19 août. Trois concerts très différents, trois moments de plaisir partagé avec un public conquis et des musiciens heureux de jouer.

La soirée du 18 août au Théâtre les Arts de Cluny présente le trio du guitariste 300_Marc-Ducret_JCeC_18082016_NVMarc Ducret associé au trio « Métatonal ». Virtuose de la guitare, Marc Ducret  est associé depuis vingt ans avec le batteur Eric Echampard et le contrebassiste Bruno Chevillon. Avec eux il pratique un jazz créatif et sans cesse renouvelé. « Métatonal » regroupe le saxophoniste alto Christophe Monniot, le trompettiste Fabrice Martinez et le tromboniste Samuel Blaser.

Le sextet installe une atmosphère détonante et énergique. Le toucher nerveux, précis et claquant de Ducret stimule le groupe. Entre rock et blues, il déchire le son et mène le bal. Les solistes croisent le fer et au fil d’un même morceau l’ambiance se tend, s’épaissit  et se déchire sans omettre de ménager des trouées éthérées.

Au trombone, Samuel Blaser alterne entre puissance cuivrée et fluidité. De la trompette de Fabrice-Martinez_JCeC_18082016_NVFabrice Martinez jaillissent de lumineux chorus. Christophe Monniot construit avec puissance et  précision des improvisations qui sont de réels moments de grâce. La frappe orageuse d’Eric Echampard se transforme en un toucher coloriste aux dégradés raffinés lorsque ses balais caressent les cymbales. Bruno Chevillon chemine de bout en bout avec précision et justesse, attentif et réactif aux climats.

Dans cette foisonnante forêt de sons, les musiciens habitent l’espace de liberté que prodigue la musique et génèrent des climats rageurs électriques voire même sulfureux sans omettre de ménager des espaces de poésie salvatrice. Les titres se succèdent, Influence, Dialecte, Kumiho. On retient son souffle pour mieux savourer la musique intense puissante mais chaleureuseMarc-Ducret-harmonica_JCeC_18082016_NV. Le plaisir que prennent les musiciens à jouer exsude de leurs instruments et transparait sur leurs visages.

MarcDucretTrio-et-Metatonal_JCeC_18082016_NVEn fin de concert, Marc Ducret dédie le morceau 64 au saxophoniste Guillaume Orti présent dans la salle (il anime les ateliers d’orchestre des stages). Le thème rend hommage à Bob Dylan, celui qui a déclenché chez Ducret l’envie de jouer. 64 reprend deux titres de Dylan, The Time they are a changin’ et Wigwam reliés par une courte boucle musicale écrite par Ducret. Entre guitare et harmonica, Marc Ducret fait  monter la pression avec souplesse et puissance. Félin et reptilien à la fois, le guitariste déroule l’étendue de son savoir-faire et fait montre d’un plaisir extrême à partager ce concert avec ses comparses.

On garde du concert de Marc Ducret trio + « Métatonal », le souvenir d’un concert jubilatoire et incandescent dont on aurait aimé qu’il n’ait pas de fin. Un plaidoyer pour la musique vivante.

tilleul-haras-pique-nique_JCeC_19082016_NVLe 19 août, un pique-nique est proposé à midi dans la cour du haras national de Cluny. En guise de menu musical, un concert du « Possible(S) Quartet ». Assis dans l’herbe, le public a répondu présent pour écouter les quatre musiciens installés sous l’ombre bienveillante des branches d’un majestueux tilleul centenaire. Possibles(S)quartet_JCeC_19082016_NVDeux trompettistes, Rémi Gaudillat et Fred Roudet, un tromboniste Loïc Bachevillier et un clarinettiste, Laurent Vichard réunis pour livrer un jazz de tous les possible(S).

Quatre soufflants pour un voyage imaginaire. Entre fanfare et orchestre « chambriste », les compères content des histoires musicales aux éclats cuivrés et aux titres évocateurs. Chassez le naturel, il revient au Tango, La tendresse de la sauterelle, Les poilus, Nuit et Entre-danse, Se faire appeler Arthur, L’armée des poètes. L’imagination des spectateurs vogue de tableau en tableau, au gré des ambiances nuancées. On apprécie l’équilibre qui existe entre l’espace de liberté propice à l’improvisation et les mouvements orchestraux où la mélodie repose sur une rythmique solide assurée par les autres instrumentistes.

Les musiciens du « Possible(s) Quartet » mettent leurs qualités techniques au service de la narration orchestrale. Le cadre bucolique et la musique poétique et élégante ont comblé un auditoire attentif où se côtoyaient toutes les générations.

Brotherhood-cop-Maurice-Salaun-300x300Le soir du 19 août, le Théâtre les Arts de Cluny accueille le « Brotherhood Heritage » qui rend hommage à l’esprit de la musique du « Brotherhood of Breath » (Confrérie du Souffle), big-band issu d’un orchestre Sud-Africain réfugié en Europe pour cause d’apartheid dans les années soixante. Ce « Brotherhood of Breath » a influencé la scène européenne du jazz sous la houlette de Chris McGregor jusque dans les années 90. Le contrebassiste Didier Levallet a fait partie des dernières moutures de cet orchestre historique. Il co-pilote avec le pianiste François Raulin le projet du « Brotherhood Heritage »  qui reprend en partie le répertoire de l’orchestre d’origine et mêle des compositions originales écrites dans le même esprit, comme Hymne to Breath, de François Raulin.Brotherwood-Heritage-SAX6CB6P6DRt_JCeC_19082016_NV

Sur scène sont réunis des musiciens aguerris à la musique improvisée et ouverts aux expériencesBrotherwood-Heritage-tpt-tb_JCeC_19082016_NV. Comme le dit François Raulin tous ces musiciens ont en commun la « capacité de s’exprimer en trois accord et de groover ». On retrouve le saxophoniste et clarinettiste anglais Chris Biscoe qui a lui aussi fait partie des dernières moutures du « Brotherhood of Breath ». Raphaël Imbert (saxophone), François Corneloup (saxophone baryton), Michel Marre et Alain Vankenhove (trompette), Simon Goubert (batterie), Jean-Louis Pommier et Mathias Mahler (trombone). Le spectacle a été créé à Jazz sous les Pommiers où il a reçu un accueil enthousiaste.

Au court du concert vibre l’esprit de la fête. Brotherwood-Heritage-salut_JCeC_19082016_NVLes instrumentistes saisissent tous les espaces de liberté et les mettent à profit pour s’exprimer. La masse sonore rutile. L’orchestre propose une musique ensoleillée et chaleureuse, une sorte de musique du bonheur profondément enracinée dans les rythmes africains. Les corps des musiciens sont habités de cette joie et les visages irradient de lumière. La texture sonore change de couleur au gré des improvisations et des orchestrations. Des arrangements aux échos ellingtonniens succèdent aux extravagances des solistes qui rivalisent de créativité et de fantaisie.

Rutilant, le « Brotherhood Heritage » groove en toute liberté. La musique rayonne et le concert est une réussite incontestable. Dommage qu’il y ait une fin à cette parenthèse d’allégresse.

Il faudra attendre encore douze longs mois pour retrouver Jazz Campus en Clunisois et s’immerger de nouveau dans un jazz libre et créatif.

Jazz Day 2018 à Lyon et sur le territoire métropolitain

Jazz Day 2018 à Lyon et sur le territoire métropolitain

Chaque année depuis 2011, le 30 avril célèbre la « Journée internationale du Jazz ». Pour la sixième année, « Jazz à Vienne » coordonne le « Jazz Day » sur Lyon et son territoire, avec le soutien du Pôle Métropolitain. En avant pour le Jazz Day 2018 !

lire plus
Antonio Sanchez présente « Channels of Energy »

Antonio Sanchez présente « Channels of Energy »

Après six disques en leader, Antonio Sanchez sort « Channels of Energy », un double album qui réunit trois entités. Deux étoiles du jazz, le batteur Antonio Sanchez et le chef d’orchestre-arrangeur Vince Mendoza s’associent au prestigieux WDR Big Band. Dans le parfait respect de l’écriture du batteur, l’album propose une musique à la modernité sidérante.

lire plus
Elina Duni dévoile « Partir », son nouvel album chez ECM

Elina Duni dévoile « Partir », son nouvel album chez ECM

Pour son troisième album chez ECM, Elina Duni signe « Partir », un album conçu et réalisé en solo. La chanteuse interprète un répertoire de chansons autour du départ, de la perte et de l’amour. Elle s’accompagne au piano, à la guitare ou avec un set de percussions. Son chant intimiste et sensible transcende la souffrance.

lire plus