Jazz Campus en Clunisois 2023 – Deep Rivers

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Deep Rivers

Subtilité, élégance et sensibilité

Pour la troisième soirée du Festival Jazz Campus en Clunisois 2023 au Théâtre des Arts de Cluny, Paul Lay vient présenter son projet « Deep Rivers » en trio. Avec la chanteuse suédoise Isabel Sörling et le contrebassiste Simon Tailleu, le pianiste et compositeur rend hommage à 100 ans de chansons américaines, de la guerre de sécession à Nina Simone. Une soirée placée sous le signe de la subtilité, de l’élégance et de la sensibilité.

Paul Lay - Jazz Campus en Clunisois 2023 – Deep Rivers - 23-08-2023Avant de commencer le concert, Paul Lay précise brièvement le contexte dans lequel s’inscrit le répertoire. L’enregistrement de l’album « Deep Rivers » (Laborie Jazz/Socadisc/IDOL) sorti le 10 janvier 2020 a fait suite à une demande que le pianiste a reçu de Matthieu Jouhan alors qu’il préparait les évènements liés au centenaire de l’arrivée du jazz en Europe, en 1918 et particulièrement le centième anniversaire du premier concert de jazz, le 12 février 1918 à Nantes.

A la tête de son trio, Paul Lay célèbre les musiques populaires (folksongs et spirituals) des USA de la fin du 19ème et du 20ème siècle dont il propose des versions sensibles, puissantes et très personnelles.

Fin mélodiste, le pianiste orthézien Paul Lay met son imagination débordante au service de sa virtuosité tout en prenant de la distance avec la technique (qu’il maîtrise pourtant ô combien). Au fil du concert, le public découvre avec bonheur son identité singulière où se mêlent force et finesse, élégance et sensibilité, humour et contrastes.

Après avoir interprété I’m always chasing rainbows, un morceau de 1865, le trio enchaîne Southern Soldier Boy et deux chants traditionnels Rebel Soldier et Follow the drinking gourd, un tryptique de titres évoquant les soldats, leur combat, leur rébellion contre la guerre de sécession fratricide et la fuite des populations afro-américaines.

De sa voix claire et puissante Isabel Sôrling élève son chant qui résonne comme un gémissement, comme une plainte. Vêtue d’une longue et sobre robe noire, elle frappe le sol avec force et agite percussions et tambourin. Très vite le pianiste tombe la veste et son jeu se fait furieux alors que celui du contrebassiste affirme avec force le tempo.

Le concert se poursuit avec un morceau plus lent qu’introduit le piano. Avec poésie et tendresse, il égrène les notes et développe les arpèges avant d’être rejoint par la voix enchanteresse de la chanteuse.

Changement de tempo et de style. La contrebasse slappe alors que le jeu stride du pianiste adopte un rythme endiablé qu’il porte au paroxysme. Sur Mapple leaf rag de Scott Joplin, le jeu du pianiste se fait de plus en plus énergique et Simon Tailleu frappe cordes et caisse de sa contrebasse avant que la musique ne revienne au calme avant de se terminer abruptement après un épisode furieux. A quoi répondent avec enthousiasme les applaudissements nourris d’un public conquis.

Dans une démarche très pédagogique, Paul Lay présente Germany, le poème écrit en 1917 par le jeune américain Charles Hamilton Sorley contraint de se battre dans les tranchées contre les Allemands qui l’avaient accueilli avant la guerre. Il mourra sous les balles. Alors que le contrebassiste effleure les cordes, le pianiste martèle le clavier et la voix de la chanteuse s’élève dans les aigus puis monte en puissance et sa plainte déchire l’espace musical avant que de revenir à la sérénité.

Le set se termine avec une version jubilatoire de Battle of the republic. Après les notes détachées et mélancoliques de la contrebasse, la voix propulse son chant clair puis en frappant son tambourin entonne le refrain « Glory, glory, hallelujah! » auquel se rallie le piano. Le rythme s’accélère au fil de son chorus.

Après avoir quitté la scène, le trio revient pour deux rappels, Go to the hell de Nina Simone puis un blues poignant. De bout en bout du set une complicité fusionnelle a circulé entre les membres du trio. Ils ont transcendé les morceaux originaux qu’ils ont paré de couleurs enchanteresses. Contrastée, leur musique chargée d’émotion n’a rien perdu rien de sa subtilité ni de son élégance, même dans ses moments les plus jubilatoires.

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