Concert de Basel Rajoub au Théâtre de Vienne

Concert de Basel Rajoub au Théâtre de Vienne

 Une musique captivante au climat apaisant

Le 16 février 2017, le concert de Basel Rajoub a instauré un climat de paix et de sérénité dans le Théâtre de Vienne. Forts d’un héritage culturel étoffé et d’une maîtrise des instruments orientaux et occidentaux, Basel Rajoub et les musiciens du « Soriana Project » ont offert à l’auditoire une musique mélodieuse et aérienne.

Organisé dans le cadre de la « Saison 2016/17 Jazz à Vienne », le concert de Basel Rajoub du 16 février 2017 est annoncé comme une musique lumineuse traversée par la tradition moyen-orientale et la liberté du jazz. Bouleversé par le propos musical singulier de l’album « The Queen of Turquoise » sorti chez Jazz Village le 13 mai 2016, on attend  avec grand intérêt de découvrir la dimension scénique de cette musique fascinante.

Le concert de Basel Rajoub débute en trio. A gauche de la scène, le très concentré Feras Sherastan au qanûn, cette cithare en bois en forme de trapèze dont il est soliste virtuose au sein du Qatar Philharmonic Orchestra et du Syrian National Symphony Orchestra. Sur le côté droit lui fait face le souriant percussionniste Andrea Piccionni et ses tambourins. Au centre, Basel Rajoub embouche à tour de rôle le duclar, cet instrument traditionnel en bois qui ne possède qu’une octave, le saxophone soprano et le saxophone ténor. Il manifeste le souci de faire priorité à la musique et prend la parole uniquement pour présenter ses musiciens, en début et fin de concert. Après cinq morceaux le trio invite la chanteuse Lynn Adib qui les rejoint sur trois titres et un rappel.

Attentifs, les artistes développent une écoute de chaque instant qui leur permet de réagir au juste moment et de construire des interactions souples et nuancées. Les instrumentistes virtuoses maîtrisent les instruments, les rythmes et modes moyen-orientaux mais parviennent à dépasser la technique pour proposer au public une musique accessible.

Mise en place précise, énergie maîtrisée, complicité extrême, richesse des timbres. Un voyage magique entre tradition orientale et modernité des improvisations.

Chaque morceau développe un climat particulier. Du qanûn de Feras Sherastan s’élèvent des mélodies aux notes cristallines qui invitent le saxophone à propulser son chant dans les médiums puis à s’épaissir et enfler, soutenu par la percussion. Avec élégance et précision Andrea Piccionni caresse les tambourins plus qu’il ne les frappe. Rythmique autant que mélodique le percussionniste fait pleurer la peau des tambours. A l’issue d’un solo sensible et bouleversant il ouvre tous les possibles à ses deux complices qui croisent leurs chants inspirés. Au-dessus des harmonies développées par le qanûn plane le souffle du saxophone.

Lors d’un autre morceau, qanûn et saxophone ténor exposent le thème à l’unisson puis en fond de scène, loin des micros, le saxophone de Basel Rajoub entonne un chant sourd qui tranche avec la clarté de la sonorité des cordes pincées. Le paysage musical évolue, entre son et souffle s’élève la plainte du saxophone au-dessus de la percussion dont le rythme reproduit l’écoulement du temps. Le souffle s’assombrit mais l’espoir renait et le son redevient lumière. Il flotte comme un parfum de jasmin sur le public qui suspend sa respiration. Le saxophoniste passe du soprano au ténor pour revenir au duclar mais conserve sur tous les instruments un son sensible, boisé et chaud qui rappelle parfois celui du duduk.

Avec l’arrivée de la chanteuse Lynn Adib, le quartet interprète une Prière pour la Vierge Marie. Un chant lumineux comme une offrande au monde qui souffre. Le chant limpide de la voix s’unit aux notes pures du qanûm. Les visages des musiciens s’illuminent. Après cette parenthèse calme et recueillie, le quartet interprète un morceau qui évoque le vol d’un Pigeon chargé de porter le rameau de paix à la Syrie. La voix fragile et les instruments mêlent leurs timbres. Porté par le son boisé du duclar, l’oiseau chevauche le vent en quête de la lumière des cieux. Le frais murmure vocal plane au-dessus du lead léger des cordes pincées soutenu par les percussions délicates. On a vu planer un rameau d’olivier au-dessus de Damas.

Empreinte de gravité la musique du concert de Basel Rajoub, Feras Sherastan, Andrea Piccionni et Lynn Adib captive de bout en bout. Envoûtante et lyrique elle respire, apaise et instaure un climat propice au recueillement. Sensible et mélodieuse elle est comme un pont tendu entre deux mondes musicaux, entre Moyen-Orient et Occident, entre l’idiome de la tradition et la liberté du jazz.

Le temps d’un concert les musiciens sont parvenus à transporter le public dans la musique et l’esthétique du « Soriana Project » dont on attend avec impatience les prochains développements.

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