Poésie musicale en apesanteur
Pour sa dernière soirée au Théâtre les Arts de Cluny, le festival Jazz Campus en Clunisois 2021 invite Susanne Abbuehl, Stéphane Oliva et Samuel Ber qui présentent le projet « Princess ». Comme allégé de toute contrainte, le trio offre un art minimaliste qui flotte en apesanteur. Un moment de poésie crépusculaire hors du temps.
Le vendredi 27 août, c’est une encore autre facette du jazz que Didier Levallet, directeur artistique du festival Jazz Campus en Clunisois 2021 présente au public du Théâtre les Arts de Cluny. Sur des musiques de Susanne Abbuehl et Stéphane Oliva et sur des textes de Susanne Abbuehl, le programme de « Princess » évoque l’univers du clarinettiste, compositeur et arrangeur Jimmy Giuffre qui avait dans le début des années 60 monté un trio et expérimenté l’improvisation totale avec le pianiste Paul Bley et le contrebassiste Steve Swallow.
Pour ce projet, la chanteuse et compositrice Susanne Abbuehl au parcours très diversifié retrouve le pianiste et compositeur Stéphane Oliva avec lequel elle a sorti l’album « Princess » (Vision Fugitive/L’Autre Distribution) en 2017. Sur scène de Cluny, la batterie est tenue par le jeune batteur belge Samuel Ber.
Dès le début du concert, la voix irradiée de grâce de la chanteuse s’élève au-dessus des notes du piano, soutenue par les battements délicats des balais sur les cymbales. Après avoir présenté le projet « Princess », la chanteuse émue dit son plaisir d’être sur la scène pour son premier concert après le confinement.
Tout au long du set, la connivence qui unit les trois artistes est perceptible, regards attentifs et bienveillants, écoute et interaction de chaque instant. Leur dialogue collectif explore toutes les possibilités expressives. Le trio invite le bugliste Matthieu Michel à les rejoindre. Outre les thèmes de Jimmy Giuffre parmi lesquels on identifie Trance et Princess, le trio interprète Desireless / Mopti de Don Cherry, Jimmy composé par Stéphane Oliva en hommage à Paul Bley et une version éthérée de What a Wonderful World de Bob Thiele et George David Weiss.
Sans étalage de virtuosité, les trois musiciens pratiquent un art sensible où chaque note est choisie. Leurs broderies musicales planent en suspension au dessus-de la scène.
Abreuvé par les harmonies subtiles du piano, le souffle de la chanteuse possède la pureté du cristal et rivalise avec la transparence du silence. En réelle apesanteur, sa dentelle vocale déroule les paroles des poèmes ou improvise avec souplesse sur les accords du piano. Ses incantations sont soutenues par les contrechants du bugle. Le visage nimbé de lumière et d’un sourire bienveillant, la chanteuse danse littéralement entre le pianiste et le batteur qu’elle semble soutenir et encourager lors de leurs improvisations. Accompagnée de sa kalimba, elle transfigure la matière vocale et étire la mélodie. Tel un souffle céleste, sa voix diaphane caresse la nuit, tisse de tendres complaintes, accueille le silence et pour finir invite le soleil à briller au cœur de la nuit.
Sur le clavier, le pianiste égrène avec subtilité des notes légères ou plaque ses arpèges magiques comme des guirlandes évanescentes et lumineuses. Véritable coloriste, le batteur virtuose froisse l’air, le martèle, l’enflamme ou le découpe avec délicatesse, tendresse ou vigueur. Les contrechants du bugle accentuent la dimension éthérée du chant.
Avec subtilité, le trio a élaboré une véritable dentelle aérienne brodée de subtiles dynamiques. Après deux rappels, le public conquis par la pure beauté de la musique quitte la salle. Il gardera en mémoire le souvenir de la musique minimaliste du trio Oliva/Abbuehl/Ber qui est parvenue à exprimer l’indicible et à libérer la voix du silence.
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