Innovateur et styliste unique
Le pianiste McCoy Tyner est décédé le 06 mars 2020 à l’âge de 81 ans. Avec lui s’éteint le dernier membre du quartet de Coltrane dans lequel il a joué de 1960 à 1965. Son héritage a révolutionné l’art du piano jazz moderne. Après une riche carrière de leader, il laisse le souvenir d’un musicien lumineux et discret dont le jeu unique et reconnaissable demeure une référence essentielle du jazz moderne.
Né à Philadelphie en 1938 Alfred McCoy Tyner a commencé le piano à l’âge de 13 ans. Durant son adolescence il a assisté dans le salon de beauté de sa mère à des jams sessions auxquelles participait souvent Bud Powell qui était voisin de ses parents et leur rendait souvent visité. Un tel départ dans le milieu du jazz a été favorable aux débuts de carrière du jeune McCoy Tyner.
Converti très jeune à l’islam en 1955, il a pris pour nom Sulieman Saud. De fait, sa carrière a vraiment débuté en 1959 dans le Jazztet de Benny Golson et Art Farmer avant qu’il ne rejoigne en 1960 le quartet du saxophoniste John Coltrane qui dit de lui, qu’il lui « est en quelque sorte celui qui [lui] donne des ailes et [lui] permet de décoller de temps en temps ».
En 1965, le pianiste quitte le légendaire quartet de Coltrane après avoir gravé avec le leader, Jim Garrisson et Elvin Jones, les fameux et « My Favorite Things » (1960) et « A Love Supreme » (1965). McCoy Tyner continue ensuite sa carrière comme leader sur les scènes du monde entier. Il joue souvent en trio (Ron Carter et Tony Williams, Eddie Gomez et Jack DeJohnette), tourne aussi en quintet et multiplie les collaborations avec Roy Haynes, Freddie Hubbard, Clark Terry, Thad Jones, Lee Morgan, Joe Henderson, Wayne Shorter, Gary Bartz.
A la fin des années 80 il constitue le trio avec lequel il va jouer durablement avec Avery Sharpe et Aaron Scott. Dans les années 90, il a enregistré à la tête d’un big band mais dans les dernières décennies on l’a souvent écouté en trio ou même, plaisir suprême, en solo. Dans les dernières années de sa vie il s’est aussi consacré à l’enseignement même s’il continuait à se produire entouré de Gérald Canon et Eric Kamau Gravatt.
Depuis son premier disque en 1962, il a enregistré sous son nom, aussi bien en trio qu’en formule big band au début des années 1990, plus de 75 albums chez Blue Note puis sur quantité de labels parmi lesquels Milestone, Columbia et Elektra. Parmi ses très nombreux opus on retient quelques titres comme celui de
- son premier album « Inception » chez Impulse en 1962 en trio avec Art Davis et Elvin Jones mais aussi
- « The Real McCoy » paru en 1967 chez Blue Note avec Ron Carter, Elvin Jones et Joe Henderson,
- « Sahara » fort influencé par par les rythmes africains et sorti en 1972 chez Milestone,
- « Passion Dance » en 1979 chez Milestones avec Ron Carter et Tony Williams,
- « The Definitive McCoy Tyner » chez Blue Note en 2002, « Illuminations » en 2004 chez Telarc avec Terence Blanchard, Gary Bartz, Christian McBride et Lewis Nash
- « Quartet » en 2007 avec Joe Lovano, CHristian McBride et Jeff « Tain » Watts.
La manière de jouer de McCoy Tyner a participé pour beaucoup à la spécificité de l’atmosphère coltranienne. Le pianiste a inventé son propre langage reconnaissable entre tous et difficilement imitable. Il a intégré l’esthétique modale dans le jeu du piano sur lequel il a développé un jeu exubérant, percussif et puissant avec une articulation précise, une main gauche énergique en soutien de sa main droite aux phrases mélodiques. Jamais attiré par l’électronique, il est toujours resté fidèle au piano acoustique même s’il s’est aussi essayé au clavecin, au célesta et au koto.
On conserve en mémoire le souvenir impérissable du concert donné par McCoy Tyner à la Philarmonie dans le cadre du festival Jazz à la Villette, le 11 septembre 2016 à la Philarmonie avec Gerald Cannon ( basse), Fransisco Mela (batterie), Graig Taborn (piano) et Geri Allen (piano).

Rhino Jazz(s) Festival 2023 – La programmation
Du 01 au 22 octobre 2023, le Rhino Jazz(s) Festival 2023 reste fidèle à la recette qui a fait son succès… exigence, coexistence de nouveaux artistes et de talents déjà reconnus, propositions musicales variées, lieux d’accueil multiples. Cette 45ème édition mèle tous les genres musicaux constitutifs du jazz… un soupçon de blues, une pincée de rock, un brin de soul, une larme de pop, une pointe d’émotion… sans oublier du groove à gogo !

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Shabda
Une soirée vibrante de musicalité et d’émotion Pour la dernière soirée du Festival Jazz Campus en Clunisois 2023, Didier Levallet accueille « Shabda », le sextet du contrebassiste et compositeur Yves Rousseau. Trois saxophones, un violon, une batterie et la...

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Simon Goubert – Sylvain Rifflet
Le 25 août 2023, Jazz Campus en Clunisois 2023 propose un double plateau sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny. En ouverture et en solo, le batteur Simon Goubert fait chanter « Le Matin des Ombres » puis, à la tête de son quartet, le saxophoniste Sylvain Rifflet s’adresse « Aux Anges » et invite le public à les rejoindre dans un monde électroacoustique tourmenté. Contrastée, cette surprenante soirée fait alterner et grondements et tourbillons sonores.