La voix de Mari Boine accueille l’hiver

La voix de Mari Boine accueille l’hiver

Mélopées envoutantes pour frimas hivernaux

En ce 21 décembre 2016, Mari Boine accueille l’hiver dans le ciel des « Latins de Jazz… & Cie ». Sa voix unique convoque des ambiances ancrées dans la tradition saami. Dépaysement cochléaire garanti.

Certes, dès que l’hiver, les frimas et les brumes s’installent, l’on ressent souvent l’envie de se réchauffer en écoutant des musiques venues de contrées où règnent soleil et chaleur. Si par contre on se tourne vers les pays du Nord souvent immergés dans les froidures, on découvre des traditions musicales singulières voire même dépaysantes… comme la musique de Mari Boine que l’on a apprécié en 2002 après l’écoute de l’album « Gâvcci Jahkejuogu - Eight Seasons » (Universal Music) sur lequel s’exprimaient Bugge Wesseltoft (claviers, programmation) et Jan Garbarek (saxophone ténor).

Mari Boine est née en 1956 en Laponie, au nord de la péninsule scandinave et de la Norvège. Élevée dans la pure tradition chrétienne, cette jeune-femme a été alors tenue à l’écart de la culture et la tradition saami dont la musique et le chant étaient liés à la pratique du chamanisme réprouvé par la religion chrétienne.

C’est seulement à l’âge de 20 ans que Mari Boine revendique ses racines saami. Elle se met alors à écrire, chanter, et défendre sa terre et la tradition pour laquelle elle milite. Dans le sillage du groupe « Daednugadde Nuorat » et du chanteur Ailohas, la jeune femme s’engage dans l’exploration des musiques traditionnelles des animistes Saamis, refoulées et censurées par les institutions et le pouvoir en place. Son engagement profond pour la défense et la préservation de l’identité culturelle de son peuple s’exprimera à travers un style musical très personnel, que Mari Boine va développer et enrichir.

Son premier album, « After the silence » sort en 1986 sous forme vinyl et ne comporte que des chansons folk assez conventionnelles. Ce n’est qu’en 1989 qu’elle forge son style et son identité avec l’album « Hør stammødrenes stemme - Gula Gula » chez RealWorld. Il sera réédité en 2006 par Universal Music. Distribué sur la scène internationale par un label reconnu, cet album confère à Mari Boine le statut d’ambassadrice artistique du peuple Saami. Elle s’inscrit ainsi dans le courant de la world music.

On écoute le titre Gula Gula enregistré live lors d’un concert de 1987 en Norvègre  avec Mari Boine (voix et percussions), Jan Garbarek (saxophone soprano), Rainer Brüninghaus (piano), Eberhard Weber (basse électrique) et Marilyn Mazur (batterie et percussions). (vidéo issue d’un documentaire réalisé sur Marilyn Mazur)

Parmi les musiciens dont elle s’entoure, la chanteuse conserve durant longtemps à ses côtés le guitariste Roger Ludvigsen. Les réussites artistiques s’enchainent ensuite de « Goaskinviellja - Eagle Brother » (Verve) en 1993 à « Bálvvoslatjna - Room of Worship » (1998), en passant par « Leahkastin - Unfolding » (Lean/Verve) en 1994. 

En 2002, sort l’album « Gâvcci Jahkejuogu – Eight seasons » (Emarcy/Universal) où la musique de Mari Boine se laisse pénétrer par l’électro sous l’influence du claviériste de jazz Bugge Wesseltoft qui produit l’album. Les pulsations tribales acoustiques du disque font corps avec les programmations rythmiques des synthés mais le propos musical de la chanteuse demeure. On peut alors qualifier la musique de Mari Boine d’ethno-électrique (d’aucuns diront électro-ethnique).

En 2006, Mari Boine utilise encore les sonorités électros mais les intègre mieux dans son univers musical acoustique sur l’album « Idjagiedas – In the hand of night » (Universal) où son langage s’affirme. La voix tout en nuances de Mari Boine évolue. Murmure, douceur, mélancolie, puissance déchaînée. Elle dialogue avec la guitare du Norvégien Terje Rypdal. Les percussions pulsent tels des rituels tribaux. Les flûtes de la cordillère des Andes croisent leurs lignes avec le berimbau, le violon ou le bouzouki. Ambiances planantes, textures stratosphériques. L’univers de Mari Boine explose. Dépaysement absolu.

En 2009 sort « Sterna paradisea » (Lean /Universal). Un album à la poésie incomparable. Onze titres, toujours inspirés de la mythologie du peuple saami où la chanteuse double son propos d’une réflexion politique et écologique sur le monde contemporain et la société de consommation. En 2011  paraît « Áiggi Askkis - An Introduction To Mari Boine » (Universal) un best-of qui compile les meilleurs titres de la chanteuse. En 2012 Mari Boine enregistre « Gilvve Gollát - Sow Your Gold » (Universal) avec le Norwegian Radio Orchestra.

Dans l’art de Mari Boine coexistent la tradition ancestrale Saami, le « joik » ou chant de gorge, les tambours chamaniques, les sonorités électro-acoustiques modernes des claviers, guitares et basse. On repère aussi au gré des albums des influences traditionnelles venues des musiques andines et africaines et des empreintes issues de la pop musique et du jazz.

On accueille l’hiver avec l’envoutante alchimie de la musique de Mari Boine et une vidéo enregistrée live à l’Oslo Opera House, en octobre. Avec Georg Buljo (guitar(), Ole Jørn Myklebust (trompette), Svein Schultz(basse), Gunnar Augland (batterie et percussions) et Herman Rundberg (world stick).

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