Un moment intense et libre
Pour la troisième soirée du Festival Jazz Campus en Clunisois 2024 le public retrouve le chemin du Théâtre les Arts. Au programme, le projet Hirsute proposé par la pianiste, compositrice et cheffe d’orchestre Anne Quillier. Un moment intense et libre. Véritable concentré d’énergie, la musique acoustique à l’écriture ébouriffée génère un univers farouche.
La talentueuse compositrice, arrangeuse et pianiste Anne Quillier n’en est pas à sa première venue à Cluny. Après 2015 et 2019, elle revient le lundi 19 août 2024 sur la scène du Théâtre les Arts à la tête d’un quintet qui réunit à ses côtés Pierre Horckmans (clarinette basse), Damien Sabatier (saxophone baryton), Michel Molines (contrebasse) et Guillaume Bertrand. Motifs répétitifs, montées en puissance, Le groupe délivre une musique complexe et énergique.
Hirsute, timbres et climats variés, mise au point très précise, tout est maîtrisé de bout en bout.
Le concert débute sur un tempo soutenu par Irruption volcanique. Riffs et slaps des souffleurs stimulent la pianiste dont les notes détachées dessinent une mélodie alors que la section rythmique gronde et ronfle. Après un retour au thème le morceau se termine et soulève des salves d’applaudissements enthousiastes.
Le répertoire se poursuit avec Serviteur Ivre. Après les arabesques du baryton, la contrebasse improvise à l’archet. La batterie ponctue le climat volcanique créé par le baryton percussif et très libre et la clarinette basse plus mélodique. Sur le clavier du piano, Anne Quillier apaise quelque peu cette ambiance explosive.
Mouche Borgne démarre plus calmement par un solo du clarinettiste mais très vite, poussé par section rythmique, il libère des envolées toniques rejoint par le baryton puis par l’ensemble du groupe. Énergie musicale et tempo augmentent. Après quelques phrases aux dissonances palpables du piano, la batterie prend le relai avant un retour au thème qui annonce la fin du morceau.
Après les remerciements chaleureux qu’adresse Anne Quillier à Didier Levallet et au Festival Jazz Campus en Clunisois, le groupe interprète Longue Route. La pièce commence par une mélodie lumineuse exposé par l’ensemble des musiciens avant que le baryton effervescent et turbulent n’impulse d’insolentes syncopes. Le rythme s’accélère avant le retour au calme de la fin du morceau.
Le concert continue et les morceaux s’enchaînent. Sur scène règne une euphorie collective Mélodies ludiques segmentées de ruptures, décalages rythmiques, ambiance cinématographique. Chaque morceau est pourvoyeur de surprises, le batteur s’explose littéralement sur ses percussions, le clarinettiste exulte entre improvisations tour à tour énergiques ou ténébreuses, le saxophoniste porte son expression au paroxysme et entraîne le groupe dans ses délires, stimulé par les soufflants, le contrebassiste se fait véloce, la pianiste improvise en symbiose avec les vents.
Le répertoire se termine dans une ambiance bucolique par une ballade poétique au rythme étiré. Outre les chorus des instrumentistes, une improvisation collective très syncopée conduit la musique vers des contrées plus enflammées avant le retour au calme de la fin.
Le quintet répond aux applaudissements fournis du public et revient pour un rappel. La musique éthérée et lente du début évoque un songe mais très vite, le tempo s’accélère et avec furie, la musique tourbillonne comme embarquée sur un manège.
La musique sauvage et lumineuse d’Hirsute a invité l’auditoire dans son univers sans concessions où se côtoient énergie et complexité.
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