Une escapade entre apesanteur et vibrations
Le 24 août 2018, le public se presse au Théâtre Les Arts de Cluny pour écouter « Dadada ». Autour du pianiste Roberto Negro sont réunis le saxophoniste Émile Parisien et le batteur Michele Rabbia. Les paysages musicaux proposés par ces trois improvisateurs émérites déclenchent l’enthousiasme du public.
Avec un intérêt non dissimulé, Didier Levallet présente « Dadada » comme un espace de « circulation entre les paroles » des musiciens inventifs réunis par le pianiste Roberto Negro, un des acteurs les plus actifs et les plus créatifs de la scène jazz européenne.
Dadada
En octobre 2017, le pianiste Roberto Negro a sorti l’album « Saison 3 » (Label Bleu/L’Autre Distribution) avec le saxophoniste Émile Parisien et le batteur-percussionniste Michele Rabbia. Les spectateurs brûlent d’écouter sur scène la musique de ce trio dont le premier disque a obtenu un franc succès.
Drôle d’équipage que celui de ce trio… un poète pianiste, un saxophoniste stellaire et un batteur-sculpteur.
Les trois artistes font plus que jouer de la musique. Ils s’amusent et jouent vraiment avec la musique qu’ils élaborent et façonnent avec un plaisir affiché. Leurs facéties sérieuses oscillent entre arabesques oniriques, abstractions dansantes et furie aérienne.
Impressions de concert
Roberto Negro, Émile Parisien et Michele Rabbia naviguent librement dans un univers qui leur appartient en propre, une sorte de cosmo-musique dans laquelle ils invitent le public à les rejoindre..
Concentré, le batteur caresse la caisse claire, les sons électroniques affleurent, le piano se fait entendre, les percussions s’en mêlent à leur tour vite rejointes par le saxophone. Les interactions s’instaurent entre les trois partenaires… le concert commence.
Entre apesanteur et tumulte, la libre parole des trois musiciens évolue sans obstacle et génère des moments musicaux irrigués de mille nuances. Entre frémissement et frénésie la musique se transforme. Elle se fait passion ou colère, devient murmure ou frisson… même le silence s’insinue sans crier gare.
Le pianiste a composé l’ensemble des titres du répertoire hormis Cantabile de Ligeti qu’il invoque sur son clavier. On écoute Nano, Shampoo, Brimorion et d’autres titres encore dont Roberto Negro dit qu’ils « changent de nom » au fil des semaines mais peu importe le titre pourvu qu’on ait l’ivresse !
Les dynamiques compères font vibrer les ondes sonores. Ils pratiquent une musique physique nimbée d’une euphorie perceptible qu’ils partagent. En totale interaction, ils échafaudent un univers semblable à un arc en ciel de sensations. Calme et tonnerre, douceur et exaspération, caresse et extase, volupté et fureur.
Sur scène les trois virtuoses développent une véritable dramaturgie musicale où se télescopent drôlerie, sérieux, interrogation, autorité, doute et lyrisme. Trois paroles musicales au service d’une musique collective où chacun conserve son identité.
En fin de concert, le piano installe une ambiance crépusculaire que le souffle du soprano teinte de bleu avant de bondir et d’exulter poussé dans ses retranchements par l’arsenal électronique et la batterie volcanique qui délire. Le piano conclut le set qui se termine en douceur dans le bruissement de sacs plastiques froissés et le souffle chuchoté du saxophone.
Euphorique le public ovationne sans retenue le trio qui revient interpréter une dernière « chanson d’amour sicilienne » avant de regagner les coulisses. On se quitte avec regrets mais ressourcé par l’énergie de ce grandiose concert qui fera date dans les archives du festival.
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