A écouter les yeux fermés !
Porté par le saxophoniste Javier Girotto, « Tango Nuevo Revisited » répond au mythique « Tango Nuevo » enregistré en 1974 par Astor Piazzolla et Gerry Mulligan. Plus de quarante après, un trio saxophone baryton-bandonéon-piano fait écho au tentet qui a immortalisé un disque où tango et jazz croisent leurs univers. Le répertoire en ressort revitalisé. Un travail d’orfèvre à écouter les yeux fermés !
En 1974, Astor Piazzolla (bandonéon) et Gerry Mulligan (saxophone baryton) ont enregistré le disque « Tango Nuevo » en version orchestrale.
En 2018, exit cordes, guitare, basse, marimba et batterie. Javier Girotto unit son saxophone baryton au bandonéon de Gianni Iorio et au piano d’Alessandro Gwiss et le trio enregistre l’album « Tango Nuevo Revisited » (ACT/PIAS) à sortir le 22 février 2019.
En dix titres, le trio de Javier Girotto fait bien plus que revisiter « Tango Nuevo ». Avec « Tango Nuevo Revisited », il réalise un véritable travail d’orfèvre. Il transcende et régénère la musique originale.
Le tango de 1900 à nos jours
Dans les années 1900 le tango argentin a intégré les influences des musiques européennes et celles de l’Amérique latine. Avec le fameux compositeur et bandonéoniste Astor Piazzolla, le tango a opéré une mutation et a renouvelé son langage qu’il a croisé aussi avec celui du jazz comme dans « Tango Nuevo ». Depuis, tango et jazz ont continué leur évolution et intégré d’autres influences.
Dans les années 2010, Siggi Loch, le boss du label ACT souhaite donner une suite à l’album mythique de Piazzolla et Mulligan. Par l’intermédiaire de Paolo Fresu, il découvre le saxophoniste argentin Javier Girotto qui a quitté son pays d’origine pour rejoindre celui ses grands-parents, l’Italie, et s’est établi à Rome.
Javier Girotto a découvert « Tango Nuevo » à l’âge de dix ans et accepte la proposition de Siggi Loch. Pour ce faire, le très actif, le musicien dont on ne compte plus les collaborations ni les réalisations discographiques, constitue un trio avec Gianni Iorio (bandonéon) et Alessandro Gwiss (piano).
La force orchestrale du trio
En 1974, Piazzola et Mulligan et leurs huit compagnons innovaient en infusant la syntaxe du tango à l’idiome du jazz dans un bain orchestral où coexistaient bandonéon, saxophone baryton, guitare, marimba, basse, batterie et cordes (violoncelle, violon et alto).
En 2018, ils ne sont que trois, un saxophoniste baryton, un bandonéoniste et un pianiste, mais on a l’impression d’entendre tout un orchestre tant est grande la force de leur interprétation et la richesse de leurs arrangements. Parler de musique de chambre serait tentant puisqu’ils ne sont que trois musiciens, mais la densité peu commune de la musique engagerait plutôt à évoquer la force orchestrale du trio.
« Tango Nuevo Revisited »
Hormis la composition Twenty Years After de Piazzolla, l’album « Tango Nuevo Revisited » reprend les sept autres titres de l’album mythique. Le trio ajoute trois morceaux, deux compositions de Piazzola, Escualo et Fracanapa et Etude For Franca de Gerry Mulligan.
L’album ouvre avec le même titre que le disque de 1974, Close Your Eyes and Listen auquel le trio insuffle une tendre mélancolie dont le lyrisme charme et émeut.
La version teintée de jazz de Deus Tango résonne de légèreté et d’enthousiasme. La lamentation du baryton ouvre Twenty Years Ago auquel bandonéon et piano apportent des improvisations fluides, lyriques et lumineuses. Le trio propose ensuite une version alerte de Summit qui se distingue de la version originale très orchestrale. Les solos rugissants du baryton et le chorus virtuose du bandonéon éblouissent et étourdissent au point de faire tourner la tête.
Le trio continue avec une version enthousiaste de Reminiscence où le piano aérien tourbillonne. Sur le thème de Mulligan, Aire de Buenos Aires, les trois protagonistes communient à cœur ouvert et enlèvent le morceau avec frénésie. Après un prologue sensible joué par le bandonéon, le baryton à la sonorité veloutée transforme Etude for Franca en une ballade sensuelle.
Le trio irradie de flamboyance une version du thème Escualo servi par une mise en place précise. Sur Fracanapa les trois instruments manient le contrepoint avec une ferveur contrôlée. Le tango de Piazzolla vibre d’une modernité inouïe. L’album se termine avec Years of Solitude qui incarne à lui seul la quintessence de l’art de ce trio singulier.
La large palette expressive du trio de Javier Girotto confère à « Tango Nuevo Revisited » une aura musicale qui associe la mélancolie du tango à la liberté du jazz avec un léger grain de fantaisie.

Claude Tchamitchian présente « Vortice »
Avec son nouvel album « Vortice », le contrebassiste et compositeur, Claude Tchamitchian invite à le suivre dans une grande valse foraine colorée. Un tourbillon musical vertigineux comme un cirque imaginaire avec ses manèges, ses chevaux, ses marionnettes, ses jongleurs. L’oreille plonge dans les souvenirs d’enfance du musicien, sur une route étoilée où se téléscopent joie et nostalgie

Matteo Pastorino présente « LightSide »
Avec « LightSide », le clarinettiste Matteo Pastorino invite à un voyage musical au cœur de la lumière méditerranéenne. Le musicien propose un répertoire original conçu pour cette formation instrumentale singulière. Soutenue par le piano de Domenico Sanna et la batterie d’Armando Luongo, la clarinette basse du leader dialogue avec la basse semi-acoustique de Dario Deidda. Un album poétique, sensible et lumineux.

« Twenties » par The Hookup
Avec « Twenties », le groupe The Hookup explore l’idée d’un pont entre les années 1920 et les années 2020. Irrigué d’énergie, l’album séduit par les prestations inventives de Géraldine Laurent, François et Louis Moutin et Noé Huchard. Quatorze morceaux choisis parmi les standards des années 1920 sont réinterprétés par ces quatre musiciens français issus de générations différentes. Un pied dans le passé, un pied dans l’avenir… une belle réussite musicale.