Chet Baker (Déploration) de Zéno Bianu
Entre éloge et hommage, le livre « Chet Baker (Déploration) » résonne comme une confidence murmurée.
Je souhaite évoquer le livre « Chet Baker (Déploration) » édité au Castor Astral (Edition 2008 & 2015, ). Je l’ai reçu en cadeau d’un être cher qui connait bien mes préférences musicales et mon goût pour la poésie. En même temps que le livre, je découvrais l’auteur. Zéno Bianu auteur multiforme interroge la poésie, le théâtre et l’orient. Dans l’ouvrage l’auteur restitue l’essence même de la musique du trompettiste. Dans sa préface, Yves Buin explicite la démarche du poète qui a « recherché et retrouvé Chet dans l’espace du naufrage pour nous le rendre innombrable » (p16).
Le monologue poétique de Zéno Bianu imagine la pensée du musicien à l’instant de sa chute fatale, une pensée qui prend la forme d’une introspection rétrograde sur ce qu’a été sa vie, sa non-vie, sur le sens de sa musique. Chet nous parle. Les vers se déroulent comme un contenu musical. Ils résonnent comme une résurgence de son phrasé, un écho de sa musique. Même sensibilité, même contenu émotionnel. L’écriture très riche nous promène dans des entrelacs délicats et nostalgiques. La tension des rythmes parvient à nous bouleverser tout autant que le souffle du musicien le faisait. Même déclenchement d’émotions, même chavirements irrésistibles.
« je joue au bord du silence
chaque note a sa pesanteur
son apesanteur particulière
je ne bavarde jamais
je n’aime pas le brio
le brio c’est toujours l’ego
et ses vieilles lunes
je préfère jouer vers autrui vers l’autre
rendre sereinement mon cœur
oui
ma musique s’envole vers autrui
c’est un art de l’envol quoi d’autre » (p61)
Zeno Bianu fait résonner les notes bleues que Chet Baker faisait vibrer et on déplore plus encore aujourd’hui que cet artiste nous ait quittés. Après une première dévoration rapide du texte, il m’est apparu essentiel de relire les vers comme on réécoute un disque. Lire à haute voix s’est imposé comme une incontournable nécessité pour mieux l’écouter sonner et la partager.
Rien n’empêche de lire « Chet Baker (Déploration) » en écoutant la musique de Chet Baker pour mieux encore se laisser pénétrer par la poésie indicible de Zéno Bianu.
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