Un duo harmonieux, sensible et fusionnel
Le 06 octobre 2018, le Chapiteau du festival d’Ambronay accueille Mariana Flores et Quito Gato. Le duo présente un répertoire éloigné de l’idiome de la Cappella Mediterranea qui les réunit aux côtés de Leonardo García Alarcón. Avec « Estrellas Argentinas », des chansons populaires argentines dédiées aux femmes d’Amérique latine, les deux artistes enchantent le public.
Pour l’édition « Vibrations : Cosmos » du festival d’Ambronay, la « Journée Cosmique » du 06 octobre 2018 se profile comme un point d’orgue. Quatre concerts entre abbatiale et chapiteau et une conférence d’Hubert Reeves, parrain de cette journée. Le public a manifesté attention et intérêt pour cette nouvelle expérience et la constellation d’activités proposées.
Conférence d’Hubert Reeves
A 17h, l’affluence est grande sous le Chapiteau pour assister à la conférence d’Hubert Reeves. L’astrophysicien engage l’assemblée à réfléchir à la crise contemporaine et à réagir pour éviter le saccage de la planète avec à la clé, le risque d’une possible sixième extinction. Il évoque la nécessité de combattre la force de détérioration mise en route par l’intelligence de l’homme en mobilisant les forces de restauration pour éviter ainsi la disparition de l’art et de la culture, de la science et de la compassion.
Réceptif, le public plébiscite avec chaleur les propos du scientifique.
« Estrellas Argentinas »
A 21h, Mariana Flores et Quito Gato succèdent à Hubert Reeves sous le Chapiteau du festival d’Ambronay où les spectateurs sont venus nombreux écouter ces deux artistes s’exprimer dans un répertoire tout autre que celui qu’ils pratiquent habituellement avec la Cappella Mediterranea à l’Abbatiale et sur les scènes internationales de musique baroque.
La chanteuse le confie d’ailleurs en fin de soirée, « Estrellas Argentinas » c’est « la musique [qu’elle] chante à la maison » et c’est un plaisir pour elle d’« accueillir le public chez elle ».
Après une brève pièce d’introduction interprétée solo par le pianiste, la chanteuse entre en scène. Sa tenue sobre et élégante s’accorde au répertoire de la soirée. Trois tableaux dont les riches nuanciers proposent des couleurs et des climats contrastés.
Tout au long du concert l’attention du public est captivée par le chant expressif de Mariana Flores, l’accompagnement fluide et les superbes harmonies que Quito Gato prodigue sur le piano ou la guitare.
Premier tableau
Il est consacré à des chansons populaires de la province de Mendoza d’où la chanteuse est originaire.
De tonada en cueca les ambiances varient. La chanteuse expressive offre ses chants au public comme des confidences. A la douce tendresse du premier morceau pris sur un tempo médium succède l’allégresse d’une cueca festive dont la guitare soutient le rythme enlevé. D’une voix chargée d’émotion, Mariana Flores partage avec le public un morceau qu’elle chante depuis ses huit ans. Elle projette un miroir d’images, de couleurs, de sensations que la guitare accompagne avec délicatesse et beaucoup de sensibilité. La belle complicité qui règne entre les deux interprètes est palpable.
Sur le morceau suivant, la chanteuse mutine colore sa voix d’une énergie qui contraste avec la douceur du morceau précédent où la voix évoquait solitude et nostalgie. Le premier tableau se termine avec une valse lente que le guitariste exécute avec précision, nuance et légèreté
Deuxième tableau
Le duo conduit ensuite le répertoire au nord de l’Argentine.
Le set ouvre avec une zamba mélancolique où la douce voix pose une lumière caressante sur le fil des lamentations de la guitare. Le duo interprète ensuite trois pièces du compositeur Ariel Ramírez sur des paroles de Felix Luna.
Dorotea la Cautiva s’élève telle une supplication poignante que la voix porte avec puissance alors que le piano égrène un chapelet de larmes. Le duo complice propose ensuite une version superbe du morceau Alfonsina y el mar dédié à la poétesse Alfonsina Storniu. Avec délicatesse la guitare soutient le chant émouvant de tristesse. Sur Juana Azurduy le rythme se fait presque martial et la voix donne toute sa puissance pour évoquer l’âme de la révolutionnaire et porter le flambeau de sa résistance sous le chapiteau.
Troisième tableau
Ce dernier temps de la soirée est consacré au tango dont Quito Gato dit qu’il « fut un cadeau pour l’Argentine ». Le duo évoque la richesse du style et ses mélanges de rythmes.
Après Malena joué solo à la guitare, le duo présente une version très expressive du Chiquilín de Bachín d’Astor Piazzola. Avec une maîtrise inouïe, la voix toujours très claire passe d’une douce tristesse à une puissante colère pour évoquer l’histoire tragique de ce gosse qui hante un restaurant de Bachin et lutte pour survivre. Le piano développe de superbes harmonies et accompagne le récit poignant que conte la chanteuse de sa diction précise.
Le registre se fait plus confidentiel sur Et dia que me quieras que chantait Carlos Gardel. La voix se pare d’une tendre sensualité pour évoquer l’amour. L’accompagnement subtil et sobre de Quito Gato contribue à teinter de mystère ce moment sensible et nostalgique. Le set se termine avec un superbe Yo Soy Maria tiré de l’opéra tango de Piazzola, Maria de Buenos Aires. Campée sur scène avec aplomb, la chanteuse incarne la passion avec brio.
Ovationnés par un public enthousiaste, Mariana Flores et Quito Gato reviennent généreusement pour deux rappels. Une valse tendre et mutine puis Zamba Para No Morir. La soirée se termine sur le fil de l’émotion. Le public repart les yeux remplis d’étoiles après une soirée enchanteresse.

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