« Split Feelings » & « Explorers »
Riche en surprises, l’année 2021 a permis de se régaler de la musique d’artistes déjà reconnus et d’autres plus récemment révélés. « Jazz sous le sapin#2 » met en avant deux albums qui interpellent par leur singularité. « Split Feelings » du Sébastien Joulie Group et « Explorers » d’Alexis Valet. Ils allient modernité et tradition et contribuent à diversifier les couleurs du jazz. A découvrir sans tarder et à partager largement.
A la fois ancrés dans la tradition et inscrits dans le jazz d’aujourd’hui, « Split Feelings » (Fresh Sound New Talent/Socadisc) & « Explorer » (jazz&people/PIAS) se distinguent par leur écriture très personnelle et par la force de leur propos. A la tête de son quintet, le guitariste Sébastien Joulie confirme la qualité de son jazz énergique et inventif. En trio, le vibraphoniste Alexis Valet invite deux pointures du jazz international et avec eux propose un jazz lumineux et inventif.
Un autre point commun relie les deux albums qui incluent une composition de Wayne Shorter à leur répertoire.
« Split Feelings »
Après « Green Waves » (2014) puis « Résilience » (2017), deux albums parus chez Fresh Sound New Talent, le guitariste, compositeur, arrangeur, Sébastien Joulie a sorti « Split Feelings », son troisième opus sous label barcelonais de Jordi Pujol. L’album enregistré par le Sebastien Joulie Group en octobre 2020 aux Studios de l’Hacienda (Château de Sainte Colombe) est sorti le 10 octobre 2021.
Aux côtés du guitariste leader, se retrouve le trio déjà présent sur « Resilience » avec Stephan Moutot (saxophones tenor & soprano), compagnon avec lequel il a étudié à la New School University de New York (devenue la School of Jazz and Contemporary Music) et l’énergique rythmique constituée de François-Régis Gallix (contrebasse) et Charles Clayette (batterie). Au piano et fender Rhodes, exit Pierre de Bethman, bienvenue à Étienne Déconfin.
Sébastien Joulie a composé quatre titres de l’album où chaque note semble avoir sa place et prendre tout son sens. Il a par ailleurs conçu les arrangements des autres morceaux. Ces derniers font des escales sur le littoral du jazz de Wayne Shorter, Dance Cadaverous, sur les rivages classiques de compositeur d’hier et d’aujourd’hui, Claude Debussy, Danseuses de Delphes/Épilogue et Leo Brouwer, Étude IV, avec pour finir un crochet du côté du rock de Jimmy Hendrix, Fire.
Tout au long des plages on demeure saisi par l’aisance des solistes qui exposent les thèmes avec fluidité, par leur cohésion harmonique et les improvisations de haut vol du saxophoniste, du pianiste et du guitariste qui contribuent à donner une dimension organique au jazz du Sébastien Joulie Group.
Sébastien Joulie se signale par un jeu de guitare dont la structure allie énergie et précision. Son phrasé limpide, sensible et subtil révèle un mélodiste raffiné, dans la lignée d’un Jim Hall pour la sensibilité ou d’un Peter Bernstein pour la fraicheur et la spontanéité. Le jeu fluide et groovy du guitariste s’écoule avec naturel et n’accable pas l’écoute par l’utilisation exubérante de patterns ou des plans trop prévisibles, Danseuses de Delphes/Épilogue… ça coule de source. Ses solos séduisent par leur éloquence singulière, Split Feelings, I Know the One.
Sur Cold P, le jeu inspiré et effervescent du pianiste Étienne Déconfin dessine des envolées débordantes de swing qui stimulent l’attention. Plus loin, le piano génère sérénité et lyrisme au fil de I Know the One. Alors que la section rythmique pulse à plein régime sur le thème hendrixien Fire, on est conquis par l’improvisation funky du Fender-Rhodes. Saxophoniste ténor à la sonorité puissante, Stephan Moutot se fait lyrique et ses improvisations saisissantes de liberté sonnent avec force sur Flack out où il s’exprime avec vivacité voire même avec frénésie. Son jeu développe une énergie sans violence et sa sonorité percutante sait se parer de souplesse. Il se fait mélancolique et charmeur sur Split Feelings. Au soprano, son jeu alerte sur I Know the One devient harmonieux et se pare de langueur sur Danseuses de Delphes/Épilogue. Très symbiotique, la section rythmique laisse percevoir une force tranquille dont l’énergie stimule les solistes et les poussent à se dépasser.
D’un bout à l’autre de « Split Feelings », la musique du Sébastien Joulie Group se pare d’audace et d’inventivité. Huit plages où modernité, musicalité, énergie et audace coexistent avec bonheur.
Pour écouter Sébastien Joulie Group, rendez-vous à 20h30 le dimanche 19 décembre 2021 à Saoû au restaurant « L’Oiseau sur sa branche » dans le cadre des soirées « Lune pleine de jazz ».
« Explorers »
Alexis Valet fait revenir le vibraphone sur le devant de la scène. Entouré du contrebassiste Lucca Fattorini et du batteur Antoine Paganotti, le vibraphoniste et compositeur propose son deuxième disque, « Explorers » (jazz&people/PIAS).
A son projet il a associé deux pointures du jazz européen, le pianiste Bojan Z natif de Belgrade et le saxophoniste altiste néerlandais Ben van Gelde.
Enregistré les 16 et 17 janvier 2021 au Studio Libretto en région parisienne par Erwan Boulay, l’album est sorti le 05 novembre 2021.
A la tête de son trio et avec ses invités, Alexis Valet explore les territoires d’un jazz contemporain captivant et inspiré où mélodies soignées et chatoyantes harmonies se côtoient dans un environnement rythmique inventif. Sans céder à la facilité, il propose un jazz lumineux dont la beauté des arrangements, la variété des formats et la richesse des interactions accrochent l’oreille.
Si Alexis Valet se révèle être un vibraphoniste inventif, brillant, original et sensible, il est aussi un compositeur prometteur. Il a en effet a écrit huit des onze titres de l’album. Riches et complexes, ses compositions poussent les improvisateurs à explorer des combinaisons harmoniques inédites et à proposer des variations infinies. Trois autres thèmes complètent le répertoire, Dixie’s Dilemma de Warne Marsh, Fall de Wayne Shorter et Dr. Jackle de Jackie McLean.
Quatre morceaux captés en trio, Casual Polyglot, Plaza de la Alfalfa, Dixie’s Dilemma et Voyagers I permettent de capter la magie et la cohérence du trio vibraphone-contrebasse-batterie.
Sur L’Île aux fleurs, pianiste et vibraphoniste déploient un jeu dense et éclatant. Le contraste entre le jeu percussif de la main gauche du pianiste et la grande fluidité de sa main droite apporte une sorte de dramatisation à Fall, la composition de Wayne Shorter.
Gravés en quintet, Explorers et Hats and Cards éblouissent par la qualité des interactions établies entre le pianiste et l’altiste qui s’expriment en parfaite osmose. Ancré dans la tradition du jazz, le saxophone alto de Ben van Gelder brille par son lyrisme, son énergie mais aussi par sa grâce évocatrice de la sonorité de Paul Desmond et de l’exigence du phrasé de Lee Konitz.
Tout au long de l’album « Explorer », le jeu du vibraphoniste Alexis Valet éblouit par son énergie lumineuse. Elle flotte au-dessus d’arrangements luxuriants qui installent des ambiances musicales aux nuances multiples.
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