« Le Roi René », René Urtreger

« Le Roi René », René Urtreger

« Le Roi René », René Urtreger par Agnès Desarthe

« Le Roi René », un livre écrit à 4 mains entre un musicien grand lecteur et une romancière et essayiste mélomane. Une rencontre sublime entre le jazz et la littérature.

Mise en page 1« Le Roi René » (Odile Jacob) narre, comme un roman, la vie de René Urtreger. Le pianiste de jazz a conté sa vie à Agnès Desarthe qui a rédigé un texte passionnant et dynamique. Ce livre publié dans le catalogue de « Portraits » des Éditions Odile Jacob, résulte d’entretiens enregistrés entre l’auteure et le musicien. Agnès Desarthe met son talent et sa sensibilité au service des mots de René Urtreger. Elle écrit à partir de la parole de l’artiste dans un climat de grande confiance mutuelle et le musicien est totalement associée à ce travail dont il est partie prenante.

Lorsqu’on aime un disque on le laisse souvent tourner en boucle et on l’écoute jusqu’à en être imprégné. Il s’est passé la même chose avec « Le Roi René ». Au fil de la lecture, on est captivé autant par l’histoire que par l’écriture sensible dont le rythme n’est pas sans rappeler le swing si cher au pianiste.

Avant de lire ce livre, on avait écouté René Urtreger en concert et apprécié sa main droite merveilleuse et ses improvisations débridées. On savait qu’il avait participé à l’enregistrement de la bande originale du film de Louis Malle « Ascenseur pour l’échafaud » aux côtés de Miles Davis et qu’il l’avait accompagné en tournée dans les plus prestigieuses salles d’Europe. Récemment, on avait apprécié le CD « René Urteger trio » (Carlyne Music/L’Autre Distribution) gravé en 2014 avec Yves Torchinsky et Eric Dervieu. Durant cette même année 2014, René Urteger a été distingué in honorem jazz par l’Académie Charles Cros. Son actualité musicale actuelle témoigne de son activité. Du reste de sa vie, nous ignorions à peu près tout.

La lecture du livre « Le Roi René » fait découvrir la vie flamboyante du pianiste. Parti de rien, René Urtreger atteint les sommets, connaît toutes les audaces, pratique la culture du risque et commet tous les excès, côtoie la gloire mais aussi les enfers. Nous suivons ses mouvements de vie, oscillations ascendante puis descendante, reconversion et nouveau mouvement descendant suivi d’une re-naissance. Le joueur d’échec qu’est René Urtreger, ne s’est pas laissé mettre « échec et mat », il a trouvé l’ouverture qui lui a permis de surgir de ses cendres tel un phœnix pour revenir dans sa propre vie et dans celle du jazz  où il occupe encore une place au plus haut niveau.

Le destin du musicien est évoqué depuis une enfance passionnante douloureuse et compliquée pendant la seconde guerre. Il a le coup de foudre pour le piano et la musique classique via Chopin. Enfant prodige il vit mal son échec au concours du Conservatoire en 1951 mais advient ensuite la révélation du jazz.

Le pianiste impose son talent dans les caves de l’époque et c’est pour lui l’occasion de jouer avec les plus grands jazzmen américains (Chet Baker, Sonny Stitt, Lionel Hampton, Kenny Clarke, Dizzy Gillespie, John Lewis, Miles Davis…) qui débarquent à Paris dans les années 50  et jouent avec lui. En 1955 il enregistre avec Chet Baker, Bobby Jaspar, Lionel Hampton et grave le disque « René Urteger joue Bud Powell ». En 1956 il tourne en Europe avec Miles Davis et Lester Young à la suite de quoi il participe aux côtés de Miles Davis, Barney Willen, Pierre Michelot et Kenny Clarke à l’enregistrement de la bande originale du film de Louis Malle « Ascenseur pour l’échafaud ». En 1960 il enregistre « H. U. M. ! » avec Daniel Humair et Pierre Michelot (premier disque d’une série de trois du même nom gravés ensuite en 1979 puis 1999).

Survient ensuite une suite de « hauts et bas » où René Urtreger et le jazz prennent de la distance. Le pianiste entre alors dans une période où la musique « yé-yé » lui permet de vivre. Claude François, Sacha Distel et d’autres l’appellent pour jouer à leurs côtés jusqu’à ce qu’il devienne « un clochard de luxe » usant et abusant de divers produits. Il transforma sa faiblesse en force puisqu’en 1977, il sut vaincre ses addictions et retrouver la joie de vivre et de jouer.

Exit le schlemazel, le mentsch était né ! Le jazz avait changé, le bop était loin, le free était passé par là mais René Urteger apaisé et assuré reprend ses marques et continue son exploration du jazz. Il renoue avec le succès et travaille avec les nouvelles générations (Stéphane Belmondo, Airelle Besson, Sylvain Beuf, Géraldine Laurent, PIerrick Pedron, Nicolas Folmer, Hervé Meschinet ….). Il continue à se produire en trio avec ses fidèles compagnons Yves Torchinsky à la contrebasse et Eric Dervieu à la batterie.

Après avoir s’être affirmé à vingt et un ans et avoir connu le statut d’un grand musicien, il a retrouvé à quarante-deux ans le ressort vital et l’envie de vivre. Il s’est débarrassé de toutes les addictions qui l’empêchaient de bien jouer pour se hisser de nouveau au niveau des plus grands. En écoutant René Urteger on se surprend à battre du pied et l’envie nous démange de nous lever de notre siège à l’écoute des ses chorus virtuoses. Sa vitalité musicale et sa sensibilité déclenchent l’émotion. Enraciné dans le bop son jeu est en perpétuelle évolution. Ce « compositeur instantané » met son talent, son swing et sa maîtrise au service du jazz, cette musique qu’il défend et dont il dit qu’elle est « avant tout une école de la courtoisie ».

A quatre-vingt-un ans, René Urtreger est reconnu par ses pairs comme un grand musicien et fédère régulièrement autour de lui le nec plus ultra des musiciens actuels. Il se produit dans les plus grands festival Français… comme ce fut le cas en mai 2016 au Festival « Jazz sous les Pommiers » où il s’est produit en trio avec Yves Torchinsky à la contrebasse et Eric Dervieu à la batterie.

« Brighlight », le nouvel album du contrebassiste Avishai Cohen

« Brighlight », le nouvel album du contrebassiste Avishai Cohen

Virtuose de la contrebasse, Avishai Cohen revient le 25 octobre 2024 avec « Brightlight » un album lumineux et inspiré. Entouré d’un ensemble de jeunes talents parmi les plus brillants de la nouvelle scène du jazz qui étoffent son trio habituel composé au piano de Guy Moskovich et à la batterie de Roni Kaspi. Avec un large éventail de compositions originales, de standards de jazz et d’un morceau vocal, Il repousse les limites du jazz et explore de nouveaux paysages sonores tout en restant ancré dans la tradition qui l’a toujours inspiré. Un album à écouter sans retenue.

lire plus
Chocho Cannelle présente « Yo te cielo »

Chocho Cannelle présente « Yo te cielo »

Un univers coloré et lumineux Le quartet de jazz Chocho Cannelle présente son premier album dont le titre « Yo te cielo » est inspiré par Frida Kahlo. Sorti le 29 septembre 2024, l’album propose un répertoire tout en nuances et en contrastes où alternent...

lire plus
Laurent Coq présente « Confidences »

Laurent Coq présente « Confidences »

Le pianiste Laurent Coq propose « Confidences », son troisième album enregistré en trio piano-contrebasse-batterie. Un répertoire de huit compositions empreintes à la fois de poésie, de mélancolie et d’allégresse. Il serait dommage de se priver de ce jazz vibrant au lyrisme intense et à l’écriture singulière. Pas question donc que cette sortie se fasse sous le sceau du secret. « Confidences »… à partager largement !

lire plus
Share This