Musique lumineuse et audacieuse
En trio avec Eric Harland et Harish Raghavan, le saxophoniste Walter Smith III présente « TWIO » son cinquième album en leader. Christian McBride et Joshua Redman sont invités. Du jazz exigeant qui ne manque ni de lumière ni d’audace.
Originaire du Texas et basé en Californie, le saxophoniste Walter Smith III va sortir le 09 février 2018, « TWIO » (Whirlwind Recordings), son 5ème opus en leader. En remplaçant le R de TRiO par le W de TWO le titre TWIO annonce la coexistence de deux trios même si la prononciation n’est pas forcément évidente. C’est finalement un bon moyen pour se souvenir du nom de l’album ce que rappelle aussi la vidéo qui suit…
En quinze ans de scène et cinq albums, le saxophoniste ténor Walter Smith III a eu l’occasion de se faire connaître et reconnaître en jouant dans les groupes de nombreux jazzmen, Terence Blanchard Quintet, Roy Haynes Fountain of Youth Band, Ambrose Akinmusire Quintet, Christian Scott et Sean Jones Quintette, sans compter les musiciens de ses propres groupes.
Si ses talents de compositeur sont avérés, Walter Smith III aime aussi à revisiter des thèmes classiques de jazz ce qui lui permet de faire appel sur scène ou en studio à des musiciens de la « communauté », ceux qui, comme lui ont grandi avec les standards mais ne sont pas forcément familiers de ses compositions originales.
Sur « TWIO », Walter Smith III s’exprime avec ses fidèles compagnons, le contrebassiste Harish Raghavan et le batteur Eric Harland. Sur quelques titres apparaissent en invités le contrebassiste Christian McBride et le saxophoniste Joshua Redman.
Walter Smith III, Harish Raghavan, Eric Harland.
C’est le thème de Monk, Ask me Now qui ouvre l’album. La solidité de la section rythmique permet au ténor de s’exprimer avec une grande liberté et beaucoup d’audace. Sur Nobody Else But Me de Jerome Kern, le saxophoniste surprend par son aisance à improviser en restant très proche du thème alors que la batterie propulse le rythme à grand train.
Adam’s Apple de Wayne Shorter résonne d’une grande modernité. Chorus énergique du batteur, interventions nerveuses du saxophoniste, ligne de basse obsédante, le morceau met en évidence la grande complicité qui lie le trio. The Peacocks de Jimmy Rowles laisse transparaître la sensibilité du saxophoniste. Walter Smith III fait preuve d’une maîtrise extrême. Son chant émeut par sa sonorité déchirante et son chorus poignant.
C’est en duo que Eric Harland et Walter Smith III jouent la ballade de Carl Fischer We’ll be Together Again. Sur les douces accentuations de la batterie, le son suave et chaud du saxophone souffle et caresse la mélodie. On a dans les oreilles comme des réminiscences de Dexter Gordon.
Walter Smith III, Christian Mc Bride, Eric Harland
Sur quatre morceaux la contrebasse passe dans les mains du maître Christian Mc Bride. Sur le classique Social Call de Gigi Gryce, place à un duo saxophone/ contrebasse où les deux musiciens se promènent avec décontraction. La ligne mélodique du ténor s’enroule avec fluidité autour de la ligne de basse très souple de la contrebasse.
Le trio saxophone/ contrebasse/ batterie se fait entendre sur I’ll Be Seeing You de Sammy Fain. En suspension, le saxophone de Walter Smith III expose la mélodie avec une grande sensibilité puis sous la conduite du contrebassiste, le trio adopte un rythme médium émaillé d’un chorus énergique de McBride.
Walter Smith III, Christian Mc Bride, Eric Harland & Joshua Redman,
Avec la venue du saxophoniste Joshua Redman, le trio devient quartet. On the Trail de Ferde Grofé résonne du joyeux échange qu’entreprennent les deux ténors. Après avoir avoir exposé le thème en alternance, les deux saxophonistes joutent avec souplesse et dextérité durant six minutes sur la solide rythmique qu’assurent Harland et McBride. L’échange est amical et l’on saisit le fort potentiel de Walter Smith III qui tient tête à Joshua Redman avec une aisance remarquable. Un échange de saxophones dans la grande tradition des chase d’antan.
Sur la dernière plage de « TWIO », les deux saxophonistes attaquent à l’unisson Contrafact, une composition originale de Smith sur une métrique à 5 temps. La section rythmique déroule un tapis qui octroie toute liberté aux deux saxophones pour croiser leurs improvisations. Hormis la tonalité et l’attaque qui permet de les différencier, une approche commune unit les deux instrumentistes. Ils terminent à l’unisson après un brillant chorus du contrebassiste.
« TWIO », le saxophoniste ténor Walter Smith III fait preuve d’une maîtrise instrumentale peu commune. Habile technicien, il inscrit son expression dans la grande filiation des maîtres de l’instrument. Sa sonorité sait se faire poignante ou chaleureuse. Fin mélodiste il déroule un chant sensible dont la fluidité séduit. Ses improvisations inventives convainquent tant par leur ancrage dans la tradition que par leur modernité sous-jacente. Un trentenaire qui compte dans le jazz du XXIème siècle.
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