Jazz modal, tablas et cordes symphoniques dialoguent
Après son incursion dans les musiques caribéennes sur « Carribean Stories » en 2018, Samy Thiébault revient le 20 septembre 2019 avec « Symphonic Tales » où le leader réussit le challenge d’intégrer avec bonheur son saxophone ténor dans un écrin musical innovant, entre jazz, cordes classiques et musique indienne. Un album somptueux.
A travers ses huit albums, Samy Thiébault n’en finit pas de renouveler sa musique et son inspiration sans pour autant perdre le fil de ses influences. Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, le saxophoniste revient un an après l’envoutant « Carribean Stories » avec le splendide « Symphonic Tales » (Gaya Music/l’Autre Distribution) qui concilie avec brio un quartet de jazz modal, un orchestre symphonique et un joueur de tablas.
Nouveau format musical
Sur « Symphonic Tales », le saxophoniste Samy Thiébault propose un nouveau format musical retrouve Adrien Chicot (piano), Sylvain Romano (contrebasse) et Philippe Soirat ( batterie), le trio avec lequel il a enregistré « Clear Fire » en 2013, « A Feast of Friends » en 2015 et « Rebirth » en 2016″. Par contre le leader renouvelle la géométrie orchestrale qui entoure son saxophone. En effet, il adjoint au quartet les tablas de Mossin Kawa et invite à les rejoindre l’Orchestre Symphonique de Bretagne que dirige Aurélien Azan Zielinsky.
Pourtant, que l’on ne s’y trompe point, le symphonique breton n’a pas pour vocation d’accompagner les solistes. Avec ses cordes et ses instruments à vent, l’orchestre devient le cinquième membre du quartet. Les masses orchestrales s’allient à la paire contrebasse-batterie qui croise quant à elle les rythmes avec les tablas. Le substrat musical ainsi fondé permet au piano et au saxophone ténor de dérouler leur dialogue fécond.
Une symphonie à l’énergie spirituelle
Sur « Symphonic Tales », la musique de Samy Thiébault sonne comme une symphonie qui mêle de manière originale arrangements classiques, jazz modal et ragas indiens. L’héritage spirituel de Coltrane flirte avec les rythmes indiens et émerge de la densité orchestrale. De cet opus admirable émane une énergie spirituelle perceptible à chaque instant.
Une identité singulière
Samy Thiébault réussit le challenge de surprendre son public au fil d’albums qui jamais ne se ressemblent. Pourtant un même fil traverse toutes les réalisations discographiques du musicien, celui de son identité singulière qui demeure intangible et reconnaissable. Ancrée dans le monde coltranien, elle s’incarne sur « Symphonic Tales » dans le son unique de son saxophone ténor.
Sous-tendu par une inspiration transcendante, le musicien élève ailleurs son propos musical, vers un monde où la spiritualité fait loi.
Lévitation en sept titres
En ouverture, Samy Thiebault annonce la couleur. The Flame propose un voyage musical aux confluences des cordes symphoniques, des rythmiques indiennes et du jazz q’uincarne son ténor coltranien en diable. Au- dessus de la riche masse orchestrale, les inflexions du saxophone procurent une sensation proche de la lévitation.
Avec Elevation, la sensation de planer se poursuit. Dès l’introduction, une ligne musicale ravélienne met d’abord en lumière le basson et les cordes puis sur la rythmique incandescente animée par les tablas, la batterie et la contrebasse, le ténor expose la mélodie comme une célébration. Il prend un chorus brûlant chargé d’une énergie spirituelle puis sur des arrangements rutilants, l’orchestre prend le relais et l’on plane entre ciel et terre alors que les accords du piano stimulent le saxophone. Affleurent alors les échos suprêmes de McCoy Tyner et John Coltrane.
Paré de lumière, le titre Diva and Shiva fait dialoguer les deux divinités incarnées pour la première par l’orchestre apaisant et pour la seconde par le ténor qui restitue à travers son discours la puissance du dieu hindou Shiva. Le motif réitératif de la mélodie de Jahân Jog Joy devient psalmodie dès que le saxophone fait entendre sa voix inspirée. Le piano chante ensuite une improvisation qui se greffe avec bonheur sur une superbe orchestration. En réponse, le ténor déclame sa joie avec énergie.
Après la flamboyance de l’orchestre qui retrouve les influences de Ravel, le ténor expose le thème du titre Adana. Le ténor n’en finit pas de dialoguer avec l’orchestre et embrase le titre jusqu’à l’incandescence. Sur le plus fiévreux Ajurna, ténor et tablas dialoguent avec fougue et inspirent au piano une improvisation musclée.
L’album se termine avec Diwali qui fait écho à la fête des lumières en Inde. Sur ce titre, un métissage presque parfait réunit jazz modal, tradition indienne et musique symphonique. Piano et saxophone échangent en toute sérénité au-dessus de la puissance orchestrale.
Le 24 octobre 2019, Samy Thiébault propose aux spectateurs présents à l’Opéra de Rennes d’assister à la création de « Symphonic Tales » avec l’Orchestre Symphonique de Bretagne dirigé par Aurélien Azan Zielinsky.
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